« Jésus, souviens-toi de moi
quand tu viendras dans ton Royaume. »
Fête du Christ, roi de l’univers
Lecture du deuxième livre de Samuel (2 S 5, 1-3)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens (Col 1, 12-20)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 23, 35-43)
Commentaire :
En ce jour de la fête du Christ, roi de l’univers, les lectures qui nous sont données à entendre sont particulièrement éclairantes, non seulement pour comprendre ce que signifie la royauté de Jésus, mais aussi et surtout pour comprendre notre propre royauté à nous !
En effet, nous avons été baptisés et par l’onction d’huile, (la même que David dans la 1ere lecture) nous avons été faits « prêtre, prophète et roi » ! Je ne sais pas si vous avez déjà pensé que par le baptême vous avez reçu la même onction que David, Jérémie, Isaïe et Jésus ! Prêtre, prophète et roi ! Rien moins que cela ! Prenez le temps de dire à votre voisin, là maintenant : « tu te rends compte N…. tu es prêtre, prophète et roi ! »
Le prêtre sanctifie, prend soin (ce qui a donné le mot curé = « curare » en latin), il soigne ce qui est blessé ; le prophète annonce la Parole et en vit, il joue un rôle d’éveilleur, de veilleur, de lanceur d’alerte, enfin le roi gouverne, guide, conduit éduque, pour faire grandir ceux dont il a la charge. Je suis certain que vous exercez déjà l’une ou l’autre de ces fonctions, demandez-vous laquelle est la plus développée chez vous.
S’il y en a un qui n’a pas oublié ses trois dimensions, c’est bien le Christ. Et si l’on fête aujourd’hui sa dimension royale, c’est parce qu’il est aussi prêtre et prophète ! Ces trois dimensions se nourrissent l’une l’autre. Voilà pourquoi il est bon aussi de vous demander quelle dimension de votre baptême pourrait encore être développée chez vous ? Celle qui prend soin et qui sanctifie ? Celle qui annonce et qui alerte ? Ou celle qui guide et qui éduque ? Prenez le temps d’y réfléchir durant cette messe et durant la semaine.
La seconde réflexion que m’inspirent ces textes aujourd’hui, me vient de la deuxième lecture, de l’hymne aux Colossiens, où st Paul décrit superbement en quoi Jésus est roi : il est roi parce qu’il est le premier-né de toute créature, il est notre grand frère, en qui habite toute plénitude et qui réconcilie tout : oui, comme le dit le célèbre psychanaliste suisse Karl Gustav Jung, « le Christ est l’archétype de la synthèse », il est un principe unificateur, il allie ce qui est divisé en nous, il nous réconcilie avec nous-même et avec les autres, il favorise l’unité en nous et entre nous. C’est en cela qu’il est roi. Un roi qui fait l’unité de chacun de nous et de son peuple est en effet, un bon roi.
Voilà pourquoi st Paul nous dit que le Christ est la tête du corps, c’est une autre image pour parler de sa dimension royale car c’est bien la tête qui fait l’unité de tout le corps et qui lui donne sa cohérence. L’image du premier-né d’une multitude ou du premier-né d’entre les morts me fait penser à une autre image : celle du premier de cordée qui prend les risques pour tous ceux qui sont encordés à lui, et il assure toute la cordée au long de son ascension, il protège et permet l’avancée de tous ! Belle image pour penser le rôle du Christ Roi, guide en altitude, qui conduit avec assurance tous ceux qui se sont librement encordés à lui, vers leur stature finale d’enfant de Dieu.
Enfin la 3ème réflexion que m’inspirent les textes de ce jour, provient du dialogue entre Jésus et les deux larrons sur la croix. Ces deux larrons me semblent symboliser parfaitement les deux manières d’être avec Jésus. Comment l’imaginons-nous roi ? Nous pouvons attendre de Lui qu’il soit un roi à la manière des rois du monde : le roi du pétrole, le roi d'un pays, le roi du foot, qui désigne un grand homme, qui fait tout ce qu’il veut, bref, un tout-puissant, comme le pensaient les chefs religieux, les soldats ou le premier larron dans l'Evangile : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, et nous avec, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! » C’est le Dieu magicien qui peut tout, sait tout, dirige tout, etc…
Il y a une autre façon d’être en relation avec le Christ : c’est celle de l’autre larron qui se laisse toucher par l’injustice vécue par Jésus car il n’est pas centré sur lui-même, ni sur son salut immédiat ; il a de la compassion pour ce que vit Jésus et exprime l’indignation qui jaillit du fond de lui ! « Pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
Ce larron « craint Dieu » nous dit Luc, non pas qu’il ait peur de Lui, mais c’est une crainte respectueuse qui sait que Dieu n’est pas comme les Humains. Il croit que Dieu est pardon et que lui le Larron, est pardonnable, sinon il ne demanderait pas à Jésus de se souvenir de lui ! En effet, si au ciel le jugement de Dieu était semblable à celui des Humains, le second larron préfèrerait lui demander de l’oublier ! De plus, il croit aussi qu’il y a une vie après la mort, puisqu’il dit « souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume », il croit que sa vie ici ne s’arrête pas avec la mort, qu’elle sera transcendée par sa mort et sa résurrection, qu’elle peut devenir meilleure par la suite… Bref, il est plein de confiance et d‘espérance en Jésus, en lui et en Dieu..
Voilà pourquoi Jésus peut lui dire : « aujourd’hui tu seras avec moi au paradis », car ta confiance en l’amour de Dieu et en moi t’ouvrent les portes du paradis, immédiatement, il n’y a pas de salle d’attente où tu devrais purger ta peine, non, dès aujourd’hui, je t’assure que tu es accueillis par mon Père comme tu l’es par moi en cet instant, et dès maintenant tu peux déjà goûter le bonheur d’être pardonné et aimé jusque-là !
Voilà en quoi Jésus est roi de l’univers, il est le roi de l’amour donné inconditionnellement à tous ceux qui veulent bien l’accueillir inconditionnellement. Et nous aussi, nous sommes roi à la manière de Jésus, à chaque fois que nous accueillons cet amour inconditionnel et que nous le redonnons autour de nous de manière inconditionnelle !
Amen
oOo
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Dernière mise à jour : 14 novembre 2016