Que leur unité soit parfaite

         SEPTIEME DIMANCHE DE PAQUES (C)

 

Evangile de Jésus Christ selon saint Jean 17, 20-26

 

 

Avant de passer de ce monde à son Père, Jésus leva les yeux au ciel et pria ainsi : « Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi : que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un: moi en eux, et toi en moi. Que leur unité soit parfaite ; ainsi le monde saura que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi  soient avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant même la création du monde. Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ils ont reconnu, eux aussi, que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître encore : pour qu’ils aient en eux l’amour dont tu m’as aimé, et que moi aussi, je sois en eux. »

oOo

Communiquer
 

Les textes de l’Ecriture qui nous sont proposés en ce septième dimanche de Pâques ont tous rapport à un problème qui est, certes, de tous les temps, mais qui, aujourd’hui, prend une plus grande actualité : le problème de la communication. Certes communiquer entre nous est essentiel à tout être humain. Jamais comme aujourd’hui les moyens de communication n’ont été aussi nombreux et aussi performants. Pensez simplement à la radio, aux journaux, à la télévision, au téléphone et particulièrement à Internet. Or ces moyens sont de plus en plus récupérés par ceux qui détiennent – ou cherchent à détenir – le pouvoir. Pouvoir politique ou pouvoir économique. Tout homme de pouvoir désire contrôler la communication. Or Jésus nous charge, nous tous ses disciples, de cette mission de communication pour faire connaître le vrai Dieu, son Père. Comment réussir cette communication, de nos jours, alors que les médias sont monopolisés principalement par les puissances d’argent ? Voilà la question.

Communicateurs

Qu’en est-il dans le plan de Dieu ? Jésus, dans sa prière à son Père, au cours du dernier repas qu’il prenait avec ses disciples avant d’être arrêté, lui dit : «Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ils ont reconnu, eux aussi, que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître encore. » Dans quelle intention ? Simplement pour que nous, ses disciples, nous fassions connaître ce Père de Jésus-Christ qui est notre Père, au monde « qui ne l’a pas connu. » Quel programme !

Le livre des Actes des Apôtres nous présente deux grands communicateurs : Etienne et Paul. Etienne est l’un des premiers convertis à annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus, à Jérusalem même, et à ceux qui ont sans doute été à l’origine de l’arrestation et de la mort du Maître. Dans un long discours, il retrace toute l’histoire d’Israël pour en arriver à une accusation directe, si bien que ses interlocuteurs vont le lapider. Et c’est dans ce témoignage, son martyre, qu’Etienne délivre son plus fort message. Et non pas par son long discours. Quant à Paul, témoin et complice discret de la mort d’Etienne, dès qu’il est converti sur le chemin de Damas, il se fera l’inlassable prédicateur du Dieu de Jésus-Christ. « Malheur à moi si je n’annonce pas la Bonne Nouvelle », s’écrie-t-il un jour. Il utilisera tous les moyens qu’il avait à sa disposition pour cette annonce. Pas toujours avec succès. Si bien qu’il se rendra vite compte que les techniques de « la sagesse humaine » ne sont pas les plus efficaces. Le message du Christ n’est pas un produit qu’on peut « vendre ». Plus utile et plus parlante, l’annonce de Jésus Christ crucifié, « scandale pour les Juifs, folie pour les païens. »

La fin et les moyens

Au cours du dernier repas, Jésus prie le Père « pas seulement pour ceux qui sont là (les disciples), mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi. » Pour vous comme pour moi, aujourd’hui, qui sommes invités à sa table. Comment faire connaître au monde le vrai Dieu ? Par quelles formes actuelles de communication ? L’expérience d’Etienne et de Paul nous amènent à penser que si l’utilisation des moyens les plus performants de communication est nécessaire, elle n’est pas suffisante pour faire connaître au monde « qui ne l’a pas connu » le Dieu de Jésus-Christ. Il est nécessaire d’annoncer l’évangile, il faut prêcher, il faut enseigner, il est indispensable de catéchiser par tous les moyens les plus performants, mais ce n’est pas suffisant. Jésus nous dit ce matin que ce qui est indispensable, c’est le témoignage, non en paroles, mais en actes. Par nos comportements, par toute notre vie, nous avons à témoigner « afin que le monde croie. »

Pour cela, un seul moyen : « Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » Il ne s’agit pas de n’importe quelle forme d’unité : il s’agit d’être unis entre nous comme le Père et le Fils sont unis. C’est le seul moyen de faire voir au monde que Dieu est amour.

Des relayeurs

Dieu est amour. On le dit, on le redit, on le chante. Mais est-ce que les gens le croient ? Je suis persuadé que la plus grande partie de l’humanité se fait encore de Dieu des images fausses, pensant à une toute-puissance terrifiante, exigeante, une puissance de condamnation. Quelqu’un que beaucoup rejettent, et que d’autres cherchent simplement à se concilier en négociant avec lui. Je me demande si le message du Christ, le témoignage suprême qu’il a donné en mourant sur une croix  et en manifestant ainsi qu’il est l’Amour incarné (« Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ») si ce témoignage a été et est suffisamment relayé par ses disciples de tous les temps, par nous aujourd’hui, pour convaincre le monde que Dieu est l’Amour le plus infini qui soit. Et que de cet Amour nous tenons « la vie, le mouvement et l’être », comme l’annonçait saint Paul. Comment relayer efficacement ce message aujourd’hui ? Jésus nous invite à être unis COMME son Père et lui sont unis. L’unité n’est pas n’importe quelle unité. Il s’agit d’une intériorité réciproque : « Moi en eux, toi en moi, qu’ils soient un comme tu es en moi et moi en toi. » Non pas une fusion, mais une unité dans la différence. Comme si la Trinité divine prenait figure humaine dans le monde à travers ce que nous vivons entre nous.

Certes, et sans nous en lamenter exagérément, nous chrétiens de ce début du 3e millénaire, nous ne donnons pas une belle image d’un peuple de Dieu vivant cette unité divine. Si la dernière prière du Christ est pour demander l’unité, c’est que ce n’est pas gagné d’avance. Nous ne « connaissons » pas Dieu vraiment. C’est pourquoi, après avoir dit à son Père : « Je leur ai fait connaître ton nom », il ajoute immédiatement : « Et je le ferai connaître encore. » Au futur. Tout reste à faire. Commençons donc, là où nous sommes, par pratiquer la tolérance, qui est le fruit de l’amour déjà là et le chemin vers l’amour à venir. Et si vous n’aimez pas le mot « tolérance », pratiquez la « bienveillance » Aussi bien en matière religieuse qu’en tout autre domaine. Elle nous ouvrira « les portes de la cité » à la suite du Christ, l’alpha et l’oméga. Il vient sans tarder, nous déclare aujourd’hui le livre de l’Apocalypse.

 

Retour au sommaire