Moi, je suis la vraie vigne

     CINQUIEME DIMANCHE DE PAQUES (B)

 

Evangile de Jésus Christ selon saint Jean 15, 1-8

 A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l'enlève ; tout sarment qui donne du fruit, il le nettoie pour qu'il en donne davantage. Mais vous, déjà vous voici nets et purifiés grâce à la parole que je vous ai dite : "Demeurez en moi, comme moi en vous".

De même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est comme un sarment qu’on a jeté dehors, et qui se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et vous l’obtiendrez. Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous donniez beaucoup de fruit : ainsi, vous serez mes disciples ».

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Images de Dieu

            Vous avez entendu. Jésus nous dit : «Moi, je suis la vraie vigne». Ce qui veut dire que la vigne qui pousse sur nos coteaux, sur nos collines, ce n'est pas la vraie. Elle n'est qu'une copie, une image, une imitation de la vraie vigne qui est Jésus-Christ. Vous allez me dire : c'est un peu paradoxal, ce que vous nous dites là ! La vraie vigne n'est pas la vraie. Et pourtant c'est la réalité. Vous allez me dire aussi : Pourquoi la vigne, image de Dieu ? Il n'y a que l'homme qui est image de Dieu. En fait, il y a bien d'autres réalités qui sont images de Dieu. Je voudrais commencer en vous expliquant cela.  

            Qu'est-ce qu'un homme, dont on nous dit qu'il est image de Dieu ? D'abord un composé de quantités de sels minéraux. Faites une analyse de sang, et vous verrez tout ce qu'il contient en fer, magnésium, etc. L'homme est d'abord cela : sur le plan de l'analyse chimique, on peut réduire l'homme à des petites quantités de produits divers qu'on trouve en quantité dans la nature. Il y a autre chose. L'homme participe également à la vie végétale. Il y a en lui une série de fonctionnements qui sont identiques à ceux des végétaux : l'homme a besoin d'eau, de soleil, de chaleur pour vivre, et il se nourrit de végétaux. Allons plus loin. C'est une banalité que de dire que l'homme participe aussi au règne animal. L'homme est un mammifère. Et voilà que tout cela, le règne minéral, le règne végétal, le règne animal, tout cela prend valeur, prend corps, prend forme en la personne de l'homme, en ce sens que tout cela va accéder à l'intelligence, à la liberté, à l'amour. Si bien que, regardant l'ordre de la nature, je peux dire qu'il y a toute une succession de degrés. Au plus élevé, on a, parmi toutes les créatures, Jésus, le Verbe de Dieu fait chair, dont St Paul nous dit qu'il est «image visible du Dieu invisible». Puis, participant à la divinité, il y a l'humanité, nous tous qui sommes rattachés à Dieu en Jésus Christ. Et puis, à travers l'homme, participant à l'humanité, il y a aussi bien le règne minéral que le végétal et l'animal. Tout cela est récapitulé en Jésus Christ. Si bien que le pain, la vigne disent la réalité même de Dieu : ils sont images visibles de cette réalité.

La vigne, image de Dieu

            Aujourd'hui, examinons comment la vigne est image parlante de Dieu. La vigne, c'est un cep, des racines et des sarments. Il y a tout un réseau d'échanges qui se fait entre racines, cep et branches. Le cep pompe, à travers les racines, toutes les substances végétales et minérales dont il a besoin pour sa vie, et il les redistribue aux sarments. Tout cela, pour donner des raisins. Une vigne qui ne donnerait pas de fruits ne servirait à rien. Donc, la vie de la vigne est essentiellement tout un réseau de communication et d'échanges. Eh bien, elle nous dit Dieu, d'une manière assez parlante, mais quand même imparfaite. Elle nous dit surtout notre relation à Jésus Christ, qui est tout un réseau d'échange de vie, que Jésus lui-même puise en Dieu et qu'il nous redistribue largement. C'est ce qu'on appelle «la vie éternelle», ou la grâce.

            Je vous disais que l'image de la vigne était une image imparfaite. Pourquoi ? Parce que, si les sarments n'ont pas demandé à pousser sur le cep, si c'est de l'ordre de la nature, donc de la nécessité, nous, c'est librement que nous sommes «greffés» sur le cep qu'est Jésus Christ. Et notre liberté est très importante : nous pouvons, ou bien nous détacher du cep, ou bien pomper de la vie, pour nous, sans rien produire, ou encore, être de ceux qui, puisant au cep qu'est Jésus, donnent du fruit. Cela, c'est notre liberté. Et le Père est là, comme un bon vigneron,  soit pour couper le bois mort, les sarments qui ne servent à rien, soit pour émonder, tailler, de façon à ce que nous donnions plus de fruit. Car l'amour que Dieu a pour nous est à l'image de l'amour qu'un bon vigneron porte à sa vigne. J'avais un cousin qui était vigneron. Il a passé la plus grande partie de sa vie dans sa vigne, pas un grand domaine, simplement une petite vigne qui lui donnait son vin pour l'année, et quelques bonnes bouteilles, les bonnes années, qu'il gardait pour les grandes occasions.. Sa vigne, c'était sa vie. Dieu est comme cela pour chacun de nous. Il nous aime, il prend soin de chacun de nous, il nous donne tout ce dont nous avons besoin, mais à une condition, c'est que nous donnions du fruit, c'est que nous donnions du bon vin, et pas de la piquette.

            Vous voyez dans quel sens, aujourd'hui, Jésus nous rappelle qu'il est indispensable de nous situer en vérité par rapport à lui. Il nous dit neuf fois, dans ce court passage d'évangile : «Demeurez en moi». Il ajoute : «Sans moi, vous ne pouvez rien faire». Est-ce que nous le croyons ? Quels sont ces fruits que nous avons à porter ? La lettre de St Jean nous le dit : «croire et aimer nos frères». Si chaque jour, nous essayons de vivre cela, si chaque jour nous essayons d'être davantage branchés sur Jésus, l'Amour même de Dieu, alors, certainement, nous serons des vivants. La vie éternelle est commencée, pour nous, pour tous ceux qui aiment. Par delà la mort, elle se prolongera dans une existence d'amour.

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