6e dimanche de Pâques
Première lecture
(Ac 8, 5-8.14-17)
Lecture du livre des
Actes des Apôtres
Évangile
(Jn 14, 15-21)
Homélie
Nous sommes bientôt à la fin du temps pascal et les textes de ce jour sont une belle occasion pour nous demander où nous en sommes dans notre chemin de résurrection. Bientôt 40 jours que nous avons fêté la résurrection du Christ, mais cette fête n’aurait aucun sens si elle n’était pas la célébration de notre propre capacité à ressusciter dès aujourd’hui. En effet cela nous ferait une belle jambe si la résurrection de Jésus n’était qu’une faveur exceptionnelle accordée par le Père à son fils bien aimé.
Le temps pascal est justement le temps où nous pouvons expérimenter la puissance de la résurrection du Christ à l’œuvre en nous, comme ont pu l’expérimenter les premiers chrétiens dans la première lecture : rappelez-vous Philippe, un des 7 diacres chargés du service des tables pour permettre aux apôtres de se consacrer pleinement à l’annonce de la Parole : il va se mettre à prêcher lui aussi la Parole dans une ville de Samarie, et voilà que tous ceux pour qui la vie était quelque peu boiteuse ou bancale se mettent à aller mieux, voilà que tous ceux qui étaient paralysés par leur croyances morales ou religieuses commencent à bouger et à se sentir libérés de leurs entraves. Incroyable effet de la prédication de Philippe, qui permet aux samaritains de ressusciter eux aussi, et qu’« il y eut dans cette ville une grande joie ».
Voilà le critère qui permet de mesurer si nous sommes en train de ressusciter ou non : c’est la joie ! Alors je vous le demande, quel est l’effet de la Parole de Dieu que vous avez entendue depuis Pâques ? Vous a-t-elle procuré de la joie ? Vous a-t-elle ressuscitée ? Si oui, alors n’oubliez pas de le partager à vos proches, il ne faut pas qu’un tel trésor reste caché. Sinon, faites comme les premiers chrétiens, essayez de l’entendre comme une parole toute neuve, comme si vous ne l’aviez encore jamais entendue, comme si vous l’entendiez pour la première fois ! Vous voulez qu’on essaye avec l’Evangile de ce jour ? Je vous en relis un passage et vous essayez de vous dire que c’est une parole que vous n’avez encore jamais entendue :
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
Qu’est-ce que l’écoute de ces paroles de Jésus ont fait en vous au moment où vous les entendiez ? Votre cœur a-t-il été touché par ces paroles ? s’est-il réchauffé ? ces paroles ont-elles déplacé quelque chose en vous ? que ressentez-vous en entendant Jésus vous dire « Moi, je prierai le Père, qui vous donnera un Défenseur qui sera pour toujours avec vous … cet esprit de vérité demeure auprès de vous, et il est en vous » ? Ce n’est pas rien ces paroles ! Mettez-les en contact avec votre vie actuelle : je suis certain qu’il y a parmi vous l’une ou l’autre personne qui a besoin d’être défendue en ce moment ! de qui ? de quoi ? qu’importe, vous avez un défenseur en vous qui combat pour vous, avec vous … et vous vous rendez compte que c’est Jésus qui prie pour nous ? Alors que nous croyons souvent que c’est à nous de le prier ! Non, laissez- le prier en vous et pour vous, …
Vous voyez comment cela peut faire évoluer notre prière et du coup notre relation à Jésus. Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous. D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant et vous vivrez aussi ». Y a-t-il quelqu’un ici dans cette assemblée qui soit orphelin ? Entendez ces paroles pour vous. Et si vous n’avez pas perdu un parent, vous pouvez peut-être vous sentir orphelin d’un proche dans une situation difficile. Alors entendez Jésus vous dire « Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous » pour vous offrir la puissance de ma résurrection afin que la joie revienne en vous… Parce que c’est bien là mon seul et unique but : que vous soyez dans la joie, que votre joie soit parfaite ! »
Il n’y a pas de pire perversion du message évangélique que d’avoir fait croire que la foi devait être quelque chose d’austère, de sévère, de dur et de triste ! Au contraire Jésus prie en nous pour que sa joie soit en nous et que notre joie soit parfaite. Alors accueillez cette joie en vous, laissez-la vous envahir tout entier, ne la contenez pas, ne la jugez pas indécente, c’est un don de Dieu et c’est par elle que nous expérimentons la puissance de la résurrection du Christ en nous.
St Paul aussi insiste sur ce point dans sa lettre aux Philippiens : « Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je vous le redis : soyez dans la joie » (Phil 4,4). Mais comment être toujours dans la joie alors que la vie n’est pas facile ? Dans son livre « La puissance de la joie » Frédéric Lenoir nous explique que la joie n’est pas liée à l’absence de contrariété, mais qu’elle est donnée quelles que soient les circonstances de notre vie : voyez ces peuples si pauvres d’Inde ou d’Afrique, tous ceux qui les ont rencontrés sont étonnés par la puissance de leur joie. La joie est donc un don à accueillir mais elle a besoin de quelques conditions pour advenir : en commençant par se dire que c’est normal d’être joyeux que ce n’est pas contre la foi et les mœurs ! Puis écouter votre vie intérieure, méditer, la demander et vous disposer à la recevoir. Enfin, une fois en vous, la laisser s’exprimer, ne pas vous contenir car plus elle est exprimée plus elle se développe en nous. Regardez un enfant : quand il est heureux, il crie de joie, saute, bondit, rit … alors que nous, nous avons une joie tellement intérieure qu’elle ressemble à parfois de la tristesse. C’est cela être vivant, ressusciter : c’est laisser la joie nous transformer : Jésus lui-même nous le dit dans l’Evangile de ce jour : « vous me verrez vivant quand vous vivrez » voilà c’est ça : la résurrection de Jésus s’expérimente dans notre propre capacité à nous sentir vivant ! Donc pour voir Jésus vivant, il nous faut être vivants nous aussi ! Et la joie est le moyen par excellence pour nous sentir vivants. Pour ce faire, nous avons reçu l’Esprit de vie l’esprit qui rend vivant en nous donnant la joie. Alors je vous en prie que cette joie se voit sur vos visages !
Tout à l’heure par exemple, en venant communier à Celui qui vous offre sa joie, venez en souriant et non pas avec des têtes d’enterrement et après cette célébration, en rentrant chez vous, laissez votre joie déborder de vous, afin que vos enfants, votre conjoint ou vos proches puissent vous dire : « tiens tu as changé depuis ce matin, tu as l’air heureux(se), tu étais où ? » et vous de répondre en souriant : « ben c’est normal, j’étais à la messe » !
Amen
Gilles BROCARD
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- Dernière mise à jour :
15 mai 2017