Une perle de grande valeur

 Du neuf et de l'ancien

 

Jésus disait à la foule ces paraboles : "Le Royaume des cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; l'homme qui l'a découvert le cache de nouveau. Dans sa joie, il va vendre tout ce qu'il possède et il achète ce champ.

Ou encore : Le Royaume des cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines. Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète la perle.

Le Royaume des cieux est encore comparable à un filet qu'on jette dans la mer et qui ramène toutes sortes de poissons. Quand il est plein, on le tire sur le rivage, on s'assied, on ramasse dans des paniers ce qui est bon, et on rejette ce qui ne vaut rien. Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges viendront séparer les méchants des justes et les jetteront dans la fournaise : là il y aura des pleurs et des grincements de dents.

Avez-vous compris tout cela ? - Oui", lui répondirent-ils. Jésus ajouta : "C'est ainsi que tout scribe devenu disciple du Royaume des cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l'ancien."

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 13, 44-52

DIX-SEPTIEME DIMANCHE ORDINAIRE (A)

oOo

Que choisir ?

Salomon venait d'accéder à la royauté sur Israël. Il avait donc hérité d'un pouvoir, le pouvoir sur un peuple. Tout homme, quel qu'il soit, a reçu un domaine sur lequel il exerce un certain pouvoir. Pour l'humanité entière, c'est la terre elle-même. Et la Sagesse est là, déjà, dans les premiers balbutiements de l'effort des hommes pour gérer la nature. Dans les premières tentatives pour former des communautés paisibles. Elle est l'intelligence qui nous permet de discerner le bon et le mauvais. Science divine qui est communiquée à l'homme, contrairement à ce que voulait nous faire croire la voix du " serpent ", celle du doute et de la défiance.

Les paraboles de l'évangile d'aujourd'hui nous parlent de choix, de tri. La Sagesse, art de discerner, atteint ici sa forme la plus haute. Jugement de Dieu, avec le filet jeté dans la mer. Jugement de l'homme, qui sait distinguer les vraies valeurs, celles qui le font exister pour de bon. Le monde terrestre, " tout ce qu'il possède ", n'est pas à mépriser puisque c'est cela qui lui permet d'acquérir la perle ou le champ du trésor. Mais il en fait un bon usage, celui qui l'utilise pour acquérir le Royaume. La Sagesse nous permet de déchiffrer et le monde et notre vie pour y découvrir " les choses cachées depuis le commencement ". L'autre nom de la Sagesse, c'est l'Esprit.

Invitation à la joie

Ces deux paraboles nous invitent à la joie. C'est assez remarquable, car nous sommes habitués à considérer l'entrée dans le Royaume comme un renoncement, comme un sacrifice. Nous savons qu'il y a, à la clé, l'itinéraire pascal. Ces deux paraboles veulent nous dire qu'en choisissant le Royaume (mettre le Christ au-dessus de tout) nous ne perdrons rien. Au contraire, nous y trouvons notre compte. C'est notre bonheur que nous choisissons. Non pas un bonheur éthéré, " spirituel ", mais notre bonheur humain. Notre réussite. Le gros lot, le trésor !

L'homme qui découvre le trésor, visiblement ne le cherchait pas. Il tombe dessus. Au contraire, le négociant en perles sait ce qu'il veut. Il cherche la valeur, ce qui peut transformer sa vie. L'un et l'autre, un jour, rencontrent le Christ, le découvrent. L'homme au trésor est peut-être passé cent fois dans le champ sans rien voir. Ainsi des hommes ont cent fois entendu parler du Christ, sans comprendre, sans réagir. Le trésor n'a pas été identifié. Un beau jour, c'est la découverte : le Christ se met à devenir vivant pour nous, nous comprenons que la valeur est là, que le reste ne compte pas à côté de lui. Que cette rencontre de Dieu se fasse par hasard ou au terme d'une recherche, c'est l'étape suivante qui est importante : le Christ n'est vraiment découvert, le trésor ne devient trésor qu'à partir du moment où l'on achète le champ. Et pour cela, il faut tout vendre. Il faut tout donner. Même, à la fin, sa vie. Nous retrouvons donc l'aspect sacrifice, renoncement, mais sous forme d'une retombée : c'est la joie d'avoir trouvé la vie qui entraîne tout le reste. C'est le sacrifice du fiancé qui laisse tout pour sa fiancée.

Expérience de l'amour

Ce parallèle avec l'amour humain nous pose une question : y a-t-il quelque chose de vraiment attirant, motivant, dans le Royaume ? Pourquoi cette joie ? Finalement, peut-on aimer Dieu ? Nous répondons résolument : Oui. C'est justement en cela que réside la découverte. Le " Royaume ", c'est d'abord l'expérience d'un amour qui nous enveloppe, qui nous fait être et nous fait être nous-mêmes, qui nous constitue, qui nous appelle. Cet amour appelle irrésistiblement une réponse. Dès lors, on ne peut plus ne pas aimer. Tout cela est incompréhensible pour celui qui n'a pas fait cette expérience. Mais comme toujours en christianisme, nous sommes devant une question de vie ou de mort.

Retour au sommaire