Soyez sans crainte

 

Après le sabbat, au commencement du premier jour de la semaine, Marie Madeleine et l'autre Marie vinrent faire une visite au tombeau de Jésus. Et voilà qu'il y eut un grand tremblement de terre ; l'ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s'assit dessus. Il avait l'aspect de l'éclair et son vêtement était blanc comme la neige. Les gardes, dans la crainte qu'ils éprouvèrent, furent bouleversés et devinrent comme morts. Or, l'ange s'adressant aux femmes, leur dit : "Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus, le crucifié. Il n'est pas ici, car il est ressuscité, comme il l'avait dit. Venez voir l'endroit où il reposait. Puis, vite, allez dire à ses disciples : "Il est ressuscité d'entre les morts ; il vous précède en Galilée : là, vous le verrez ! Voilà ce que j'avais à vous dire". Vite, elles quittèrent le tombeau, tremblantes et toutes joyeuses, et elles coururent porter la nouvelle aux disciples. Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : "Je vous salue." Elles s'approchèrent et, lui saisissant les pieds, elles se prosternèrent devant lui. Alors Jésus leur dit : "Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu'ils doivent se rendre en Galilée : c'est là qu'ils me verront."

Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 28, 1-10

NUIT PASCALE (A)

oOo

Ceci vous concerne.

"Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui". Je crois que cette parole de l'apôtre Paul exprime bien ce que nous pensons de la résurrection. Si nous considérons la résurrection de Jésus uniquement comme un phénomène qui s'est passé autrefois, il y a vingt siècles, pour un homme donné, Jésus ; si nous ne regardons que ce fait brutal d'il y a deux-mille ans, et si ce fait ne nous concerne pas, alors, je ne vois pas ce que nous venons faire dans les églises la nuit de Pâques.

Saint Paul nous dit au contraire : Mais cela vous concerne au premier chef. Il n'y a que cela d'important dans votre vie. Tout le reste - vous entendez : tout le reste, vos amours humaines (c'est important), votre travail (c'est important), votre famille (c'est important), ce que vous possédez, votre promotion, votre retraite future, tout cela, qui a une certaine importance, n'est rien, n'a aucun sens si le Christ n'est pas ressuscité, et si nous n'entrons pas dans la démarche de la résurrection de Jésus, nous-mêmes, aujourd'hui.

Désir d'éternité

Qu'est-ce que cela veut dire ? Qu'il est important pour chacun de nous de se situer au coeur de ce mystère de mort et de résurrection qui était évoqué tout-à-l'heure dans l'évangile et dans lequel nous avons essayé d'entrer tout au long de cette Semaine Pascale. Parce qu'en définitive, notre vie n'a de sens, n'a de valeur que si elle ne s'arrête pas à la mort, que si elle est une vie éternelle. Que sert à chacun d'entre nous d'acquérir le plus possible de bonheur si c'est pour que tout s'arrête radicalement, au jour de notre mort ? Que sert de vivre et de chercher le bonheur le plus parfait, le plus total, que sert l'amour le plus beau, le plus grand, le plus vrai, s'il est coupé radicalement au bout de quelques années, si nous sommes des condamnés à mort en sursis ? Cela ne sert à rien. C'est absurde.

Un chemin

Et voilà que le Christ qui nous dit : "Je suis le chemin", nous indique ce chemin. Il nous indique que cette mort humaine, qui fait partie de nous-mêmes, qui fait partie de notre vie, puisque tout le vivant est mortel, que cette mort humaine n'est pas une mort totale, que cette mort humaine, parce que Dieu nous aime et que nous sommes ses enfants, n'est qu'un passage. Et que, de même que Dieu a dit à son Fils Jésus, dans son amour de Père : "Toi, tu ne mourras pas", de même, pour chacun d'entre nous, enfants de Dieu, aimés de Dieu, il ne peut y avoir de mort éternelle. Bien sûr, il nous faudra, comme Jésus, passer par le "tunnel" de la mort, mais pour être "réveillés", "relevés", comme lui, Jésus, l'a été, au matin du troisième jour.

Inimaginable

Je sais que notre esprit humain cherche toujours à comprendre, à imaginer comment cela peut être. Mais je n'ai rien à dire là-dessus. Dites, le foetus, dans le ventre de sa mère, est-il capable d'imaginer ce qu'est la vie, cette somme incroyable de bonheur qu'est la vie de l'homme ? Il en est bien incapable. Il faudrait que nous soyons dans cette perspective-là : celle d'une nouvelle naissance. D'une re-naissance. D'une vie nouvelle qui, après notre mort, va nous illuminer dans l'amour de Dieu. Et pas plus qu'un foetus n'est capable d'imaginer tout l'amour de son père et de sa mère, hélas, nous non plus, nous ne sommes capables d'imaginer tout l'amour de ce Dieu Père-Mère qui nous accueillera un jour et qui nous dira : Enfin, tu es né et tu es mon enfant. Le Christ est le prototype de cette humanité nouvelle.

Espérance

Et nous ? Eh bien, je dis que si nous sommes ici cette nuit, c'est parce qu'il y a en nous cette espérance. Peut-être y a-t-il en nous des doutes. Mais si nous vivions déjà cela, je vous assure que cela éliminerait tous les doutes de notre existence. Si toute notre vie n'était pas cette lente, lente descente ; cette lente, lente dégradation qu'hélas nous connaissons physiquement ! Si elle était une montée vers cette vie nouvelle ! Si chaque jour de notre existence, nous étions des êtres plus aimants ! Si chaque jour de notre existence, nous étions des êtres plus accueillants envers l'autre ! Si chaque jour de notre existence, nous ne nous laissions pas abattre par les revers ! Mais au contraire, si nous savions ressurgir, repartir, redémarrer. Même dans les pires difficultés. Si chaque jour de notre existence, nous étions déjà des ressuscités, eh bien, toute notre vie serait une montée vers l'éternité d'amour que Dieu nous promet.

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