"Le Seigneur est avec toi."
DIRE "OUI" A DIEU.
L'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth, à une jeune fille, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. L'Ange entra chez elle et dit : " Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. " A cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L'Ange lui dit alors : " Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n'aura pas de fin. " Marie dit à l'Ange : " Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge? " L'Ange lui répondit : " L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu'Élisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors qu'on l'appelait " la femme stérile ". Car rien n'est impossible à Dieu. " Marie dit alors : " Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. " Alors l'Ange la quitta.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 1, 26-28 QUATRIEME DIMANCHE DE L'AVENT (B) oOo Assurances tous risques.
Dans toutes les périodes de l'histoire, mais particulièrement dans les périodes troublées (la période que nous vivons par exemple) les hommes ont cherché et cherchent des sécurités, des assurances. Des réalisations merveilleuses ont été faites dans nos pays développés : la Sécurité Sociale par exemple, qui permet une véritable sécurité pour les enfants, les adultes, les vieillards. En plus des réalisations institutionnelles, il y a quantité de sécurités qu'on nous propose, et qui nous sont nécessaires : des assurances. On assure tout : des objets, son auto, sa maison contre le vol, l'incendie, les dégâts des eaux ou les bris de glaces. On assure également les personnes. On contracte des assurances-vie, même pour les petits enfants. Il y a des assurances-décès. On essaie de se sécuriser le plus possible grâce à des systèmes plus ou moins développés d'assurance. C'est, je crois, un besoin fondamental de l'homme. Encore une fois, pas seulement dans les périodes troublées, mais également dans les périodes de calme, et surtout par crainte de l'avenir, par peur de ce qui peut survenir. On en est à un tel point que même les élections se jouent sur le thème de la sécurité.
Des jours tranquilles.
Je ne sais pas si vous avez remarqué, dans la lecture du Livre de Samuel, le nombre de mots et d'expressions qui disent assurance et sécurité. De quoi s'agit-il ? Le roi David vient de se construire un palais à Jérusalem et il se dit : L'Arche d'Alliance, signe de la présence de Dieu parmi son peuple, est toujours sous la tente. Je vais donc lui bâtir une maison. Et c'est le prophète Nathan qui va s'adresser à David de la part de Dieu. Écoutez les mots employés dans ce texte : "Je t'accorderai des jours tranquilles ( deux fois dans le texte). Ton peuple, je "l'établirai", je "le planterai" je le "fixerai" sur cette terre. "Il s'y établira." "Il ne tremblera plus." Et, plus que cela. Le besoin de sécurisation, vous le savez, vous, pères et mères de famille, passe par le besoin de se survivre en ayant des enfants ; Eh bien, Dieu promet à David, non seulement une dynastie, mais un trône stable pour toujours. Tous les mots disent une assurance que David a reçue pour lui, pour sa famille et pour son peuple. Mais la grande raison pour laquelle David peut être assuré, rassuré pour le présent et l'avenir, elle est dans la salutation que le prophète Nathan lui adresse : "Le Seigneur est avec toi.".
Un "Oui" à renouveler.
Vous avez également remarqué comment l'ange Gabriel, venant trouver Marie, commence par lui dire : "N'aie pas peur." C'est normal qu'elle ait eu un réflexe de peur. Mais tout de suite l'ange lui dit pourquoi elle n'a pas à avoir peur : "Le Seigneur est avec toi." C'est cela qui va donner à Marie son assurance, sa confiance. Mais il y a une différence radicale entre l'assurance "dans un fauteuil", l'assurance-stabilité qui est offerte à David, et l'assurance-aventure qui est offerte à Marie. Expliquons-nous là-dessus.
Marie a dit Oui le premier jour. Mais ce oui n'a été que le premier de toute une série de oui qu'elle a eu à prononcer, tout au long de son existence. Et des oui souvent difficiles à dire. Le premier oui à Dieu, Marie ne savait peut-être pas trop bien à quoi ça l'engageait. Mais après ! Dire oui à Dieu dans la pauvreté de la crèche, sur la paille, c'était autrement difficile. Et dire oui, quelques jours plus tard, lorsqu'on est des fugitifs parce que le roi Hérode veut tuer l'enfant. Quand on devient un réfugié politique, dire oui à Dieu c'est beaucoup plus difficile. Et il y a eu encore d'autre oui, combien plus difficiles ! Quand Jésus devient un adolescent, et qu'il fait une fugue à Jérusalem, quand Marie le retrouve après trois jours de recherche et qu'elle lui fait des remarques, Jésus, comme tous les adolescents, se rebelle : "Ne savez-vous pas qu'il faut que je m'occupe des affaires de mon Père ?". Ce fut difficile, pour Marie, ce jour-là, de dire oui à Dieu. Et ce n'était pas fini. Celui dont elle savait qu'il était le Fils de Dieu, le Sauveur du monde, le voilà qui va mener pendant trente ans une existence banale de charpentier dans son village, à manier la scie, le rabot, le marteau et la hache : si c'est cela, le Salut du monde ! Il a fallu qu'elle dise oui. L'aventure, le risque de la foi, c'est là aussi. Et cela n'a pas été mieux pour les trois ans qui ont suivi. Quand elle a vu son fils, ce prédicateur errant sur les routes, méprisé, raillé, incompris, particulièrement dans son village, dans sa propre famille, ce ne fut pas facile de répéter son oui à Dieu. Et le oui le plus difficile, ce fut quand elle vit son fils cloué sur une croix. Là aussi, il a fallu renouveler son oui à Dieu. Il y a eu aussi d'autres oui, à Pâques, à Pentecôte. Nous, les plus âgés, on nous a appris à méditer le Rosaire : les mystères joyeux, les mystères douloureux, les mystères glorieux de la vie de Marie. Il y a tout ça dans les mystères du Rosaire : ils disent tous les oui que Marie a été amenée à prononcer.
En route !
Marie n'a pas été "un roseau agité par le vent", elle n'a pas perdu pied, parce qu'elle savait que, selon la parole de l'ange, "Le Seigneur est avec elle", et que "rien n'est impossible à Dieu." Donc, elle a accueilli, jour après jour, dans son existence, les peines et les joies, la nouveauté de chaque journée, la Bonne Nouvelle d'un Dieu-parmi-les-hommes.
Vers vous, au début de cette célébration, et quatre fois chaque dimanche, j'étends les bras pour vous dire : "Le Seigneur est avec vous." Allons-nous, nous aussi, forts de cette assurance-vie, de cette assurance-tous risques, commencer (ou continuer) à nous désinstaller, à prendre la route ? L'aventure de notre vie de croyants est-elle commencée ? Tout de suite après le récit de l'Annonciation, il y a une petite phrase dans Saint Luc : "Marie se mit en route rapidement." Il est temps de nous mettre en route. L'assurance que nous donne notre foi n'est pas une assurance qui nous installe dans la vie. L'assurance de notre foi nous désinstalle, parce que toute vie est une histoire, et que l'histoire est mouvement. Et nous sommes dans ce mouvement. L'essentiel est de n'être pas des "roseaux agités par le vent", c'est-à-dire de ne pas nous laisser déboussoler par ce qui peut nous arriver. Car, qui que nous soyons, nous rencontrerons des jours joyeux, des jours douloureux et, je l'espère, des jours glorieux (au moins dans la résurrection). Saurons-nous accueillir chaque jour dans sa nouveauté, dans ses imprévus, avec assez de courage et de confiance, parce que nous savons que "rien n'est impossible à Dieu."
Nous sommes à quelques jours de Noël. Nous fêterons l'Emmanuel, Dieu-avec-nous. Pas une histoire d'il y a vingt siècles, mais notre histoire aujourd'hui. Notre marche, notre démarche en compagnie de celui qui est "avec nous". Il est temps de nous y préparer chaque jour et de nous redire, avec Saint Paul : "Si Dieu est avec nous, qu'est-ce qu'on nous peut ?"
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