THEOLOGIE "POUR LES NULS"
CETTE ANNEE : LE BAPTEME.
Première séquence : Que demandez-vous ?
(Janvier 2001)Rencontre.
Un jeune couple se présente à ma porte. "Monsieur l'abbé, on voudrait faire baptiser notre enfant". Je les fais entrer. On prend le temps de faire connaissance (quand on a le temps !) et, après avoir convenu de quelques détails pratiques, on se fixe un rendez-vous : j'irai leur rendre visite et on préparera le baptême. C'est ainsi que, dans notre paroisse, nous procédons depuis de nombreuses années : nous avons remarqué que dans leur environnement familier, les parents sont souvent plus décontractés et que la première rencontre a perdu tout caractère formaliste. La méthode a ses avantages et, certes, ses inconvénients : l'aspect communautaire n'apparaît pas à ce moment-là.
D'une extrême variété.
"Pourquoi voulez-vous faire baptiser votre enfant ?". Question habituelle, quand on en vient aux choses sérieuses. Les réponses sont d'une grande variété. Je n'apprendrai rien à ceux d'entre vous qui ont la pratique de telles rencontres préparatoires au sacrement de Baptême. Depuis ceux et celles qui cherchent dans leurs souvenirs pour me donner une réponse qui serait susceptible de me faire plaisir ("pour faire partie de la chrétienté...pour devenir chrétien...pour qu'il ait de la morale...), jusqu'à ceux qui ont des motivations datant d'un autre âge ("pour qu'il ne lui arrive pas malheur... et s'il venait à mourir sans être baptisé ?). Il y a comme cela des restes de vieilles traditions. Dans une région proche de la mienne, on n'embrasse pas un bébé tant qu'il n'a pas été baptisé. Dans une autre, le bébé ne sortira pas en public avant qu'il n'ait été baptisé.
Il y a enfin tous les parents qui ne savent pas exprimer d'une façon claire et logique le pourquoi de leur démarche. Tradition ? Pour faire plaisir à la grand-mère ? D'autres aujourd'hui, qui ne sont pas encore mariés, et qui veulent faire baptiser leur enfant avant (ou en même temps que) leur mariage. D'autres enfin, qui sont aujourd'hui assez nombreux, me disent : "Nous, ont fait baptiser notre enfant. Mais plus tard, quand il aura l'âge, il choisira !"
L'offre et la demande.
Tout cela est courant aujourd'hui et indique, pour le moins, un décalage entre la demande et l'offre. "Je ne peux pas leur vendre des bonbons s'ils réclament des chaussettes" disait un de mes amis. Il faut discuter. Partir de ce qu'ils pensent, de ce qu'ils désirent. Chercher, à travers leurs motivations, quelque chose, parfois très peu de choses, qui puisse rejoindre la pensée de l'Église qui propose le baptême. Aussi, après en avoir discuté avec eux, je demande actuellement que les parents rédigent une réponse qu'ils liront au début de la célébration. Et pour que personne ne soit dans l'embarras, je leur remets un canevas: cinq formules dans lesquelles ils pourront choisir ce qui exprime le mieux leurs motivations actuelles.
Et vous, qui me lisez, essayez donc de dire pourquoi vous avez fait baptiser vos enfants (ou pourquoi vous demanderiez le baptême !). C'est tout l'enjeu de la réflexion que nous entamons aujourd'hui, et que nous poursuivrons au cours de cette année.
Bizarre !
Mais pour ne pas perdre de temps et pour aller à l'essentiel, je vous livre maintenant la suite du dialogue que j'ai avec chaque famille :
Moi : "Vous croyez que vous avez l'initiative de la démarche en demandant le baptême pour votre enfant ! Eh bien, détrompez-vous. Ce n'est pas vous qui avez l'initiative de cette démarche. Vous n'êtes pas premiers dans cette demande !"
Les parents : Pas possible ! Personne ne nous a dicté ce qu'il fallait faire. Nous avons pris la décision en pleine liberté.
Moi : "Erreur : en premier, il y a Dieu.
Les parents : ! !
Moi : Oui. C'est Dieu qui, le premier, dit : Ce petit bébé, que vous aimez tant, votre enfant, je voudrais bien qu'il soit aussi mon enfant. Voulez-vous, vous aussi, que votre enfant soit mon enfant bien-aimé ?
Les parents (parfois) : Mais tout homme est enfant de Dieu, non ?
Moi : Oui, certes. Mais justement, le baptême, c'est un acte de re-connaissance. Comme si vous disiez à Dieu : Eh bien, en effet, nous reconnaissons que notre enfant est d'abord ton enfant. Aussi, nous te le confions pour qu'il entre comme nous dans ta grande famille. Dieu a eu l'initiative, et vous, ensuite, vous tenez à ratifier le choix de Dieu. C'est en cela que consiste la démarche des parents qui demandent le baptême.
Il me reste alors à expliquer l'importance de leur demande (qui en réalité est une réponse), mais aussi la dimension de l'engagement qu'ils prennent. Enfant bien-aimé de Dieu, vous vous rendez compte ? Pour vous, qui êtes moins "nuls" que vous ne le pensez, je vais détailler cela.
Au livre des Actes des Apôtres.
Les premiers baptêmes chrétiens ont eu lieu le jour de la Pentecôte. Il semble donc sage de regarder d'abord le récit des Actes des Apôtres.
Chapitre premier : Le Christ ressuscité demande à ses apôtres de ne pas s'éloigner de Jérusalem, mais d'y attendre "la Promesse du Père, celle dont vous m'avez entendu parler. Car Jean a baptisé dans l'eau, mais vous, sous peu de jours, vous serez baptisés dans l'Esprit Saint ". Déjà dans l'évangile, Jésus leur avait dit : "Je vais vous envoyer ce que mon Père a promis. Demeurez donc dans la ville, jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la force d'en-Haut".
Chapitre deuxième : l'événement de la Pentecôte. Les disciples sont remplis de (plongés dans) l'Esprit Saint. Alors Pierre s'adresse à la foule pour expliquer ce qui se passe. Il parle de Jésus, mort et ressuscité, "mis par son Père en possession de l'Esprit Saint promis : il a répandu ce que vous voyez et entendez". Conclusion : "Repentez-vous et que chacun de vous se fasse baptiser...Vous recevrez alors le don du Saint-Esprit, car elle est pour vous, la Promesse, ainsi que pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin..."
J'ai souligné intentionnellement le mot "Promesse", car il marque que, dans cet événement, on a affaire à une initiative, souveraine et gratuite, de la toute-puissance de Dieu. Il ne faudra jamais l'oublier dans notre réflexion sur le baptême.