La belle-mère de Simon était au lit avec de la fièvre.
Job et Jésus. Question et réponse.
E
n quittant la synagogue de Capharnaüm, Jésus, accompagné de Jacques et de Jean, alla chez Simon et André. Or, la belle-mère de Simon était au lit avec de la fièvre. Sans plus attendre, on parle à Jésus de la malade. Jésus s’approcha d’elle, la prit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta et elle les servait.
Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous les malades, et ceux qui étaient possédés par des esprits mauvais. La ville entière se pressait à la porte. Il guérit toutes sortes de malades, il chassa beaucoup d’esprits mauvais et il les empêchait de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était.
Le lendemain, bien avant l’aube, Jésus se leva. Il sortit et alla dans un endroit désert, et là il priait. Simon et ses compagnons se mirent à sa recherche. Quand il l’ont trouvé, ils lui disent : « Tout le monde te cherche. » Mais Jésus leur répond : « Partons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame la Bonne Nouvelle ; car c’est pour cela que je suis sorti. » Il parcourut donc toute la Galilée, proclamant la Bonne Nouvelle dans leurs synagogues, et chassant les esprits mauvais.
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 1, 29-39
CINQUIÈME DIMANCHE ORDINAIRE B
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Pauvre comme Job
C’est passé en proverbe. On dit : « Pauvre comme Job. » Je crois qu’il vaudrait mieux dire « Malheureux comme Job. » Vous connaissez sans doute l’histoire racontée dans ce beau livre de l’Ancien Testament, le Livre de Job. Je vous la résume.
Un jour Dieu convoque toute sa cour. Et il y a là, parmi tous les anges adorateurs, il y a Satan. Et Dieu lui demande : « D’où viens-tu ? » Satan répond : « J’ai été faire un petit tour sur la terre. » Alors Dieu : « Ah bon ! Est-ce que tu as vu mon ami Job ? Ah, celui-là, il n’y en a pas deux comme lui. Extraordinaire de piété et de bonté envers tous. » Et Satan de répliquer : « Bof ! il suffirait qu’il lui arrive quelques petits malheurs : tu verrais qu ‘il serait même capable de te maudire. » Alors Dieu répond à Satan : « Pari tenu. Mais je te défends de toucher à sa vie. » C’est un conte. Un conte philosophique comme il y en a dans toute la littérature de l’Ancien Orient.
Alors, toutes les catastrophes tombent sur Job : d’abord sur ses biens, sur ses troupeaux, ses serviteurs, puis sur ses fils. Ses fils sont tous tués dans l’écroulement de leur maison. Et pour comble de malheur, voici la maladie qui s’abat sur Job : il est couvert d’ulcères. Le pauvre Job se retrouve seul, sur son fumier. Et même sa femme vient se moquer de lui en disant : « Tu vois à quoi ça t’a servi d’être bon et charitable ! » Mais Job ne maudit pas Dieu. Pourtant, il lui demande des comptes. Il lui dit : « Pourquoi tout cela ? Moi qui ai toujours fait le bien, je ne méritais pas ce qui m’arrive. Pourquoi le mal ? Pourquoi la souffrance ? Pourquoi tous ces malheurs ? »
Alors ses anciens amis viennent discuter avec lui et lui dire des choses comme on en dit, comme on en pense, en face du malheur, de la misère, de la maladie. Il y en a un qui lui dit : « Qu’est-ce que tu veux, c’est la vie ! Il faut te résigner !Il faut souffrir en silence. » L’autre lui dit : « Moi, je crois que s’il t’arrive tant de malheurs, c’est que tu as fait un gros péché ; tu as fait quelque chose de mal. Tu ne veux pas l’avouer, mais tant que tu ne l’auras pas reconnu, tu seras puni par Dieu. « Comme nous, quand nous pensons : « Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu ? » Et Job leur répond : « Laissez-moi tranquille. Dieu, je connais aussi bien que vous. Et je lui demande des comptes, à Dieu. Je veux discuter avec lui. Et je ne regrette qu’une chose, c’est qu’il n’y ait pas d’arbitre entre Dieu et moi. Parce que, s’il y avait un arbitre, il jugerait en ma faveur. Dieu, je lui demande des comptes. »
Voilà comment se déroule l’histoire. On ne nous dit pas, dans le livre de Job, quelle est la réponse de Dieu à la question existentielle de Job. Simplement tombe, à la fin, une parole de félicitation de la part de Dieu. Il dit : « C’est certain, Job est le meilleur de tous, parce qu’il ne s’est pas aplati, il ne s’est pas mis à plat ventre devant moi. Il a résisté. Il m’a demandé des comptes. Il a été un homme debout. C’est Job qui a raison. »
A la question : « Pourquoi le mal ? », Dieu ne répond pas. Mais voici qu’avec Jésus commence à se faire jour une réponse divine à la question de Job.
Une réponse
Quand Jésus guérit la belle-mère de Pierre, ainsi que tous les autres malades et possédés de Capharnaüm, c’est un signe qu’il nous fait. Ce n’est pas simplement un miracle, comme on pourrait le croire : c’est un signe par lequel il commence à nous montrer quelle doit être l’attitude de l’homme et quelle peut être la réponse à la question que se posent tous les hommes : « Pourquoi le mal ? Pourquoi la souffrance ? »
Jésus va trouver la belle-mère de Pierre, nous dit l’Évangile. Il la prend par la main. Il la relève (c’est un des mots qui seront employés pour dire la Résurrection de Jésus : « Dieu l’a relevé »), et on nous dit qu’elle les servait. On nous dit aussi que, le soir venu, la foule se pressait à la porte, amenant tous les malades, et Jésus les guérissait. Qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela veut dire qu’il y a une lutte contre le mal, sous toutes ses formes, qui est amorcée par Jésus. Pas seulement le mal qu’il y a en nous, le péché, mais aussi la maladie, la souffrance, la misère, tout le mal du monde. Jésus n’a pas guéri tous les malades de Capharnaüm, il en a guéri seulement quelques-uns. Il n’a pas guéri tous les malades de Galilée, ni tous les malades qui se pressaient en grand nombre dans les villes et les villages où il passait. Il en a guéri quelques uns. Et puis, il y avait à cette époque-là des millions d’êtres humains à travers le monde qui souffraient, qui étaient malades, esclaves du mal. Il en a guéri seulement quelques uns. C’est pourquoi je dis que c’est un signe que Jésus faisait. Continuons la lecture de ce passage d’Évangile pour comprendre ce signe. L’Évangile nous dit que « tôt le matin, Jésus était en prière. » Alors que tout le monde le cherchait. Eh oui, tout le monde le cherche... il n’y en a que quelques-uns qui le trouvent : Pierre et ses amis. Alors que tout le monde le cherche. Je crois qu’ils se sont tous égarés sur une fausse piste : la fausse piste d’un Messie qui allait, comme par un coup de baguette magique, éliminer du monde la souffrance, le mal, le malheur, la guerre. Alors qu’on cherche le guérisseur, on trouve l’homme de prière. Drôle d’activité pour un Messie ! Et pourtant ! La prière de Jésus est certainement étroitement liée à ses actions. J’imagine la prière de Jésus ce matin-là. Non seulement il dit : « Père, que ton règne vienne », mais il demande : « délivre-nous du mal ! » Sa prière rejoint ses actes. Il nous dit : Regardez : le mal, la maladie, la mort, ce n’est pas ce que Dieu veut, ce n’est pas fatal. Mais si vous êtes comme l’ami de Job qui pensait : « Qu’est-ce qu’on y peut ! C’est la vie ! », vous n’êtes pas mes disciples. Si au contraire, vous vous réveillez, si vous tenez debout pour combattre toutes les formes du mal, si vous ne vous résignez pas, alors vous êtes mes disciples.
Bien sûr, souvent, nous nous sentons impuissants. Aujourd’hui particulièrement, puisque avec les moyens de communication, nous savons tout dans l'instant même. Personne ne peut dire qu'il ne sait pas. Alors on risque de se « blinder » et de dire : « Qu’est-ce que j’y peux ! » Pourtant, on peut quelque chose. Comme Jésus qui tendait la main à la belle-mère de Pierre, tout disciple doit tendre, lui aussi, une main fraternelle à tout homme qui en a besoin. Et c’est grâce à cette main tendue que tous les hommes peuvent reconnaître Jésus sauveur et retrouver l’espérance.
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