Quand arriva le huitième jour...

 La Circoncision de Jésus

 

Q

uand les bergers arrivèrent à Bethléem, ils découvrirent Marie et Joseph avec le nouveau-né couché dans une mangeoire. Après l'avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tout le monde s'étonnait de ce que racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour ce qu'ils avaient entendu et vu selon ce qui leur avait été annoncé.
Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l'enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l'ange lui avait donné avant sa conception.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2, 16-21

1er JANVIER - SAINTE MARIE, MÈRE DE DIEU.

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Bonne Année

    Cette nuit, ou ce matin, vous avez souhaité une Bonne Année à tous ceux que vous avez rencontrés. A mon tour, je voudrais, maintenant, vous exprimer mes vœux les plus chaleureux. Je le ferai en reprenant  la formule que Dieu lui-même a dictée aux prêtres de l'Ancienne Alliance. Cette formule, on l'a retrouvée il y a quelques années gravée sur une plaque à Jérusalem. On sait maintenant qu'elle était déjà en usage en Israël au VIIe siècle avant Jésus. Cette bénédiction terminait l'office du sabbat à la synagogue, mais seuls les prêtres pouvaient la prononcer. On sait également que c'était la bénédiction favorite de François d'Assise qui aimait l'utiliser fréquemment pour ses frères. La voici : "Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Qu'il fasse briller sur toi son visage, qu'il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu'il t'apporte la paix." (Nombres 6, 23-27) Ce matin, j'ai envie de prononcer sur vous cette formule de bénédiction. Elle résume et précise mes vœux pour vous-mêmes, pour vos familles, pour ceux qui vous sont chers, pour notre monde.

Une bénédiction

            "Que le Seigneur te bénisse". Je vous l'ai dit souvent : à l'usage, les mots perdent de leur vigueur, et le mot "bénir" est un de ces mots dont l'usage a édulcoré le sens. Le mot est aujourd'hui dévalué. On bénit les médailles, les autos, les jardins. Mais, dans la Bible, le mot «bénédiction » a un sens très fort. Sa racine «BRK» (d'où est issu le mot «baraka» en arabe) indique en premier la force vitale des organes sexuels. La bénédiction de Dieu, c'est donc un cadeau qu'il nous fait. Une bénédiction de Dieu, c'est plus qu'une formule. Il y a toute une idée de fécondité dans le mot, au sens original hébreu. Un accroissement de la vie. Non seulement en quantité, en longueur, mais également en qualité. Idée de fécondité, pas seulement génitale, mais de fécondité dans tout ce qu'on fait. Eh bien je souhaite que votre vie, cette année, soit féconde. Que la qualité de votre vie vous permette de poursuivre votre œuvre, votre travail, votre mission terrestre. Soyez féconds en idées, en réalisations humaines, en générosité, en initiatives. Le mot hébreu dit, en même temps que fécondité, prospérité. Que Dieu vous aide à réussir tout ce que vous entreprendrez : les jeunes dans leurs études, les parents dans leur mission éducatrice, les travailleurs dans leurs entreprises, les plus âgés dans une retraite active.

Une responsabilité

    Et qu'il bénisse notre monde. Alors, nous pourrons le «bénir», c'est-à-dire reconnaître sa générosité à notre égard. On pourrait croire que c'est une question de chance, qu'il y a des gens qui sont «bénis de Dieu» et d'autres qui connaissant malheur, souffrance et maladie, sont punis par Dieu. En fait, cette idée-là n'a pas cours dans la Bible. Les bénédictions divines nous donnent, certes, le bonheur, mais en même temps, nous imposent des responsabilités. Il ne s'agit pas de simples «porte-bonheur», de talismans. Liée à l'image de la prospérité, on trouve l'idée de générosité envers les malheureux. Quand Elisabeth dit à Marie : «Tu es bénie entre toutes les femmes», elle ne veut pas lui dire simplement «tu as de la chance» : dans son esprit, elle sent que Marie a une importante responsabilité qui lui est confiée par Dieu. Nous vivons dans un monde qui traverse une crise grave. Beaucoup d'esprits avertis pensent aujourd'hui que, loin de connaître le progrès tant annoncé, on assiste à une période de régression. Chaos culturel, politique, éthique... Crise des institutions : aussi bien l'école que l'église, que la politique... Saurons-nous, aujourd'hui garder raison et tête froide, saurons-nous nous présenter comme des êtres de bénédiction pour notre monde ? Je le souhaite.

Des "plus" !

            "Que le Seigneur vous garde". Qu'il vous protège contre tout ce qui menace la vie. Non seulement pour que vous gardiez ou retrouviez la santé, mais pour que la qualité de la vie, de votre vie et de celle des autres, ne soit pas menacée par tous les aléas de l'existence.

            "Qu'il fasse briller sur toi son visage." C'est-à-dire, que le Seigneur vous offre un visage souriant. Que l'avenir vous sourie, et que vous puissiez toujours être assurés de la bienveillance et de l'amour que Dieu vous porte.

            "Qu'il tourne vers toi son regard" Quand on est en colère contre quelqu'un, on ne le regarde plus. On dit : "Celui-là, je ne peux pas le voir." Et les Israélites, dans les périodes de malheur, disaient à Dieu : "Pourquoi détournes-tu de nous ton regard ?" (Relire quantité de psaumes où cette expression est employée). Je vous souhaite donc d'être toujours assurés que Dieu nous regarde, non comme un surveillant menaçant, mais comme un papa dont le regard s'émerveille quand il contemple son enfant.

            "Qu'il vous apporte la paix." Ah, si vous saviez comme le mot hébreu "shalom" dit beaucoup plus que l'absence de guerre ! Mais, pour commencer, je souhaite à tous cette paix de Dieu. Je souhaite de tout cœur que notre monde mette fin à tous ces conflits qui ensanglantent la planète, guerres entre nations, entre ethnies, pour des motifs divers et souvent futiles. Je souhaite aussi à chacun de vous d'être en paix avec sa famille, avec ses voisins, avec ses collègues de travail. Plus profondément, la paix de Dieu, la paix "biblique" consiste à être en harmonie avec nous-mêmes, à être "bien dans sa peau", et en harmonie avec les hommes, avec le monde, avec Dieu. La paix "biblique", c'est aussi la prospérité économique, un monde où il n'y a plus d'exclus, de sans logis, de laissés pour compte. La paix, c'est le bonheur. Pas le petit bonheur égoïste, mais le bonheur de tout un monde qui marche vers un avenir plus souriant.

            En ce jour de l'an, l'Église nous invite à tourner nos regards vers "Marie, Mère de Dieu." Non pour nous émerveiller qu'elle ait été choisie pour donner corps à l'Emmanuel, mais parce qu'elle a su dire "oui" à un avenir inconnu d'elle, parce qu'elle a fait confiance à la parole de l'ange. Comme elle, puissions-nous dire "oui" et accueillir dans la confiance tout ce qui nous arrivera, tout ce qui est indépendant de notre volonté ; et faire, pour ce qui dépend de nous, la volonté de Dieu. Sa volonté, c'est que ce monde réussisse. Marie n'a rien fait d'extraordinaire. Puissions-nous, dans le quotidien sans doute banal de ces 365 jours à venir, vivre en "Fils de Dieu", répondant à son amour paternel en lui redisant : "Abba, Père, que ta volonté soit faite."


 

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