L'Esprit de vérité vous guidera vers la vérité tout entière

       DIMANCHE DE LA PENTECOTE (B)

 

Evangile de Jésus Christ selon saint Jean 15, 26 – 16, 15

 

 

 A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’après du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous rendrez témoignage, vous qui êtes avec moi depuis le commencement.

            J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous n’avez pas la force de les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : il redira tout ce qu’il aura entendu, et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Tout ce qui appartient au Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »

oOo

L'avenir ? 

Notre évangile du jour de la Pentecôte est fait de deux passages juxtaposés de ce qu’on appelle le « discours après la Cène », la longue conversation que Jésus a eue avec ses amis, quelques heures avant son arrestation. Tout au long des dimanches précédents, nous avons lu des passages de cette conversation. Même si je regrette qu’on charcute ainsi les textes, amputant aujourd’hui quelques versets comme si nous n’étions pas capables d’entendre un plus long discours, je reconnais que nous entrons ici au cœur des recommandations de Jésus. Il envisage l’avenir ; l’avenir proche – que vont devenir ses amis après son départ ? – et l’avenir lointain, le nôtre aujourd’hui. C’est à celles et ceux qui sont autour de la table, lors du dernier repas, mais c’est aussi à celles et ceux qui, en ce matin de Pentecôte, sont rassemblés autour de la table de sa Parole et de la table eucharistique qu’il annonce la venue du Paraclet.

Le Paraclet

C’est intentionnellement que j’emploie le mot Paraclet, que Jésus a employé plusieurs fois, selon l’évangile de saint Jean, et dont notre lectionnaire réduit le sens en traduisant par Défenseur. Il s’agit, certes, de l’Esprit Saint. Mais c’est réduire considérablement son rôle, son influence, que de n’en faire que notre défenseur (ou, selon d’autres traductions, notre avocat.)

Le mot Paraclet est un mot grec qui, dans son sens premier, désigne celui qu’on appelle à son secours. Ce qui veut dire, par conséquent, que nous avons besoin de secours. Suivent, dans le dictionnaire, plusieurs sens qui enrichissent considérablement la signification du mot. Le Paraclet est, successivement, celui qu’on prie, qu’on invoque, puis celui qu’on invite, celui également qui provoque et même nous excite.  Ce qui veut dire que l’action de l’Esprit Saint que Jésus nous promet est multiforme et particulièrement efficace.

Quant à lui, parlant du Paraclet, il se borne à nous dire, deux fois, qu’il est l’Esprit de vérité, qu’il nous guidera vers la vérité tout entière, pour que nous puissions être ses témoins, grâce à la connaissance de cette vérité ( qui est le Christ lui-même)  dont il confirmera en nous l’authenticité.

La communication

Je ne sais pas quelles sont vos réactions à l’écoute du récit de la venue de l’Esprit Saint sur les apôtres, telle que nous le rapporte le Livre des Actes. Pour nos esprits contemporains, il n’est pas facile de prendre au premier degré ce récit  qui parle de vent violent, de langues de feu, de communication intégrale malgré la barrière des langues et des cultures. Cette manière de s’exprimer, propre à certains auteurs de l’époque, a besoin, pour nous parler aujourd’hui, d’être transposée pour en extraire un message symbolique : grâce à la venue de l’Esprit Saint, la communication pleine et entière s’établit entre les disciples de Jésus rassemblés en Eglise et la foule disparate qui s’arrête pour les écouter. « Vous serez mes témoins », avait dit Jésus. Eh bien, ça y est : grâce à l’Esprit Saint, les voici qui deviennent instantanément témoins de la Vérité. Et leur témoignage est efficace. Eux qui jusque là n’avaient rien compris, ils viennent d’être introduits par l’Esprit dans la connaissance de la vérité. Connaître et témoigner de ce qu’ils ont enfin compris, c’est ce que l’Esprit leur permet désormais. Et désormais, ils auront la force nécessaire pour témoigner envers et contre tout de la Vérité qui est le Christ. Voir la suite du livre des Actes des Apôtres.

Hier et aujourd'hui

Et tout au long de l’histoire, les témoins seront là. Contestant le monde présent et contestés par les puissances qui dominent le monde et le dirigent. N’allez pas imaginer une Eglise de tout repos, une Eglise installée. Et même s’il y a eu des époques de l’histoire où notre Eglise a paru devenir une Eglise installée, il y a toujours eu des témoins pour la contester et la réveiller. Grâce à l’action du Paraclet.

Aujourd’hui particulièrement, nos Eglises – du moins en Occident, sont particulièrement contestées. Le Christianisme en accusation (selon le titre du livre de René Rémond), les papes et toutes les autorités religieuses soupçonnées du pire,  et notamment de compromissions avec les puissances d’argent et les forces réactionnaires, le message qui est dilué  jusqu’à devenir insignifiant au milieu de tant de messages… C’est au cœur de ce monde qui est le nôtre que, grâce à l’Esprit, nous avons à être témoins. Pas nécessairement par des discours. Plus important est le témoignage de vérité que chacune de nos vies peut donner. En famille, dans nos quartiers comme dans notre milieu de travail. Il y a des attitudes de rupture, de tranquille contestation des modes de vie ambiante qui seront de réels témoignages.

Je crois profondément que le Paraclet est à l’œuvre aujourd’hui comme au premier jour. Le Christ avait promis de nous l’envoyer. A nous de l’accueillir.

Retour au sommaire