L’Esprit de vérité vous guidera vers la vérité tout entière.
L'Esprit d'ouverture
A
l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’après du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous rendrez témoignage, vous qui êtes avec moi depuis le commencement.
J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous n’avez pas la force de les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : il redira tout ce qu’il aura entendu, et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Tout ce qui appartient au Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 15, 26 – 16, 15
DIMANCHE DE LA PENTECÔTE (B)
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Ouverture
Un sondage récent - il date de quelques semaines - nous révèle que moins de la moitié (46%) des Français croient au Saint Esprit. Il y a longtemps qu'un écrivain parlait de lui en disant qu'il est "le grand inconnu". D'ailleurs, la théologie elle-même, plutôt que de dire qui est l'Esprit Saint, nous parle surtout de ses actes, des "dons du Saint Esprit". Aujourd'hui, nous n'envisagerons qu'un des aspects de son action dans le monde : il est Esprit d'ouverture au monde.
Relisons le récit de la Pentecôte dans le livre des Actes. Par delà la forme du récit, qui peut choquer nos esprits contemporains par ses aspects légendaires, Luc nous dit quelque chose d'important. L'Esprit de Jésus descend sur les disciples. Qui étaient ces disciples ? De braves Juifs, très marqués par la culture et les préjugés de leur peuple. Ils avaient entendu Jésus leur dire : "Allez annoncer la Bonne Nouvelle à toutes les nations", mais ils n'imaginaient pas un seul instant d'aller parler aux païens. Ils comptaient s'adresser aux Juifs de leur pays et de la diaspora, pas aux païens. Parler à un non-juif, c'était impensable. Or, le jour de la Pentecôte, l'Esprit va leur faire opérer une première ouverture : les gens qui sont là dans la rue ne sont pas seulement des Juifs, mais de ceux qu'on appelait des "prosélytes" ou des "craignant Dieu", c'est-à-dire des païens qui s'étaient fait circoncire ou tout au moins étaient des sympathisants de la religion juive dont ils avaient adopté les coutumes.
Le capitaine Cornélius
C'est le premier pas. Il y aura ensuite un deuxième pas : celui de Pierre qui se rend chez un capitaine de l'armée d'occupation, un nommé Cornélius, qui, certes, admire la religion juive, mais qui est encore païen. Pierre, poussé par l'Esprit, s'écrie : "Je comprends maintenant que Dieu ne fait pas de différence entre les hommes. Quelle que soit leur race, ils sont tous ses enfants." Dieu n'est pas raciste. Pierre ne doit plus l'être, d'autant plus que l'Esprit descend sur Cornélius et ses compagnons, alors que Pierre se demande encore s'il peut les baptiser. L'Esprit-Saint le précède. Mais quand il rentre à Jérusalem, on lui demande des comptes. Ses camarades ne sont pas encore tous prêts à accueillir cette extraordinaire ouverture : passer d'une Église, petite secte juive, à une Église universelle. Il faudra toute une période de discussions souvent très dures pour qu'en définitive, sous l'influence de l'Esprit Saint, on en arrive à ouvrir l'Église aux hommes de toutes les races. C'est ce qui avait déjà été annoncé au jour de Pentecôte par le "miracle" des langues. C'est ce que Paul avait déjà commencé à réaliser lors de son premier voyage missionnaire.
Ce que je rapporte là, c'est le commencement. Ça se continue tout au long de l'histoire de l'Église. Tout an long de cette histoire, il y a eu conflit entre nos étroitesses, nos œillères, nos manières de penser, et l'Esprit qui pousse à vivre, qui "nous appelle à vivre aux chemins de la liberté."
Aujourd'hui
Et aujourd'hui ? Eh bien, c'est la même chose. On vit une crise de civilisation. Il y a de grosses mutations qui se font sous nos yeux. Nous sommes même trop près pour les voir, pour les analyser, les comprendre. Alors, beaucoup de gens se disent : c'est la fin du monde, c'est la fin de l'Église. Beaucoup de gens vivent dans la peur et le regret du passé. En cette Pentecôte 2006, l'Esprit Saint nous invite à ouvrir nos yeux, nos oreilles, nos esprits. Il nous dit : ne soyez pas des peureux. Ne vous repliez pas sur vous-mêmes. Ne vivez pas dans des communautés frileuses. Accueillez le monde d'aujourd'hui. D'accord, c'est un monde païen. C'est un monde qui vit d'autres "valeurs", ou des "anti-valeurs". Il y a d'autres cultures, mais n'ayez pas peur. Ne résistez pas à l'Esprit qui nous pousse en avant. Ne recommençons pas les erreurs d'antan. Ne soyons pas indociles à l'Esprit. Dans ce monde qui, semble-t-il, a perdu le sens, les Chrétiens ont une Bonne Nouvelle à annoncer : un Dieu qui aime ce monde et qui veut sa réussite. Il faudra trouver les moyens efficaces pour que cette annonce atteigne nos contemporains. Il faudra donc faire preuve d'imagination. Je prie l'Esprit Saint pour que, chaque jour, il pousse notre Église et chacun de nous à s'ouvrir au monde, pour lui annoncer la Bonne Nouvelle.