Regarde vers lui et tu seras sauvé.

Viens à la lumière.

 

De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique ; ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le jugement, le voici : quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. En effet, tout homme qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne lui soient reprochées ; mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient reconnues comme des œuvres de Dieu.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 3, 14-21

QUATRIEME DIMANCHE DE CAREME (B)

oOo

On ira tous au Paradis !

Il y a quelques mois, je vous avais dit que je n'étais pas d'accord avec la chanson "On ira tous au Paradis" : pour moi, il y aura un jugement, et on n'entre pas au Paradis comme dans un moulin. Ces propos m'ont valu un certain nombre d'interrogations et de remarques, souvent très intéressantes, de la part de jeunes et d'adultes. "Comment, m'a-t-on dit par exemple, vous qui prêchez un Dieu bon, plein d'amour, pouvez-vous imaginer que ce Dieu puisse punir si cruellement, d'une punition éternelle, ceux qui font quelque chose de mal ? " D'autant plus que c'est lui qui nous a faits ainsi, et qu'il sait bien que nous sommes faibles !

Et c'est vrai que pour beaucoup de nos contemporains, si Dieu est bon, si Dieu est amour, il est incapable de punir. Donc, à la limite, on peut faire n'importe quoi ! Alors qu'avant, dans les siècles passés, on avait l'image d'un Dieu punisseur, juste juge, à la limite, d'un Dieu sadique, d'où la peur de l'enfer !

Le serpent d'airain

L'Évangile d'aujourd'hui va peut-être nous permettre de clarifier un peu nos idées. Jésus, certes, parle d'un jugement, mais après avoir dit que "Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé." En quoi consiste donc le jugement dont il parle ? Remettons le passage dans son contexte. Un vieux sage, Nicodème, vient trouver Jésus de nuit, et commence par lui faire des compliments. Jésus va le désarçonner une première fois en lui parlant de "renaître". Et comme l'autre ne comprend pas (il se demande comment on pourrait rentrer dans le ventre de sa mère), Jésus lui parle du "serpent d'airain", signe de vie après avoir été signe de mort (c'est le caducée des médecins, l'enseigne des pharmaciens). Vous connaissez sans doute cet épisode de la longue marche du peuple israélite au désert : Les gens doutent de la bienveillance de Dieu à leur égard et des serpents envahissent le camp. Tous ceux qui sont mordus meurent, jusqu'à ce que Dieu dise à Moïse de fabriquer un serpent de bronze, de le placer sur un poteau : il suffira de regarder vers le serpent d'airain pour être guéri.

Donc, dans la pensée de Jésus, quand il sera "élevé" (sur la croix), il suffira de regarder vers lui, donc de croire en sa puissance d'amour, pour être sauvé. Et Jésus ajoute : "Celui qui croit en lui échappe au jugement, mais celui qui refuse de croire est déjà jugé."

Pas de salut automatique

Qu'est-ce que ce jugement ? Essentiellement un choix que l'homme peut faire. Je ne suis pas jugé, c'est moi qui me juge, qui choisis, c'est-à-dire que c'est moi qui, dans ma liberté d'homme, me situe par rapport à Dieu. Dieu me laisse libre, il m'offre simplement les deux voies : ténèbres ou lumière, refuser de croire ou croire (faire confiance) à l'amour de Dieu. Pas de "salut" automatique. Dieu me respecte trop pour cela. Il n'a pas besoin de robots, il veut que l'homme libre réponde librement à son amour. Mais ce n'est pas lui qui juge : c'est à moi de me prononcer. Si tu crois que Dieu est amour, il ne manifeste pour toi que de l'amour. Mais si tu refuses de croire qu'il est Amour, tu l'empêches de t'aimer, puisque tu refuses cet amour paternel.

Il n'y a qu'un seul juge : l'homme. Et Dieu subit le jugement de l'homme. Il est impuissant en face de notre liberté. Il se contente de proposer et de dire : "Si tu veux...!" Et ce jugement est permanent. Hélas, il n'est pas fait une fois pour toutes. Il y a toutes nos hésitations, tous nos doutes. Nous le savons bien. Et même, souvent, nous préférons les ténèbres, pour qu'on ne voie pas nos œuvres. Faire la vérité en soi, ce n'est pas si facile que cela. On s'illusionne plus ou moins volontairement, et on se complaît dans l'ombre et dans le flou, plutôt que de "regarder" vers Jésus crucifié, donnant sa vie par amour. La croix du Christ nous "met le nez dans notre misère", dans notre mal, et nous n'aimons pas cela.

Choisissez !

Ce que Jésus attend de nous, c'est que nous cessions de refuser cette aspiration à une vie de clarté, de joie et de bonheur ; que nous abandonnions l'orgueil à travers lequel nous croyons nous protéger et nous défendre ; que nous apprenions à vivre en toute simplicité, en toute vérité. Renoncer à tous les remparts que l'on dresse contre l'angoisse. Dépasser les zones-frontières de l'incertitude et du doute, comme pour traverser un pont jeté entre deux rives, vers un autre monde qui appartient à Dieu, et où le seul refuge est la confiance. Ainsi, nous sortirons des ténèbres pour gagner la lumière. Dieu n'adhère ni à la terreur, ni à la peur, ni à la tyrannie des fausses hontes. Il veut, pour nous, la vie. Choisissez.

 

 retour au sommaire