"Que la comparaison du figuier vous instruise."

 Votre délivrance approche.

 

Jésus parlait à ses disciples de sa venue : " En ces temps-là, après une terrible détresse, le soleil s'obscurcira et la lune perdra son éclat. Les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l'homme venir sur les nuées avec grande puissance et grande gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, de l'extrémité de la terre à l'extrémité du ciel.

Que la comparaison du figuier vous instruise : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l'été est proche. De même, vous aussi, lorsque vos verrez arriver cela, sachez que le Fils de l'homme est proche, à votre porte. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n'arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. Quant au jour et à l'heure, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père. "

Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 13, 24-32

33e DIMANCHE ORDINAIRE B

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A moitié rassurés !

Je me souviens avoir assisté, un soir à la télévision, à la conversation entre un astronaute français à bord de la navette spatiale et les studios de Paris. Paris lui demandait : "La terre, vue de là-haut, ça tourne ?" Et il répondait : "Oui, depuis notre observatoire, c'est merveilleux, et ça tourne rond. Rien d'anormal". Et c'est vrai, ça tourne. Pas de problèmes majeurs. C'est vraiment rassurant. On peut continuer à dormir sur nos deux oreilles. Du moins de ce point de vue.

Moins paisiblement, mais avec, cependant, une certaine assurance, les hommes continuent à construire leur histoire. Cependant, au cours des années, on s'aperçoit qu'on domine moins les événements, et les peurs surgissent. Ils sont nombreux, les scénarios-catastrophes qui ont paru, ces trente dernières années. Certains sous un aspect sérieux, scientifique, d'autres sous forme de romans "d'anticipation". Tous, qu'ils se situent sur un plan écologique ou simplement social, démographique, économique, prédisent un monde, une humanité qui ne tournent pas si bien que cela, et qui, même, sont voués à la disparition. D'ailleurs, nous dit-on, les grands reptiles du Jurassique ont disparu. Alors, pourquoi pas l'homme ?

Alors, la fin du monde ?

La Bible, elle aussi, nous parle du futur de notre humanité, et même de la fin du cosmos. On trouve ces prédictions dans des textes assez particuliers, au style bizarre, qu'on appelle les "apocalypses". Ces textes ont été écrits dans une époque bien particulière, à partir du IIe siècle avant Jésus, dans des périodes particulièrement troublées de l'histoire d'Israël, où se succédaient conflits sanglants, persécutions, malheurs de toutes sortes. Le mot "apocalypse" signifie "lever le voile", révéler. L'auteur se situe à la fin du temps et révèle un présent, le présent de son époque, qui est aussi notre présent. Les évangiles eux-mêmes mettent dans la bouche de Jésus des prophéties "apocalyptiques" concernant la fin des temps. A nous de les lire avec intelligence et d'y lire à la fois notre présent et notre futur, collectifs et individuels.

Vers quel but ?

Que nous disent ces textes ? Il y aura une fin du monde. Brutale ou progressive, on ne sait pas. Ce qu'on sait, c'est qu'il y a une fin, et qu'il y aura un bilan. Une fin, au double sens du terme : non seulement quelque chose qui se termine, mais quelque chose qui a un sens, un but, une finalité. L'histoire n'est pas une succession indéfinie d'actes et d'événements que ne conduiraient nulle part. Tout cela marche vers quelque chose : un objectif, un but. Les destins individuels et le destin collectif de l'humanité s'acheminent vers un "nouveau", imprévisible et impossible à dater. N'allez pas croire certaines sectes qui vous disent que la fin du monde est pour telle date. "Nul ne sait ni le jour ni l'heure, pas même le Fils", nous dit Jésus.

Une double perspective.

Alors, terreur, ou joie ? Il y a deux points de vue. Si on regarde ce qui se passe : guerres fratricides, génocides, conflits plus ou moins sanglants, mais qui, toujours, tuent des hommes par millions ; si on envisage les simples querelles pour un bout de terrain ou des puits de pétrole, si on énumère le nombre de trahisons, et la quantité de "petits" écrasés par la guerre économique, il n'y a pas de quoi pavoiser. Le clair regard de Dieu nous fera comprendre nos puérilités ("C'est lui qui a commençé...Faut bien vivre...Ne te laisse pas faire...") et nos alibis. Finies les "bonnes raisons".Devant la cruauté, l'injustice, l'agression, le péché du monde, comment l'univers, créé par l'Amour, peut-il tenir debout ? "Comment la création entière ne se révolte-t-elle pas contre les insensés ?" (St Léon) L'Evangile de ce jour décrit la victoire du néant. Le péché est une puissance dé-créatrice.

Mais l'Ecriture n'admet pas la victoire du péché. Ce serait la défaite de Dieu et la défaite de l'homme. On n'en reste donc pas au scénario-catastrophe. "En même temps viendra le salut de ton peuple", dit le prophète Daniel. Naissance d'une humanité nouvelle, d'un monde nouveau. Heureusement, le point de vue de Dieu est différent du nôtre. Le jugement dont parlent nos textes a un autre nom : le Salut. La "colère de Dieu" s'exercera, certes, mais pas contre l'homme. Elle s'exercera contre nos idoles : argent, volonté de puissance... Pour nous, ne reste que la tendresse. Le jour du "jugement" sera le jour de notre libération définitive. La fin de l'humanité n'est pas une disparition, mais un achèvement. Il ne s'agit pas d'une extinction, mais d'une transfiguration. C'est difficile à croire ? Oui, mais c'est l'enjeu de notre foi. "Redressez-vous, levez la tête, votre délivrance approche."

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