Ils virent apparaître comme une sorte de feu.
L'Esprit d'unité.
A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : " Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d'après du Père, lui, l'Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous rendrez témoignage, vous qui êtes avec moi depuis le commencement.
J'aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l'instant vous n'avez pas la force de les porter. Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu'il dira ne viendra pas de lui-même : il redira tout ce qu'il aura entendu, et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Tout ce qui appartient au Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. "
Evangile de Jésus Christ selon saint Jean 15, 26 - 16, 15 DIMANCHE DE LA PENTECOTE (B) oOo Le grand inconnu ?
On a dit que, chez les chrétiens, l'Esprit Saint est le " Grand Inconnu ". Bien sûr, dans la liturgie, on fait mention de l'Esprit quantité de fois au cours d'une célébration. Mais dans la vie quotidienne des chrétiens, on peut se demander quelle place il tient. Ne soyons pas trop pessimistes : de nombreux groupes " charismatiques " mettent l'Esprit au coeur de leur prière commune et au centre de leur action. Mais il reste que peu de chrétiens peuvent dire qu'ils vivent leur vie quotidienne "poussés par l'Esprit". Et les textes bibliques, aussi bien dans l'évangile que dans les Actes de Apôtres et surtout les lettres de saint Paul, peuvent nous paraître aujourd'hui bien anachroniques. Pourtant, je crois que jamais notre monde n'a eu autant besoin de chrétiens animés par l'Esprit de Jésus que de nos jours. Essayons de voir l'un des aspects de son action en nous et dans l'Eglise, aspect primordial : il est " l'Esprit d'Unité. "
L'unité de l'Esprit.
Jésus demandait pour nous au Père, à la veille de sa mort : " Qu'ils soient unis, afin que le monde croie. " Et saint Paul, tout au long de ses lettres aux Eglises chrétiennes qu'il avait fondées, insiste sur cet aspect essentiel. Aux Corinthiens, il écrit : " Soyez tous d'accord et qu'il n'y ait pas de divisions parmi vous. Soyez bien unis dans un même Esprit. " Aux chrétiens d'Ephèse : " Appliquez-vous à garder l'unité de l'Esprit par le lien de la paix. " Et à ses chers amis de l'Eglise de Philippes, il demande : " S'il y a donc un appel en Christ, un encouragement dans l'amour, une communion dans l'Esprit,...alors comblez ma joie en vivant en plein accord. "
Si le Christ prie avec une telle insistance pour l'unité des membres de son Eglise, si l'apôtre Paul rabâche cette demande, c'est que ce n'est pas évident. L'unité des chrétiens, aussi bien dans les temps apostoliques que de nos jours, reste toujours à chercher, à approfondir, à demander à Dieu. Elle nécessite d'abord que nous laissions l'Esprit travailler en nous et dans nos communautés. Mais, au fond, est-ce que nous souffrons vraiment de la désunion entre frères ? Non seulement de la désunion entre les diverses Eglises qui se réclament de la même foi en Jésus Christ, mais simplement au sein de nos petites communautés paroissiales.
Esprit d'ouverture.
Le récit imagé des Actes des Apôtres nous apprend quelque chose d'important sur l'action de l'Esprit Saint : il permet - il pousse même - des hommes et des femmes repliés sur eux-mêmes et sur leur petit groupe (comme en une sorte de ghetto) à s'ouvrir à toute une foule de gens de toutes races et de toutes langues et à communiquer avec eux. Bien plus - et c'est le sens du " miracle des langues " - ces gens si différents vont pouvoir, grâce à l'Esprit, se parler, se comprendre et s'entendre. C'est le début de l'Eglise : des hommes qui parviennent à s'entendre et à se comprendre malgré leurs différences. On ne cherche pas à gommer les différences. Chacun reste tel qu'il est, mais dans le respect de leurs différences, ces gens animés par l'Esprit vont marcher vers l'unité
Je dis bien : marcher vers l'unité, car l'unité entre frères est toujours à faire. C'est pourquoi, après avoir parlé de " communion dans l'Esprit " comme de quelque chose qui existe chez les chrétiens de Philippes, saint Paul s'empresse d'ajouter : " Recherchez l'unité. " Donc, ça reste à faire, ou du moins à approfondir. Je souhaite que nous en soyons déjà là, et que nous tous, disciples de Jésus Christ, nous recherchions l'unité.
Accueil de l'autre
Un enfant, même tout petit, commence à affirmer sa personnalité en manifestant sa différence et d'abord en s'opposant aux autres, à commencer par ses parents. Ah, ils savent bien vite dire " non ", n'est-ce pas ! C'est normal. C'est la première manifestation d'une personnalité. Ce qui serait grave, c'est si l'enfant, en grandissant, n'arrivait pas à faire éclore sa personnalité et à manifester sa différence autrement qu'en s'opposant aux autres. Combien d'adultes, ne le croyez-vous pas, en restent toute leur vie au stade infantile ! Pour parvenir à un stade adulte, la personnalité humaine doit faire un autre pas : elle doit parvenir à comprendre l'autre. Ni fusion ni uniformisation des idées, des sentiments, des perspectives, mais accueil de l'autre, parce que différent, dans sa différence que j'ai à respecter, que j'ai à comprendre, tout en restant moi-même. Autre fait, cette fois sur le plan collectif : toute minorité (ethnique, politique ou religieuse) a besoin, pour sauvegarder son identité, de bien marquer ses différences, au risque de les accentuer en caricaturant les autres et en exagérant son opposition. C'est normal.
Bienveillance.
Mais, pour en revenir à l'unité chrétienne dans l'Esprit, ne croyez-vous pas que chacun de nous, dans cette paroisse, ce doyenné, ce diocèse, n'a pas à faire la démarche " adulte ", en rejetant les oppositions plus ou moins outrées et en cherchant la compréhension entre frères, entre individus comme entre groupes. Encore une fois, cette recherche de l'unité ne doit pas gommer les différences, mais au contraire les magnifier. La démarche spécifique du chrétien consistera donc à écouter l'autre, à chercher à comprendre son point de vue, à cultiver l'empathie, c'est-à-dire à laisser l'autre pénétrer en soi. Elle consistera surtout à cultiver la " bienveillance " , non seulement à vouloir le bien de l'autre, mais à voir tout ce qu'il y a de beau, de vrai, de bien chez l'autre. Saint Paul, après avoir comparé la communauté au corps humain, écrit : " Si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l'honneur, tous les membres partagent sa joie.". Demandons à l'Esprit de nous faire marcher vers cette unité organique, pour que nous soyons tous de vrais membres du Corps du Christ.