"Il vient, celui qui est plus puissant que moi"

Que devons-nous faire ? 

 

Les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient: " Que devons-nous faire ? " Jean leur répondait : " Celui qui a deux vêtements, qu'il partage avec celui qui n'en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu'il fasse de même ! " Des publicains (collecteurs des impôts romains) vinrent aussi se faire baptiser et lui dirent : " Maître, que devons-nous faire ? " Il leur répondit : " N'exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. " A leur tour, des soldats lui demandaient : " Et nous, que devons-nous faire ? " Il leur répondit : " Ne faites ni violence, ni tort à personne ; et contentez-vous de votre solde. " Or, le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n'était pas le Messie. Jean s'adressa alors à tous : " Moi, je vous baptise avec de l'eau; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et dans le feu. Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier; quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s'éteint pas. " Par ces exhortations et bien d'autres encore, Jean annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc 3, 10-18

TROISIEME DIMANCHE DE L'AVENT (C)

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Que devons-nous faire ?

Que devons-nous faire ? La question que les interlocuteurs de Jean-Baptiste lui posaient il y a vingt siècles, c'est notre question à nous aussi, au début du troisième millénaire. Il y a peu de temps s'achevait une Conférence internationale consacrée à la protection de l'environnement. Les hommes d'aujourd'hui sont inquiets et se demandent comment faire pour que la couche d'ozone qui protège notre vieille terre reste suffisante et pour qu'un jour relativement prochain, nos pays au climat tempéré ne subissent pas un tel réchauffement qu'ils ne deviennent des déserts. Comment réduire suffisamment les émanations de dioxyde de carbone et autres gaz qui polluent nos pays industrialisés ?

Nous assistons à de grands débats et la montagne risque d'accoucher d'une souris, tant est grand l'égoïsme des pays les plus riches et les plus pollueurs. Ce n'est là qu'un exemple, parmi d'autres, des questions qui se posent à notre humanité. On pourrait en énumérer tant d'autres, en cette période d'âpre compétition économique. On pourrait aussi soulever le problème des rivalités internationales qui génèrent une violence institutionnelle aux quatre coins du monde. Sans parler du racisme, de l'injustice, de l'égoïsme des nantis qui crée tant d'exclusions… Nos petits enfants reviendront-ils à l'âge de pierre ? Que devons-nous faire ? Je pense que personne d'entre vous ne se dit : " Qu'est-ce que j'y peux ! J'essaie de me débrouiller tout seul ".

Hier...et aujourd'hui !

Au temps de Jean-Baptiste, la situation était, toutes proportions gardées, assez semblable à celle d'aujourd'hui. Certes, il ne s'agissait pas, à cette époque-là, de la protection de l'environnement. Mais déjà à l'époque, la violence institutionnelle, la toute-puissance de l'empire romain, l'égoïsme des possédants, les nationalismes exacerbés avaient généré des situations d'injustice, des misères incroyables, à tel point que l'avenir semblait bien sombre ! Sans doute, certains ne songeaient qu'à tirer leur épingle du jeu. Mais les foules qui, nous dit l'évangile, accouraient vers Jean au bord du Jourdain, se posaient la question : " Que devons-nous faire ? "

Qui étaient ces gens ? Luc nous laisse entrevoir des situations proches des nôtres : misère et richesse, oppression fiscale, violence. Les trois catégories de personnes à qui Jean-Baptiste s'adresse sont, d'abord, des possédants, ensuite des collecteurs d'impôts, enfin des soldats. Les réponses bien ciblées nous frappent par leur simplicité : il faut partager, ne pas voler, ne pas battre, respecter autrui. " Si quelqu'un a deux vêtements, qu'il partage ; celui qui a de quoi manger, qu'il fasse de même ; n'exigez rien de plus que ce qui est fixé ; ne faites ni violence ni tort à personne. " Ces invitations concernent d'abord les relations entre individus, mais aussi les relations entre les groupes humains et même entre les nations. Elles sont encore aujourd'hui d'actualité. Qui d'entre nous ne rêve pas d'un monde plus fraternel, d'un univers de paix et de justice, d'un partage des richesses de la terre ?

Un préalable.

On en est encore loin, certes. Et pourtant, ce n'est là qu'un préalable. Jean-Baptiste en faisait le préalable à la venue du Messie. Le baptême qu'il administrait était signe d'une conversion, d'une purification dans l'eau, avant que ne vienne Celui qui nous plonge dans l'Esprit Saint et dans le feu. Jésus est venu, et lui aussi commencera son ministère en donnant une attention privilégiée aux exclus, aux malades et aux pécheurs. L'humanité nouvelle commence là où la dégradation semblait définitive. Baptisés (c'est-à-dire plongés) dans le feu de l'Esprit, les chrétiens ont à mettre en lumière, dans le monde d'aujourd'hui, l'amour de Dieu pour l'humanité. Non seulement en partageant, en étant des justes, en ne cédant pas à la violence, mais en s'approchant, comme Jésus nous en a montré l'exemple, de tous les petits et de tous les malheureux de cette terre. " Venez à moi, dit-il, vous tous qui souffrez et qui peinez sous le fardeau, et moi, je vous referai. "

Salut = santé.

Les paroles de Jean-Baptiste sont graves et lourdes de signification. Une " religion " qui nous porterait à nous centrer sur nous-mêmes, à fignoler notre propre personnalité ne serait pas l'expression de la foi chrétienne. Notre religion est la religion de l'Autre, cet " Autre " qui vient à nous par les autres. C'est une question de santé. Le mot " santé " est le même que " salut ". Nous serons en bonne santé si nous ne nous replions pas sur nous-mêmes. Avez-vous remarqué, par exemple, comment, lorsque nous sommes malades, nous avons tendance à nous replier sur nous-mêmes ? La condition indispensable pour être en bonne santé, c'est d'être ouverts aux autres. Ce que je dis là est valable, non seulement pour les individus, mais pour tous les groupes humains. Une parole de Jésus m'avait frappé, il y a quinze jours. " Tenez-vous sur vos gardes, disait-il, de crainte que votre cœur ne s'alourdisse dans la débauche, l'ivrognerie et les soucis de la vie ". Par opposition, tous les textes de la Parole que Dieu nous adresse aujourd'hui sont une invitation à la joie. " Pousse des cris de joie, écrit Sophonie, car le Seigneur est en toi. Il dansera pour toi avec des cris de joie. " Saint Paul, de sa prison, écrit aux Philippiens et les invite à être " toujours dans la joie " et à n'être pas inquiets. Et il ajoute : " La paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu'on peut imaginer, gardera vos cœurs et vos pensées ".

Frères, au milieu de tous les cris d'alarme qui retentissent chaque jour à nos oreilles, le Seigneur nous invite à garder notre sang-froid et notre sérénité. Quant à moi, il me reste à vous souhaiter une bonne santé.

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