LES ETONNEMENTS DE CATHERINE
(2013-2014)
Mardi 22 juillet 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous,
Terminons l’année (scolaire) avec Alexia Rabé, si vous voulez bien.
Vous vous souvenez d’elle ?
Il s’agit de la talentueuse chanteuse franco-malgache (protestante), étudiante en théologie, révélée au grand public par l’émission The Voice en début d’année. France 2 lui a consacré un très beau portrait dans Le Temps de le dire, dimanche matin dans Présence protestante. Portrait qui m’a beaucoup touchée.
J’ai apprécié en premier lieu la qualité de présence de la jeune femme et sa beauté à laquelle on ne peut rester insensible. Puis son talent de musicienne. Dès les premières notes interprétées au piano, on est séduit. Ensuite, la richesse de son parcours, qui paraît long déjà alors qu’elle n’a que 34 ans, m’a étonnée : elle a mené de front une formation musicale de haut niveau et des études de droit et elle enchaîne maintenant avec des études de théologie. Formations auxquelles s’ajoutent de multiples engagements : dans l’Eglise américaine de Paris (une Eglise vivante, à découvrir…), dans des projets humanitaires, dans des groupes musicaux internationaux. Quelle énergie !
J’ai apprécié également la très belle profession de foi (en Dieu) prononcée à la fin de l’émission juste avant une improvisation au piano et chant autour de Nobody knows (the trouble I’ve seen)…
(L’émission est visible en replay sur Pluzz jusqu’à la fin de la semaine. Durée : 30 minutes).
Le verset biblique qu’Alexia préfère est le Psaume 37,4 : Fais de l’Eternel tes délices, et il te donnera ce que ton cœur désire. Cela ne veut pas dire, selon elle, que tout arrivera en claquant des doigts, mais que « Dieu nous comprend bien mieux que nous-mêmes. Il anticipe bien mieux que nous nos besoins, nos désirs. Dieu a une relation particulière avec l’humain, qui passe par le cœur, et non par le matériel. Alors, faisons de l’Éternel nos délices, et il nous donnera… The Voice ! (Rires). Restons surpris ».
Quelle belle idée, vous ne trouvez pas ?
Je vous souhaite un bel été et vous donne rendez-vous à la rentrée prochaine sur Murmure.
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Lundi 7 juillet 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous,
Quelle « folle » journée que ce vendredi 4 juillet…
A 10h, je déposais ma fille devant son école, au milieu d’un aréopage de lycéens tous plus excités les uns que les autres dans l’attente des résultats du bac. Quelques minutes plus tard, alors que j’étais bloquée dans les embouteillages provoqués par la braderie, elle m’annonçait qu’elle était reçue, avec un mélange de joie, de soulagement et de désillusion aussi car la mention « bien » lui avait échappé de peu en raison d’une note trop basse dans l’une des trois matières principales (un 10,5 en biologie), et ce malgré un 16 en maths et un 20 en sport…
A 10h25, j’arrivais, non sans difficultés, jusqu’à la Cathédrale Saint Jean pour assister à la messe d’action de grâce des prêtres jubilaires des deux diocèses de Belfort-Montbéliard et Besançon. Un « évènement » pour moi qui assistais pour la première fois à une célébration dans une cathédrale, d’une part, et à un jubilé, d’autre part. C’est la présence de Léon, vous vous en doutez, qui m’avait attirée en ce lieu, ce vendredi en pleine matinée. Il fêtait ses 70 ans de sacerdoce (quel parcours !). Il était donc un des plus âgés de l’assemblée de prêtres jubilaires, et l’un des plus grands aussi, ce qui permettait de l’identifier aisément au milieu de ses confrères. La célébration, présidée par l’Archevêque, fut très simple et très classique dans son déroulement. J’ai été un peu surprise car je m’attendais, en raison de la nature de l’évènement (un anniversaire), du lieu (la cathédrale) et du grand nombre de prêtres (dont des jeunes venus soutenir les anciens), à une célébration « festive ». Mais la simplicité a du bon, car elle permet d’être plus recueillie, ce qu’était l’assemblée ce jour-là. Une assemblée pas très importante, contrairement à ce que je m’étais imaginée là aussi. Il faut dire qu’une matinée en semaine n’est pas le moment idéal pour rassembler les foules.
Personne ne prenait de photos. Je me suis demandé si elles étaient autorisées. Alors j’en ai pris quelques-unes, discrètement, sans oser entrer dans le chœur y compris lorsque la célébration fut achevée, ce qui a amusé, et le recteur de la Cathédrale que je connais et qui m’a qualifiée de timide, et l’Evêque en personne qui m’a trouvée lui aussi timorée. Et moi qui me crois audacieuse de naviguer comme je le fais en milieu catholique alors que je suis protestante…
A 12h30, je trinquais avec Léon au Centre Diocésain et faisais connaissance avec ses sœurs, aussi dynamiques et jeunes d’esprit que lui, avant de repartir au travail.
A 16h30 débutaient de nouvelles festivités à l’occasion du départ en retraite de mon directeur, un collègue particulièrement apprécié de tous : (longs) discours des officiels, remises des cadeaux, projection d’un diaporama rigolo (conçu par mes soins) et re-apéritif.
A 17h30, une jeune collègue qui venait d’être reçue à un examen professionnel m’offrait une jolie céramique en guise de remerciement pour le soutien que je lui avais apporté.
A 19h30, j’arrivais enfin chez moi pour assister à la défaite de l’équipe de France de football en quart de finale de la coupe du monde.
A 20h, je découvrais le vol de mon vélo.
Puis je me suis cassé une dent.
Après, il ne s’est plus rien passé.
Etonnante journée, non ?
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Mercredi 25 juin 2014mis de Murmure, bonjour à tous,
Quel beau livre, et surtout quelle belle histoire me suis-je dit en refermant Dans l’Ombre de la lumière, le dernier ouvrage de la romancière Claude Pujade-Renaud. Une histoire qui vous habite longtemps après avoir achevé la lecture.
J’ai découvert non sans surprise, qu’il y avait eu plusieurs femmes dans la vie du grand Saint Augustin, dont une qu’il a rencontrée très jeune, qui est devenue sa concubine pendant 13 ans, avec qui il a eu un fils, et qu’il a tout à coup répudiée pour se fiancer avec une riche héritière catholique !
La concubine, elle, était manichéenne (comme l’était Saint Augustin dans sa jeunesse). Saint Augustin ne lui consacre que quelques lignes dans ses Confessions, pour évoquer leur séparation à Milan, mais précise que son cœur saigne, qu’il souffre terriblement de cette séparation. Elle, aurait juré qu’il n’y aurait pas d’autre homme que lui. Au plan historique, c’est tout ce que l’on sait… Peu de choses donc, mais cela ne décourage pas la romancière qui décide de ressusciter cette femme qui a vécu dans l’ombre du penseur (et qu’elle prénomme Elissa du nom de la fondatrice de Carthage). Et avec elle, tout ce qui fait le quotidien des femmes et des hommes du Vème siècle en Afrique du Nord : leur mode de vie, leurs métiers, leur alimentation (certains étaient végétariens déjà) leurs spiritualités (quel bouillonnement dans ce domaine !), leurs coutumes, leurs peurs (des invasions), les rivalités entre les religions (nombreuses), le rôle des prédicateurs…
Au fil du roman, on suit donc l’itinéraire (imaginaire mais réaliste) d’Elissa, depuis sa rencontre avec Saint Augustin très jeune, jusqu’à sa mort. On les suit, comme si on y était, dans leur vie intime, leurs voyages, la naissance de leur fils. On partage les joies mais aussi l’épuisement de la jeune femme au prise avec les désirs d’un surdoué, penseur prodigieux, bouillonnant, aux projets ambitieux (auxquels s’ajoutent ceux, non moins ambitieux de sa belle-mère). On découvre de l’intérieur le parcours intellectuel d’Augustin, son cheminement, ses combats, on assiste à ses prêches dans la cathédrale de Carthage. On partage le vécu d’Elissa après sa répudiation : son désarroi, son rapport avec la nature et la lumière, son régime alimentaire à base de fruits, le rôle des solidarités familiales et amicales … C’est très étonnant. On est transplanté dans un autre monde.
J’ai été touchée par ce portrait de femme qui reste fidèle à l’homme choisi très jeune, malgré les désillusions et l’immense chagrin causé par la séparation et la perte d’un enfant unique, et qui reste fidèle aussi à ses choix spirituels malgré le recul de sa religion.
Vraiment, une belle lecture pour cet été. C’est chez Actes Sud. Le livre a reçu le Prix (bien mérité) du roman historique, lors des Rendez-vous de l’histoire à Blois en 2013.
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Jeudi 19 juin 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous
Voici les paroles que j’ai entendues de la bouche de jeunes (pas forcément par l’âge) responsables laïcs de notre Eglise lors de la célébration d’envoi qui clôturait la formation Théofor. C’était samedi dernier, à la Marne, nous étions 150 environ en présence de notre Archevêque, des responsables de la formation et de tous les animateurs ou relecteurs.
- Je suis devenu un adulte affermi dans ma foi,
- J’ai découvert une Eglise accueillante,
- On se sent plus beaux, plus jeunes dans la foi,
- C’était un rite de passage comme la confirmation,
- On est plus forts, plus enthousiastes, on a envie d’inventer,
- Nous sommes passés de métro-boulot-dodo à catho-dispo-bien dans sa peau,
- Dans l’Eglise, ça critique tout le temps, alors que dans les associations laïques, on se sent bien, accueilli, il faut que ça soit pareil dans l’Eglise,
- J’étais en révolte, maintenant j’ai pris du recul,
- Il y a urgence à inventer l’Eglise de demain,
- Mes décisions sont plus fermes,
- J’ai envie de donner plus,
- Il faut savoir dire oui ET non, la qualité prévaut sur la quantité, ainsi on peut garder l’envie d’assurer sa mission,
- Depuis que j’ai fait la formation, j’ai ressorti la croix (le bijou que l’on porte autour du cou) et je la porte à mon travail, et puis tant pis… (tant pis quoi ?).
Quand on entend tout ça, on est plutôt rassuré sur l’avenir de l’Eglise, même s’il est clair qu’elle n’aura plus le même visage et surtout la même organisation dans nos contrées et ce dans un avenir tout proche (qui a déjà commencé). En tout cas, elle aura des « responsables » rayonnants et engagés. Et surtout bien dans leur peau de chrétien. Ce qui est peut-être le plus important quand on exerce des responsabilités, en paroisse, dans les mouvements, les communautés, les réseaux…
Les théoforiens (ou théofouriens comme les appelle notre vicaire général) étaient visiblement heureux (à quelques exceptions près…) à l’issue de leur formation, émus pour certains pendant la célébration, joyeux après l’envoi final (et encore plus après le repas pris en commun) mais un peu tristes aussi de quitter « la serre chaude » (au sens propre du terme ce jour-là en raison des températures estivales) du foyer St Anne pour se mettre en chemin.
L’équipe d’animation elle aussi a levé la séance. Certains pour quelques mois en attendant l’arrivée de la nouvelle promo 2014-2017 en novembre prochain, d’autres définitivement pour d’autres missions.
A chacun, je souhaite bon vent !
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Jeudi 12 juin 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous,
Est-ce une bonne idée de vouloir mourir chez soi ?
C’est la question que je me suis posée en écoutant ma collègue me raconter son dernier week-end.
Liliane se rend régulièrement à Lyon depuis plusieurs mois maintenant, au rythme d’un week-end prolongé par mois. Elle pose un congé le vendredi et va chez son frère pour tenir compagnie à sa belle-sœur qui est atteinte d’un cancer. La malade bénéficie d’une hospitalisation à domicile depuis plusieurs années. Son état de santé se dégradant, les médecins ont pris la décision d’arrêter les traitements curatifs et de passer aux soins palliatifs, toujours à domicile.
Quotidiennement, les soignants se succèdent au domicile pour les soins. Seulement entre les soins, la malade est seule. Son conjoint exerce une activité artisanale (un métier d’art) qu’il ne peut interrompre sous peine de perdre tous ses revenus. Or, la malade ne peut plus rester seule, surtout depuis qu’une tumeur a atteint son cerveau. Alors son conjoint a organisé une chaîne de solidarité constituée par des membres de la famille, des amis, et des professionnels de l’aide à domicile, pour qu’une présence soit assurée auprès de la malade, tous les jours de la semaine lorsqu’il ne peut être présent.
L’idée est généreuse.
Seulement, voila, l’état de santé de la malade se dégrade affreusement, la fin est proche. Une fois les soignants partis de la maison, les proches se sentent démunis. Ma collègue m’a avoué avoir failli « craquer » le week-end dernier. Je n’ai pas osé demander à cette quinquagénaire vive d’esprit, pleine de vitalité et d’énergie, qui a déjà traversé toutes sortes d’épreuves, ce qui lui serait arrivé si elle avait « craqué » comme elle me disait. En tout cas, elle m’a dit avoir été « submergée » par le face à face avec la mourante (inconsciente).
A mon grand étonnement, elle m’explique qu’elle reprend un congé exceptionnel ce vendredi (une sœur aînée également) pour retourner à Lyon. Cette fois-ci pour soutenir son frère épuisé, son neveu et sa nièce (les enfants de la mourante, deux jeunes adultes) qui eux, ont craqué depuis longtemps m’a-t-elle-dit…
Vraiment cette situation m’interpelle.
Je ne sais pas si l’hôpital à la maison pour les grands malades est toujours une bonne solution. En tout cas, il faut que l’entourage soit nombreux et sacrément solide, y compris dans la durée, car il n’y a aucun répit possible. Or, il me semble que pour la famille de ma collègue, les limites du supportable ont été franchies depuis longtemps…
La volonté de la malade de rester chez elle jusqu’au bout sera respectée. La Sécurité sociale aura fait des économies. Certes, mais à quel prix pour l’entourage ?
Je ne sais plus quel célèbre médecin recommandait dans ces situations extrêmes de donner priorité aux vivants et non à la volonté des morts, ou des mourants…
Une recommandation pleine de bon sens, je crois.
Qu’en dites-vous ?
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Mardi 3 juin 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous,
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux. Avant de lever mon stylo, je vous dis: La Paix soit avec vous. Je remercie celui qui va lire mon carnet de souvenirs, et je dis à chacun de ceux que j’ai connus dans ma vie que je les remercie. Je dis qu’ils seront récompensés par Dieu au dernier jour. Adieu à celui qui me pardonnera au jour du jugement; et celui à qui j’aurai fait du mal, qu’il me pardonne. Pardon à celui qui aurait entendu de ma bouche une parole méchante, et je demande à tous mes amis de me pardonner en raison de ma jeunesse. Mais, en ce jour où je vous écris, je me souviens de ce que j’ai fait de bien dans ma vie. Que Dieu, dans sa toute-puissance, fasse que je Lui sois soumis et qu’Il m’accorde sa tendresse…
Vous aurez perçu la tonalité musulmane de cette belle prière qui est celle d’un jeune homme de 21 ans, Mohamed Bouchikhi, le chauffeur de Monseigneur Claverie, l’Evêque d’Oran. Elle a été retrouvée dans son carnet de notes, après son assassinat et celui de l’Evêque en 1996.
Les deux hommes, le catholique et le musulman s’étaient liés d’amitié, une amitié forte au point de risquer leur vie l’un pour l’autre. Mohamed continua en effet à conduire l’Evêque bien qu’il soit menacé de mort et Pierre Claverie refusa de quitter l’Algérie et surtout les algériens en pleine guerre civile malgré les injonctions de partir qui lui étaient adressées. Sa résistance rappelle celle de Christian de Chergé et des moines de Tibhirine. L’histoire est tragique mais délivre un message étonnant d’espérance qui résonne jusqu’à nos oreilles aujourd’hui : la conviction qu’un dialogue entre chrétiens et musulmans est non seulement possible mais fait grandir dans la connaissance de Dieu.
La pièce de théâtre Pierre et Mohamed écrite par le Frère dominicain Adrien Candiard raconte l’histoire de ces deux hommes, de leur rencontre, de leur amitié et met en scène un vrai dialogue interreligieux. Adrien Candiard (qui vit actuellement au Caire) a sélectionné des textes de Pierre Claverie parmi ses homélies, ses articles ou éditos et s'est inspiré du carnet intime de Mohamed Bouchikhi pour écrire le texte de la pièce. La pièce a été présentée pour la première fois à Avignon en 2010 et depuis, les représentations n’ont pas cessé en province comme à Paris.
Je suis heureuse à l’idée que cette histoire rencontre un vif succès, au-delà des milieux religieux. Comme ça a été le cas pour le film Des Hommes et des dieux de Xavier Beauvois.
Ces chefs-d’œuvre font du bien vraiment et sont plus que jamais d’actualité à l’heure où les fanatismes religieux se font de plus en plus présents pour ne pas dire violents dans le monde, y compris en milieux chrétiens en France. Je l’évoquais dans mon billet la semaine dernière, et malheureusement, j’ai reçu, suite à la publication de ce billet, un témoignage de lecteur qui fait le même constat d’intolérance et de rejet vis-à-vis des musulmans dans les forums catholiques. Alors que l’Eglise (je parle de mon Diocèse au travers de ses formations) a la volonté d’apprendre aux chrétiens comment conduire un dialogue interreligieux sur leurs lieux de vie…
Mais, le dialogue est une œuvre sans cesse à reprendre : lui seul nous permet de désarmer le fanatisme, en nous et chez l'autre, disait Pierre Claverie.
Donc au travail…avec le secours de l’Esprit Saint. Belle Pentecôte dimanche.
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Lundi 26 mai 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous,
Je me demande si on peut laisser tout dire dans l'Église. Concrètement, si on peut laisser un théoforien invectiver en public une femme d’origine étrangère et musulmane, qui était notre invitée de surcroît…
L’incident s’est produit à Théofor lors de notre dernière journée de formation consacrée au dialogue interreligieux. Pour rappel, Théofor est une formation d’une durée de 3 ans destinée aux acteurs pastoraux en responsabilité dans les paroisses et les mouvements. Autrement dit, elle s’adresse à des personnes qui sur le terrain ont pour mission d’évangéliser, que ce soit en catéchèse, préparation aux sacrements, préparation des liturgies, services aux plus démunis etc… Au cours de la troisième année orientée « pratique », nous travaillons les attitudes pastorales d’accueil, d’ouverture aux autres, d’écoute.
Lors de notre dernière journée donc, étaient programmés suite à une intervention magistrale sur l’Islam et à la projection de la pièce de théâtre Pierre et Mohamed d’Adrien Candiard (magnifique, je vous la recommande…), différents ateliers, dont un atelier où venait témoigner une musulmane membre d’un groupe de femmes islamo- chrétiennes sur le thème de la défense du droit des femmes. C’est lors de cet atelier que les échanges ont dérapé et que notre théoforien a tenu des propos xénophobes du type « on ne vous a pas demandé de venir », sous entendu en France.
?!?!
Au bout de 3 année de formation chrétienne, et dans le cadre d'une journée consacrée au dialogue interreligieux, le propos est pour le moins étonnant, pour ne pas dire choquant..
De quoi se remettre sérieusement en question côté formateurs et se demander si on avait fait lire les bons Évangiles…
La musulmane a fait face, nous a raconté une participante, ne s’est pas laissée déstabiliser, et a poursuivi son témoignage jusqu’au bout. Un membre de l’équipe d’encadrement présent lors de l’atelier est intervenu et a demandé au théoforien de « parler en je » c'est-à-dire en son nom propre et ne plus employer le « on ». Heureusement que je n’ai pas assisté à l’atelier car je me serais emportée et interposée en rappelant les fondamentaux de l'Évangile, du genre j’étais étranger et vous m’avez accueilli (Mat 25,5). Je sais, la méthode (l’évocation de versets bibliques) n’est pas forcément glorieuse, mais il faut de temps en temps rappeler les paroles de Celui qui nous rassemble et à cause de qui nous prétendons agir (or la répétition est la base de la pédagogie paraît-il).
Le responsable de la formation a réagi, à froid, en adressant une lettre au théoforien pour souligner le caractère déplacé du propos et l’inviter à un entretien. La lettre est passée immédiatement à la poubelle paraît-il… Donc le problème de fond n’est pas traité.
Pour en revenir à la question de départ, je pense que l'Eglise doit interdire explicitement toutes formes de propos à caractère xénophobe en son sein (et en dehors aussi...), au nom de Jésus-Christ tout simplement.
Qu’en pensez-vous ?
Je vous souhaite une belle Ascension jeudi prochain.
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Samedi 17 mai 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous,
Il ne sera plus question d’école aujourd’hui mais d’un livre à nouveau, aussi étonnant que celui de la semaine dernière mais dans un registre totalement autre.
Plus qu’étonnant, Réparer les vivants de Maylis de Kerangal est bouleversant. Il fait partie de ces livres qu’on ne lâche plus une fois la lecture entamée, auxquels on continue à penser longtemps une fois refermés, et dont on parle autour de soi…
Réparer les vivants est le récit d’une transplantation cardiaque. Le principe, tout le monde le connaît : un malade reçoit le cœur d’un donneur en général décédé accidentellement. Mais le vécu de la chose, ça, je l’ai découvert dans ce roman très réaliste et très documenté (l’auteur a assisté à une transplantation…). Le récit relate, étape par étape, à la manière d’une épopée, tout ce qui se passe pendant les 24h que dure une transplantation, c’est-à-dire : le drame « inaugural », dans ce cas l’accident de voiture d’un tout jeune homme (un surfeur), le diagnostic de mort cérébrale, la demande de don d’organes à la famille de la victime par l’Agence de biomédecine (un don multiple dans le cas présent, à savoir : cœur, poumons, foie et reins, pas les yeux car la maman de la victime refuse), le cheminement moral de la famille accompagnée par un infirmier spécialisé, les prélèvements chirurgicaux, le décès sur la table d’opération lorsque le cœur est prélevé, le compte à rebours, le transport hautement sécurisé du greffon, la préparation du receveur (là, une femme atteinte d’une pathologie au cœur gravissime), la greffe du cœur et la remise en fonctionnement de l’organe grâce à une impulsion électrique…
C’est troublant car à chaque instant la vie et la mort sont comme enchevêtrées, on ne sait plus très bien de quel côté on est parfois, mais ce n’est jamais morbide. On voit un corps médical (pas toujours à son avantage) agissant avec beaucoup d’humanité et de respect (c’est rassurant) : le consentement des proches de la victime est requis systématiquement, en cas de refus, le corps médical renonce au prélèvement ; le rituel demandé par la famille au moment du décès (sur la table d’opération) est respecté, l’intervention (pourtant minutée) est interrompue s’il le faut…
On redécouvre au passage la position officielle de l’Eglise qui est favorable au don d’organes. On redécouvre aussi que la définition de la mort ne se réduit pas à l’arrêt du cœur mais aussi à celui du cerveau. Si au niveau de l’idée cela paraît évident aujourd’hui, dans les faits, pour les proches d’un malade (un enfant par exemple…), les choses le sont moins car le corps reste animé (assisté par les machines certes) même s’il ne répond plus à aucun stimulus…
Une souffrance inattendue est évoquée, commune côté donneur et receveur : l’anonymat du don. Parce que les proches du donneur ignorent tout de ce qu’il advient de l’organe (hautement investi lorsqu’il s’agit d’un cœur…) et parce que le receveur n’a personne à qui adresser son MERCI. Et quand c’est la vie qui est donnée, c’est un immense merci qui cherche à se dire…
Avec Maylis de Kerangal, l’écriture est dense et tendue, le vocabulaire foisonnant et imagé, les phrases longues, mais le rythme est soutenu, ce qui fait qu’on ne lâche pas.
Réparer les vivants est une tragédie, mais inversée. On commence par la mort et on aboutit à la vie.
C’est un livre d’une beauté rare.
Bonne semaine à vous.
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Samedi 10 mai 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous,
Il va encore être question de l’école dans mon billet d’aujourd’hui, parce que c’est un sujet important et parfois préoccupant, surtout pour les plus grands élèves (et leurs parents…) qui sont actuellement en pleine période de révision avant les examens qui débutent la semaine prochaine (déjà !). Et parce que j’achève la lecture d’un livre formidable que je vous recommande. Un livre qui traite de l’école justement et qui s’intitule Chagrin d’école. D’un auteur qu’on ne présente plus : Daniel PENNAC.
J’avais lu, avec bonheur, alors que j’étais étudiante, la saga Malaussène. Vous vous souvenez peut-être de cette série de romans plus jubilatoires les uns que les autres : Au bonheur des ogres, la Fée Carabine, La Petite Marchande de prose… et de son héros Benjamin Malaussène avec sa tribu : ses sœurs, ses frères, sa tante Julia et son chien… Les années qui ont suivi, j’ai un peu oublié cet auteur que j’ai redécouvert il y a deux ans quand est paru le très original Journal d’un corps (Daniel Pennac a beaucoup d’imagination…) où il fait le récit de toute une vie depuis le seul point de vue du corps.
Ce qui m’a échappé, c’est qu’entre les deux périodes, D.PENNAC a reçu, en 2007, le prix Renaudot pour Chagrin d’école, un livre que j’ai découvert dans la bibliothèque de ma belle-fille qui m’a avoué ne pas l’avoir lu (alors qu’elle lit beaucoup et très vite). C’est le nom de l’auteur qui a attiré mon attention, mais plus encore le titre et surtout ce mot « chagrin ». Je ne voyais pas comment cet auteur si gai, si imaginatif, amoureux de la lecture et des livres, de la littérature et de la langue française, avait pu écrire un ouvrage au titre si surprenant.
Je me suis plongée dans la lecture et j’ai vite compris. J’ai découvert, non sans surprise, que le romancier à succès, professeur de lettres de métier, avait été pendant toute sa scolarité, du primaire au baccalauréat (qu’il a passé plusieurs fois), un cancre. Un vrai cancre, c’est-à-dire un élève atteint d’une forme sévère de cancrerie, et qui en a beaucoup souffert (son entourage aussi, la maman en particulier).
Chagrin d’école, qui se présente comme un roman, est un essai sur ce mal de l’école, où s’entrecroisent le vécu et le point de vue du cancre (l’auteur donc) mais aussi le point de vue du professeur (l’auteur toujours) qui a enseigné à son tour à des cancres, avec des méthodes à lui et d’une redoutable efficacité… C’est éclairant. J’ai tout à coup mieux compris certains comportements de mon fils, qui sans être un cancre loin de là, a eu par le passé (et dans le présent encore…) des espèces de trous d’air dans sa scolarité. J’aurais mieux su l’accompagner si j’avais eu connaissances des mécanismes de la cancrerie que Pennac décrit très bien, et surtout j’aurais eu moins peur…de ce refus d’apprendre, les tables de multiplication par exemple, de ces rêveries sans fin, de ces dessins qui recouvraient les pages des cahiers, de l’agitation en classe, de l’ennui manifeste et j’en passe…
Quelques mots sur les remèdes contre la cancrerie (côté élève): l’internat pour la séparation entre la famille (et ses reproches) et l’école (et ses exigences), 3 ou 4 professeurs hors normes et le sentiment amoureux (je confirme, ça aide à s’investir dans les études…).
Quelques mots à propos des méthodes pédagogiques qui soignent la cancrerie (côté professeur) : l’engagement total de sa personne face à la classe et face à chaque élève, le jeu (beaucoup), le défi, le fait de prendre l’élève là où il en est de son savoir et pas là où on voudrait qu’il en soit (avec la foi, en pastorale, c’est pareil) et….l’amour (encore), de la matière enseignée mais plus encore des élèves, surtout des cancres (parce qu’ils en ont beaucoup besoin) !
L’école devrait imposer la lecture de Chagrin d’école à tous les parents d’élève, et à tous les professeurs aussi, elle impose bien des lectures d’ouvrage aux élèves…l’école aurait un autre visage je crois.
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Samedi 3 mai 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous,
Le monde change assurément, à commencer par l’école.
Il m’a fallu exactement 5 :33 minutes pour m’en rendre compte, la durée d’une vidéo consacrée à la Classe inversée diffusée sur Youtube et dont le lien m’est parvenu, via ma messagerie, par la très sérieuse DANE (la Délégation académique au numérique éducatif).
L’idée de la Classe inversée est simple et peut se résumer au principe suivant : ce que l’élève fait habituellement en classe, il le fait dorénavant à la maison, et les devoirs qu’il fait habituellement à la maison, il les fait dorénavant en classe.
Les cours, eux, sont mis en ligne, sous forme de vidéos ou de diaporamas conçus par l’enseignant et déposés sur des sites dédiés de « gestion de classe ». L’élève consulte le cours autant de fois que nécessaire chez lui, et effectue des quizz de contrôle de connaissance. Ce sont ses « devoirs ». De retour en classe, il effectue les recherches complémentaires, les exercices, expériences ou synthèses autrement dit la part du travail qui nécessite le plus d’aide, avec son enseignant et ses pairs dont certains peuvent avoir le statut de «tuteur » s’ils sont plus avancés dans les apprentissages.
Avec cette méthode, l’élève est beaucoup plus actif en classe et travaille de manière interactive avec son enseignant et les autres élèves, le travail en sous-groupes étant une modalité très présente dans la Classe inversée.
Evidemment, ce type de fonctionnement nécessite un certain nombre d’outils qu’on entrevoit aisément : un accès internet, du matériel et logiciel de vidéo, un site de gestion de classe… tout un dispositif qui nécessite des moyens, une formation solide (pour les élèves ET les professeurs) à l’usage des NTIC, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, et pour l’enseignant, un travail conséquent de préparation.
Les initiateurs ont déjà pensé aux solutions à apporter aux éventuels obstacles qui peuvent surgir lors de la mise en œuvre de la démarche. Ils préconisent un accès libre à internet pour tous les élèves (depuis l’école qui doit mettre à disposition ces moyens aux élèves qui en seraient démunis chez eux), des tutoriels pour la formation aux NTIC, un dispositif de capitalisation des cours en ligne conçus par les enseignants et un système de coopération entre professeurs (je trouve particulièrement intéressante cette idée de coopération entre enseignants…).
Evidemment, ce type d’innovation n’est pas du goût de tout le monde (qu’on soit du côté des enseignants ou des parents), mais les élèves eux, s’adaptent très bien à ce type de fonctionnement. Comme remèdes contre la résistance aux changements, les innovateurs préconisent la communication, l’accompagnement et la patience (comme avec les élèves…).
Les enseignants qui pratiquent cette méthode disent qu’elle permet d’apprendre plus efficacement, et qu’elle développe l’autonomie, la collaboration et la créativité. Ce constat corrobore l’idée de Michel Serres (dans Petite Poucette) qui pense que grâce aux nouveaux outils de communication et de traitement de l’information, nous serons libérés de certaines contraintes aux niveaux des apprentissages (comme la nécessité d’accumuler des savoirs), et que nous pourrons consacrer ainsi une plus grande part de notre énergie à la créativité.
De quoi avoir confiance en l’avenir, de l’école au moins, non ?
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Mercredi 23 avril 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous
Heureuse de vous retrouver sur cette page de Murmure. Les fêtes de Pâques passées, on se sent tout joyeux et surtout bien vivant… et plus déterminé que jamais à annoncer que l’homme de Nazareth n’est pas mort ou que le Christ est ressuscité, c’est pareil. Ce que cela signifie ? A chacun de le découvrir pour soi (ça peut prendre un peu de temps…). Le Christ ne s’est pas manifesté bruyamment sur le marché de Jérusalem (ou d’ailleurs) après sa mort. Ses apparitions furent plutôt discrètes (à côté de la tombe, au bord du lac, sur les routes) et personnalisées, exceptée une apparition où Il s’est manifesté à 500 frères à la fois. A nous de Le chercher aujourd’hui dans nos rencontres, nos lieux de vie, les circonstances…
Mais revenons aux fêtes pascales. Cette année, c’est ma maman qui m’a étonnée. Elle a enchaîné quatre réjouissances successives, le jeudi, le vendredi ( !), le samedi et le dimanche de Pâques. A 90 ans, chapeau !
Ma maman est âgée mais toujours en pleine forme. Depuis le début de l’année, elle a intégré un petit Foyer-Logement, c’est-à-dire un EHPA (sans le « D »), un Etablissement d’hébergement pour personnes âgées. La formule est bien pensée. Vous gardez votre autonomie complète dans votre appartement, tout en bénéficiant de divers services auxquels vous faites appel ou pas selon vos besoins : restauration le midi, entretien du logement, courses, soins infirmiers, animations diverses auxquelles vous participez ou pas. Ma maman apprécie beaucoup la gymnastique et l’atelier mémoire. En fait de « mémoire », il s’agit plutôt de gymnastique cérébrale. Elle est fière car elle gagne toutes les parties au « petit bac ». Une chose est sure, le mouvement (du corps et de l’esprit) ainsi que les efforts (et les fêtes aussi…) favorisent la longévité.
La première fête de Pâques à laquelle elle a participé, était celle organisée par le Foyer-Logement. Elle portait le nom de « fête de printemps ». Et non « fête de Pâques » comme on pouvait s’y attendre. Si ma maman s’est un peu étonnée de cet intitulé, certains résidents s’en sont carrément offusqués et regrettaient l’appellation traditionnelle. Ils ont vu dans la démarche une volonté de laïciser la fête. Ils ont certainement raison, car le Foyer-logement en question, géré par un CCAS (centre communal d’action sociale), se veut ouvert à tous, quelques soient les origines et appartenance confessionnelle des personnes. Et du coup, « neutralise » tous les signes ou manifestations à caractère religieux. Est-ce un bien ou un mal ?
On peut voir dans ce type de démarche un signe de plus de la sécularisation de notre société. Une volonté de supprimer les symboles religieux, et par là Dieu lui-même. Une volonté délibérée de Le mettre à l’écart… Le pasteur Steven Fuite (un belge), dans sa prédication lors du culte télévisé de dimanche, a évoqué les églises qui désemplissaient toujours plus en Europe et qui sont transformées en parkings, en librairies ou en restaurants ( !). Pour le pasteur, la démarche n’est pas nouvelle : il y a 2000 ans, « ils » avaient déjà enlevé le Seigneur (Jean 20) et il fallait déjà se bouger pour Le retrouver (ce qu’ont fait les proches de Jésus). Comme aujourd’hui. On peut donc regretter que la fête de Pâques s’appelle dorénavant fête de printemps et que Dieu soit mis à l’écart de la société, sans que cela ne soit grave pour autant…Enfin, c’est mon avis.
Quant à ma maman, après la fête de printemps, elle a enchaîné : un repas au restaurant le vendredi saint avec des amis lorrains venus lui rendre visite (le vendredi saint est encore férié en Moselle, ça, ça ne change pas…), un anniversaire le samedi (les 18 ans d’une petite fille d’adoption), et Pâques en famille le dimanche, devant le culte protestant retransmis à la TV depuis Bruxelles car sa petite fille (la vraie) était de garde chez les Pompiers et il fallait rester à proximité de la caserne.
Quelle santé !
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Mercredi 16 avril 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous,
Avez-vous regardé Secrets d’histoire, hier soir sur France 2 ?
Le magazine historique de Stéphane Bern était consacré à Jésus. A Jésus « l’homme », le personnage historique, et s’intitulait un homme nommé Jésus.
J’ai trouvé le reportage (une rediffusion de l’émission du 7 mai 2013) passionnant, et surtout très respectueux des croyants. Et pédagogique aussi. La ligne de démarcation entre ce qui relève de l’histoire et ce qui relève de la foi était très explicite (et expliqué aux téléspectateurs). En résumé : le Jésus, personnage historique a bien existé même si sa vie n’est pas entièrement connue dans tous ses détails, ou si certains épisodes sont controversés. Dire qu’il est le « fils de Dieu » relève en revanche de la Foi. De même que l’affirmation de la résurrection qui est au cœur du christianisme. Ou encore qu’il est né d’une femme vierge. Une affirmation présentée dans l’émission comme article de foi mais « secondaire » par rapport à la foi en la résurrection car ultérieure dans la profession de foi chrétienne.
Je ne sais pas vous, mais moi, j’ai mis beaucoup de temps à trouver cette ligne de démarcation entre histoire et foi. Et lorsque je l’ai trouvée enfin (à l’Ecole des Ministères, mais aussi grâce à notre ami Léon), je me suis sentie beaucoup plus à l’aise dans la foi. Je ne comprends pas pourquoi le catéchisme (protestant ou catholique, à ce niveau, ils sont sur le même plan…) n’est pas plus explicite. Maintenir les chrétiens dans la « confusion » détourne beaucoup de personnes aujourd’hui (les jeunes en particulier) de la religion. Et je trouve formidable qu’en 2 heures de temps, on puisse clairement expliquer « la vie de Jésus » au plan historique. Ça ne retire rien à la foi en Dieu, bien au contraire…
Stéphane Bern s’était entouré d’une équipe très érudite, pluridisciplinaire, chrétienne et non chrétienne, religieuse et laïque. Entre autres : le bibliste protestant de renommé Daniel Marguerat, l’Archevêque André Vingt-Trois, l’historien Jean-Christian Petitfils, le professeur Michel Quesnel, le rabbin et philosophe Marc-Alain Ouaknin etc… Tous très respectueux des différents points de vue possibles.
Certaines images qui illustraient le reportage étaient tirées du Jésus de Nazareth de franco Zeffirelli, et étaient donc très belles au plan esthétique, mais un peu décalées avec le propos du reportage qui était de rappeler que Jésus était un palestinien, donc un homme aux yeux probablement marrons et non bleus…
Ce matin, je n’ai trouvé aucun écho sur les grands sites d’actualité chrétiens, La Croix, La Vie, ou sur les blogs chrétiens à propos de cette émission… ou alors ça m’a échappé. C’est étonnant je trouve. Il faudrait remonter en 2013 peut-être…
Ah si, il y a quelques commentaires sur le Télé-Loisirs.fr, 58 précisément avant que l’émission ne soit diffusée, soit beaucoup plus que d’habitude pour Secrets d’histoire, il faut croire que les sujets religieux intéressent toujours le grand public. La preuve : il y a tout de même eu près de 4 millions de téléspectateurs hier soir qui ont regardé l’émission (presque 5 en 2013). Mais pas de répercutions chez les chrétiens, c’est le « silence »…
C’est peut-être mieux ainsi.
Bonne semaine sainte à vous.
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Mercredi 9 avril 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous
Comme il n’y avait pas de cercueil le jour des obsèques d’Andrée, puisque la défunte avait donné son corps à la science, ses enfants ont souhaité mettre un écran dans l’église le temps de la célébration des funérailles. Un écran pour pouvoir projeter le portrait d’Andrée (une image fixe bien-sûr, pas pour faire défiler tout un diaporama, ça on l’a fait, mais au moment du repas qui a suivi…).
Bon, le prêtre a catégoriquement refusé.
Dommage car le lieu, une église moderne et lumineuse, convenait à une projection. Je pense que c’était négociable, mais nous n’avons pas insisté.
J’ai consulté un ami prêtre pour lui demander ce qu’il était possible de faire pour rester dans l’idée de la famille sans braquer le prêtre. Il m’a suggéré de mettre une photo, un portrait de la défunte devant l’autel, avec des bougies et des fleurs. J’ai trouvé l’idée bonne alors en catastrophe, nous avons cherché LA photo qui convenait à la circonstance, puis le photographe qui accepterait de faire dans un délai très court, un « buste », puis un agrandissement.
Une heure à peine avant les obsèques, nous avons récupéré le fameux portrait chez le photographe. Pour les fleurs, pas d’inquiétude, nous en aurions. Restait à trouver les bougies. Le matin des obsèques, je me suis autorisée à « fouiller » dans les armoires de la défunte pour en trouver. Ce fut facile, car dans la vitrine, j’ai retrouvé deux bougies venant de Lourdes que j’avais repérées dans le passé, et dans la chambre de la défunte, j’ai trouvé une grosse bougie dite « de chambre » ( ?), neuve, en évidence, à la forme et à la couleur tout à fait adaptées à la circonstance. J’avais trouvé ce qu’il me fallait quand mes yeux se sont posés sur un cadre accroché au mur, juste derrière la machine à coudre (modeste en volume mais capable de piquer les tissus les plus épais) d’Andrée (qui était couturière).
Dans ce cadre, il y avait une prière, écrite par un ami de la défunte, un certain Jean-Jacques Jacob-Marquillanes. J’avais eu l’occasion de rencontrer cet homme dans le passé, un homme étonnant, un peu guérisseur, penseur, philosophe, humaniste…quelqu’un d’inclassable qui habitait un bel appartement, décoré avec goût où il recevait toutes sortes de gens. Je n’ai jamais compris ce qu’était vraiment le métier de cet homme. Mais peu importe, il a dû influencer Andrée. En bien.
Voici la prière en question :
NOTRE PERE, LUMIERE DU MONDE
A l’aube de ce jour, fixe-moi dans ton amitié.
Ferme mes oreilles à toutes calomnies.
Ouvre mes lèvres pour des paroles bienveillantes.
Remplis-moi de sagesses et d’amour
Pour voir au-delà des apparences,
Seulement le bien en chacun de tes enfants.
Accorde-moi la force dans les difficultés.
Par mon aide et mon sourire,
Permets aux éprouvés de découvrir l’espérance.
Je te remercie de me guider sur la route
De me faire croire que tu es la Vérité, la Vie.
Jean-Jacques Jacob-Marquillanes
Et en dessous, du texte il y avait cette recommandation : ami lecteur, garde en mémoire cette prière d’actualité. Médite ces réflexions et réalise des efforts journaliers.
Andrée ne voyait jamais que le bien en chacun de nous. Cette attitude paraissait totalement naturelle chez elle. Or, elle lui demandait peut-être d’accomplir des efforts journaliers, maintenant que j’y réfléchis…
(J’ai été tentée de décrocher le cadre et de lire cette prière lors de la messe de funérailles, mais je n’ai pas osé la proposer au prêtre).
Bon carême à tous.
Catherine
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Mercredi 2 avril 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous
Le prêtre était bègue.
Je parle du prêtre qui a célébré la messe de funérailles d’Andrée.
Avouez que ce n’est pas courant qu’un prêtre, dont l’une des activités majeures est la prise de parole en public, soit atteint de ce handicap. Je parle de « handicap » tout en sachant que certains bègues récusent ce terme stigmatisant, mais je n’en ai pas d’autre pour désigner ce trouble du langage qui est somme toute grave, à mes yeux tout du moins, car très impactant pour celui qui en est porteur au niveau de la vie relationnelle.
Il suffit, allez-vous penser, comme pour tout type de handicap, de changer le regard qu’on porte sur la personne handicapée. Dans ce cas précis, il s’agit de modifier sa manière habituelle d’écouter. C’est juste. C’est d’ailleurs ce que l’assemblée présente ce jour-là a fait. La défunte nous avait déjà préparés, sa vie durant, à ce changement de regard sur la personne handicapée, elle qui comptait dans son entourage, une paralysée, une aveugle et un malade mental. Donc, il n’était pas si surprenant finalement que le jour de ses obsèques, ce soit un prêtre « handicapé » qui l’accompagne…
Changer de manière d’écouter (ou changer de regard sur la personne handicapée), quand on est en présence d’un bègue, consiste d’abord à ne pas s’affoler. Et à faire confiance à la personne handicapée qui sait mieux que quiconque, ce qu’elle arrivera à faire (ou à dire) ou pas. C’est accepter ensuite que le rythme, dans le cas présent de la parole, soit inhabituel. Cela demande, dans un premier temps, d’augmenter son niveau d’attention, ce qui est finalement très positif lors d’une célébration, puis à s’ajuster, enfin on s’habitue très vite et on retrouve un niveau normal d’attention, c’est-à-dire qu’on n’est plus conscient du rythme singulier de la parole.
Le prêtre bègue chantait bien. Et juste m’ont dit les musiciens de l’assistance. Comme les chants, toutes les paroles récitées habituellement et les prières coulaient avec aisance. Il était jeune (et bel homme…) et visiblement plein d’énergie ce qui fait du bien dans un moment de deuil.
Je me suis dit un moment que c’était peut-être cette vivacité qui, lorsqu’elle devenait excessive, le poussait à la précipitation et lui jouait des tours. Et pas seulement dans la prise de parole. Au moment de la communion, il n’a pas « pensé » à proposer la communion au musicien qui jouait de la guitare dans le cœur de l’Eglise, et qui était donc tout proche de lui, (ce que le musicien lui a gentiment fait remarquer), et il a retiré rapidement les hosties pour les ranger dans le tabernacle. Il n’a pas pris le temps non plus de venir saluer le veuf, ses enfants et petits-enfants, nombreux ce jour-là, à l’issue de la célébration. Ce qui interroge tout même.
Est-ce par crainte du dialogue à engager avec les personnes ?
C’est Moïse qui d’après le midrash, ou la tradition hébraïque orale, était bègue. Dans la bible, Moïse se plaint « juste » d’avoir la bouche lourde et la langue pesante (Exode 4, 10). Ce qui n’a pas été un obstacle à la conduite de tout un peuple…
Je crois que les bègues ont raison, quand on regarde le parcours et l’œuvre de Moïse, on ne peut pas dire que le bégaiement soit à proprement parlé un « handicap »…
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Mardi 25 mars 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous
La défunte nous a réservé quelques surprises.
On savait la générosité dont Andrée avait fait preuve durant toute son existence. Attentions aux autres, services, dons, ont été les différentes facettes de cette générosité qui se manifestait chaque jour, et dans une totale discrétion. Courses pour les personnes âgées du voisinage, entretien du linge pour des personnes invalides, travaux de couture gratuit pour tous les proches et les voisins, garde d’enfants, garde malades, visite à des personnes isolées ou handicapées, collecte et tri d’objets récupérés (journaux, bouchons, laines…) pour des œuvres, tricots pour des associations, pose de papier peint, ménage, taxi, traduction de textes en braille ( !), soutien affectif et psychologique, port de la communion à des malades, et tout ce que l’on ne sait pas…
Ce qu’on ignorait, c’est que cette générosité se prolongerait après sa mort. Par un don de son corps à « la science ». C’est-à-dire à la médecine, en clair, à la faculté.
Il a fallu s’habituer à l’idée, puis faire une foultitude de démarches, expliquer cette décision et ses conséquences aux proches, à savoir l’absence de cercueil et donc d’enterrement le jour des funérailles, tout ça en moins de 24h, délai maximal pour effectuer le don. Mission accomplie à ce jour, puisque le corps est « parti » dans le délai voulu à l’université.
Ce n’est pas fini.
Les parents d’Andrée avaient préparé une place pour leur fille et leur gendre dans le caveau familial. Or, Andrée n’aura pas besoin de cette place puisqu’une fois que la médecine aura fait usage de sa dépouille, celle-ci sera incinérée et les cendres seront dispersées dans un carré du cimetière réservé pour les personnes qui ont fait don de leur corps à la science (et son nom sera enregistré sur un registre dédié au cimetière).
Sachant cela, Andrée a donc donné sa place dans le caveau familial à une amie aveugle qui n’a plus de famille. Là aussi, il faut s’habituer à l’idée. On a un peu plus de temps car l’amie en question, Dieu merci, est bien vivante et est une personne adorable. Ceci dit, on ne l’imaginait pas un jour enterrée à côté du grand-père, le mari de la défunte (qui lui est toujours bien vivant aussi mais perd la tête).
Un ami qui ne connaissait pas Andrée, mais qui nous a entendus évoquer sa générosité, a parlé de grandeur d’âme à son sujet. Je crois qu’il a raison.
Maintenant, je me demande ce qu’elle va encore pouvoir donner. Car j’ai le sentiment, pour ne pas dire la certitude, que ce n’est pas fini…
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Mercredi 19 mars 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous
Mes enfants se sont effondrés en larmes.
A l’instant où ils sont entrés dans la chambre d’hôpital et où ils ont vu leur grand-mère alitée. Pourtant je les avais prévenus qu’ils se préparent, que la visite allait être éprouvante. Mais mes mises en garde n’ont pas servi à grand-chose (ça j’ai l’habitude…) chez mes deux jeunes (18 et 21 ans), qui se sont mis à pleurer à chaudes larmes en se mettant chacun d’un côté du lit de leur grand-mère avant même de lui dire bonjour !
Des larmes de chagrin et de tristesse bien-sûr, mais de désarroi aussi. La mort, ils connaissaient mais le « mourir », ils découvraient… Ils étaient bouleversés. Il y avait de quoi. Quinze jours auparavant, ils jouaient encore au Boogle avec leur grand-mère, certes atteinte d’un cancer, mais totalement autonome, et ils la retrouvaient tout à coup alitée, sous oxygène, visiblement à bout après deux embolies pulmonaires successives.
Alors ma belle-mère, épuisée mais totalement consciente, un peu ahurie devant la réaction de ses petits-enfants, a mobilisé ses dernières forces pour faire ce qu’elle a fait toute sa vie avec ses quatre enfants, puis neuf petits-enfants (mes enfants sont les petits derniers…) et quatre arrière-petits enfants, c’est-à-dire les CONSOLER…
Consoler, c’est d’abord expliquer ce qui arrive, mettre des mots. Elle leur a dit que le « moment » devait arriver un jour et que pour elle, c’était maintenant. Que la vie sur terre avait une fin et qu’il fallait qu’elle en passe par là, que c’était dans l’ordre des choses quand on a 80 ans. Consoler, c’est aussi inciter à voir la situation d’un autre point de vue. Elle leur a alors dit qu’elle était heureuse qu’ils soient venus, que ça l’aidait beaucoup dans ce « moment » qu’elle avait à vivre. Enfin, consoler, c’est mettre un terme à une émotion envahissante. Elle leur a demandé simplement d’arrêter de pleurer.
Ça a parfaitement fonctionné, puisque les pleurs ont cessé. Les jeunes ont entamé une conversation sur le cours de la vie. Rassérénés, ils ont même plaisanté. Ils ont donné de la glace à la vanille à leur grand-mère (elle est dans un service de soins palliatifs où les malades mangent ce qu’ils veulent, quand ils veulent) puis la grand-mère s’est endormie (un simple sommeil) en tenant ses deux petits-enfants pas la main.
Tout le monde (familles, amis, soignants) s’étonne de sa sérénité. Moi je sais d’où elle vient. De sa foi en Dieu. Elle croit profondément en un Dieu qui, comme l’écrit Saint Paul dans sa Lettre aux Romains (c’est la lecture d’aujourd’hui), donne la vie aux morts. Elle continue à espérer, contre toute espérance… comme l’écrit l’Apôtre aussi. En ce qui la concerne, c’est « malgré » qu’il n’y ait pas eu de guérison lors de son dernier pèlerinage à Lourdes, ce qu’elle espérait tant…
Alors maintenant, elle attend « le moment ». Bien entourée et bien soignée.
Que peut-on faire de plus ?
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Mardi 11 mars 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous
Mon arrière-arrière grand-père a failli passer par dessus le mur du cimetière le jour de son enterrement. Parce qu’il était anabaptiste. (Qu’on soit bien d’accord, être anabaptiste ne signifie pas qu’on n’a pas été baptisé mais qu’on l’a été seulement à un âge où on est conscient de ce que l’on fait, soit vers 14 ans). La famille a dû se battre pour que le cercueil puisse passer par la porte. Et déjà pour que le défunt ait une place au cimetière, et qu’il ne soit pas enterré près de la ferme comme cela se pratiquait parfois. On est alors en 1864 en Moselle. Le curé de l’époque adresse à son Evêque un courrier qui en dit long : « Depuis cinq ou six ans, sont arrivées deux familles protestantes anabaptistes dont les membres sont assez nombreux. L’un vient de mourir et le maire a autorisé l’inhumation au cimetière pèle mêle avec les catholiques ». Pire, « le corps a été transporté en grande pompe et un parent anabaptiste a prononcé un discours en allemand. Aux yeux de nos gens de la campagne, c’est un véritable scandale ». Du coup l’Evêque de Metz interdit au curé de mettre désormais les pieds au cimetière. Quelques mois plus tard le même Evêque reçoit une pétition des habitants du village lui demandant de bénir à nouveau l’enclos car depuis il y a eu plusieurs décès de catholiques et on ne sait plus où enterrer les corps. L’Evêque utilise la pétition pour exiger du préfet qu’il intervienne, et ordonne le transfert du corps du mennonite dans une partie séparée du cimetière réservé aux dissidents.
Personne dans ma famille n’a jamais évoqué cette histoire de transfert du corps ni de carré dissident. Ont-ils volontairement « oublié » cet épisode ? En tout cas, lorsque mes parents évoquaient l’enterrement de l’aïeul-qui-avait-failli-passer-par-dessus-le-mur-du cimetière, ils riaient. Si bien que je n’ai pas mesuré au départ la gravité de la situation, que j’ai comprise bien plus tard en lisant Souvenance Anabaptiste, un article (qui est sur internet) des historiens F. WILD et F.SCHWINDT qui étudient la présence des carrés protestants dans les cimetières lorrains.
Je comprends aujourd’hui pourquoi mes parents accordaient tant d’importance au cimetière et à l’entretien des tombes familiales (nombreuses). Ce n’était pas uniquement par attachement aux ancêtres comme je le croyais. Il y avait un enjeu social, qui remontait à plusieurs décennies en arrière, quand il fallait se battre pour obtenir une place au cimetière communal (et y rester), et pour pouvoir y entrer dignement (c'est-à-dire par la porte…). Sans quoi on n’était pas un citoyen à part entière de la commune.
L’intégration de ma famille au village, qui a donc commencé par la conquête d’une place au cimetière, a bien fonctionné par la suite car quelques années plus tard mon grand-père est devenu maire de la commune, d’abord nommé par l’occupant allemand (parce qu’il comprenait sa langue) puis élu à plusieurs reprises par les électeurs (quasiment tous catholiques) redevenus libres.
La dernière anabaptiste vient de quitter le village (c’est ma maman). Et c’est un jeune descendant catholique qui va dorénavant entretenir les tombes protestantes. Comme quoi, il ne faut pas désespérer…
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Samedi 1er mars 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous
Je vous racontais, dans mon dernier message, qu’on nous avait annoncé trois décès dans la même journée. C’était dimanche dernier. Nous étions atterrés. Si l’un des décès était prévisible, les deux autres furent une surprise. Deux amis proches perdaient un parent (le deuxième parent à quelques jours d’intervalle pour l’un d'eux…) et mon mari perdait un tout proche collègue devenu un ami, d’un cancer foudroyant.
Les décès étant survenus le même jour, les obsèques ont eu lieu le même jour aussi. On ne savait plus trop quel choix faire, où nous rendre… Finalement, c’est notre fils qui est « monté » jusqu’à La Pesse dans le Haut-Jura, mon mari est allé aux obsèques de son collègue à Besançon et moi à celles de la maman de mon ami prêtre, à Franois.
Le soir, à notre retour, quand nous nous sommes racontés notre journée, je n’ai pas pu m’empêcher de dire aux membres de ma famille que j’avais vécu un bon moment aux funérailles auxquelles j’avais assisté.
En m’y rendant j’avais de la peine pour mon ami, même si je ne connaissais pas personnellement la défunte, car perdre un parent, quelques soient les circonstances, c’est triste…Mais malgré la tristesse de l’évènement et la peine, je suis ressortie de la célébration avec un sentiment de joie (la joie d’être sauvé peut-être dont parle la Bible…). C’était très étonnant. Apparemment, je n’étais pas la seule à avoir ce ressenti. Les jours suivants, lorsque j’ai retrouvé des proches qui avaient eux aussi assisté aux funérailles, ils tenaient des propos semblables du genre : c’était vraiment bien, c’était réconfortant etc… Mon ami Jean-Pierre est allé jusqu’à dire « qu’il avait transfiguré la mort » en parlant de mon ami prêtre qui avait présidé la célébration (le fils de la défunte).
J’ai essayé de comprendre comment cette transfiguration avait pu se faire. Je crois que cela tient à la fois à une manière de faire et de dire, et d’être aussi.
Dans la manière de faire, il y a la durée. La célébration a duré 1h30. Pas pour faire long, mais pour prendre son temps, le temps de prendre soin de chacun des participants (extrêmement nombreux) très proches ou plus éloignés de la défunte. Le temps de poser des gestes et des mots. Le célébrant s’est soucié du confort de l’assistance, a salué tout le monde, a fait participer les membres de la famille mais aussi les amis de la défunte ainsi que les membres de sa paroisse où elle était active. Chacun, à son tour, était réconforté. Le célébrant n’était nullement affligé même s’il était peiné. Il était serein face à la mort.
Dans la manière de dire, il y a l’audace. L’audace d’employer de nouveaux mots : la nouvelle version du Notre Père par exemple, et plus fort celle de changer cette phrase que l’on prononce avant de recevoir la communion : le « je ne suis pas digne de te recevoir mais dis seulement une parole… » qui devient tout à coup selon la volonté de la défunte (un peu influencée par son fils…) « je suis heureux de te recevoir ». Auparavant, le prêtre avait commenté le miracle (ou signe) de Cana, cet épisode où Jésus, à la demande de sa mère, change l’eau en vin pour que la noce se déroule dans la joie jusqu’au bout. Une prédication qui prend son temps aussi avec une méditation sur le thème de la transformation, qu’on écoute…
L’assemblée a joué son rôle bien-sûr : nombreuse et surtout croyante, elle a chanté et prié. Ce qui est rare lors des funérailles.
On était tout joyeux sur le chemin du retour. Comme quoi Dieu est à l’œuvre dans la liturgie quand celle-ci est bien faite, que le ton est juste et que les gens y croient !
Amicalement comme toujours.
Catherine
PS : cet ami prêtre dont je vous parle et qui transfigure la mort écrit sur Murmure, il alterne avec Léon la rédaction du commentaire d’évangile. C’est lui qui a fait le commentaire de dimanche prochain.
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Dimanche 23 février 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous
C’était bien la Saint Valentin Autrement.
Je parle de la soirée organisée samedi dernier par la Pastorale des familles du diocèse, la communauté du Chemin Neuf et l’Eglise protestante unie de Besançon.
A vrai dire, je ne sais pas si j’ai vraiment découvert quelque chose de nouveau sur mon mari ce soir-là et si je peux dire que je l’aime mieux (comme le programme l’annonçait), mais je peux dire que nous avons passé un excellent moment et que nous avons beaucoup ri.
En particulier quand on nous a demandé en milieu de soirée de rédiger un acrostiche avec le prénom de notre conjoint. Heureusement, il y a Google sur le smartphone pour vérifier vite fait ce qu’est un acrostiche et consulter un ou deux modèles, histoire de trouver un peu d’inspiration. L’exercice n’est pas évident croyez-moi lorsqu’il est tard (moi j’écris plutôt le matin) quand on a déjà bu deux verres de crémant, qu’on a le ventre rempli de gâteau au chocolat, de panna cotta aux fruits rouges et autres gourmandises, qu’on a chacun un prénom assez long, et qu’on n’est pas franchement poète…
Je ne résiste pas à l’envie de vous communiquer mon acrostiche.
Ça donne :
Frédéric,
Franchement tu dis,
Rapidement tu vis,
Entièrement tu aimes,
Doucement tu chantes,
Etonnamment tu oublies,
Rondement tu mènes,
Infiniment tu répares,
Courageusement tu affrontes.
Je t’aime.
L’œuvre est certes modeste, mais profondément sincère…
Après la séquence écriture, nous avons écouté notre amie Susan (une américaine protestante) interpréter à la guitare « je connais des bateaux » de Mannick, puis un couple « mixte » (au plan culturel) a témoigné et enfin le pasteur a animé un court temps de prière que j’ai particulièrement apprécié car j’ai eu plaisir à retrouver la prière très directe adressée à Dieu comme les protestants savent faire. Le pasteur qui ferme tout à coup les yeux, baisse la tête, prend une grande inspiration avant de s’adresser directement à Dieu, Seigneur… et Il est là.
Mais le plus étonnant dans cette histoire, c’est ce qui s’est passé le lendemain matin où nous nous sommes réveillés à 10 heures, comme des ados. Ça faisait des années que cela ne nous était pas arrivé…
J’en conclus que nous avons rajeuni.
D’autres surprises nous attendaient, hélas beaucoup moins drôles. Trois décès nous ont pourtant été annoncés successivement au cours de la même journée !
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Samedi 15 février 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous,
Certains couples de mon entourage ne fêtent jamais la St Valentin sous prétexte que cette fête est trop commerciale. Avec mon mari, nous la fêtons toujours. Parfois très simplement, en se souhaitant « bonne fête » ce qui est totalement « gratuit », parfois en faisant un cadeau, parfois une sortie à deux. Ce qui implique une dépense certes, mais qui n’est pas pour autant dictée par le marketing…
Cette année, nous innovons. Nous avons répondu positivement à une invitation à « une Saint Valentin autrement ». Cette St Valentin est en fait une soirée organisée par la Communauté du Chemin neuf, l’Eglise protestante unie de Besançon et la Pastorale des familles du diocèse. Vous l’aurez compris, c’est une soirée œcuménique dans laquelle je ne devrais pas être trop perdue, en principe. La soirée a lieu dans la belle salle de l’Epi du temple protestant de Besançon.
Le carton d’invitation, rempli de cœurs roses, annonce une soirée en tête à tête pour mieux s’aimer, se redécouvrir, le tout autour d’un dessert festif. Voilà qui ne se refuse pas. A l’heure où je vous écris, j’ai même hâte de m’y rendre. Car je me demande ce que je vais découvrir de mon mari au bout de 21 ans de mariage (et réciproquement…) et comment ça va être de mieux s’aimer.
Je vous raconterai. Si c’est racontable…
Entre temps, je lisais un article sur les conseils que le Pape François a donné hier aux fiancés venus à Rome pour fêter la St Valentin justement. Des conseils étonnamment simples et plein de bon sens, encore faut-il les rappeler, aux fiancés, et à ceux qui sont déjà mariés aussi…
Il a en effet rappelé que l’amour n’était pas qu’une question de sentiments, même si ceux-ci étaient indispensables, et qu’il était avant tout relation, une relation qu’il faut construire un peu comme une maison.
A propos de l’engagement du mariage dans la durée, il a évoqué le fait que le « pour toujours » n’était pas seulement une question de durée, mais aussi de qualité. Autrement dit quand on s’engage « pour toujours », c’est pour toute la vie, mais aussi pour chaque jour qu’on souhaite être un jour de « qualité »…
Pour ce faire, il a donné un « outil » aux fiancés : être en capacité de dire chaque jour à son conjoint ces mots tout simples : s’il te plaît, merci, excuse-moi. C’est comme une évidence, avec le risque de l’oublier…
Il a évoqué l’ancrage dans le Christ bien-sûr, qui démultiplie l’amour. Là, l’outil est la prière, on s’en serait douté, mais une prière toute simple, à nouveau comme une évidence : « Seigneur, donne-nous aujourd’hui notre amour de ce jour ».
Enfin, il a expliqué que la fête du mariage devait rester avant tout une fête chrétienne et pas une fête mondaine. Voilà qui est dit.
Enfin un pape pasteur !
Ça fait du bien, vous ne croyez pas ?
Amicalement comme toujours
Catherine
* * *
Samedi 8 février 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous
J’ai rencontré un moine formidable.
Un moine libre et joyeux. Libre de sortir de son monastère. Et joyeux de rencontrer des LME ou Laïcs en Mission Ecclésiale (je parle des théoforiens). Il s’agit du Frère Basile du prieuré Saint Benoît de Chauveroche, à Lepuix dans le Territoire (de Belfort).
C’est moi qui étais chargée de l’inviter à notre journée de formation dont le thème était « se ressourcer dans le Christ ». Il a fallu le convaincre de venir, le « oui » n’était pas si évident. C’est normal, car il n’est pas dans la vocation première d’un moine bénédictin de « sortir » pour aller à la « périphérie », même si le Pape le demande... C’est plutôt l’inverse en principe, c’est les moines qui reçoivent des visiteurs chez eux au monastère, où chaque hôte est reçu comme s’il était le Christ nous a-t-il expliqué ( !).
Frère Basile est quelqu’un auprès de qui on se sent immédiatement bien. Il sourit tout le temps. Quand il témoigne, il évoque toutes sortes d’anecdotes et fait preuve de beaucoup d’humour, y compris lorsqu’il raconte l’agression dont il a été victime une nuit au monastère, par des individus armés. Il nous a raconté son arrivée au prieuré avec quatre frères il y a 30 ans, les prières au grenier et dans la grange en attendant que la chapelle soit construite, la fabrication par un frère malade du crucifix en bois (un Christ en habit de serviteur, sans clou, qui va s’élever…). Il nous a expliqué la vie au monastère rythmée par les temps de prière et l’accueil des hôtes pour des retraites ou des sessions, souvent œcuméniques et parfois interreligieuses. Il faut savoir qu’on peut pratiquer le Zazen au monastère bénédictin de Chauveroche, et l’Aïkido aussi. Les protestants sont autorisés à célébrer dans la chapelle et les bouddhistes participent au temps de prière. Etonnant tout ça non ?
Il nous a présenté la règle de St Benoît et ses instruments (dont le n°21 « ne rien préférer à l’amour du Christ »), en écartant délibérément ce qui n’est plus audible dans le monde contemporain et en insistant sur le meilleur comme l’Ecoute du Seigneur. A ce propos, j’ai appris que ce chant très connu « écoute la voix du Seigneur » est inspiré de la règle de Saint Benoît.
Il ne nous a pas caché la rudesse de la vie monacale : l’absence de vacances, le peu de distraction (1h de télévision ou vidéo par semaine le dimanche soir), les relations difficiles entre frères (comme dans une famille…). Il nous a avoué en avoir jusque par-dessus la tête de la vie de moine parfois, mais aimer cette vie là…
Il nous a demandé ce qu’était selon nous un moine. Je vous laisse imaginer les réponses : un priant, un contemplatif, un cénobite etc… Puis nous a donné sa propre définition: « un moine est quelqu’un qui se lève le matin en se demandant : qu’est-ce qu’un moine ? ». Plus sérieusement ensuite, il nous a expliqué qu’un moine était un chercheur, un chercheur de Dieu…et que lui cherchait toujours et le ferait jusqu’à sa mort.
Au bout d’une heure, il a fallu pousser les participants en dehors de la salle, ils ne voulaient plus quitter le Frère Basile et le lui ont dit.
Je crois qu’il va y avoir de nouveaux visiteurs prochainement au monastère de Chauveroche…
Vous avez déjà rencontré un moine vous ?
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Samedi 1er février 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous
Mon chat a le sida.
Le sida du chat, bien-sûr. Non transmissible à l’homme, Dieu merci. J’ai appris cette nouvelle mercredi dernier lors d’une consultation chez le vétérinaire. Cela faisait plusieurs semaines que mon chat avait une soi-disant infection aux yeux que j’essayais de soigner par moi-même, sans succès. Les premiers temps, il ronronnait quand je lui nettoyais les yeux mais ces derniers jours, il m’enfonçait les griffes dans le bras, preuve évidente qu’il avait mal. C’est ce qui m’a incitée à consulter.
Le diagnostic à propos des troubles aux yeux fut établi rapidement : un coryza. Une maladie virale, un peu comme l’herpès chez l’homme, qui se manifeste par poussées et qui reste constamment présente dans l’organisme même en l’absence de symptôme. Une maladie pas trop grave. Ensuite, il fallait comprendre pourquoi mon chat ne guérissait pas de lui-même. C’est là que la jeune véto a commencé à parler d’immunodéficience et de sida. Elle a proposé de faire un test. J’ai accepté. 15 minutes plus tard, nous avions la réponse : séropositivité et surtout confirmation du démarrage de ce qu’elle a appelé la « phase clinique » de la maladie, c’est-à-dire l’affaiblissement du système immunitaire avec toutes les conséquences qu’on imagine… Espérance de vie de l’animal: 6 à 24 mois (oui, mais dans quel état ?). Aucun traitement.
Je ne m’attendais pas à ça.
Les préoccupations de la jeune véto s’orientèrent rapidement sur le côté sanitaire des choses. Elle envisageait une castration ( !) pour éviter que mon animal ne propage la maladie (qui se répand surtout par la salive chez les chats non castrés qui se battent et se mordent pour défendre leur territoire. Ce qui est le cas du mien, combien de fois, il est rentré les oreilles sanguinolentes…). Seulement, je ne suis pas très favorable à ce genre de pratiques. A défaut de castration, elle préconise l’enfermement ( !) de l’animal. Bon, j’ai déjà essayé de l’enfermer la nuit, il pousse des miaulements épouvantables et tambourine sur les portes si bien que tout le monde est réveillé… C’est la folie qui le guette si je l’enferme, autant l’euthanasier tout de suite.
Je n’ai pris aucune décision et suis rentrée avec mon chat (qui a trouvé le moyen de s’échapper de sa caisse pendant le trajet en voiture), un collyre (à base de cortisone) et mes préoccupations « éthiques ». Sur le problème de la contamination, l’évolution de la maladie, son aggravation certaine, sur ce qui sera tolérable pour nous et pour lui à l’avenir, sa « fin de vie »…
En matière de préoccupation, une collègue en a rajouté une couche dès le lendemain matin. Elle m’a expliqué qu’elle n’emmenait jamais ses animaux chez le vétérinaire (moi non plus jusqu’à mercredi dernier), car son mari africain s’y opposait. Il refusait de dépenser de l’argent pour un animal alors que des proches en Afrique n’avaient pas ce qu’il fallait pour vivre. Ce que l’on peut tout à fait comprendre ! Depuis, j’ai des scrupules. Car j’ai dépensé une assez forte somme (72,70 euros) pour mon animal, une somme que j’aurais pu dédier à une cause plus noble peut-être, ou en tout cas prioritaire.
La véto a appelé mon chat, un « chat de ferme ». Elle n’a pas tort. Je l’ai un peu élevé (il n’avait pas un mois quand je l’ai récupéré, il y a 11 ans, sa mère ayant été écrasée par une voiture) comme on l’aurait fait chez mes grands-parents paysans. Alors je me suis demandé comment ces derniers (des mennonites) auraient agi dans pareilles circonstances. Je connais la réponse : dans leur ferme, on soignait tous les animaux, ceux d’élevage et les autres, et quand l’animal souffrait trop, on employait les méthodes radicales. Ce que je ferai pour mon chat le moment venu. Entre temps, je vais le mettre sous haute surveillance. Quand les chattes viendront miauler sous les fenêtres, je mettrai mon chat quelques nuits au garage en attendant que ça passe…
Vous avez un animal de compagnie vous ?
Amicalement comme toujours.
Catherine.
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Samedi 25 janvier 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous
Ça y est, la semaine de prière pour l’unité des chrétiens s’achève ce jour. J’espère que vous avez bien prié et que vous avez répondu « non » à la question posée cette année aux chrétiens : le Christ est-il divisé ? (1cor 1, 1-17).
En ce qui me concerne, j’avais très envie de vous faire connaître une figure de l’œcuménisme protestant, il s’agit du pasteur réformée Jane Stranz. Les abonnés parmi vous de l’hebdomadaire La Vie ont pu lire un article à son sujet cette semaine et découvrir son visage.
Jane Stranz est actuellement et depuis 2 ans, responsable des relations œcuméniques à la Fédération protestante de France. Sa tâche est rude car on lui demande en gros de « décongeler » l’œcuménisme actuel qui est perçu comme traversant un « hiver » et de faire advenir un printemps…Et de s’occuper aussi des questions interreligieuses et interculturelles (à ne pas confondre avec l’œcuménisme…).
Pour ce faire, elle est pleine de ressources, au plan personnel déjà, par son vécu. En effet, elle est née en Angleterre en terre protestante, d’une mère anglaise et d’un père d’origine allemande juive. Elle a fait ses études en France, puis à Berlin. Des études en langues vivantes, histoire et théologie bien-sûr. Ce qui fait que lorsqu’elle parle « œcuménisme », ça sent le vécu et son discours est très incarné, très concret aussi.
L’œcuménisme, pour le pasteur, consiste à apprendre les uns des autres, sans nier les désaccords qui ont toute leur importance. Et à faire des choses ensemble, entre chrétiens. Elle dit qu’on devrait faire des choses ensemble plus souvent. Alors là, je suis bien d’accord, ce pourrait être ressourçant surtout en cette période un peu difficile pour nos anciennes traditions chrétiennes. Elle pense que le rapprochement entre Eglises pourrait être un Signe aussi pour notre société, le signe que l’on est capable de s’écouter, et de ne pas être d’accord aussi.
Encore faut-il qu’il y ait rapprochement…
Pour découvrir cette femme passionnée (qui a un accent délicieux), vous pouvez visionner cette courte vidéo (4 :41) à l'
adresse suivante :
http://www.regardsprotestants.com/foi/je-suis-protestant-jane-stranz-pasteur
Dans cette interview, Jane Stranz évoque l’œcuménisme (à l’intérieur du protestantisme mais le principe est le même avec les autres religions chrétiennes…), la prière et la communication avec Dieu, d’une manière assez personnelle. Et très féminine aussi. Il faut savoir que Jane Stranz anime un groupe de théologie « féministe ».
C’est elle qui s’autorise à dire que « Dieu est belle ».
Etonnant non ?
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Samedi 18 janvier 2014
Amis de Murmure, bonjour à tous,
J’ai très envie de vous raconter la dernière rencontre que nous avons faite, mon mari et moi, lors de nos activités de préparation au mariage.
C’était hier soir.
La fiche d’inscription indiquait un couple avec 3 enfants résidant dans un village tout proche du nôtre. J’ai donc pris contact avec le couple, par téléphone, pour l’inviter à passer chez nous un soir, histoire de faire connaissance avant les séquences de préparation au mariage proprement dite.
Première surprise, le couple habitait en fait un village plutôt éloigné, dans le Jura, à plus d’une demi-heure de route. Seconde surprise, la jeune femme, très accueillante au téléphone, était un peu embarrassée ; elle m’a annoncé qu’elle attendait un bébé, un 4ème garçon ( !), qu’elle en était à son 7ème mois et qu’elle préférait limiter les déplacements. Je lui ai alors proposé, sous réserve qu’elle accepte de nous accueillir chez elle, de nous déplacer.
Ce que nous avons donc fait.
Nous avons été reçus dans une maison toute neuve, joliment décorée et parfaitement entretenue. Le couple, une petite trentaine, nous a présenté au fur et à mesure les trois garçons, l’aîné en premier, 15 ans bientôt (!).
Puis nous avons pris place autour de la table familiale, et les échanges ont commencé de suite, avec beaucoup de facilités, le couple (surtout Lui) étant visiblement très sociable. Nous sommes allées ensuite de « révélation » en « révélation».
Lui nous a expliqué que c’était Elle qui souhaitait se marier, depuis toujours, mais que la vie avait fait que le projet ne s’était pas réalisé. En fait, Elle, ne voulait pas suivre le rituel du mariage imposé par sa communauté des gens du voyage. Lui aussi fait partie de cette communauté, mais « un peu ». Lui toujours, a évoqué leur rencontre, il y a quinze ans. Ils habitaient alors le même village (depuis ils ne se sont jamais quittés mais ont changé de village…), où ils se sont « un peu » rencontrés a-t-il expliqué (en fait, ils ont eu leur premier enfant !). C’est Elle qui a précisé leur âge à l’époque : Elle, 19 ans et Lui 16 ( !).
Depuis ils ont eu deux autres garçons et ils attendent le 4ème qui sera baptisé le jour du mariage ( !), le bébé aura alors deux mois. Ils souhaitaient faire « tout en même temps », mais l’aumônier (des gens du voyage) qui doit présider la célébration, a imposé le baptême le matin et le mariage l’après-midi (après le repas de baptême !), car, mariage et baptême n’étaient pas la même « chose »… Ils ont compris et accepté mais quelle journée en perspective !
Nous avons abordé les questions d’éducation des enfants, les questions actuelles comme l’omniprésence des écrans, mais très rapidement, il a été question de religion, en particulier des pèlerinages aux Saintes-Maries-de-la-Mer où ils se rendent régulièrement en famille, et surtout des évangélistes qui « retournent » la tête des gens du voyage et qui « rebaptisent » les catholiques. Je me suis autorisée à dire qu’il n’y avait qu’un seul baptême…
Ils nous ont expliqué que les évangélistes les démarchaient chez eux de manière insistante. Ce qui les agaçait visiblement. Lui a trouvé une parade : il a installé une statuette de la Sainte Vierge devant son entrée. Apparemment, ça marche, nous a-t-il dit, les évangélistes ne sonnent plus…
Au-delà de toutes ces anecdotes, j’ai été touchée par le parcours de vie peu ordinaire de ce couple, par sa vitalité et sa fraîcheur. Il sera je crois, un beau témoignage de « durabilité » pour les autres fiancés…
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Samedi 11 janvier 2014,
Amis de Murmure, bonjour à tous
J’évoquais la semaine dernière le stress contemporain et en particulier celui des jeunes. Comme j’ai pu l’observer auprès de mes proches, les causes de ce stress sont multiples : difficulté à trouver un emploi, puis à le conserver ou à le rendre compatible avec la vie de famille en raison de l’éloignement (pour les plus avancés dans la vie) ; partiels (examens universitaires) nombreux et répétitifs ; appréhension dans l’attente de résultats scolaires; peur de ne pas être retenu dans la voie choisie ou impossibilité d’y accéder (en raison d’une moyenne insuffisante et de la sélectivité de la filière…), et pour la plus jeune, exigence d’apprendre deux langues étrangères dès la 6ème (et de devenir rapidement bilingue, si ce n’est trilingue).
J’écoutais récemment l’interview d’une jeune fille, en décrochage scolaire bien qu’étant en filière générale et de bon niveau scolaire au départ. Elle bénéficiait d’une seconde chance dans un micro lycée. Elle disait, à propos du lycée classique qu’il était inhumain, et qu’elle était heureuse de bénéficier d’un nouveau dispositif, expérimental et surtout plus humain au niveau de la relation avec les profs….
Le lycée « inhumain », ça fait réfléchir….L’est-il plus aujourd’hui que dans le passé, je l’ignore. En tout cas, nous, les adultes ne pouvons rester indifférents à ce que disent et surtout vivent nos jeunes aujourd’hui.
La théologienne Evelyne Frank (qui est enseignante en collège et qui est donc concernée…) conseille aux parents de desserrer les étaux, (je l’ai évoqué dans mon précédent billet) mais aussi de réconforter nos jeunes. Ce qui, pour elle, signifie deux choses : premièrement, les consoler et deuxièmement les rendre plus forts : « qu’ils s’aiment, se sentent mieux dans leur peau, craignent moins leurs manques, découvrent qu’ils ont chacun quelque chose d’unique donc d’imprenable à développer »…
L’idée est bonne incontestablement. Mais si la première partie du programme est relativement simple à mettre en œuvre (les consoler), la seconde est beaucoup plus délicate (les rendre plus fort et leur faire découvrir qu’ils ont chacun quelque chose d’unique à développer). J’essaie d’expliquer à ma fille qu’il n’est pas nécessaire de se comparer aux autres, que cela n’a pas grand intérêt. Mais elle n’est pas convaincue, hélas. A sa décharge, elle subit un système de classement partout : au tennis, au lycée, chez les sapeurs-pompiers (dans les épreuves sportives et physiques) ; la comparaison aux autres est donc banalisée, et elle est dans une tranche d’âge où les relations amicales sont primordiales pour se construire et où on s’identifie beaucoup aux autres…
Mais, Evelyne Frank propose autre chose d’étonnant et de beaucoup moins courant surtout : elle dit qu’il faut apprendre aux jeunes à supporter de ne pas être aimé. « Sinon, ils seront l’otage de toute personne rencontrée, ils ne pourront jamais exercer de responsabilité, ils ne pourront jamais être parents ».
Etonnant ce rappel plein de bon sens, non ?
Il ne s’adresse pas qu’aux jeunes je pense, mais à bon nombre d’adultes et de chrétiens en particulier…
Vous ne croyez pas ?
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Samedi 4 janvier 2014
Amis de Murmure, bonjour et Bonne année à tous,
Heureuse de vous retrouver sur cette page de Murmure, en ce début d’année, année que je vous souhaite pleine de fraîcheur, de bonheur et de joie. Et de rajeunissement aussi.
Pas besoin de l’être pour se sentir jeune, il suffit d’être en contact avec des jeunes. Ce qui fait beaucoup de bien. J’en parle, car c’est ce qui m’est arrivé d’un peu imprévu le jour de Noël où tous nos enfants sont arrivés, le 25 à midi, accompagnés. Il a fallu ajouter chaises et couverts.
Il y a longtemps que la fille aînée vient accompagnée de son conjoint et sa petite fille qui a maintenant dix ans. Prévisible mais incertaine, était la venue de la colocataire de notre fils, la petite amie attitrée dans les faits. Ils se fréquentent depuis longtemps, mais la jeune femme est un peu farouche et ses visites sont rares. En tout cas, elle était là le jour de Noël. Totalement imprévue en revanche était la venue du petit ami de la benjamine qui nous a demandé, timidement, la veille de Noël si un prénommé Thomas pouvait venir au repas. Nous avons accepté et n’avons pas regretté car la table familiale a pris tout à coup un sérieux coup de jeune : la moyenne d’âge a chuté et les sujets de conversations ont été totalement renouvelés. J’ai découvert l’existence des GoPros (des caméras qui permettent de réaliser des films dans n’importe quelles conditions ou presque…), de Viber (une application pour communiquer à plusieurs avec une tablette ou un smartphone), de l’attrait des jeunes pour les Center Parc (que je croyais réservés aux séniors), du bon taux d’insertion des étudiants de la faculté des sciences de Besançon (classée dans les 10 premières universités françaises), de la possibilité d’étudier deux « premières » langues vivantes dès la 6ème, et j’en passe…Sans parler de la boîte de chocolats apportée par Thomas, qui a fait sensation en raison de son « packaging », et qui a supplanté les traditionnelles truffes. Les habituels jeux de rami et tarot, ont été remplacés quant à eux, par le très amusant Time’s up, un jeu dit d’ambiance (c’est le cas, fous-rires garantis…).
Ce qui m’a étonnée en revanche, c’est qu’au milieu de cette ambiance joyeuse et bon enfant, survenaient parfois (assez souvent en fait) dans les conversations des jeunes, les mots « stress », « stressé » ou « stressant ».
J’ai pris conscience tout à coup du stress que les jeunes subissaient dans leur quotidien. Certes, il n’y a pas d’existence sans stress mais j’ai été surprise par l’intensité de celui-ci. En tout cas, tous (de 10 à 35 ans) partageaient visiblement cette expérience, totalement banalisée pour eux. J’ai alors mieux compris le conseil que la théologienne et enseignante protestante Evelyne Frank (dont je vous ai parlé l’année passée) donne aux parents, à savoir de desserrer chez les jeunes l’étau des soucis et du stress contemporain. Et ce, en leur faisant comprendre qu’il y a plusieurs façons de réussir dans l’existence.
A Noël, j’ai pris conscience de l’importance et de l’urgence de cette recommandation.
Je l’ai mise en application immédiatement (en me disant que j’aurais dû commencer bien plus tôt). Cela fait 15 jours que le bulletin de la plus jeune est arrivé et je ne l’ai pas encore lu. Cela étonne un peu ma fille. Je lui ai fait comprendre que ce n’était pas du désintérêt de ma part (surtout pas), mais que le bulletin était secondaire, que je préférais qu’elle m’explique par elle-même ses résultats et ses projets d’avenir. (Très prochainement, elle va devoir saisir sur APB, Admission Post-Bac, un site internet, ses vœux d’orientation pour l’an prochain).
A bientôt 18 ans, je pense qu’on peut s’affranchir des commentaires des bulletins scolaires… il est même grand temps ! Ça fera un étau de moins.
« Desserrer les étaux », l’idée me plaît. C’est très évangélique.
Ce pourrait être un mot d’ordre pour 2014.
Qu’en pensez-vous ?
Amicalement comme toujours.
Catherine
PS : à propos d’Evangile, je vous recommande de lire le commentaire d’Evangile du Père Brocard de cette semaine. Vous saurez comment on peut « laisser faire » Jésus dans sa vie…
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Samedi 21 décembre 2013
Amis de Murmure, bonjour à tous
Je me souviens qu’en cette période de l’année, quand j’étais enfant, ma maman me demandait (exigeait en fait…) que je l’accompagne à la vente de l’ouvroir de la paroisse. Si j’emploie le mot « ouvroir » aujourd’hui en m’adressant à mes enfants, ils ne sauront pas de quoi je parle, c’est une certitude.
L’ouvroir était une sorte d’atelier où se réunissaient régulièrement des dames qui effectuaient des travaux d’aiguille, de tricot ou autres travaux manuels. Les ouvrages étaient ensuite vendus avant Noël ou Pâques, au profit d’œuvres de bienfaisance (on dirait humanitaires ou solidaires aujourd’hui).
La vente de l’ouvroir était festive et animée. Elle avait lieu dans une salle des fêtes où une troupe de théâtre ou une chorale venait donner un spectacle. Je me souviens que souvent, une délégation étrangère, venant d’un pays du sud (Afrique ou Asie) était invitée et témoignait. Puis, nous goûtions : chocolat et pâtisseries maison qui étaient mises en vente. Enfin, nous faisions quelques achats parmi les nombreux articles exposés par les dames de l’ouvroir.
Je croyais que les ouvroirs avaient disparu. Eh bien non, pas du tout. Il en existe un à la paroisse catholique du Sacré Cœur à Dijon, présenté comme étant avant tout un lieu de contact et d’échange. Côté catholique toujours, il y a un ouvroir liturgique à la paroisse de Saint-Raphaël. Là, l’idée est de veiller à l’entretien des vêtements destinés à la liturgie. Côté protestant, les ouvroirs existent toujours aussi. J’en ai trouvé un complètement dans le ton de celui de mon enfance à la Paroisse de Boofzheim près de Strasbourg. Pour vous rendre compte, rendez-vous à cette adresse : www.paroisse-boofzheim.fr et consultez la rubrique « vie quotidienne- bricolage ». Un peu de patience, surtout si vous êtes comme moi « en bout de ligne » à la campagne car les pages sont un peu longues à charger en raison du très grand nombre de photos. Et là, vous découvrirez des travaux d’ouvroir, typiquement protestants. C’est plutôt pour les dames mais pas uniquement…Vous trouverez de quoi occuper enfants ou petits-enfants à la veille de Noël, ce qui peut être utile (et chrétien) : crèches à imprimer, mangeoires à oiseaux à bricoler, friandises à confectionner etc…
Et surtout vous trouverez les tuto(riels) des ouvrages présentés (hélas pas toujours). Grâce à ce site, je me suis remise au tricot et au crochet avec de vieux restes de laine, et j’ai retrouvé le plaisir des travaux manuels qui détendent et vident la tête. Rien de tel après une après-midi de shopping ou de préparatifs en cette veille de Noël, pour se décontracter.
A propos de détente justement, je vous souhaite, en cette veille de fêtes, de pouvoir célébrer Noël avec suffisamment de décontraction pour pouvoir en goûter la fraîcheur, la joie et la paix.
Personnellement, j’y veillerai.
Amicalement comme toujours.
Catherine
PS : je prends un peu de vacances et vous donne rendez-vous l’année prochaine.
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Samedi 14 décembre 2013
Amis de Murmure, bonjour à tous
Je l’avoue volontiers, il faut parfois que je me pousse pour me rendre aux réunions de préparation au mariage que j’anime avec mon mari et un couple d’amis.
A ma décharge, les réunions ont lieu le soir, de 20h à 22h, et en fin de semaine, le vendredi. Elles débutent à l’automne et s’échelonnent pendant l’hiver. Il fait nuit quand on prend la route pour nous rendre à la paroisse (à 30 minutes de chez nous) et il fait froid quand on arrive dans la salle (si on y arrive, c’est-à-dire si on n’a pas oublié le code d’accès…).
Heureusement, on a la joie de retrouver nos acolytes, Dominique et Colette. Sans leur présence, je ne trouverais pas les ressources pour animer ces réunions. On commence toujours par pique-niquer ensemble. Colette apporte de la soupe bien chaude. Mon mari s’échauffe les doigts à la guitare ainsi nous soupons en musique. Nous mangeons nos tartines et salades en nous racontant nos vies. Puis on « révise » ce qu’on va faire et dire, on se répartit les rôles, on met en place tables et chaises, une petite déco de circonstance, le matériel d’animation, les photocopies sans oublier la collation pour les participants.
La première soirée est consacrée à la vie conjugale. On alterne des activités en groupe et en couple : langage de l’amour, relations interpersonnelles et communication dans le couple. La seconde soirée porte sur le sacrement du mariage (et l’engagement civil), ses exigences, son intérêt, son « plus » comme disent les jeunes, et sur le comment cheminer en couple puis en famille. Cette soirée est en générale plus animée car les participants ont fait connaissance et sont en confiance. On peut aborder des questions plus délicates ou personnelles : comme l’arrivée (ou l’attente) des enfants, les problèmes d’emploi ou du quotidien.
Et puis il y a le temps spi, à la fin de la seconde soirée. Temps spi à propos duquel on a trouvé le moyen de se disputer entre animateurs de CPM lors d’une réunion de doyenné. Il y avait ceux qui voulaient à tout prix réciter le Notre-Père, ceux qui trouvaient que la prière des époux de Sœur Emmanuelle n’était pas assez manifestement chrétienne, ceux qui voulaient faire en fonction de la sensibilité et des habitudes des participants, ceux qui voulaient saisir l’occasion pour initier les jeunes couples à la prière (s’ils ne l’étaient pas…). On n’était pas d’accord sur le déroulement et sur le choix des prières au point qu’on a décidé que chaque binôme ferait en fonction de sa sensibilité.
Mon ami Dominique, lui, a résolu (efficacement) le problème. Il invite le Père Simon, qui réside au presbytère où nous nous réunissons, à venir animer le temps spi. Ce jeune prêtre « venu d’ailleurs » comme on dit dans l’Eglise (expression pour le moins étonnante je trouve et dont je cherche encore le sens…) est plein de ressources et surtout est décomplexé. Il fait les choses très naturellement et simplement. Il ne demande pas qui a l’habitude de prier ou pas, ni qui connaît le Notre-Père ou pas. Il se présente et commence par dialoguer avec les jeunes couples sur les préparatifs de leur mariage. Ensuite il demande « qui a des enfants ? ». Les couples concernés lèvent le doigt (comme à l’école, c’est rigolo…). Il dit « c’est bien ». Ensuite il demande « qui veut des enfants ? ». Les autres couples lèvent la main (tous…). Et il leur dit « ça va venir… ». Il invite ensuite les participants à prier pour les enfants déjà là et pour ceux à venir, il poursuit sur l’engagement dans le mariage et à la fin, tout le monde se lève, se donne la main et dit le Notre-Père (11 participants sur 12). Pendant tout le temps que dure la prière, mon mari joue de la guitare doucement.
La « décongélation » est totale (au cas où il resterait un peu de gel quelque part). Ensuite on se retrouve tous en rond autour de la table du buffet pour boire un café ou une tisane maison, manger une part de brioche ou une gourmandise. Les couples parlent entre eux, avec le prêtre, des enfants à catéchiser, des souvenirs du caté ; le prêtre témoigne de comment se déroule les assemblées chrétiennes à Kinshasa, explique l’Eglise de là-bas et d’ici aussi : il leur dit que la soirée que l’on passe ensemble à se préparer au mariage, à prier et à partager une collation, c’est l’Eglise. Qu’il n’y en a pas d’autre. Certains sont un peu surpris…
A la fin, quand tout le monde est parti et le matériel rangé, nous prenons un temps pour lire les évaluations « à chaud » rédigées par les jeunes couples. Il y a là parfois de très bonnes surprises et de quoi nous encourager à poursuivre :
« C’était très intéressant de se retrouver avec d’autres couples en phase de se marier, car le mariage est de plus en plus vu négativement… Cela nous donne confiance. »
« Durant ces deux soirées, nous avons beaucoup aimé l’ambiance, de faire connaissance avec les autres couples, les travaux effectués en couple qui nous rappellent les bases de la durabilité. »
Bon temps de l’Avent à tous.
Catherine
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Samedi 7 décembre 2013
Amis de Murmure, bonjour à tous,
C’était la joie dimanche midi à la maison. Notre sapeur-pompier stagiaire (ma fille en l’occurrence, 17,5 ans) est rentrée de la manœuvre dominicale avec un sourire jusqu’aux oreilles. Elle venait de faire sa première INTER(vention).
Elle faisait du badminton avec ses coéquipiers lorsque les Bips ont retenti dans la caserne. Elle hésitait à monter dans le VSAV (véhicule de secours et d’assistance aux victimes) prêt à partir car elle n’était pas sûre de se souvenir de tous les gestes à accomplir ; elle n’avait pas eu le temps de réviser... Il a fallu que le lieutenant présent sur les lieux lui donne l’ordre de monter dans le véhicule. Il a bien fait je crois, car d’elle-même elle n’aurait pas fait le pas.
La victime était un monsieur de 91 ans qui se plaignait de douleurs thoraciques. Il a fallu l’emmener de Myon jusqu’au CHU de Besançon. Comme il se sentait mal durant le trajet, le chauffeur a accéléré et a demandé la priorité en arrivant en ville. Les voitures s’écartaient pour laisser passer l’ambulance qui, une fois arrivée à l’hôpital, a emprunté la voie d’accès réservé aux urgences. Un infirmier les attendait dans le sas d’accueil pour réceptionner la victime. La stagiaire a pu pénétrer dans ces lieux où seules « les personnes autorisées » peuvent accéder…Quelle fierté !
Elle a été touchée car le monsieur portait le même prénom que son grand-père, André. Il faisait des grimaces et quand on lui demandait ce qui n’allait pas, il répondait que tout allait bien, « comme la Tatie » m’a dit ma fille (la tatie en question est morte à presque 100 ans). Elle a eu de la peine aussi en voyant l’épouse de la victime pleurer au départ du véhicule.
Durant le trajet, les pompiers ont laissé la stagiaire faire les gestes de premiers secours. Mis à part le pouls qu’elle n’a pas réussi à prendre, elle a pu accomplir tous les autres gestes. Et rassurer la victime qui se plaignait de « verser », terme que ma fille ne comprenait pas…Il lui a fallu un peu de temps pour comprendre que le monsieur était incommodé par les virages (très nombreux sur la route de Myon).
Une fois la victime déposée à l’hôpital, elle a découvert le rituel de l’après intervention : nettoyage du brancard et du véhicule, dégustation de bonbons et franche rigolade.
Dans l’ensemble, elle a trouvé l’INTER « géniale », c’était mieux qu’en formation. Elle était prête à repartir sur le champ. D’ailleurs, les bips ont retenti une seconde fois en fin de matinée, alors que la manœuvre s’achevait. C’était un AVP (un accident de la voie publique). Une seconde équipe est partie. Mais là, le lieutenant a donné l’ordre à la stagiaire de rentrer chez elle. Chaque chose en son temps. Là aussi, je crois qu’il a bien fait…
Elle exultait d’avoir « sauvé » une vie. Il fallait la laisser savourer sa joie.
La volonté de « sauver des vies » était son unique motivation en entrant chez les pompiers.
Bon temps de l’Avent à tous.
Catherine
PS : au moment même où je vous adresse ce message, le BIP de ma fille vient de se mettre à sonner. C’est un AVP…
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Samedi 30 novembre 2013,
Amis de Murmure, bonjour à tous,
Lors de son intervention, Philippe Lefebvre (dont je vous ai parlé la semaine dernière) a évoqué de nombreux passages bibliques, toujours intéressants parfois très curieux. Certains très connus, comme la célèbre rencontre du Christ ressuscité avec les disciples d’Emmaüs (dans l’Evangile de Luc au chapitre 24) ou encore celle (une des plus belles des Ecritures) du diacre Philippe avec l’eunuque éthiopien (dans les Actes des Apôtres au chapitre 8). D’autres passages en revanche m’étaient totalement inconnus comme cette histoire de cuisson du pain sur de la bouse de vache dans le livre du prophète Ezéchiel (au chapitre 4) ou ce terrible passage du livre des Juges où il est question d’un viol collectif (au chapitre 19). Au sujet des passages violents de la Bible, Philippe Lefebvre nous a recommandé de ne pas nous effaroucher et de ne pas rejeter ces textes car ils évoquent des situations qui font partie intégrante de notre humanité. Et en cela ces passages violents peuvent faire sens pour certaines personnes et les rejoindre dans leur expérience (ce qui a été le cas pour une personne qu’il accompagnait et dont une proche avait été victime de ce type de crime).
Il nous a expliqué que « la Parole de Dieu » est ce que l’on a tendance à perdre en route…d’où l’appel prioritaire de notre diocèse à se recentrer sur la Parole de Dieu. Il a évoqué à ce propos un passage du second livre des Rois, au chapitre 22. On est 7 siècles avant notre ère. Le roi Josias est au pouvoir. La boutique tourne bien au plan religieux mais il manque la Parole de Dieu (un peu comme aujourd’hui). C’est une lecture du Livre de la loi faite au roi qui réveillera tout à coup les consciences. Des années plus tard, même situation au retour d’Exil, bien que les circonstances soient toutes autres. Les prêtres organisent alors des lectures publiques et commentées de la Parole… qui durent plusieurs heures. C’est dans le livre de Néhémie au chapitre 8.
Un moment qui m’a ému, c’est lorsque Philippe Lefebvre a évoqué ce passage du Deutéronome, au chapitre 34, ou il est question de la mort de Moïse, passage dont je ne me souvenais plus. Auparavant, il avait rappelé les circonstances de l’appel de Moïse par Dieu et les hésitations de Moïse qui n’osait pas prendre la parole et se plaignait d’avoir « la bouche lourde » (un peu comme notre intervenant qui, jeune homme, n’avait pas beaucoup de voix et à qui ses professeurs avaient prédit qu’il ne pourrait pas enseigner !). Mais, on connaît la suite de l’histoire, Dieu apprend à parler à son prophète qui devient son porte-parole tout au long des péripéties que vont vivre les hébreux et qui, devenu (très) vieux, meurt sur la bouche de Dieu (traduction littérale du verset 5). Il n’y a que dans la Bible que l’on trouve de telle image. Et un tel renversement de situation : le prophète qui ne peut pas parler parce qu’il a la bouche lourde, non seulement parle et conduit tout un peuple, mais meurt sur la bouche de Dieu. L’auteur du Deutéronome a beaucoup d’humour. A moins que ce soit Dieu lui-même qui en ait…
Je ne sais pas ce qui se passe quand on meurt sur la bouche de Dieu, mais c’est sûrement très bon.
Bon temps de l’Avent à tous.
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Samedi 23 novembre 2013
Amis de Murmure, bonjour à tous,
C’était l’affluence des grands jours aujourd’hui à La Marne, la maison diocésaine située à Montferrand-le-Château (commune où repose le dominicain Jean-Joseph Lataste). Avait lieu, au foyer St Anne, une journée de formation biblique. L’invité était Philippe Lefebvre, dominicain, professeur d’Ancien Testament à la faculté de théologie de Fribourg en Suisse, qui avait la lourde (et belle) tâche de nous redonner le goût de la Parole de Dieu, histoire de ne pas oublier l’Essentiel…
L’effectif prévu initialement était d’une centaine de personnes. Or, 260 se sont inscrites à la formation ! Nous étions, comme l’a dit un prêtre en guise d’introduction, au taquet (de ce que la plus grande salle du foyer pouvait accueillir comme participants). Heureusement que la Bible n’intéresse plus grand monde car encore un peu il fallait pleurer auprès de l’Université la location d’un grand amphi…
Au niveau organisation, il a fallu s’adapter. Mettre en place quatre bornes d’accueil pour orienter les participants ; supprimer le café-brioche d’accueil (sévère !) qui a été remplacé par un conte biblique avant la conférence (super !) ; raccourcir la durée du repas en supprimant un plat (excellente idée) ; limiter les allées et venues au moment des pauses ; supprimer les tables pour augmenter le nombre de chaises (moins évident pour la prise de notes) ; ventiler la salle surchauffée pour éviter les malaises et organiser le passage aux toilettes (insuffisantes en nombre), ce que le prêtre chargé de l’introduction n’a pas hésité à faire en donnant des détails : prendre ses précautions, anticiper, ne pas attendre la fin du repas. Il a même proposé aux hommes d’aller se soulager au jardin si nécessaire. Tout cela a beaucoup amusé la salle et bizarrement a donné le ton de la matinée.
Le conférencier s’est emparé de la problématique « des toilettes » pour introduire sa lecture de la Bible, en expliquant que dans la Bible, c’était pareil, que les préoccupations étaient concrètes, qu’on était dans le réel de la vie et des contingences matérielles.
Il a tout d’abord rappelé l’épisode du troupeau d’ânesses, dans 1 Samuel 9 où Saül, le futur roi d’Israël est envoyé par son père, avec un domestique, à la recherche de ses ânesses égarées. Il faut imaginer nous a-t-dit, Saül, le beau garçon, qui dépassait tout le peuple de la tête et des épaules, à la recherche de ses ânesses, au travers des montagnes et des vallées, en suivant les…crottes des animaux. Ce dernier détail, je ne l’ai pas retrouvé dans le texte biblique ; notre conférencier l’a rajouté ; mais c’est certainement ainsi que les choses se sont passées…
Plus fort encore, l’évocation du chapitre 4 du livre d’Ezéchiel où Dieu impose au prophète de faire cuire son pain sur des excréments humains. Ce que le prophète refuse catégoriquement de faire (on peut comprendre). Alors Dieu lui accorde de le faire cuire sur de la bouse de vache !
C’était limite scato par moment. Et très étonnant. Bien évidemment, le conférencier n’en est pas resté à ce niveau, heureusement, mais c’était la pointe d’humour nécessaire pour détendre l’assemblée et désacraliser un peu la lecture de la Bible (pour que le sacré soit ensuite au bon endroit…). La suite de l’exposé fut magistrale. Dans tous les sens du terme. Je vous recommande d’aller écouter ou de lire les ouvrages de ce grand bibliste (et brillant prédicateur). Que vous connaissez peut-être car il écrit dans différentes revues comme La Vie, La Chair et le Souffle…
Et vous, vous aimez lire la Bible ?
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Samedi 16 novembre 2013
Amis de Murmure, bonjour à tous,
Je rentre de Genève où je suis allée visiter le CERN. Le CERN est LE haut lieu de la recherche fondamentale en physique des particules (et là qu’est né le World Wide Web…). C’est un lieu intéressant car, quel que soit le niveau de connaissances que l’on a en entrant (très, très faible me concernant…), on en sort, au bout de trois heures de visite et de conférences, avec un sentiment d’intelligence (ce qui est agréable) et des connaissances actualisées sur la constitution de la matière.
J’ai compris par exemple ce qu’était le fameux Boson de Higgs, découvert par le CERN en 2012 et que certains journalistes nommaient «la particule de Dieu », traduction approximative du nom « God Particle » donné à la particule par le physicien Leon Lederman. C’est une sorte de ciment qui colle les éléments de la matière entre eux.
Le site est à la mesure du projet de recherche : immense. On se déplace d’un bâtiment à l’autre en bus. 4000 personnes travaillent sur le site suisse, auxquelles s’ajoutent 6000 personnes réparties dans des laboratoires implantés sur toute la planète. Chaque européen apporte sa contribution au fonctionnement du CERN à la hauteur de la valeur d’une tasse de café nous a-t-on expliqué…La visite et les conférences sont gratuites (étonnant !) et l’accueil des visiteurs chaleureux. Les conférenciers sont des physiciens qui travaillent dans les centres de recherche. Ils sont tous polyglottes et très pédagogues.
Le CERN est le royaume de l’infiniment petit. C’est aussi celui du PLUS. Le CERN possède l’accélérateur de particules le PLUS puissant qui soit : le Grand collisionneur de hadrons (ou LHC) installé dans un tunnel de 27 km sous les montagnes du Jura produit le faisceau de protons le PLUS dense qu’il est possible de faire. C’est aussi l’endroit le PLUS froid qui soit : les fameux aimants qui provoquent les mouvements des particules sont dans un bain d’hélium « superfluide » à – 271,3°. Enfin, c’est l’endroit le PLUS vide qui soit dans le système solaire : dans les tubes de faisceaux du LHC règne « l’ultravide ». Faire le vide dans le LHC équivaut à pomper la totalité de l’air d’une cathédrale. Les informations (informatiques) produites par le LHC sont tellement importantes qu’il n’est plus possible de les stocker alors une partie des informations (jugée inutile) est détruite. Le déploiement de technologies et d’énergie pour faire fonctionner l’accélérateur de particules est colossal mais paradoxalement, l’énergie produite au moment de la collision des particules dans la « machine » est infime : de l’ordre de 1 joule ! Rien à voir avec ce qui se passe dans les centrales nucléaires au moment de la fission des atomes (qui est une destruction).
Bref, tout cela est passionnant et donne un peu le vertige. Le progrès scientifique et technique est comme le monde, infini. Mais je ne sais toujours pas ce qu’il y avait avant le big-bang, à l’origine de l’origine…
Par contre, l’idée que la particule « sacrée » soit un ciment ou une colle, me plaît bien. C’est compatible en tout cas avec la pensée (chrétienne) que notre Dieu est un Dieu de « relations »…
Vous ne croyez pas ?
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Samedi 9 novembre 2013
Amis de Murmure, bonjour à tous.
Deux petits rectificatifs pour commencer si vous voulez bien. Le nom d’Evelyne Frank (dont je vous ai parlé dans mon précédent billet) s’écrit sans « c » et l’adresse de son site internet sans «. » soit : www.evelynefrank.fr
Voilà qui devrait faciliter d’éventuelles recherches sur Internet…
Ces précisions étant apportées, revenons à la pensée de la théologienne alsacienne. Une pensée foncièrement optimiste puisqu’ Evelyne Frank trouve que le christianisme va TRÈS bien. Avouez que cette pensée n’est pas très courante dans nos milieux chrétiens plutôt enclins à se plaindre. Elle relèverait presque d’une forme de résistance… D’après la théologienne toujours, il y aurait chez les chrétiens d’aujourd’hui une inventivité qu’elle qualifie d’incroyable, « avec des choses qui n’étaient pas pensables il y a peu ». Hélas, le journaliste qui l’interviewait ne lui a pas fait préciser sa pensée et on ne sait pas à quelles « choses » elle pensait…
Entre temps, ma fille est rentrée de Berlin et elle m’a parlé du Gebetomat. Le Gebetomat est une sorte de photomaton, mais au lieu de se faire prendre en photo, on va s’asseoir à l’intérieur pour prier.
?!?!
Le Gebetomat est équipé d’un écran tactile qui permet de sélectionner la prière que l’on veut écouter, parmi un choix de 300 prières en 65 langues. Ce sont de « vraies » prières, enregistrées durant des célébrations. Elles ne s’adressent pas qu’aux chrétiens mais concernent aussi les grandes religions présentes dans les centres urbains : islam, bouddhisme, hindouisme, judaïsme, et d’autres religions encore, moins répandues.
Cette « cabine pour prier », qui a été créé par l’artiste allemand Oliver Sturm, est installée dans des lieux de passage comme les gares ou les aéroports. Il en existe pour le moment quatre, situés dans de grandes villes : Berlin, Munich, Fribourg ou encore Manchester. Les réactions des utilisateurs sont très diverses semble-t-il : curiosité, rejet, rires mais aussi recueillement.
Le service est-il gratuit ou faut-il insérer une pièce pour entendre une prière ? Je l’ignore.
En tout cas, le Gebetomat est le plus petit espace multi-religieux qui existe.
Quand Evelyne Frank parlait d’inventivité incroyable, elle pensait peut-être à cette machine insolite….
Vous iriez prier dans ce type d’endroit vous ?
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Samedi 2 novembre 2013
Amis de Murmure, bonjour à tous.
J’ai fait une rencontre intéressante cette semaine par l’intermédiaire du Nouveau Messager (ma revue protestante) avec une certaine Évelyne Frank.
Évelyne Frank est une personne intelligente, qui a longuement étudié. Elle a 3 doctorats (ça pose son homme si j’ose dire) : un en Lettres, un en théologie et un en Bible et littérature. Auxquels s’ajoute une formation psychologique et spirituelle.
Elle est la fille d’un couple mixte, catholique et réformé (qui, à Noël, avait pour habitude de toujours inviter un étranger à sa table !). Si j’ai bien compris, elle est devenue catholique mais a fait des études de théologie protestante. Son « oui » chrétien ne s’étant formé qu’à 30 ans après un détour par l’athéisme militant.
Du catholicisme, elle dit avoir reçu une grande sensibilité au symbole et à l’eucharistie. Du protestantisme, un rapport très direct au texte biblique qu’elle voit comme un « corps à corps ». A la manière de Jacob qui lutte avec Dieu.
Elle est aujourd’hui âgée de 55 ans et enseigne, en collège, le français et la culture religieuse (à Strasbourg). Elle dit avoir un grand respect pour les ados car ils ont une capacité d’intériorité très grande (je ne suis pas sûre que cette capacité intéresse beaucoup d’enseignants du secondaire actuellement). Elle respecte toujours les jeunes même si elle avoue que l’affrontement avec certains est parfois terrible.
Elle est très engagée dans sa paroisse. Donne des conférences, des lectures publiques pour enfants et adultes, et écrit : des livres de Sagesse pour quand c’est dur…
Elle vit seule. Situation qu’elle n’a pas choisie mais qu’elle a « épousée ». Seule ne voulant pas dire « isolée ». Evelyne Frank reçoit, souvent, mais une ou deux personnes à la fois, autour d’un grand vin et d’un fromage. Son appartement est petit mais aménagé avec soin. Elle n’aime pas être encombrée. Quand un objet arrive chez elle, un autre part (quelle bonne idée !).
Elle s’est résolue à apprendre à aimer la vieille dame qu’elle est en train de devenir. Elle habille ses rides de paillettes et considère ses lunettes comme des bijoux. Elle veut vivre son corps correctement alors elle fait 45 minutes de gymnastique chaque jour (ça se voit sur les photos) et veille à ses repas qui doivent être rapides mais beaux.
Sa définition de la prière : un temps d’amitié avec soi sous le soleil de Dieu (c’est ce qu’elle dit aux ados).
Celle de la psychanalyse et de la religion (penser ensemble) : deux instruments formidables pour faire en sorte que l’amour de la vie l’emporte. Deux instruments difficiles, qui résistent et qu’elle compare au violon. Mais si on s’obstine à travailler, on peut en tirer, selon elle, des sons magnifiques et personnels.
Lorsque le malheur surgit (un deuil ou autres), elle répond qu’il faut reconnaître le mal puis faire preuve d’imagination, de résistance, d’attention à chaque lueur et d’obstination. Pour elle, le Royaume de Dieu est à ce prix. Elle aime citer Luc, 16,16 : le Royaume de Dieu est pour les violents qui s’en emparent.
Evelyne Frank est une femme qui ne craint pas les combats.
(Pour découvrir ses activités et ses publications : www.evelyne.frank.fr)
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Vendredi 25 octobre 2013
Amis de Murmure, bonjour à tous
Entre midi, j’ai pris l’habitude de filer en ville pour marcher (et quelques fois faire une ou deux emplettes…) histoire de faire un peu d’exercice physique. J’ai étudié différents itinéraires, d’une durée variable : 30, 40 ou 60 minutes qui s’adaptent au temps dont je dispose.
Le circuit que je préfère (le plus long) me conduit de l’avenue Carnot à la Rodia (une salle de concerts) en passant par les bords du Doubs (magnifiques en période d’été indien). Je commence par emprunter la promenade dite des Glacis, qui relie la gare Viotte au centre-ville via les remparts de Vauban. Je la rejoins en traversant l’esplanade du Colonel Jean Maurin (un résistant de la dernière guerre). Je passe sous les deux calocèdres géants (des arbres venus d’Amérique), puis à proximité de la statue de l’homme et l’enfant (du sénégalais Ousmane Sow), et traverse l’esplanade des Glacis. Puis j’emprunte la passerelle piétonne au-dessus de l’avenue Edgar Faure qui permet de rejoindre la Tour carrée (ou Tour de Montmart). Je poursuis la promenade jusqu’à la Tour de la Pelote (le célèbre restaurant) et rejoins les quais aux bords du Doubs.
C’est sur le chemin entre les deux célèbres tours bisontines que j’ai eu la surprise de découvrir, entre les murs des remparts, un campement d’une dizaine de tentes. Un campement discret qui passerait inaperçu s’il n’y avait ces couvertures et sacs de couchages jetés sur les gardes corps des remparts qui eux, attirent l’attention (une bonne chose !). La première fois que je suis passée, le campement était désert. Mais le jour suivant, des hommes étaient présents. Des hommes jeunes pour la plupart, de type européen, aux cheveux foncés, et parlant une langue inconnue (de moi). Des albanais ? Des kosovars ? Des roms ? Je l’ignore. Le surlendemain, j’ai pu observer des familles entières, de jeunes femmes (et des plus âgées), des enfants. Les tentes étaient ouvertes. Il y avait un tricycle au milieu du campement…
?!?!
Et moi qui croyais que la ville de Besançon hébergeait tous les étrangers et les SDF ! Je crois que j’étais loin de certaines réalités…
Depuis, je me suis informée et j’ai découvert que le nombre de demandeurs d’asile avait considérablement augmenté depuis deux ans. Le nombre aurait carrément doublé depuis 2011 (375 personnes depuis le 1er janvier). La ville déclare ne pas avoir les moyens de faire face à un tel afflux et les lieux d’hébergement d’urgence sont saturés. Elle attend une intervention de l’Etat qui est responsable de l’accueil des demandeurs d’asile. La préfecture du Doubs quant à elle s’est tournée vers l’Eglise pour lui demander son aide…
L’Eglise n’a pas attendu l’appel de la Préfecture pour mettre en place tout un réseau (Secours catholique, paroisses, mouvement) et assurer le meilleur accueil possible à ces migrants.
Mais il y a toujours ces tentes aux Glacis. Preuve que des familles étrangères sont sans solution d’hébergement.
L’Eglise vient de lancer un nouvel appel début octobre. Elle cherche des « bienveilleurs » (un nouveau mot pour désigner les personnes qui s’occupent des migrants). Une réunion est prévue au Centre diocésain le mardi 5 novembre à 17h. J’ai une semaine très chargée au plan professionnel mais je vais essayer de me libérer pour y assister.
Je demanderai qui sont ces étrangers qui logent dans des tentes entre les remparts.
Pourvu que l’été indien se prolonge encore un peu…
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Amis de Murmure, bonjour à tous
Andrée est partie à Lourdes.
Je vous ai déjà parlé de cette parente. Andrée est la personne qui a appris, la veille de ses 80 ans, qu’elle était atteinte d’un cancer du poumon. Pour elle qui avait toujours été en bonne santé, l’annonce de la maladie a été un comme un tremblement de terre dans sa vie. Suivi d’un tsunami (une hospitalisation en urgence pour un œdème pulmonaire) qui a failli l’emporter. Puis d’une séparation (tout du moins pour la vie quotidienne) d’avec son époux qui est atteint de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé. Andrée a survécu à tous ces évènements, le séisme, le raz-de-marée et la séparation. Depuis, elle vit avec la maladie.
« Vivre avec » signifie « se battre contre ». Andrée a subi toute une série (impressionnante) d’examens médicaux suite à quoi une chimiothérapie lui a été prescrite. Mais Andrée a demandé aux médecins de différer le début du traitement. Pour le moment, elle privilégie les médecines dites douces : homéopathie, régime alimentaire, fasciathérapie, et prend soin de sa vie spirituelle. Entre deux rendez-vous médicaux, elle a saisi l’opportunité (suite au désistement d’un pèlerin) de pouvoir monter dans un train pour Lourdes où elle a séjourné 4 jours.
A l’annonce de ce pèlerinage, l’un de ses petits-fils (un scientifique à l’esprit rationnel) s’est enquis, sur Internet, du nombre de guérison qui ont eu lieu à Lourdes : 69 seulement, dont 80% de femmes ! Ce chiffre m’a surprise. J’imaginais qu’il y en avait beaucoup plus (et autant d’hommes que de femmes…).Bon, c’est 69 guérisons reconnues (par les Evêques suite à de longues enquêtes) sur 7000 demandes de reconnaissances, tout de même. Cela veut dire que 7000 personnes se considèrent guéries suite à leur passage à Lourdes, auxquelles il faut ajouter les personnes qui n’entreprennent pas de démarche de demande de reconnaissance. Finalement, ça fait beaucoup de guérisons quand on y réfléchit. Une fois les recherches sur Internet achevées, plus personne dans l’entourage d’Andrée n’a employé le mot « guérison », mais tout le monde l’espère très fort à commencer par la malade…
La petite fille d’Andrée, elle, s’est enquise du programme du séjour à Lourdes de sa grand-mère et de ses conditions d’hébergement. La réponse a été sans grande surprise ce coup-ci : messe quotidienne le matin, temps de prière, promenades et repos les après-midis. Les hôteliers ont été très accueillants et les deux dames avec qui Andrée partageait sa chambre, charmantes. Andrée a été frappée en revanche et attristée surtout par les dégâts causés par la crue du Gave qui a endommagé le sanctuaire en juin dernier. Elle connaît bien les lieux pour s’y être rendue de nombreuses fois en tant qu’accompagnatrice de malades (on dit « hospitalière » je crois). Elle a pu comparer…
Quant à moi, j’ai reçu une carte postale de la malade qui a trouvé le temps et surtout la force d’écrire à tous ses (nombreux !) proches. Sur la carte (une photo de la Basilique-illuminée-à-la-tombée-de-la-nuit) ce bref message étonnamment jeune dans sa formulation : « 4 jours merveilleux, avec l’impression d’être sur une autre planète ! ».
Lourdes est donc une autre planète, où l’on est heureux. Je commence à comprendre pourquoi les catholiques vont là-bas…
Depuis qu’Andrée est allée à Lourdes, je m’interroge. Pourquoi plus de femmes sont guéries là-bas que d’hommes ? Je me demande aussi quelle démarche spirituelle j’entreprendrais si je tombais gravement malade…
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Vendredi 11 octobre 2013
Amis de Murmure, bonjour à tous
Lors de la participation à une commission diocésaine, j'ai eu l'occasion, et surtout la joie, de rencontrer Aurélie. Je sais peu de choses sur cette jeune et charmante jeune femme. Je crois savoir qu'elle est mariée, qu’elle a de jeunes enfants et qu’elle est très engagée dans l'Eglise. Elle n'hésite pas à faire de nombreux kilomètres pour participer à toutes sortes d'activités ecclésiales, y compris en soirée et y compris par mauvais temps.
Aurélie est également musicienne. Pianiste de formation nous a-t-elle expliqué et surtout joueuse de cithare. Là, c'est beaucoup moins courant, avouez-le. Même si la pratique de cet instrument connaît un certain renouveau – l'Abbaye Saint Benoît d'En Calcat dans le Tarn en aurait fabriqué plusieurs milliers depuis 30 ans et en aurait diffusé dans plus de 70 pays !- il est rare d'avoir une personne qui pratique cet instrument dans son entourage...
En nous présentant sa cithare (un très bel instrument vraiment) et tout en nous expliquant ses caractéristiques au plan musical, elle nous a raconté que cet instrument l'avais « sauvée » (c’est tout du moins ce que j’ai cru comprendre…). De quoi, elle ne l'a pas précisé mais elle nous a expliqué que, avec sa cithare, elle s'était autorisée à composer (autrement dit à créer...) ce qu'elle ne pouvait pas faire au piano. Etonnant non ?
J'ai découvert ce soir là, qu'on pouvait être sauvé par la pratique d'un instrument de musique. Et dans la foulée, ce qu'était la prière d'un psaume accompagnée par cet instrument particulier. Vous ne serez pas surpris si je vous dis que ça change tout... la qualité d'écoute, le relief du texte, l'inspiration. La louange a une toute autre résonance.
En fait, Aurélie n’a pas qu’un talent musical (ce qui est déjà beaucoup). Elle est aussi très attachée à la lecture de la Bible. Elle lit la Bible et elle l’étudie. Du coup, ses compositions à la cithare sont très inspirées et ses interprétations lors de la prière des Psaumes apportent un plus, comme un surcroît de joie et surtout, elle rend la lecture des Psaumes vivante.
Si la découverte de la prière des psaumes accompagnée à la cithare vous intéresse, vous pouvez encore vous inscrire à la prochaine journée biblique diocésaine (du diocèse de Besançon) qui a lieu le 23 novembre prochain. Aurélie y sera présente et animera un atelier. Ou encore, vous pouvez participer à la prochaine session du Buisson ardent intitulée « Connais-toi toi même » organisée à l'Abbaye Notre Dame de Cîteaux (près de Dijon) les 26 et 27 octobre prochain. Aurélie y donnera deux concerts (des lectures spirituelles accompagnées à la cithare) dans la journée du dimanche.
Et vous, vous avez déjà eu l'occasion d'entendre jouer de cet instrument, très inspiré ?
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Mercredi 2 octobre 2013
Amis de Murmure, bonjour à tous
J’espère que, depuis la semaine dernière, vous avez eu l’occasion de découvrir les portraits-vidéo des Héros Imagines sur le site (Projet Imagine) fondé et animé par la présentatrice TV Frédérique BEDOS (dont je vous ai parlé la semaine dernière).
Et que vous avez pu découvrir la vie et les projets de Jean-Guy Henckel (les jardins de Cocagne), de Dominique Pace (Biblionef), Jean-Pierre et Marie-Anne Kuhn (une famille d’accueil pas ordinaire), ou encore ceux de Ryadh Sallem (un utopiste, sportif de haut niveau, organisateur de rassemblements et « accessoirement » handicapé). Ces portraits-vidéo sont de vrais remèdes (efficaces !) contre toutes les formes de morosité ou de défaitisme.
En fait, j’ai découvert en lisant la dernière lettre de la CCFB (la Conférence catholique des Baptisé-e-s de France) que je viens de recevoir, que la démarche de Frédéric Bedos correspondait à un nouveau ministère dans l'Eglise, recommandé par la CCFB, le ministère de la Bénédiction. Voici comment la CCFB définit ce ministère: il s'agit, sans se lasser (la précision est importante, elle sous-entend qu'il faut résister à certaines choses comme le découragement, la lassitude ou l'amertume peut-être...), il s'agit donc, sans se lasser, de reconnaître ce qui se fait de bon, de beau, dans le monde: les actes d'amour, de générosité, de compassion, de pardon, de partage. Tout simplement voir Dieu à l'œuvre et le louer.
Eh bien c'est exactement ce que fait Frédérique Bedos en produisant ses moyens métrages sur les héros Imagine. Elle va même au delà de la simple reconnaissance préconisée par la CCFB puisque sa démarche vise, en plus à diffuser et à faire connaître au plus grand nombre ce qui se fait de bon et de beau dans le monde.
C'est vraiment un très beau ministère, dont notre monde d'aujourd'hui a besoin.
Vous ne croyez pas ?
En tout cas, moi j'adhère à 100% à l'idée de développer ce ministère dans l'Eglise...
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Mercredi 25 septembre 2013
Amis de Murmure, bonjour à tous,
Ce sont deux haïtiennes qui ont successivement attiré mon attention ces temps-ci.
Lundi dernier, en regardant le 19/20 de FR3 Franche-Comté, j'ai découvert l'histoire de Misharéna Conserve (reportage toujours visible sur le site de FR3 Franche-Comté). Misharéna est une jeune fille d'une quinzaine d'année qui vient d'arriver en France, près de Baume-les-Dames, dans une famille d'accueil. Elle est atteinte d'une tumeur à la mâchoire, et va être opérée (gratuitement) cette semaine, au CHU de Besançon par le professeur Christophe Meyer. Comme les soins et les billets d'avion depuis Haïti ne sont pas gratuits eux, elle bénéficie de toute une chaîne de solidarité qui s'est mise en place via des réseaux catholiques et l'ONG Pharmacie humanitaire internationale. Budget de l'opération : 7000 euros.
Misharéna est très croyante et n'hésite pas à évoquer sa foi et ses convictions devant les journalistes. On la voit d'ailleurs, pendant le reportage, assister à une messe célébrée par l'Archevêque de Besançon, André Lacrampe. Elle est interviewée devant une église et évoque « le bouquet spirituel » qu'elle offrira à son retour à Port-au- Prince. Comprenez une messe de reconnaissance pour ce qu'elle nomme un « petit miracle ». Car c'est ainsi qu'elle considère l'opération chirurgicale qu'elle va subir et qui va la sauver (la tumeur est si développée, qu'elle ne peut plus manger que des aliments liquides...). Quand on l’interroge sur son avenir, Misharéna explique qu’elle veut devenir… médecin, évidemment. Pour soigner les malades dans son pays.
La veille, Dimanche, en regardant le Jour du Seigneur sur France 2, j’ai redécouvert une autre (franco) haïtienne, plus connue elle, parce qu’ancienne animatrice TV, il s’agit de Frédérique BEDOS. Elle a tout d’abord raconté au journaliste qui l’interviewait, sa conversion. Etonnante. Jésus-Christ lui a parlé via un religieux qu’elle a rencontré (un dominicain de mémoire). Mais le plus surprenant n’est pas dans ce récit de conversion mais dans le projet qu’elle a mis en œuvre depuis et qui porte le nom de Projet Imagine. Projet Imagine met en lumière, via un site internet qui porte ce nom, la vie et les actions de héros anonymes. Des inconnus du grand public et dont la presse nationale ne parle pas, qui ne prétendent pas être exemplaires mais qui ont bien décidé d’AIMER. Envers et contre tout si nécessaire…
Cette interview ayant piqué ma curiosité, je n’ai pas attendu la fin de l’émission pour visiter le site de Frédérique Bedos. Et là, surprise, le premier reportage sur lequel je suis tombée en naviguant dans la rubrique « Héros Imagine » est celui d’un héros (pas tout à fait) anonyme franc-comtois : Jean-Guy Henckel, le fondateur des Jardins de Cocagne. Je connaissais les fameux paniers de légumes et le projet social de réinsertion de l’association, mais pas l’histoire de ce réseau ni celle de son fondateur. Passionnant. Et surtout enthousiasmant, tout comme l’histoire de Dominique Pace, un autre héros (une héroïne en fait) Imagine et de Biblionef. On n’en ressort pas forcément avec la foi en Dieu, mais avec la foi en l’homme sûrement… Et en cela, ça fait du bien.
Vraiment, je vous recommande de regarder les portraits (vidéo) des Héros Imagine.
Ces deux haïtiennes sont vraiment formidables, vous ne trouvez pas ?
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Samedi 14 septembre 2013
Amis de Murmure, bonjour à tous,
C'est mon fils qui m'a étonnée cette semaine.
Sa grand-mère (90 ans dimanche prochain) lui a demandé de choisir dans sa bibliothèque, les livres qui lui plaisaient, pour les emporter. Elle prépare en effet son prochain départ en Foyer-logement et elle liquide (c'est son expression...) ses livres ainsi que divers objets qu'elle ne pourra pas entreposer dans son nouvel appartement (très petit).
Mon fils (20 ans) a balayé rapidement du regard les rayonnages de la bibliothèque. Son regard a survolé les romans, essais, livres de poche, guides touristiques, guides culinaires et de bricolage, cartes routières, pour s'arrêter sur une petite collection de 7 livres à la couverture blanche bordée d’un liseré doré (Edition Le grand livre du mois).
« J'emmène ça » a-t-il dit, en prenant sous le bras les 7 ouvrages, qu'il a déposés quelques heures plus tard dans MA bibliothèque, la sienne étant pour le moment encombrée de BD, Manga, manuels universitaires. Dans cette collection, j'ai découvert qu'il y avait : l'Hindouisme (le Mahabharata, la Bhagavad Gîtâ, les Sept Upanishads), le Taoïsme (Tao-tö king, L'Œuvre complète de Tchouang-tseu et le Vrai Classique du vide parfait), les Fleurs de Bouddha, Les Entretiens de Confucius, Le Livre des morts des anciens égyptiens (!), le Coran et la Bible. J'en déduis que mon fils, très éloigné pour le moment de toutes pratiques religieuses, a l'intuition que ces ouvrages de spiritualité auront, un jour, un intérêt pour lui...
Je pensais à lui, hier après-midi, alors que j'étais avec la commission biblique diocésaine à laquelle j'appartiens, reçue par le conseil épiscopal pour présenter nos travaux. Notre commission doit en effet réfléchir à comment mettre en œuvre le premier appel prioritaire retenu par notre Diocèse, à savoir « se recentrer sur la Parole de Dieu pour transfigurer nos vies ». Dit autrement : lire (étudier, méditer, prier...) un peu plus la Bible...
J'ai défendu l'idée que notre Église diocésaine devait, avant toute chose (développer des ateliers bibliques, former des lecteurs, créer des outils etc...) envoyer un signal clair et surtout audible (pour un jeune de 20 ans par exemple), comme quoi il était bon et bien de lire la Bible, que c'était chrétien. Le tout en langage courant, et pas en langage d'initiés du genre: se mettre à l'écoute de la Parole, lire la Parole, fréquenter et actualiser la Parole...langage que mon fils ne comprendra pas (je ne suis pas sûre qu’il fasse le lien : écouter la Parole = lire la Bible). A l'inverse, si on lui dit que lire la Bible (un livre qu'il a maintenant dans sa bibliothèque à côté du Coran), c'est bon, que ça peut lui apporter un plus dans sa vie, il entendra le message. Et peut-être que dans quelques temps, il l’ouvrira.
L'Église diocésaine fait de gros efforts financiers pour des campagnes d’information sur le Denier de l'Église. Je comprends car c'est vital pour elle. Si c'est vital de lire la Bible (et de, en langage plus religieux, se nourrir de la Parole de Dieu ...), alors il faut faire le même effort de communication.
Vous ne croyez pas ?
Amicalement, comme toujours.
Catherine
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Vendredi 6 septembre 2013
Amis de Murmure, bonjour à tous,
Comme l’a laissé sous-entendre Léon dans sa lettre de rentrée, mes vacances ont été mouvementées.
Des soucis pour des êtres aimés, je m’en suis fait !
Pour Andrée, tout d’abord, dont je vous ai déjà parlé et qui est atteinte d’un cancer du poumon. Andrée a été hospitalisée la nuit du 31 juillet, pour un double œdème cœur-poumon. Elle s’étouffait. Heureusement pour elle, elle habite à 5 minutes de l’hôpital Louis Mathieu de Nancy, qui est LE centre lorrain de soin du cœur et des vaisseaux, un hôpital ultra moderne. Placée en soins intensifs, Andrée a séjourné 12 jours dans cet hôpital, puis est rentrée chez elle, sauvée, guérie des œdèmes (hélas pas du cancer), mais affaiblie.
Durant ces 12 jours, il a fallu prendre en charge l’autre André, le conjoint d’Andrée (depuis 61 ans), atteint lui de « troubles cognitifs d’origine vasculaire ». On savait l’atteinte sérieuse. L’absence d’Andrée nous a fait prendre conscience de la lourdeur du handicap et de la gravité de la situation. A sa sortie de l’hôpital, Andrée ne pourrait plus assurer les soins de son conjoint. Elle nous a alors demandé de trouver un lieu d’accueil pour son mari, où il pourrait être soigné et où elle pourrait lui rendre visite tous les jours.
Nous avons donc démarché les différentes structures d’accueil pour personnes âgées dépendantes, préparé André à son départ et l’avons accompagné dans sa nouvelle « maison ». Le jour du placement en établissement, il s’est passé quelque chose de très étonnant. André a retrouvé une partie de sa lucidité pendant quelques heures. J’étais à ses côtés lors de son installation à la maison de retraite. Il a profité d’un moment d’absence de deux de ses enfants (accaparés dans un bureau par les démarches administratives), pour s’adresser à moi, dans des termes très clairs et compréhensibles (très différents des habituels baragouinages) et me poser cette drôle de question : si tu étais à ma place, là, maintenant, qu’est-ce-que tu ferais ? L’image de la fuite m’a traversé l’esprit. C’est probablement ce à quoi il pensait lui aussi… Totalement prise au dépourvu, j’ai reformulé la question (pour me donner le temps de réfléchir). Seigneur, me suis-je dis, qu’est-ce que je vais lui dire ??? Alors me sont venus ces mots : je lui ai dit que je ferais confiance aux personnes qui étaient là pour s’occuper de moi. Il a fallu répéter dix fois le mot « confiance », car André a d’abord compris « conscience ». Mais j’ai tenu bon, jusqu’à avoir la certitude que l’on se soit bien compris, et qu’il répète le mot « confiance ».
Quand ce fut le cas, un petit miracle s’est produit. Une sorte d’ange est apparu en la personne de Lisa, une toute jeune femme au teint mat et aux cheveux bruns magnifiquement bouclés. Avec un large sourire, elle s’est présentée à André en tant qu’A.M.P (aide-médico-psychologique). Elle lui a serré la main, lui a expliqué qu’elle rentrait de promenade, et a demandé à André s’il aimait marcher. Comme André a dit « oui », ils ont convenu d’aller en promenade ensemble dès le lendemain. Et que d’ici là, ce serait elle qui s’occuperait de lui pour le repas, la toilette et le coucher. André était visiblement ravi et a immédiatement emboîté le pas de la jeune femme en me laissant en plan sur une chaise, là, au milieu du jardin.
Heureusement, cet été, les jardins étaient beaux, chauds et lumineux…
Amicalement comme toujours.
Catherine
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Vendredi 30 août 2013
Amis de Murmure, bonjour à tous,
Heureuse de vous retrouver sur Murmure, cette année encore, pour ce billet (normalement) hebdomadaire. Heureuse aussi d’accueillir un nouveau rédacteur pour notre site en la personne de mon ami Gilles, qui est prêtre et qui assurera, dès la semaine prochaine, une homélie par mois.
Dans mon dernier billet avant les vacances, j’évoquais la prière d’une religieuse, Odette Prévost. Or, certains parmi vous, souhaitaient en savoir plus à son sujet. En fait, Sœur Odette a eu un parcours de vie et de foi similaire à celui des moines de Tibhirine : don total de soi et de sa vie à un peuple ami (l'Algérie). Comme les moines, elle parlait l’arabe, rendait des services à la population locale, priait pour et avec les musulmans. Elle a été assassinée 6 mois avant les frères (le 10 novembre 1995). Le jour de sa mort, elle portait sur elle une « prière » (un message, en fait, adressé non pas à Dieu mais directement au lecteur). J’ignore si elle en est l’auteur, mais je la trouve très belle. D'ailleurs, je crois qu’elle peut nous accompagner en cette période de « rentrée ».
Voici, la prière dans son intégralité.
Vis le jour d’aujourd’hui,
Dieu te le donne, il est à toi.
Vis le en Lui.
Le jour de demain est à Dieu
Il ne t’appartient pas.
Ne porte pas sur demain
le souci d’aujourd’hui.
Demain est à Dieu,
remets le lui.
Le moment présent est une frêle passerelle.
Si tu le charges des regrets d’hier,
de l’inquiétude de demain,
la passerelle cède
et tu perds pied.
Le passé ? Dieu le pardonne.
L’avenir ? Dieu le donne.
Vis le jour d’aujourd’hui
en communion avec Lui.
Et s'il y a lieu de t'inquiéter pour un être aimé,
regarde-le dans la lumière du Christ ressuscité.
Bizarrement, la dernière phrase disparaît parfois dans certaines présentations du texte, y compris celle que propose le Diocèse de Châlons-en-Champagne (qui est celui dont est originaire Odette Prévost) sur son site internet. C’est regrettable je trouve, car c’est ce dernier passage qui donne toute la dimension chrétienne à ce texte…
Vous ne trouvez pas ?
Bonne reprise à vous et à bientôt.
Amicalement, comme toujours.
Catherine
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