LES ETONNEMENTS DE CATHERINE (du 10 janvier au 27 mars 2005)
Lundi 10 janvier 2005
Chers amis de la toile, voici une BONNE NOUVELLE !
L'esprit Saint a soufflé tout ce qu'il a pu aujourd'hui sur ma paroisse.
C'était l'agitation des grands jours. Et moi j'ai vécu un grand moment de bonheur en découvrant 2 mots sur la feuille qui circulait entre les participants de la réunion à laquelle j'assistais : ACCUEIL EUCHARISTIQUE.
Mais il faut que je vous raconte d'abord…
Tout a commencé il y a 2 mois environ par un coup de téléphone à la maison. A l'autre bout du fil, Christelle, une inconnue, qui me contactait pour me proposer d'animer avec elle la messe de la semaine dite de l'unité des chrétiens. J'ai dit oui bien-sûr et j'ai rencontré Christelle, une jeune femme dynamique, maman de 3 adorables petites filles et catéchiste débutante. Christelle trouve que les messes de notre paroisse ne sont pas assez vivantes d'où son idée d'animer avec les enfants la messe de l'unité des chrétiens puisque ce thème est au programme de son année de caté. Excellente idée, à laquelle j'ai tout de suite adhéré.
Seulement, lorsque nous avons commencé nos préparatifs, j'ai découvert que Christelle ignorait quasiment tout des autres religions chrétiennes (elle est catholique), des divisions entre chrétiens et donc de l'œcuménisme…Alors, j'ai pris le temps d'expliquer ; je lui ai parlé de ce que je connaissais le mieux, le protestantisme, en essayant de lui donner quelques repères historiques, théologiques, religieux. Au bout d'une heure, elle m'a tout à coup demandé si je croyais en Jésus-Christ ?!?! Je lui ai alors redit le sens du mot " chrétien " et lui ai fait ma " profession de foi ". Du coup, elle voulait se " convertir " au protestantisme !?!? Alors là, j'ai éclaté de rire ; elle aussi…
Puis nous nous sommes revues pour préparer la liturgie : choix des chants (elle en connaît plein et des chouettes), choix des prières, animations avec les enfants, répartitions des tâches avec les autres catéchistes et participants etc…
Tout était presque prêt lorsque j'ai reçu une invitation du relais paroissial voisin : mon amie Jeanne (une presbytérienne américaine mariée à un catholique) recevait chez elle 2 pasteurs invités par son relais, notre prêtre et des membres de la paroisse pour préparer la même célébration ?!?! Ne pouvant être présente à cette réunion, j'ai envoyé Christelle. Et ce soir, elle m'a raconté : que la réunion avait été formidable ; qu'elle avait senti l'appréhension des participants quand il avait fallu aborder le sujet délicat de la communion ; qu'il avait été question d'un simple " partage de la parole " mais qu'elle avait " naïvement " mis les pieds dans le plat en demandant pourquoi il n'y aurait pas de communion et que du coup, les pasteurs (un réformé et un évangélique) avaient expliqué ce qu'était la communion pour eux. Mis en confiance, les catholiques présents ont alors proposé cet " accueil eucharistique " au moment de la célébration, c'est à dire la possibilité aux protestants de venir communier avec eux. Formidable !
Jeanne que j'ai croisée le soir n'en revenait pas, et nous avons partagé notre joie car c'est une chose de communier en catimini en jouant sur sa double appartenance religieuse, cela en est une autre que de voir ses frères protestants accueillis " officiellement " par une assemblée catholique, dans toute leur différence mais au nom de leur foi en Christ…
Puis la nouvelle s'est diffusée pendant la réunion des catéchistes et j'ai été interpellée pour expliquer " la différence " entre catholiques et protestants (on ne me demande jamais d'expliquer les ressemblances…) en ce qui concerne la communion. Alors j'ai cité le verset biblique (une fois n'est pas coutume) où Jésus dit " Ceci est mon corps donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi " et j'ai expliqué que les catholiques mettaient l'accent sur la première partie du verset et les protestants sur la deuxième. J'ai pu constater que le fait de tous se retrouver dans un même verset, RASSURAIT les gens. Parce qu'il est d'abord question de ne plus avoir peur les uns des autres en apprenant tout simplement à ce connaître…
Cet accueil eucharistique, c'est une BONNE NOUVELLE, vous ne trouvez pas ?
Bon début d'année à vous.
A bientôt
Catherine
Lundi 24 janvier 2005
Chers amis internautes,
Cher Rémi,
Je rentre de l'EDM, comprenez l'Ecole des ministères (catholiques). J'ai pris goût à me rendre régulièrement à cette école et mes enfants aussi, à tel point qu'ils pensaient que " ça allait durer toujours " comme ils m'ont dit et ils ont été très déçus lorsque je leur ai annoncé qu'il ne restait plus que 2 week-ends.
Rémi à qui je m'adresse en même temps qu'à vous, est prêtre. Il est l'un des piliers de l'EDM. Il est aussi un homme de consensus et un homme doux. Il me rappelle le père Jean-Pierre, le curé de mon village, qui m'accueillait toujours les bras ouverts lorsque enfant, j'allais sonner chez lui au presbytère. Je lui vendais des timbres pour les sanatorium de l'école publique (laïque). Il m'en achetait plein, plus qu'aux autres enfants qu'il côtoyait au caté. Du moins, c'est ce que je croyais…
Rémi, donc, alors que nous étions attablés avec plusieurs autres élèves de l'EDM autour d'une choucroute (c'est pas mon plat préféré…) m'a posé une question terrible : " mais, toi, Catherine, qu'est ce que tu es ? " sous entendu quelle est ta religion ?
?!?!
Rémi, me demander de quelle religion je suis, c'est un peu comme demander à une personne bilingue franco-allemande par exemple, quelle langue elle parle. Elle répondra certainement que cela dépend du lieu où elle se trouve et des personnes avec qui elle est. En matière de religion, c'est pareil pour moi. Je parle dans une langue religieuse ou une autre selon les lieux où je me trouve et surtout les personnes avec lesquelles je suis.
Ceci dit, je " pense " dans ma langue maternelle qui est le protestantisme et, lors de certaines discussions avec des catholiques, je dois avoir un fort accent qui ressort ; je m'en rends compte en général à l'étonnement que manifestent ceux qui m'écoutent.
En fait, la question de Rémi tombait bien, ce week-end là, justement consacré aux différents ministères dans l'Eglise. A l'aide du témoignage de plusieurs personnes diversement engagées dans l'Eglise (prêtres, religieuses, laïcs missionnés), nous devions, nous les élèves, essayer d'envisager (entre autres choses) quel pourrait être notre ministère et comment on pourrait le vivre. Et on peut se demander à juste titre, et je me le suis demandé à plusieurs reprises, quel peut bien être le ministère d'une protestante au sein de l'Eglise catholique ?!?!
Eh bien, il a fallu que j'attende l'ultime intervention du dimanche après-midi pour commencer à voir clair, en écoutant Gilles qui nous a donné un éclairage biblique. Je me retrouvai tout à coup dans un univers familier (la bible est pour un protestant, SA référence), avec saint Paul qui énonçait dans ses épîtres les différents dons possibles des disciples. Dont celui d'enseigner. D'enseigner le contenu du message biblique. Je me suis dis tout à coup que j'étais, je crois, capable d'enseigner ce message (au moins au niveau de l'inititiation). Et pour dispenser cet enseignement, peu importe, je pense, que l'on soit catholique ou protestante et que l'on soit dans l'une ou l'autre des communautés.
Bon, concrètement, je ne sais pas encore ce que je vais faire. A moins que je commence par répondre aux sollicitations de Véronique, Claudine ou Christian qui me demandent souvent, en réunion, par exemple, de leur " expliquer " comme ils disent, les textes bibliques. Je me suis souvent demandé, pourquoi ils m'interpellaient moi…
Bonne semaine à vous,
Catherine
oOo Dimanche, 6 février 2005,
Bonjour les amis internautes,
Ils sont étonnants, nos vieux philosophes !
Je ne sais pas ce qu'ils ont tous, en ce moment, à vouloir attribuer les persécutions ou les violences que l'homme commet, à son "animalité".
Il y a quelques jours, c'était Léon, qui faisait référence à cette notion en évoquant la barbarie nazie. Et ce matin, c'est le philosophe René Girard, qui, dans une interview, explique que l'épisode du sacrifice d'Abraham dans la bible est " le passage de l'animal à l'homme ", parce que " c'est à partir de cet épisode que la Bible va vers moins de sacrifices, moins de violences ".
?!?!
Ces propos sont quand même très étonnants !
Le comportement d'Abraham n'a rien de celui d'un animal, (rien que par le fait qu'il fasse des sacrifices, justement) et ses ancêtres ne sont pas plus des animaux. Je ne crois pas en l'animalité de l'homme. Je ne pense pas que l'homme ait été un jour, un animal. Il a toujours été " homme ", un homme différent de l'animal justement. Ce qui n'interdit pas l'idée d'une évolution de l'homme…
Et même, en admettant que l'homme ait été un animal, ça n'explique rien du tout : vous avez déjà vu un animal en " sacrifier " un autre, comme les anciens sacrifiaient des animaux ?
Bon, je critique, c'est facile. Expliquer le mal, son origine, ses causes est un exercice périlleux. Rassurez-vous, je ne vais pas m'y aventurer, j'en suis bien incapable, d'autant plus que je pense que le mal ne s'explique pas, justement. Il est inhérent à notre condition humaine, il fait partie de nous et s'exprime dans nos comportements, bien humains. Enfin, si, il peut s'expliquer, mais pas se justifier, plus précisément. Et sûrement pas, comme le fait René Girard et bien d'autres, en justifiant le mal en référence à une volonté de Dieu. Là, c'est carrément l'horreur ! Et pourtant voilà, ce que dit le philosophe : " Le mal à l'œuvre dans le monde est la preuve que Dieu a réussi à faire de nous des êtres libres " ?!?! Oui, bien-sûr, l'homme choisit de faire ou non le mal, dans une certaine mesure, et la souffrance est souvent le prix de la liberté, mais sûrement pas de la volonté (directe ou indirecte) de Dieu ! Du moins, j'ose l'espérer. Moi, je suis incapable de me tourner vers un Dieu qui aurait tant soit peu avoir affaire avec le Mal, et dont le projet " éducatif " pour l'homme serait de le rendre souffrant parce que libre. J'ose espérer que notre Dieu, est complètement EN DEHORS du Mal et qu'en aucune manière il le justifie.
Moi, je comprends mieux le Mal avec les écrivains. Je viens d'achever la lecture d'un ouvrage très sombre, mais qui a du succès, et qui traite justement de cette question. Dans " Les âmes grises ", le Lorrain Philippe Claudel nous livre, sur fond d'enquête policière (haletante), une galerie de portraits étonnants, du plus blanc au plus noir, en passant par toute une gamme de gris (les plus nombreux), justement, et où l'on voit bien comment une même personne peut être tour à tour persécutrice et victime.
Après la lecture d'un tel ouvrage, on se sent moins seul tout à coup, avec ses propres grisailles, c'est un peu comme quand on lit saint Paul, en se souvenant qu'il a d'abords été un persécuteur, avant d'être un grand apôtre…
J'aime beaucoup saint Paul, rien que pour ça.
A bientôt
Catherine
oOo Lundi 14 février 2005
Chers amis internautes,
Chers Valentins et Valentines, bonne fête,
Ils m'étonnent parfois, mes amis catholiques.
Sophie, une amie, se passionne pour l'étude de la bible et en particulier, pour l'Ancien Testament. Cette jeune femme, infirmière de métier, qui élève 3 petits enfants et qui aménage une maison à peine sortie de terre, trouve l'énergie pour suivre, par correspondance, des cours sur l'Ancien Testament. Elle lit, étudie studieusement, rédige des " devoirs ". A l'issue de cette formation qui s'étale sur 2 ans, elle aura un certificat.
Tout près de chez elle, il y a Alain, un catéchiste dévoué et dynamique auprès de qui les jeunes enfants aiment se retrouver. Alors, Alain, c'est le contraire. Il n'aime pas du tout l'Ancien Testament, il veut le supprimer des lectures de la messe dominicale, comme beaucoup d'autres d'ailleurs veulent le faire. Je le soupçonne d'éliminer ces vieux textes comme il dit, de sa catéchèse. C'est sans grande importance vu le jeune âge des enfants qu'il accueille et avec qui il vaut mieux partager une expérience, un témoignage de foi comme l'explique Alain, et s'en tenir aux Evangiles.
Ce qui me surprend le plus, c'est que, parmi ceux de la paroisse qui veulent supprimer l'Ancien Testament des lectures dominicales, on trouve les passionnés de généalogie qui passent des heures à faire des recherches sur leurs ancêtres. On trouve également les passionnés de la sauvegarde du patrimoine religieux qui va du calvaire délabré du bord de route à la vielle chapelle du XIIIème en passant par les chasubles brodées du XIXème.
A ceux là, je pose la question :
Et si l'Ancien Testament faisait partie de la " généalogie " de notre foi ?
Et s'il faisait partie de notre patrimoine spirituel comme les vieilles pierres et les vieilles étoffes font partie de notre patrimoine religieux ?
Comment comprendre les évangiles, du moins certains passages, sans connaître l'Ancien Testament ?
Comment suivre la pensée (souvent géniale) de l'Apôtre Paul (dont les lettres auraient tendance à passer à la trappe avec l'Ancien Testament) sans référence à l'Ancien Testament justement ?
Ça me paraît difficile.
On me rétorque que les hommes de l'Ancien Testament sont d'un autre temps, dépassé, et qu'ils sont violents. Or, le sont-ils plus que l'homme d'aujourd'hui ? J'en doute.
On me rétorque aussi que le Dieu de l'Ancien Testament est effrayant, guerrier, vengeur. C'est vrai, dans certains passages. Mais ce visage de Dieu évolue, justement, au fil des pages et des témoignages pour devenir apaisant, proche, personnel, de plus en plus aimant.
C'est l'évolution et la diversité des témoignages de foi qui sont intéressants de découvrir et qui peuvent dire quelque chose à l'homme d'aujourd'hui, confronté lui aussi, à un environnement souvent hostile et à une existence difficile. D'ailleurs, on peut lire l'Ancien Testament, rien que pour rejeter les uns après les autres, les visages de Dieu qui sont suggérés et pour en façonner un autre, meilleur, peut-être.
Notre foi chrétienne d'aujourd'hui trouve ses racines dans cet héritage qu'est l'Ancien Testament. Et je pense que ce n'est pas une bonne idée que de se couper de ses racines. Pour avoir des ailes qui nous portent vers l'avenir (de notre Eglise en autres), encore faut-il savoir d'où l'on vient, et d'où vient cette foi qui nous porte. Elle a une histoire dans le temps et dans l'espace qui s'inscrit dans celle d'un peuple (le nôtre à tous). Elle ne tombe pas du ciel.
" Pour vivre debout et avancer, il nous faut des racines, c'est à dire une identité, une culture. Mais il nous faut aussi des ailes, c'est à dire une ouverture sur le monde, un projet, une utopie. N'avoir que des racines, c'est se recroqueviller sur soi ; n'avoir que des ailes, c'est se donner un destin de feuilles mortes. " J'adhère complètement à ce point de vue qui est celui du célèbre créateur et présentateur de l'émission " Des racines et des ailes ", Patrick de Carolis. Et je crois que ce qui est vrai pour le patrimoine culturel ou religieux, l'est aussi pour le patrimoine spirituel. Enfin, il me semble…
J'adore l'émission Des racines et des ailes. C'est le jeudi soir sur France 3.
A bientôt.
Catherine
oOo Mercredi 23 février 2005
Bonjour aux amis internautes,
Et à tous les anciens et actuels élèves de l'Ecole des ministères,
Je commençais à vous écrire pour vous parler d'amour, conjugal, entre autres choses, (ça sera pour une autre fois) lorsque j'ai reçu un courriel de l'Ecole des ministères m'informant du thème retenu pour le prochain week-end. Il s'agit de " l'Agir des chrétiens dans le monde de ce temps ". Bien. Le sujet paraît plutôt intéressant.
L'annonce du thème était suivie ensuite de 4 questions précises auxquelles je suis invitée à réfléchir en vue de ma participation au stage.
J'ai tout à coup eu envie de partager ce questionnement avec vous. Il y a de quoi se creuser les méninges, vous allez voir.
* 1ère question : Quels sont les rapports entre la foi et la morale ?
?!?!
Alors là, c'est le grand vertige. Je me suis revue, 20 ans en arrière, en classe de philo au lycée Georges de la Tour à Metz, en train de plancher 4 heures durant sur ce genre de question. Et je me suis souvenu tout à coup du charmant monsieur qui nous (36 filles dans ma classe, pas un garçon, pourtant le lycée était mixte) enseignait 8 heures par semaines la philo et que nous appelions " le curé " parce qu'il s'habillait toujours de la même façon et en sombre. Des souvenirs donc mais pas de réponses claires et évidentes à la question posée, à moins qu'il n'y ait pas trop de rapport entre la foi et la morale justement et contrairement à ce que l'on pense spontanément ?
Léon, lui, a certainement des idées sur la question…
* 2ème question : Comment lire les documents du pape et des évêques ?
?!?!
Je découvre, non sans surprise, qu'il y a une manière particulière de lire les documents du pape et des évêques. Je croyais naïvement qu'ils se lisaient de la même manière que tout autre écrit (article de presse, ouvrage…), c'est à dire avec intelligence, discernement et esprit critique. Or apparemment, il faut être initié à la lecture de ce type de texte. Surprenant, non ?
* 3ème question : Comment prendre une décision éthique ?
Second vertige, presque aussi grand que le premier. Sauf que là, il y a quand même une réponse qui m'est venue à l'esprit sous la forme d'une expression. C'est l'expression " en mon âme et conscience ", autrement dit librement (parce qu'un chrétien est un homme libre, avant tout). Mais que sont l'âme et la conscience ?
En philo, pour se tirer d'affaire, on a toujours la solution de produire un nouveau questionnement…
* 4ème question : Et le péché, finalement, qu'est ce que c'est ?
J'ai aimé le " finalement ". L'intérêt de la question est dans l'adverbe.
La question est : qu'est ce qu'on peut bien dire du péché après avoir réfléchi à la morale qui est censée nous en préserver ? Mais, au fait, est-ce que l'un s'oppose à l'autre ? Je ne sais pas moi, si l'un et l'autre sont tellement liés, finalement. Si on conçoit le péché comme une faute ou une désobéissance, alors oui, ils le sont. Les choses se compliquent lorsque la désobéissance devient " salutaire ".
Bon, et si le péché était autre chose qu'une désobéissance (qui a un côté infantilisant toujours) à une règle ?
Il pourrait être aussi, par exemple, la non-conscience de la valeur de ce qui nous est donné (qui peut faire largement autant de dégâts je pense que la désobéissance).Dit autrement et en reprenant les termes du dessinateur PIEM interviewé dans le magazine La Vie, (je cite de mémoire), " pécher, c'est gaspiller ". Le péché devient alors le gaspillage, dont les formes sont multiples quand on commence à y réfléchir…
J'aime bien cette définition du péché.
Alors, finalement, s'agit-il de morale ?
Qu'est-ce que vous en pensez-vous ?
A bientôt. Amicalement.
Catherine.
oOo Jeudi 3 mars 2005
Chers amis internautes,
J'ai relu avec plaisir, hier soir, ce passage du Deutéronome : " Prends garde à toi : garde-toi de jamais oublier ce que tes yeux ont vu ; ne le laisse pas sortir de ton cœur un seul jour. Enseigne-le à tes fils, et aux fils de tes fils ".
Mes petites préoccupations personnelles sont donc très anciennes, me suis-je dit à la lecture de ce passage.
En effet, dans ma relation avec Dieu, c'est l'oubli que je crains le plus. Je sais que c'est l'oubli qui pourrait être un obstacle à ma foi, bien plus que le doute ou la présence du mal dans le monde. En ce qui me concerne, le doute serait plutôt un stimulant. Je doute constamment de l'existence de Dieu, mais ça ne me gêne pas, au contraire. En provoquant des interrogations, le doute stimule ma curiosité et me pousse en avant. Il évite surtout que je m'enferme dans un mode de pensée établi une fois pour toute.
La " présence du mal " ne constitue pas un obstacle à ma foi non plus. Pour moi les choses sont claires, Dieu ne veut pas le mal, et il ne peut pas le faire disparaître par un coup de baguette magique à la manière du magicien qui fait disparaître un lapin dans un chapeau. Et ce n'est pas la peine de lui en vouloir pour ça ou de le mettre en doute.
L'oubli, par contre, est plus insidieux et dangereux. Alors, bien-sûr, ce n'est pas Dieu lui-même (son nom en tout cas) que je peux oublier, mais ce qu'il a fait de bon pour moi !
Chaque jour, il faut que je refasse le choix de m'en souvenir.
Bon, je n'ai pas connu le grand " éblouissement " à la Saint Paul ou à la Didier Decoin, qui vous jette par terre un jour (dommage) ni le grand " saisissement " au désert comme Eric Emmanuel Schmitt (je n'ai jamais parcouru de désert, ça doit être pour ça…) parce que je ne L'ai qu'entrevu, pressenti, effleuré à certains moments ou dans certaines rencontres où je me suis dit, c'est pas possible, c'est Lui…Or, j'ai peur d'oublier ces moments là et de vivre comme s'ils n'avaient jamais eu lieu, pourtant, c'était fort.
Aux déficiences de la mémoire, peut s'ajouter aussi le détachement, qui est une autre forme d'oubli et un autre écueil. C'est ce qui se passe quand on est trop proche de quelqu'un de familier (ou qu'on se croit proche), on risque de ne plus le voir, de le négliger. C'est ce que je crains un peu parfois dans les activités religieuses. On y parle beaucoup de Dieu, on fait des choses pour lui, mais est-on proche de lui ?
En ce qui me concerne, par exemple, je parle de Dieu (j'écris en fait) et j'emploie une minuscule quand je le nomme ! C'est significatif, je pense. Albert Jacquard qui est un grand athée emploie toujours une majuscule quand il Le désigne. Comme il a raison ! En lisant le livre de ce grand scientifique intitulé Dieu ? je n'ai pas appris grand chose, du moins pour le moment, j'en suis au 2/3 seulement du livre, mais j'y ai redécouvert l'emploi de la majuscule pour parler de Dieu. J'aime le respect que cet athée a pour Dieu, un respect que certains croyants (à commencer par moi) n'ont pas ou n'ont plus parfois, ou omettent d'avoir, parce qu'ils se croient des familiers de Dieu.
On peut être intime, je pense, sans tomber dans les familiarités…
Bonne semaine à vous.
Amicalement
Catherine
oOo Jeudi 10 mars 2005
Bonjour les amis internautes,
A l'Ecole des ministères, j'ai retrouvé Philippe. J'aime bien Philippe. Avec sa femme Aline, ils forment un beau couple uni, et sympa. Tous les deux font partie de la même équipe locale que moi.
Philippe est un jeune quinquagénaire, dynamique et engagé. Il se plaint d'insomnie mais ses troubles du sommeil n'entament en rien sa bonne humeur. Il est toujours près à plaisanter et a beaucoup d'humour. Je lui dois quelques bons fous-rires lors de nos travaux en équipe locale et surtout lors des répétitions de chants…Un jour, je vous raconterai l'histoire du " sens à l'homme " (prononcez les mots d'un trait " sensalom "). Lors des débats et pendant les conférences, j'évite de le regarder ( il est assis en face de moi) de peur qu'il ne me fasse je ne sais quels grimaces ou signes susceptibles de me distraire…
Lors du dernier week-end consacré cette fois-ci à l'Agir des chrétiens dans le monde, nous nous sommes retrouvés, lors d'une pause, dans l'espace librairie. Philippe m'expliqua en tirant nerveusement sur son pull-over, qu'il venait de s'inscrire dans le sous-groupe de réflexion sur l'euthanasie (moi, j'ai choisi la politique). Et il me confia, là entre deux portes, qu'il craignait la mort (mais qui ne la craint pas ?), que, encore récemment, il n'osait pas prononcer le mot " mort " parce qu'il craignait de la voir surgir (?) et que pendant longtemps, il avait refusé de voir le corps d'un défunt. En réponse à mon étonnement, il m'expliqua qu'il avait décidé de surmonter cette angoisse et de se familiariser avec l'idée de la mort, " parce que je vieillis " a-t-il ajouté.
Je lui ai recommandé de lire La mort intime de Marie de Hennezel. Cette femme qui est psychologue et qui travaille dans les centres de soins palliatifs a livré dans son ouvrage de très beaux témoignages sur ce qu'elle a pu observer auprès de personnes vivant ce grand passage. Ce qui est remarquable, c'est l'attitude de Marie de Hennezel face à la mort : une grande empathie accompagnée d'une étonnante sérénité. A aucun moment, elle ne semble gagnée par l'angoisse, même dans ces situations extrêmes toujours puisqu'il s'agit de la mort d'une personne. Or, c'est une grâce, je pense que de ne pas se laisser envahir par l'angoisse de l'autre, a fortiori par l'angoisse de la mort. C'est ce qui permet de la prendre en considération justement.
Ce qui me réjouit, au sujet de la mort, c'est qu'on soit en train de repousser au maximum sa venue et que l'espérance de vie augmente. Une petite fille qui naît aujourd'hui en France a une espérance de vie de près de 100 ans ! De plus en plus, l'homme pourra aller au bout de sa vieillesse, donc de sa vie (comme Isaïe l'a imaginé, ch 65, 17-21) ce qui est une chance et ce qui rend la mort beaucoup plus acceptable. Elle n'est plus perçue dans ce cas là comme le mal suprême. Car la mort n'a rien à voir avec le mal, elle fait partie du processus de la vie. Imaginez 2 minutes un monde comme le nôtre où la mort des êtres vivants n'existerait plus ?!?! Ce serait infernal.
En revanche, un monde où on parvient au bout de sa vieillesse est déjà un monde meilleur.
Et pour tous ceux pour qui ne parviennent pas au bout de leur vieillesse, qui meurent prématurément, misérablement ou violemment, le Christ a fait ce qu'il fallait pour eux…enfin il me semble.
Qu'est-ce que vous en pensez ?
Bon carême,
Catherine
oOo Mardi 22 mars 2005
Bonjour à tous,
Mais quelle mouche a donc piqué la Conférence des évêques de France? Qu'est-ce qui lui a pris d'exiger la censure de cette publicité ? Je me demande ce que les évêques reprochent à cette photo au point de la faire interdire. Le tribunal des référés de Paris l'a en effet interdite en jugeant qu'elle constituait " un acte d'intrusion agressive et gratuite dans le tréfonds des croyances intimes ".
Mais c'est quoi le " tréfonds des croyances intimes " ???
Et l'" acte d'intrusion agressive ", il se situe où ? à quel niveau ?
Cette photo, plutôt réussie au plan esthétique, ne me semble pas plus " agressive " que la Cène de Léonard de Vinci dont elle s'inspire largement. L'image est belle, les personnages aussi. Si on interdit cette image parce qu'elle peut choquer les chrétiens en véhiculant une représentation non " conforme " alors il faut vite interdire l'originale qui est AUSSI une interprétation fantaisiste. Or, j'ose espérer que CE N'EST PAS UNE REPRESENTATION de la Cène qui est au cœur de la foi des chrétiens mais la Cène telle qu'elle nous est racontée dans l'évangile et que nous tentons régulièrement de revivre en lui donnant un sens et en regardant au delà…
Je me suis demandé tout à coup, si ce n'était pas la féminité des personnages qui choquait. Et après avoir écouté les commentaires à la radio, je crains que ce soit le cas ! Or, cette jeune femme qui représente le Christ n'est pas plus indécente que certaines représentations picturales ou sculpturales de Jésus. L'autre jour, à la messe, comme il y avait du monde (eh oui, ça arrive encore…) je me suis retrouvée sur un côté de l'église, sous une toile représentant le " sacré cœur ", vous savez, le Christ (un grand blond aux yeux bleus, sans commentaire…) ouvrant son vêtement et montrant un cœur doré surmonté d'une croix avec une couronne d'épines autour ??? Je détournais mon regard sans arrêt, en me disant " c'est trop laid ! ".
S'il y a une chose qui me gène dans l'affaire, c'est que l'utilisation de ce thème biblique n'est pas gratuite justement et contrairement à ce que dit le tribunal ! Il s'agit d'une récupération commerciale puisqu'il s'agit de vendre des vêtements. Mais bon, de là à interdire la diffusion de cette photo, il y a un pas ! La réaction des évêques me paraît complètement disproportionnée et va encore véhiculer une image puritaine de l'église. Les évêques feraient mieux, si je peux me permettre, de se manifester en saisissant les tribunaux qui expulsent les gens de leur logement parce qu'on a passé la date du 15 mars…
Et il faudrait plutôt se réjouir avec Jérôme Cottin, Théologien, historien d'art, et auteur de "Dieu et la pub " de ce que ce motif (la Cène) - d'abord artistique, et secondairement religieux - continue d'inspirer et d'intéresser la création contemporaine, fut-elle publicitaire ".
Je laisserai le mot de la fin à mon fils de 12 ans. Il m'a dit l'autre jour en regardant un reportage à la télévision sur ce sujet: " j'aime bien Jésus, mais je n'aime pas les images qu'on fait de lui, ni les tableaux où il est représenté ". Moi non plus lui ai-je dit, en pensant intérieurement qu'il était un bon petit protestant…
Bonne semaine à vous tous,
Amicalement
Catherine
PS : Au fait, et si Dieu était une femme ?
oOo Dimanche 27 mars 2005
Chers amis internautes,
Joyeuses fêtes de Pâques à tous !
Cette année et contrairement à mes habitudes, je n'ai pas fêté Pâques en famille.
Du coup, j'ai profité des célébrations proposées par ma paroisse catholique.
L'année dernière, j'étais allée à la célébration du Vendredi Saint. Dans ma tradition protestante, le culte du Vendredi Saint est LE culte de l'année. Les protestants qui ne pratiquent pas vont au culte, en général, ce jour là. Et ils célèbrent en une fois, très solennellement, ce que les catholiques fêtent le Jeudi et le Vendredi Saint.
Mais ce choix ne fut pas concluant : mes enfants ont lamentablement bâillé pendant toute la célébration et moi je n'ai rien retrouvé de " mon " Vendredi Saint, mais ça c'était prévisible…
Donc, cette année, mon choix s'est porté sur le Jeudi Saint et la Veillée pascale. Cette fois-ci, je suis très contente de ma décision : mes enfants ont participé activement, quant à moi, j'étais à l'aise avec ces liturgies que je ne pouvais comparer avec aucune autre…
Mais c'est la Veillée pascale que je voulais vous raconter.
Ma fille (8 ans) s'est retrouvée ce soir là " enfant de chœur ". Elle débute dans la fonction et semble ravie de ses nouvelles attributions. Elle était, heureusement, accompagnée d'une grande fille, beaucoup plus aguerrie (ouf !), pour aider notre prêtre.
Après l'allumage du feu sur le parvis, puis du cierge pascal et enfin de tous les cierges de l'assistance, nous sommes rentrés en procession dans l'église plongée dans l'obscurité. Seuls les cierges éclairaient un peu les lieux. Puis les longues lectures ont commencé.
On voyait bien, de loin, le visage des deux enfants de chœur éclairé à la bougie.
Et là, tout à coup, ma fille s'est mise à faire de drôles de choses. Elle a, avec une main, fermé un oeil, puis elle a tendu le bras qui portait le cierge allumé en direction de l'assemblée et à commencer à " viser ", avec l'œil resté ouvert, je ne sais quelle cible…Le manège a duré un moment, de quoi distraire les jeunes assis sur les bancs de devant. D'habitude je stoppe ce genre de dérives d'un regard ou d'un signe, mais là, dans une église comble et plongée dans le noir, impossible de me manifester.
Comme je m'étonnais auprès d'elle de son comportement, elle m'expliqua à la sortie, qu'en faisant ainsi, elle voyait des étoiles. Des étoiles ?!?! Oui, renchérit-elle, en fermant un œil et en mettant la flamme de la bougie devant l'autre oeil, toutes les petites flammes de l'assemblée devenaient des étoiles.
?!?!
On ne peut voir, dans ce comportement enfantin, qu'un jeu bien-sûr. Mais moi, je me suis demandée tout à coup, si, dans cette histoire de résurrection (que ma fille écoutait tout en jouant, vous allez voir la suite…), il ne s'agissait pas justement d'un changement " d'angle de vue " et s'il ne s'agissait pas finalement de se mettre à VOIR les choses autrement, en portant un autre regard, à commencer sur la mort…C'est l'absence du corps que le disciple bien-aimé va VOIR AUTREMENT (et sous forme d'une présence) en entrant dans le tombeau.
Enfin, je me suis laissée portée par mes réflexions et par une liturgie tout en jeux de lumière. J'ai religieusement participé à la profession de foi collective. C'était facile, le prêtre récitait le credo et à chaque verset nous disions " je crois ". Ce que j'ignorais, c'est que quelques minutes plus tard, il faudrait que je recommence l'exercice, dans un contexte beaucoup plus exigeant…
Car ma fille, encore elle, a profité de ce que nous étions seules dans la voiture pour me dire : tu crois, toi, à la… comment on dit… résurrection ? Jésus qui sort de son tombeau, après sa mort, c'est pas possible ça, hein ? Finalement, elle avait bien écouté, contrairement aux apparences…
Alors là, vous avez 10 secondes pour, rassembler vos idées, évaluer les connaissances de votre enfant et jauger son niveau de compréhension, chercher les mots qui vont bien pour non pas professer une vérité, mais parler en vérité. Dans ces moments là, le vocabulaire religieux ne vous est d'aucun secours, les concepts théologiques encore moins.
Je ne sais pas, lui ai-je dit, si les choses se sont passées tout à fait comme les évangiles nous le racontent, mais ce que je sais, c'est qu'il y a 2000 ans, il s'est passé quelque chose pour Jésus, et que ces amis ont senti qu'il était toujours là, parmi eux, même après sa mort.
Puis silence. C'est elle qui a repris : c'est parce que c'était le fils de Dieu (là, elle récite son caté me suis-je dit). Et j'ai confirmé : Oui, c'est pour cela.
Bon, j'ai fait ce que j'ai pu…
Bonne semaine à vous,
Catherine
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