Mercredi 28 juin 2006
Amis de Murmure, bonjour
Il est temps que je prenne des vacances et que je me repose. Hier soir, c’était la réunion de fin d’année des catéchistes de ma paroisse et j’ai complètement oublié de m’y rendre. Fatigue ? Saturation ? Oubli par manque d’intérêt ? je ne sais pas. Mais je sais que Paul, notre prêtre, ne m’en voudra pas car, lui aussi, il oublie parfois de se rendre à certaines réunions…
J’avoue que je suis un peu lasse de tous ces bilans, évaluations et festivités de fin d’année scolaire qui s’enchaînent, à l’école, au travail, à l’école de musique, au caté, au village…C’est bien et nécessaire, parfois réjouissant, mais j’aspire maintenant à des vacances.
A propos d’ « évaluation », j’ai assisté récemment au bilan d’une session de formation de 5 jours destinés à des personnes en responsabilité dans l’Église. Je savais, pour en avoir bénéficié moi-même, que toutes ces formations permettant d’approfondir sa foi étaient profitables, mais je n’avais pas imaginé jusqu’à quel point…J’ai été très étonnée en entendant le témoignage d’une jeune femme qui expliquait que grâce à la formation qu’elle avait suivie, non seulement elle avait pu revisiter les fondements de sa foi mais surtout, a-t-elle expliqué, grâce à la formation, l’évangile n’était plus une fatalité…
?!?!
Comment me suis-je demandé, l’évangile pouvait être perçu ainsi, comme une « fatalité » ?
Comment peut-on en arriver à un tel contresens ?
Qu’on ne croie pas en Dieu ou au message biblique, je le comprends tout à fait mais qu’un chrétien en arrive à une telle conception du message évangélique, c’est quand même très étonnant.
Car l’évangile (et tout le message biblique) est tout le contraire d’une « fatalité », enfin, il me semble, et ce pour différentes raisons. Grâce à l’évangile, c’est tout le rapport au mal et à la mort qui est transformé, la mort n’est plus « fatale » justement et le chrétien devient « capable » d’affronter sans (trop) de peur le mal et la mort, la mort qui n’est plus une fatalité puisque qu’elle change de signe et qu’elle n’a pas le dernier mot…
« Ce qui advient à la pensée avec le Christ » pour reprendre l’expression du théologien Jean Bousquet, c’est aussi une liberté radicale qui découle en partie du fait qu’on n'a plus peur de la mort justement. Le chrétien est un homme libre, libre de faire des choix. Le chrétien ne subit pas un « destin », pire, une prédestination. Cette liberté « chrétienne » est celle de penser, de dire, de choisir mais dans la perspective qui est celle du Christ, c’est à dire celle du service et de la non-violence.
A la rigueur, il peut y avoir un « destin » envisageable pour un chrétien, c’est celui d’accueillir le don de Dieu, en héritage comme le dit le psaume 16 : « Seigneur, mon héritage et ma part à la coupe, tu tiens mon destin. Le sort qui m’échoit est délicieux, la part que j’ai reçue est la plus belle »…
Sur ce, il me reste à vous souhaiter de passer un bel été, reposant et ressourçant et à vous donner rendez-vous en septembre prochain.
Amicalement, comme toujours,
Catherine
oOo
Lundi 19 juin 2006
Amis de Murmure, bonjour,
Il faut que je vous parle de Jérémie.
Jérémie est venu SEUL, hier matin, jour de la Fête du Saint-Sacrement encore appelée Fête-Dieu je crois, communier pour la première fois de sa vie, dans notre église.
Seul, je veux dire sans parent, ni grands-parents, ni parrain ou marraine, sans copain de son âge non plus, de sa classe ou de son groupe de caté. Personne ne l’accompagnait.
Jérémie est arrivé en avance à l’église, s’est assis seul, au premier banc, bien droit, attentif, déterminé.
Ce jeune garçon est âgé de douze ans mais en paraît neuf. Il est en échec scolaire et pourtant il est très éveillé, a l’esprit vif et comprend vite.
« T’as vu comme il est attentif, me répétait sans cesse mon mari, il écoute tout ce que dit le prêtre, il n’en perd pas une miette… ». Oui, Jérémie écoute toujours religieusement, si j’ose dire, quand quelqu’un lui parle de Dieu. Il écoute ses catéchistes, il écoute notre prêtre à l’église, il a bu toutes les paroles du Père Axel au Musée des Beaux-Arts. Il a compris qu’une parole peut être nourriture.
Jérémie sait aussi qu’une parole accompagne le pain et le vin lors du Sacrement de l’eucharistie, et que sans cette parole prononcée et écoutée, il ne peut y avoir véritablement de « sacrement ».
Donc Jérémie a écouté toutes les lectures du jour (plutôt difficiles), puis l’homélie du prêtre (difficile aussi ce jour là), puis les prières universelle, eucharistique, etc.
Puis, il est allé communier pour la première fois. Il a remonté l’allée centrale, accompagnée de sa catéchiste, derrière les enfants de chœur, porté par un très beau chant que j’aime bien, et que l’assemblée a bien chanté ce jour là : Voici le Corps et le Sang du Seigneur, La coupe du salut et le pain de la vie, Dieu immortel se donne en nourriture, Pour que nous ayons la vie éternelle… Il suffit de la présence de 2 ou 3 personnes qui chantent juste pour que toute l’assemblée chante bien aussi mais, je ne sais pas, ce dimanche là, l’assemblée avait de l’entrain…
Quand chacun eut communié, notre prêtre a appelé Jérémie pour qu’il vienne près de lui dans le chœur, et que toute l’assemblée le voit bien. Jérémie s’est présenté devant tout le monde, il y eut un « blanc », comme si tout le monde retenait son souffle, puis un tonnerre d’applaudissements retentit dans l’église. Magnifique instant de communion entre une assemblée réunie et un tout jeune et nouveau chrétien.
Unique cadeau aussi pour le premier communiant. Pas de montre ni de gourmette pour Jérémie, ni de fête de famille avec dragées, fleurs et nappe blanche. Pas de tralala. Juste l’essentiel.
Jérémie est rentré seul chez lui après la célébration.
Très sincèrement, la première communion de Jérémie m’a beaucoup plus émue que celle de mes propres enfants…
A la semaine prochaine,
Amicalement
Catherine
oOo
Dimanche 11 juin 2006
Amis internautes, bonjour,
Ils ont fait une belle profession de foi, ces 15 jeunes rassemblés le jour de la Pentecôte dans notre église.
Ils étaient tous très beaux dans leur aube blanche, sages et recueillis.
Je n’ai pas vu mon fils de toute la célébration, excepté au moment de la profession de foi, car les jeunes étaient installés sur des bancs dans le chœur, et de là où j’étais dans l’assemblée, je ne pouvais le voir. C’était sans importance. Les jeunes qui lui faisaient face étaient tous bien calmes et plutôt attentifs, j’en ai conclu qu’en face, c’était calme aussi…
Je les ai trouvés bien courageux aussi. Ils étaient là, exposés au regard de tous pendant une heure 30, et placés devant une assemblée dissipée, bruyante et loin d’être acquise ! Eux seuls d’ailleurs, parviendront au moment de leur profession de foi, à ramener le silence et le recueillement dans l’église. Chapeau les jeunes !
Seconde profession de foi ensuite devant l’assemblée familiale, elle aussi pas toujours acquise à la cause…Finalement, c’est bien, me suis-je dit que tout le monde ne soit pas rallié à la foi chrétienne autour de mes enfants, ça les oblige à se positionner. Si parents, parrain et marraine, grands-parents et amis portaient tous le même témoignage et la même foi, le jeune n’aurait guère d’occasions ou de moyens pour se forger sa propre conviction.
Mais face à des croyants convaincus, des croyants non pratiquants, des hésitants, des indécis, des incroyants, il doit se positionner et finalement faire ses propres choix. « Ce sont les écarts qui permettent de penser » répète souvent ma collègue Maryse, je crois que c’est valable aussi dans le domaine religieux…
Mais ce qui m’a le plus étonné ce jour de Pentecôte, c’est l’attitude de Nathalie, la marraine de mon fils. Mon amie Nathalie a fait, dans son enfance, tout le parcours classique d’initiation à la foi chrétienne. Elle s’est mariée à l’Église. Elle n’est pas pratiquante mais elle a inscrit son fils au catéchisme, parce que là, il trouve des réponses à des questions qu’il se pose et auxquelles, elle, ne peut répondre m’a-t-elle expliqué.
Nathalie répond toujours présente quand elle est sollicitée pour accompagner son filleul à l’église, lui porter le cierge allumé lors de la célébration, mais elle ne veut surtout pas avoir à parler à l’église, ou lors d’une activité religieuse : sortie de fin d’année de caté, ou célébration d’enfants ou encore réunion de parents ?!?! Elle entend par « parler », lire un texte ou un message à haute voie devant l’assemblée ou encore prier à haute voie le Notre Père par exemple.
En l’écoutant, j’ai tout à coup mieux saisi le sens de ce texte que l’on lit si souvent lors de la Pentecôte, cet extrait des Actes des Apôtres où l’ Esprit Saint se manifeste tout à coup sous forme de « langue de feu ». A sept reprises, je crois, le mot « langue » est d’ailleurs employé dans le passage biblique. J’ai compris que l’Esprit Saint donnait l’audace de parler à HAUTE VOIX, de professer justement sa foi, d’oser la DIRE.
On fait toujours la distinction entre les croyants qui sont dits pratiquants et les non pratiquants. Notre prêtre dit que l’on est « pratiquant » quand on va une fois par mois à la messe. Or, moi je crois qu’il y aurait une autre distinction à faire, qui serait tout aussi intéressante : les croyants qui osent parler à haute voix et dire leur foi, et ceux qui n’osent pas parler.
Et, vous, vous faites partie desquels ?
A la semaine prochaine,
Catherine
oOo
Jeudi 1er juin 2006
Amis de Murmure, bonjour,
J’espère que vous êtes tous allés contempler la photo de la toute nouvelle rubrique du site intitulée « la photo du mois », elle a un pouvoir évocateur étonnant, elle vaut le coup d’œil vraiment…
En perspective pour moi maintenant : la Profession de foi de mon fils le jour de la Pentecôte. D’une manière générale, j’aime beaucoup cette fête de Pentecôte où l’on évoque l’Esprit saint. La présence discrète mais tellement remarquable de l’Esprit, est fondamentale pour moi et je crois beaucoup en Lui et en son action. Son évocation m’est facile, je l’identifie parfois, je pense Le « voir » à l’œuvre aussi ou je crois Le ressentir en revanche je ne Le prie pas directement, ou rarement comme le font certains.
Ceci dit l’évocation de l’Esprit ne sera pas ma seule préoccupation ces prochains jours, croyez-moi. Les premiers invités arrivent demain puis les arrivées vont s’échelonner jusqu’à dimanche matin. Quatre générations de la famille seront présentes et une poignée d’amis.
Il s’agit d’accueillir tout ce monde dans ma maison que ma tante dit être « la maison du Bon Dieu ». L’expression est flatteuse, m’a fait énormément plaisir un jour lorsqu’elle m’a été adressée, seulement maintenant, il faut « assurer » pour être à la hauteur de cette réputation…
Autre préoccupation : « resserrer » mon fils en vue de la célébration de Profession de Foi, à la demande de sa catéchiste ?!?!
C’est le « préparatif » qui m’inquiète le plus.
Je vois très bien ce qu’il faut faire : le mettre dans le « ton » de l’événement qu’il va vivre en communauté. Ce n’est pas la première fois que je dois faire cet exercice. Parfois je réussis mais il m’arrive d’échouer magistralement aussi. Le jour de l’enterrement de mon oncle, par exemple, j’ai été incapable de le mettre en phase avec l’événement que la famille vivait. Dès qu’il a vu les jeunes cousins arriver, c’était parti comme aux fêtes de famille habituelles : jeux, éclats de rire, farces, histoires drôles s’enchaînaient. Il entraînait les jeunes de son âge bien sûr et les plus grands aussi… Ceci dit, mon oncle avait un peu le même tempérament et je crois qu’il aurait aimé voir les gens s’amuser à son enterrement…
Dimanche, mon fils se tiendra bien pendant la célébration, s’il sent le poids de mon regard (ou mieux encore, celui de son père). Notre regard limitera les sourires et les bavardages. Mais si on est loin dans l’assemblée, et qu’il est avec son groupe de copains, tout peut arriver…
En ce qui concerne la « Profession de foi » proprement dite, la catéchiste s’est plaint que les garçons n’avaient pas grand chose à dire. Effectivement, j’ai lu leur production écrite, c’était « pauvre » surtout par rapport aux filles qui visiblement ont plus d’habilité dans le maniement du langage religieux. Ceci dit, on peut écrire de belles phrases avec un vocabulaire religieux mais qui sonnent creux…
Dommage que personne n’ait demandé à mon fils de prendre un pinceau ou son violon, peut-être que quelque chose de beau serait sorti…
A sa décharge, « Professer sa foi », je parle d’une expression personnelle de sa foi, est vraiment je pense, un exercice difficile. Beaucoup d’adultes en sont incapables. A fortiori un jeune de 13 ans ! A cet âge là, on ne peut que reprendre les mots des autres, ce qui est un bon début déjà…
Parfois je me demande si on ne devrait pas faire le contraire : plutôt que de demander à ces jeunes de nous dire leur foi, ne serait-ce pas à nous, leurs aînés dans la foi, de leur professer la nôtre. Ça serait quand même plus logique. C’est plutôt à nous de dire notre foi devant eux qu’eux devant nous. Vous ne croyez pas ?
Il y a bien longtemps, au tout début de l’Église, l’apôtre Paul alors emprisonné à Rome, écrivait à son jeune ami Timothée pour lui dire sa foi en Jésus-Christ en l’interpellant comme « son véritable enfant dans la foi ». C’est « l’ancien » qui prenait l’initiative. Et ce n’est que plus tard, que « l’enfant », un jeune homme d’allure timide et réservée, après avoir recueilli le témoignage de l’aîné dans la foi, deviendra un grand missionnaire et le responsable de la communauté d’Éphèse.
Pourvu qu’un jour, mon fils se sente aussi « l’enfant de quelqu’un dans la foi »…
Je vous souhaite à tous une très belle fête de Pentecôte,
Amicalement,
Catherine
oOo
Jeudi 25 mai 2006
Amis de Murmure, bonjour,
Ça y est, ma fille a fait sa première communion, dimanche dernier.
Depuis, je la trouve grandie.
Il y a trois ans, j’avais fait la même observation pour son frère.
Est-ce « l’effet communion », ou la conséquence d’un « rite de passage » ou encore est-ce dû à tous ces bijoux qu’elle porte depuis dimanche, elle qui n’en portait aucun jusqu’à présent, je ne sais pas.
En tout cas, je la trouve changée et surtout très joyeuse. Elle m’a dit être heureuse de sa journée. A nouveau je m’interroge : est-ce dû à l’évènement religieux, à la fête de famille, ou encore à l’avalanche de cadeaux ?
Une chose est sûre, cette fête a été riche en événements pour elle et pour nous aussi, membres de sa famille. Car le temps de communion a débuté par une séparation pour s’achever par un temps de réconciliation familiale.
Je reprends les choses depuis le début.
L’avant veille de la communion, l’arrière-grand-mère de la communiante, 98 ans, a eu l’idée de mourir. Première séparation pour ma fille qui connaissait bien son arrière-grand-mère avec qui elle pensait se voir, un jour, en photo dans le journal, à l’occasion du centième anniversaire…
S’en est suivi une seconde séparation plus douloureuse encore que la première aux yeux de ma fille : le départ illico-presto de la grand-mère en raison du décès.
L’idée que sa grand-mère ne serait pas présente à l’église lors de sa première communion a fait pleurer ma fille à chaudes larmes toute une soirée…
Heureusement la marraine est entrée en scène et comme dans les contes de fée, a fait réapparaître le samedi soir la grand-mère et le grand-père.
Soulagement général malgré le décès de l’arrière-grand-mère en toile de fond et la fatigue occasionnée par de longs déplacements en voiture. La communion a pu avoir lieu le lendemain matin, le dimanche donc, avec toute la famille réunie autour de la communiante.
Puis le lundi, nous voici à nouveau tous sur les routes pour rejoindre cette ville de l’Est de la France où allaient avoir lieu les funérailles de l’arrière-grand-mère.
Dès le mardi matin, ma fille re-communiait (elle ne pensait pas « re-communier » si vite m’a-t-elle dit) lors de la messe de funérailles.
Et à cette occasion, second coup de théâtre, elle a retrouvé autour de la « table » de la communion, l’oncle parti dans le sud de la France, qu’elle n’avait pas vu depuis 5 ans, ainsi que l’oncle par alliance qui habite Paris et qu’on ne voit jamais aux réunions de famille.
Lesquels se sont tous retrouvés ensuite autour de la table familiale pour le repas !
Je m’étonnerai toujours qu’il faille un cercueil pour que les membres éclatés d’une famille se retrouvent…
Vraiment, à deux reprises pour mon enfant et à deux jours d’intervalle, le mot « communion » a pris tout son sens, au moins dans la dimension « communion fraternelle ». Je ne sais pas ce qu’il en est de la dimension « verticale », je veux parler de la communion avec Jésus-Christ, mais à la voir joyeuse, et grandie (comme redressée), j’ose croire qu’elle a communié avec Lui aussi.
Amicalement comme toujours,
Catherine
oOo
Dimanche 14 mai 2006
Amis internautes, bonjour,
J- 7
Dans 7 jours, ma fille fait sa première communion, dans notre église de campagne, avec une quinzaine d’enfants de son âge.
Les préparatifs commencent forts. Ce matin, la future communiante se disputait avec son frère au sujet de la composition de l’hostie. La question n’était pas de savoir s’il y avait présence réelle ou non du corps du Christ dans l’hostie, nous n’en sommes pas encore là… mais de savoir si elle comportait de la farine ou non ?!?! Elle pensait que non et son frère la contredisait… Farine ou non peu importe, elle est déçue par le goût de l’hostie qu’elle a mangée lors de son temps de préparation. Elle imaginait une nourriture substantielle, car pendant la messe, elle a faim parfois m’a-t-elle expliqué, et elle pensait se nourrir en allant communier. Elle imaginait aussi, je pense, un aliment savoureux, une friandise…
Remarquez, je la comprends un peu. Je préfère largement le petit morceau de pain accompagné de sa gorgée de vin qui sont donnés lors de la Sainte-Cène protestante à l’hostie des catholiques.
Un jour, à l’École des ministères (catholiques), lors d’une célébration, nous avons mangé du pain et bu du vin lors de l’eucharistie, tous en rond autour de la table. J’ai beaucoup aimé ce moment car la communion entre nous était « palpable ». Cela dit, les ingrédients n’avaient peut-être rien à voir avec ce qui s’est passé…
« Croit-elle en Dieu ? » m’a demandé un ami prêtre à qui je parlais de ma fille.
Très franchement, je n’en sais rien.
Ce que je sais, c’est qu’elle vit avec Dieu, l’idée de Dieu au moins. Mais croit-elle en Lui ?
Elle parle de Lui comme d’une personne, ça c’est sûr, mais elle ne croit pas tout ce qu’on lui dit au catéchisme…L’idée d’un Dieu qui parle lui est familière, la résurrection beaucoup moins. Elle m’a dit à plusieurs reprises que les morts qui sortaient des cimetières, ça n’existait pas…
En tout cas, elle se pose (et me pose) beaucoup de questions et « ce qui va se passer » à sa communion la préoccupe. L’idée que l’hostie est le « corps du Christ » aussi ! Elle ne me l’a pas formulé clairement mais j’ai bien compris.
Il faudra, d’ici là, que je trouve les mots pour lui dire qu’on ne mange pas « que » le corps du Christ lors d’une communion. A elle, qui croit en un Dieu qui parle, il faudra que je dise que la parole que Dieu nous adresse est aussi nourriture, comme dans un repas, les paroles échangées sont nourritures tout autant que le contenu des assiettes.
Un jour, un ami prête m’a fait découvrir que la parole est d’abord un « événement » avant d’être des mots, et que nous avions à redécouvrir la messe comme événement de parole : « Nous devons faire en sorte que nos paroles ne soient pas que du bla-bla-bla, c’est à dire des mots vides de sens. La messe, comme le mariage, est un petit laboratoire de la tendresse ».
S’il y a réellement « communion », alors effectivement, il doit y avoir de la tendresse.
Je ne sais pas « ce qui va se passer » pour ma fille, le jour de sa communion, mais je prie pour que ce soit, d’une manière ou d’une autre, un moment de tendresse.
A la semaine prochaine
Amicalement comme toujours
Catherine
oOo
Jeudi 4 mai 2006
Amis de Murmure, bonjour
Les activités religieuses s’intensifient ces temps-ci dans ma famille.
Mon fils prépare sa profession de foi qui doit avoir lieu le jour de la Pentecôte, un très beau jour, je pense, pour professer sa foi. Il était, lui aussi, à Micropolis pour sa retraite (voir mon courrier de la semaine dernière). Il est revenu enchanté, plein d’entrain, « pas fatigué du tout » m’a-t-il dit, contrairement à moi…Sa première profession de foi, je crois qu’il l’a faite le soir même, au retour, devant la tablée familiale lorsque sa petite-nièce âgée de trois ans lui a demandé : « qu’est-ce que tu as fait, tonton, pendant 3 jours, là-bas ? » Alors j’ai vu mon fils réfléchir quelques instants (une éternité pour quelqu’un qui répond toujours du tac au tac, qui sait tout et a réponse à tout), visiblement, il cherchait l’inspiration. Puis, tout à coup la réponse lui est venue : « je suis allé faire la fête pour prier Dieu ». Pas mal, me suis-je dit, pour un début…La petite-nièce, elle, qui pose à longueur de journée des questions sur tout, des pourquoi et des comment, s’est tue et s’est contentée de cette réponse…
Puis re-belote le lendemain soir, à table toujours, avec 2 copains ce coup-ci et la même question : « qu’est-ce que t’as fait pendant 3 jours ? » Mon fils a un peu raconté les jeux, les chants, la musique puis la discussion est partie sur « Dieu créateur ». Là, j’ai vu mon fils s’empêtrer dans des théories scientifico-théologiques. Il s’est vite rendu compte de la difficulté du sujet et a ré-embrayé sur les Actes des apôtres ( ?) qu’il avait découverts la veille de sa retraite (dans une version BD élaborée, celle de mon enfance…) et dont il a voulu lire des passages aux copains. Étonnant, non ?
Ma fille, elle, prépare sa première communion. Elle aussi a fait une journée de préparation. Mais elle est revenue dépitée. Elle s’est ennuyée (étonnant, car elle va toujours de bon cœur au caté) et n’a pas aimé l’hostie qu’elle a goûtée pour la première fois et qu’elle a prise pour du plastique ?!?!
Elle est contrariée, aussi, car elle doit écrire une lettre au prêtre pour demander à communier et surtout dire « pourquoi elle veut faire sa première communion ». Or, elle n’a pas d’idées…
C’est pourquoi elle nous a interpellés haut et fort (ce qui est inhabituelle chez elle) hier soir, au moment du souper, en nous disant qu’il fallait absolument parler de sa communion, car en plus elle s’inquiétait du déroulement de la célébration. Quand on lui a dit que ce serait à peu près comme une messe ordinaire, elle fut rassurée et du coup, elle trouva une idée pour sa lettre : Elle va dire au prêtre qu’elle veut faire sa communion pour réunir toute sa famille ?!?!
Communier pour réunir ses proches, là aussi c’est un bon début, finalement, me suis-je dit…
Quant à moi, j’ai retrouvé ThéoFOR samedi dernier. Là, ce n’est que du bonheur. Des vacances, presque, à coté des trois jours à Micropolis. L’ambiance était studieuse, l’assemblée recueillie pendant les temps de prières, le repas était une vraie détente et un temps de partage. L’accompagnement du groupe d’adultes m’a paru facile comparativement au groupe de jeunes. Je crois en fait que je suis plus dans mon élément avec des adultes qu’avec des enfants ou des jeunes. Avec des adultes, la relation est plus équilibrée entre le formateur-accompagnateur et l’apprenant, il n’est pas question de pouvoir ou d’autorité comme avec des enfants ou des jeunes qui ont besoin de limites et de cadrage.
Ceci dit, le partage n’est pas toujours évident surtout lorsqu’on aborde un sujet comme l’Esprit Saint qui était le thème de notre journée d’étude. J’ai remarqué que mes amis catholiques n’étaient pas à l’aise d’une manière générale avec « ce sujet ». J’ignore pourquoi. L’étude de l’Esprit saint au travers des Écritures passe encore. Mais alors, quand on aborde l’expérience personnelle de l’Esprit dans la vie de chacun, là, c’est la consternation pour la plupart. La question du discernement, quant à elle, paraît secondaire car pour discerner il faut déjà percevoir quelque chose.
Et là, j’avoue volontiers que guider des personnes dans la perception de l’action de l’Esprit dans leur vie, c’est pas simple, c’est même très délicat. Il faut du temps et surtout bien se connaître. Je préfère souvent parler de l’expérience que j’en ai, du « ce que je crois » plutôt que de dire à l’autre ce qui dans sa vie témoigne de l’action de l’Esprit… L’Esprit se raconte je crois, plus qu’il ne s’explique.
En tout cas Il délie les langues, enfin, en principe, car samedi, je ne sais pas où Il était parti car les membres de mon groupe de réflexion n’étaient pas aussi loquaces que d’habitude, certains étaient même devenus muets. Inattendue l’action de l’Esprit toujours, déroutante même, voire provocante parfois, vous ne pensez pas ?
Ceci dit, je sais aussi qu’on a besoin des autres et de leur parole pour « discerner » l’action de l’Esprit. Un jour, un ami prêtre m’a dit : « ta mission, Catherine, c’est de retransmettre ce que tu as reçu, mais pas une doctrine, des mots, mais ton expérience de vie avec le Christ ». Je ne savais pas, moi, que j’avais « une expérience de vie avec le Christ ». Ces paroles, heureusement, m’ont été écrites. Si elles avaient été dites oralement, je crois que je ne les aurais pas écoutées…Depuis, je m’interroge sur « ma vie avec le Christ » puisqu’il semble que les autres (un au moins) la perçoive et j’essaie de raconter. Sans cette parole, jamais je crois, je n’aurais osé écrire tout ce que j’écris ou encore le dire à Théofor.
A la semaine prochaine,
Amicalement comme toujours
Catherine
oOo
Mardi 25 avril 2006
Amis de Murmure, bonjour,
Je profite de l’unique moment de répit que ma petite fille m’accorde, pour correspondre avec vous. Mathilde, qui est venue passer quelques jours de vacances chez moi et qui va souffler ses 3 bougies tout à l’heure, fait la sieste. Avec un peu de chance et grâce à la longue promenade de ce matin, j’ai une heure devant moi de tranquillité…
Si je vous dis le mot « retraite », « retraite de profession de foi » par exemple, le mot évoque quoi pour vous ?
Pour moi, jusqu’au week-end dernier, le mot n’évoquait aucune expérience personnelle car je ne suis jamais partie en retraite nulle part, ni à l’occasion de ma communion-profession de foi- confirmation (oui, j’ai tout fait le même jour…), ni depuis.
Mais on m’aurait posé la question, j’aurais associé le mot « retraite » aux mots « repos, méditation, lecture, réflexion, prière, solitude et silence ».
Ceci dit, je me doutais bien qu’en m’inscrivant comme accompagnatrice à une retraite de profession de foi qui allait regrouper plus de 700 jeunes âgés de 13 ans, il ne serait pas question de solitude et de silence, ni surtout de repos. Seulement, je n’imaginais pas à quelque point ce serait le cas.
Je suis rentrée de cette retraite épuisée, courbaturée et fiévreuse, les oreilles bourdonnantes comme après un concert de variété, avec des heures incalculables de sommeil à récupérer mais heureuse aussi, des chansons plein la tête et le cœur tout brûlant…
Alors maintenant, quand on me dit « retraite » je réponds : foule, déambulation, musique, grands jeux, podium géant, hall immense, forum.
Il faut que je vous raconte un peu : je me suis retrouvée avec un groupe de 7 pré-ados, qui ne se connaissaient pas et que je ne connaissais pas, pendant 3 jours et 2 soirées, au milieu de 850 personnes au Parc des Expositions de Besançon.
(Pour les curieux, les photos de la manifestation sont en ligne sur le site du diocèse de Besançon).
Au programme : une marche, un grand jeu biblique, un « question pour un champion », des témoignages, une veillée de réconciliation, une magnifique célébration. Toutes ces activités étaient entrecoupées de bons repas, de temps de réflexion en petits groupes, de chants en grand groupe, 700 jeunes qui chantent, en se « donnant », c’est assez impressionnant, croyez-moi…le tout ayant été organisé et animé par l’équipe de catéchèse du diocèse d’une manière remarquable.
J’ai accompagné mes 7 jeunes pendant tous ces moments, en veillant à ce que le groupe se constitue : qu’ils fassent connaissance, vivent des moments de partage sans débordement, cheminent, soient en phase avec les activités proposées. Passionnant et épuisant. Je ne savais pas qu’une retraite de profession de foi était avant tout un lieu et temps d’évangélisation de base…il a fallu commencer par expliquer les mots : « professer » et « foi », resituer l’évangile de Jean dans la Bible, dire ce que signifiait le mot « évangile », entre autres…
Il y eut des moments de grâce, fait de complicité, de confidences, de fous-rires au moment des repas (le repas partagé, on a rien inventé de mieux pour établir une relation) et pendant les chansons gestuées. Je n’oublierai jamais je crois, les visages radieux de Yoann et d’Hillary, deux jeunes de mon groupe, toujours joyeux et enthousiastes, qui sont tombés amoureux l’un de l’autre ?!?! « Je la reverrai » s’est écrié Yoann, en applaudissant, au moment de l’envoi final lors de la célébration de clôture…Je ne sais pas s’il a professé sa foi, mais son amour pour Hillary, oui !
Il y eut des moments franchement ingrats, où il a fallu réguler des comportements décalés pendant les temps de prière ou pendant la célébration finale.
Il y eut des moments de questionnement aussi : doit-on laisser communier des jeunes qui tournent l’eucharistie et les gestes des prêtres en dérision ?
Une jeune animatrice a répondu « non » et a empêché des garçons d’aller communier à cause de leur comportement. Moi, j’ai « sermonné » pendant la célébration, ai expliqué quand on pouvait rire et discuter et quand on devait se recueillir, j’ai calmé, j’ai attiré l’attention des jeunes sur l’incohérence de leur propos mais les ai laissés sauter au dessus des sièges pour aller communier…
Je suis incapable d’empêcher quiconque d’aller communier.
Ai-je bien fait ?
Amicalement,
Catherine