L'INTELLIGENCE DES
ÉCRITURES
La
Première
Lettre aux Corinthiens (3)
Résumé des séquences précédentes
(aux archives)
1e séquence :
INTRODUCTION : L'HISTOIRE DE PAUL ET DE CORINTHE, UNE HISTOIRE D'AMOUR
2e séquence :
a - L'adresse et la salutation (1, 1-9)
b - Introduction. La division est un scandale. - 1, 10-17
c - Le plan paradoxal de Dieu : le discours de la Croix ( 1, 18-25)
Folie de la croix
et Sagesse de Dieu ( 1, 18 à 3, 4) (suite)
A - Condamnation de la sagesse humaine (suite)
2 - Un Dieu aux choix étranges (1, 26-31)
Pour édifier la communauté de Corinthe, Dieu 'a pas choisi les philosophes, les magistrats, les gens en place, les nobles. il a commencé par ce qui est faible, vil, méprisable. Cette faiblesse humaine proclame la puissance de Dieu.
Lisez les versets 26 -27. Tout est séparé,opposé, noir ou blanc : sages-fous, puissants-faibles, bien né-vil et méprisé. Mais aussi, tout s'enclenche : être fou, c'est aussi être faible, sans naissance ; être sage, c'est aussi être puissant, de bonne famille. Aucune passeresse entre les deux blocs. Et même progression dans la déchéance. "Être sans naissance" est commenté de trois façons : être vil, méprisé, et ne pas exister. C'est la manière de penser de l'époque de Paul. A Corinthe, comme dans toutes les villes, une petite minorité de notables domine une masse de pauvres qui n'existent pas vraiment. Mais Paul, à partir de ce constat, introduit la nouveauté de la foi. Faites attention au mot "appel" au v. 26. Trois fois on trouve le mot "appeler", "choisir". Oui le voilà, le bouleversement : Dieu fait des choix selon des critères qui défient toutes les lois naturelles de la société du Ier siècle. Et c'est fou aux yeux des hommes. Tout cela ouvre sur une nouvelle rencontre de Dieu, une rencontre manifestée dans la vie et le choix de Jésus Christ. Comme lui, il donne aux pauvres d'exister, d'être reconnus. Avec lui il accepte de passer par le mépris et la folie.
Lisez le verset 30. En opposition avec toutes les lois naturelles de la société, en Christ ceux qui n'ont pas d'existence existent. Ce Christ qui est "sagesse, justice, sanctification, délivrance". Qu'est-ce que cela veut dire ? Le mot "sagesse" est emprunté au contexte. Mais cette sagesse du Christ est commentée par les trois caractéristiques empruntées au judaïsme de l'époque. Simplement cela veut dire qu'en Christ le salut est donné. Un salut total, qui se révèle lorsque les individus commencent à exister.
3 - Une vie traversée par la croix ( 2, 1-5)
Paul vient de lire, dans le choix fait par Dieu des Corinthiens, un signe de la révolution apportée par le Crucifié. Maintenant il va se mettre lui-même en scène. Il illustre ainsi d'une autre manière le scandale de la croix. Le témoignage est ambigu, à première lecture. Certes Paul a vécu des moments difficiles, mais il les étale, comme à plaisir. Il semble cultiver l'humiliation et l'échec. Ce n'est qu'une apparence. En fait il ne veut pas faire une analyse critique de sa propre vie. Il veut simplement illustrer la folie de la croix en utilisant le système d'oppositions radicales (folie-sagesse / faiblesse-puissance) des versets 18-25.
Les versets 1, 4, 5 opposent sagesse, prestige de la parole, discours persuasifs de la sagesse des hommes et mystère de Dieu, puissance de l'Esprit, puissance de Dieu. Le mot "mystère" signifie une réalité que les hommes ne peuvent pas découvrir par eux-mêmes. Il faut qu'elle leur soit révélée. Cette réalité est secrète, mais aussi toute-puissante parce qu'elle vient de Dieu.
Donc Paul oppose deux types de connaissance : la connaissance tirée de l'expérience des hommes (c'est une sagesse), et la connaissance révélée, transmise par Dieu, qui ouvre sur le monde des secrets divins. C'est d'ailleurs la manière de penser de toute l'antiquité. Chez les Juifs, cela donne la littérature apocalyptique (apocalypse = lever le voile). Chez les Grecs, on trouve les religions à mystères et la gnose.
Paul raisonne en homme de son temps. Les Corinthiens sont friands de sagesses mystiques : il leur oppose le mystère révélé. C'est celui qu'il prêche. Pas étonnant donc, pour lui, que la prédication du crucifié bute sur la raison humaine (2, 2). Elle est folie, et pourtant elle apporte du neuf, puisqu'elle révèle un visage inconnu de Dieu. Cela rejoint notre propre expérience. Essayez donc de partager votre foi : cela ne se démontre pas. Et pourtant cela apporte du neuf et cela libère les hommes.
A travers cette représentation dualiste, Paul relit sa vie. D'une part il insiste lourdement sur la pauvreté de ses pratiques. Il ne parle pas avec éloquence (2, 1 et 4), ce qui le disqualifie aux yeux de ses contemporains qui raffolent de beaux discours. Paul est "faible, craintif et tremblant", comportement indigne d'un prédicateur de talent. Et d'autre part il se met en valeur. Il est du monde de Dieu, dépositaire du mystère de Dieu. Il parle avec la force et la persuasion données par la puissance divine.
Qu'est-ce que cela veut dire ? En fait, Paul ne se lamente pas sur son sort. Il vit la folie et la puissance de la croix. Nous aussi nous pouvons lire nos vies de la même manière : les croix ne manquent pas, ni les jours où tout semble inefficace, inutile. Et pourtant, c'est à travers ce chemin que passe l'espérance. Dans notre histoire à nous aussi s'inscrit peu à peu la puissance du Crucifié.
B - Accessibilité (2, 6-16)
A la différence du texte qui précède, Paul s'adresse aux Chrétiens "adultes", les parfaits. Il existe une autre sorte de sagesse supérieure qui ne résulte ni d'une initiative humaine ni de recherches métaphysiques, mais qui est un don de l'Esprit (v. 10). Lui seul sonde tout et communique les dons de la grâce de Dieu. Il permet au croyant de déchiffrer ce qui sans lui resterait une énigme. Dans ce passage, Paul enseigne les Corinthiens à partir de ses découvertes personnelles, exprimées par le "nous". Il les invite, eux, les "spirituels", à partager son expérience. C'est un texte difficile. On va essayer de l'éclairer.
1 - Qui sont les "chefs de ce siècle" (v. 6 et 8). Paul les oppose à la sagesse divine. D'où vient cette expression ?
* pour certains, c'est une expression tirée de la
prédication missionnaire primitive. Il s'agirait des autorités juives et
païennes qui sont la cause de la mort de Jésus.
* pour d'autres, il s'agit du mythe gnostique de l'être divin descendu du
ciel en voilant son identité pour passer inaperçu des puissances angéliques.
* pour d'autres, la sagesse dont parle Paul, c'est la sagesse gnostique : un
être personnel émane de la plénitude divine et vient sur la terre pour sauver
l'humanité. Paul s'opposerait à cette manière de voir en insistant sur la
croix dans le mystère du salut.
* une quatrième hypothèse : Paul fait référence à Baruch 3, 9. Il le cite
librement, de mémoire : les chefs n'ont pas connu la sagesse. Ils appartiennent
à notre monde, qui ne connaît qu'uns sagesse terrestre.
Alors ? De qui s'agit-il ? Paul peut avoir en vue tout à la fois les hommes et les puissances qui les manoeuvrent. Dans Baruch, les chefs voisinent avec les fameux géants de l'époque du Déluge. Donc Paul utilise l'Ancien Testament (Baruch) pour parler de ces autorités qui n'ont pas connu la Sagesse descendue sur terre pour séjourner parmi les hommes. Cette Sagesse personnifiée, dit Paul, c'est le Christ.
2 - La citation de 2, 9.
Certains y ont vu une parole de Jésus lui-même non inscrite dans les évangiles. Certains textes anciens (les Actes de Pierre, par exemple) citent ce texte comme une parole de Jésus. Plus probablement c'est un mélange d'Isaïe 52, 15, 64, 3, et Jérémie 3, 16
3 - Quelle est cette Sagesse mystérieuse et cachée ?
La prédication de l'apôtre (de tout prédicateur)
court un danger : devenir une connaissance que les hommes acquérraient sur Dieu,
au lieu de dépendre de la foi en Dieu (2, 4-5). Paul oppose au pouvoir de la
sagesse la force démonstrative de l'Esprit. Paul est certain que sa prédication
reçoit tout son pouvoir de l'action puissante de l'Esprit.
En quoi consiste ce mystère ? Dans "les biens que Dieu prépare pour ceux qui
l'aiment" (v. 9). Ces biens, c'est ce que "nul oeil n'a vu, nulle oreille n'a
entendu, nul coeur humain n'a conçu". Ces biens sont communiqués à l'homme par
l'amour (agapè) qui les place dans l'alliance que Dieu leur a offerte. Les
croyants sont ceux qui aiment Dieu (v. 9). Ils sont connus de Dieu et
connaissent les dons de sa grâce (v. 12) L'amour ne disparait jamais et n'est
donc pas atteint par la mort (chapitre 13)
Cette sagesse, aucun des chefs de ce siècle ne l 'a connue, sinon ils n'auraient pas crucifié le Seigneur de Gloire, c'est-à-dire la présence active de Dieu qui a ressuscité Jésus. L'homme crucifié est déjà (pour le croyant) le Seigneur de Gloire dont la victoire apparaît en pleine lumière dans la résurrection.
4 - Qu'est-ce qui caractérise le spirituel ?
Paul utilise trois fois ce mot :
* pour l'homme auquel la sagesse supérieure a été
communiquée (v. 15)
* il fait preuve d'indépendance par rapport aux jugements du monde (13)
* il accepte ce qui vient de l'Esprit de Dieu (v. 14)
L'homme selon saint Paul en 1 Corinthiens, chapitres 2 et 3 Paul emploie plusieurs termes, qu'il nous faut examiner avec une certaine précision. 1 - "Psychikos" (l'homme psychique 2, 14). C'est l'homme animé par la psychè, l'âme. La Vulgate a traduit par "animalis homo", l'homme animal; ce qui est en français une mauvaise traduction. En réalité, il s'agit de l'homme naturel (homme ou femme). La psychè, en effet, désigne aussi bien l'âme que la vie, voire même la personne. Sous l'influence de la pensée sémitique, "sa vie" signifie "soi-même", "ta vie = toi-même. L'âme n'est pas un composant, un élément de l'être humain, mais cet être humain tout entier, en tant qu'il est vivant. 2 - "sarkinos" (charnel 3, 1). C'est l'homme dans sa condition de créature mortelle, fragile, faible. Mais sans aucun sens péjoratif (comme "charnel" en français). Ici, il s'agit simplement de la vie d'ici-bas avec ses limites. 3 - "sarkikos" (au pouvoir de la chair 3, 3), au sens de lieu de péché. Il faut traduire par "pécheur", plutôt que "charnel". Paul marque bien la différence : tout homme terrestre vit dans la chair, tandis que l'homme pécheur vit selon la chair et s'oppose à l'esprit. Traduisons donc 3, 1-3 : "Pour moi, frères, je n'ai pas voulu vous parler comme à des hommes spirituels (pneumatikoi), mais seulement comme à des hommes ordinaires (sarkinoi); comme à des petits enfants (nèpioi) en Christ. C'est du lait que je vous ai fait boire, non de la nourriture solide : vous ne l'auriez pas supportée. Mais vous ne le supporteriez pas davantage aujourd'hui, car vous êtes encore "sarkikoï" (guidés par la chair). Puisqu'il y a parmi vous jalousies et querelles, n'êtes vous pas pécheurs (sarkikoi) ?" 4 - Pneumatikos : spirituel. Il s'agit ici de la personne même,dans sa réalité secrète en relation avec Dieu. C'est le degré supérieur. Nous avons donc, de haut en bas : 1 - pneumatikos / 2 - psychikos / 3 - sarkinos / 4 - sarkikos 5 - "nèpios" (petit enfant). C'est l'infans en latin, c'est-à-dire celui qui ne parle pas, un être faible, n'usant pas de raison, simple, sans expérience. 6 - Teleios. C'est l'adulte, ou le parfait (2, 6). S'oppose à l'enfant, au débutant. C'est le chrétien adulte.
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c - Comment enseigner à une communauté purement humaine ( 3, 1-4)
Paul vient de dire que la sagesse de Dieu n'est accessible qu'aux parfaits. Il va enfoncer le clou en conclusion : les Corinthiens sont des enfants, ils en sont réduits au lait. Alors qu'ils se gonflent de leurs dons spirituels, dont ils sont si fiers, en réalité ils ne sont que des hommes ordinaires. Leurs vues sont tout humaines. L'acceptation de la Croix est la pierre de touche pour reconnaître un homme spirituel, et non pas l'adhésion à un prédicateur ou à un autre, car ceux-ci sont jugés selon des critères tout humains et non d'après l'originalité complète et totale de l'Évangile. Il s'agit de ne pas réduire l'Église à ce qu'ils en comprennent.
Les prédicateurs édifient l'Église (3, 5 à 4, 21)
1 - Planter et bâtir - (3, 5-15)
L'Église est la plantation de Dieu. Lui seul la fait pousser. Les hommes ne sont que des serviteurs, mais Dieu n'hésite pas à en faire des collaborateurs. Il leur confie des fonctions diverses, mais complémentaires. Dieu seul les apprécie et en reste juge. Les Corinthiens sont la plantation de Dieu, les apôtres en sont les jardiniers. Ensuite, Paul utilise une autre image, celle de la construction. Grâce à cette image, il précise la place de chacun. Il a joué un rôle unique : il a posé le fondement. Les autres n'ont fait que bâtir dessus. Ils ont un rôle différent. Parmi eux, certains font du bon travail, d'autres non. Certains construisent avec des matériaux précieux : la construction est solide, de valeur. Les autres, avec des matériaux périssables (bois, foin ou paille), indiquant la précarité de la partie contestable de la construction. Donc les ouvriers sont responsables, leur oeuvre sera soumise à l'épreuve du feu (l'image est fréquente : le feu est regardé comme révélateur, pas comme destructeur). Au v. 15 "il sera sauvé comme à travers le feu" : on y a vu l'amorce de la doctrine du purgatoire, mais cette théorie n'apparaît chez les rabbins qu'à partir du IIe siècle. Plus certainement, la faute de l'homme ne détruit pas le lien qui l'unir au Christ et dont le Christ est l'auteur, lien scellé par le baptême.
2 - Vous êtes le temple de Dieu, vous êtes au Christ (3, 16-23)
A - Attention ! Vous êtes le temple de Dieu (16-17) Paul a parlé de construction. Eh bien, il va dire le but et l'usage de la construction (c'est plus important que la manière dont cela a été construit) : vous êtes le temple de Dieu. L'image du temple est prise ici dans un sens collectif, alors qu'en 6, 16, elle le sera dans un sens personnel. L'Église de Corinthe est donc cet édifice de Dieu. Gare à ceux qui cherchent à le détruire ! Qui ? les fidèles séduits par la sagesse de ce siècle.
B - Tout est à vous... (3, 18-23) Pour conclure, Paul va tout resituer : tout est à vous;..Paul, Apollos... Rappelez-vous du début : "moi je suis à Apollos, moi à Céphas... Paul inverse. Dans la logique chrétienne, le missionnaire est serviteur, et le chrétien est maître, seigneur, du monde, de la vie, de la mort, du présent et de l'avenir. L'homme chrétien, maître du monde. Mais pas maître absolu : il appartient lui-même au Christ (et non pas à Paul, à Apollos), et le Christ est à Dieu.
3 - Deux aspects de l'apostolat (4, 1-13)
A - Fidélité et indépendance (1-5)
Au chapitre 3, Paul et Apollos sont des "diakonoï" (serviteurs) ou des "sunergoï" (collaborateurs). Ici, nous trouvons deux autres mots : "Uperetas (littéralement : rameur subalterne) et "oikonomoi"(économe, intendant). Donc Paul se range parmi les subordonnés, comme assistant ou secrétaire du Seigneur. Il se considère aussi comme intendant, administrateur, chargé de dispenser les mystères de Dieu. Pour cette dernière charge, l'important c'est d'être trouvé fidèle.
Dieu seul est en droit de juger ses serviteurs. Paul se moque pas mal des jugements portés par les hommes ou même par un tribunal humain. Il n'a conscience d'aucune faute. Lui, il sait que Dieu le connaît parfaitement et il a totalement confiance, il est plein d'espérance, il n'a pas peur du jugement. La certitude du salut l'emporte sur la crainte de la perdition.
B - L'exemple des apôtres face à l'orgueil des Corinthiens (6-13)
Le v.6 pose un problème de critique textuelle. Traduit littéralement, un morceau de phrase est incompréhensible : "rien au-dessus de ce qui est écrit". Ces mots, on peut supposer qu'un copiste les avait écrit dans la marge et qu'ensuite, un autre copiste inintelligent les a incorporés au texte. Donc, la TOB les supprime, à juste titre. Au fond, ce que Paul veut dire, c'est ceci : ceux qui exercent un ministère doivent être un exemple et montrer que les rivalités orgueilleuses entre membres de la communauté sont inutiles. A tort les Corinthiens s'estiment déjà entrés dans le Royaume de Dieu et de ce fait oublient la grande espérance finale. Les voilà déjà arrivés ! Paul se moque d'eux : les voilà comblés, riches !
Par contraste, les serviteurs du Crucifié sont mis au dernier rang, comme voués à la mort, fous, faibles, méprisés, ils sont les déchets, les ordures (les termes grecs employés désignent les misérables qui étaient nourris aux frais de la cité pour servir de victimes expiatoires en cas de calamités. Mais le témoignage des apôtres, fait de patience, de bénédiction, de bonté, n'en est que plus visible.
4 - Conclusion - Exhortation apaisante (4, 14-21)
Et voilà Paul qui arrête enfin de leur faire des remontrances. Il s'adresse à eux, en conclusion, pour les exhorter avec tendresse : lui seul les a fait naître à Jésus Christ. Il leur propose de l'imiter, parce que lui-même imite le Christ. Ainsi ils imiteront eux aussi le Christ. Pour cela, Timothée va les aider. Il est déjà en route et son arrivée à Corinthe ne saurait tarder. Lui-même, Paul, viendra chez ces "gonflés" et ces "orgueilleux" pour mesurer la réalité de la situation. Puis tout à coup l'ironie reprend ses droits et Paul laisse le choix aux Corinthiens : doit-il venir avec des verges, ou bien avec amour et douceur ?
(A suivre, le 15 novembre)