Le pain que je donnerai, c’est ma chair,

     19e DIMANCHE ORDINAIRE (B)

                              

Evangile de Jésus Christ selon saint Jean 6, 41-50

Comme Jésus avait dit : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel », les Juifs récriminaient contre lui : « Cet homme-là n’est-il pas Jésus, fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. Alors, comment peut-il dire : ‘Je suis descendu du ciel’‘ ? » Jésus reprit la parole : « Ne récriminez pas entre vous. Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire vers moi, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : ‘Ils seront tous instruits par Dieu lui-même’. Tout homme qui écoute les enseignements du Père vient à moi. Certes, personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi a la vie éternelle. Moi, je suis le pain de la vie. Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais ce pain-là, qui descend du ciel, celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. »

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Détachement

Le journal La Croix publiait quotidiennement pendant les mois d'été, il y a quelques années, une série d’interviews réalisés par un photographe. A chacune des personnes qu’il interrogeait, il posait les mêmes questions pour savoir ce qu’elles pensaient personnellement du détachement. Les réponses, qu’il accompagnait chaque jour d’une de ses photos, furent souvent très personnelles. On sentait qu’elles exprimaient la propre expérience des personnes interrogées. Bien souvent leur expérience d’une dépossession de soi-même exprimait quelque chose qu’elles avaient subi, sans le chercher, sans le vouloir ; et en même temps elles disaient le bienfait qu’elles y ont trouvé.

Elie

En lisant ce matin le récit de l’aventure du prophète Elie, je me disais qu’il aurait pu, lui aussi, figurer parmi ces personnalités qui font état d’une dépossession qui leur a été bénéfique. Il faudrait que vous preniez le temps de lire (ou de relire) la geste d’Elie au 1er livre des Rois, chapitres 17 à 19). Elie y est présenté comme le champion du culte du vrai Dieu, le Dieu unique, Jahvé, à une époque de l’histoire de son peuple où le pouvoir royal avait introduit massivement le culte des Baals, les faux-dieux. Toute la mission d’Elie sera de combattre ces cultes des idoles, et il le fit de manière violente. A tour de bras, il extermine les prêtres des faux dieux. Au sommet du mont Carmel, ce promontoire qui domine la Méditerranée au nord d’Israël, Elie est représenté brandissant une épée. Mais poursuivi par la haine de la reine Jézabel, il est contraint de s’enfuir au désert. Lui le dur, le fort, le combattant, le voici contraint de se transformer en fuyard. Et le fugitif tombe exténué à l’ombre d’un buisson. Il n’en peut plus et il demande la mort. C’est alors que Dieu intervient ; l’ange du Seigneur le réveille, l’oblige par deux fois à manger et à boire pour qu’il puisse reprendre la route. Une longue route qui le conduit au mont Horeb, dans la péninsule du Sinaï. Et là, Dieu va se révéler à lui d’une manière unique, extraordinaire, non pas dans le feu, le tonnerre, l’ouragan ou le tremblement de terre, mais dans le souffle discret d’une brise légère qui effleure son visage.

Instruits par Dieu

L’expérience d’Elie illustre parfaitement cette affirmation de Jésus, que nous trouvons dans l’évangile de ce jour : « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire vers moi. » Autrement dit : c’est Dieu qui a toujours l’initiative. Si tu crois pouvoir le rencontrer par toi-même, grâce à tes actes et tes démarches les plus personnelles, tu te trompes. C’est uniquement dans l’expérience de ta propre faiblesse que Dieu se révèle à toi. Et pour cela, il faut parvenir au plus réel détachement. Ou plus exactement, accepter tous les aléas de l’existence qui t’obligeront à ce détachement. Bien sûr, tout n’est pas uniquement passivité de notre part, mais c’est Dieu lui-même qui a l’initiative ; quant à nous, il faut d’abord que nous cessions d’avoir toutes les prétentions à la connaissance. On ne connaît pas Dieu au terme d’une recherche intellectuelle. On aurait beau avoir fait toutes les études théologiques et scripturaires possibles, ce n’est pas pour autant qu’on pourrait prétendre connaître Dieu. C’est Dieu qui attire, dit Jésus. De nous, il est demandé simplement le désir et l’ouverture de l’esprit et du cœur pour être « instruits par Dieu ». Et dans cette démarche – dans cette marche – bien souvent dans le désert et la détresse de nos existences, il y a Celui qui se présente comme « le pain de la vie. » Compagnon de route comme il le fut dans l’après-midi de Pâques avec Cléophas et son camarade qui cheminaient vers Emmaüs, lui seul qui se présente comme « celui qui vient de Dieu, qui  seul a vu le Père », nous nourrit quotidiennement de sa Parole et de son Pain.

Gratuité

Comme nous sommes loin de cette religion du marchandage et des mérites dans laquelle nous avons bien souvent été élevés. Une religion dans laquelle on prétendait faire son salut et où l’on ignorait bien souvent toute la valeur de gratuité qui est le fondement d’une relation vraie avec Dieu. Pourtant, on chantait « tout vient de Toi, Père très bon » !  Mais on vivait notre vie chrétienne comme si tout venait de nous, de nos efforts et de nos mérites.

Laissons-nous donc « enseigner par Dieu ».

 

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Dernière mise à jour : 6 août 2012

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