THÉOLOGIE "POUR LES NULS"

 

Cette année 2007 : DIEU.

 

"Dieu est beau. Il aime la beauté."

8 - Une parole humaine sur Dieu
(août 2007)

 

 

Je me demande si je ne me suis pas aventuré dans une affaire qui dépasse largement mes possibilités. En d'autres époques de l'histoire il était relativement facile de parler de Dieu. Les curés de campagne aussi bien que les plus grands théologiens, les mystiques mieux que les intellectuels. Chacun, selon ses dons et selon son auditoire, expliquait aussi bien que possible, d'une part les preuves de l'existence de Dieu, et d'autre part qui est Dieu. Aujourd'hui il n'en est plus de même, et dans notre monde sécularisé, face à l'athéisme ambiant, on doit se demander s'il est encore possible de parler de Dieu de manière crédible.

 

 

Certes, on parle de Dieu. Et même à tort et à travers. Mais quel est le sens de ce qu'on dit. On parle de Dieu comme d'une évidence, parce que cela fait partie de notre tradition familiale ou parce qu'on a découvert cette réalité au terme d'une démarche personnelle. Mais ceux à qui l'on parle n'en sont pas là. Aussi bien les adultes, les jeunes, les enfants qui vivent dans une culture totalement sécularisée ( ils ouvrent des grands yeux étonnés quand on parle de Dieu) que les gens qui font profession d'athéisme raisonné, réfléchi, et qui sont capables de contester le discours chrétien, aussi bien celui du chrétien fidèle que celui du pape. Beaucoup de nos contemporains athées entendent parler de Dieu et nous demandent au nom de quoi nous tenons un tel discours. Pour eux, bien souvent, c'est parole vide de sens autant que de justification.

Alors, comment parler de Dieu aujourd'hui ? Peut-on tenir un discours qui ait des chances d'être entendu ?

Il ne suffit plus de parler de Dieu. Il faut commencer par justifier notre discours sur Dieu : au nom de qui, et en vertu de quelle autorité pouvons-nous en parler légitimement ? Pour beaucoup de nos contemporains, Dieu est une simple notion dont ils entendent parler, mais qui pour eux est vide de sens, ou construite à partir d"un certain nombre de préjugés. Pouvons-nous, aujourd'hui encore, poser les deux questions que nous avons posées au début de notre recherche : Dieu existe-t-il ? et Qui est-il ? Et pouvons-nous apporter à ces deux questions des éléments de réponse ?

Une question sans réponse ?

Une tendance en vient à dominer de nos jours, chez les croyants : on parle de Dieu, mais on se refuse à démontrer son existence. On veut bien répondre à la deuxième de nos questions (qui est Dieu ?), mais pas à la première (Dieu existe-t-il ?). Pourquoi ? Parce que, nous répond-on, on ne peut pas démontrer Dieu, pas plus qu'on ne peut démontrer l'existence d'une personne : on l'accueille, on vit avec elle, un point, c'est tout. Toute démonstration consiste à manipuler des idées, mais on ne peut pas manipuler Dieu comme on manipule des idées. Dieu n'est pas une idée : il est un être libre et cerné de mystère. Comme toute personne, on peut le rencontrer, on peut avoir avec lui des relations de personne à personne, mais comme toute personne, Dieu n'est pas au bout d'un raisonnement. On ne démontre pas sa présence ; on ne peut qu'en témoigner.

Donc, pour beaucoup de chrétiens d'aujourd'hui, il n'est plus question de faire une démarche rationnelle. Dieu n'est pas affaire de raisonnement. Il suffit de témoigner. Ils refuseront donc les joutes intellectuelles et philosophiques. Dieu s'est "prouvé" lui-même dans sa Parole. Et cela suffit. L'athée n'a d'autres ressources que d'accueillir cette Parole. Avant d'être reconnu, Dieu est déjà dans le coeur de tout homme. Sa présence n'a pas à être prouvée, mais simplement éprouvée. Il n'y a pas de "preuve"  de l'existence de Dieu, mais Dieu est une "épreuve" pour toute vie d'homme.

Objection, votre honneur !

Mais c'est justement ce que tout athée réprouve. Pour lui, il ne suffit pas de témoigner, même si le témoignage d'un homme est respectable : le témoignage n'est qu'une réponse subjective à une question objective. Or l'homme ne peut vraiment accueillir que ce qu'il comprend. Donc, dans notre relation de croyants avec des agnostiques, il nous faudra bien nous situer au niveau d'un dialogue fondé sur la raison, puisque c'est le seul lieu possible de rencontre. Alors, comment faire ? Revenir aux preuves classiques de l'existence de Dieu ? Les expliquer une fois de plus ? D'abord, j'avoue qu'elles ne m'ont jamais convaincu ; et d'autre part je doute qu'elles aient convaincu qui que ce soit. Si vous cherchez un peu dans Google, vous trouverez des sites où des incroyants démontent pièce par pièce ces fameuses preuves. Pour un athée, ces preuves, bien souvent, se réduisent à des jeux intellectuels. Elles produisent souvent l'effet inverse de celui qu'on escomptait.

 

Francis Jeanson (La foi d'un incroyant) explique que les preuves traditionnelles de l'existence de Dieu sont le meilleur remède pour détourner de croire en Dieu : "Si Dieu est mort dans ce monde où nous sommes, il n'en faut pas incriminer les libertins, les marxistes, les existentialistes et autres mécréants : les penseurs catholiques lui avaient déjà réglé son compte. Dieu vivant, véritablement vivant dans le coeur des hommes, ce serait le règne, anarchique et scandaleux, de la simplicité d'esprit ; mais l'ordre exige (rendons à César les enfants de César) un Dieu-Concept, un Dieu-Momie, un prestigieux cadavre sur lequel les sages initiés puissent indéfiniment poursuivre leurs pieuses autopsies. Dieu est mort, vive la théologie."

 

Un lieu commun ?

Alors ? Si le témoignage ne porte plus, si les arguments rationnels renforcent les convictions des athées, que reste-t-il à dire ? On ne peut que constater la profondeur de la crise actuelle de la pensée. On parle, après Freud, de "malaise dans la civilisation", de mort des traditions, de déclin des absolus, de perte des valeurs, de perte du sens. Et c'est vrai : chacun de nous peut le constater. Plus profondément, et à la racine de cette "crise", n'y a-t-il pas une crise du "principe" : comme s'il n'existait plus de principe organisateur universellement reconnu. Alors, y a-t-il un lieu, commun à l'athée et au chrétien, à partir duquel pourrait être posée la question de Dieu ?

Dans notre tradition occidentale, la question de Dieu a surgi en deux lieux différents : la raison et l'Ecriture. Le christianisme a toujours essayé de les harmoniser. Voir encore récemment le discours de Benoît XVI à l'université de Ratisbonne (12 septembre 2006) où il déclare notamment : " Le culte de Dieu chrétien est ‘logiké latreia’ – culte de Dieu en accord avec la Parole éternelle et avec notre raison (cf Rm 12, 1).Cette rencontre intime entre la foi biblique et les interrogations de la philosophie grecque est un évènement décisif non seulement du point de vue de l'histoire des religions, mais aussi pour celui de l'histoire mondiale, et nous concerne encore aujourd'hui. Quand on considère cette convergence, il n'est pas surprenant que le christianisme, malgré ses origines et ses développements significatifs en Orient, ait trouvé son caractère historique en Europe."

Il faut lire le texte in extenso (toujours dans Google) car c'est là que le pape situe le mieux le problème des relations entre la foi et la raison. La raison propose une démarche ascendante : partant de l'existence du monde ou des structures de l'esprit, elle conclut à l'existence de Dieu. Par exemple, le monde créé exige, pour exister, un créateur ; la pensée, dans ses variations infinies exige un pôle, un principe de vérité auquel elle puisse faire référence, une vérité stable, identifiable avec Dieu. Quant à l'Ecriture, elle parle autrement. Elle est souvent une contestation de la raison qui serait incapable de dire Dieu ou de dire quelque choser de vrai sur lui. Seul Dieu peut valablement parler de Dieu. Elle exige qu'on l'accueille dans la foi. Donc, deux réalités : Raison et Ecriture. Sont-elles conciliables, ou s'excluent-elles ?

LA SEULE PAROLE DE DIEU

Dans la tradition chrétienne il est un courant de pensée qui rejette toute autre connaissance de Dieu que celle donnée par Dieu lui-même. Seule compte la révélation biblique. Dieu est caché et se révèle de la manière qui lui sied. Aucune autre connaissance de Dieu n'est valable. Dieu se fait connaître "aux tout-petits" comme il peut rester caché "aux sages et aux intelligents."

C'est toute la pensée du plus grand théologien protestant du XXe siècle, Karl Barth (1886-1968) qui déclare radicalement que "La Bible écarte comme idole tout autre Dieu que celui de la révélation ; elle proclame qu'il n'y a d'autre accès au vrai Dieu que la foi en sa parole." Et il ajoute : "On connaît Dieu par Dieu et seulement par Dieu". Toute réflexion humaine sur Dieu ne peut être qu'une atteinte ("un attentat", écrit-il) à l'idée chrétienne de Dieu.

Seulement voilà ! Il y a saint Paul ( Romains 1, 19) qui déclare qu'ils sont impardonnables, ceux qui ne savent pas reconnaître les perfections invisibles, l'éternelle puissance de Dieu dans les oeuvres visibles de la création, qui sont là, sous nos yeux. Et donc pourquoi le croyant, alors même qu'il a reçu la révélation s'accroche-t-il toujours à chercher des preuves rationnelles de l'existence de Dieu ? C'est que, répond Karl Barth, "même converti, l'homme reste pécheur." Construire des preuves est une manière, pour l'homme, de récupérer l'évangile de son côté, alors qu'il conviendrait de se livrer totalement à l'obéissance de la foi. En cela, Karl Barth est bien dans la ligne de la Réforme, qui s'est toujours méfiée de la raison, notamment de la théologie "scolastique", suivant en cela le pessimisme de Luther qui parlait de "cette putain de raison."

Qu'en est-il, en effet, de l'attitude de l'homme qui veut, par sa seule raison, trouver des preuves de l'existence de Dieu ? En réalité, il se fabrique de fausses images de Dieu, un Dieu à son image. "La théologie est anthropologie, écrit Karl Barth, c'est-à-dire que dans l'objet de la religion, que nous appelons Dieu, ne s'exprime rien d'autre que l'essence de l'homme divisé." Il rejoint en cela Feuerbach, que je vous ai déjà présenté comme le père de toutes les conceptions athées modernes et contemporaines, pour qui ce n'est pas Dieu qui a créé l'homme, mais l'homme qui crée Dieu, qui se fait des tas d'images de Dieu. Karl Barth explique que tout Dieu qui sort de l'esprit de l'homme et qui ne vient pas de l'Evangile est une idole. Il faut donc y renoncer et se laisser refaire à l'image de Dieu, par Dieu. En ce sens, pense-t-il, l'athéisme a un rôle purificateur : Feuerbach est "le ruisseau de feu par lequel il faut passer", car il contribue à détruire les idoles.

Pour Karl Barth, l'athéisme a donc un rôle bienfaisant. D'une part, il manifeste l'échec de la raison : seule, elle est incapable d'aller à Dieu. On ne va à Dieu que dans l'obéissance à l'Evangile. D'autre part, l'athéisme rejoint une autre intuition de la théologie. Puisqu'il déclare que le contenu de Dieu est un pur produit de l'imagination, il rejoint une vérité qui éclate dans tout l'Evangile. Pour dire une parole vraie sur Dieu, il faut partir de Jésus Christ.

Demeure pourtant, dans cette théologie, un risque de fidéisme : on risque d'exiger de l'homme une foi aveugle. Et, par ailleurs, on se ferme du même coup à tout dialogue avec l'athéisme. Comment donc instaurer avec l'athée un discours vérifiable ?

UN DISCOURS DE L'HOMME ET SUR L'HOMME

Comment donc entamer avec l'athée un dialogue avec des chances de se trouver sur la même longueur d'ondes et donc de pouvoir communiquer  ? Je crois que, pour cela, il faut en revenir à l'homme. Qu'est-ce que ça veut dire, le fait d'exister comme homme ? Qu'est-ce que cela implique ? Qui suis-je ? Et ma vie, a-t-elle un sens ? Il est impossible,  je crois, de dialoguer sur Dieu sans avoir un dialogue sur l'homme. Ce qui n'est pas facile.

Des preuves contestées

On n'a pas attendu notre siècle pour aborder cette tâche. Beaucoup ont entrepris de démontrer l'existence de Dieu à partir de l'homme. Et donc, à partir d'une interrogation radicale sur le monde et sur l'homme. Pas besoin, pour cela, d'en revenir aux classiques "preuves de l'existence de Dieu". Mais on peut cependant en suivre quelques pistes.

D'abord, les preuves à priori. Imaginons, dit Descartes à la suite de saint Anselme, un être tel qu'on ne peut en concevoir de plus grand, l'absolu, l'infini. Le seul fait de pouvoir l'imaginer revient à le nommer : il est Dieu parce qu'il dépasse, et de très loin, toutes les réalités humaines. On pense l'infini comme le contraire ou l'au-delà de notre condition d'hommes limités. Ce genre de preuve est naturellement contesté par beaucoup de philosophes athées ou croyants, et déjà par Kant. Ce dernier explique que même si on admet l'existence d'une idée de Dieu, encore faut-il pouvoir vérifier qu'elle est réelle. Cette vérification, dit-il, ne peut être obtenue que par l'expérience.

C'est pourquoi beaucoup de penseurs préfèrent partir de l'expérience qu'on a de soi et du monde. C'est le type de preuve qu'utilise Voltaire en parlant du célèbre Dieu-horloger : "Car pour moi, plus j'y pense et moins je puis songer que cette horloge marche et n'ait point d'horloger."C'est ce genre de preuves qu'utilise saint Thomas. Celui-ci part de l'existence du monde. Pour lui, le monde n'a pas en lui-même sa raison d'être. Il ne se suffit pas à lui-même Il faut donc remonter à une cause qui soit responsable de l'être du monde dans sa totalité. C'est cette cause première qu'il nomme Dieu. Ce que conteste Jacques Monod pour qui, en premier, il y a "le hasard et la nécessité" inscrite dans la nature. Et toujours revient la question de Heidegger : "Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?" Et beaucoup se philosophes contestent même la nécessité d'une cause.

Dieu Premier Moteur, Cause Première, Etre Nécessaire, Perfection Infinie, Dieu Consolation : c'est toujours un Dieu qui s'impose comme réponse à un besoin humain, comme satisfaction des aspirations de l'homme. C'est toujours un Dieu abstrait. De ce Dieu bâtard, Heidegger n'a fait qu'une bouchée en critiquant cette forme de "théologie de l'être". Même saint Thomas avait souligné les limites de ces preuves rationnelles, radicalement contestées par tous les athées : seul pourrait être convaincu par ces preuves celui qui est déjà installé en Dieu. Alors, sommes-nous encore dans l'impasse ? Faut-il les rejeter ? Les "mettre au rancart" comme des "timbres périmés", se demandait Gabriel Marcel ?

 

Citons encore Pascal : "Les preuves de Dieu métaphysiques sont si éloignées du raisonnement des hommes et si compliquées qu'elles frappent peu ; et quand cela servirait à quelques-uns, cela ne servirait que pendant l'instant qu'ils voient cette démonstration, mais une heure après ils craignent de s'être trompés. C'est ce que produit la connaissance de Dieu qui se tire sans Jésus-Christ."

 

 

Les implications de l'expérience

Comment sortir de l'alternative : si nous nous en tenons à la Parole de Dieu, nous nous interdisons le dialogue avec les athées. Mais si nous répétons les preuves rationnelles de l'existence de Dieu, nous nous enfermons dans un dialogue de sourds. Reste une voie à tenter : celle de l'expérience. Après tout, la pensée contemporaine n'a pas renoncé à chercher le fondement ultime de l'existence. Simplement, elle s'y prend autrement.

Le "vécu", ce donné humain, solide et indiscuté, est-il de nature à révéler l'existence de Dieu ? De multiples essais vont dans ce sens. Certains restent fragiles : ils se fient au sentiment, à l'émotion intérieure, à l'expérience de la joie, à l'attrait spirituel pour l'absolu, au désir, à la réciprocité amoureuse. Ces sentiments ont-ils valeur de preuve ? Pas toujours. D'autres pistes sont plus solides.

* Première piste. Plutôt que de chercher Dieu à l'extérieur, dans le monde, certains philosophes ont préféré les chemins de l'intériorité. Depuis "Connais-toi toi-même" de Socrate. N'y a-t-il pas là une approche d'un plus ancien que soi, le contact avec l'éternel ? Plus proche de nous, c'est saint Augustin qui a le mieux exploré les chemins du coeur. Priorité à l'intuition et à l'élan mystique plutôt qu'à la raison. Pour lui, Dieu ne se laisse pas rencontrer au-dehors, dans le monde sensible, mais au-dedans de soi. Il écrit : "Si nous revenons à notre propre coeur, nous trouverons Dieu au fond." et encore : "Toi, tu étais plus intime que l'intime de moi-même, et plus élevé que les cimes de moi-même." Cette expérience spirituelle a subi les critiques de la psychanalyse qui y décèle les stratégies inconscientes du désir et donc ne lui accorde qu'un faible crédit. De plus, malgré toutes les justifications qu'on lui apporte après coup, elle est difficilement communicable.

* Deuxième piste. Nous la devons à Kant qui, après avoir démontré brillamment que Dieu ne peut pas être connu, nous explique que, cependant, il peut être pensé. Dieu n'est pas objet de science, et pourtant la science ne peut pas éliminer l'idée de Dieu. On peut penser l'idée de Dieu sans qu'il y ait contradiction avec la science. Mais pour cela, il faut qu'il y ait une raison de le faire : c'est l'agir moral. Raisonnement imparable : la conscience morale est un fait indubitable, évident. Elle se constate et n'a pas à se justifier. Elle dicte à chacun son devoir de façon inconditionnelle, sous la forme de l'impératif catégorique ("Tu dois !") C'est vrai, mais à une condition : que l'homme soit libre. Pas de conscience morale sans liberté. Deux autres postulats viennent s'y ajouter : l'immortalité et Dieu. L'homme requiert que la vertu soit récompensée et le vice puni. Or ce n'est pas toujours le cas ici-bas, loin de là ! C'est pourquoi immortalité et Dieu sont requis pour que dans l'au-delà, la vertu soit toujours récompensée et le vice puni. Bref, ce que la "raison pure" ne peut pas connaître, la "raison pratique" le pose comme justification de la morale.

C'est logique, mais que vaut ce raisonnement ? Au nom de quoi peut-on exiger l'accord entre vertu et bonheur ? Nos contemporains ne partagent pas nécessairement  ces convictions solides sur la conscience morale. Mais alors, si l'agir moral est piégé, que reste-t-il ? L'agir tout court ou, pour reprendre le terme de Blondel, l'action. C'est à partir de cette base que Blondel essaie une nouvelle possibilité d'affirmer Dieu.  Pour lui, de nécessité en nécessité, l'action implique l'"Unique Nécessaire". Je n'essaierai pas de vous expliquer sa démarche philosophique : c'est trop compliqué pour moi. Disons simplement qu'en conclusion, Blondel déclare que le passage de l'hypothèse qu'il formule à la réalité qui dépend de Dieu relève, du côté de l'homme, d'un acte de foi, et non d'une démarche de la raison.

Donc, tout discours de l'homme sur Dieu est infirme tant qu'il n'intègre pas le discours de Dieu sur lui-même, discours de Dieu qui, en réalité, est toujours aussi  discours sur l'homme, car l'homme, dit Blondel, ne se comprend pleinement que par Dieu. Ce qui ne suffira certes pas à convaincre les athées, mais qui leur ouvre un chemin qui sauvegarde à la fois la liberté de Dieu et celle de l'homme. Tout homme, croyant ou non-croyant, est alors renvoyé à lui-même et mis devant un choix.

(à suivre, début septembre 2007)

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