THÉOLOGIE "POUR LES NULS"
Cette année 2007 : DIEU.
"Dieu est beau. Il aime la beauté."
12 -
Le Dieu de Jésus Christ.
(Décembre 2007)
1 - Dieu comme Père.
Le philosophe Ernest Bloch estime que "dans le christianisme, Jésus Christ, le Fils de l'homme, s'est mis à la place de Dieu comme Fils de Dieu et donc qu'en fin de compte, dans le christianisme il ne reste rien de Dieu lui-même. "Dieu est mort , vive Jésus, le Fils de l'Homme, c'est-à-dire : Vive l'homme." Une remarque qu'il faut prendre au sérieux. D'autant plus qu'il en tire la conclusion que "l'athéisme ronge le christianisme ."
Un Dieu tyrannique ?
Pour lui d'ailleurs, Yahvé, dans les pages les plus anciennes de l'Ancien Testament, était un démon ennemi de l'homme. Les hommes l'ont combattu. Ce n'est que beaucoup plus tard que Yahvé est devenu un Dieu moral et bienfaisant. Cette thèse, qui date du début du XXe siècle, n'est plus admise aujourd'hui par aucun exégète. Et cependant il faut admettre que dans bien des passages de l'Ancien Testament, Yahvé apparaît comme un être qui sème la terreur. Il ne nous faudrait pas faire l'impasse sur ces textes. Depuis le livre de la Genèse où l'on voit Dieu demander à Abraham de lui sacrifier son fils, puis quelques pages plus loin, se battre toute la nuit contre Jacob au gué du Yabok. Le même Yahvé apparaît dans le livre de l'Exode comme celui qui envoie la peste, qui attaque Moïse comme un démon sanguinaire et veut le tuer (4, 24), qui, après la danse du Veau d'or, veut faire exécuter 3000 hommes et qui, selon ses propres mots, accorde sa bienveillance à qui il veut, etc. Pour punir David, il envoie la peste sur le peuple, son prophète Elie massacre allègrement en son nom 450 prêtres de Baal, si bien qu'au VIIIe siècle encore, le prophète Amos rend Yahvé responsable de tous les malheurs qui arrivent aux hommes. Et tout cela a déteint sur le peuple d'Israël et sur ses moeurs : ils décrètent la guerre sainte et se font un plaisir d'exterminer leurs ennemis au nom même de leur alliance avec Dieu. C'est ainsi qu'il m'est difficile - pour ne pas dire impossible - de dire certains psaumes qu'aujourd'hui encore notre liturgie chrétienne a intégré dans la prière officielle. Ce matin, à l'office de Laudes, on nous demandait de lire le psaume 49 (cela arrive à la plupart des fêtes religieuses) où il m'est impossible de dire la dernière strophe, que je vous cite : "Que les fidèles exultent, glorieux, criant leur joie à l’heure du triomphe. Qu’ils proclament les éloges de Dieu, tenant en main l’épée à deux tranchants. Tirer vengeance des nations, infliger aux peuples un châtiment, charger de chaînes les rois, jeter les princes dans les fers, leur appliquer la sentence écrite, c’est la fierté de ses fidèles." Non merci !
Il ne faut pas occulter ces textes, qui nous présentent un Dieu purement arbitraire et despotique. Tout cela va évoluer, heureusement : au VIIe siècle, on ne parle plus de sacrifices humains. Dieu s'en tient à sa Loi. Il punit ceux qui lui désobéissent et récompense ceux qui restent fidèles à ses promesses. La Loi, expression de la grâce bienveillante du Dieu de l'Alliance, va devenir le pilier de la religion juive et vers 400, elle est désormais figée et domine le rapport à Dieu. On n'ajoute plus et on ne retranche plus rien, on interprète seulement. Même ce qui n'est plus compris, il faut l'observer. On en arrive à un légalisme qui est à son apogée au temps de Jésus. Des prescriptions légales qui marquent jusqu'aujourd'hui le judaïsme orthodoxe. Dans l'Israël actuel, état laïc, une minorité religieuse tente d'imposer dans la vie publique et privée les prescription de la Loi, de la Torah. On jette des pierres sur les autos qui circulent le jour du shabbat, par exemple. Aujourd'hui comme hier, il s'agit finalement du même problème : l'idée qu'on se fait de Dieu lui-même.
Jésus voit Dieu autrement. Certainement pas un Dieu bourgeois, anodin, un Dieu tranquille, à notre image ; un Dieu qui n'aurait rien de désagréable et qui se contenterait de voir reconnaître son existence. Jésus n'a pas annoncé un tel Dieu, qui serait notre propre idole. Il parle donc réellement du Dieu d'Israël, le Créateur et le Juge du monde. Dieu jugera le monde, mais à la différence de Jean Baptiste qui parle de la colère de Dieu et d'un rejet, Jésus parle de salut et de miséricorde. Chez lui, pas de menaces, mais une nouvelle amicale, la bonne nouvelle de la bonté de Dieu qui se fait proche et de son Royaume de justice, de joie et de paix. Il parle de Dieu en paraboles, sans argumentations rationnelles : il raconte. Pour lui, Dieu n'est jamais méchant comme un démon, il est amical avec l'homme, jamais indifférent. Il est miséricordieux, bon, le seul bon. Présent au coeur du monde, il a souci du petit et du grand univers de l'homme, ce qui rend superflu tous les soucis anxieux pour soi-même. Jésus ne remonte pas du monde à Dieu par déduction. Il voit plutôt le monde tout entier dans la lumière de Dieu.
Un Dieu... au masculin ?
Ne croyez pas que Jésus a été le premier - comme on l'entend dire souvent - à annoncer un Dieu Père de tous les hommes. Les religions les plus diverses appellent Dieu "Père". A commencer par le judaïsme. Par ailleurs, je crois qu'il nous faut rester prudent quand nous employons ce nom. Particulièrement aujourd'hui : la libération de la femme nous a rendus particulièrement sensibles à cette problématique. L'idée d'un Dieu-Père peut conduire à un paternalisme social qui s'exerce au détriment de la femme ; conduire également à garder dans un rôle de soumission permanente le féminin dans l'Eglise. C'est à l'aide d'arguments bibliques particulièrement obtus qu'on refuse l'ordination des femmes.
L'histoire des religions nous apprend que dans les sociétés patriarcales, on adore Dieu comme père, alors que dans les sociétés matriarcales - sans doute plus anciennes - la "Grande Mère" est adorée à la place de Dieu-Père : c'est de son sein fécond que sont nées toutes choses avant d'y retourner. Mais quelle que soit la réponse donnée à ces questions historiques (assez discutées par les spécialistes) on doit affirmer que Dieu ne signifie pas masculin. Déjà chez les prophètes d'Israël, Dieu manifeste des traits féminins et maternels. C'est particulièrement important de nous le rappeler aujourd'hui, car le christianisme (et bien d'autres religions) est encore une religion d'hommes, religion dont la vie est en réalité largement assurée par les femmes.
Le mot "Père" pour désigner Dieu est donc sujet à caution si, au lieu d'y voir une analogie, on l'oppose à la "mère". Père est un symbole patriarcal, qui inclut des traits maternels, pour indiquer une réalité trans-sexuelle, une vérité absolument première. Dieu n'est pas masculin . En Dieu il ne faut pas oublier le moment féminin et maternel. Père signifie puissance, et cependant proximité, protection et assistance, dépendance et sécurité.
Le Père des hommes perdus
Pour Jean Baptiste, l'appartenance au peuple élu ne représentait pas une garantie de salut. Jésus va beaucoup plus loin : il étend la paternité de Dieu aux méchants et aux injustes, et il fonde ainsi l'amour de l'ennemi, ce qui est propre à son message. C'est cela qui reste frappant.
Jésus, avant d'en être la propre victime, connaissait tout le mal du monde, toute l'injustice, toute la méchanceté, la cruauté, la souffrance, la douleur et le deuil des hommes. Mais face à tout ce mal, Jésus ne donne pas de justification théologique. Sa réponse est pratique. Elle indique la voie vers un Dieu qui est Père :
* Dieu est celui dont l'assistance active s'attache à chaque moineau et à chaque cheveu, qui sait ce dont nous avons besoin avant que nous le lui demandions, devant qui nos soucis se révèlent superflus.
* Dieu Père qui sait tout de ce monde si peu sauvé et sans qui rien ne se fait, auquel l'homme peut faire inconditionnellement confiance, à qui il peut se fier même dans la souffrance, dans l'injustice, dans la faute et dans la mort.
Voilà la réponse pratique de Jésus aux énigmes de la vie, à la souffrance, à l'injustice et à la mort : Dieu est un Dieu proche, d'une bonté incompréhensible. Jusque dans l'obscurité et l'absence de sens, il invite à l'espérance. Face à lui il n'est guère besoin que l'homme cherche à sauvegarder sa liberté. Le pouvoir de Dieu et l'activité de l'homme ne s'excluent pas. Pas de conflit, pour Jésus, entre volonté divine et volonté humaine.Pour comprendre cela, il faut relire la parabole dite de l'enfant prodigue, qu'il vaudrait mieux appeler la parabole du père plein d'amour. Car c'est bien le père qui en est le personnage principal : il laisse partir son fils librement, puis court à sa rencontre quand il revient, et enfin fait la fête pour célébrer ce retour. Jésus présente explicitement Dieu comme le Père du fils perdu et même comme le Père des hommes perdus. Le vrai Dieu de Jésus est certes le Dieu d'Israël, mais il prend une dimension autre. Il n'est en rien le Dieu que Marx, Freud ou Nietzsche redoutaient et critiquaient. Le Dieu Père ne veut pas être un Dieu tyrannique. C'est un Dieu qui n'exige pas, mais qui donne, qui n'écrase pas, mais relève, qui ne rend pas malade, mais guérit. Au lieu de condamner, il pardonne ; au lieu de punir, il libère ; au lieu du droit, il exerce la grâce.
La prédication de Jésus est scandaleuse, non seulement pour son époque, mais pour tous les temps, et précisément aussi pour le nôtre. Il n'en reste pas aux mots, mais passe à la pratique, une pratique aussi scandaleuse : sa communauté avec les "pécheurs". Le Dieu de Jésus n'est pas un Dieu de l'au-delà aux dépens de l'ici-bas, au dépens de l'homme et de sa vraie grandeur (selon la théorie de Feuerbach). Il n'est pas un Dieu des dominateurs, des conditions sociales injustes et de la consolation (selon la théorie de l'opium de Marx). Il n'est pas un Dieu engendré par le ressentiment, l'initiateur d'une misérable morale du Bien et du Mal, morale pour fainéants (selon Nietzsche). Il n'est pas un Surmoi tyrannique, l'image désirée de voeux infantiles et illusoires, issu d'un complexe de culpabilité ou d'un complexe du père (comme le pensait Freud) C'est à un tout autre Dieu que Jésus fait appel pour se justifier de ses paroles et de ses attitudes scandaleuses : un Dieu étonnant et même un Dieu impossible au fond (comme le pensent beaucoup de contemporains et surtout des puissants)
Le Dieu de Jésus Christ fait de l'homme lui-même la mesure des commandements. Il veut voir supprimée la frontière entre allié et non-allié, entre les plus lointains et les plus proches, les amis et les ennemis, les bons et les mauvais ; car le pardon est sans limites, le service sans hiérarchie, le renoncement sans contrepartie. L'amour est donné et ainsi Dieu se place du côté des faibles, des malades, des pauvres, des exclus, des opprimés, et même des hommes impies, immoraux et sans Dieu. C'est donc une révolution inouïe dans l'idée de Dieu. On comprend alors pourquoi tous les pouvoirs se sont ligués contre Jésus : il annonçait un Dieu nouveau, délié de sa propre loi, Dieu non pas de ceux qui observaient scrupuleusement la Loi, mais de ceux qui la transgressaient. Il est annoncé comme le Dieu des sans-Dieu ! Scandale pour les contemporains de Jésus, du moins pour les hommes religieux qui observaient scrupuleusement la Loi. Pas étonnant qu'ils aient traité Jésus lui-même de blasphémateur. Pouvait-on accepter de croire que Dieu avait envoyé cet homme, Jésus, comme son prophète, alors que tout son enseignement et tout son comportement était l'inverse de ce que les bien-pensant disaient de Dieu ! Ils l'ont mis à mort. "C'est pourquoi Dieu l'a élevé".
2 - Dieu par Jésus Christ.
Devant une image trop réaliste de Jésus crucifié, " plus d'un peut perdre la foi", écrit Dostoïevski. C'est vrai. Mais ce n'est pas une raison pour crier, comme certains l'ont fait dans les années 70 : "Dieu est mort ! Vive Jésus." Ce serait ne considérer Jésus que comme un grand homme qui aurait donné sa vie pour l'amour de sa cause. Si c'était le cas, il y a bien longtemps qu'on n'en parlerait plus. Mais il en va tout autrement.
A l'origine du mouvement de Jésus, l'année 30 de notre ère, il y eut une communauté d'hommes et de femmes qui s'est mise à proclamer que ce Jésus, propagateur d'hérésies, corrupteur du peuple et blasphémateur était le Messie de Dieu, le Seigneur, le Fils de l'Homme et le Fils de Dieu. Dieu, non seulement ne l'avait pas désavoué, mais, bien au contraire, ne l'avait pas laissé tomber. Ce que je vous dis là est un fait de l'histoire universelle, indéniable : l'audace folle de la première communauté chrétienne. Tous les témoins des origines chrétiennes, Pierre, Paul et Jacques, les Lettres, les Evangiles, les Actes des Apôtres sont d'accord pour affirmer "Jésus est vivant, et ce grâce à Dieu et avec Dieu !" Sans craindre le mépris, les menaces de mort, ils ont apporté parmi les gens comme "bonne nouvelle" la scandaleuse nouvelle d'une nouvelle vie, d'une vie éternelle d'un homme exécuté sur une croix. "Il est ressuscité !", crient-ils. Résurrection : ce mot vise avant tout une vie qui fait éclater les limites de l'espace et du temps pour entrer dans le domaine invisible, éternel, inexprimable et embrassant tout de Dieu. Voilà ce que signifie le ciel, qui n'est pas le ciel des astronautes, mais le ciel de Dieu. C'est plus une entrée dans la réalité qu'une sortie du réel.
Positivement, la résurrection signifie donc que Jésus n'est pas mort pour entrer dans le néant. il est entré dans la mort pour sortir de la mort et entrer dans cette réalité insaisissable et embrassant tout, cette réalité absolument ultime et absolument première, cette réalité que nous appelons Dieu. Comment croire en une telle affirmation en ce début du XXIe siècle ? Une seule réponse possible : je me trouve placé devant une alternative fondamentale, à laquelle personne n'échappe : ou bien je meurs pour entrer dans le néant. Opinion respectable si elle est vécue avec conviction. Ou bien je meurs pour entrer dans la réalité ultime qui est alors le toute première, la réalité la plus réelle, que nous appelons Dieu. Ce qui n'est certes pas plus démontrable que l'autre hypothèse, mais qu'on ne peut pas non plus réfuter.
Raisonnable ?
Je ne meurs pas pour entrer dans le néant, mais en Dieu : cette solution m'apparaît de plus en plus raisonnable. Le raisonnement est assez simple : le Christ Jésus ressuscité montre la confiance qu'on peut faire en Dieu. Il paraît logique de ne pas en rester en chemin avec cette foi qui fait confiance à Dieu, mais d'aller jusqu'au bout avec elle. Car si Dieu existe et si ce Dieu existant est vraiment Dieu, alors il n'est pas seulement le Dieu du début, mais aussi le Dieu de la fin. Pas seulement l'Alpha, mais encore l'Oméga : il est aussi bien mon créateur que mon accomplissement. Je peux donc compter, avec une confiance absolument raisonnable, que je mourrai dans la mort, avec la mort, hors de la mort, pour entrer en Dieu comme Jésus de Nazareth. Mieux encore, je serai relevé par lui. Ce sera un nouvel acte créateur, caché et impossible à représenter, de celui qui appelle à l'existence ce qui n'est pas.
Bien sûr, c'est une affaire de foi. C'est une création nouvelle qui advient, qui fait éclater la mort comme ma dernière limite et par là même l'horizon de mon univers et de ma pensée. Je ne peux pas en avoir de vérification empirique, pas plus, d'ailleurs, que dans l'autre hypothèse : l'entrée dans le néant. La résurrection de Jésus n'a pas non plus été prouvée par des arguments historiques. Une seule attitude m'est possible : la foi qui croit, la foi qui fait confiance, mais une foi éprouvée et rendue lucide par la raison. Dans la foi, je fais confiance à ce Dieu pour tout, y compris pour l'issue ultime, pour surmonter la mort. Le Créateur qui appelle du néant à l'existence est aussi capable d'appeler de la mort à la vie.
Le Fils de Dieu
C'est à partir de Jésus que Dieu a montré son véritable visage. Et réciproquement : à partir de Dieu Jésus peut être compris tout autrement . Dans toute sa prédication, Jésus renvoyait à Dieu, mais à cause de ce Dieu annoncé autrement, Jésus lui aussi apparaissait dans une lumière tout autre. La manière d'aborder Jésus décide du rapport à Dieu, de l'idée qu'on a de Dieu, du Dieu auquel on croit. La difficulté est là, pour beaucoup ! Jésus ? Oui ! Dieu ? Admettons... Mais Fils de Dieu ?
Il est probable que Jésus ne s'est pas appliqué lui-même les titres glorieux du Messie. à l'exception du titre de Fils de l'Homme. Or, après sa résurrection, il n'y a pas de titres assez élevés pour le désigner : Seigneur, Christ, Sauveur, Fils de Dieu, Parole de Dieu. Plus de 50 mots pour le désigner dans le Nouveau Testament. Le plus utilisé, c'est Christ (mot grec), ou Messie (mot hébreu). Le mot Christ est utilisé environ 500 fois dans le Nouveau Testament. Mais c'est le titre de Fils de Dieu qui est le plus fort , car il manifeste un dynamisme inégalé par les autres titres. Paul dira de Jésus qu'il a été "engendré" le Jour de Pâques, reprenant ainsi les mots du psaume. Plus tard, le raisonnement conduira logiquement à dire que Jésus est Fils de Dieu de toute éternité.Dès les premiers temps, les chrétiens ont réfléchi sur cette préexistence du Fils, de toute éternité. Le Prologue de l'évangile de Jean nous présente le Logos - le Verbe, ou la Parole - qui est "au commencement" ("Au commencement était le Verbe") et le Verbe était Dieu, et le Verbe s'est fait chair. Un peu avant, saint Paul, reprenant une profession de foi plus ancienne, nous présente le Christ Jésus comme étant "de condition divine", qui s'est abaissé, est devenu homme, a épousé le plus bas de la condition humaine. Dans tous les cas, on tient partout à faire la distinction entre le Fils de Dieu et Dieu le Père. Et il faudra attendre 50 ans plus tard pour entendre - dans l'évangile de Jean - l'apôtre Thomas déclarer à Jésus : "Mon Seigneur et mon Dieu." C'est la conséquence finale de toute une réflexion : dans l'action et la personne de Jésus, Dieu lui-même se montre de manière unique et définitive.
Qu'est-ce que cela signifie pour moi aujourd'hui ? Après tout ce qu'il fallait découvrir du Dieu des religions et des philosophies, je prends conscience d'une chose : si je veux donner une réponse adéquate à la question de Dieu dans les temps actuels, j dois prendre pleinement en compte la tradition judéo-chrétienne. Malgré sa grandeur, le Dieu des philosophes demeure insatisfaisant , aussi bien pour mon intellect que pour ma sensibilité. Il reste pâle et abstrait. Par contre, le Dieu de l'Ancien Testament est le Dieu plus divin , le Dieu concret avec un visage humain. Ce visage de Dieu, encore caché dans l'Ancien Testament, c'est l'homme Jésus de Nazareth qui me le montre, le manifeste, le révèle. Jusque dans sa mort. Quand je contemple Jésus, j'ai la certitude que devant ce Dieu je n'ai pas à m'épouvanter ni à trembler, je n'ai pas à me faire petit ni à disparaître, je n'ai pas à scruter anxieusement les décrets mystérieux de Dieu ni à chercher avec perplexité son obscure volonté. Et je puis dire ma reconnaissance à ceux et celles qui m'ont transmis la connaissance d'un Dieu "amical"
Lui seul, Jésus, fils de Dieu, et nul autre parmi les grands hommes, Bouddha, Confucius ou Mahomet, pas plus que Marx ou Freud, peut m'appeler inconditionnellement à le suivre. En Jésus, c'est l'unique et vrai Dieu qui m'appelle lui-même à me mettre en route.
EN CONCLUSIONAprès la marche difficile à travers l'histoire de la modernité, depuis Descartes et Pascal, Kant et Hegel,
A travers le long examen des objections critiques contre la religion de Feuerbach, Marx et Freud
Après une confrontation sérieuse avec le nihilisme de Nietzsche, en cherchant le fondement de notre confiance originaire et la réponse dans la confiance en Dieu,
Après avoir comparé avec l'alternative offerte par les religions de l'Orient,
Après être entré de plain-pied dans la question : "Qui est Dieu ?" et dans le Dieu d'Israël et de Jésus Christ,Ayant fait ce parcours, on comprendra pourquoi il est possible maintenant de répondre face à la raison critique un "Oui" responsable, clair, convaincu, à la question "Dieu existe-t-il ?"
Même pour l'homme d'aujourd'hui, ébranlé et rongé par le doute, la réponse appropriée ne peut être que celle de tous les croyants de toutes les générations et de toutes les époques même les plus reculées. Elle commence par une louange, "Te Deum laudamus", "Toi, Dieu nous te louons", et se termine par le psaume "In te domine speravi" : "En Toi, Seigneur, j'ai mis ma confiance, et je ne serai jamais confondu."
FIN
1er décembre 2007