THÉOLOGIE "POUR LES NULS"

 

Cette année 2006 : Jeunesse de l'Église.

2 - Jérusalem - Damas - Antioche
( de 30 à 45)

La vie de la communauté.

Le mois dernier, nous avons commencé à décrire le milieu dans lequel se développe la communauté de Jérusalem. Essayons maintenant de regarder quelque chose de sa vie.

* Les premiers chrétiens continuent de  participer à la vie religieuse de leur peuple. Les enfants sont circoncis, ils observent les purifications rituelles, pratiquent le repos du sabbat. Les chrétiens de Jérusalem participent aux prières quotidiennes du Temple. Ils apparaissent comme des Juifs particulièrement fervents. Ils se rendent au Temple tous ensemble : ils constituent un groupe particulier au sein du judaïsme.

* Mais ils ont conscience de former une communauté particulière. Déjà le nom d'Ecclésia se trouve dans les Actes. Le mot grec désigne une assemblée officielle. L'Ancien Testament, dans sa traduction officielle en grec, l'emploie pour désigner le peuple de Dieu assemblé au désert. Donc, ils ne se désignent pas comme une communauté parmi d'autres, mais comme le nouveau peuple de Dieu. Le mot Ecclésia désigne d'abord l'Église de Jérusalem. Ensuite, il sera appliqué aux diverses Églises locales constituées à l'image de l'Église-mère. Et en même temps, ils ont conscience que c'est une seule et même Église qui est présente en divers lieux, et le mot prendra le sens d'Église universelle.

* Les chrétiens, en même temps qu'ils participent à la vie de leur peuple, ont leur vie propre. Ils se réunissent ensemble. Dans les maisons particulières. Déjà au Cénacle. Ces lieux de réunion se multiplient : "Ils rompaient le pain dans leurs maisons", écrivent les Actes. Une de ces maisons nous est connue : celle de Marie, mère de Jean-Marc. Elle n'est pas la seule. On parle aussi de la maison de Lydie à Philippes, et à Troas, Paul parle au troisième étage d'une maison particulière. C'est ce qu'on appelait la "chambre haute", pièce plus vaste et non-réservée à l'habitation, mais qui convenait très bien pour ces réunions nombreuses. C'est un soutien précieux qu'apportent à l'Église les familles qui mettent ainsi leurs maisons à la disposition de la communauté. On parlera de même d'Aquilas et Priscille et de "l'Église qui est dans leur maison."

* Les chrétiens s'assemblent fréquemment. Les Actes parlent de réunions quotidiennes comprenant fraction du pain, repas et prières de louanges. Certaines de ces réunions avaient lieu la nuit. Un point parait certain : l'existence d'une assemblée dans la nuit du samedi au dimanche. Il semble qu'ils participaient aux prières communes du sabbat juif puis qu'ils se retrouvaient entre eux. Ils appellent ainsi le dimanche "le 8e jour", avant d'employer le mot "kuryakè" (jour du Seigneur), en latin dies dominica = dimanche. Mais il n'est pas certain que les assemblées chrétiennes aient toujours eu lieu la nuit. Elles se sont sans doute tenues à d'autres heures. C'est le cas quand l'Eucharistie accompagnait un repas.

* Comment se déroulaient ces assemblées ? Les Actes nous les décrivent ainsi : il y a l'instruction, la fraction du pain et les prières. Instruction : on n'en a pas d'exemples précis. Il s'agit sans doute d'exhortations destinées à fortifier la foi et la charité, ou d'homélies, c'est-à-dire d'entretiens familiers. On en a de bons exemples dans les Lettres de Paul. La Fraction du pain : c'est l'Eucharistie, rappel du geste du Christ à la Cène. Quant aux prières : elles étaient faites par les Apôtres ou les Anciens qui présidaient l'assemblée. Mais d'autres membres de l'assemblée pouvaient les faire. Ainsi les prophètes de la communauté d'Antioche. Les femmes ne pouvaient pas faire l'enseignement, mais elles pouvaient faire la prière d'action de grâces. Simplement elles devaient avoir la tête voilée. Le diacre Philippe, nous dit le livre des Actes, avait quatre filles qui prophétisaient.

* L'organisation économique. Les Actes parlent d'une mise en commun, pas obligatoire. L'interprétation de cette pratique est difficile. Est-ce une caisse commune pour les indigents, à la manière de ce qui existait dans la Synagogue, un "service des veuves" ? Luc semble faire allusion à quelque chose de plus : une véritable mise en commun. C'est possible. C'était courant chez les Esséniens. Et Luc a pu s'inspirer pour sa description de la communauté de Qumran. On est quasi certains que Qumran a eu une influence sur la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem. Quant au service des veuves (plus largement des pauvres), contrôlé d'abord par les Apôtres, il passe ensuite aux Sept. mais ceux-ci ne se cantonnent pas à la gestion du service des pauvres. Bientôt, ils prêchent, ils baptisent. En réalité, ils deviennent collaborateurs des Apôtres qui leur communiquent une part de leurs pouvoirs par l'imposition des mains.  Mais cette institution a-t-elle concerné uniquement les Hellénistes ? Oui, car les Hébreux avaient déjà des presbytes (les Anciens). Jacques le Juste a été sûrement l'un d'entre eux. On verra les chrétiens d'Antioche confier aux Anciens de Jérusalem leurs offrandes pour les pauvres.

* Survient un fait nouveau : la prééminence de Jacques chez les Anciens. il paraît plus pleinement associé aux pouvoirs apostoliques. Quand Paul vient à Jérusalem en 41, il rencontre Pierre et Jacques. Au "Concile" de Jérusalem, Jacques est le seul à parler avec Pierre. Jacques était donc le chef de la communauté de Jérusalem et ses pouvoirs sont semblables à ceux des apôtres. Eusèbe écrit que Pierre, Jacques et Jean ne se réservèrent pas la direction de l'Église locale de Jérusalem, mais choisirent Jacques le Juste comme "épiscopos" (Histoire Ecclésiastique). C'est de lui (et non de Pierre et des Apôtres) que relève la direction de l'Église locale de Jérusalem. Il apparaît comme président du collège local des Anciens et comme héritier des pouvoirs apostoliques. Donc, on a tout un tas de pouvoirs diversifiés : Les Apôtres = témoins de la résurrection et dépositaires des pouvoirs / Pierre = chef des Apôtres / Presbytes (ou Anciens) = collaborateurs des Apôtres pour les Hébreux / Jacques = président du collège des Presbytes, participe aux pouvoirs apostoliques / Les Sept = collaborateurs des Apôtres pour les Hellénistes.

L'Église en-dehors de Jérusalem.

Notre attention s'est jusqu'ici concentrée sur l'Église de Jérusalem. Normal : c'est là qu'eut lieu la naissance. Mais, pendant les 15 premières années de son existence, le christianisme s'est répandu plus largement. Certes, Eusèbe exagère lorsqu'il écrit qu'avant 37 (sous Tibère) "toute la terre retentit de la voix des Apôtres". Mais le livre des Actes pêche par défaut, là où Eusèbe pêche par excès.

Nous avons vu la complexité du milieu juif dans lequel l'Église se développe. Nous avons mentionné sadducéens, esséniens, pharisiens, hébreux et hellénistes. Mais Justin nomme en outre : les génistes, les méristes, les galiléens, les helléniens, les baptistes jordaniens. Nous connaissons aussi les Samaritains : ce sont tous des courants divers aux frontières du judaïsme officiel. Il y a aussi ces "Mages", Simon ou Theudas, influencés par le dualisme iranien. On retrouvera les prolongements de ces courants. On peut dire que le Christianisme, d'abord se développe dans les milieux juifs de Palestine ou de la Diaspora, mais également, et dès le début, aborde les milieux païens.

* Mais ici encore, nos documents, écrits en grec pour des Grecs, s'intéressent principalement au développement de l'Église dans le monde païen occidental. Or la mission s'est développée également dans le monde païen oriental, dont la langue de culture était l'araméen : la Transjordanie, l'Arabie, la Phénicie, la Mésopotamie. Bref, ce que nous appelons aujourd'hui le Moyen-Orient. Dans toute cette région, la mission juive avait précédé le christianisme. Hélène, princesse d'Adiabène, s'est convertie du zoroastrisme au judaïsme  vers l'an 30. Nous aurons là un christianisme "syriaque" très important dans les deux premiers siècles. Il serait donc faux de voir la mission chrétienne seulement en direction du monde gréco-romain. Il y a eu aussi une mission araméenne (la langue du Christ). Eusèbe nous dit que Thomas évangélisa les Parthes. Il nous reste toute une littérature "apocryphe" importante : l'Évangile de Thomas, les Psaumes de Thomas, les Actes de Thomas. Donc, il faut savoir que l'Église judéo-chrétienne, de 30 à 45, c'est plus complexe qu'on ne le croit.

* Une énigme : l'origine de l'Église en Galilée. Les Actes attestent son existence, mais on n'en sait pas grand chose. Trois faits peuvent être retenus : 1 - une tradition galiléenne différente de la tradition de Jérusalem dans les sources de l'Évangile. On a quelques échos de cette tradition dans les récits de la catéchèse en Galilée / 2 - Des inscriptions judéo-chrétiennes archaïques à Nazareth, révèlent une évangélisation très ancienne, grâce aux liens de famille de plusieurs apôtres en Galilée. / 3 - Une dernière question : les Galiléens, secte juive mentionnée par Justin et Héségippe. Il semble qu'il s'agit des Zélotes, mouvement fondé en 6 après JC par Judas le Galiléen. Les premiers chrétiens ont-ils eu des contacts avec les Zélotes ? Certains apôtres semblent venir de ce milieu, par exemple Simon "le Zélote". Aux yeux des Juifs de Jérusalem, Sadducéens et Pharisiens, les disciples de Jésus pouvaient passer pour tels. Ils sont galiléen. Le rabbin Gamaliel les assimile au mouvement de Judas le Galiléen. Il semble bien que les éléments zélotes ont été très agissants dans la première communauté chrétienne. Ils tenteront d'entraîner la communauté dans la révolte contre les Romains. Ce christianisme zélote fut sans doute  celui des paysans, des pêcheurs Galiléens. Ce monde va complètement disparaître en 70. D'où le silence où ils tombent.

* Le christianisme en Samarie. On trouve son origine dans le livre des Actes : après la lapidation d'Etienne, les chrétiens se dispersent. Certains vont en Samarie (en 37) Ils y sont bien accueillis par les Samaritains à cause de l'hostilité de ceux-ci envers Jérusalem, le culte du Temple, le sacerdoce officiel. Mais ce caractère particulier du milieu samaritain conduira à un échec de l'évangélisation, commencée avec le diacre Philippe. Les Actes rapportent l'épisode de Simon le Magicien qui veut acheter les pouvoirs de Philippe. Justin et Irénée de Lyon racontent l'hérésie des Samaritains. Ce Simon va devenir "la grande Puissance", et Hélène, la "Première Pensée". Le monde a été créé par les anges : son mauvais gouvernement a été dépossédé de son pouvoir par la Première Puissance. Ce genre de messianisme samaritain va dériver après 70 pour donner naissance à la Gnose. Simon aura des disciples nombreux. Quant à Philippe, il ira demeurer à Césarée.

* Et les sectes baptistes ? Ce sont des sectes juives qui pratiquent des bains de purification dans le Jourdain, considéré comme un fleuve sacré. Ils ont eu certainement des contacts avec le christianisme primitif. Les Juifs ont confondu baptistes et chrétiens. Pourquoi ? A cause, d'abord, du baptême (Jean Baptiste, puis Jésus). Mais aussi à cause du nom "nazoraïos" appliqué aussi bien à Jésus qu'à cette secte juive. Le sens primitif du mot est "observants". Il désignait les baptistes, puis il a été appliqué au Christ, puis aux chrétiens, par assimilation volontaire : les Actes parlent de "la secte des Nazaréens".Il reste cependant un fait curieux : l'existence d'une secte chrétienne de Nazaréens en Transjordanie : ce sont des chrétiens judaïsants dont le centre est Pella. Nous avons retrouvé des fragments d'un "Évangile des Nazaréens" écrit en araméen, que Jérôme a lu en Transjordanie. Épiphane voit en eux des chrétiens chassés de Palestine après 70. Il semble que ces judéo-chrétiens ont rejoint une communauté déjà existante, qui portait le nom de Nazaréens.

* Dernière rencontre en Palestine ; les païens gréco-romains. La Palestine a des villes grecques, habitées principalement par des païens, surtout en bordure de la Méditerranée. Or l'apostolat des hellénistes s'étend à cette région. Ainsi Philippe à Césarée, à Jaffa. C'est près de Gaza qu'il baptise l'Éthiopien
On remarque que dans ces divers secteurs (Samarie, Césarée, Jaffa) Pierre vient à la suite de Philippe. Est-ce un contrôle ? Ou pour un arbitrage ? Ou simplement le caractère universel de la mission ? Les Douze, là encore, jouent un rôle d'arbitres. L'épisode du centurion Corneille est intéressant : il montre à quel point les apôtres se sentent toujours incorporés à la communauté religieuse juive. Pierre reconnaît cependant qu'on ne peut pas refuser le baptême aux païens Dès l'origine les apôtres ont reconnu que la communauté chrétienne était ouverte aux païens. Nous verrons les problèmes que ça va poser.

* Le bilan est cependant assez maigre. Galilée, Samarie, Transjordanie sont les centres de groupes dissidents. C'est le reflet des formes marginales du judaïsme. En fait, le grand foyer d'expansion durant les 15 premières années est la Syrie. Le premier centre chrétien après Jérusalem, c'est Antioche. Dans les Actes, on parle très peu d'un autre centre important, c'est Damas, centre araméen ; et on ne parle pas du tout d'Édesse, qui a certainement joué un rôle important.

Damas est le premier centre. Nous avons deux indications : d'abord, en 38, quand Paul se convertit, il y a déjà une communauté chrétienne à Damas. C'est là qu'il se rend pour opérer des arrestations. Ensuite, en Actes 11, 19, on nous rapporte que la Phénicie, dont Damas fait partie, a été évangélisée par les hellénistes chassés de Jérusalem. La communauté date donc de 37. Ces chrétiens sont des Juifs : on les appelle les "hommes de la voie", appellation juive pour désigner une secte. Pouvons-nous préciser davantage ? Des hellénistes l'ont fondée. D'autre part on possède le règlement d'une communauté juive apparentée à Qumran et fixée à Damas. Or des traits de ressemblance existent entre chrétiens de Damas et les Esséniens. Peut-être y a-t-il dans cette première communauté de Damas des Esséniens convertis ? Il est également possible qu'après sa conversion, Paul ait passé trois ans dans un milieu d'esséniens convertis. Il dit qu'il était en Arabie, mais pratiquement, aux portes de Damas, c'était déjà l'Arabie .

Antioche est une ville politiquement très importante. Siège de la province d'Orient, foyer de culture grecque, ville cosmopolite, la 3e en importance de l'empire romain, après Rome et Alexandrie. On y trouve beaucoup de Grecs et de Juifs. L'évangélisation d'Antioche par des hellénistes a commencé en 37. D'abord des juifs, puis très vite des païens, qui se convertissent en grand nombre,s emble-t-il. C'est le premier centre important de pagano-chrétiens. En 42, les apôtres y envoient Barnabé en inspection. Pour la première fois, ici, on leur donne le nom de "chrétiens".Le mot a une résonance politique. Il désigne les "partisans de Chrestos". Ce qui nous donne l'idée que les milieux romains pouvaient se faire de la communauté chrétienne. La plus ancienne mention païenne, qui est de Suétone, parle de "Judei, impulsore chresto tumultuantes" ce qui peut se traduire par : "Les Juifs, qui faisaient de l'agitation  à l'instigation d'un (nommé) chrestus". C'est un sobriquet officiel donc la preuve que la communauté est visible à l'oeil nu. Or le livre des Actes précise que c'est "sous le règne de Claude" (41-54) que l'agitation mentionnée par Suétone a eu lieu à Rome.

Les Actes nous précisent qu'Antioche est le point de départ de la Mission en Asie. Paul, dans Galates, nous parle de deux communautés chrétiennes juxtaposées à Antioche : une de pagano-chrétiens, l'autre de judéo-chrétiens. Les Juifs convertis restent fidèles aux observances de la Loi (ils ne mangent pas avec les païens convertis). Cela posera des problèmes à Pierre. Ne doit-on pas partager l'Eucharistie ? Centre de l'expansion du christianisme au monde païen, sans doute c'est de là que viennent la plupart des documents de l'Évangile de Matthieu, puis de la Didachè.

Avec Antioche, on voit l'évangélisation simultanée des régions voisines.
43-44 : Paul prêche en Syrie et en Cilicie.
Dès 37 : Chypre.
En 45 : Paul y trouve des communautés organisées.

Pour l'Asie, la Macédoine, l'Achaïe, nous avons des renseignements. Les Actes nous racontent Paul et Barnabé. On peut dater avec suffisamment de précisions le parcours de Paul :
36 : Persécution des Hellénistes
38 : Conversion. Trois ans chez les Esséniens (Arabie)
41 : Jérusalem. Rencontre avec Pierre et Jacques "frère du Seigneur". Se heurte avec les Hellénistes. Retourne à Tarse.
43 : Barnabé vint le chercher à Tarse. C'est lui qui l'avait présenté aux apôtres en 41. Ils passent une année entière à Antioche.

Or, à Antioche, il y a un groupe de "prophètes et docteurs", en fait, des missionnaires hellénistes. Antioche est leur port d'attache. Ils s'adjoignent Paul. Ils sont en contact constant avec les Douze. Associés directement à leur oeuvre, il y a les presbytes (les anciens). C'est la hiérarchie locale. Pour eux, il y a les ministères missionnaires. Barnabé est le chef. Il est, par rapport aux autres missionnaires, ce que Jacques est par rapport aux presbytes de Jérusalem. Alors, bien vite, Paul va s'affirmer. Il se dit Apôtre à part entière, ayant reçu ses pouvoirs directement du Seigneur. C'est peut-être l'origine de la brouille entre Paul et Barnabé.

Au printemps 45, c'est la première mission pour l'Asie. Conversions chez des Juifs, des prosélytes et des païens. Ils établissent des communautés locales, ordonnant des "anciens" par imposition des mains. Ce qui suscite une violente hostilité des milieux juifs. Ils trouvent un accueilo plus favorable chez les paîens que chez les Juifs. Ce qui va poser des problèmes.

Et les autres ? On sait qu'en 43, après la mort de Jacques, Pierre quitte Jérusalem pour un autre lieu. Aucune nouvelle de 43 à 49. On le retrouve en 49 à Jérusalem pour le "concile". Eusèbe écrit qu'il est venu à Rome vers 44. Il est certain que Rome a été évangélisé vers 43-49. C'est en 49 qu'a lieu l'expulsion des Juifs dont parle Suétone (cf. plus haut). C'est en 51 que Paul rencontre à Corinthe Priscille et Aquilas qui ont été expulsés de Rome. L'Épître aux Romains date de 57. Et quand Paul arrive en Italie comme prisonnier, en 60, il trouve des communautés chrétiennes à Pouzzoles et à Rome.


Ce qu'il faut retenir.

* En quinze ans, le christianisme se développe dans toute une grande partie du Moyen-Orient.

* Les chrétiens d'origine juive vont rester longtemps fidèles aux prescriptions de la Loi juive. Ils apparaissent comme une des nombreuses sectes d'un judaïsme qui n'a pas encore fait son unité.

* Il existe parmi eux plusieurs "tendances", selon les lieux et selon les origines des nouveaux convertis.

* A côté des Apôtres, qui jouent souvent un rôle de modérateurs, il y a d'autres autorités reconnues. A Jérusalem, par exemple, le chef, c'est Jacques "frère du Seigneur".

* Nous sommes assez mal renseignés sur cette période : à part le livre des Actes des Apôtres et quelques textes de littérature "apocryphe", presque rien.

* Mais on constate une réelle expansion de la foi chrétienne : des communautés naissent. Elles sont visibles à l'oeil nu. On en parle, en bien ou en mal.

 

(à suivre, début mars)

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