THÉOLOGIE "POUR LES NULS"
Cette année 2006 : Jeunesse de l'Église.
3 -Crises de croissance.
(mars 2006)
1 - De 40 à 70 : La crise du Judéo-Christianisme.
Dans cette période, deux faits importants :
1 - Un forte poussée du nationalisme juif, y compris dans la communauté judéo-chrétienne. Et cela jusqu'à la chute de Jérusalem en 70. Cette catastrophe porte un grave coup au judaïsme et au judéo-christianisme.
2 - Pendant cette période le Christianisme gagne fortement dans les milieux païens, ce qui amène les chrétiens à se dégager du contexte juif. En 49, le judéo-christianisme tait triomphant ; en 70, le christianisme paulinien triomphe. Au seuil de cette époque, en 49, le concile de Jérusalem, qui marque les données de la crise ; au terme, en 70, la chute de Jérusalem qui tranche la question.
En 49, deux événements importants : le Concile de Jérusalem et l'incident d'Antioche.
1 Le "Concile" de Jérusalem
En 48, Paul rentre de mission à Antioche avec Barnabé. Ils exposent les résultats obtenus auprès des païens en Asie. Les païens ne sont pas astreints aux observances juives et en particulier à la circoncision. C'est le cas de Tite qu'ils ont ramené avec eux. Or, en 49, "des gens venus de Judée" viennent à Antioche et enseignent que la circoncision est obligatoire pour tous. Qu'est-ce qui se passe, alors qu'on avait toujours admis que les païens convertis ne sont pas obligés de se faire circoncire ? C'est qu'il y a à cette époque un regain de nationalisme juif et des judéo-chrétiens marchent dans cette voie. Pour eux, être chrétiens, c'est toujours être juifs, et si tu admets parmi nous des non-circoncis, tu es un traître. Donc, pression du nationalisme juif. Et risque de solidariser le christianisme avec le destin temporel d'Israël.
Paul et Barnabé saisissent bien l'enjeu de la question et s'opposent vivement à ces exigences. En cela ils reflètent la pure tradition judéo-chrétienne. Ils vont demander aux apôtres à Jérusalem de discuter la question. C'est ce qu'on appelle le Concile de Jérusalem. On se réunit avec les apôtres et les Anciens. Il y a là Paul, Barnabé, Tite, et il y a débat. Certains chrétiens de la secte des pharisiens défendent la thèse de la circoncision des païens. Pierre au nom des Apôtres, puis Jacques au nom des Anciens tranchent en faveur de Paul en précisant que les païens ne sont tenus qu'aux préceptes "noachiques" (attribués à l'alliance avec Noé) : abstention des viandes consacrées aux idoles, des viandes étouffées et de la fornication.
Cette décision est capitale : elle marque la rupture du christianisme et de la communauté juive, rupture qui va aller en s'accroissant dans les années suivantes. Ce Concile est intéressant pour étudier le développement de la communauté chrétienne. On remarquera :
= la diversité de ceux qui y participent. Pierre et Jean représentent les 12. Pierre avait quitté Jérusalem en 43. Il est là. Peut-être simplement pour le Concile. A moins qu'une détente de la part des Juifs lui ait permis de revenir. Il y a là, également, Jacques et les Anciens : c'est la communauté locale. Silas et Jude font sans doute partie de Anciens. Enfin, Paul et Barnabé, qui sont au même rang que Pierre et Jacques.
= Donc on constate une organisation ecclésiastique composée :
a- des 12. C'est un ordre à part, préposé à l'ensemble de l'Église. Pierre tient parmi eux un rang spécial. Paul leur est assimilé.
b- a côté d'eux, deux hiérarchies parallèles :-la hiérarchie locale : les Anciens, avec un président. A Jérusalem, c'est Jacques. Cette hiérarchie a des pouvoirs étendus, y compris pour les nominations.
-la hiérarchie missionnaire : apôtres, enseignants, prophètes. On y trouve des hommes de premier rang, par exemple Barnabé, égal aux apôtres.2 - L'incident d'Antioche
La question circoncision des païens est définitivement réglée. Mais demeure toujours une certaine nervosité des Judéo-chrétiens à cause de la montée du nationalisme juif. A la fin 49, Pierre vient à Antioche à la demande des gens de chez Jacques. Il s'abstient d'aller manger chez les païens convertis. Barnabé l'imite. Paul le leur reproche vivement. Paul en effet veut libérer le christianisme de toutes ses attaches juives. Alors que Pierre a peur d'une défection des chrétiens d'origine juive sous la pression du nationalisme. Voilà donc deux positions légitimes, mais irréconciliables. Paul ne pense qu'à l'avenir du christianisme en milieu grec, alors que Pierre veut garder une communauté judéo-chrétienne? A partir de là, on va assister à un double mouvement :
- le christianisme va s'amplifier en milieu grec.
- la communauté de Jérusalem va se dissoudre dans le nationalisme juif montant.Premier mouvement : Expansion en milieu grec - Se rattache essentiellement à Paul et à ses collaborateurs :
Début 50 : deuxième voyage de Paul. Tarse - Iconium - Derbé - Galatie. Passage en Europe - Philippes - Thessalonique - Athènes.
Début 51 à été 52 : Corinthe. Fin 52 : retour à Antioche.
Printemps 53 : Nouveau voyage : Galatie - Éphèse où il reste trois ans (54-57)
Fin 57 : Corinthe.
Printemps 58 : retour à Jérusalem
Un bilan positif : en 8 ans, il a fondé les Églises de Grèce.
Mais partout il rencontre des judéo-chrétiens montés contre lui par le nationalisme juif. C'est la cause de toutes les difficultés de Paul :- Dès le début de la mission, Barnabé et Marc se séparent de lui.
- "Ceux qui annoncent comme imminente la venue du Seigneur" : il semble, d'après l'historien Josèphe, qu'il s'agit d'un agitation politique d'ordre messianique qu'on retrouve chez les insurgés juifs de l'époque.
- Apollos : Paul lui reproche de faire du christianisme une gnose, dans le genre de l'apocalyptique propre aux judéo-chrétiens.
- A Éphèse, en Asie, de 54 à 57, puis en 61 et encore en 63, Paul se heurte aux judéo-chrétiens. Les Galates, par exemple, après le départ de Paul, reviennent aux pratiques juives, sous l'influence des zélotes juifs qui prêchent un attachement fanatique aux observances légales, lié à une exaspération de l'attente messianique.C'st dans ce contexte que Paul écrit sa Lettre aux Romains (hiver 57). Dans le monde juif commence à apparaître un courant de révolte contre Rome. Et les chrétiens issus du judaïsme en viennent à penser que renier la circoncision, c'est une trahison politique, qu'en faisant cela, ils vont se mettre tous les Juifs à dos, et que les judéo-chrétiens vont en faire les frais. Même problème que celui de Pierre à Antioche. Aussi, Paul en vient à se demander s'il ne se trompe pas.
Le conflit aboutit en 58 à une crise dramatique. Jacques et les Anciens avertissent Paul des griefs qu'on a contre lui. Paul va faire un geste public en allant au Temple. Il y est arrêté à la suite d'une émeute. Emprisonné à Jérusalem, puis à Césarée, il est conduit à Rome en 60. Il y restera en liberté surveillée jusqu'en 63.
En 63, Paul libéré reprend son activité missionnaire. Le conflit avec les judéo-chrétiens va croissant. Paul ira en Crète, puis, sans doute à Éphèse, puis en Macédoine. Il organise la communauté d'Asie à la tête de laquelle il place Timothée. On y trouve un collège de presbytes (anciens) avec un président à qui on donne le nom d'évêque (épiscopos = surveillant). Il y a des diacres qui dépendent directement de l'évêque. Nous sommes en présence de deux hiérarchies parallèle : l'une plus collégiale, l'autre plus monarchique,dont l'évêque est le lien, ces deux structures entrant souvent en conflit.
Deux ans plus tard, Paul est encore plus sombre dans la 2e lettre à Timothée : les hommes ne supportent plus la saine doctrine, tout le monde abandonne Paul en Asie, jamais le judéo-christianisme n'a paru plus triomphant. Or il est à la veille de son échec.
Juillet 64 : A Rome, incendie allumée par Néron. Celui-ci rejette la responsabilité sur les chrétiens. Pierre semble avoir été une des victimes de la persécution, peut-être dénoncé par des judéo-chrétiens. (Tacite parle d'une dénonciation par des coreligionnaires) Paul est de nouveau prisonnier quand il écrit sa deuxième lettre à Timothée. On peut fixer sa mort en 67, peut-être sur dénonciation des judéo-chrétiens, aux dires de Clément.
Pendant ce temps, en Palestine :
- 62 : Jacques, évêque de Jérusalem, est lapidé.
- 66 : Début de la Guerre Juive. La communauté chrétienne de Jérusalem se retire à Pella, ce qui équivaut à se désolidariser du destin national d'Israël. Elle a à sa tête Siméon, cousin de Jésus, qui a succédé à Jacques. Ce geste marque la rupture définitive de l'Église avec le judaïsme.
- 70 : Titus prend Jérusalem et rase le Temple.2 - Entre 70 et 140 : en expansion
Une période d'expansion.L'Église ne s'est pas dégagée d'un seul coup du monde juif, de ses modes de pensée. Nous en arrivons, entre 70 et 140, à une période de recherche, pour trouver une nouvelle assiette dans le monde grec. C'est aussi la période du premier affrontement avec le monde romain.
1 - Le Christianisme en Asie Mineure.
Eusèbe, dans son Histoire Ecclésiastique, raconte qu'à la chute de Jérusalem les apôtres se sont répartis "la terre habitée" en zones d'influence. Thomas chez les Parthes, Jean en Asie, Pierre dans le Pont et à Rome, André en Scythie. Il y a une part de vrai, au moins pour Pierre et pour Jean. Les écrits apocryphes (cycle de Pierre, de Thomas, de Philippe, de Jean, semblent se référer à des milieux géographiques donnés. En particulier au début du IIe siècle, on trouve plusieurs types d'Églises : Mésopotamienne, rattachée à Jacques et à Thomas - Asiatique, rattachée à Philippe et Jean - et Pierre en Phénicie, au Pont, en Achaïe et à Rome.
La Phrygie orientale. C'est le domaine de Philippe. Caractéristiques de ces Églises : une forte espérance millénariste, les apocalypses, un messianisme terrestre. C'est le pays où l'on rencontre le plus de martyrs, avec les régions qui ont été influencées par les Églises phrygiennes : la Gaule de saint Irénée et l'Afrique de Tertullien.
La Phrygie occidentale (capitale Éphèse) : c'est le domaine de Jean. Jean était présent, on l'a vu, au Concile de Jérusalem. Ensuite, on perd sa trace jusqu'à son exil à Pathmos sous Dioclétien. On le retrouve à Éphèse sous le règne de Trajan (98-117). Polycarpe et Pappias furent ses disciples. Jean appartenait au parti de ceux qui entendaient renoncer le moins possible au judaïsme officiel (voir dans l'Apocalypse la condamnation de ceux qui mangent des viandes sacrifiées aux idoles).
L'Asie va voir se développer un type original de judéo-christianisme. C'est là que persisteront les espérances millénaristes. Ils continuent de fêter Pâques le même jour que les Juifs. On y trouve de nombreuses influences esséniennes (Jésus est le Temple nouveau). Ignace d'Antioche, qui traverse l'Asie Mineure à la fin du règne de Trajan écrit aux Églises pour critiquer les tendances judaïsantes. Il parle des "vieilles fables" millénaristes, critique "ceux qui enseignent que Jésus n'est pas mort" (ce qui relève de l'attente millénariste).
Donc, en résumé, on trouve différents centres chrétiens :
* Éphèse. C'est le premier centre, et le plus important. En 196, on trouve encore des témoignages de la persistance de l'influence de Jean.
* Smyrne. En 110, c'est Polycarpe qui y est évêque. Il subira le martyre en 155 sous les Antonins.
* Les Églises de l'intérieur : on a moins de détails. A Pergame, il y a une hérésie nicolaïte (gnostique, qui refuse l'Ancien Testament). Quant à Thyatire, Sardes, Laodicée, elles sont mentionnées dans l'Apocalypse de Jean. On sait également que le christianisme s'est répandu au sud d'Éphèse. Dans sa lettre aux Églises d'Asie, Ignage met l'accent sur deux points : nécessité de l'unité autour de l'évêque et critique des pratiques judaïsantes. Preuve que le courant judaïsant est resté très fort durant toute cette période.
2 - La mission palestinienne.
Nous avons laissé la communauté chrétienne à Pella, en Jordanie, où elle s'est retirée en 67. Elle revient en partie après 70 en Palestine, sans doute à Jérusalem. Tous les évêques qui se succéderont jusqu'en 135 ( où a lieu le siège de Jérusalem par Hadrien, suite à la révolte de Bar Kocheba) sont Hébreux de vieille souche et tous pour la circoncision, selon Eusèbe. Cette communauté est entièrement composée d'Hébreux fidèles. Elle comprend des membres de la famille de Jésus (des descendants de Jude) qui vécurent jusqu'au règne de Trajan. (voir l'Epitre de Jude, née dans ce milieu, et de caractère judéo-chrétien.) Cette Église est la survivance de la toute première Église judéo-chrétienne, présidée par Jacques. Stricte fidélité aux observances juives. Mais ce n'est pas pour autant qu'ils sont acceptés par les Juifs. Bar Kocheba les persécutera comme de mauvais juifs.
C'est à l'Église de Jérusalem que se rattachent les origines de l'Église d'Égypte. Là-dessus, on a très peu de documents, mais :
* elle fut fondée en même temps que les Églises d'Asie l'étaient par Paul. Sans doute par des missionnaires hellénistes. Voir l'Epitre aux Hébreux (presque certainement égyptienne) qui reprend les thèmes du discours d'Etienne dans les Actes des Apôtres. On a également deux évangiles apocryphes d'origine égyptienne : l'évangile des Hébreux et l'évangile des Égyptiens, s'adressant à deux communautés, l'une d'Hébreux l'autre d'Égyptiens convertis. Ces deux évangiles ont un caractère judéo-chrétien très marqué. Et tous deux contiennent la même condamnation du mariage.
* on y trouve la même structure hiérarchique qu'en Palestine, avec l'évêque, chef de la communauté des presbytes, l'un d'entre eux, choisi par eux. Alors qu'en Asie, l'évêque, c'est cela, avec, en plus son rôle de chef des diacres.A la mission palestinienne se rattachent également les communautés araméennes (Osroène et Adiabène) avec Édesse comme centre, dès la fin du Ier siècle. Le souvenir de Thomas reste attaché à Édesse où son corps était vénéré encore au IVe siècle. C'est à Édesse que s'est constitué le cycle de Thomas (l'évangile de Thomas date du milieu du IIe siècle). Mais avant il y a les Odes de Salomon, de caractère judéo-chrétien très marqué (fin du Ier siècle). Et plus loin, au-delà du Tigre en Adiabène, Église fondée à la fin du Ier siècle par Addaï, un missionnaire judéo-chrétien.
Jusqu'aux Indes ? Ce n'est pas impossible, au début du IIe siècle. Eusèbe rapporte que Pantène s'acquitta d'une mission dans ces régions et qu'il y trouva un évangile de Matthieu en caractères hébreux. Est-ce la mission de Barthélemy, venant d'Arabie, comme le dit la tradition ?
3 - Les missions de Pierre
C'est d'abord tout le littoral méditerranéen : Palestine, Phénicie, Syrie, Cilicie : Césarée, Joppé, Tyr, Sidon. Les écrits attribués à Pierre sont nombreux : la 2e lettre de Pierre et l'Évangile de Pierre, l'Apocalypse de Pierre et la Prédication de Pierre (écrits du début du IIe siècle) développent une théologie proprement syrienne, insistant sur la descente du Christ aux enfers et son exaltation au-dessus des anges.
A Antioche, c'est une situation à part. L'Église a été fondée par des hellénistes, mais il y a deux communautés, l'une de tendance judéo-chrétienne, l'autre pagano-chrétienne. On y trouve, de 70 à 140, un judéo-christianisme différent de celui de Jérusalem et de celui des Églises d'Asie. On en a de nombreux échos dans la littérature de cette époque : la Didachè, l'Epitre de Barnabé, l'Ascension d'Isaïe. Les mêmes tendances théologiques se retrouvent dans les lettres d'Ignace d'Antioche. Les mêmes structures hiérarchiques qu'en Asie, avec les mêmes tensions entre structures concurrentes.
Cependant Antioche a des liens nombreux avec Pierre. Il y a séjourné très tôt. L'Ascension d'Isaïe, livre apocryphe écrit à Antioche à la fin du Ier siècle, est le premier à signaler le martyre de Pierre. Antioche, c'est la tendance pétrinienne du judéo-christianisme.
* Le Pont, la Galatie, la Cappadoce se rattachent à Pierre. La Première lettre de Pierre s'adresse aux chrétiens de cette région. On possède sur les chrétiens de Bithynie sous Trajan (98-117) un document exceptionnel : c'est la lettre de Pline le Jeune. Il écrit à l'empereur pour lui demander ce qu'il faut faire des chrétiens arrêtés. La lettre en question mentionne que
- les chrétiens sont nombreux dans les villes, mais aussi dans les campagnes.
- ils appartiennent à toutes les classes de la société.
- Pline mentionne deux diaconesses. Elles n'avaient peut-être pas encore, à cette époque, de fonctions hiérarchiques comme plus tard, au IVe siècle. Mais le texte souligne la participation des femmes à l'évangélisation et déjà, sans doute, à certains actes liturgiques (comme l'onction des femmes avant le baptême). Tertullien dira que les femmes enseignent, exorcisent, baptisent, dans les communautés du Pont.* La Grèce est avant tout le secteur d'apostolat de Paul. C'est là que Luc a écrit son Évangile et les Actes. Au début du IIe siècle, la Grèce est un grand foyer de renouveau culturel. En 124, lors du passage de l'empereur Hadrien à Athènes, Quadratus lui présente la première apologie, où il dit que de son temps vivaient encore des gens guéris par le Christ.
A Corinthe, le souvenir de Pierre est associé à celui de Paul par l'évêque Denys. Au début du IIe siècle, Clément de Rome écrit aux Corinthiens parce qu'il y a des divisions entre presbytres et un autre parti (peut-être celui des diacres).* Rome. On n'a pas de documents pour la période qui suit la persécution de Néron. C'est à cette époque que Marc fixe par écrit la catéchèse de Pierre. Irénée donne la liste des évêques de Rome : Lin, Clet, dont nous ne savons rien. En 88, Clément prend la direction de l'Église. Nous le connaissons par la lettre qu'il adresse aux Corinthiens vers l'an 100. .Il y parle au nom de l'Église de Rome. Il atteste l'existence dans cette Église de presbytes ou épiscopes. Il mentionne les diacres deux fois. Donc la structure de l'Église de Rome est assez proche de celle de l'Église d'Antioche. L'évêque est à la fois le premier des presbytes et le chef des diacres. Irénée nous dit que Clément avait connu les Apôtres, sans doute Pierre et Paul. Il est en tout cas l'héritier de leur tradition. On remarque le caractère judéo-chrétien de sa lettre par l'importance donnée aux personnages de l'Ancien Testament. Les paroles du Christ qu'il cite ne paraissent pas venir des évangiles écrits, mais de la tradition orale.
De la même époque date le Pasteur d'Hermas, un écrit influencé par les Esséniens. Le milieu romain a donc été influencé par l'ascétisme judéo-chrétien. On y remarque l'hostilité à l'égard des diacres.
Enfin, on a, pour cette époque, de rares données archéologiques. Les fouilles faites sous l'autel de Saint-Pierre ont montré que vers 120, le souvenir de l'apôtre Pierre était déjà vénéré en cet endroit. Peut-être est-ce même la tombe de l'apôtre qui a été retrouvée là. En tout cas, sa mémoire y était conservée par un monument.
(à suivre, début avril)