LES ETONNEMENTS DE CATHERINE (janvier-mars 2004)
12 janvier 2004
Chers amis internautes,
Je viens vous dire, tout d'abord, ma JOIE de vous retrouver sur cette page du Net en ce début d'année, vous, les 1000 visiteurs qui, chaque semaine, se rendent à la cyberparoisse de notre ami Léon.
D'une façon générale, je n'aime pas trop les chiffres, surtout quand on leur demande de mesurer une activité. Par expérience, je sais qu'on peut leur faire dire tout et n'importe quoi, une chose et son contraire…Ceci dit, il est bon parfois de les étudier (avec de bonnes intentions..) car ils peuvent être révélateurs. 900 à 1000 lecteurs par semaine, nous annonce Léon dans son message de vœux. C'est formidable ! Peu d'églises françaises peuvent se vanter d'avoir autant de visiteurs. En tout cas, ces chiffres sont incontestablement le signe d'une réussite !
Mais ce qui m'a le plus frappée, c'est la diversité et l'étendue de l'origine géographique des visiteurs. C'est étonnant ! Je suis, moi aussi, une cyberdépendante, ai l'habitude de surfer sur la toile, en revanche je n'avais pas imaginé un instant que les internautes de Murmure puissent venir d'horizons si différents ! Ça c'est une bonne nouvelle et une seconde forme de réussite pour Léon que d'avoir pu toucher des interlocuteurs partout dans le monde.
C'est donc avec beaucoup de joie, vraiment, que je présente tous mes meilleurs vœux à tous les amis de Murmure, aux amis européens, africains, océaniens, américains et asiatiques. Jamais je n'ai adressé de vœux simultanément à autant de personnes de par le monde. Je suis ravie. Alors, à vous tous, amis fidèles ou infidèles, amis de passage, à vous les fans de la Lettre à Mireille (comme vous désigne le webmaster du diocèse de Belfort-France), Bonne et heureuse année !
Je vous souhaite en particulier beaucoup de " kaïros ". Le " kaïros " comme nous l'explique le pasteur Lytta Basset, " c'est le temps de Dieu, " le bon moment " où quelqu'un dit le mot juste, où nous faisons le geste déterminant, où nous vivons l'événement petit ou grand qui modifie le cours prévisible de notre existence. Irruption du " ciel " en plein milieu de nos programmes : " Le Royaume de Dieu vous a atteints ", disait Jésus qui recommandait à tous de ne pas manquer ces " bons moments " ou " occasions uniques "… ".
Voyez, restez éveillés car vous ne savez pas quand c'est le " kaïros " (Mc 13, 33)
En ce qui me concerne, j'ai bien commencé l'année. Le 2 janvier, j'ai trouvé un cadeau surprise dans ma boîte aux lettres. Vous savez, ce genre de cadeau qui fait particulièrement plaisir parce que, non seulement il est inattendu et il vous plaît, mais en plus, vous sentez bien que celui qui vous l'adresse, a beaucoup pensé à vous (et non à lui ou aux circonstances) en le choisissant. En plus la personne vous dit merci en vous l'offrant. Etonnant non ?
Je vous souhaite aussi de recevoir de beaux cadeaux comme celui-ci au cours de l'année.
A bientôt.
Catherine
oOo 19 janvier 2004
S'appuyer sur le travail spirituel des autres, c'est le bon chemin pour se former, nous dit Sylvie Germain, la philosophe et talentueuse romancière. Elle continue en disant : une constellation de gens m'inspire. Ils m'ouvrent de nouveaux chemins de pensée. Ce sont des cinéastes, des écrivains, des philosophes, des théologiens…Je me sens très œcuménique intellectuellement.
Moi aussi j'aime prendre appui sur " le travail " des autres pour les mêmes raisons qu'elle.
Le tout étant d'accéder à ce travail spirituel.
J'ai trouvé des moyens.
Il y a tout d'abord l'écoute du témoignage de personnes qui acceptent de livrer leur réflexion et leur cheminement personnel. Sur les ondes de RCF (Radio Chrétienne de France), chaque semaine, un invité vient témoigner de 13 h 30 à 14h le mercredi ( j'écoute cette émission dans ma voiture pendant la leçon de violon de mon fils). L'émission est retransmise le jeudi de 22h à 22h 30, puis proposée sur cassette audio. La semaine dernière, c'est un prêtre suisse, ancien ermite, fondateur d'une nouvelle communauté qui était invité, c'était pa-ssio-nant !
Le magasine Panorama propose dans la même idée, une conversation avec une personne connue ou moins connue, journaliste, historien, comédien, aumônier etc..au cours de laquelle l'interviewé dévoile peu à peu son parcours de foi.
Il y a un autre moyen qui est la correspondance. C'est moins facile mais très efficace. Vous questionnez par écrit (par mail de préférence, c'est plus convivial et moins académique dans la forme…) un proche chez qui vous soupçonnez ce " travail spirituel ", vous lui demandez par exemple ce qu'il répondrait à la question : et pour toi, qui est JC ? et vous attendez (impatiemment) la réponse. Quand la réponse arrive, vous découvrez un trésor. La forme écrite est importante car elle oblige à aller, en principe, au bout des phrases donc des idées, ce qui est moins vrai du discours.
Enfin, il y a les témoignages écrits laissés à la postérité grâce à d'heureux hasards. Je pense à ce document exceptionnel que nous a laissé cette jeune hollandaise juive, je veux parler d'Etty HILLESUM. Grâce à son journal et à sa correspondance rassemblés sous le titre " une vie bouleversée ", j'ai compris quelque chose de la passion du Christ. Je crois qu'avec elle, j'ai commencé à comprendre comment on pouvait donner sa vie en toute liberté par amour des autres, j'ai commencé à comprendre de quelle nature pouvait être cet amour, comment on pouvait marcher vers une mort annoncée, atroce, en ayant peur, mais en donnant tout son sens et toute sa beauté à l'existence, à sa propre existence et à celle des autres.
Etty Hillesum voit le piège de l'extermination se refermer sur elle et sur ses proches, mais elle décide en connaissance de cause de vivre ce destin là. Elle va vivre, au milieu de cette tourmente, un grand amour, une conversion, puis le drame de la déportation. Elle aurait pu fuir à plusieurs reprises mais elle va faire le choix " d'accompagner " ses compagnons d'infortunes jusqu'au bout, en essayant de rendre " vivable " ce chemin, en " portant " les terribles souffrances morales et physiques des autres, en les réconfortant. Elle a marché vers la mort en vivant pleinement chaque instant de son existence. Jusqu'au bout, elle est restée pleine de vie. Son témoignage est admirable, croyez-moi.
"Une vie bouleversée" est une magnifique leçon d'humanité.
Catherine
oOo 26 janvier 2004
La semaine de l'unité des chrétiens s'achève à l'heure où je vous écris.
Quelle belle semaine !
Elle a commencé très fort pour moi car j'ai dû témoigner devant 50 catholiques plus engagés et convaincus les uns que les autres, de la manière dont j'annonçais Jésus-Christ aux enfants !
La semaine s'achève donc officiellement mais pour moi elle continue, vous vous en doutez bien. La semaine de l'unité des chrétiens, pour moi, c'est toute l'année.
Pendant 8 jours, on entend parler d'œcuménisme aussi.
C'est un mot que j'aime particulièrement, ( même s'il ne sonne pas très bien à l'oreille) puisque c'est un peu ma bannière. En fait, l'œcuménisme fait tellement partie de mon quotidien et ce, depuis mon enfance, que j'ai du mal de l'appréhender comme un " concept ". Mon œcuménisme à moi est uniquement (quasiment) de l'ordre de l'expérience, " du vécu "comme disent certains. Moi, je ne pense pas mon " agir " comme œcuménique, c'est mon entourage qui, toujours, me rattache à ce courant de pensée.
Très franchement, je ne prie pas pour l'unité des chrétiens, ou très rarement et en groupe quand c'est la semaine de l'unité.
On prie Dieu pourquoi ?
Pour déposer à ses pieds des souffrances, malaises, difficultés. Or, je ne souffre pas et n'ai jamais souffert de mon appartenance religieuse et les autres ne m'ont jamais fait souffrir à cause d'elle. Je n'ai jamais connu de rejet, de moqueries ou autres mauvaises choses à cause de ma religion. Je me suis toujours sentie pleinement accueillie par la communauté catholique par exemple.
Enfant, je courais chez le curé du village pour lui vendre les timbres (de l'école laïque), il m'en achetait plein. Quand j'ai eu l'âge d'aller communier (15 ans environ chez les protestants, et après la confirmation seulement !), je suis allée aussi communier chez les catholiques, sans que ça ne pose de problème. J'ai pu " faire " un mariage 100% catholique avec une messe. Une simple dérogation a suffit.
On prie Dieu aussi pour lui demander que son Esprit nous dirige, nous inspire, des actes, des paroles ou des sentiments. Seulement, à propos de l'unité, je pense que tout est dit et écrit depuis maintenant 2000 ans, il n'y a qu'à lire la bible, je ne vois pas bien ce que Dieu peut nous dire de plus dans nos prières. Si ce n'est sa joie de nous voir réunis en train de le prier.
Bon, on peut peut-être prier pour que Dieu nous AIDE à faire l'unité comme disent certains ;
Et si c'était au contraire à NOUS d'AIDER Dieu ?
Il y a des domaines où c'est difficile d'aider Dieu, mais là, franchement, c'est jouable ? Non ? c'est même facile, très facile…
Il suffit d'ajouter quelques visas sur son passeport religieux et de voyager un peu, histoire d'apprendre à connaître les autres. Les rencontres que l'on fait alors préservent du repli communautaire, du sectarisme et vous guérissent de l'illusion de détenir " la " vérité (la pire chose je pense).
Moi, j'ai une proposition à faire :
Il faudrait peut-être commencer par instaurer le baptême chrétien (c'est un pléonasme, je vous l'accorde), simplement chrétien, pas catholique et pas protestant, juste chrétien ( ça éviterait les demandes de dérogation au moment des mariages). C'est ce que j'ai demandé au pasteur qui est venu me voir à la maternité. Il m'a répondu que ça n'existait pas. Justement, lui ai-je dit, il faut le (ré)inventer. Ça l'a un peu énervé, mais bon, les innovations dérangent souvent….
A bientôt
Catherine
oOo 3 février 2004
Jésus était-il poète ?
Oui, répondrait le pasteur de Nancy (France) et à l'appui de cette affirmation, il évoquerait certainement cette image de la graine de moutarde que le Christ emploie pour nous dire à quoi ressemble le Royaume de Dieu. La minuscule graine plantée en terre donne une pousse qui dépasse rapidement les autres légumes du potager pour devenir un arbre ( ?) sur lequel les oiseaux du Ciel viennent faire leur nid.
Seulement voilà, comme le dit un prêtre canadien sur une page du web, notre culture française tend malheureusement à mettre de côté les images bibliques. Je me reconnais complètement dans cette tendance… Je me heurte souvent à ces images auxquelles je ne comprends pas grand chose. Pourtant j'aime la poésie.
La parabole de la graine de moutarde est le parfait exemple de l'image biblique difficile à comprendre (pour moi en tout cas) et que j'aurais tendance à évacuer. A ma décharge, je n'ai aucune expérience de ce qu'est un royaume (je vis en France) et j'ignore tout de ce qu'est une graine de moutarde bien que j'aie un petit potager chez moi.
Seulement un jour, j'ai décidé d'en savoir plus.
1ère étape : aller à la pharmacie acheter des graines de moutarde (tiens, c'est une plante médicinale qui guérit donc…) pour voir à quoi elles ressemblent. Elles sont minuscules effectivement. Je me suis contentée de les observer. Les enfants du caté les ont mangées. Certains disent qu'elles piquent, d'autres qu'elles sont amères, d'autres encore qu'elles sont bonnes.
Donc, cette petite graine donnerait " un arbre ". En quarante jours seulement dit le bibliste.
2e étape : rechercher " graine de moutarde " sur un moteur de recherche du web. Alors là, la moisson est surabondante. C'est étonnant tous ces sites qui parlent de cette graine ! Visiblement elle donne de la saveur à la vie !
Alors, il y a, pour simplifier, 3 grands domaines : l'agronomie, la gastronomie et la spiritualité. Passer de l'une à l'autre, c'est étonnant. Essayez.
Les agronomes vous remettent les pendules à l'heure. La graine de moutarde ne donne pas un arbre comme on l'entend chez nous (de la taille d'un chêne, épicéa ou érable…) mais une plante qui ressemble à du colza (ça je connais, il y en a plein les champs de ma région natale). Il faut compter une centaine de jours pour que la graine donne une plante de 1 à 2 mètres de haut selon les variétés. Vous apprenez ensuite (surprise) que la moutarde est cultivée dans beaucoup de pays (Europe, Asie, Amérique), parfois à grande échelle : 2,5 millions de tonnes en Inde ! et que l'industrie agroalimentaire l'utilise pour de nombreux usages étonnants (pour ça, on peut lui faire confiance…) de la simple farine à toutes sortes d'additifs.
Côté gastronomie, les usages de la moutarde sont quasi infinis aussi. Elle est mise à toutes les sauces et les recettes vous donnent l'eau à la bouche…Mais prudence, ses saveurs peuvent dérouter les palais fragiles paraît -il.
Côté spiritualité, la surabondance est là aussi. Cette petite graine fait beaucoup écrire. Pour le pasteur de Nancy, elle représente notre vie spirituelle qui croît pour devenir l'essentiel de notre vie, la plus haute plante au-dessus de nos plantations ordinaires. Belle interprétation sûrement très juste. Seulement j'ai du mal à " réduire " ce que le Christ appelle " le Royaume de Dieu " à ma ( ou notre) vie spirituelle.
Pour d'autres, elle symbolise notre foi qui, une fois semée par Dieu, grandit en nous, y compris à notre insu. Mais à nouveau, je me demande si le Christ nous parle vraiment de notre foi.
Et si la graine de moutarde était le Christ lui-même et son Eglise? ( la fleur de moutarde comporte 4 pétales disposés en croix d'où son nom de crucifère) petit Homme parmi l'Humanité qui grandit suffisamment bien pour que les oiseaux de Ciel (l'Esprit Saint ?) puissent faire leur nid, c'est à dire cette nouvelle forme de Relation avec Dieu dont le Christ (et son Eglise après la Pentecôte) est le précurseur ?
Jésus s'agaçait parfois de ses disciples qui ne comprenaient rien à rien. Aujourd'hui, je sens que je l'agace…
En résumé, cette graine et ce Royaume restent pour moi, une grande ENIGME.
Catherine
oOo 10 février 2004
Chers amis internautes,
Avez-vous bien communiqué la semaine dernière ?
Cette semaine de la communication était un peu " la nôtre " puisque nous sommes des habitués de la toile qui est l'un des moyens actuels de communication, auquel trop de personnes n'ont pas accès d'ailleurs, mais là, c'est un autre débat.
En tout cas, cette semaine était complètement la mienne. La communication, sous-entendu dans l'Eglise et au moyen des médias modernes, est un sujet que j'aime bien et auquel je crois beaucoup. J'en attends beaucoup aussi parce que je lui dois beaucoup !
Si vous saviez ce que la presse écrite et la radio ainsi que la télévision ont pu compter dans mon " évangélisation ". Certainement autant (parce que je n'ose pas dire plus) que la vie en paroisse. Longtemps d'ailleurs, pendant des années de " nomadisme ", les émissions religieuses de France 2, toutes confessions confondues, ont été ma seule " paroisse ". Oui, oui, je sais, rien ne vaut la vie au sein d'une communauté, encore faut-il y être, dans une communauté et s'y sentir pas trop mal !
Ceci dit, rien ne remplace à mes yeux une belle homélie, une prédication disent les protestants, écoutée assis dans une église ou un temple. Léon dirait qu'il n'a jamais vu quelqu'un se convertir après une homélie mais moi je crois que c'est possible. Peut-être pas la " grande " illumination (quoique…), mais des petites conversions à longueur de dimanche sûrement ! Et là souvent, j'ai envie de crier : laissez parler nos prêtres !
Pas 5 minutes, comme le demandent beaucoup de paroissiens catholiques (je précise parce que jamais un protestant ne demanderait une telle chose car il a été formé à écouter de longues prédications) mais autant de temps que le prêtre a besoin pour faire passer son message.
Moi, je m'assoupis parfois pendant l'homélie, me disait l'autre jour un ami encore jeune, pratiquant, engagé et comptant plusieurs prêtres parmi ses amis. Saturation ? fatigue ? lassitude ? Comme c'est étonnant, lui ai-je dit, c'est quand même un moment important, quand la parole de Dieu vient nous rejoindre dans notre vie d'aujourd'hui, grâce à la médiation du prêtre, non ? Moi, j'en attends toujours beaucoup, de ce moment-là.
Certes la longueur ne fait pas la qualité, je sais bien. Mais quand même, il faut 10 bonnes minutes au moins pour faire passer un message : il faut avoir le temps de préparer son auditoire et de développer ses idées progressivement. Si l'homélie est trop courte, elle perd en substance et en intérêt. Du coup, comme elle n'est effectivement pas intéressante, les paroissiens veulent encore la raccourcir. C'est un cercle vicieux.
Et puis pour que l'homélie soit intéressante, il faut l'ECOUTER. Ecouter ne signifie pas être passif comme beaucoup de gens le croient. Pour écouter, il faut être ACTIF. Il faut inhiber ses mouvements physiques, ce qui demande un effort (en particulier quand il faut inhiber la langue, sauf à l'église bien-sûr, quoique…) et il faut inhiber les mouvements de la pensée. Puis, il s'agit de percevoir la parole de l'autre avec ses oreilles mais aussi ses yeux.
Une fois qu'on est en position d'écoute, on peut communiquer, ce qui ne veut pas dire qu'on va se mettre à parler. La communication implique un double mouvement : émission ET réception d'un message, sinon ça ne fonctionne pas.
A mon avis, la qualité des homélies augmentera d'autant plus que l'écoute de l'assistance augmentera.
Qu'en pensez-vous ?
Catherine
oOo 17 février 2004
Vous arrivez, vous, à parler de Dieu ?
Moi, j'ai un mal fou.
J'évite de le faire.
Produire un discours sur le Christ, (comme on me l'a demandé il y a quelque temps) c'est déjà une épreuve, mais bon, c'est faisable. Mais alors sur Dieu ?!?!
Nommer Dieu, ça va encore. C'est à dire, prononcer le mot " Dieu ", ça va, mais quand il faut aller au-delà…Alors je me suis inscrite à une " formation " qui a lieu le mois prochain et qui s'intitule : je crois en Dieu, le Père créateur. Je suis curieuse de voir, et d'entendre surtout !
Parmi ceux qui arrivent à dire quelque chose de Dieu, il y a certains artistes, peintres, musiciens ou poètes. Eux parviennent parfois à Le dire. Grâce à leur intuition et à leur perception des choses.
Récemment, j'ai (re)découvert une œuvre de Chagall.
L'œuvre m'a été présentée sans le titre. C'est une excellente idée car, du coup, comme vous ne connaissez pas le titre, vous n'êtes pas influencé. Il faudrait faire pareil avec les chapitres de la bible, enlever les titres ! Le titre oriente la lecture et impose parfois un cheminement qui n'aurait pas été le vôtre. C'est très gênant parfois, ça enferme la pensée. Dans la nouvelle bible dite Bayard, il n'y a pas de titre aux chapitres, c'est une bonne chose. De mon point de vue, bien-sûr.
Chagall, donc, regardez :
Que fait l'ange ?
Il chasse Adam et Eve du paradis vont répondre ceux qui " connaissent ".
Non, mais regardez mieux.
Vous trouvez que l'ange a l'air de chasser l'homme et la femme ?
Quand on chasse quelqu'un, on a certes le bras en avant, mais plutôt le corps en arrière, pas en avant et puis je ne pense pas qu'on ait ainsi la main grande ouverte.
Est-ce qu'il ne serait pas plutôt en train d'appeler l'homme et la femme qui s'éloignent de lui?
Cette " vision " des choses n'est pas de moi mais d'un jeune prêtre, très érudit et surtout passionné d'art (et de Dieu). C'est beau la passion.
Catherine
oOo 24 février 2004
Chers amis internautes,
En une phrase et une image, Léon nous résume cette semaine le message clé de Jésus Christ. Le message le plus original de l'évangile tient en trois mots : " aimez vos ennemis ", et une photo : une croix.
Je ne peux pas m'empêcher de réagir et de dire à quel point je trouve ce message inhumain !
Aimer ses ennemis, franchement, ce n'est pas humain ! Ce n'est pas un comportement humain. De ce fait, j'ai longtemps cru qu'une telle chose était impossible avec, en plus, le vague sentiment d'être dans une impasse, dans une ornière dont on ne peut sortir, comme lorsqu'on est face à une injonction à laquelle il est impossible de répondre (bien qu'on veuille le faire). Mais l'inconfort psychologique a du bon parfois, parce qu'il oblige à réfléchir. Donc longtemps, je me suis contentée de réfléchir sans rien comprendre à ce message.
Et puis un jour un prêtre m'a dit (*), au cours d'une homélie, qu'il n'y avait qu'une solution pour sortir de cette ornière, c'était de voir Dieu en l'autre, y compris en cet ennemi que l'on déteste.
Evidemment !
Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle !
Chercher Dieu dans le visage de celui qui vous agace, contrarie, blesse, ça calme les sentiments haineux…
J'avais donc raison, aimer son ennemi n'est pas une démarche humaine, c'est une démarche d'un autre ordre, d'une autre dimension (puisqu'il s'agit de chercher Dieu en l'autre).
Maintenant, ce n'est pas parce qu'on a fait cette découverte, que la démarche est facile !?!?
Je dirais même que c'est prodigieusement difficile. Vivre cette difficulté est, à mes yeux, le grand défi du chrétien. Sachant que je reste persuadée de notre impuissance face au mal (à certaines formes de mal en tout cas). Nous pouvons au mieux établir une relation, " malgré tout ", avec celui qui véhicule le mal, mais c'est Dieu qui agit et a le pouvoir d'anéantir le mal en l'autre (et en moi bien-sûr, pour commencer…). Enfin, c'est ce que je pense.
Catherine
(*) je dis que le prêtre s'adressait à moi ce jour là, non pas par égocentrisme, mais parce que, comme l'homélie m'avait plu, j'étais allée voir le prêtre pour lui demander s'il l'avait écrite. Il m'a répondu que non, qu'il n'avait écrit que les grandes lignes, que le matin même dans une autre église, il n'avait pas dit la même chose, que ce qu'il disait pouvait être inspiré par l'Esprit Saint en fonction de ce qu'une personne dans l'assemblée pouvait attendre comme message. Je me suis sentie (à tort ou à raison) " cette personne là ". Il y a des jours où je crois beaucoup en l'Esprit Saint…
oOo 2 mars 2004
Je viens de recevoir une invitation pour un baptême. Je suis ravie. La future baptisée se prénomme Mathilde. C'est un ravissant bébé du genre de ceux qui sont photographiés sur les pages des magazines spécialisés en puériculture et activités annexes. Elle va bientôt souffler sa première bougie. Elle ne parle pas encore mais est déjà une grande communicante : elle a appris à faire une grimace qui instantanément déclenche chez l'interlocuteur (connu ou inconnu, enfant ou adulte) un éclat de rire et l'imitation de la grimace. Elle s'amuse à longueur de journée avec ça, il y a de quoi !
J'aime bien les baptêmes (surtout d'adultes).
Chaque fois que j'assiste à ce sacrement, me revient en mémoire une histoire qu'une amie de ma famille me racontait quand j'étais enfant et que j'adorais (l'histoire et l'amie aussi). Je ne me lassais pas de l'entendre.
C'est l'histoire d'un petit catholique baptisé par une mennonite, une protestante donc.
C'est un peu triste, je vous préviens.
L'histoire se passe il y a une cinquantaine d'années dans un grand hôpital. Aujourd'hui, on dirait un CHU. C'est la nuit. Dans une salle du service de pédiatrie, un papa, une maman et une infirmière veillent un petit enfant couché dans un lit. L'émotion est grande car le bébé est en train de mourir. Les parents sont désespérés. A la détresse des parents, s'ajoute tout à coup l'affolement, le " stress " comme on dit aujourd'hui : le bébé n'est pas baptisé !
Il faut faire vite, l'infirmière le sait bien, l'enfant va mourir d'une minute à l'autre. La jeune infirmière est mennonite mais les parents du bébé n'en savent rien. Elle ne porte aucun signe ostensible (ça n'existe pas, à ma connaissance, chez les mennonites). Elle, elle a été baptisée à l'âge de 15 ans, mais elle sait ce que le baptême peut représenter pour une famille catholique de l'époque.
Les parents demandent le baptême donc, mais il est trop tard pour trouver un prêtre.
Alors raconte-t-elle, je suis sortie de la pièce pour aller chercher de l'eau, puis je suis revenue, j'ai pris le bébé dans mes bras, et je l'ai baptisé.
- Qu'est ce que t'as fait ?
- J'ai fait couler un peu d'eau sur son front
- Et qu'est ce que t'as dit ?
- "Vincent, je te baptise, au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit". Et j'ai dit aux parents de faire un signe de croix sur le front de leur enfant.
- C'est tout ?
- C'est tout.
- Et l'eau, tu l'as prise où ?
- Au robinet.
- Le bébé est ressuscité alors ?
- (Eclat de rire de l'infirmière) Mon Dieu non, je n'avais pas un tel pouvoir.
- Il est mort alors ?
- Eh oui, mais les parents étaient paisibles, tu vois, quand leur enfant est mort.
- Tu crois que le bébé est au paradis ?
- Bien sûr que oui !
J'espère que le baptême fait toujours partie du protocole des soins palliatifs pour enfant…
oOo 16 mars 2004
Chers amis internautes,
Cher Rémi et tous les autres,Je vous ai raconté il y a quelque temps, que je m'étais inscrite à une formation dont l'intitulé était " Je crois en Dieu, le Père créateur ". En fait, ça n'est pas tout à fait exact. D'abord, ce n'est pas moi qui me suis inscrite. ON m'y a inscrite. J'ai bien une idée sur qui est à l'origine de cette initiative, mais la personne soupçonnée ne veut rien me dire. Et puis, ce n'est pas véritablement UNE formation, c'est une série de " sessions " sur un thème à chaque fois différent. En fait, c'est surtout une PARENTHESE (*) dans le fil de mon existence et de celle de toute ma famille. Parce que j'y vais en famille ! C'est la première fois que je vais à l'école (parce que c'est une école) avec mon mari et mes enfants.
Cette " parenthèse " contient différentes choses: c'est un peu comme une halte spirituelle, mais c'est aussi un temps de réflexion et d'acquisition de connaissances, auxquels s'ajoutent des temps de partage en groupe, le tout soutenu par des temps de prière et s'achevant par une célébration.
Moi, qui suis curieuse de nature, je ne cesse à longueur de week-end, de m'étonner de ce que je vois, de ce que j'entends et de ce que je vis. Il y a une grande diversité d'idées mais aussi de talents qui se dévoilent de séquence en séquence. Les intervenants et les animateurs balisent la réflexion et apportent les connaissances. Les participants, eux, sont amenés à débattre et à témoigner.
C'est en fait une aventure. On embarque un jour à un port. On sait d'où on part à peu près. Mais on ne sait pas où on va arriver. Mais c'est sans importance car le voyage est beau. Moi, j'ai choisi de me laisser porter. Pour une fois qu'il peut en être ainsi…
D'ailleurs, côté organisation pratique, tout est pris en charge : repas, couchage, encadrement des enfants. Il n'y a plus qu'à… laisser faire.
Ce " plan " m'est " tombé du ciel " un mercredi après-midi. Alors que je jardinais tranquillement (c'était le printemps de l'an dernier), les évènements se sont tout à coup précipités : mon fils est venu me trouver pour me dire que le torchon de cuisine qu'ON avait mis sur le clafoutis (que j'avais fait après avoir passé un temps fou à cueillir un malheureux kilo de cerises), brûlait. Il avait voulu faire chauffer de l'eau dans une casserole pour y mettre sa balle de ping-pong ( ?) pour qu'elle retrouve une forme ronde mais il a mal manipulé les boutons de la cuisinière. Quand le téléphone sonna, la balle de ping-pong était toujours carrée, mon clafoutis entamait une seconde cuisson sur les plaques électriques (imaginez un mini volcan qui crache de la fumée au milieu du gâteau ) les morceaux de torchon brûlés volaient partout dans la cuisine, je ne parle pas de l'odeur ni de ma colère, et donc j'apprenais par un prêtre (inconnu, et se présentant comme étant de l'archevêché…) au téléphone donc, que j'étais inscrite à une école, dite des ministères ( ?!?!), dont j'ignorais TOUT. Comme ON avait soigneusement anéanti, quelques minutes plus tôt, toutes mes capacités de réflexion et donc d'opposition (potentielle), à la question du prêtre " êtes-vous intéressée par cette idée ? ", je n'ai pu dire que OUI. Aujourd'hui je ne regrette pas, croyez-moi.
Mon fils n'a toujours pas compris l'extraordinaire indulgence que j'ai eue envers lui ce jour là…Après avoir raccroché le téléphone, j'avais tout oublié de la punition que j'envisageais pour lui quelques minutes auparavant. Merci Norbert, pour mon garçon.
Moi, je voulais simplement vous dire comme il est bon parfois de se laisser saisir par l'imprévu…
Je vous reparlerai sûrement de cette école un peu particulière
A bientôt
Catherine
* J'emploie ce mot "parenthèse" au sens de " digression " ; une digression dans une conversation ou un discours par exemple, est souvent plus intéressante que le discours lui -même, voire reste ce que l'on retient…
oOo 23 mars 2004
Chers amis
Nous sommes lundi 15 mars, il est 12 heures et les sirènes de la ville retentissent. Nous (mes collègues et moi-même) faisons une minute de silence en hommage aux victimes des attentats de Madrid et d'ailleurs. Nous devrions faire ça tous les jours, parce que des attentats il y en a quotidiennement, et parce que cette minute de silence ramène le calme et en cela est bénéfique. Pendant cette minute de silence au moins, nous ne commettons aucun mal…
Comme je suis incapable de rester l'esprit tranquille pendant une minute, je réponds (dans ma tête) au correspondant de Léon qui dit que l'évangile de dimanche dernier est " imbuvable ". La parabole du figuier, avec cette fameuse injonction qui la précède, (si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux… ) fait l'effet d'une purge, je suis bien d'accord. Voilà un Christ, provocant tout à coup, qui surgit du texte. Moi, j'aime bien ces textes là justement, où les choses prennent du relief et où le Christ se présente avec un autre visage, que celui qu'on nous sert trop souvent : bon à en être niais. Cette fois-ci le Christ est gênant et exigeant !
A mon avis, il ne fait que s'appuyer sur un sentiment bien humain et inévitable : la peur. La peur des catastrophes naturelles et des violences en tout genre. Il cherche simplement à nous réveiller, je pense. Il ne s'agit pas de menaces. Il veut nous dire que JUSTEMENT, parce qu'il y a ces formes de violence et qu'on peut perdre notre vie à chaque instant en prenant le train (ou sa voiture), il est URGENT de VIVRE pleinement chaque heure qui nous est donnée comme si c'était la première (et pas la dernière, donc avec toute la joie et la force que l'on met dans quelque chose de nouveau), de ne rien gâcher, de nous AIMER pour traverser les épreuves inhérentes à la condition humaine (et certainement pas voulues par Dieu). Il n'y a que la force de l'amour qui permet de vivre une catastrophe naturelle (ou les attentats, ou un accident de voiture) " malgré tout ". Les exemples de solidarités humaines et de réconciliation sont nombreux dans ces moments là, justement parce qu'il y a une prise de conscience soudainement de ce qui est essentiel dans la vie humaine. Il n'y a que l'amour également qui peut désamorcer les bombes. A commencer par celles que nous posons dans les bureaux ou les ateliers de nos entreprises ou administrations françaises….
Il n'est pas question d'un Dieu qui nous soumettrait à je ne sais quelle souffrance pour je ne sais quelle obscure raison (perversité, vengeance, colère…) mais d'un Dieu qui pleure avec nous sur nos malheurs et qui nous propose comme remède de nous accompagner les uns les autres pour vivre cette vie là qui est la nôtre (et pas une autre) le mieux possible, c'est à dire avec dignité quel que soit ce qui se passe y compris le pire en nous soutenant donc les uns les autres et en mettant un frein définitif à la transmission de la haine.
Je ne vois que ça comme explication.
Enfin, c'est mon point de vue.
A bientôt
Catherine
oOo 30 mars 2004
Chers amis internautes,
Mon plus grand étonnement de la semaine m'a été procuré par la lecture d'un article du Nouvel Observateur. L'article en question date un peu (semaine du 26 février 2004), mais est toujours sur le site internet de l'hebdomadaire où je suis arrivée en cliquant sur je ne sais plus quel " lien ".
Le titre à lui seul est évocateur (et volontairement provocateur) : les évangéliques : la secte qui veut conquérir le monde .
A chaque fois que je vois le mot " secte " associé à une Eglise protestante, j'ai un pincement au cœur car, si moi je peux me présenter comme " appartenant " à une Eglise connue ( ?) et respectée, à savoir l'Eglise réformée, il n'en va pas de même pour mes parents qui sont mennonites. Le Larousse qualifie l'Eglise mennonite de secte . Je sais très bien que certains protestants dans certaines Eglises, présentent des comportements sectaires et intolérants (et intolérables) mais, en ce qui me concerne, je n'ai pas le sentiment d'avoir été éduquée dans une secte et que les pasteurs mennonites que j'ai rencontrés soient des gourous !
Mais là n'est pas le sujet de l'article du Nouvel Obs. Il n'est pas question des mennonites mais des évangéliques, courant autrement étendu du protestantisme ! Je ne vais pas vous résumer l'article. Sachez qu'il est question de George W. Bush, de l'Armageddon ( !?), des Born Again Christians (500 millions de personnes), de guerres, de marketing et d'un tas d'autres choses qui n'ont rien à voir avec la foi. J'étais consternée et vaguement affolée. J'ai foncé sur les sites protestants français pour trouver une réponse et un autre éclairage. La Fédération protestante de France a répondu effectivement, par une très belle lettre signée du Pasteur de Clermont, l'Alliance évangélique française aussi.
A la lecture de l'article, j'ai surtout découvert que j'étais une " has been " (alors que je n'ai pas encore 40 ans…). Je commence à comprendre pourquoi et surtout comment Léon en arrive à se présenter comme un dinosaure…
J'ai découvert que l'Eglise réformée était rattachée aux Eglises dites " historiques " ! Quand on commence à qualifier un courant " d'historique ", on le situe dans le passé. Non ? Comme les monuments historiques.
Il est rare que j'aie, dans la vie courante, à décliner mon identité religieuse. Si j'y suis obligée, je dis simplement : je suis protestante. Mais je me dis qu'à l'avenir, compte tenu de ce qui se passe aux USA et au Brésil, des évènements en Irak et ailleurs, du surgissement de tous ces courants NEOprotestants, je ne devrais pas préciser : je suis protestante DE l'Eglise réformée DE France.
Enfin, j'espère que je ne serais jamais obligée d'en arriver là !
Amicalement à tous
Catherine
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