THEOLOGIE "POUR LES NULS"

CETTE ANNEE 2003 :

L'INCARNATION

"Jésus, l'homme-Dieu "

Après avoir traité du sacrement de l'Eucharistie en l'an 2000, du baptême en 2001 et du mariage en 2002 (voir aux archives), nous quittons la théologie des sacrements. Mais nous ne quittons pas notre oeuvre de vulgarisation : un "nul" qui s'adresse à des "nuls" pour commencer à chercher, cette année, "Qui est Dieu ?" Vaste programme, comme disait l'autre ! Surtout quand on reprend le propos de théologiens qui prétendent que "de Dieu on ne peut rien dire".

Heureusement, je me suis souvenu de la parole du début de l'Evangile selon saint Jean : "Dieu, personne ne l'a jamais vu, mais le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l'a fait connaître." Heureusement !

Donc, si j'ai bien compris, il me suffit de regarder Jésus et je saurai qui est Dieu. D'ailleurs, il le déclare lui-même à son ami Philippe : "Qui me voit, voit le Père."

C'est pourquoi, tout au long de cette année 2003, en douze séquences, nous allons regarder du côté de l'Homme-Dieu, Jésus, "image visible du Dieu invisible". C'est ce que les théologiens appellent le Mystère de l'Incarnation. Dieu s'est fait homme. Notre recherche nous permettra, du moins je l'espère, de découvrir un peu qui est Dieu, mais aussi qui nous sommes, car :

 

"Hors de Jésus Christ, nous ne savons ce que c'est, ni que notre vie, ni que notre mort, ni que Dieu, ni que nous-mêmes."

Pascal

 


Rembrandt : Jésus, l'homme-Dieu

 

1 - APPROCHES

 Pour commencer, il nous faut lire un certain nombre de textes du Nouveau Testament. Ils sont essentiels, puisqu'ils expriment la foi de ceux et celles qui ont connu et fréquenté cet homme, Jésus. Longtemps ils se sont posé la question : "Qui est-il ?" Ce n'est que plus tard, après sa mort et sa résurrection, qu'ils ont pu livrer le condensé de leur foi en quelques mots : Jésus, c'est Dieu fait homme, c'est l'homme-Dieu.

Pour en arriver là, il leur a fallu du temps, bien sûr. C'est tellement inouï ! Mais quand on relit quelques-uns de ces textes, on est frappé par la force de leurs affirmations. N'oublions pas que beaucoup de leurs auteurs ont préféré mourir sous la torture plutôt que de se renier. "Je crois des témoins qui se font égorger", écrit Pascal.

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Jésus vint de Nazareth, village de Galilée. Jean le baptisa dans le Jourdain. Quand Jésus sortit de l’eau, il vit les cieux s'ouvrir et l'Esprit descendre sur lui comme une colombe. Et du ciel, une voix disait : " Tu es mon Fils bien-aimé. En toi, j'ai mis tout mon amour." (Marc 1, 9-11 )

Voilà le texte le plus ancien de tous les évangiles. Marc l'a écrit aux environs des années 70 de notre ère, donc une quarantaine d'années après la mort et la résurrection de Jésus. C'est le plus ancien texte évangélique, mais d'autres textes du Nouveau Testament concernant Jésus sont plus anciens. Certains ne datent que d'une vingtaine d'années après l'événement. Lisons-les.

Dès le moment de sa conversion sur le chemin de Damas (vers l'an 40), Paul "se mit à prêcher Jésus dans les synagogues, proclamant qu'il est le Fils de Dieu", écrit le livre des Actes des Apôtres (9, 20). Et Paul écrira un peu plus tard aux Galates : "Celui qui dès le sein de ma mère m'a mis à part et appelé par sa grâce daigna révéler en moi son Fils pour que je l'annonce parmi les païens". (Galates 1, 15-16)

Dans sa Lettre aux Philippiens 2, 5-8 :

"Ayez en vous les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus. Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave et devenant semblable aux hommes. S'étant comporté comme un homme, il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et la mort sur la croix."

Ce texte, d'après les spécialistes, recopie une hymne qui était chanté dans les premières communautés chrétiennes. Dieu s'abaisse jusqu'à se faire homme de basse condition : la condition des esclaves.

"C'est pourquoi, en entrant dans le monde, le Christ dit : "Tu n'as voulu ni sacrifice ni oblation, mais tu m'as façonné un corps. Tu n'as agréé ni holocauste ni sacrifices pour les péchés. Alors, j'ai dit : Voici, je viens pour faire ta volonté." (Lettre aux Hébreux 10, 5-7)

"En lui (le Christ) habite corporellement toute la plénitude de la divinité" (Colossiens 2, 9)

Voilà les principaux textes de saint Paul.
Passons maintenant aux écrits de saint Jean. L'auteur du quatrième évangile, de trois lettres et de l'Apocalypse est celui qui fut le premier à découvrir Jésus, sur les indications de Jean-Baptiste dont il était préalablement le disciple (Jean 1, 35-39). C'est pourquoi son témoignage est capital. Lisons d'abord quelques passages de son Evangile :

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. Tout a été fait par lui, et rien de ce qui a été fait, n'a été fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas arrêtée. 

Il y eut un homme, envoyé de Dieu : son nom était Jean. Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient par lui. Il n'était pas la lumière, mais il parut pour rendre témoignage à la lumière. 

Le Verbe était la vraie lumière, qui, en venant dans ce monde, éclaire tout homme. Il était dans le monde, et le monde a été fait par lui, et le monde ne l'a pas reconnue. Il est venue chez les siens, et les siens ne l'ont pas reçu. Mais, à tous ceux qui l'ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Ceux-ci ne sont pas nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu. 

Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous ; et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’un Fils unique reçoit de son Père, plein de grâce et de vérité. 

Jean-Baptiste lui a rendu témoignage en proclamant : " Voici celui dont j’ai dit : lui qui vient derrière moi, il a pris place devant moi, car avant moi il était. " 

Et nous avons eu part à sa plénitude, et nous avons reçu grâce sur grâce ; après la loi qui a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. Personne n'a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l'a fait connaître.  (Evangile de Jean 1, 1-18 )

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Jean (Baptiste) rendit ce témoignage : " J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe et se poser sur lui. Je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser dans l’eau m'a dit : " L’homme sur qui tu verras l'Esprit descendre et se poser, c'est lui qui baptise dans l’Esprit-Saint. " Oui, j'ai vu et je rends ce témoignage : c’est lui, le Fils de Dieu. (Evangile de Jean 1, 32-34 )

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Philippe dit à Jésus : " Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit. " Jésus lui répondit : " Il y a si longtemps que je suis avec vous, et, cependant, Philippe, tu ne me connais pas ! Celui qui m'a vu, a vu le Père. Comment peux-tu dire : Montre-nous le Père ? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ! C'est le Père qui demeure en moi et c’est lui qui accomplit ses propres oeuvres. " (Evangile de Jean 14, 8-10 ) 

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 J'aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Quand le défenseur viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous conduira vers la vérité tout entière. En effet, il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, parce qu'il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce qui appartient au Père est à moi ; c'est pourquoi je vous ai dit qu'il reprend ce qui vient de moi, et il vous le fera connaître.
(Evangile de Jean 16, 5-15)

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"A ceci reconnaissez l'esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu dans la chair est de Dieu."
(Première lettre de Jean
4, 2)

"Voici comment Dieu a manifesté son amour pour nous : il a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous ayons la vie par lui. Et l'amour consiste en ceci : non pas en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu'il nous a aimés et a envoyé son Fils... "
(Première lettre de Jean
4, 9-10)

"Et nous avons vu et nous proclamons que le Père a envoyé son Fils pour être le Sauveur du monde."
(Première lettre de Jean
4, 14)

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Ce ne sont que quelques affirmations puisées dans le Nouveau Testament. Il y en a d'autres, et nous les découvrirons au fur et à mesure que notre recherche s'approfondira. J'ai cité celles-ci, pour commencer, parce qu'elles me paraissent significatives : la première communauté chrétienne a affirmé une chose, encore une fois, inouïe : l'homme Jésus, que nombre d'entre eux ont connu, fréquenté, c'est Dieu en personne. Comment en sont-ils venus à affirmer cela ? Et comment Jésus lui-même en est-il venu à se déclarer "fils de Dieu", lors de sa comparution devant Caïphe ? C'est ce que nous chercherons le mois prochain. Pour cela, je crois qu'il nous faudra bien préciser l'appellation "Fils de Dieu". En attendant, je vous invite à lire et relire les textes ci-dessus et à commencer à vous poser la question fondamentale : "Pour moi, qui est Jésus-Christ?"

30 décembre 2002

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