L'INTELLIGENCE DES ECRITURES

 

 Le livre de JOB

(Dieu, le mal et la souffrance)

 

Chaque fois que, dans notre vie, nous rencontrons
le malheur, la misère, le mal, la souffrance, la mort,
nous nous posons instinctivement la question :
"Mais Dieu, qu'est-ce qu'il fait ? A-t-il quelque chose à voir avec le malheur ?
En est-il responsable, ou reste-t-il indifférent ?
A cette question, le livre de Job essaie de répondre.

 

1 - Une relecture

Il y a quelques années, avec un club biblique de jeunes, nous lisions le livre de Job lorsque l'un d'entre nous a déclaré : "C'est incompréhensible, ce texte. Jamais je n'oserais proposer à l'un de mes copains de le lire." C'est alors que nous est venue l'idée de réécrire succinctement le livre de Job afin qu'il soit accessible à un jeune d'aujourd'hui. Pas seulement accessible, mais intéressant. Qu'il ait envie de lire ce livre dans la Bible. Voici donc, pour commencer notre étude du livre de Job, la relecture que nous en avions faite. Vous me direz ce que vous en pensez.

Prologue

Chapitre 1 - Il était une fois, au pays de Ous, un homme appelé Job. Intègre et droit, aimant Dieu et se détournant du mal, il avait sept fils et trois filles. Il était très riche. C'était un personnage "entre tous les fils de l'Orient."

Un jour, alors que Dieu tenait sa cour dans le ciel, arriva Satan.
- "D'où viens-tu ?", lui demande Dieu.
- "J'ai été faire un petit tour sur la terre", répond Satan.
- "As-tu vu mon ami Job, demande Dieu. Ah, celui-là, il n'y en a pas deux comme lui !"
- "Bof ! C'est facile, riposte Satan. Tu le protèges, alors tout lui réussit. Mais je parie qu'il te maudira, le jour où il lui arrivera malheur."
- "Eh bien, répondit Dieu, essayons. Je te permets de le frapper dans ses biens, mais pas dans sa personne ni dans sa vie. On verra bien. Pari tenu !

Et Satan s'en alla. Aussitôt, toute une série de catastrophes tombe sur Job :
* des ennemis volent son bétail et tuent ses serviteurs.
* un orage détruit le troupeau de brebis et ses gardiens.
* d'autres ennemis font une razzia et prennent les dromadaires.
* tous ses enfants périssent dans l'écroulement d'une maison.
Alors Job s'écrie : "Le Seigneur a donné et le Seigneur a repris. Que le nom du Seigneur soit béni !

Fin de la première manche : Avantage à Dieu.

Chapitre 2 - Mais Satan ne se tient pas pour battu. Dieu lui dit :
"Alors, tu vois, ce Job, c'est un type parfait !"
Satan répond : "Bien sûr ! Tant qu'on ne touche pas à ce qu'il a de plus cher, c'est normal ! Mais permets-moi de lui envoyer quelque bonne maladie : tu verras qu'alors il te maudira !
- "Bon, d'accord, dit Dieu. Mais tu n'as pas le droit de le faire mourir."

Et Satan frappe Job d'un ulcère malin. Le pauvre homme n'est plus qu'une plaie. Assis sur son fumier, il se lamente, mais ne maudit pas Dieu, même lorsque sa femme se moque de lui et le presse de maudire Dieu. Bien au contraire, il lui répond : "Si, de Dieu, nous acceptons le bien, pourquoi ne pas accepter aussi le mal !"

Trois amis de Job apprennent son malheur. Ce sont Eliphaz, Bildad et Sophar. Ils viennent donc lui rendre visite. Pendant sept jours, ils gardent le silence, respectant la douleur de Job. C'est après ce long silence que Job laisse éclater sa plainte.

Chapitre 3 - Job maudit le jour de sa naissance :
"Périsse le jour qui m'a vu naître, la nuit où j'ai été conçu. Pourquoi ne suis-je pas mort au sortir du sein maternel ? Maintenant, je serais couché, calme et tranquille : je dormirais du sommeil de la mort !"

Les dialogues.

Premier cycle

Chapitres 4 et 5 - Apostrophe d'Eliphaz.
"Pauvre Job ! Tu es bien déprimé ! Alors qu'autrefois, c'était toi qui faisais la leçon et qui fortifiais ceux qui tombaient ! Maintenant, ton tour est venu, et c'est toi qui es dans la déprime. Pour moi, je n'ai jamais vu Dieu punir un innocent. Par contre, les mauvais, il les punit toujours, même si ce n'est pas tout de suite. Et même si ce n'est pas eux-mêmes qui sont punis, ce seront leurs descendants. D'ailleurs, devant Dieu, tout homme est coupable. Donc, je t'en prie, dans ton épreuve, il te faut reconnaître la main de Dieu. C'est lui qui te corrige en t'envoyant tant de malheurs. Cette leçon qu'il t'a donnée, mets-là à profit !"

Chapitres 6 et 7 - Réponse de Job.
"Est-ce qu'il animal bien repu pousse des cris ? Ma vie est comme une nourriture sans saveur. J'en suis dégoûté. Je ne désire qu'une chose : mourir. A quoi bon vivre encore. Je suis à bout de force. Je n'ai pas la résistance de la pierre. Et vous, là ! Vous que j'appelais mes amis, mes frères ! Mais vous êtes aussi décevants qu'un torrent qui passe. D'abord, je ne vous ai rien demandé. Et n'ayez crainte, je ne vous demanderai rien. Eh bien, allez-y : éclairez-moi sur mon cas. Que peut-on me reprocher ? Des mots qui s'envolent ? Non ? Eh bien, alors, écoutez-moi".

"La vie de l'homme sur la terre ressemble au service militaire : on le passe à attendre "la quille". Je suis dans mon lit : j'attends que le jour se lève. Et quand je me lève, je me dis : "A quand le soir ?" C'est la déprime. Ma chair grouille de vers, ma peau se gerce et suppure. Dieu, ma vie est comme le vent, comme un nuage qui se dissipe et s'en va. Alors, dites-moi, pourquoi ? Laissez-moi tranquille, puisque mes jours sont comme un souffle. Dieu, qu'est-ce qu'un homme, pour que tu en fasses tant de cas ? Alors, laisse-moi un peu souffler, ne serait-ce que le temps que j'avale ma salive. Quand je serai mort, tu auras beau me chercher, je ne serai plus !"

Chapitre 8 - Bildad de Shouah

"Tes paroles, c'est du vent ! Par contre, si tu pries Dieu, il te rétablira dans ta condition première, et même mieux. Demande aux générations qui nous ont précédées : la loi qui veut que Dieu punisse le coupable est aussi certaine et aussi rigoureuse que les lois de la nature. Et Dieu ne rejette jamais l'homme intègre. Tourne-toi donc vers lui, e tu verras : ta bouche s'emplira encore de rires."

Chapitres 9 et 10 - Riposte de Job

C'est fou, ce que tous deux, vous dites comme banalités ! La sagesse et la force de Dieu, je connais !Il suffit de contempler sa création pour avoir une idée de sa grandeur. Je ne peux pas discuter avec lui, je le sais. De toutes façons, je ne recevrais pas de réponse ! Et même si, par hasard, il y avait une réponse, je n'en croirais pas mes oreilles.

Sa justice aussi, je connais. Personne ne peut se justifier devant lui. Mais en réalité, un même sort est réservé au juste et au méchant. Dans une catastrophe soudaine, tous deux sont écrasés. Et dan certains pays soumis à la tyrannie, croyez-vous que les juges rendent la justice avec équité ?

Dieu, que la vie est courte ! Impossible d'avoir un moment de gaîté. Même si je suis innocent, Dieu trouvera toujours de quoi me punir. Je viens de me lave : il me plonge le nez dans ma misère. A tel point que même mes vêtements ont horreur de moi. Pourquoi discuter avec lui ? Il n'y a pas d'arbitre entre nous. Eh bien, puisqu'il en est ainsi, je vais tout de même parler. Je plaide non coupable.

Dis donc, Dieu, quel plaisir peux-tu éprouver à traiter ainsi l'ouvrage de tes mains ? Cela te fait du bien, d'être violent ? Et injuste ! T'as l'air d'un pion obstiné à rechercher les bêtises que j'ai pu faire. Mais au fond, tu le sais bien, que je ne suis pas coupable ! Tes mains m'ont façonné, et tu me détruirais. Tu m'as donné la vie, mais je devine ce que tu as derrière la tête : tu me surveilles, et si je suis coupable, malheur à moi. Tu me fais la chasse, tel le léopard. Ah ! tu peux faire le malin ! Mais pourquoi m'as-tu donné la vie ? Si seulement j'étais mort ! Allez, laisse-moi un peu souffler avant que je ne meure !

Chapitre 11 - Intervention de Sophar de Naamat.

"Tout ça, c'est du baratin ! Tu dis à Dieu : je suis parfait. Mais si Dieu te répondait, ce serait pour te demander des comptes de ta faute. Les secrets de Dieu sont hors de notre portée. Sa perfection déborde les quatre dimensions. Tu n'as qu'à te convertir, et tu retrouveras le bonheur."

Chapitres 12-13-14 - Réplique de Job.

Vous, alors, vous incarnez vraiment la sagesse des nations ! Sur Dieu, j'en sais autant que toi. Même les bêtes connaissent l'action de Dieu et sa puissance. Mais moi, je suis malheureux, et toi, tu te contentes de me mépriser.

Et c'est à Dieu que je demande des comptes. Alors, qu'on me fiche la paix. Si Dieu me tue, je ne tremble pas. L'essentiel, c'est que je puisse discuter avec lui. Seul à seul. Je sais que c'est moi qui ai raison. Qu'il me montre ce que j'ai fait de mal.

L'homme né de la femme et qui vit peu, c'est lui que tu surveilles et que tu juges ? Laisse-le un peu souffler ! Il est si peu de chose. Pourquoi donner tant d'importance à cet être qui disparaîtra pour toujours dans la tombe, alors qu'un arbre, lui, peut refleurir. Tout finit dans un trou, même la mémoire des êtres chers.

Deuxième cycle

Chapitre 15 - Eliphaz de Teyman.

"Tu te prétends sage ? Ta science n'a pas plus de consistance que le vent. Mais ces paroles injurieuses à l'égard de Dieu, que tu viens de prononcer, c'est déjà la preuve que tu es coupable. Comprends-moi bien : c'est l'homme qui est l'artisan de son propre malheur. Tu crois que tout réussit au méchant ! C'est une erreur. Un jour ou l'autre, il sera puni.

Chapitre 16-17 - Job.

Quels pénibles consolateurs vous faites ! Changeons de place : alors je parlerai comme vous. Mais hélas, c'est moi qui souffre, persécuté que je suis par les hommes et par Dieu. Je souffre, et malheureusement, il n'y a pas d'arbitre entre Dieu et moi.

J'en ai assez. Le cimetière, c'est ce qu'il me faut. Que les mauvais se moquent de moi, d'accord ! Mais vous ! Pas un sage parmi vous ! Je me tourne donc vers ma tombe comme un enfant vers son père. Les vers seront comme ma mère et ma soeur.

Chapitre 18 - Bildad relève le gant...

... et c'est pour lui sortir toute une série de lieux communs sur les maux qui guettent le méchant : "Arrête ton verbiage. Ecoute un peu. Oui la lumière des méchants s'éteint, et sa flamme ne brille plus, etc., etc.

Chapitre 19 - Job répond.

Je m'en prends à Dieu qui me persécute. Mes amis, mes proches, mes familiers, il les éloigne de moi. Mes serviteurs et mes servantes me considèrent comme un étranger. Mon haleine répugne à ma femme. Même les gamins me témoignent du mépris. Mais vous du moins, mes amis, ayez donc pitié de moi, car c'est la main du Seigneur qui m'a frappé. Je sais, moi, que mon Défenseur est vivant, et que, le dernier sur la terre, il se lèvera. Et dans ma propre chair, je me tiendrai debout. Et je verrai Dieu. C'est lui que je regarderai, et non un autre.

Chapitre 20 - Sophar revient à la charge.

Mais enfin, depuis toujours - c'est un fait d'expérience - le bonheur des méchants est de courte durée. Ils ont beau déguster leur malice, ils ne se doutent pas que c'est un venin d'aspics qu'ils sucent, un venin qui les fera vomir et mourir. Car les cieux révèlent leur faute, et contre eux témoigne la terre.

Chapitre 21 - Job : le démenti des faits.

Les faits démentent vos trois thèses : la prospérité des méchants est évidente, et leur bonheur les accompagne jusqu'à la tombe. Nulle part, je ne vois des méchants punis. En fait, un sort commun est réservé à tous, bons ou mauvais. Avec cette différence que souvent le mauvais se débrouille pour éviter la catastrophe... et on lui fait à sa mort des funérailles solennelles. Et si vous dites que sa postérité sera punie, ce n'est pas normal : c'est lui, et non ses enfants, qui devrait être l'objet de la colère divine.

(à suivre, le 28 juin)

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