L'INTELLIGENCE DES ECRITURES

 

Nouvelle série : Saint Paul en son temps (3)

(Automne 2003)

Qui était saint Paul ? Que lui apporta sa formation juive et grecque ? Comment écrivait-on à l'époque ? Qui vivait alors à Corinthe, Antioche, Ephèse ? Et comment y vivait-on ? Comment circulait-on ? Quelles étaient les grandes philosophies ? Quelle était la condition de la femme ? Autant de questions qui vont nous permettre, en 6 séquences (chaque quinzaine) de situer Paul en son temps.
(Vous trouverez aux archives les séquences précédentes.)

IV - Le premier voyage missionnaire.

Antioche est la base de départ. Cette communauté d'Antioche, bilingue, est composée de Juifs et de convertis. C'est grâce aux subsides de la communauté que Paul peut voyager. Il y revient toujours pour rendre des comptes.

1 - Une grande métropole sur l'Oronte.

Aujourd'hui, tremblements de terre et inondations de l'Oronte ont effacé presque toutes les traces de la ville antique. Fondée en 301 avant Jésus Christ par Séleucus, Antioche était la 3e ville du monde après Rome et Alexandrie. Strabon parle de 500 000 habitants. Les remparts faisaient 15 kilomètres de tour. Ville très bien située. Par l'Oronte, elle était en communication avec la plaine de la Bekaa, qui était l'un des greniers à blés de l'antiquité. La mer n'est pas loin. Les caravanes viennent de Mésopotamie ou de Turquie. Au carrefour de deux univers culturels : le monde sémitique et le monde grec. On connaissait bien le sanctuaire d'Apollon, lieu célèbre de prostitution sacrée : les soldats romains qui étaient pris sur le fait dans les "bosquets sacrés" étaient mis aux arrêts et renvoyés du service. Les Séleucides, héritiers d'Alexandre, voulaient en faire une capitale plus importante qu'Alexandrie. Aussi, ils y avaient attiré une colonie juive nombreuse. Le prosélytisme juif était efficace : ils avaient fait de nombreuses conversions. Hérode le Grand avait offert des portiques tout le long de la grande avenue qui partageait la ville en deux et payé le pavement.

La communauté chrétienne avait été créée par les "Hellénistes", venus à Antioche et qui s'étaient adressés surtout aux Grecs. Inquiète de ce qui se passait là-bas, l'Église de Jérusalem envoie Barnabé qui y reconnaît l'oeuvre de Dieu (Actes 11, 23) et va chercher Paul en renfort. La communauté devient très vite importante : les chrétiens sont visibles et les païens leurs donnent un sobriquet, "Christianos", c'est-à-dire "partisans de Christos" (Actes 11, 26). Cette communauté ne vit pas en vase clos : il y a une famine à Jérusalem, on se cotise et on envoie les offrandes par Barnabé et Paul (Actes 11, 30).

2 - Départ en mission.

Luc est originaire d'Antioche. Il nous a conservé la liste des responsables de la communauté. Au cours d'une veillée de prière, l'un des prophètes fait entendre l'appel à la mission. On impose les mains. On donne de l'argent. Paul et Barnabé peuvent partir. Paul insistera pour qu'on paie les frais des missionnaires.

3 - A Chypre.

Barnabé est de Chypre où réside une communauté juive importante. L'île entretien de grosses relations commerciales avec la Palestine. Premier contact de Paul avec un magistrat romain bien disposé, le proconsul Sergius Paulus. Affrontement avec Elymas le magicien (Actes 13, 8) Les sciences occultent connaissaient, à l'époque, une grande vogue.

4 - Pamphilie et Pisidie.

La province (actuellement turque) de Pamphilie avait un climat subtropical. Les villes, à l'époque de Paul, étaient très importantes. Aujourd'hui, il ne reste que des ruines. Mais des ruines admirables. Pergé, par exemple, sur la côte, avait un théâtre de 15 000 places.

Paul décide de s'enfoncer à l'intérieur des terres dans les rudes défilés du Taurus, réputés pour leurs brigands. C'est alors que Marc "se défile" et refuse de continuer. Paul et Barnabé vont donc seuls en Pisidie et Lycaonie, régions parsemées de colonies juives.

Antioche de Pisidie (Actes 13, 16-47) est typique pour voir la méthode de Paul et ce qui s'y passe. Cela commence par une prédication-type à la synagogue, devant un auditoire de Juifs et de prosélytes. On remarque qu'ici les femmes ont plus de place qu'en Palestine. S'ensuit un certain succès de Paul auprès des prosélytes, et une violente opposition des Juifs. Paul y voit le signal marqué par Dieu pour l'évangélisation des païens. Alors Paul s'approprie les mots qui définissent la mission du Serviteur de Dieu (selon Isaïe 49, 6) : "Je t'ai établi lumière des nations pour que tu apportes le salut jusqu'aux extrémités de la terre."

Paul et Barnabé vont rencontrer à Lystre et dans les villes de Lycaonie les mêmes difficultés qu'à Antioche de Pisidie, d'où ils sont chassés. A Lystre a lieu une aventure singulière, révélatrice de la crédulité des gens simples de la région : la guérison d'un estropié. Barnabé et Paul sont pris pour des dieux, Zeus et Hermès. Paul détrompe les habitants et en profite pour faire un grand discours où il met en valeur, comme les stoïciens de l'époque, les bienfaits de la Providence, l'ordre des saisons, la joie de l'existence. A Athènes, il reprendra le même type d'argumentation. Désappointement de la foule. Les Juifs arrivent, ameutent la foule contre Paul et Barnabé. Paul est lynché et laissé à-demi mort (14, 19) Ce ne sera pas la seule fois.

Puis Paul et Barnabé refont le chemin en sens inverse, pour encourager les jeunes communautés et désigner des "anciens".

5 - L'Assemblée de Jérusalem.

 Voilà donc une percée étonnante de l'évangile qui se fait. Ce ne sont plus des païens isolée, comme Corneille ou l'eunuque éthiopien qui se convertissent, mais des gens nombreux, qui forment des communautés. Quelle place va-t-on donner à ces communautés dans l'Église ?

Aujourd'hui nous avons peine à mesurer la gravité du problème qui se posait. La circoncision, c'est le signe de l'Alliance (Genèse 17, 11) avec Abraham et sa descendance pour toujours. Et non seulement la descendance, mais les esclaves et plus tard les prosélytes. Par la circoncision, on entre dans le peuple de la promesse. Or Jésus n'en a jamais parlé. D'où débat passionnel, qui se déroule en plusieurs phases, d'abord à Antioche puis à Jérusalem (Actes 15, 1-29 et Galates 2, 1-10). Les partisans de la circoncision semblent s'être partagés : pour les uns elle est indispensable, pour les autres, elle est un perfectionnement du baptême.

Luc nous fournit un éclairage en Actes 15. Paul livre son point de vue dans le morceau polémique de Galates 2, 1-10). Conformément à son dessein, Luc montre comment une solution conciliante a mûri en Eglise. Paul nous a mieux conservé l'atmosphère de tension qui fut celle d'une assemblée décisive pour l'avenir de l'Église. Les Galates sont tentés de voir dans le judaïsme un degré supérieur de vie religieuse. Paul leur rappelle que les "colonnes de l'Église", Jacques, Pierre et Jean, ont pleinement reconnu la liberté des païens vis-à-vis de la Loi et ne leur ont rien imposé, sinon le souci des pauvres de Jérusalem. Paul, d'ailleurs, aura à coeur de répondre à cet appel.

L'histoire d'Azatis, roi à Adiabène (Irak actuel) est très éclairante. Sa mère Hélène s'est convertie au judaïsme. Il veut en faire de même. Craignant les réactions du peuple, sa mère lui conseille de n'être qu'un "craignant Dieu", jusqu'à ce qu'un autre prédicateur juif vienne lui faire de vives remontrances, et lui dire qu'il n'a rien compris s'il n'est pas circoncis, que là est toute la Loi ( cité par Josèphe -Antiquités juives). Il y avait donc les "craignant Dieu" qui s'engageaient à suivre les prescriptions morales de la Loi, mais n'entraient pas vraiment dans le peuple de Dieu, et les "prosélytes", circoncis, qui seuls appartenaient au peuple saint, mais n'avaient pas encore tous les privilèges d'un juif de race. Celui-ci, en plus, pouvait compter sur les mérites des patriarches pour être sauvé, alors que le prosélyte de pouvait compter que sur ses propres mérites.

Aux yeux des chrétiens d'origine juive de Jérusalem, les païens devenus chrétiens, mais non-circoncis, risquaient d'apparaître comme des chrétiens de seconde zone. Les obliger à se faire circoncire, c'était opposer à l'évangélisation un obstacle considérable parce que, pour les non-juifs, la circoncision était considérée comme une mutilation dégradante.

Pour Paul, il ne s'agit pas d'opportunité pastorale. C'est un véritable enjeu théologique : sur quel principe le chrétien est-il justifié ? Par l'observance de la loi juive, ou par la foi en Jésus Christ ? Quelle nouveauté ont apporté la mort et la résurrection du Christ ? Ce sera le coeur de la théologie de saint Paul.

6 - L'incident d'Antioche.

Selon toute vraisemblance, Luc a rassemblé en Actes 15 deux événements différents : la décision de ne pas circoncire les païens convertis et une mesure destinée à faciliter la communauté de table entre chrétiens d'origine juive et chrétiens d'origine païenne, mesure prise après coup par Jacques pour sa communauté de Jérusalem. Mais ces mesures ne sont pas encore intervenues au moment de l'incident d'Antioche.

Paul prépare son deuxième voyage quand Pierre arrive à Antioche. Il mange avec les païens convertis. Mais quand arrivent des gens de l'entourage de Jacques, il se met à se dérober, se tient à l'écart, par crainte des circoncis. Les autres chrétiens d'origine juive l'imitent. Barnabé lui-même entre dans ce mouvement (Galates 2, 12 et suivants).

Essayons de comprendre l'enjeu de la scène, les mobiles des divers partenaires.

* L'ensemble des lois de pureté a connu dans le judaïsme une interprétation de plus en plus rigoriste. Pourquoi ? C'est une réaction naturelle contre le danger mortel d'assimilation à cause de la pénétration de l'hellénisme. D'où surenchère de tous les mouvements spirituels. Les Esséniens, par exemple, accusent les pharisiens d'être des "chercheurs d'allégements".

* La loi de Moïse est muette sur le sujet des repas avec les païens. Or, au temps de Jésus, on en est venu à interdire ces repas, de peur d'être souillés par leur présence ou par les aliments non casher. Lisez Actes 10, 10-16 : dans une vision à Joppé, Pierre est invité à manger de la chair de toutes sortes d'animaux. Il refuse. Il va falloir que l'Esprit intervienne, mais la partie n'est pas gagnée pour autant. Il lui faut convaincre les frères de Jérusalem et Luc, qui minimise toujours les divisions, laisse pressentir qu'il y a eu du tirage (Actes 11, 1-18). La communauté de Jérusalem restera fidèle aux observances juives. Paul ne le lui reproche pas, mais il n'admettra jamais qu'on fasse d'une libre observance une question de principe et que l'on divise l'Église en deux.

* En Galates 2, 14, Paul ne reproche pas à Pierre une erreur doctrinale, mais un manque de cohérence pratique : sa peur et son double jeu devant le groupe de pression judéo-chrétien. Et il continue (2, 15-16) : c'est toute l'argumentation de l'épître aux Romains. Les privilèges dont les Juifs ont été l'objet (l'adoption, les alliances, la loi) ne peuvent les sauver. La Loi, qu'ils considèrent comme un chemin de vie, ne fait qu'accroître leur culpabilité, car ils pèchent en toute connaissance de cause et, bien plus, se prenant pour supérieurs aux autres peuples, ils vivent dans l'hypocrisie. Seul Jésus nous sauve par la foi (Comme Jésus l'exprimait lui-même : "Va, ta foi t'a sauvé".)

* Donc, en conclusion : la communauté de table doit signifier l'unité de la foi, l'unité de l'Église : "Nous sommes tous un seul corps, car tous nous participons à un unique pain "(1 Corinthiens 10, 17)

V - Le second voyage missionnaire

Paul, après quelque temps de repos à Antioche, veut repartir visiter les communautés déjà fondées. Il le propose à Barnabé qui veut emmener avec lui Jean-Marc. Paul refuse. On se sépare : Barnabé et Marc partent pour Chypre, Paul part avec Silas-Sylvain.

1 - Traversée de la Turquie.

Luc ne s'y intéresse visiblement pas. On ne peut donc reconstituer l'itinéraire que dans ses grandes lignes. Ils sont passés par Tarse, puis les "portes ciliciennes", gorge sauvage creusée à pic à travers la montagne du Taurus, repaire de brigands et de résistants à l'occupation romaine (dixit Tacite).

On arrive à Lystre. Paul est reçu dans la famille de Timothée : il décide le jeune homme à le suivre (Actes 16, 1-3). L'intention de Paul était d'aller directement à Ephèse par la grande voie romaine qui longe la vallée du Méandre. Mais, "poussé par l'Esprit" il parcourt la Phrygie et la Galatie. Ces Galates, ce sont les cousins germains des Gaulois : c'est au 3e siècle avant Jésus Christ que les Celtes envahissent la Grèce, pillent Delphes, passent le Bosphore et s'installent sur les hauts-plateaux de la région d'Ancire (Ankara). Leur dernier roi, Amyntas, lègue ses Etats à Rome qui en fait la province de Galatie en l'agrandissant avec Phrygie, Pisidie et Lycaonie.

Paul n'avait pas l'intention de s'attarder dans ce coin perdu : il veut évangéliser en priorité les grandes villes. Mais il tombe malade et les Galates le soignent merveilleusement (Galates 4, 13-14). Or il faut se souvenir qu'à l'époque, la maladie est objet de répulsion. On prend le malade pour quelqu'un soumis à de méchants démons dont il faut se préserver surtout en crachant par terre. Or, non seulement les Galates soignent Paul, mais ils accueillent sa prédication. Paul prêche le Christ en croix et leur conversion enthousiaste a été marquée par de multiples interventions de l'Esprit (3, 2)

Paul gardera un souvenir ému de cette mission imprévue. C'est pourquoi, quand il voit les Galates faire volte face lorsque passent des prédicateurs judaïsants, il se met dans une violente colère (Galates 3, 1-5). On verra cela plus tard.

2 - La mission en Macédoine.

Luc, dans les Actes, ne nous donne que des indications en zigzag. Ce qui indique les incertitudes de Paul lui-même sur la route à prendre. Il voulait aller à Ephèse, mais l'Esprit l'en dissuade. Il a un songe à Troas : il passe en Europe. C'est à ce moment-là que Luc s'adjoint au groupe composé de Paul, Sylvain et Timothée. Le récit des Actes passe en "nous" (Actes 16, 10). Deux jours de traversée, Néapolis, puis arrivée à Philippes.

* Philippes est une colonie romaine fondée en faveur des vétérans de l'armée d'Octave. C'est dans les environs qu'en 42 avant Jésus-Christ, Octave (qui n'était pas encore Auguste) et Antoine ont triomphé des forces républicaines de Cassius et Brutus. Colonie romaine, Philippes bénéficie d'avantages administratifs considérables. Même statut qu'une ville d'Italie. On y élit les magistrats. Les citoyens étaient fiers de ce statut. Les cultes les plus variés cohabitent pacifiquement. Les anciens dieux du coin, Dionysios (dieu du vin) et Artémis (déesse de la chasse), mais aussi les dieux gréco-romains (Rome et Auguste), et les divinités égyptiennes, Isis et Sérapis. Tout le monde croit à la survie de l'âme.

Paul se met en contact avec ses coreligionnaires juifs (peu nombreux). Il n'y a pas de synagogue dans l'enceinte de la colonie, c'est interdit. Il y a seulement un modeste  lieu de prière près d'un cours d'eau, à l'extérieur de la ville, au-delà de l'Arc triomphal. C'est là qu'il rencontre Lydie, fabricante de pourpre. Un femme chef d'entreprise, originaire de Thyatire en Asie Mineure. Une maîtresse femme qui se convertit et insiste pour donner l'hospitalité à Paul. Elle lui interdit même de travailler de ses mains (c'est la seule fois où Paul obéira) : Paul doit se consacrer à son ministère, tandis qu'elle et ses employées subviendront à ses besoins. On ne sait pas combien de temps Paul restera à Philippes. Sans doute quelques mois. Il y crée une communauté dynamique, organisée, avec des épiscopes et des diacres, avec qui il restera toujours en relation étroite et qui l'aidera par ses dons quand Paul sera en prison ou dans des moments difficiles.

Mais l'orage éclate avec l'histoire de l'esclave diseuse de bonne aventure (Actes 16, 20). Paul et Sylvain sont déférés devant le tribunal. On les traite de "juifs" et on les accuse. La religion juive était permise dans tout l'empire, le prosélytisme toléré. Mais il était interdit aux juifs de propager leur religion parmi les Romains. Donc on les fouette, on les met en prison... Ils chantent, survient un tremblement de terre, conversion du gardien de prison... On invite Paul à quitter la ville. Paul s'y refuse, tant qu'on ne lui a pas fait des excuses : lui, citoyen romain, a été fouetté, ce qui est strictement interdit. Avant de quitter la ville, Paul passe chez Lydie, y rencontre les frères. Sans doute Luc reste à Philippes, où nous le retrouverons lors du troisième voyage de Paul (Actes 20, 5-15)

 * Thessalonique. Parcourant toujours la via Egnatia, Paul, Sylvain et Timothée arrivent à Thessalonique. Bâtie comme un théâtre grec au-dessus du golfe, Thessalonique a été conquise par les Romains en 168 avant Jésus Christ. Elle a obtenu son autonomie interne en 42. Ville libre, administrée par un conseil élu par l'assemblée du peuple : 5 ou 6 politarques président le conseil. Population bigarrée : des Macédoniens d'origine, plus des Grecs, des Romains, des Juifs, les Levantins. La communauté juive est importante. Il y a une synagogue. Religions diverses : dieux indigènes, dieux gréco-latins, divinités orientales. Surtout culte de Dionysios. C'est un culte des forces de la nature, avec, au début, des danses nocturnes, puis des repas qui vont jusqu'à l'extase collective et à des bacchanales.

 Paul se rend d'abord à la synagogue. Il démontre par les Ecritures que Jésus est bien le Messie. On le laisse parler trois sabbats de suite, puis c'est l'expulsion. Heureusement les prosélytes lui font bon accueil. Dans la communauté naissante, Paul recrute des gens de la haute société, des dames, et Jason qui connait bien les polytarques et obtiendra sa libération moyennant caution.

Paul se consacre désormais à l'apostolat en milieu païen. Il travaille de ses mains, mais reçoit aussi un secours des frères de Philippes. Parmi ces idolâtres, il prêche d'abord le Dieu unique, vivant et véritable, ce Dieu qu'il faut servir et pas seulement honorer (comme le pensent les Grecs). Puis, sur ce fondement monothéiste, Paul en arrive au contenu spécifique de la foi chrétienne. Il met l'accent sur l'eschatologie. Il s'agit "d'attendre des cieux son Fils qu'il a ressuscité des morts, Jésus qui nous arrache à la colère qui vient." On devine avec quelle ardeur Paul attend le retour du Maître. Comme à Jérusalem, les fidèles sont invités à chanter Marana tha. La prédication a du succès. Mais également ses revers. Des gens se disent : "Pourquoi travailler encore, si la parousie est pour demain." Paul remettra les choses en place, véhémentement (1Thessaloniciens 4, 11) Instruit par l'expérience, Paul n'insistera plus là-dessus.

Dans ce port animé où défilent tant de charlatans, Paul montre la spécificité de son apostolat. Il rencontre alors une vive opposition des Juifs qui accusent devant les polytarques Paul et ses compagnons d'agir à l'encontre des édits de l'empereur en prétendant qu'il y a un autre roi, Jésus. Sous le règne d'un empereur aussi soupçonneux que Claude, les polytarques sont obligés d'agir. Ils se contentent pourtant d'une caution pour libérer Jason et ses camarades. Quant à Paul, Sylvain et Timothée, ils s'enfuient de nuit. Désormais Paul sera discret sur le thème de la royauté du Christ. Il ne manquera pas non plus d'insister sur l'obéissance due au pouvoir romain (Romains 13, 1-7).

(à suivre, dans quinze jours, le 14 octobre)

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