L'APOCALYPSE

(Gilles Brocard)


1 - Quelques clés pour lire les premiers chapitres de l’Apocalypse

(et vous donner envie de lire la suite)

1. Introduction :

Cette année je vous propose de nous lancer dans la lecture de l’apocalypse ! A la première lecture, l’APOCALYPSE semble difficile à lire, à cause du style symbolique. Un style courant pour les lecteurs du premier siècle mais qui ne nous est plus du tout familier aujourd'hui.

En fait, si l’on y regarde bien, l'auteur de l'Apocalypse nous donne souvent le sens de certains symboles qu'il utilise. Ainsi, une étoile représente un ange ; un candélabre représente une Église particulière (1, 20) ; les sept têtes de la Bête peuvent représenter les sept collines de Rome ou les sept rois (17, 9-10) ; le lin d'une blancheur éclatante symbolise les bonnes actions des fidèles (19, 8). Une femme représente le peuple (12,1-6.13-17), ou une cité (17,1-7. 18) ; des cornes évoquent la puissance impériale (5, 6 ; 12,3) et (13,1 ; 17, 3) ; les ailes font penser à la mobilité et les trompettes à la voix divine (1,10 ; 8, 2). L'épée effilée représente la parole de Dieu (1,16 ; 2,12.16), etc…

Les couleurs elles-mêmes ont une valeur symbolique. Le blanc est symbole de victoire, le rouge de violence, le noir de mort, le verdâtre de décomposition (6, 1-8), et l'écarlate de luxe et de débauche (17, 4). Les nombres ont également une valeur symbolique : Sept symbolise la perfection, et six -- sept moins un -- représente l'imperfection. Dix évoque la plénitude sur terre, Douze est le chiffre d'Israël ; quatre, celui du monde créé, et mille évoque une très grande quantité. Ainsi 144 000, qui est le carré de douze multiplié par mille, symbolise le peuple élu bien au-delà d’Israël. Ce chiffre n’a donc aucune valeur précise et limitative comme le pensent certains pour dénombrer le nombre de personnes qui seront sauvées. Enfermer le sens du texte dans le seul sens littéral, revient à croire qu’une tortue puisse marcher plus vite qu’un lièvre, parce que je l’aurais lu dans les fables de La Fontaine !!!

Il y a encore bien d'autres symboles dans le livre de l’apocalypse et il serait fastidieux de tous les énumérer. Il n'est pas utile d'ailleurs de tous les connaître avant de commencer la lecture du livre de l'Apocalypse, il suffit de se reporter aux notes de bas des pages qui souvent éclairent le sens du symbole. En fait, le meilleur commentaire de l’APOCALYPSE est l’Écriture sainte elle-même car parmi les 404 versets de l’APOCALYPSE, il y en a plus de la moitié (278 versets précisément) qui contiennent des références aux Écritures saintes.

Encore un point important pour bien entrer dans ce livre : c’est de préciser le sens du mot APOCALYPSE qui est souvent mal compris : loin d’annoncer des temps désastreux et terribles, il signifie : « le dévoilement, la révélation ; le lever de rideau, la mise en lumière de la vérité ». Cette vérité sur laquelle le livre de l’apocalypse lève le voile, c’est que le Christ est vainqueur du monde ! « J’arrive ! » dit-il au début et à la fin du livre. L’apocalypse est donc une très bonne nouvelle, celle de la venue du Christ dans nos vies, un quasi 5ème évangile.

2. Le contexte historique du livre :

Le livre de L’APOCALYPSE a été écrit au cours d’une période de persécution de l’Église (fin du 1er siècle) à l’époque où l’Empire romain exigeait de tous ses concitoyens la vénération de l’empereur sous peine de mort. Du coup, les chrétiens qui ne rendaient pas un culte à l’empereur étaient systématiquement poursuivis, exilés, voire tués.

Par ailleurs à cette époque, les chrétiens attendaient le retour imminent du Christ, mais Celui-ci semblait tarder et certains pouvaient parfois avoir l’impression que Dieu les avait abandonnés. Il fallait donc remonter le moral des troupes, tenir haut leur espérance, afin que leur foi ne sombre pas ! Voilà le but de ce livre : soutenir la foi et l’espérance des chrétiens persécutés dans leurs moments de doutes. Ce n’est donc pas un livre de prédiction à la Nostradamus, mais un livre ancré dans une histoire et dans un lieu bien précis pour soutenir ceux qui le lisent et qui seraient tentés par le découragement ! Le langage symbolique étant un moyen de se parler entre chrétiens sans que ce message soit compris par les persécuteurs : un genre de langage codé à l’usage de quelques initiés (les chrétiens) pour continuer à se soutenir dans l’épreuve. Astucieux !

Selon les dires de St Jérôme, il semble que Jean (L’auteur de l’apocalypse n’est pas le disciple bien aimé qui a connu Jésus, mais le disciple d’un disciple de ce Jean qui a connu Jésus) fut envoyé en exil sur l’île de Patmos sous le règne de Domitien car il n’a pas accepté de vouer un culte à l’empereur ; là il eut des visions ; il fut libéré à la mort de Domitien (donc après l’an 96) et retourna à Éphèse pour écrire ses visions (entre l’an 96 et 100 environ).

3. La structure du livre de l’Apocalypse

La pensée biblique est structurée autour de la relation d’amour avec Dieu et la pensée grecque est éminemment déductive à partir de l’observation. L’apocalypse doit donc être lue en tenant compte des 2 types de pensées : Dieu comme expérience centrale de la rencontre avec l’homme et l’observation des répercussions que cela engendre : un peu comme les cercles concentriques après l’impact d’une pierre dans l’eau.

L’impact ce sont les chapitres centraux : 12 à 14 ! « Voici venu le temps du salut de la puissance du règne de notre Dieu et de l’autorité de son Christ » (12, 10) + la victoire de l’agneau au ch. 14.

Voici un plan très succinct pour avoir une vue d'ensemble


Chapitre 1 : introduction : « Voici qu’il vient »

Ch 2 - 3 : Lettres aux sept Églises.

Ch 4 - 5 : La Gloire de Dieu, les 24 anciens, les 4 êtres vivants.

Ch 6 – 7 : les 7 Sceaux

Ch 8 – 11 : les 7 trompettes

Ch 12 – 14 : voici venu le temps du salut et la victoire de l’agneau

Ch 15 : les 7 anges.

Ch 16 : les 7 coupes

Ch 17 - 18 : La bête et les 10 rois, chute de Babylone

Ch 19 – 21 : L’Église du ciel / l’Église de la terre

Ch 22 : Conclusion : « voici j’arrive »

Pour situer les lieux dont le livre de l’apocalypse parle, allez voir à la fin de votre bible, en général il y a des cartes, vous pourrez facilement repérer la Turquie actuelle avec les villes comme Smyrne (Izmir actuelle), Ephèse qui existe toujours, Sardes, etc…

4. Les 7 Églises

Durant ce cycle d’articles, je vais m’attarder aux seuls chapitres 2 et 3 qui correspondent à la lettre aux 7 Églises. Les lettres aux 7 Églises forment un groupe bien précis dans le livre l’APOCALYPSE. Il y a d’autres groupes de sept (les sept sceaux, les sept trompettes et les sept coupes). Il y a bien sûr plus que sept Églises dans cette partie de l’Asie, par exemple l’Église de Colosse, qui est omise ici. Le chiffre 7 est donc symbolique, un peu comme si elles représentaient toutes les Églises de partout et de tous les temps. Ces 7 Églises sont donc le prototype de toutes les Églises : le message est donc universel. Ces lettres parlent donc aussi aux Églises actuelles. Vous allez le voir, les forces et faiblesses présentes dans ces Églises ne sont pas si éloignée des nôtres ! Soyez bien attentifs et faites des liens avec votre Église locale !

5. Le premier chapitre :

Ces 7 lettres sont précédées par le chapitre 1 qui introduit le livre de l’apocalypse. Le Chapitre 1 est en fait une introduction qui donne des précisions nécessaires pour bien lire ce livre :

- De quel type de livre s’agit-il ? D’une révélation de Jésus-Christ, pour dire qu’il va venir bientôt, autrement dit : courage, j’arrive ! (cf V1 : REVELATION DE JESUS CHRIST, que Dieu lui a confiée pour montrer à ses serviteurs ce qui doit bientôt advenir ; cette révélation, il l’a fait connaître à son serviteur Jean par l’envoi de son ange.) Cette révélation n’est pas une illusion (cf V2 : Jean atteste comme parole de Dieu et témoignage de Jésus Christ tout ce qu’il a vu.) Puis arrive une béatitude à l’adresse du lecteur (cf V3 : Heureux celui qui lit, heureux ceux qui écoutent les paroles de la prophétie et gardent ce qui est écrit en elle, car le temps est proche.)


- à qui s’adresse ce livre ? Aux 7 Églises d’Asie (cf v 4 : Jean, aux sept Églises qui sont en Asie mineure : à vous, la grâce et la paix,)


- De la part de qui vient cette révélation ? de la Trinité : (cf V 4b - 6 : de la part de Celui qui est, qui était et qui vient, de la part des sept esprits qui sont devant son trône, de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né des morts, le prince des rois de la terre. À lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père, à lui, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. Amen.)


- Quel est le message délivré ? « Voici qu’il vient ! » En parlant du Christ aux V 7 et 8 (inclusion avec le dernier mot de l’apocalypse : (« J’arrive » 22,20) : Voici qu’il vient avec les nuées, tout œil le verra, ils le verront, ceux qui l’ont transpercé ; et sur lui se lamenteront toutes les tribus de la terre. Oui ! Amen ! Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers.


- D’où vient ce livre ? Jean décrit sa vision : cf V9 – 20 : Moi, Jean, votre frère, partageant avec vous la détresse, la royauté et la persévérance en Jésus, je me trouvai dans l’île de Patmos à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus. Je fus saisi en esprit, le jour du Seigneur, et j’entendis derrière moi une voix forte, pareille au son d’une trompette. Elle disait : « Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises : à Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée. » Je me retournai pour regarder quelle était cette voix qui me parlait. M’étant retourné, j’ai vu sept chandeliers d’or, et au milieu des chandeliers un être qui semblait un Fils d’homme, revêtu d’une longue tunique, une ceinture d’or à hauteur de poitrine ; sa tête et ses cheveux étaient blancs comme la laine blanche, comme la neige, et ses yeux comme une flamme ardente ; ses pieds semblaient d’un bronze précieux affiné au creuset, et sa voix était comme la voix des grandes eaux ; il avait dans la main droite sept étoiles ; de sa bouche sortait un glaive acéré à deux tranchants. Son visage brillait comme brille le soleil dans sa puissance. Quand je le vis, je tombai à ses pieds comme mort, mais il posa sur moi sa main droite, en disant : « Ne crains pas. Moi, je suis le Premier et le Dernier, le Vivant : j’étais mort, et me voilà vivant pour les siècles des siècles ; je détiens les clés de la mort et du séjour des morts. Écris donc ce que tu as vu, ce qui est, ce qui va ensuite advenir.


Le dernier verset de ce premier chapitre, (V 20) est un verset charnière qui fait le lien avec le ch. 2 et les lettres aux 7 Églises : Quant au mystère des sept étoiles que tu as vues sur ma main droite, et celui des sept chandeliers d’or : les sept étoiles sont les anges des sept Églises, et les sept chandeliers sont les sept Églises. Les chandeliers sont fait pour éclairer, c’est rôle des Églises, et les 7 étoiles sont les anges, les envoyés de Dieu c’est à dire les représentants de chaque église : comparés à des étoiles, ils ont la mission de dire la bonne nouvelle dans la nuit d’un monde bien sombre !


Voilà, vous venez d’avoir un avant-goût de l’apocalypse, vous voyez, ce n’est pas si difficile, j’espère en tout cas que cela vous a mis l’eau à la bouche et que vous attendez avec impatience le prochain article pour découvrir la première lettre : à l’église d’Éphèse.


Gilles Brocard

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