" Jésus fut baptisé par Jean dans le Jourdain "

        Le Baptême du Seigneur

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 1, 7-11)

En ce temps-là, Jean le Baptiste proclamait :« Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »
En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain.
Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »

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Pour clôturer le temps de Noël, l’Eglise nous propose de célébrer le baptême de Jésus. C’est une belle occasion pour nous redire ce que signifie être baptisé. Dans la 1ere lecture, le prophète Isaïe nous parle d’eau offerte gratuitement à ceux qui ont soif ! Les baptisés sont en effet, des gens qui ont soif, mais soif de quoi ? (La suite de mon homélie va vous éclairer sur ce point).

Très vite, cette eau se transforme en d’autres liquides nourrissants (vin et lait) et juste après avoir dit cela, le prophète nous invite à l’écoute : « Ecoutez-moi bien et vous mangerez, vous vous régalerez, prêtez l’oreille et vous vivrez », comme si l’écoute était comme un festin qui apportait la vie ! Quelle écoute peut apporter la vie à votre avis ? Je ne vois que l’écoute de la Parole de Dieu ! En effet, cette Parole est particulière nous dit Isaïe : elle fait pousser, germer, grandir la vie en l’homme comme la pluie le fait pour les végétaux qui poussent sur la terre !

Si nous acceptons de donner un quelconque crédit à ce que nous dit le prophète Isaïe, si la Parole de Dieu agit dans notre champ intérieur comme le fait la pluie dans les prairies de nos vaches, alors je ne peux m’empêcher de vous donner ce conseil (que vous pouvez transformer en résolution de début d’année si vous le souhaitez) : ruminez !

En effet, j’ai eu la chance, étant jeune, de garder les vaches au champ ! Outre le bonheur que ces moments me procuraient, je contemplais (le mot n’est pas trop fort) mes vaches qui, après avoir mangé l’herbe du pâturage, se couchaient et ruminaient longuement. Plus tard, lors de mes études agricoles, j’ai appris comment fonctionnait la rumination. Je vous l’explique en quelques mots car cela vous sera utile pour bien comprendre mon conseil de début d’année.

L’herbe avalée par la vache va d’abord dans un premier estomac : la panse, qui agit comme une grande cuve de fermentation. Puis l’herbe fermentée va remonter vers la bouche de l’animal pour être mastiquée plusieurs fois afin de réduire leur taille. (Durant cette action la vache produit 1 litre de salive toutes les 5 minutes et va mastiquer de 50 à 70 fois par minute et pendant 10 à 12 heures soit 40 000 à 45 000 mouvements de mâchoires par jour). Les aliments ainsi réduits en bouillie vont alors passer dans un autre estomac (le réseau) qui agit comme une sorte de tamis : il laisse passer les petites particules et va renvoyer les plus grosses dans la bouche pour être remâchées. Les petits morceaux vont arriver dans le feuillet, le troisième estomac qui retient l'eau contenue dans les aliments. Ces derniers vont arriver dans la caillette où ils sont enfin digérés et assimilés par l’organisme pour produire du lait, de l’énergie et de la viande.

Sachant cela, vous allez mieux comprendre maintenant mon invitation à ruminer la Parole de Dieu. (Pensez bien que vous avez 4 étapes à passer avant de pouvoir assimiler la Parole de Dieu et que celle-ci vous nourrisse)

Tout d’abord lire ou écouter la Parole de Dieu, souvent, abondamment, régulièrement, sans risque d’indigestion, ou de crise de foi(e). Les baptisés ne se nourrissent pas seulement de pain, mais de tout ce qui sort de la bouche de Dieu, donc de sa parole.

Puis une fois le texte écouté ou lu, il faut prendre le temps de le laisser remonter par petite bolées successives. Or souvent, nous en restons au premier temps  et nous disons qu’elle a peu de goût et qu’elle ne produit rien ! Mais c’est parce que nous ne la laissons pas remonter en bouche pour la mastiquer, c’est-à-dire l’interroger, la décortiquer, l’imprégner de notre vie (= salive). Cela peut prendre un certain temps et demander de nombreux grincements de dents. On peut le faire posément ou en travaillant, car cette parole remonte tout au long de la journée. Les baptisés sont en effet des gens qui laissent la Parole de Dieu rencontrer leur vie.  

Ensuite, il convient de laisser la parole de Dieu redescendre en nous par la méditation (3ème temps). Méditer, c’est laisser la Parole de Dieu redescendre en nous, la laisser nous parler, nous traverser, la laisser s’assimiler en nous au travers de notre corps. Cela demande un peu de silence et d’arrêt de toute activité. C’est là qu’elle devient savoureuse comme un festin. Elle fond sous la bouche pour ainsi dire. Car les baptisés sont aussi des gens qui méditent la Parole de Dieu

Enfin le 4ème temps est celui de la digestion qui correspond au temps de l’action au moment où la Parole nous invite à agir, nous donne l’énergie parce qu’on l’aura laissée nous mettre en action. Les baptisés ne sont pas seulement des gens qui ont un cœur plein d’amour mais qui ont aussi des mains et des pieds pour agir et transformer ce monde en un royaume divin.

Faites l’expérience et vous verrez ! Ruminez et vous goûterez la hauteur, la profondeur la longueur et la largeur de l’amour de Dieu contenu dans sa Parole.  C’est cela être baptisé mes amis : les baptisés sont des ruminants de la Parole de Dieu !

Comme Jésus, qui a eu besoin de Jean-Baptiste pour être baptisé, nous avons besoin nous aussi d’être baignés, plongés dans la Parole de Dieu pour prendre pleinement conscience que nous sommes les fils et les filles bien-aimés de Dieu, sinon cela reste une idée. En passant par l’eau, Jésus passe par l’autre ! C’est le travail que fait la Parole de Dieu en nous quand nous la ruminons : elle nous ouvre à un Autre que nous ! Voilà ce que fait l’œuvre du Seigneur, voilà ce que nous pouvons garder en mémoire en cette fête du baptême du Seigneur car ce n’est pas seulement sa fête à Lui que nous célébrons aujourd’hui, mais d’abord la nôtre, la fête de tous les baptisés qui ont enfin compris ce que signifie ruminer !

Bonne année !

Gilles Brocard  

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Dernière mise à jour : 5 janvier 2018

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