L'INTELLIGENCE DES ECRITURES.

 

Cette année :
UNE BONNE NOUVELLE

SELON SAINT MATTHIEU

Rappel : I - Introduction

II - La genèse de Matthieu

III -Les récits de l'enfance.

(voir aux archives.)

 

IV - ALORS, RACONTE ! (15 janvier 2002)

L'Evangile de Matthieu est fondamentalement une narration. Comme Marc, Matthieu veut raconter une histoire, l'histoire de Jésus, fils de Dieu. Il compose donc un récit allant de la naissance à la résurrection, récit rythmé par l'enseignement, les miracles, la souffrance du Christ.

Matthieu, Paul, Jean et les autres.

Il y avait bien d'autres manières de transmettre la foi nouvelle. Paul, par exemple, qui n'évoque presque jamais la vie du Christ, écrit des lettres où il explique et développe la foi nouvelle. Et pour cela, il se sert d'argumentations, de raisonnements rigoureusement construits. Jean, quant à lui, écrit l'Apocalypse : c'est une vision grâce à laquelle il suggère un déchiffrage de la réalité que les gens sont en train de vivre. Matthieu, lui, ne se sert ni de raisonnements ni de visions pour transmettre sa foi au Fils de Dieu. Il trace le portrait du Ressuscité en racontant l'histoire du Jésus terrestre. C'est donc indirectement, simplement par des suggestions, qu'il veut communiquer sa foi.
Or ce récit dénote un
intérêt passionné pour le Jésus terrestre. Pour Matthieu comme pour l'ensemble des premiers chrétiens, Jésus n'est pas un illustre défunt dont il conviendrait de rappeler avec respect les hauts faits et la sagesse, mais c'est le Seigneur vivant . Ce Jésus, Seigneur vivant, Matthieu nous le présente comme un homme historique et concret, né sous Auguste, crucifié sous Tibère. Il est Seigneur, fils de Dieu, mais il n'est accessible qu'en faisant le détour par son existence terrestre, si on veut le découvrir en vérité. Le passé que Matthieu nous raconte nous aidera à comprendre le présent et à nous ouvrir sur l'avenir.
De plus, en comparant Mathieu et Marc, on s'aperçoit que Matthieu élargit le cadre de sa biographie. Marc commence son récit avec Jésus adulte, alors que Matthieu commence à la naissance. Marc termine son récit au tombeau vide, Matthieu va jusqu'aux apparitions en Galilée. Enfin, Marc se contente de dire que Jésus enseignait, alors que Matthieu développe cet enseignement en cinq grands discours. Bref, Matthieu ne s'intéresse pas seulement au fait de la mort-résurrection du Christ. Il veut retracer les multiples dimensions de la destinée du crucifié avant son supplice.

Un thème unique : EMMANUEL, Dieu avec nous...

On va découvrir un thème unique dans cet évangile de Matthieu : Dieu, c'est Dieu-avec-nous, en Jésus de Nazareth. Depuis le premier chapitre, où l'auteur déclare : "Tout cela arriva pour que s'accomplisse ce que le Seigneur avait dit par le prophète : 'Voici que la vierge concevra et enfantera un fils auquel on donnera le nom d'Emmanuel, ce qui se traduit 'Dieu avec nous'", jusqu'à la dernière parole de cet évangile, dans la bouche de Jésus ressuscité : " Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps." Tout l'évangile va nous dire comment et dans quel but Dieu est avec nous. Jésus, c'est la manifestation de la présence du Dieu-sauveur parmi nous.

...en six mouvements.

Ce thème unique (Dieu-avec nous) va être développé en six mouvements :

1 - Prologue (1, 1 à 4, 16) : Matthieu raconte la naissance, la petite enfance, la préparation du ministère de Jésus. Les deux premiers chapitres nous font découvrir que Jésus est Fils de Dieu. Les chapitres 3 et 4 (baptême et tentation) nous indiquent comment il faut comprendre cette filiation divine de Jésus.

2 - Présentation du Christ (de 4, 17 à 11, 30). C'est la partie la plus originale de Matthieu. Dans cette seconde partie, le temps fort est aux chapitres 5 à 7: c'est ce qu'on appelle le "sermon sur la montagne". Jésus nous est présenté comme le Maître, le dernier interprête de l'Ancien Testament. Il est le Messie de la Parole.
Ensuite, on découvre le
Messie de l'action (chapitres 8 et 9). Ce sont les récits de miracles. Puis, au chapitre 10, le discours d'envoi : la mission des disciples fait partie du programme messianique. Non seulement Jésus est le Messie de la Parole et de l'Action, mais il associe les siens à son oeuvre afin qu'ils l'étendent et la perpétuent.
Alors, la question peut retentir (chapitre 11) : "
Es-tu celui qui doit venir ?" Jésus répond en disant : regardez ce que je fais. Le chapitre 11 se termine par un chant de joie : "Je te rends grâce, Père, de ce que tu as caché cela aux sages et aux savants et que tu l'as révélé aux tout petits..."

3 - La crise ( 12, 1 à 16, 13). A partir de la déclaration de Pierre à Césarée, progressivement va se faire la séparation entre, d'une part les pharisiens, et d'autre part les disciples et les païens.

4 - Edification de l'Eglise (16, 13 à 20, 34). Pierre est institué fondement de l'Eglise. Suit le grand discours communautaire, destiné à l'édification de la communauté des disciples.

5 - Le séjour de Jésus à Jérusalem avant la passion (chapitres 21 à 25). Cette séquence est tout entière centrée sur la crise d'Israël et sur sa signification pour la communauté chrétienne. Ce sujet est traité deux fois, en deux schémas parallèles. Le canevas est le même : Israël comparait devant le Christ. Il est déclaré coupable. La sentence est annoncée. Elle est exécutée. Ce destin effrayant devient un motif de réflexion pour la communauté.

6 - Le cycle de la Passion et de la Résurrection (chapitres 26 à 28). Comme dans les trois autres évangiles, avec la couleur propre à Matthieu.

Un conseil : essayez de retrouver dans votre Evangile cette articulation en six grandes parties. C'est un découpage arbitraire, je le reconnais, mais il est pratique. Dans quinze jours, nous essaierons de découvrir une unité dans ces six parties : d'un bout à l'autre, on y trouvera une parole sur l'Eglise, pour dire son fondement, sa vocation, sa responsabilité. Le discours sur le Christ est inséparable du discours sur l'Eglise.

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