LES ETONNEMENTS DE CATHERINE

2012-2013

 

Mercredi 24 juillet 2013 

Amis de Murmure, bonjour à tous, 

32. C'est le nombre de billets que j'ai écrit cette année (scolaire) pour Murmure. C'est mieux que l'année passée (28 seulement) mais loin de l'objectif initial de un par semaine, soit 52 !  Enlevons les 5 semaines réglementaires de congé (en France...), je devrais arriver à 45 billets. Donc il en manque 13 ...

Je sais très bien ce qu'il faut faire pour écrire plus. Il suffit de se mettre plus régulièrement devant le clavier et la page blanche, et... écrire. Et surtout ne pas attendre une idée ou une quelconque inspiration... c'est en écrivant que les idées viennent (et non l'inverse). C'est Marguerite Duras qui disait (écrivait plutôt) que Écrire, c’est difficile, on ne sait jamais ce qu’on va écrire avant d’écrire. C’est dans le processus d’écriture que les idées viennent…Ceci dit, sachez que même si cette activité est difficile, elle n'en est pas moins un véritable plaisir pour moi. Normalement, ça devrait se sentir à la lecture. J'espère que c'est le cas... 

Bref, si je veux parvenir à écrire un billet par semaine, il faut que je travaille plus...

Mais bon, pour le moment, vu la date et les conditions climatiques, je vais aller me mettre au vert pendant quelques semaines. A Illoud en Haute-Marne pour commencer, à l'occasion d'un mariage qui a lieu samedi prochain,  puis à Solgne en Moselle dans la maison familiale,  enfin à Foulerot,  hameau de la commune de Saint- Georges d'Oléron. Dans les bagages, je glisserai quelques livres, indispensables pour passer de bonnes vacances.  

A propos de livre, et si vous voulez entendre un autre son de cloches que celui qu'on entend habituellement à propos de l'histoire de Marthe et Marie, basé sur l'opposition entre action et contemplation, cette dernière étant soit-disant la meilleure part, lisez le dernier ouvrage de Francine CARRILLO, j'aimerais que vivre tu apprennes paru chez Médiaspaul. La pasteure, en méditant l'enseignement de Maître Eckart (un dominicain du XIVème siècle), livre une interprétation originale (et très spirituelle) du passage de l'évangile de Luc, qui réhabilite la figure de Marthe, la femme active et au service des autres (ouf !). Marthe aurait en effet un temps d'avance, dans sa vie spirituelle, sur sa sœur Marie... Etonnant ! (Attention, l'ouvrage du pasteur, globalement accessible, présente quelques passages un peu ardus). 

Autre lecture sympa pour l'été, étonnante par sa fraîcheur (et très facile) mais dans un autre registre: La Conversation avec mon grand-père de Clément BOSSON. Comme le titre l'annonce, le livre est une conversation entre Clément (l'auteur) un journaliste de 29 ans et son grand-père Anselme dit Pépé, un paysan savoyard de 94 ans.  Et comme le sous-titre le précise, on passe « de la paysannerie à la blogosphère » en parcourant tout un siècle (le dernier) et la vie de ces deux hommes devenus de plus en plus complices au fil des échanges. Complices au point de s'autoriser des conversations très intimes sur leur vocation professionnelle, leur vie sentimentale, la quête du bonheur, la vie après la mort ou Dieu. La sincérité de ces deux hommes m'a beaucoup touchée. 

Après ces considérations sur l'écriture et ces propositions de lecture, il me reste à vous souhaiter  un bel été et une douce quiétude. Si celle-ci n'était pas au rendez-vous parce que vous vous inquiétez pour un être aimé, alors, comme l'invite à le faire SœurOdette Prévost dans la prière retrouvée sur elle le jour de son assassinat, regardez-le dans la lumière du Christ ressuscité. 

A bientôt, tout début septembre. 

Amicalement comme toujours.

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Lundi 15 juillet 2013 

Amis de Murmure, bonjour à tous, 

Je dois être paresseuse. Pire, dépourvue de raison.

C’est en tout cas ce que dit la Bible des individus dont la propriété est envahie par les orties. Or c’est le cas de mon jardin, particulièrement cette année où le printemps a été pluvieux.

« Je suis passé près du champ d'un paresseux, près de la vigne d'un homme dépourvu de raison. Les orties y poussaient partout, les mauvaises herbes en couvraient la surface, son mur de pierres avait été rasé ». Proverbes 24,30-31 (traduction Segond, donc protestante).

Dans la Bible, c’est simple, l’ortie est systématiquement associée à la désolation.

Je comprends mieux pourquoi, dans le jardin familial de mon enfance, il FALLAIT arracher les orties…

Ce que je m’évertue à faire encore aujourd’hui, rageusement parfois,  tellement la plante est envahissante (et pour me prouver que je ne suis pas paresseuse).

En arrachant les pousses d'orties qui recouvraient mes plates-bandes, je me suis souvenue tout à coup des paroles de mon mari au retour d’une réunion de l’association T.R.I (Traitement-Recyclage-Insertion), qui m’expliquait qu’il s’était régalé (mais alors vraiment !) avec la tarte aux orties d’une certaine Agnès.  Je me suis dit que je pouvais tenter à mon tour de cuisiner une tarte de la sorte (et peut-être faire plaisir à mon mari…). J’ai alors mis soigneusement  de côté les jeunes pousses (la valeur d’un demi-sac de supermarché).

Sur internet, j’ai trouvé la manière de faire cuire les orties. Ça vous intéresse ?

Tout d’abord, il ne faut conserver que le meilleur des jeunes pousses, soit les feuilles du haut (sur 10 cm à peu près). Le port de gants est bien-sûr indispensable…Puis les laver (en les manipulant avec des spatules en bois…) les égoutter, les couper grossièrement et enfin les mettre à suer dans une poêle avec un peu de matière grasse dans le fond. La cuisson ne prend que quelques minutes. Les orties fondent considérablement, et on obtient une préparation très dense.

Ensuite, j’ai repris ma recette de tarte aux épinards que j’ai adaptée. Ça vous intéresse ?

Sur une pâte feuilletée, j’étale un fromage de chèvre frais (celui qui est en forme de pyramide). Aux orties préalablement hachées (ou mixées), j’ajoute 3 œufs battus en omelette (ou 2 seulement pour une préparation plus concentrée), 250 ml de  crème liquide, du sel, du poivre et une pointe d’ail hachée finement. Je verse ensuite la préparation sur la pâte.

Cuisson : 30 minutes. Thermostat 7.

Servie avec une salade verte accompagnée d’un rosé type Tavel, c’est étonnamment bon. 

Finalement, le paresseux du livre des Proverbes dont la vigne était envahie par les orties et les mauvaises herbes, était peut-être le précurseur de la cuisine aux herbes sauvages… 

Et vous, vous cuisinez avec les plantes sauvages ? 

Amicalement comme toujours. 

Catherine

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Mardi 9 juillet 2013

Amis de Murmure, bonjour à tous

J’ai encore fait beaucoup de kilomètres dimanche dernier, tout d’abord pour emmener ma fille à son camp scout à Aspach-le-haut (prononcer « Aspak ») en Alsace, près de Thann,  et parce que nous avons fait un « petit » détour en rentrant pour aller visiter la chapelle de Ronchamp.  Tous les francs-comtois connaissent la célèbre chapelle de Le Corbusier située en Haute-Saône, mais moi, je n’avais jamais eu l’occasion de la voir. C’est chose faite, je n’ai pas été déçue, j'ai même été très surprise…

Tout d’abord, il faut y parvenir à la chapelle. On la voit de loin, sur une colline,  on croit y arriver facilement et c’est tout le contraire qui se produit ; en raison des déviations et de l’absence de signalisation, on se perd très facilement et on tourne en rond entre des villages au nom plus étonnant les uns que les autres comme  Frédéric- Fontaine, Clairegoutte ou Magny-Danigon.  Des villages pittoresques mais bien  modestes comparativement aux  villages alsaciens que nous venions de quitter…

Bon, on finit tout de même par arriver. Le premier panneau signalétique que nous voyons nous indique la porterie. Le problème est que ni mon mari ni moi ne connaissions ce mot, que nous avons lu « poterie ». A notre décharge, les lettres découpées dans la tôle du panneau n’étaient pas très lisibles. La poterie ne nous intéressant pas trop, nous nous sommes détournés du chemin indiqué, pensant nous rendre à la poterie après la visite de la Chapelle. Du coup, on a eu un peu de mal à trouver l’entrée du site… (Ça frôle le ridicule, j’en suis consciente…).Plus tard j’ai découvert grâce à Wikipédia qu’une « porterie » était  le bâtiment d'un monastère ou d'une abbaye situé à côté de la porte.

Bon, nous avons fini par comprendre qu’il fallait passer la porte de la porterie si on voulait accéder à la chapelle. Un accès payant : 8 euros par personnes. Aucun problème, j’aurais donné plus s’il avait fallu, consciente du coût de l’entretien d’un site et d’un bâtiment comme ceux que j’avais sous les yeux. Ce que j’ai découvert par contre et qui m’a un peu surprise, c’est que si on dit à l’entrée (en insistant un peu comme les visiteurs que j’ai observés…) qu’on vient pour les vêpres et qu’en plus on est accompagné d’un « mariste », c’est gratuit… Oui, parce que, ce que je n’ai pas dit, c’est que depuis peu, un monastère de Clarisses s’est installé au pied de la Chapelle, dans un bâtiment (splendide) conçu par Renzo Piano, l’un des architectes du Centre Pompidou.

Le prix d’entrée acquitté, nous avons pu ENFIN profiter du site. Tout y est magnifique. Que ce soit la vue panoramique, la chapelle blanche toute en rondeur, l’étonnant campanile posé à côté de l’Eglise, sous les arbres, à même le sol,  le monastère contemporain au toit en terrasses qui se fond dans la colline de Bourlémont, le parc arboré, le potager parfaitement entretenu ou encore le sourire des religieuses…

Tout est beau et admirable. C’est un lieu où l’on croit en Dieu spontanément. Et où l’on a envie de Lui dire merci pour la beauté de la création. C’est ce que Sainte Claire demandait à ses sœurs de faire d’ailleurs,  je crois bien…

Allez-y si vous passez en Haute-Saône, mais munissez-vous d’un GPS et d’un guide sur l’architecture monastique…

Amicalement comme toujours.

Catherine

oOo

Mardi 2 juillet 2013

Amis de Murmure, bonjour à tous,

Je vous parlais la semaine dernière des innovations liturgiques à ThéoFor … Depuis, j’ai découvert celles des anglicans lors des célébrations de mariage. Ils font beaucoup, mais alors beaucoup plus fort que nous dans le cadre de notre formation !

Une vidéo fait  le buzz (du bruit) actuellement outre-manche. Il s’agit du mariage de Gary et Tracy Richardson à Blyth dans le Nottinghamshire. Mariage au cours duquel  le révérend Kate Bottley, une femme, se lance avec les mariés, et quelques complices dans l’assistance, dans un flash-mob. Un flash-mob est une « mobilisation éclair » de plusieurs personnes dans un lieu public, créant l’évènement. Dans le cas précis il s’agit d’un flash-mob chorégraphié, autrement dit d’une danse, sur de la musique disco !

Pour la petite histoire, le couple de fiancés vivait maritalement depuis plusieurs années et n’était pas pratiquant. Il souhaitait une cérémonie respectant la tradition mais avec une touche d’originalité. C’est le loueur de la salle de réception qui a orienté les futurs mariés vers le révérend Kate Bottley, « un vicaire incroyablement accueillant et inspiré » (dixit les mariés) qui leur a suggéré ce flash-mob. Les premiers bluffés furent donc les mariés…Ils se sont lancés dans l’aventure, et en gardent un souvenir impérissable ; c’est ce qu’ils disent dans le commentaire de la vidéo, où ils recommandent aux auditeurs de  « se souvenir qu’ils auront toujours à réaliser leurs rêves avec l'amour et le soutien de ceux qui les entourent, un vicaire fantastique, l'église,  la congrégation et un peu de foi ! »  Jolie profession de foi...

Ce qui m’a épatée, c’est le mélange très réussi de solennité et de joie. Ce que doit être une célébration de mariage normalement…Non ? Ceci dit, tout le monde n’a pas l’exubérance  du révérend Kate Bottley…

L’éditorialiste du Guardian Andrew Brown, qui a commenté l’évènement,  a vu dans cette initiative originale  un « vrai signe d’espoir pour l'Eglise d'Angleterre, (…) qui montre qu'il reste des choses sur lesquelles elle (L'église) arrive encore à rejoindre les gens autour d'elle. Ce qui  n'est pas rien » .

Bon, si vous voulez voir la vidéo, il suffit de lancer Youtube et de rechercher :

« Gary et Tracy Richardson’s wedding flash-mob”.

(Ce qui signifie: Le flash-mob du mariage de Gary et Tracy Richardson).

Attention tout de même, les images peuvent surprendre, voire choquer…

Ah ces anglais, ils nous étonneront toujours.

Amicalement comme toujours.

Catherine

PS : un flash-mob ne s’improvise pas ; la mariée a répété pendant huit semaines dans une salle de l'Église.

oOo

Mardi 25 juin 2013

Amis de Murmure, bonjour à tous

Juin est la période des bilans d’activités, au travail, dans le milieu associatif, en Église…

A ThéoFor aussi, nous avons fait notre bilan samedi dernier. J’aime bien le côté festif de cette journée.  Tous les acteurs sont réunis : participants à la formation, ceux du jeudi et ceux du samedi, responsables, formateurs, animateurs, relecteurs et même notre Évêque !

On commence toujours par envisager l’avenir. La journée débute en effet par la présentation du programme de formation de l’année suivante (la 3ème  année en l’occurrence qui sera  pastorale). Puis, les théoforiens (c’est ainsi que l’on nomme nos  stagiaires ) participent à un temps de récollection pendant que les animateurs font un temps de relecture de la formation.

Puis arrive le moment de la célébration présidée par l'Évêque.  C’est le moment le plus étonnant de la journée, moment où l’on se met à faire des choses qu’on ne voit (en ce qui me concerne en tout cas) qu’à ThéoFor…

Par exemple, en lieu et place de l’homélie, on demande aux théoforiens de se mettre en petites groupes de 8 et d’échanger entre eux sur le texte biblique qui vient d’être lu, et de se dire mutuellement qui est Jésus pour eux.  Ensuite, pendant un temps de prière, chaque rapporteur des sous-groupes proclame la profession de foi de son groupe. C’est très émouvant, très authentique et ça vaut tous les cours de théologie sur Jésus-Christ.

Attention, je ne suis pas en train de dire qu’il faut supprimer l’homélie. Bien au contraire, le temps de prédication est très important pour moi lors d’une célébration. Je constate juste que la prédication peut prendre des formes diverses…dont une forme collective, réalisée par l’assemblée elle-même. C’est innovant et très impliquant. En cela, cette pratique m’a plu.

Par contre, lorsque j’ai demandé aux théoforiens si ce genre de pratique était envisageable dans nos paroisses, plusieurs se sont exclamés que non, que  ce  n’était pas pensable. Une participante a même fait le reproche que les intervenants de théoFor (des citadins fréquentant les centres théologiques selon elle…) étaient décalés par rapport à la « pauvreté » des réalités de terrain.

J’ai trouvé le reproche sévère même s’il comporte certainement une part de vérité. Je me dis qu’il faut bien qu'existent des lieux d'Église où l’on s’autorise à innover… Non ? Qu’en pensez-vous ?

Bon, pour ce qui est de la suite de la journée, on est resté très classique : garden party (grandiose par l’abondance du buffet confectionné par les participants) dans le parc de la Maison diocésaine et  sous le soleil…

Encore une belle journée…

Amicalement comme toujours.

Catherine

oOo

Dimanche 16 juin 2013 

Amis de Murmure, bonjour à tous 

Nous sommes donc allés rendre visite à Florent et Julie samedi dernier. Nous avons fait en quelques sortes, la voiture-balai du CPM (le Centre de Préparation au Mariage de mon doyenné). Je vous ai parlé déjà de ce jeune couple de fiancés (voir mon billet du 27 mai) qui s'étaient sauvés d'une soirée CPM parce qu'un animateur les avait accueillis en leur faisant la bise et qu’on les avait séparé de leurs enfants… 

En nous rendant à notre rdv, nous étions bien décidés, mon mari et moi, à rattraper le coup et surtout à faire en sorte qu'ils ne soient pas stigmatisés comme « ayant refusé le temps de préparation au mariage », passage quasi obligé dans mon doyenné. (A mon grand étonnement d'ailleurs, car lorsque je me suis mariée, l'église catholique n'avait pas cette exigence...la préparation au CPM était facultative). 

Pour ce faire, nous nous sommes largement inspirés des paroles du Pape François prononcées lors de son homélie du 25 mai (où il commentait ce passage d'évangile où les disciples repoussent les jeunes enfants qui s'approchent de Jésus), et où il rappela que le chrétien ne doit pas être un contrôleur de la foi  mais un facilitateur de la foi. 

Donc pas question pour nous de jouer à la « douane pastorale » (une expression du pape) avec ce jeune couple mais plutôt de les encourager dans leur projet et de les féliciter à la veille de leur engagement définitif (samedi prochain). 

Et des encouragements, ils en avaient bien besoin ! 

Quand nous sommes arrivés, Julie était seule avec ses deux garçons. Florent était parti en urgence chez l'ophtalmologue pour un zona à l'œil (!) déclenché à la suite d'un coup reçu sur le nez lors d'un entraînement de foot (!). Nous avons patienté tranquillement sous le parasol de la terrasse en buvant un café et en nous occupant du petit dernier (4 ans), un garçon un peu capricieux qui accaparait beaucoup sa maman visiblement fatiguée, par cet enfant, mais aussi par tous ceux qu'elle garde la semaine (elle est assistante maternelle à domicile), par les révisions d'un examen professionnel dont les épreuves tombent les semaines précédant le mariage, et par les préparatifs du mariage (que le jeune couple assume seul car les familles respectives résident à plusieurs centaines de kilomètres...). Elle nous a confié aussi leur projet d'achat d'une maison qui tombe en même temps que le mariage et les examens. Une opportunité pour le couple qui a connu de multiples déménagements successifs (lui est militaire) de se « poser » enfin quelque part et de se sentir chez lui... 

Quand Florent est arrivé (au bout d'une heure), le visage tuméfié, on a écourté ses paroles d'excuses  pour vite passer à un temps d’échange. On a proposé aux fiancés deux activités sous forme de jeu tirées de notre programme, une sur l'engagement civil et religieux et une sur la communication dans le couple. Les enfants jouaient tranquillement auprès de nous; le plus grand a pu participer à l'une des activités.  

On leur a raconté aussi l'histoire d'un couple d'amis proches qui s'était marié au bout de 14 ans de vie commune et dont les deux enfants étaient  les plus heureux parmi tous les invités à la noce. 

Alors tout à coup, ils nous ont raconté leur rencontre, leur amour, le premier enfant qui arrive vite, le projet de vie commune qui se met en place et qui dure depuis 9 ans... et leur projet actuel de mariage avec la cérémonie à préparer, le choix de la robe, la réception au mess, la présence des amis et l'absence de certains membres de la famille proche. Ils ont évoqué aussi le choix de leur future maison, pour leurs besoins à eux mais aussi  pour l'accueil des enfants des autres familles. Pendant qu'il parlait, Florent tenait la main de Julie sous la table, et elle l'écoutait en souriant... 

Après avoir entendu tout cela, nous les avons chaleureusement encouragés dans leur projet en les rassurant sur le fait que, parfois, dans la vie, les évènements se bousculaient un peu, mais qu'ils avaient largement les ressources à eux deux pour faire face car ils étaient jeunes et qu'ils s'aimaient.... 

L'aîné des garçons m'a ensuite donné un bouquet de pâquerettes cueillies dans la pelouse. 

Puis, nous les avons quittés, en leur serrant la main et en leur adressant tous nos vœux de bonheur. 

Ce temps de préparation au mariage fut un très bon moment. 

Amicalement comme toujours. 

Catherine

oOo

 

Jeudi 6 juin 2013 

Amis de Murmure, bonjour à tous, 

Je rentre du jardin où j'ai passé un long moment. A planter des œillets en bordure d'une plate-bande, à ramasser les feuilles du peuplier qui tombent prématurément et à contempler les fleurs de mes rhododendrons qui, cette année, grâce à la fraîcheur des températures, prolongent leur floraison de manière inhabituelle (il faut bien qu'il y ait un avantage au mauvais temps...). 

Tout en jardinant, je repensais à notre dernière journée à ThéoFor et à l'intervention de Gérard Rebmeister (dont le nom signifie « maître vigneron » en alsacien). Gérard, qui est prêtre à Hochfelden en Alsace (et dont la maman est une protestante allemande), est venu nous parler de la Mission. Vaste sujet, qu'il connaît bien, tant au plan théologique qu'au plan pratique. D'où une intervention passionnante, truffée d'anecdotes du terrain (alsacien donc), le tout avec beaucoup d'humour (alsacien toujours). Autant vous dire qu'on a beaucoup ri. Ce qui fait beaucoup de bien.

En l'écoutant, je me suis dis que si on riait un peu plus dans l'Eglise, on aurait peut-être un peu plus d'adeptes...même si notre mission n'est pas de faire du prosélytisme ou encore du recrutement, ça, Gérard nous l'a bien expliqué.

Exemple du franc-parler de notre formateur (paru dans les DNA sur Internet): ce qu'il nous faut aujourd'hui, ce sont des chrétiens à colonne vertébrale, et non des chrétiens à carapace. Des vertébrés, et pas des mollusques.

Gérard dépense donc beaucoup d'énergie à mobiliser et à rassembler ses vertébrés et pour cela, il ne manque pas d'idées.

Il nous a raconté qu'il organisait avec ses paroissiens, un festival de l'humour de Dieu qui prend la forme, entre autres, de « soirées blagues ». Dans le domaine des blagues, on peut faire confiance à nos amis alsaciens, ils sont redoutables. Je parle d'expérience car j'ai des cousins du côté de Colmar chez qui les repas de famille ne se terminent pas sans un « festival » d'histoires drôles où ils remportent la palme à tous les coups...

L'alsacien est drôle et il est endurant. Alors Gérard n'hésite pas à organiser des lectures continues de la Bible. Elles prennent la forme d'un relai entre lecteurs qui dure 8 jours et 8 nuits !

Il nous a raconté que parfois, les lecteurs étaient un peu surpris à la lecture de certains passages bibliques qu'ils n'avaient pas l'habitude de lire comme le Cantique des cantiques, certains psaumes d'imprécation, ou encore des passages de l'Ancien Testament où l'on guerroie beaucoup au nom de Dieu... Du coup, il est obligé de reprendre ces lectures avec ses paroissiens pour les expliquer (un peu à la manière de JC sur le Chemin d'Emmaüs- ça c'est moi qui le rajoute...).

Une autre initiative encore: les balades autour des croix. Histoire de revisiter le patrimoine religieux de son lieu de vie, et en chemin, peut-être, de redécouvrir le goût du cheminement spirituel. Cette dernière initiative se fait aussi dans mon doyenné. Une amie a emmené son conjoint à l’une de ces balades. La promenade a plu à son mari, mais les temps spi, pas trop. Il a confié à son épouse avoir eu le sentiment d'être dans une secte...Comme quoi, évangéliser reste une démarche délicate. Comme quoi, il faut éviter aussi des initiatives trop sectaires, c'est à dire au sens premier du terme, qui coupe des habitudes. Gérard nous l'a expliqué, l'évangélisation est toujours une démarche communautaire (à plusieurs) qui consiste à rejoindre l'autre dans SA vie quotidienne,  à l'accueillir comme il est, et surtout pas à vouloir le transformer.

Ça c'est pour l'attitude. Reste le fond et la question cruciale, que Gérard nous a posée: qu'avons-nous à apporter ? À dire de si important, nous les chrétiens ? (et de différent de tout ce qu'on peut entendre dans les milieux associatifs, politiques ou autres). A nous de discerner les attentes spirituelles de notre temps...

Enfin, à défaut de dire, on peut au moins montrer quelque chose: la Joie !

Gérard, en reprenant les paroles d'Albert Rouet, nous a rappelé que le christianisme était la religion de la Joie et pas de la sueur...

Bon, et vous, aimez-vous rire ?

Amicalement comme toujours.

 

Catherine

oOo

Lundi 27 mai 2013 

Amis de Murmure, bonjour à tous, 

Il faut que je vous raconte la dernière (histoire) du CPM (Centre de préparation au mariage) de mon doyenné. Je vous ai déjà dit je crois, que mon mari et moi participions depuis un an maintenant à cette activité pastorale.

Début d'année, nous devions rencontrer un jeune couple, Florent et Julie, vivant maritalement depuis  9 ans, ayant deux jeunes enfants et souhaitant se marier au mois de juin. En fait, nous n'avons pu rencontrer que Julie (une jeune femme charmante, assistante maternelle à domicile) car son conjoint, militaire de carrière, était en opex (opération extérieure) à la Réunion. En raison de l'absence de Florent et pour des raisons de calendriers, nous  n'avons pas pu accueillir le jeune couple à notre session de préparation au mariage et avons dû les inscrire à une session ultérieure (ce qui n'a pas été simple...) et les confier à d'autres animateurs.

Florent et Julie se sont donc présentés, vendredi dernier, à une réunion de préparation au mariage, réunion dont ils se sont littéralement enfuis, au bout de quelques minutes !

Le fait m'a été rapporté par l'une des animatrices de la session. J'en fus très étonnée car, certes, Julie nous avait confié sa timidité et son appréhension de participer à une session en groupe, mais elle m'avait laissée faire des pieds et des mains pour trouver une session adaptée à leurs contraintes et rien ne laissait présager une telle réaction...

Quand Florent m'a téléphoné pour me demander de les accompagner à nouveau sur un temps personnel, chez eux de préférence en raison de la présence de leur deux jeunes enfants, j'ai dit « oui » spontanément, sans lui demander la raison de sa  fuite .Une fois qu'on a eu trouvé un arrangement, il m'a confié sa version des faits.

Il a été accueilli à son arrivée à la soirée par « un homme qui lui a fait la bise ». Ce qui l'a surpris (moi aussi !) pour ne pas dire choqué. Les animateurs ont ensuite imposé que les deux jeunes enfants aillent immédiatement avec la baby sitter, argumentant que les enfants ne pouvaient pas être présents lors des travaux en sous-groupes. Comme les enfants restaient accrochés à leur maman, une animatrice les a tirés par le bras (!). Florent s'est trouvé mal à l'aise ensuite devant la disposition « sur des chaises en rond » des participants; il m'a dit avoir eu l'impression d'arriver à une thérapie de groupe. Les enfants, eux, se sont mis à pleurer, et les parents ont quitté la salle.

A la décharge des animateurs, le jeune couple est arrivé tardivement, alors que la soirée avait déjà débuté, et avait refusé de rencontrer au préalable un des couples animateurs ce qui leur aurait permis de faire connaissance.

Florent m'a dit au téléphone « croire en quelque chose et vouloir se marier à l'Église », c'est pour  cette raison que j'ai dit « oui » tout de suite quand il nous a sollicités,  mais m'a confié  ne pas être « pratiquant  comme eux » et surtout ne pas vouloir faire de formation sur la vie de couple car il vivait déjà en couple depuis 9 ans...

Bon, je pressens quelques maladresses et incompréhensions des deux côtés mais ce qui m'a surprise, c'est cette histoire d'accueil par un baiser (entre hommes). Certes, il est signe de fraternité dans certains milieux catholiques et se pratique entre hommes, mais généralement, dans notre culture,  deux hommes qui ne se connaissent pas ne se font pas la bise pour se saluer ! Aussi je comprends que ce geste ait pu choquer Florent.

Je me souviens qu'à l'École des Ministères, nos formateurs nous enseignaient, Épître à Diognète à l'appui (chapitre 5), que, les chrétiens,  « répandus, selon qu'il a plu à la Providence, dans des villes grecques ou barbares, se conforment, pour le vêtement, pour la nourriture, pour la manière de vivre, aux usages qu'ils trouvent établis ».   

Alors, les gestes fraternels, oui, mais pas avant une (nécessaire) phase d'apprivoisement... 

Vous ne croyez pas ? 

Amicalement comme toujours. 

Catherine

oOo

Vendredi  17 mai 2013

Amis de Murmure, bonjour à tous,

Je repars en Lorraine. Très précisément à Belmont-sur-Buttant (dans les Vosges) pour un mariage qui a lieu demain après-midi, puis à Maxey-sur-Vaise (dans la Meuse) le lendemain, pour fêter la Pentecôte et les 80 ans d’Andrée.

Comme je l’ai écrit dans un précédent billet, Andrée vient d’apprendre qu’elle est atteinte d’un cancer du poumon.  Cette annonce est surréaliste pour l’entourage, car il faut préciser qu’Andrée était toujours en excellente  santé et que pour le moment, exceptée la présence d’un ganglion dans le cou qu’elle est la seule à percevoir, elle n’a aucun symptôme particulier ( ce qui est une bonne chose…). C’est comme si la maladie était irréelle. Elle n’en est pas moins grave.

Nous pensions tous que la fête de famille organisée à l’occasion de son anniversaire allait être annulée. Pas du tout, Andrée a décrété qu’elle aurait lieu comme prévu, et que surtout, ce jour là, on n’évoquerait pas la maladie (mais tous les invités vont y penser).

Il faut préciser qu’Andrée est une vraie chrétienne, avec un grand « C ».

Elle n’a pas peur.

Ni de la maladie, ni de la mort.

Elle affronte la réalité du mal. Fait face (à une avalanche d'examens médicaux), s’informe, décide (de changer de pneumologue car le premier consulté ne lui convient pas),  accepte ou refuse (les propositions du corps médical), envisage son « départ », organise l’après (car son conjoint est totalement dépendant d’elle).

Elle n’accuse jamais Dieu de quoi que ce soit ; enfin, une fois tout de même,  elle m’a dit que « ce coup-ci, Il lui jouait un mauvais tour », mais sur le ton de la plaisanterie. Elle ne fait pas de lien (de cause à effet) entre Lui et sa maladie. Elle estime que, à son âge, «  ce n’est pas aussi grave que si elle avait 40 ans et que de toute façon, elle est à la fin de sa vie ».

Elle conserve son sens de l’humour en toutes circonstances (ou presque…).  Elle aime recevoir des blagues dans sa boîte mail et les lire. J’ai donc veillé à ce que le Diaporama que j’ai réalisé à l’occasion de son anniversaire (un album photo familial) soit dans ce ton.

Malgré la tristesse de la nouvelle, elle reste active et attentive aux autres : la voix légère au téléphone, elle demande des nouvelles des uns et des autres, s’inquiète  de notre santé, de nos soucis (c’est le monde à l’envers).

Elle va à la messe tous les dimanches et emporte la communion à des personnes handicapées.

Elle prend soin du linge d’une amie aveugle et va chercher tous les jours le pain pour une invalide de son quartier. Et elle le fera tant qu’elle le pourra.

Comme je vous le disais, une vraie Chrétienne…

Je vous souhaite à tous une très belle fête de Pentecôte.

Amicalement comme toujours.

Catherine

oOo

 

Samedi 11 mai 2013 

Amis de Murmure, bonjour à tous 

Je rentre de Lorraine où j'ai séjourné quelques jours pour fêter, dans l'ordre, la capitulation de l'Allemagne en 45 (et non l'Armistice comme on le dit souvent), l'Ascension et les 10 ans de ma petite-fille.

Ces séjours en Moselle me permettent de faire une cure de protestantisme, ce qui me fait beaucoup de bien  (car ça m'aide à penser l'autre religion- je parle du catholicisme). Concrètement, je me plonge dans la lecture des revues protestantes qui traînent dans la maison familiale.

Or, cette semaine, j'ai déniché un Hors-série étonnant de la revue Le Nouveau Messager, un magazine publié par l'UEPAL, l'Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine. Le Hors-série en question était entièrement consacré au protestantisme. Un « Dossier » traitait 95 questions (allusion aux 95 thèses de Luther) «basiques » portant sur l'histoire, la foi et les enjeux pour demain de cette religion. Passionnant et surtout très instructif.

J'ai commencé ma lecture par la fin de la revue (comme je le fais habituellement pour les magazines parce que quand on est droitier, il est plus facile de feuilleter une revue en commençant par la fin....) où j'ai découvert un QUIZ de 40 questions de connaissance auxquelles j'ai répondu (avant de lire les articles de la revue). Et là, miracle, j'ai frôlé le sans faute (37 bonnes réponses sur 40) si bien qu'au vu de ces résultats, il m'est conseillé de « penser à devenir conseiller presbytéral » !

Cette suggestion m'a fait sourire; je me suis dit que si un jour l'Église catholique ne voulait plus de moi, je pourrais toujours proposer mes services aux Églises protestantes, grâce à ce que j'aurai appris chez les catholiques (et réciproquement...).

Ce sont les questions d'Histoire qui m'ont plantée (l'Histoire n'est pas mon fort...). A la question: combien y a-t-il eu de guerres de religion en France, j'ai répondu « 6 » or il y en a eu 8. A la question: Par qui Calvin a-t-il été influencé, H.Bullinger, M.Luther ou M.Bucer, j'ai répondu « Luther » (le seul que je connaissais dans la liste...) or il s'agit de M.Bucer (?). Enfin, côté démographie, j'ai répondu que les protestants représentaient 2% de la population française or ils sont 3%...

Bon, j'ai poursuivi ensuite ma lecture et j'ai fait quelques découvertes étonnantes. Par exemple, que Luther était moine, ça je le savais mais je ne m'étais jamais demandé à quel ordre il appartenait, or il était augustinien (ce qui, au plan théologique, n'est pas rien...). J'ai découvert aussi que le verbe « protester » au XVIème siècle signifiait « attester », ici, de sa foi. Au départ donc, les protestants étaient des gens qui attestaient simplement de leur foi sous une forme qui leur était propre: la foi seule, la grâce seule, l'Écriture seule, Christ seul, Dieu seul...(j'aime bien cette profession de foi; en revanche je suis en difficulté avec la notion de prédestination qui a toujours cours).

Ils professaient leur foi donc mais ils dénonçaient aussi toutes sortes de dérives religieuses, connues comme les indulgences et moins connues comme les Vierges de Miséricorde par exemple, qui étaient des tableaux très en vogue au XVème siècle, et qui représentaient la Vierge protégeant sous son voile des prélats agenouillés, que Luther comparait à « une poule et ses poussins ». Il faut croire que les protestations de Luther ont été entendues car les tableaux en question ont été interdits par la Contre-Réforme (donc par les catholiques eux-mêmes).

Bref, tout ça pour dire qu'il est bon parfois de revisiter les fondamentaux de sa religion, il y a toujours quelque chose à découvrir. Peut-être les Diocèses devraient-ils aussi publier ce type de revue pour faire (re)découvrir la religion (et la foi) catholique à toutes les personnes qui se tournent vers l'Église à l'occasion des grands évènements de la vie, mariage, funérailles, baptême d'un enfant, et qui souvent n'ont pas reçu d'enseignement religieux (ou si peu). Car on a un vrai trésor religieux et spirituel à partager... 

Qu'en pensez-vous ? 

Amicalement comme toujours. 

Catherine 

PS: Demain 12 mai, nous entendrons dans les Églises (catholiques et protestantes), cette prière du Christ : Que leur unité soit parfaite; ainsi, le monde saura que tu m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé. 

A méditer...

oOo 

 

Dimanche 28 avril 2013

Amis de Murmure, bonjour à tous 

Une petite précision pour commencer et en réponse à la question d'une fidèle lectrice de Murmure: la photo qui accompagnait mon dernier message est bien une photo de mon jardin. D'une manière générale, à une exception près (le chevreuil), les photos de ma page sont toutes des photos « maison », prises dans mon environnement proche ou dans des lieux de passage, par moi-même ou plus souvent par mon mari... Quant aux tulipes de mon jardin, elles sont particulièrement belles et surtout, elles sont faciles à cultiver. Elles poussent toutes seules et  elles supportent tout, la terre grasse et calcaire, les changements brutaux de températures (il neigeait hier soir alors qu'il faisait 26° jeudi...), les pluies diluviennes. 

Maintenant c'est le pommier et le cognassier (du Japon) qui sont tout en  fleurs. Pourvu qu'ils supportent le gel... 

J'admirais mes fleurs justement jeudi dernier, tout en savourant la chaleur estivale lorsque mes contemplations ont été brutalement interrompues par l'annonce d'une mauvaise nouvelle; Andrée, une proche parente, venait  d'apprendre (le jour de ses 80 ans !) qu'elle était atteinte d'un cancer du poumon à un stade avancé. Rien ne laissait présager la survenue d'une telle maladie chez cette personne toujours en bonne santé, qui n'a jamais fumé ni employé de produits toxiques, et n'a jamais commis d'abus d'aucune sorte. Ce qui a fait dire à sa fille (ma belle-sœur) que cette nouvelle  était triste, inattendue et surtout injuste.

Je partage totalement les sentiments de tristesse et de surprise. Mais pas le sentiment d'injustice. En aucune manière la maladie n'est pour moi un châtiment ou une sanction qui serait méritée ou pas. Et inversement, une bonne santé,  une « récompense » (de la part de qui d'ailleurs ?). Ceci dit, je ne suis pas naïve,  je sais que certains comportements peuvent faire courir plus de risques que d'autres et que l'on peut retarder ou se prémunir contre certaines maladies en ayant une vie saine. Mais je sais aussi que la prévention ne suffit pas toujours...Hélas.

De là à penser (comme certains dans mon entourage) que Dieu a un lien avec la survenue de la maladie ou qu'il est celui qui attribue les épreuves  alors là, non ! Un Dieu qui en ferait souffrir certains parmi nous et en épargnerait d'autres, selon un dessin que lui seul connaîtrait , ça non, cette idée m'est insupportable car ça relève d'une forme de perversité et ça, ce n'est pas possible.

En revanche,  je comprendrais mieux un sentiment de révolte. Car l'existence du mal est vraiment une énigme. Comme Lytta Basset, en arrivant « là-haut », la question du mal est la première question que je poserai à Dieu (s'il m'en laisse le loisir, mais ça c'est une autre histoire...). 

Après l'annonce de la mauvaise nouvelle, je suis repartie dans mon jardin, pour contempler les fleurs et pour prier.

De vrais lieux de consolation, le jardin et la prière... 

Amicalement comme toujours. 

Catherine

oOo

 

Samedi 20 avril 2013 

Amis de Murmure, bonjour à tous, 

Dans mon dernier message, j'évoquais la Conférence catholique des baptisé-e-s francophones. En fait, il y a peu de temps que j'ai découvert de quoi il s'agissait. C'était le 13 mars dernier, soir de l'élection du nouveau Pape (et de l'hospitalisation de Léon...), où j'ai assisté à une conférence donnée au Centre diocésain par Anne Soupa, l'une des fondatrices avec Christine Pedotti de la CCBF.

J'avais perçu une réticence chez certains responsables catholiques à l'évocation de la Conférence des baptisés; cela a suffi à aiguiser ma curiosité et je n'ai pas hésité à éteindre mon poste de télé malgré le suspens qui régnait depuis l'apparition de la fumée blanche (qui rappelle les tribus indiennes comme l'a écrit Gérard dans l'un de ses Contresens...) et à me rendre à la conférence. Peu importe le nom du nouveau Pape (que j'aurais sur mon portable), je voulais entendre ce que la fondatrice du fameux Comité de la Jupe avait à dire. 

Je n'ai pas regretté mon choix, car j'ai été épatée par la liberté de parole et l'audace d'Anne Soupa.

Pendant une heure, elle nous a présenté en détail le projet de la CCBF dont les membres sont des théologiens, des intellectuels, des laïcs femmes et  hommes, des religieux aussi (attachés au message de l’Évangile, et qui vivent fidèlement leur attachement au sein de l’Église catholique).

Tout part d'un diagnostic : la structure (l'Église en tant qu'institution), en l'état, ne passera pas. C'est à dire ne survivra pas dans nos régions. De là est née une ambition: être là demain quand l'institution s'écroulera, pour continuer à transmettre le message de l'Évangile.

Entre les deux, il y a le projet de remettre l'Église en état de marche, et chemin faisant, de donner enfin une place digne aux femmes dans l'institution (à moins que cela ne soit l'inverse....). 

Au niveau du « plan d'action », on trouve toutes sortes d'idées étonnantes, comme celle de créer  trois nouveaux ministères: la Bénédiction, l'Écoute et  l'Espérance.

Ou encore le projet d'ouverture d' une école de prédicateurs laïcs,  ou celui de recueillir la « mémoire » des prêtres âgés, ou encore de développer les liturgies de la Parole.

Tout cela en restant dans l'Église actuelle et en acceptant sa discipline, mais en s'appuyant sur  les capacités créatives et inventives des chrétiens ET chrétiennes (et en s'opposant à toutes formes de restauration). 

2 slogans disent l'état d'esprit de la CCBF: « ni partir, ni nous taire » et « nous ne demandons rien, nous parlons »... 

Tout un programme. 

Concrètement, la CCBF a déjà mené ou soutenu toutes sortes d'actions comme réunir un Conclave de 72 femmes le 3 mars dernier, histoire de rappeler que les femmes ont des choses à dire dans et à l'Église. Ou, la semaine passée, à Paris, soutenir la tenue de cercles de silence (organisé par le Comité de la Jupe) devant la Conférence des évêques de France à l’occasion de l’Assemblée des évêques  pour « signifier leur tristesse devant la non-adéquation, sans équivalent dans nos sociétés occidentales, entre nos multiples capacités (ce sont des femmes qui parlent...) et notre rôle actuel, celui de petites mains de l’Église. Nous demandons à nos frères évêques qu’ils nous aident à faire cesser ce qui est à la fois une injustice grave et un incompréhensible gâchis ». 

Au delà de son soutien au Comité de la Jupe, la CCBF encourage des initiatives locales par un système de réseau associatif qui permet les échanges, l'écoute, et bien-sûr la diffusion de l'Évangile.

Auprès des jeunes surtout. Anne Soupa nous a dit chercher le « cœur à cœur » avec les jeunes. Elle a souligné le fait qu'aujourd'hui les jeunes avaient des emplois du temps surchargés, et qu'il fallait en tenir compte dans les propositions qu'on leur adressait. 

Elle a rappelé que la transmission était l'essentiel de notre travail de chrétien (notre mission), que nous avions un trésor spirituel à partager et peut-être à redécouvrir. 

Rien de bien nouveau allez-vous me dire... Preuve s'il en fallait, que la CCBF est bien dans et de l'Église.  

Je ne comprends pas pourquoi elle est mal perçue par certains de nos responsables ecclésiaux (dont des femmes en responsabilité, un comble !).  

Amicalement comme toujours. 

Catherine

oOo

 

Lundi 15 avril 2013

Amis de Murmure, bonjour à tous

J’ai entendu une expression vraiment bizarre, hier matin, en écoutant France Inter où il était question du  catholicisme zombie.

?!?!

Expression étonnante et effrayante surtout, car me sont venues à l’esprit ces images monstrueuses des « morts vivants » des films d’horreur.  Je ne voyais pas bien le lien entre le catholicisme et ces créatures abominables, sans conscience, moitié décomposées, agressives et se nourrissant de chair humaine. Alors j’ai tendu l’oreille.

L’invité du 7/9 du WE était l’anthropologue et historien Emmanuel TODD qui vient de publier avec le démographe Hervé Le Bras, le Mystère français,  un essai sur la situation actuelle de la France au plan sociologique. Apparemment, l’expression « catholicisme zombie » émane de ces auteurs…

Si j’ai bien compris, au cours de leur dernière étude, les démographes auraient découvert deux France : une qui va plutôt bien, qui se situe dans les régions périphériques (Bretagne, Alsace, Rhône Alpes…), qui survit à la crise en grande partie grâce à son héritage chrétien ; et une France qui va plutôt mal (en terme de taux de chômage par exemple), qui se situe au centre (en région parisienne essentiellement et dans de très grosses villes comme Marseille) et qui est héritière de la République et de ses valeurs comme « l’égalité ».

Emmanuel TODD constate (c’est son point de vue) un catholicisme mourant. Il suffit pour cela (selon lui toujours) de regarder le nombre déclinant de pratiquants et de prêtres. Mais il voit aussi un catholicisme qui renaît d’une certaine manière au sein de la société, au travers des valeurs qu’il aurait diffusées comme l’entraide et la solidarité.  Il observe que les régions traditionnellement catholiques (et hostiles au départ à la République) se tournent aujourd’hui vers des valeurs sociales (et politiquement vers le socialisme) et se portent plutôt mieux que les autres régions. Grâce aux valeurs qu’il aurait transmises, le catholicisme resterait donc bien vivant. D’où la notion de catholicisme mort-vivant et de zombie.

A l’inverse, les régions traditionnellement républicaines et laïques mais où règne l’individualisme, s’adaptent moins bien à la mondialisation et à la situation de crise, vont mal et se radicalisent en se tournant vers la droite, et surtout l’extrême droite.

Bon, c’est un point de vue.

Si l’on s’en tient aux statistiques, il est évident que, dans notre pays, le catholicisme (comme le protestantisme dit « historique » avec les Eglises réformées…) est en déclin. Au niveau de la pratique religieuse.

Le christianisme est-il mort pour autant dans nos régions ?

Et le message dont il est porteur est-il mort lui aussi ? Je ne le pense pas. Car, on est bien d’accord, le christianisme n’est pas une histoire de valeurs morales (comme l’entraide ou  la solidarité qui  ne sont pas des valeurs spécifiquement chrétiennes d’ailleurs), c’est bien plus que ça…

Nous en reparlerons, car d’autres  dans l’Eglise,  pensent que le catholicisme dans sa forme actuelle (en tant qu’institution) ne « passera pas », c'est-à-dire ne survivra pas.  Et qu’il faut dès à présent envisager  la transmission future du Message évangélique sous d’autres formes.

C’est le projet de la Conférence catholique des baptisé-e-s francophones.

Vous connaissez ?

Amicalement comme toujours.

Catherine

oOo

Vendredi 5 avril 2013 

Amis de Murmure, bonjour à tous 

Mercredi soir, je suis allée à une réunion en Doyenné. J'aime participer à ces rencontres en Église, qui sont de véritables petites assemblées.

Nous étions quinze chrétiens et chrétiennes en provenance des différentes Unités pastorales, réunis pour discuter de l'avenir de notre communauté chrétienne et plus précisément de la place de la Parole de Dieu dans notre vie (personnelle et surtout en Église). Concrètement, nous avons évoqué et analysé les différentes situations et les différents moments où la bible était lue et commentée dans nos lieux d'Église. Il faut savoir que, depuis 2010,  la lecture de la bible est devenue une orientation pastorale  prioritaire dans notre diocèse, et qu'une commission biblique diocésaine (dont je fais partie...) a vu le jour en novembre dernier avec pour mission de « remettre la Parole de Dieu au centre de la vie de foi des chrétiens du Diocèse ». Projet ambitieux et ô combien essentiel, vous en conviendrez. 

Or, au cours de la soirée, il a été question des célébrations de funérailles pendant lesquelles des lectures bibliques sont faites et commentées. J'ai été alors touchée par le témoignage d'un participant qui a pris tout à coup la parole.

Jean-Paul, un jeune retraité convaincu et visiblement très engagé,  n'a pas hésité à livrer son expérience et à confier ses peurs (ce qui est plus rare...). Avec simplicité, il a expliqué qu'un commentaire biblique pour une homélie de funérailles lui prenait plusieurs heures de préparation. Qu'il écrivait et réécrivait plusieurs fois le commentaire. Que rarement, il était satisfait et que souvent il doutait. Ensuite, il a évoqué le moment de la prise de parole en public, tous ses yeux qui tout à coup le fixaient, le silence profond qui s'installait dans l'assemblée et l'attente des participants. Il aurait aimé que parfois il y ait un peu de bruit, quelqu'un qui se mouche ou froisse un  papier. Mais, il n'en est rien, tout le monde attend et écoute (je me suis dit que l'assemblée percevait que Jean-Paul avait des choses à dire, d'où l'attente et le silence profond. La parole est la condition première de l'écoute...). « Alors, il faut se lancer a-t-il expliqué, et puis après ça va, c'est parti...mais quand c'est fini, sous le costume, la chemise est trempée... »!

Le doyen (je parle du prêtre) présent à notre réunion, a tout de suite identifié le trouble: « c'est le trac » a-t-il expliqué. Et de renchérir: « moi, je l'ai à chaque fois que je fais l'homélie ».

Au cas où j'en aurais douté, j'ai eu la confirmation que l'homélie (ou « commentaire biblique » s'il s'agit d'un laïc)  était un exercice exigeant et la prise de parole en public, une épreuve. Une chose est sûre, Jean-Paul fait ce « travail »  très consciencieusement. Le long temps de préparation, alimenté par différentes ressources et sa propre foi, nourrit sa pensée et son discours. Du coup les gens l'écoutent. Il m'a expliqué qu'il était en possession de « livrets » pour l'aider dans ses réflexions et qu'il avait suivi une courte formation, mais qu'il n'avait pas appris véritablement à prendre la parole en public. 

Il faudrait peut-être prévoir ce type de formation à l'avenir...c'est ce que je me suis dit sur la route du retour, celle qui longe le Doubs. 

Autre (bonne) surprise: une animatrice de funérailles (encore) a fait de la pub pour Murmure, en expliquant qu'elle trouvait sur le site de Léon Paillot, la « matière » pour ces commentaires bibliques. D'autres semblaient connaître également le site et y avoir recours... 

Comme quoi, Internet peut être utile parfois. 

Vous ne croyez pas ? 

Et quand Murmure est en panne, quelle frustration n'est-ce pas ? 

Amicalement comme toujours. 

Catherine

oOo 

 

Samedi 23 mars 2013 

Amis de Murmure, bonjour à tous 

J'ai été impressionnée dimanche dernier en regardant le JT de 20h sur France 2 (le Journal Télévisé du soir - précision pour les internautes qui n'ont pas l'habitude des sigles français...) par l'interview que Gisèle Casadesus a donnée au présentateur Laurent Delahousse. 

Pour ceux qui ne la connaîtraient pas, Gisèle Casadesus est une actrice française. Quand on évoque sa carrière, il faut des gros chiffres, du genre: 80 ans de cinéma, 70 de théâtre, 50 de télévision (on la voyait dans les Maigret...). La dame n'est plus toute jeune, vous l'aurez compris, elle est même très âgée puisqu'elle a 98 ans! Elle a arrêté le théâtre qui est un exercice devenu trop exigeant pour elle (car un acteur de théâtre se doit de monter sur scène quelques soient les circonstances...) mais a conservé le cinéma pour lequel elle étudie toutes les propositions de tournage qui lui sont adressées. 

Je pensais que l'interview allait porter exclusivement sur son rôle de grand-mère dans le dernier film d'Anne Marie Étienne « Sous le figuier » qui vient de sortir. Mais non, l'interview a commencé par des questions (étonnantes de la part d'un présentateur de JT) sur sa foi en Jésus-Christ. Il a spontanément évoqué son baptême (protestant) à la sortie de la guerre (on ne sait pas laquelle, mais je penche pour la seconde). Alors elle a expliqué que la foi l'avait soutenue et guidée durant toute sa vie, que lors de ses voyages, elle emportait toujours sa bible et la lisait tous les soirs (et pas qu'en voyage...), ce qui est très protestant je confirme, et qu'elle priait, pas énormément mais régulièrement.. 

Reconnaissez que ces propos sont étonnants; il est rare, sur le plateau d'un JT, qu'un invité parle de Jésus-Christ et de sa pratique de la lecture de la bible et de la prière. En fait, je n'étais pas au bout de mes surprises, car ensuite le journaliste a enchaîné sur sa vie privée et familiale. Et là, elle n'a pas hésité à livrer, en toute simplicité et avec un grand naturel, des éléments intimes de sa vie. Elle a expliqué qu'elle avait été mariée pendant 64 ans au même homme (le comédien Louis Pascal dont elle a eu 4 enfants), et qu'elle n'avait connu que cet homme durant toute sa vie, ce qui épate ses petites filles a-t-elle ajouté, ce que je veux bien croire...

Bien-sûr, il a aussi été question de sa carrière d'actrice, immense, qui, visiblement la passionne comme au premier jour... Quelle fraîcheur, me suis-je dit en l'écoutant. Et de Montmartre aussi, quartier qu'elle affectionne depuis toujours et qu'elle n'a jamais quitté, excepté le temps de quelques voyages. 

« Malgré mon grand âge, a-t-elle dit, j'aime la vie et je regarde devant ». 

On n'en doute pas un instant. Elle aime passionnément ce qu'elle fait (c'est le secret de sa longévité je pense, doublé d'une excellente santé bien-sûr) à commencer par son métier d'actrice... 

Et vous, aimez-vous ce que vous faites dans la vie ? 

Bonne semaine sainte à tous. 

Amicalement comme toujours. 

Catherine

oOo

 

Vendredi  8 mars 2013

Amis de Murmure, bonjour à tous

Poursuivons dans l’esprit du Carême si vous voulez bien, et dans l’idée du « désencombrement ». Ce sera au niveau des idées cette fois-ci et non plus des biens matériels…

Nous étions réunis l’autre jour dans une petite salle de réunion pour préparer notre prochaine journée de théoFor consacrée à l’Agir chrétien,  autrement dit à la Morale. Sujet ô combien sérieux.  Quatre personnes étaient présentes,  l’intervenante de la journée, deux animatrices (dont moi-même) et le prêtre responsable, pour deux heures de travail en commun.

Nous avons relu l’expérience passée. Nous avons longuement discuté des sujets d’actualité qui ne manquent pas cette année (le mariage pour tous, l’euthanasie, la gestation pour autrui, l’assistance médicale à la procréation etc…) et des idées à faire passer (personnellement, je ne pense pas qu'on puisse faire « passer » des idées ; tout au plus peut-on rendre notre message suffisamment appétissant et digeste pour que l'autre décide d'en manger, ou pas. Mais c’est un autre débat). Puis, nous avons bâti notre programme et rédigé nos « études de cas » pour les travaux en carrefour. Du genre (c’est un cas réel) : « Luc est directeur d’une usine française de conditionnement d’épices et d’herbes aromatiques. L’entreprise détient une filiale au Portugal qui s’avère être moins rentable que la maison mère  en raison de l’importance de la masse salariale qui fait chuter le taux de productivité. Un jour, les administrateurs de la société demandent à Luc de rationaliser la production de la filiale portugaise et de licencier des ouvriers bien que l’usine soit rentable. Luc est en désaccord avec cette décision mais il sent qu’un refus de sa part le décrédibilisera aux yeux des membres du CA ». Question : Luc vient vous solliciter pour vous demander conseil avant de prendre la décision de licencier, comment allez-vous l’aider ? »

Puis, nous avons revu les 5  étapes du « comment prendre une décision éthique » à l’aide d’une grille d’analyse : confier la situation à Dieu dans la prière, bien poser la question, dialoguer, sentir et vérifier. Enfin, nous avons choisi les textes bibliques de référence : l’épisode de la Samaritaine, l’Epître de St Jacques (1, 5-8) « si la sagesse fait défaut à l’un de vous, qu’il la demande à Dieu qui donne à tous avec simplicité et sans faire le moindre reproche ; elle lui sera donnée » (lisez la suite à l’occasion…).

Au bout de deux heures, j’étais un peu saturée d’analyses et de réflexions. Quand m’est venue à l’esprit cette citation d’Albert CAMUS : Si j'avais à écrire ici un livre de morale, celui-ci aurait cent pages et 99 seraient blanches. Sur la dernière j'écrirais:" je ne connais qu'un seul devoir, c'est celui d'aimer" ».

Citation archiconnue je vous l’accorde. J'ignorais de quel ouvrage elle était tirée alors j'ai fait une recherche sur Internet. Et là, surprise. Elle n'émane pas d'une œuvre majeure comme je l'imaginais, mais des Carnets de notes du philosophe ; elle date de 1937 et le « ici » désigne la ville de Florence. Albert Camus n’avait que 24 ans ( !) lorsqu’il a écrit ces mots.

Étonnant non ?

Depuis je me demande ce que le jeune homme a bien pu vivre, voir ou entendre à Florence, ville artistique (et politique), pour être amené à noter cette pensée alors qu’il était en voyage en Italie…

Une pensée qui vaut tous les enseignements sur la morale, études de cas et grille d’analyse. Vous ne croyez pas ?

Amicalement comme toujours.

Catherine

oOoMardi 26 février 2013 

Amis de Murmure, bonjour à tous, 

Quand je téléphone (2 à 3 fois par semaine) à ma maman (90 ans bientôt), j'entends invariablement cette phrase étonnante: je trie . Il faut comprendre:  je trie mes affaires personnelles , ce qui englobe, le mobilier, les vêtements, le linge de maison, la vaisselle, les documents familiaux, les livres, les objets décoratifs... 

Trier est une activité complexe qui comprend une suite d'opérations distinctes. Un tri débute en effet par l'examen minutieux de chaque chose (c'est la question de l'intérêt et de l'utilité de l'objet), puis vient l'étape du choix (conserver ou non la chose) , et enfin celle de  la répartition (à qui donner).  Du coup, je suis repartie le week-end dernier de chez ma maman avec, dans mon coffre de voiture: le service en grès, les nappes brodées de ma grand-mère (que je n'ai pas connue) et le panier en osier du chat, « celui qu'on utilise pour aller chez le vétérinaire »...Le mari de la meilleure amie, lui, doit passer choisir des livres dans la bibliothèque, quant à l'armoire de rangement du sous-sol, elle s'est vue étiquetées « Emmaüs »... 

Il faut dire que ma maman va réaliser cette prouesse qui consiste à passer d'un F5 (à la campagne) à un F1 bis (en ville). D'où la nécessité du tri ...Elle a en effet le projet d'habiter dans un foyer-logement pour personnes âgées. Les avantages qu'elle y voit sont nombreux: présence jour et nuit d'un gardien et d'un aide-soignant,  service de repas si besoin, totale autonomie dans un logement indépendant où l'on peut cuisiner et recevoir,  activités et animations diverses  proposées sur place et en libre choix surtout. Dommage que les logements soient si petits...Mais bon, ce « détail » ne semble pas l'affecter, ni les opérations de tri d'ailleurs. Je la découvre très détachée de tous ses biens matériels et peu émue à l'idée de quitter son environnement familier. Il n'y a en fait qu'une seule chose qui compte vraiment et qui la motive, c'est la perspective du rapprochement familial. Son nouveau logement se situera en effet à une demi-heure de route de mon domicile et à un quart d'heure de mon travail et du lieu de vie de mes enfants... On se verra donc régulièrement et surtout beaucoup plus fréquemment qu'aujourd'hui (alors qu'elle habite à 3 heures de route). Cette idée lui donne le moral m'a-t-elle dit. Je l'ai d'ailleurs entendue employer l'expression « commencer une  nouvelle vie » !

J'ai remarqué que chez les personnes âgées comme chez les petits enfants, c'est la dimension affective qui prévaut dans la vie, ainsi que la qualité des relations. Autrement dit l'essentiel...Le reste (m2, biens matériels...) étant complètement secondaire. 

Ah si, quand même, il y a un objet auquel elle tient beaucoup et dont il n'est pas question de se séparer,  c'est son ordinateur portable, avec lequel elle joue beaucoup (aux cartes !) et avec lequel elle vient d'apprendre  récemment (non sans mal) à envoyer des mails... 

Moralité: il n'y a pas de limite d'âge pour avoir des projets de vie. 

Bon, et puis le Carême, c'est la période idéale pour faire le tri. Vous ne croyez pas ? 

Amicalement comme toujours. 

Catherine

oOo

Mercredi 13 février 2013 

Amis de Murmure, bonjour à tous 

L'Eglise (une partie tout du moins) attendait un geste moderne du Pape Benoît XVI. Eh bien je crois qu'elle est servie ! Cette démission du Pape est très novatrice dans le monde catholique. Bon, personnellement, j'aurais aimé que cette décision soit précédée d'autres innovations, concernant la place (visible) laissée aux femmes dans l'Eglise par exemple (je parle de la dimension institutionnelle, car sur le terrain, les femmes sont nombreuses, mais le terrain ne fait pas tout...), mais bon, il ne faut pas trop demander. En tout cas, ce qui m'a frappée lors de l’annonce de la nouvelle par le Pape lui-même, c'est la détermination qui transparaissait dans ses propos. Une détermination doublée de la conviction de bien faire, sans laquelle il n'aurait pu prendre une telle décision. 

Immédiatement, à l'annonce de cette nouvelle, j'ai fait le lien avec le livre que je venais d'achever la veille et qui raconte l'histoire, tout du moins la fin de vie, d'André Bernheim. André Bernheim est beaucoup, beaucoup moins connu que le pape. Mais grâce à Internet, on apprend qu'il a été un collectionneur d'art contemporain. Une de ses filles en revanche est connue du grand public; il s'agit de la romancière et scénariste Emmanuèle Bernheim qui vient de faire paraître  Tous s'est bien passé, un roman autobiographique dans lequel elle évoque la fin de vie de son père. Un père atypique, parfois tendre, parfois odieux, cultivé, passionné d'art, et collectionneur d'amants...

Qui lui dit un jour, alors qu'elle est à son chevet (à l'hôpital où il est soigné pour les suites d'un AVC qui l'a laissé lourdement handicapé) cette phrase terrible « je veux que tu m'aides à en finir ».

Le roman raconte tout ce qui se passe après cette demande : le trouble, l'angoisse d'Emanuèle et de sa sœur cadette, leurs démarches, leurs décisions, les obstacles surmontés, jusqu'au voyage en Suisse accompli par leur père qui bénéficiera, à Berne, d'une assistance au suicide. Rien de morbide dans ce livre écrit dans un style très moderne, rythmé et visuel, et que j’ai beaucoup aimé.  Au contraire, tous les personnages sont bien vivants. Surtout André chez qui une chose m'a frappée: la détermination. « Selbstbestimmung » disent les suisses, ce qui signifie précisément: « autodétermination », une autodétermination que doit manifester tout candidat à l'assistance au suicide. Heureusement qu'il en est ainsi... 

Surtout pas d'affolement dans les troupes. Martin Winkler qui lui aussi vient de faire paraître un livre sur ce thème l'explique clairement : peu de gens demandent à mourir, et parmi ces derniers, seule une toute petite proportion passe à l'acte. Ce sont en général des personnes qui, leur vie durant, ont été amenées à prendre toutes sortes de décisions concernant leur existence, et qui, jusqu'au bout veulent agir de la sorte.  Peut-on leur reprocher ? 

Amicalement comme toujours, et bonne entrée en Carême à tous. 

Catherine

oOo

 

Samedi 2 février 2013 

Amis de Murmure, bonjour à tous 

Je pensais en avoir fini la semaine dernière avec le débat sur le Mariage pour tous. Mais, non, ce n'est pas fini, le débat s'amplifie même dans l'Église (ou commence enfin, et à l'initiative de la base ce coup-ci...). Lors de notre dernière rencontre à ThéoFOR, les discussions allaient bon train lors du repas de midi, nous laissant exsangues pour les travaux de l'après-midi... Et puis il y a ma boîte aux lettres électronique, qui en quelques heures, a été inondée (comme les rives de la Loue aujourd'hui...) de messages émanant de mon réseau d'amis chrétiens. Tous voulaient que je prenne connaissance du dernier article du journaliste (à l'hebdomadaire La Vie) et compositeur Laurent GRZYBOWSKY, article paru sur son blog le 15 janvier et qui semble faire autorité ou tout du moins référence, dans les milieux chrétiens.

Résumer ce texte serait le trahir, alors je vous invite à prendre 5 minutes et à le lire. A cette adresse: 

http://www.lavie.fr/sso/blogs/blog.php?id=66&ordre=antechrono 

Si le lien n'est pas actif sur la page de Murmure, copiez-collez le lien ci-dessus dans la barre d'adresse de votre navigateur internet. Ou à l'aide de Google, recherchez  Le blog de Laurent GRZYBOWSKY, puis sélectionnez son message du 15/01/13 17h15. 

« Enfin le point de vue d'un disciple du Christ », voilà la réflexion que je me suis faite à la fin de ma lecture. En tout cas, quel soulagement d'entendre un autre son de cloches ! Enfin un discours  pastoral , plein de confiance, de réalisme et surtout de références à l'Evangile. Ça fait beaucoup de bien... 

Depuis, je fredonne ce refrain signé Laurent GRZYBOWSKY toujours, « Dieu est une fête aujourd'hui,  la fête de la vie, ALLELUIA, c'est lui qui l'a promis ALLELUIA ... ». 

Vous connaissez ? 

Bon c'est la chandeleur, je m'en vais de ce pas faire (joyeusement) des crêpes. 

Vous aimez les crêpes ?  

Amicalement comme toujours. 

Catherine

oOo

 

Samedi 26 janvier 2013 

Amis de Murmure, bonjour à tous, 

Heureusement que la grippe ne se transmet pas via  internet car nous serions obligés d'interrompre cette conversation, j'aurais trop peur de vous contaminer...

A mon grand étonnement, j'ai reçu un message de remerciement d'une lectrice de Murmure suite à mon dernier billet au sujet de la manif pour tous. Elle me remercie de ne pas être allée manifester le  13 janvier à Paris contre le mariage et l'adoption pour tous. Elle me confie aussi le malaise qui fut le sien « en croisant ces personnes "bien-pensantes" dont les visages pour certains ne reflétaient pas que de la bonté », lors de la première manifestation en novembre. C'est une vraie question, celle du « reflet de nos visages », surtout quand on est chrétien et que l'on se doit de refléter le Christ... 

D'autres m'ont écrit pour me dire leur désaccord ou tout du moins leur volonté de préserver le cadre actuel du mariage et surtout le « droit » de l'enfant d'avoir un père et une mère. C'est l'argument de la généalogie, généalogie sans laquelle un enfant ne peut pas se construire dans de bonnes conditions, qui est alors mis en avant. Argument avec lequel je suis tout à fait d'accord d'ailleurs, un enfant a besoin de connaître en plus du nom de ses parents, leur histoire. Et si ses parents sont au nombre de 3, parce qu'il y a deux parents « biologiques » et un parent supplémentaire qui est le conjoint de l'un des premiers, l'enfant doit pouvoir connaître ses 3 parents. Cela renvoie au problème (complexe) de la levée de l'anonymat des donneurs de gamètes, qui ne concerne pas que les enfants issus de couples homosexuels... 

D'autres parmi vous n'aiment pas l'idée de voir remplacer les mots « père » et « mère » par le mot « parent » dans le livret de famille. Alors là, c'est moi qui suis étonnée. « Parent » ne me semble pas  moins noble que « père » ou « mère ». Dans le langage courant, ils sont très souvent équivalents. Mes enfants, plutôt que de dire « papa et maman » en parlant de mon mari et moi, très souvent disent « les parents ». De toute manière, 90% des enfants naîtront avec un père et une mère qui seront à la fois leurs géniteurs et leurs éducateurs. C'est sur la situation des autres qu'il faut se pencher et faire en sorte qu'ils aient une situation équivalente au plan civil à celle des autres enfants. Et qu'ils ne soient pas stigmatisés en raison de leur différence de « parenté ». Sachant, et là j'insiste, que ces enfants existent déjà, sont pour certains adultes, et entendent ce que les chrétiens (entre autres) disent sur eux et leurs soi-disant besoins ou manques, et surtout sur leurs parents ! Or, je n'ai pas besoin de rappeler je pense,  qu'un enfant peut être blessé si l'on critique ses parents, surtout au plan moral justement...ou si ceux-ci sont mis à l'index. Sachant que souvent, quand on prend le temps d'y regarder d'un peu plus près, on découvre que ces parents différents ont un projet parental élaboré, construit, de grande valeur morale justement ! 

Vous l'aurez compris, c'est surtout la situation des enfants et tous ces discours moralisateurs tenus à l'encontre de leurs parents qui me préoccupent. La famille est en pleine mutation. Elle s'est déjà transformée. Or, je pense que notre société et notre Église sont suffisamment adultes et intelligentes pour penser cette famille plurielle, pour se mettre en capacité de l'accueillir et surtout de la soutenir, quelle que soit la forme qu'elle prenne. C'est ça, défendre « la famille ». Enfin, c'est juste mon avis... 

Bon, je m'arrête là, la semaine prochaine, on parlera d'autre chose. Des pré-catéchumènes aux prises avec la Bible peut-être ou de théoFOR qui va redémarrer sur le thème des Ministères, ou encore de la préparation au mariage. On verra. 

Amicalement comme toujours. 

Catherine

oOo

Lundi 14 janvier 2013 

Amis de Murmure, bonjour à tous, 

J'étais avec ma fille (16 ans) hier soir lorsqu'elle regardait les images à la télévision de la manifestation parisienne contre le mariage pour tous. Elle s'étonnait du nombre important de participants. Elle s'étonnait aussi qu'on puisse s'opposer au mariage des homosexuels qu'elle considère comme « normal ». Je ne sais pas à partir de quel matériau elle s'est forgé son point de vue, pas à partir de celui de ses parents en tout cas, car nous n'avons pas échangé avec elle sur ce sujet. Je pense qu'elle a été influencée par la présence, dans notre entourage proche, d'un couple d'amis homosexuels qu'elle a toujours vu uni. Que cette union se transforme un jour en « mariage » (ce que le couple d'amis ne revendique pas...) ne lui pose pas de problème. Par contre, et là j'ai surprise, elle se dit être contre l'adoption d'un enfant par un couple homosexuel. Car pour elle, un enfant doit avoir une mère et un père (comme c’est le cas pour elle...).

Alors là, je me suis autorisée à intervenir dans son cheminement pour lui faire prendre conscience d’un état de fait. A savoir, que les enfants de couples homosexuels ne sont pas à venir, éventuellement, si une loi le permettait, mais existent déjà dans notre société, et ont pour certains atteint l'âge adulte. Et, si l'on se fie au témoignage que certains veulent bien donner, il semble qu'ils aillent « bien », pas mieux ou plus mal que les « autres », ceux issus de familles composées d'un homme et d'une femme. 

Ces enfants existent donc, et je pense que c'est normal qu'ils revendiquent d'avoir un état civil à égalité de dignité avec celui des autres citoyens. Autrement dit, le droit d'avoir deux parents et pas un seul, alors que dans les faits, deux personnes les ont éduqués.

Ma fille a été surprise par mon propos. Je sais que c'est troublant. Mais je pense qu'une société comme la nôtre doit réserver un traitement digne à ces enfants éduqués par des parents différents et que la reconnaissance qu'elle leur accorde doit être équivalente à celle accordée à tous les autres enfants. On ne doit pas être privé (devant la loi) d'un de ses parents du fait qu'il est homosexuel alors qu'il a assumé (ou va assumer) sa fonction parentale.

Mon propos va peut-être choquer. Ce débat « divise » les chrétiens de mon entourage. Hier, il y avait ceux qui, à Besançon, prenaient le bus (sous entendu pour aller à la manifestation) ou qui soutenaient ceux qui faisaient cette démarche et les autres (dont je faisais partie vous l'avez compris), pour qui il n'était pas question d'aller à une telle manifestation (pour des raisons très diverses d’ailleurs).

Personnellement, quand je suis face à une question morale de ce genre, je me pose la question suivante: si Jésus-Christ revenait parmi nous aujourd'hui, que ferait-il ? Concernant le mariage pour tous, je ne sais pas s’il serait allé à la manif de dimanche ou pas, ou ce qu’il dirait du mariage. Par contre, je sais qu'il irait au devant des enfants de couples homos et au devant d'enfants conçus par une mère porteuse. Pour veiller à leur bonne intégration dans la société et dans l’Eglise. Et qu'il irait rencontrer ces hommes et ses femmes qui ont un projet parental « autre », les parents donc de ces enfants, pour veiller aussi sur eux. Il a toujours été à la rencontre de ceux que la société de son temps marginalisait....

Je pense qu’au lieu de parler SUR les couples homos ou sur les besoins de leurs enfants, il serait bon que les chrétiens aillent parler AVEC eux. 

Bon et puis défiler derrière une nana qui s'appelle Frigide Barjot dans les rue de Paris (où je suis née...), pour la protestante que je suis, c'est impensable (indépendamment de la différence de religion ou de conviction politique...). 

En espérant ne pas vous avoir choqué avec cet étonnement... 

Amicalement comme toujours 

Catherine

oOo

 

Vendredi 4 janvier 2013
 

Amis de Murmure, bonjour, et très bonne année 2013 à vous tous.

Les vacances s'achèvent pour moi. Il est temps de reprendre les activités habituelles, lire, écrire, réfléchir...

Quand je dis « vacances » en cette période de l'année, n'imaginez pas de longues heures de repos ou de divertissement. Si je suis bien en congé de mes activités professionnelles, c'est pour mieux assurer la direction de ma maisonnée et de ma maison, lieu des retrouvailles familiales. Si bien que lorsqu'on me demande comment j'ai passé Noël, je réponds (comme Léon), « méthodiquement ». Car il faut faire preuve d'une certaine organisation pour enchaîner tous ces repas de fête (plus les repas ordinaires): établir les menus, faire les provisions, cuisiner, décorer, proposer des activités adaptées à quatre générations (enfants, ados, trentenaires, parents âgés désorientés), coucher confortablement chacun, nettoyer, faire les lessives, repasser... un travail donc, au plein sens du terme.

Dans ces moments là, l'Évangile, avec son histoire de Marthe et Marie ( je me demande toujours en quoi peut bien consister le service « compliqué » de la pauvre Marthe...), n'est d'aucun secours. Je me tourne plutôt vers quelqu'un comme Annie Leclerc, une féministe, mais une féministe qui valorise le travail ménager habituellement assuré par les femmes (ce qui lui a valu son exclusion du mouvement féministe). Dans Parole de femme, elle écrit ceci à propos des tâches ménagères : « Un travail qui a le sens même de tout travail heureux, produire de ses mains tout ce qui est nécessaire à la vie, agréable à la vue, au toucher, au bien-être des corps, à leur repos, à leur jouissance... ». Je trouve cette pensée inhabituelle et décalée sur les tâches ménagères, réconfortante.

J'ai repensé à cette philosophe tout à coup, pas uniquement à cause des tâches ménagères mais parce que j'ai reçu en guise de vœux, de la part d'Aleph Écriture, ce message étonnant, qui a retenu mon attention, et qui est tiré d'Épousailles (du même auteur):
 

Au lieu de dénoncer infiniment ce qui nous empêche,

appréhendons ce qui nous permet, ce qui nous habite et nous favorise.
 

Je ferai de cette citation mon mot d'ordre pour 2013.

Bon début d'année à tous.

Amicalement comme toujours.
 

Catherine

oOo

 

Vendredi 21 décembre 2012 

Amis de Murmure, bonjour à tous 

C'est aujourd'hui l'hiver (et non la fin du monde...). Si l'envie vous vient d'écouter un bel hymne à cette  saison, rendez vous sur Youtube, demandez l'hiver de Vivaldi par Accentus et savourez. 

Bon, vous êtes plusieurs ces temps- ci à m'avoir demandé des nouvelles (c'est très chrétien...) ou encore la « suite » de mes étonnements. Il est vrai que j'aborde différents sujets, évoque différentes personnes de mon entourage,  en passant du coq à l'âne. Mon propos est très fragmentaire pour ne pas dire décousu. Je comprends que certains lecteurs puissent rester sur leur faim. 

Alors, pour clore l'année 2012, reprenons le fil de quelques étonnements.

Au sujet de mon adhésion à l'AMAP et de mon abonnement à un panier hebdomadaire de légumes bio: c'est plutôt une réussite. Tous les week-end, je cuisine d'excellents légumes tout frais et fais toutes sortes de découvertes. Car en plus des légumes courants (poireaux, carottes, pommes de terre), nous mangeons des légumes nouveaux (c'est à dire anciens ou oubliés) du genre: topinambours (« topis » pour les habitués- délicieux !), rutabagas, choux rave, courge Butternut, choux chinois, pâtissons, courge spaghetti (vraiment étonnante celle-ci). Conclusion: changer ses habitudes pour mieux se nourrir en soutenant le travail de producteurs raisonnables, c'est vraiment facile. 

Petite Poucette (mon fils, le mutant) avec ses méthodes particulières de révision (on n'ouvre surtout pas le cours du prof, mais on surligne le bouquin, et on cherche des cours sur Youtube avec son smartphone, ou mieux, on téléphone à une copine qui a réponse à tout et qui obtiendra le bac avec 19,5 de moyenne (vraiment étonnante celle-ci aussi) : il a eu son bac (mais pas avec 19,5 de moyenne car pour avoir une telle moyenne, j'ai compris, il faut cumuler les anciennes méthodes de révision ET les nouvelles...). 

Le sauveur de l'humanité (je parle de mon sapeur pompier de fille) va bientôt débuter sa formation (240 heures) après laquelle elle pourra aller en intervention (mon Dieu !). Pour le moment, elle joue le rôle de la victime lors des manœuvres et fait la fierté de la caserne depuis qu'elle a remporté le cross départemental. Courir vite dans la boue peut être effectivement un atout quand on est secouriste et qu'on habite au bord d'une rivière (la Loue) qui a la fâcheuse tendance à sortir de son lit, surtout en ce moment... 

Côté vie ecclésiale, pas de grand étonnement cette année si ce n'est cette prolifération de cols romains chez les jeunes prêtres de mon entourage. Cet habit me laisserait totalement indifférente s'il n'était pas si austère, si sévère. C'est pire que la grande robe noire des pasteurs réformés (qu'ils ne portent que pour le culte..). Or, notre monde est déjà si austère en ces temps de crise, pourquoi en rajoutent-ils ? 

Côté travail, j'ai fini par adhérer à un syndicat, celui dont l'actuel Secrétaire est un ancien de la JOC (ça m'a rassurée au moment de l'adhésion). C'est décidé, avec un petit groupe de collègues, on va travailler à l'amélioration de nos conditions de travail. On a déjà commencé par un programme de rénovation des bureaux, puis on attaque les relations professionnelles et le projet de service.  Je rêve de la mise en œuvre d'un modèle d'organisation apprenante. Mais pour le moment, je prêche dans le désert. L'adhésion au syndicat, ce n'est pas par idéologie, mais pour ne pas avancer seule, sans protection, sans conseil. 

Voilà, avec ce tour d'horizon, les curieux savent tout ou presque. 

Reste à vous remercier pour votre fidélité à cette page de Murmure et à vous souhaiter beaucoup de JOIE ( plus forte qu'un hypothétique bonheur...) en ces temps de Noël qui arrivent. 

Bien à vous et bon Noël.  

Chaleureusement. 

Catherine

oOo 

 

Samedi 8 décembre 2012 

Amis de Murmure, bonjour à tous, 

Je m'étonne moi-même. Pour la première fois en 25 ans de vie professionnelle, j'ai répondu positivement à l'invitation à une réunion syndicale. Il faut que je précise que c'est la première fois que je suis conviée à une telle réunion et que c'est la première fois aussi qu'une réunion de ce genre a lieu dans mon service. Vous allez peut-être sourire...

C'est une jeune collègue, Solène,  35 ans, qui a sollicité les syndicats pour les alerter sur notre situation et leur demander du soutien.

Qu'en est-il ?

Si je m'en tiens aux faits: 3 directeurs successifs en 5 ans dont une nouvelle directrice qui trouve sa  nomination « sympa » mais qui veut « casser » l'organisation en place (!). Départ à la retraite de deux  sous-directeurs (des personnalités qui ont marqué « l'histoire »), non anticipé. Remplacement par deux nouveaux responsables, au profil commercial, qui ignorent presque tout du contenu de notre activité. Ils  nous annoncent une baisse d'activité et des ressources financières (sans aucun chiffre à l'appui), or les agendas explosent. Ils nous demandent de « développer », et lorsqu'on n'arrive plus à suivre au niveau réalisation, ils nous disent qu'on ne peut pas embaucher.

Le matériel informatique (qui est devenu notre principal outil de communication) est obsolète mais n'est pas remplacé, par contre on doit travailler plus et plus vite, dans des locaux vétustes et inadaptés. Rien de grave s' il n'y avait nos « clients » qui sont des adultes engagés dans des démarches de formation, de reconversion professionnelle ou qui sont, selon l'expression actuelle, en « transition professionnelle », et qui comptent sur nous. Sur nos réponses rapides par mail, nos conseils, notre efficacité, car eux, ont des échéances à respecter.

Solène est sociologue de formation. C'est une intellectuelle. Elle aime comprendre, étudier, analyser. Son travail consiste à piloter des projets ou concevoir des dispositifs de formation. L'année dernière, elle a été en arrêt maladie 6 mois pour dépression. Elle est revenue, un peu « cassée », avec le drôle de projet d'aller passer 3 mois seule (alors qu'elle a 3 enfants) en Mongolie.

Une autre de nos collègues, alors qu'elle était proche de la retraite, était devenue légèrement dépressive elle aussi, alors qu'elle était très investie dans son travail. Les derniers mois, elle prenait des heures (sur son temps de travail) pour aller consulter un psychologue. Elle menait une recherche sur ses origines disait-elle mais je pense qu'avec le psy, elle devait beaucoup parler de la vie au bureau.

Une troisième collègue, partie à la retraite après un arrêt de travail prolongé, répétait souvent les derniers temps cette phrase étrange: « je ne comprends plus mon environnement », alors qu'elle aussi était une brillante intellectuelle, toujours très professionnelle.

Bref, quand Solène m'a exposé son projet de mobiliser les syndicats pour mettre en place un contre pouvoir et qu'elle m'a dit sa « foi » en  une démarche collective pour faire « bouger les choses », je me suis laissée convaincre et lui ai apporté mon soutien . (Je lui ai reparlé de son voyage en Mongolie. La durée du séjour a été ramenée à 3 semaines. C'est bon signe...).

Il est temps de protester je crois et de travailler à l'amélioration de nos conditions de travail.

Ce qui me questionne, c'est que notre situation n'est pas un cas isolé semble-t-il. A ThéoFor, aujourd'hui, beaucoup d'échanges au cours du repas ont porté sur la dégradation des conditions de travail. Ça devient alarmant. 

Amicalement comme toujours. 

Bon temps de l'avent à vous. 

Catherine

oOo

Dimanche 25 novembre 2012 

Amis de Murmure, bonjour à tous, 

Nos cousins d'Espagne viennent de quitter la maison dans leur camping-car. Direction St Raphaël puis Barcelone en Catalogne.

Tous les deux sont français, originaires de Haute-Marne. Lui, a toujours vécu en Espagne mais a conservé la nationalité française. Elle, a suivi son conjoint après leur mariage mais a dû prendre la nationalité espagnole pour trouver du travail. Tous les deux comprennent très bien le catalan mais refusent de le parler car ils n'adhèrent pas au projet indépendantiste de la région catalane et s'opposent à ce qu'ils considèrent comme une forme de repli identitaire.

Le couple n'a pas pu avoir d'enfant. Alors ils ont adopté deux orphelins. Un petit mauricien et une sri-lankaise, devenus adultes aujourd'hui. Ils ont tout d'abord vécu dans une maison en bord de mer puis ils ont fui les désagréments des zones touristiques et se sont réfugiés dans le vignoble catalan, (là où l'on aperçoit parfois sur les routes, les citernes françaises Moët et Chandon…).

Leur fils (28 ans) est électrotechnicien. Il est parti à Madrid où il avait trouvé du travail. Mais il a été licencié. Depuis, il enchaîne les CDD (contrat à durée déterminée). Son dernier employeur ne le rémunère plus depuis plusieurs mois (en raison de difficultés financières) mais il ne le licencie pas pour autant ( !?), alors le jeune ne peut pas percevoir le chômage. Sans revenu, il est revenu vivre chez ses parents, avec sa compagne sans emploi elle aussi. Il a engagé un procès contre son employeur. L’affaire devait passer au tribunal en décembre, mais le procès vient d'être repoussé en avril...

Au quotidien, la cohabitation entre les générations n'est pas simple. Rythme de vie, alimentation, habitudes ne sont pas les mêmes ce qui génèrent des tensions au sein de la famille. Du coup, nos cousins envisagent de céder leur maison en Espagne à leur fils et de revenir en France prendre leur retraite en Haute-Marne.

Leur fille (25 ans) est secrétaire, en CDD également. A plusieurs reprises, elle a accepté des diminutions de salaire pour éviter un licenciement. Elle a deux jeunes enfants. Son conjoint, un ouvrier dans le bâtiment, ne travaille que quelques jours par mois, quand il trouve du travail....Le jeune couple ne parle que le catalan, au grand désespoir de notre cousin, qui voit rouge lorsque les jeunes arborent le drapeau catalan à leur balcon lors des fêtes régionales, ou fréquentent les milieux indépendantistes.

Chez eux, nos cousins imposent le français (excepté aux conjoints bien sûr). Inès, la petite fille de 6 ans parle déjà 3 langues: le catalan, l'espagnol et le français. Quand elle vient en vacances en Haute-Marne, elle réclame d'aller à « l'école française ». Elle nomme ainsi le centre aéré communal où elle s'intègre sans aucune difficulté parmi les enfants du village.

D'ici à ce qu'elle vienne un jour étudier ou travailler en France si la situation en Espagne s'aggrave, il n'y a qu'un pas...A moins qu'elle n’aille rejoindre sa marraine qui vit à Berlin, et parle 5 langues couramment: le catalan, l'espagnol, le français, l'anglais et l'allemand. Ou qu'elle n’aille encore plus loin, au Canada par exemple, où deux jeunes (français) de mon entourage sont partis s'installer récemment car ils ne trouvaient pas de travail en France. 

Arrive parfois le moment où IL FAUT quitter son pays... 

Amicalement comme toujours. 

Catherine

oOo

Dimanche 11 novembre 2012

 

Amis de Murmure, bonjour à tous, 

J'ai assisté ce matin à la cérémonie commémorative du 11 novembre au monument aux morts. N'imaginez pas un acte citoyen de ma part. Je n'affectionne pas particulièrement ce genre de commémoration (à tort sûrement). Je m'y suis rendue pour voir ma fille (16 ans), revêtue pour la première fois de son uniforme de sapeur pompier. Ce sont en effet les pompiers qui animent traditionnellement, avec la fanfare « la Fraternelle », et parfois les écoles primaires, la cérémonie. Elle était fière (et un peu gênée) de porter ce qu'elle appelle « sa tenue ».

Toute mon attention était polarisée sur mon enfant. Je repensais à l'entretien de recrutement qu'elle avait passé à la caserne avant de signer son contrat. Elle m'avait demandé de l'accompagner. Je croyais qu'on allait à un entretien d'information. J'ignorais qu'elle avait posé des jalons et qu'il s'agissait d'un entretien d'embauche.

Je suis entrée dans le bureau du Chef de secteur avec une gamine et en suis ressortie avec un sauveur de l'humanité. A la question, cruciale, portant sur ses motivations (pourquoi veux-tu entrer chez les pompiers ?) elle a simplement et naturellement répondu: « pour sauver des vies ». Le propos aurait pu faire sourire. Mais les pompiers l'ont pris très au sérieux (heureusement) et lui ont fait signer sur le champ un contrat de 5 ans. J'étais uniquement là en prévision d'une signature complémentaire à apposer sous la mention « représentant légal ». Autant dire que j'avais été placée devant un fait accompli...

Je repensais à tout cela, encore toute étonnée de voir ma fille dans son uniforme de pompier, et écoutais d'une oreille distraite la lecture des lettres officielles. Quand le maire adjoint de la commune, une ancienne prof de lettres (je crois...) et animatrice d'une troupe de théâtre amateur de talent (les Menteurs d'Arlequin), a pris la parole. Elle s'est adressée directement aux jeunes, nombreux parmi la troupe de pompiers mais aussi dans la fanfare et dans le public, et ce spontanément, sans lire un texte ou discourir. Et elle leur a expliqué qui étaient ces anciens combattants dont les pompiers proclamaient les noms en criant « mort pour le France » (ce qui amuse les enfants…). Non pas des vieux messieurs comme on aurait tendance à l'imaginer en regardant les porte-drapeau, mais des hommes très jeunes, « comme vous » leur a-t-elle dit, « qui ont quitté leur famille, leur école, leur amour (ma fille est amoureuse en ce moment) pour aller sur les champs de bataille où ils allaient, pour beaucoup d'entre eux, perdre la vie ». J'ai vu le visage de mon sapeur changer de couleur. Du rose, il est passé au blanc. 

Ma fille m'a dit, en retirant son casque rutilant, avoir été émue par les paroles de l'adjointe au maire.  

Moi aussi j'ai été touchée. 

Un peu de pédagogie dans ce type de cérémonie fait beaucoup de bien, et pas qu'aux jeunes... 

Amicalement comme toujours. 

Catherine

oOo

Mercredi 23 octobre 2012

 

Amis de Murmure, bonjour à tous 

J'ai fait l'effort vendredi dernier de retourner le soir à Besançon pour assister à une conférence organisée par l'Observatoire Social Diocésain. J'étais fatiguée par une semaine passablement chargée mais le thème m'intéressait. Il s'agissait d'un sujet de société devenu majeur: la dépendance. Sous-entendu des personnes âgées.

Je me sens concernée par la question car mes parents et beaux-parents vieillissent.

La conférence était donnée par Jeannette Gros, présidente de la MSA jusqu'en 2005, présidente de la Conférence régionale de santé de Franche-Comté jusqu'en 2010, ancien membre du Conseil économique et social national et actuel membre de l'Observatoire Social Diocésain. Autant dire quelqu'un de qualifié pour aborder un tel sujet. Effectivement, l'exposé, très précis, bâti à partir de statistiques portant sur la démographie et les dépenses, donnait un bel éclairage sur la situation: 1, 2 millions de personnes dépendantes en France aujourd'hui, un chiffre qui aura presque doublé en 2040,  pour une dépense publique de 24 milliards d'euros. La Franche-Comté compte elle 23 000 personnes dépendantes, un nombre qui passera à 33 000 en 2020 et à 34 500 en 2030. 

Après avoir abordé les aspects démographiques et économiques, Jeannette Gros a empoigné les problématiques liées à la dépendance, comme le « reste à charge des familles » quand un parent est placé en EHPAD (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) qui s'élève en moyenne à 1400 euros par mois (!). Ou la difficulté du secteur de l'aide à domicile à former et fidéliser son personnel. Un responsable de l'ADMR (Association d'aide à domicile en milieu rural) présent dans la salle a d'ailleurs témoigné de sa difficulté à recruter en milieu rural. Un paradoxe en période de chômage, mais situation qui s'explique par le manque d'attractivité de ces métiers (temps partiel, horaires décalés, emploi du temps incertain, précarité, lourdeur des situations au plan humain, manque de reconnaissance...). Et enfin, dernier point, non des moindres et qui me concerne indirectement: l'épuisement des aidants. La conférencière a lancé un véritable cri d'alarme à ce sujet. Les observations sont alarmantes concernant les aidants des personnes dépendantes (3 millions de personnes dont 70 % de femmes), autrement dit les conjoints, enfants ou proches qui accompagnent dans le quotidien un parent âgé et handicapé. Ils s'épuisent, au point que certains meurent prématurément et avant la personne aidée. « Il faut trouver des solutions de répit » a expliqué Jeannette Gros. Son message m'a interpelée.

Trois jours plus tard mes beaux-parents arrivaient à la maison pour une semaine de vacances. Les troubles du comportement de mon beau-père (88 ans) polarisent l'attention de toute la famille. Mais j'ai bien vu que ma belle mère (79 ans) était amaigrie, visiblement fatiguée, et prenait un traitement pour des troubles digestifs alors qu'elle ne prend aucun médicament habituellement. Passée la semaine de vacances, « il faut trouver des solutions de répit » pour elle me suis-je dit et rapidement...Car il ne faudrait pas que ce qui se présentait comme une grâce, c'est à dire « une longue vie rassasiée de jours » (comme il est dit dans la Bible, à la fin du livre de Job, je crois) se transforme en un calvaire... 

Jeannette Gros a vraiment bien fait d'attirer notre attention sur la fragilité des aidants... 

Amicalement comme toujours. 

Catherine

 

oOo
 

 

Mercredi 10 octobre 2012 

Amis de Murmure, bonjour à tous, 

Reprenons notre conversation à propos de ThéoFor. C'est important de converser. La « conversation » est d'ailleurs une fonctionnalité que m'offre mon nouveau Smartphone (qui me permet de consulter Murmure à tout moment et en tout lieu ce qui est formidable...). Concrètement, mes SMS ne sont plus classés chronologiquement mais par «amis », ainsi je peux suivre les échanges que j'ai avec mes différents interlocuteurs. C'est beaucoup plus convivial...

Converser, c'est aussi ce que Dieu fait avec nous. C'est ce qui est dit dans la constitution Dei Verbum du Concile Vatican II (« la perle du Concile », je crois que c'est ainsi qu'on l'appelle).

Au chapitre 2, il est écrit ceci: « Dieu invisible s'adresse aux hommes en son immense amour ainsi qu'à des amis; il s'entretient avec eux pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie ». La communication de Dieu avec les hommes serait donc une conversation entre amis, c'est important à retenir.

Mais revenons à ThéoFor. Où la journée d'étude était consacrée à « l'Eglise, Peuple de Dieu et sacrement du salut pour le monde ». Nous étions en fin de journée et nous écoutions le Père Eric Poinsot nous parler de l'amour de l'Eglise, et des liens entre l'Eglise et Dieu. Quand tout à coup il en est venu à évoquer l'eucharistie. Il avait visiblement envie de partager avec nous une intuition. Il a dit ceci: (j'espère être capable de restituer fidèlement l'idée même si les termes ne sont pas tout à fait identiques aux siens) Dieu, en s'incarnant dans Jésus-Christ, a connu une certaine forme d'humanité, dans un temps et une époque donnés: il a été un homme, de 0 à 30 ans, charpentier, vivant en Palestine, il y a 2000 ans, il a été prédicateur, a connu la prison, la torture, la peine de mort. En ce temps là, il n'a pas été une femme, ni un homme âgé, ni un handicapé ou un malade, ni un asiatique...Par contre, à chaque eucharistie depuis, en s'incorporant à chacun de nous, il incorpore toutes les autres formes de réalité humaine possible, tous les âges, les sexes, les origines, les modes de vies, les métiers, les souffrances, les joies... ainsi il devient consanguin de nous (et réciproquement). Le père Poinsot a employé le mot « co-corporel » et a repris les propos d'Elisabeth de la Trinité qui disait que « le Christ vit une espère d'humanité de surcroît » sous entendu dans l'Eucharistie. 

Je n'avais jamais pensé à cela. On voit plutôt le mouvement par lequel, nous, nous incorporons le corps du Christ lors de la communion et on oublie la réciproque. 

Etonnant non ? 

Amicalement comme toujours. 

Catherine

oOo

 

Mercredi 3 octobre 2012

 

Amis de Murmure, bonjour à tous,

 

J'ai appris des choses étonnantes en me rendant à ThéoFor samedi.

Un nouveau mot pour commencer. Le mot « épithalame ».

« Epithalame » signifie « chant nuptial ». L'épithalame est donc un poème composé à l'occasion d'un mariage.

Une partie du Psaume 44 (45) en est un. Le Cantique des cantiques également. Il était dans la tradition des anciens, que le jeune marié (ou un groupe de jeunes gens) déclame un poème à l’épouse « sur le lit nuptial » pour lui dire son amour (tradition qui s’est perdue semble-t-il, dommage…).

 

Extrait du psaume 44

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire, vêtue d'étoffes d'or.

On la conduit, toute parée, vers le roi. Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;

On les conduit parmi les chants de fête : elles entrent au palais du roi.

A la place de tes pères se lèveront tes fils ; sur toute la terre tu feras d'eux des princes.

Je ferai vivre ton nom pour les âges des âges : que les peuples te rendent grâce, toujours, à jamais !

 

Pourquoi cette lecture ?

Pour nous faire percevoir l'ardeur de l'amour qui peut lier le Christ à son Eglise (et réciproquement).

Parce que nous méditions avec le Père  Eric Poinsot sur un passage de la Lettre aux Ephésiens (ch5, 25-32) où Paul, pour faire  comprendre la nature du lien entre l'Eglise et le Christ emploie l'image du mariage. Mais pas n'importe quelle union, un mariage où les époux sont respectueux l'un vis-à-vis de l'autre, attentionnés et s'aiment ardemment au point de constituer une « chair nouvelle ».

 

C'est cette image de la noce comme représentation des relations entre l'Eglise (nous) et le Christ qui nous a été renvoyée samedi. Accompagnée de cette question, troublante:

 

Aimez-vous l'Eglise ? (Sous entendu ardemment, au point de lui chanter des épithalames ?)

 

Aimer l’Eglise, oui sûrement, à ce point là, pas toujours je crois…

 

Et VOUS, aimez-vous l’Eglise ?

 

La semaine prochaine, je vous parlerai de ce que j'ai appris sur l'Eucharistie.

 

Bonne semaine à vous.

 

Catherine

 

oOo

 

Dimanche 23 septembre 2012

 

Amis de Murmure, bonjour à tous

 

C'est le Père Poircuitte (ça ne s'invente pas...) qui est venu dans mon village dire la messe ce matin. Cet homme, âgé de 85 et amputé d'une jambe, était tout heureux de venir célébrer parmi nous. Il s'est présenté comme étant une rustine (ça non plus ça ne s'invente pas...) un remplaçant si vous préférez. Il était très en verve pour commenter les lectures et parler de Jésus-Christ en faisant des liens avec la vie d'aujourd'hui (qu'il trouve disloquée...). Son homélie a plu.

En l'écoutant j'ai repensé à mon amie Pascale, la marraine de mon fils. Je vous ai déjà parlé d'elle par le passé, et de son « évolution » dans la foi. Il fut un temps où accompagner son fils au caté et prier un Notre-Père était trop demandé, ça l'agaçait. Puis, elle a vu le film de Xavier Beauvois, Des hommes et des dieux, et surtout, elle a rencontré un prêtre qui lui a expliqué le film. J'ignore quel était le contenu de ces explications. Ce que je sais, c'est que depuis, elle va régulièrement à la messe écouter ce prêtre et qu'elle s'embarque dans des lectures spirituelles du genre: Le corps pensant  essai sur la méditation chrétienne- de Christian Belin.

Cette amie n'est pas un cas isolé.

Il y a mon ami Francis aussi. Lui allait à la messe une fois par an aux Rameaux. Puis, il y est allé une ou deux fois de plus pour accompagner sa fille qui suivait le caté. Il a alors été repéré pour ses compétences en informatique et il a été sollicité pour concevoir un site internet. Pas le site de la paroisse comme on pourrait le supposer mais le site des nomades urbains de Bordeaux,  les pèlerins d'aujourd'hui, c'est ainsi qu'ils se présentent. La démarche de ces nouveaux pèlerins est simple: ils se fixent un lieu de rassemblement, une fois par mois, dans un lieu sans cesse renouvelé de la ville, pour célébrer l'eucharistie. Le site créé par mon ami sert à diffuser les infos entre les nomades. Il est consultable à cette adresse

http://www.unemesseailleurs.com/

 

 

A la suite de quoi, en assistant aux assemblées d'une Messe ailleurs, mon ami a rencontré un prêtre qui lui a expliqué la théologie de l'engendrement. Il me l'a résumée en une phrase: « pas un Dieu en surplomb, au ciel, qui donne des directives, mais un Dieu qui vient de nous, de nos vies... ». Il a été enthousiasmé, depuis il va a la messe régulièrement une fois par mois.

Étonnant non ?

 

J'en conclus qu'il existe une vraie soif d'enseignement chrétien parmi les peu pratiquants ou éloignés de l'Église.

 

Dans le même temps, mon ami Guy qui est prêtre et brillant théologien, un homme à la pensée éclairante et inspirée, se morfond dans sa paroisse conservatrice et réclame d'être envoyé AILLEURS pour innover et annoncer l'évangile à ceux qui sont en recherche...Mais l'Église lui commande de rester là où il est.

 

Moi je le verrais bien à la tête d'une initiative comme La messe ailleurs.

 

Je trouve la démarche intéressante.

 

Et vous ?

 

A la semaine prochaine

 

Catherine

 

oOo

 

Vendredi 14 septembre 2012

 

Amis de Murmure, bonjour à tous,

 

Restons encore un moment avec Margot Kässmann si vous voulez bien. L’évêque allemande a un point de vue original sur l’existence dont je voulais vous faire part.

Dans son dernier livre, Au milieu de la vie, quel avenir après cinquante ans ? (dont je vous ai parlé la semaine dernière), elle écrit ceci : « nous ne vivons jamais parfaitement dans la plénitude, nous  nous battons et nous échouons, et parfois il nous arrive de célébrer des victoires. Notre ancrage dans le monde n’est que provisoire, et notre enracinement ecclésial est souvent marqué par des oppositions et des blessures (…). Oui, notre vie subsiste comme un simple FRAGMENT.

 

Je trouve cette mise au point sur ce que peut être l’existence éclairante et le choix du terme « fragment » intéressant. Moi aussi je perçois ma vie comme étant un simple fragment, une bribe. Pas au sens de « brisure » mais plutôt au sens de « partie d’une œuvre dont l’essentiel n’a pas été composée » comme dit mon dictionnaire. Autrement dit, une chose imparfaite et limitée.

 

J’ai d’autant mieux reçu cette idée que je sortais de 3 journées de formation à l’écriture de fragments autobiographiques. Cette formation, qui répondait au besoin de mettre un peu d’art dans mon existence, m’a permis de pratiquer l’art du bref, de la précision et de l’évocation.  J’ai surtout découvert à quel point un fragment littéraire pouvait être beau avec les maîtres du genre que sont Georges Perec (Je me souviens...),  Joe Brainard, Marie Darrieussecq, Michel Leiris, Christian Bobin, Peter Handke, Sophie Calle, Valérie Mrejen… 

 

Exemple de fragment (choisi parmi tous ceux qui ont été lus pendant la formation parce qu'il évoque JC):

« Eli, Eli, lamma sabacthani...

Catéchiste, j'entendais le Christ crier quand je lisais ce nom « Jésus- Christ » ou quand on le prononçait devant moi, en escamotant comme il sied la terminaison st.

Pourrait-on, stoïcien pur, ne pas ahaner sous le faix et garder le silence lorsque, afin de les racheter, on assume tous les péchés du monde et la souffrance qui doit en payer le prix ? »                                                                                                                              Michel Leiris, dans A cor et à cri.

 

Bref, il en va pour la vie comme pour le fragment. Même brève, inachevée ou entrecoupée, elle peut être belle. Paradoxalement, on vit mieux une fois ce principe de finitude et d’incomplétude intégré à son quotidien. C’est la thèse du pasteur allemand. Personnellement, je suis convaincue par cette idée.

Et vous ?

 

Amicalement comme toujours.

 

Catherine

 

oOo

 

Jeudi 30 août 2012

 

Amis de Murmure, bonjour à toutes et à tous.

 

Heureuse de vous retrouver sur cette page de Murmure pour partager encore, l'année durant, quelques fragments de vie, de pensées et de foi.

 

J'avais envie de vous parler d’un livre formidable que j’ai lu cet été, celui que Margot Kässmann a consacré au « milieu de la vie ».

 

Vous connaissez Margot Kässmann ?

C'est une pasteure luthérienne allemande. Elle a été plus de 10 ans évêque de l'Eglise protestante de Hanovre et surtout, elle a été la première femme élue à la tête de  EKD, (l'Evangelische Kirche in Deutschland), autrement dit de la très importante Église protestante unie d'Allemagne. A la tête de laquelle elle n'a pu rester très longtemps car elle a été arrêtée au volant en état d'ivresse. Incident qui l’a contrainte à démissionner. Depuis, ironie du sort, elle vend encore mieux ses livres. Ce qui lui fait dire que Dieu a beaucoup d'humour...

 

Elle est connue pour la qualité de ses prédications, son action pastorale, ses engagements pour l’œcuménisme. Elle a eu quatre filles d'un époux pasteur dont elle a divorcé. Elle a été soignée pour un cancer du sein dont elle a guéri et actuellement, elle est l'Ambassadrice pour le Jubilé de la Réforme qui aura lieu en 2017.

 

Mais revenons-en Au milieu de la vie, quel avenir après cinquante ans ?, son dernier livre (chez Labor et Fides).

Comment dire, ce livre n'a rien d'extra-ordinaire, mais il est essentiel. Il traite de ce qui se passe lorsqu'on atteint la cinquantaine en se disant qu'on est au milieu de sa vie et qu'on a encore un bon bout de chemin à faire, le chemin comprenant en perspective le vieillissement et la mort. Il répond à toutes sortes de questions comme : Que faire de ce temps qui reste à vivre ? Comment le vivre ? Comment faire face aux épreuves ? Des questions importantes... Auxquelles Margot Kässmann répond avec pragmatisme, intelligence et tout son vécu, de femme, de mère, de pasteure, et de théologienne. 

 

Avec Margot, on est dans le concret de la vie. Elle commence par la description de ce qui arrive quand on atteint la cinquantaine, que ce soit au niveau du corps, dans sa vie familiale ou de célibataire, au travail, dans les relations : troubles de santé,  départ des enfants et vieillissement des parents, évolutions (pas toujours positives) au niveau professionnel,  déceptions dans les engagements, voire échecs.... Descriptions dans lesquelles on se reconnaît assez vite. Puis Margot Kässman remet ce vécu en perspective et là, on respire. Ses recommandations sont éclairantes et réconfortantes. On apprend par exemple à prendre soin de son corps, à oser des changements, à se poser les bonnes questions, à apprécier et entretenir ses relations ou encore à chercher ce qui nous est propre et à admettre la « finitude ». Il y a beaucoup de tendresse dans le propos de la pasteure. C'est rare dans un livre et ça fait du bien.  On prend de la hauteur  aussi grâce à quelques réflexions théologiques ou commentaires bibliques (de grande qualité). Elle propose par exemple une relecture étonnante de la vie du prophète Élie.

Le livre est plein d'humour et de sagesse. Vraiment, je vous le recommande en cette période de rentrée.  Mais attention, c'est très protestant. Certains lecteurs trouveront peut-être le propos moralisateur. Personnellement, j’aime bien ce ton là de temps en temps…

 

Ce livre plein de vie est un vrai « guide pour l’existence » chrétienne inutile de préciser, à l'usage des quinquas (et des autres…).

 

Ce qui épate le plus mon mari dans ce livre, c’est la découverte qu’une femme puisse être évêque.

 

Moi, ça ne m’étonne pas.

 

Bonne rentrée à tous.

 

Catherine