Les étonnements de Catherine

(du 1er septembre 2009 au 1er juillet 2010)

 

Jeudi 1er juillet 2010

 

Amis de Murmure, bonjour à tous,

 

Les églises se vident mais les Pow Wow se remplissent. C’est la réflexion que je me suis faite le week-end dernier en rentrant d’Ornans où ma fille avait campé avec les scouts.

Quand elle m’a annoncé qu’elle voulait participer au week-end « Pow Wow », j’ai cru tout d’abord qu’il s’agissait du thème du week-end et que, en gros, les scouts allaient jouer aux indiens.

Mais quand je suis arrivée sur le site du rendez-vous et quand elle m’a expliqué de quoi il s’agissait, je suis tombée des nues. La ville d’Ornans accueillait un vrai Pow Wow, avec de vrais natifs amérindiens venus directement des USA ! Les scouts étaient conviés au même titre que les autres associations locales pour rendre service sur le site de la manifestation (parking, billetterie, comptage des visiteurs, etc…). Il ne s’agissait nullement de « jouer aux indiens », les « vrais indiens » se chargeaient de l’animation : danses traditionnelles des hommes, danse des herbes sacrées, danse du maïs, cérémonies traditionnelles et prières se succédaient. Le programme de la manifestation annonçait également une série de conférences sur différents thèmes comme la médecine traditionnelle, les prophéties 2012 ( ! ), le maïs sacré, la déforestation…auxquelles s’ajoutaient diverses démonstrations , sans parler des nombreux exposants (bijoux, artisanat, etc…).

Pour moi, les Pow Wow étaient des rencontres entre tribus indiennes, préludes à des chasses ou des guerres. J’ignorais que la coutume perdurait de nos jours et surtout en Europe ! Heureusement, le Pow Wow s’est pacifié, n’est plus annonciateur de combats mais est devenu « moment privilégié pour se retrouver entre Nations et célébrer les évènements de la vie et des cérémonies » comme l’explique l’association organisatrice suisse « Four Winds ». Les amérindiens viennent « témoigner et partager les valeurs essentielles de leur vision de la vie ».

 

Ce qui m’a étonné maintenant :

-          la dimension fortement « sacrée » de la manifestation à laquelle le public adhère spontanément: le cercle de danse est sacré et impénétrable, les danseurs et surtout leurs plumes ne doivent pas être touchés. Les photos de certaines cérémonies publiques sont interdites (on est en France…).

-          l’affluence énorme : il y avait foule, des milliers de personnes sont venues de toutes la France et de l’étranger à Ornans ce week-end là. Beaucoup portaient un attribut américain : sac ou vêtement à franges, chapeau de cow-boy.

-          Les réactions de ma fille : elle n’a pas aimé les danses sacrées (elle a préféré la veillée scoute), ni les tipis en peau de bête qui sentent mauvais. La rencontre avec les scouts américains dont un indiens, l’a plus choquée qu’autre chose : le scout indien lui a donné un billet de 1 dollar (geste qu’elle n’a pas bien compris), elle a découvert que les scouts américains apprenaient l’usage des armes à feu (pistolets et fusils) et qu’ils chassaient pour se nourrir lors des camps (elle n’en n’est pas encore revenue, son chef non plus….) et le clou : les scouts américains ont demandé aux « guidouilles » de 14 ans combien de fois elles se lavaient par mois, ce qui les a profondément vexées ! La « rencontre entre Nations », c’est pas gagné…

 

Pour en revenir à cette manifestation « sacrée » qui rassemble tant de monde, je me dis que les organisateurs ont compris les attentes et les besoins des hommes et des femmes d’aujourd’hui : s’ouvrir à quelque chose de plus grand que le quotidien, trouver un sens à la vie, découvrir d’autres cultures, être en symbiose avec la nature, prendre soin de son corps avec une alimentation et une médecine respectueuses, protéger la nature.

 

L’Eglise d’aujourd’hui a bien les mêmes préoccupations pourtant, alors pourquoi elle ne rassemble pas autant de monde ?

 

Vous savez, vous ?

 

Je vous souhaite de passer un très bel été, ressourçant et vous donne rendez-vous à la rentrée.

 

Amicalement comme toujours.

 

Catherine

oOo

 

Vendredi 18 juin 2010

 

Amis de Murmure, Salut à tous,

 

Ça y est, la seconde année de ThéoFOR est achevée. (ThéoFOR est la formation organisée par mon diocèse à l’intention des laïcs exerçant des responsabilités dans l’Eglise). Nous avons pris le soin de réunir l’ensemble des participants pour une demi-journée de bilan en présence de tous les relecteurs (chargés de l’accompagnement des groupes au plan local) et  des animateurs soit près de 150 personnes. Ce bilan est encore un bilan « intermédiaire » car la formation se poursuit en octobre pour une troisième année pastorale.

 

Notre rassemblement a pris la forme d’une récollection avec un temps de méditation, un temps de relecture de l’année de formation, une célébration présidée par l’évêque et un repas festif en plein air.

 

Les propos du prédicateur lors du temps de méditation m’ont étonnée. Je m’attendais à ce que ce responsable de l’Eglise nous envoie en mission autrement dit nous exhorte à l’engagement et à « l’ouvrage ».

Ce fut tout le contraire. Il nous a envoyé effectivement, mais nous reposer ! Il a perçu semble-t-il que la plupart des participants à cette formation avaient beaucoup œuvré pendant l’année en plus de leur participation à la formation et qu’ils avaient besoin de repos. A l’image des apôtres qui, de retour de mission, se réunissent auprès de Jésus, lui rapportent tout ce qu’ils ont fait et enseigné, et à qui Jésus dit « venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu ». Marc 6, 30-32.

 

Qu’ont bien pu faire les apôtres pour se reposer, en ce temps-là et dans un endroit désert ? Etait-ce vraiment un coin de désert, un coin inhabité ? Se sont-ils couchés pour dormir ? Ont-ils prié ? Ont-ils repensé à ce qu’ils avaient vécu ? A ce qu’ils allaient faire après le repos ?

 

Pour notre intervenant, le repos passe par un repos nécessaire du corps, de l’esprit et surtout par un re-pos en Dieu. Pour ce faire, il invite à utiliser deux moyens.

Le premier est de faire silence. Ce qui exige d’être seul et à l’écart de toute société humaine. Car le silence permet l’écoute de soi, de Dieu et de la création aussi par la contemplation.

Le deuxième moyen est la relecture de sa vie pour découvrir comment l’Esprit agit en nous et (re)découvrir ainsi le sens de la vie. C’est le moment aussi de relire sa mission en Eglise et de vérifier sa « valeur ». Pour ce faire, un seul critère ou une seule question suffit selon Bernard Miserey, le directeur de l'Institut romand de formation au ministère à Fribourg en Suisse. Il s’agit de se demander si nos missions ont engendré de la Communion.

 

C’est une vraie question. Personnellement, je me la pose pour mes différentes activités dans l’Eglise. L’écriture de cette page par exemple, entraîne-t-elle de la Communion entre nous ? Je m’interroge. Vous en pensez quoi, vous les lecteurs ?

 

Pour en revenir au sujet de départ, le repos, je trouve qu’il est (trop) rare qu’un responsable de l’Eglise demande à ses membres de se reposer, mais c’est vraiment salutaire.

 

Vous ne croyez pas ?

 

Amicalement comme toujours.

 

Catherine

oOo 

Mardi 8 juin 2010

 

Amis de Murmure, Salut à tous,

 

Les membres de l’équipe de coordination de ma paroisse m'ont épatée dernièrement. Ils ont entrepris une démarche pastorale assez originale (à mes yeux…). Elle a consisté à rendre visite à chaque village de notre unité pastorale qui compte 36 communes.

Les membres de l’équipe de coordination se sont rendus deux par deux (un prêtre et un laïc) dans chaque commune. Une personne « relais » dans chaque village était chargée de l’accueil et de l’information préalable des villageois concernant la venue des représentants de l’Eglise locale. C’est la première fois que j’entendais parler d’une initiative de ce type. J’avais connu, enfant, les visites régulières dans ma famille des pasteurs réformés et mennonites. C’était une bonne et belle coutume de l’Eglise je trouve, car elle permettait de maintenir un lien fort avec la communauté. Les prêtres en faisaient autant dans les familles catholiques et font encore de même aujourd’hui, enfin je crois.

En revanche,  l’idée de la visite à la « communauté villageoise » est nouvelle à ma connaissance.

L’équipe de coordination a réalisé ainsi 30 visites en soirée et a rencontré 234 personnes qui ont répondu à l’invitation. Les soirées comptaient de 1 à 21 participants.

A première vue, 234 personnes c’est peu par rapport à la population totale de l’unité pastorale qui est de 8500 habitants ! Et lors de l’Assemblée générale qui a suivi les soirées, les membres de l’équipe de coordination n'ont pas manqué de dire leur dépit devant le peu de « répondant » de la part des communautés. Ceci dit, les rencontres m’ont apparu comme étant fructueuses car les « visiteurs » sont revenus avec plein d’idées pour l’avenir de notre communauté chrétienne. Des idées sur ce qu’elle pourrait être et faire.
Ces idées ont été synthétisées et présentées par l’équipe de coordination lors d’une grande soirée finale appelée "Assemblée générale" avec diaporama à l’appui. Lors de cette soirée, le travail d’analyse s’est poursuivi par un travail en sous-groupes et la rédaction de « propositions concrètes à mettre en  œuvre tous ensemble ».

Je ne peux pas tout restituer dans cette page mais je voulais juste vous donner quelques exemples d’initiatives concrètes qui seront prises comme :

-           Habiter et ouvrir les églises de nos villages.

-           Multiplier les espaces de ressourcements dans les villages et proposer la vie en mouvements.

-           Ouvrir nos portes et aller vers (rendre visite, encore, comme aux jeunes mariés ou aux nouveaux baptisés)

-           Créer un lien entre liturgie, chorale et caté.

-            Etre attentif à la différence et aux personnes vivant un handicap.

-           Travailler à la beauté des célébrations et à la qualité du  recueillement.

 

C’est tout « simple » et tellement évident, et pourtant…il reste tant à faire.

 

En vous racontant tout cela, je me suis dit que « la Visite » est vraiment l’un des piliers de la vie chrétienne. Car c’est là que s’exprime au mieux je pense, l’attention que l'on peut avoir les uns pour les autres. Simone Weil disait de l'attention qu’elle est la forme la plus rare et la plus pure de la générosité.

 

Or, il ne peut sortir que des bonnes choses des rencontres pleines d’attention.

 

Enfin, c’est ce que je crois.

 

Amicalement comme toujours.

 

Catherine
 

oOo


Mercredi 26 mai 2010

 

Amis de Murmure, Salut à tous,

 

Si vous ne savez pas quoi faire ou si vous avez quelques minutes à perdre, allez visiter ce site : www.teranga-africa.fr.

Vous découvrirez une personne étonnante, de la trempe des Sœur Emmanuelle ou Mère Teresa. Il s’agit du Docteur Sœur Anne-Marie. Vous pouvez, en complément, lire son livre d’entretien avec Jacques Duquesne et Annabelle Cayrol qui est paru il y a quelques semaine et qui s’intitule : « J’ai choisi d’être médecin chez les Touaregs ».

J’ai lu ce livre récemment. Le titre résume parfaitement, et le livre et la vie d’Anne-Marie SALOMON.

 

 

Sœur Anne-Marie, surnommée  Anne-Marie Biscuit par les maliens, est tout d’abord devenue religieuse ; puis elle a fait des études de mathématiques et de physique ; elle a enseigné pendant plusieurs années et un jour, à 45 ans, elle a choisi de devenir médecin. Pour cela, elle a entrepris des études de médecine en France, puis elle a décidé de partir au Mali, s’installer à Gossi, auprès des Touaregs, dans une zone instable politiquement,  très pauvre et très chaude.

 

Gossi ? C’est une ville du Gourma.  Le Gourma ? C’est une région du Mali (il y a une carte et des explication sur le site et dans le livre).

 

Depuis plus de 25 ans maintenant, Sœur Anne-Marie exerce auprès des populations nomades, une médecine pragmatique, d’urgences mais aussi préventive. Inlassablement et jusqu’au bout de ses forces, elle soigne et éduque ses patients. Elle veille également à transmettre son savoir médical, forme des aides-soignants, finance des études à des maliens.

 

Elle a créé l’hôpital des Nomades qui comprend un centre de soins avec dispensaire, maternité, laboratoire d’analyses médicales, atelier d’optique, salle d’échographie, plus 6 dispensaires de brousse. Elle est soutenu par une équipe de 21 salariés maliens: infirmiers, sages-femmes, aides-soignants, matrones, magasinier, chauffeurs, jardinier (qu’elle a recrutés, formés…).

Parallèlement, elle a fondé des écoles primaires et soutenu des projets de forage de puits, et bien d’autres projets encore.

Quand on sait l’énergie qu’il faut pour créer une  structure  pérenne dans ce type de pays, et qu’elle est partie de rien, chapeau !

 

Sœur Anne-Marie ne prétend pas comme certains « aimer l’Afrique » mais elle dit aimer les africains et elle ne fait jamais rien qu’ils n’aient demandé et étudié au préalable. C’est sa  philosophie  et  le « secret » de son action (et de sa réussite). Elle ne fait jamais rien non plus sans l’aide de Dieu, avec qui elle est constamment en relation malgré l’isolement religieux dans lequel elle se trouve…

 

Si maintenant vous ne savez pas quoi faire de votre argent, il y a tous les contacts sur le site pour faire un acte de « soutien ».

 

A bientôt.

 

Amicalement comme toujours.

 

Catherine

 

oOo

 

Mardi 11 mai 2010

 

Amis de Murmure, Salut à tous,

 

« Il faut raconter » m’a dit Léon lors de notre dernière rencontre. A propos de Léon, il faudra que je vous raconte NOTRE rencontre qui elle aussi a changé ma vie. Je vous raconterai les circonstances et surtout nos dîners à Valentigney. La friture de carpes, le Buffalo Grill, les pizzas bolognaises. Je vous raconterai nos conversations interminables. Mais un autre jour…

Pour le moment, je vais vous parler (l’année sacerdotale se poursuivant encore quelques semaines) d’une autre rencontre avec un prêtre qui a marqué ma vie chrétienne.

Elle précède la rencontre avec le Père Gille Brocard et son équipe de l’Ecole des ministères.

Mon entrée dans cette Ecole n’est pas le fruit du hasard, vous vous en doutez bien. Il a fallu l’intervention d’un « Ange » autrement dit d’un messager, pour que je dise « oui » à cette invitation de l’Eglise.

L’ange s’est annoncé par téléphone. Il s’est présenté : « Père Jean-Claude, vicaire général ». Le mot « vicaire » ne m’a pas trop impressionné mais le mot « général », en revanche, oui. Dans l’administration, quand le secrétaire est « général », la fonction est élevée. Renseignements pris, dans l’Eglise, le principe est le même. L’ange exerçait des responsabilités importantes. Mon mari ne s’est pas laissé impressionner et m’a dit « invite-le à souper ». Je me suis exécutée. J’ai rappelé l’Ange. Il a accepté l’invitation.

L’ange est arrivé un soir à la maison en voiture. Il avait belle allure. Il était grand, élancé, « gracieux ». Il souriait. Il avait beaucoup d’humour. Il s’est intéressé à notre famille et fut très déçu de ne pouvoir rencontrer les enfants qui étaient en vacances. Il a admiré la nature et la vue sur la vallée depuis notre terrasse.  Immédiatement, nous nous sommes sentis à l’aise en sa présence.

Il était pressé car il devait se rendre à une réunion. Alors rapidement nous sommes passés à table. Il n’a parlé ni religion, ni Eglise mais musique, pendant tout le repas, avec mon mari.

C’est moi  qui l’ai questionné sur l’Ecole des ministères. Il a accepté de me donner quelques précisions sur le programme et sur le déroulement, que je connaissais déjà. Je lui ai demandé juste avant qu’il  nous quitte ce que l’Eglise attendait de nous après notre formation. Alors il a fait un geste du revers de la main et en souriant toujours, m’a dit « mais Catherine, c’est gratuit… ».

C’est à cette parole que je L’ai reconnu (après-coup…).

Cette parole m’a mise en confiance, j’ai accepté l’invitation à  rejoindre cette Ecole et toute ma famille a suivi. Aujourd’hui, cette gratuité est remise en question parfois dans le cadre des formations de laïcs, ce que je regrette.

L’Ange est parti à sa réunion et il n’est plus revenu. Je l’ai croisé depuis, à quelques reprises, lors de réunions, de célébrations ou encore par mail. A chaque fois, et quelques soient les circonstances, je retrouve la même « grâce », la même finesse dans le propos et l’attitude. J’étais persuadée qu’un jour l’Ange serait évêque. Les années passent et à mon grand étonnement, il ne l’est toujours pas. L’Eglise ne m’a pas demandé mon avis à ce sujet et elle a tort (je plaisante…).

Une dernière précision encore : l’Ange n’a pas eu mon nom par hasard non plus. Il a fallu qu’une autre personne intervienne, en toute discrétion. Il s’agit du Père Paul, le prêtre de ma paroisse, qui a « pensé » à moi et à ma famille pour cette aventure et qui a inscrit mon nom sur la liste des appelés. Merci Paul.

 

Amicalement, comme toujours.

 

Catherine


 

oOo

 

 

Mercredi 28 avril 2010

 

Amis de Murmure, Salut à tous,

 

Si vous voulez découvrir le (beau) visage de l’auteur du message que je vous ai adressé à l’occasion de Pâques, consultez le numéro de Pèlerin Magazine de la semaine dernière (daté du 22 avril 2010).  Vous découvrirez non seulement le visage mais aussi le témoignage du Père Gilles Brocard. Et vous saurez  (presque) tout de sa conversion, de sa vocation de prêtre et de son ministère actuel. Il raconte en effet comment le Christ est venu le chercher et comment, au bout d’un long parcours, il a reconnu le « souffle ténu » de l’appel de Dieu. Car lui aussi, un jour, a entendu un Murmure…

 

J’ai eu la chance de rencontrer Gilles Brocard à l’Ecole des Ministères et de bénéficier de son enseignement. C’était en 2003. Cette rencontre a été déterminante pour moi et elle fait partie des rencontres avec des prêtres qui ont changé ma vie chrétienne (et dont j’ai commencé à vous parler il y a quelques semaines…). Je lui dois en effet un évènement fondamental de ma vie chrétienne à savoir la conversion de ma « pensée ». En l’écoutant, j’ai pu enfin et vraiment ce fut un soulagement pour moi, croire avec ma « tête », mon intelligence, et plus seulement par « contagion » ou imprégnation,  au contact des autres chrétiens. Je me souviens très bien de ses exposés longs et denses lors des journées de formation. C’est lui qui empoignait les sujets essentiels (à mes yeux) comme « Dieu » ou encore la « résurrection ». Or en l’écoutant, on pouvait « lancer la réflexion à fond » pendant son exposé, ça tenait bon, on « comprenait » et on ressortait non pas convaincu mais converti. Converti à un Dieu fondamentalement bienfaisant, doux, apaisant. Attentionné aussi, patient et étonnamment « dépendant » de l’homme… De même pour la résurrection. Avec lui, elle n’était plus un évènement in-croyable ou insensé. Elle prenait sens justement y compris et surtout dans le temps présent.

 

Après mon passage à l’Ecole des Ministères, c’est lui qui m’a demandé de « rester » à l’Ecole rebaptisée entre temps « ThéoFOR », en tant qu’animatrice. C’est comme s’il avait lu dans mes pensées car j’avais très envie d’y rester justement pour participer à ce beau projet de formation et apporter ma (modeste) contribution. L’animation de groupes en formation est quelque chose que je savais faire, je me sentais à l’aise. Puis, il m’a proposé de rejoindre son « équipage » au service diocésain de formation. Ce que je considère comme un vrai privilège. A ce niveau, il s’agit de contribuer à un projet général de formation dont Gilles Brocard parle dans l’article du Pèlerin et qu’il définit ainsi : il s’agit d’ « accompagner les laïcs, non pour pallier la crise des vocations mais au nom d’un baptême qui fait d’eux des prêtres, des prophètes et des rois ». C’est une histoire de cheminement, encore…

 

Beau projet, non ?  Qu’en pensez-vous ?

 

Amicalement comme toujours.

 

Catherine

 

oOo

 

Samedi 17 avril 2010

 

Amis de Murmure, Salut à tous !

 

Il y a quelques jours, mon ami Michel m'écrivait ceci :

 

« Je pense de plus en plus à Margot Kässman, l’évêque de Hanovre, qui, pour une "banale"(?) conduite en état d'ivresse, a déclaré : "Mon cœur me dit clairement que je ne peux pas continuer d’exercer ma charge"... et qui est redevenue pasteur " à la base".

Et je me dis: "Là-bas, au Vatican, au Saint-Siège, comme on dit, écoutent-ils leur cœur ? Ou seulement leurs inconditionnels idolâtres du Saint-Père, ou n'ont-ils que le Droit Canonique comme lecture? Que se passe-t-il ?"

 

Malheureusement, les-chrétiens-qui-sont-l'Eglise, comme nos frères allemands de "Wir sind kirche", n'ont pas l'audience suffisante pour dire haut et fort, dans et hors de l'Eglise, que tout ne se résume pas à ces communiqués, ces commentaires, ces démentis outragés, ces approximations sur le célibat, l'homosexualité‚ la pédophilie (…).

 

Mon ami est choqué‚ entre autres, par les propos qu'a tenus le Cardinal Bertone lors de son voyage au Chili sur le lien entre la pédophilie et l'homosexualité. Je le comprends car je le suis aussi malgré le démenti qui a suivi. Moi aussi je m'interroge sur ce qui se passe au niveau de la « communication » du Vatican et  sur l'entourage du Pape. Les hommes du Saint-Siège sont intelligents a priori et ont surtout les moyens de se faire conseiller. Je ne sais pas pourquoi ils « lancent » de pareils messages. Qui ou que visent-ils ? Dans quel but ? Franchement je m'interroge.

 

Certains imaginent que l'Eglise protestante est épargnée par ces « problèmes » comme la pédophilie car les pasteurs sont mariés. C'est faux.  Il arrive que des actes de pédophilie soient commis par des pasteurs mariés. Je pense que la pédophilie n'a rien à voir directement avec l'Eglise, ni avec l'homosexualité, ni avec le célibat. Elle peut surgir dans tout type d'organisation à visée éducative où sont mis en présence des adultes et des enfants (écoles, institutions spécialisées, clubs sportifs, institutions religieuses…) et au sein des familles. Il faut savoir que les églises protestantes sont parfois bien démunies, elles aussi, pour « régler » ce type de problèmes.

 

L'attitude de Margot Käsmann ? Je la trouve remarquable. Elle a écouté son cœur et en bonne protestante, la bible je pense. Dans la première Lettre à Timothée, au chapitre 3, Paul demande en effet que « l'épiscope soit irréprochable, mari d'une seule femme, sobre, pondéré, de bonne tenue, hospitalier, capable d'enseigner, ni buveur,  ni batailleur mais doux et qu'il soit ni querelleur, ni cupide ».

 

En période de « crise », j'aime aussi relire des extraits De la vie communautaire de Dietrich Bonhoeffer (1937). La pensée radicale du pasteur, sa lucidité, son enracinement en Jésus-Christ et sa liberté de parole rassérène.

Ça donne: « Nous devons apprendre à remercier Dieu tous les jours pour la grâce qu'il nous accorde en nous plaçant dans une communauté chrétienne, quelle qu'elle soit. Il se peut qu'elle n'ait rien d'extraordinaire à nous offrir. Il se peut qu'elle se distingue plutôt par beaucoup de difficultés intérieures et très peu de foi. Qu'importe! Si, au lieu d'être reconnaissants, nous ne savons que répéter à Dieu notre plainte sur la pauvreté et l'insuffisance spirituelle des chrétiens qui nous déçoivent par tant de côtés, nous empêchons Dieu de donner à notre communauté la croissance selon la mesure et la richesse des dons qu'il a préparé pour nous en Jésus-Christ. La fraternité chrétienne n'est pas un idéal à réaliser, mais une réalité, créée par Dieu en Christ à laquelle il nous est permis d'avoir part » etc. Bonhoeffer a l'art de vous prendre à contre-pied je trouve et de vous remettre les idées en place…

 

Il y a un autre ouvrage, beaucoup plus récent, qui aide à passer les moments difficiles. Il s'agit des « Lettres aux catholiques troublées » publiées par les éditions Bayard  dont la lecture a pour effet de vous remonter le moral et dont je vous ai déjà parlé.

 

Bonne semaine à tous.

 

Amicalement comme toujours.

 

Catherine

 

oOo

Vendredi 2 avril 2010

 

Amis de Murmure, Salut à tous !

 

Il y a quelques jours, j’ai reçu dans ma messagerie, un courriel de l’Apôtre Gilles intitulé « Salut ».

Je vous transmets à mon tour ce message qui sera mon KDO (cadeau) de Pâques.

Bonne lecture et Joyeuses Pâques à tous.

Fraternellement.

Catherine

 

SALUT !

 

Tiens un mail, dans ma boite !

Objet : carême

Expéditeur : JOEL

JOEL, ah le prophète de l’AT ?

Que me veut-il ?

« Revenez à moi de tout votre cœur »

En bon prophète, Il envoie ça de la part de Dieu je suppose.

Qu’est-ce que j’en fais ? Répondre ? Transférer mais à qui ? Supprimer ? Quand même pas.

S’il me l’envoie c’est peut être pour que je me demande où j’en suis dans mon carême !

Il ne reste plus beaucoup de temps,

Revenir à Dieu, de tout son cœur …

Hum … Je vais le sauvegarder on ne sait jamais

 

Mail suivant :

Objet : Salut 

Exp : Isaïe 

« Changez vos cœurs »

Ah il m’agace celui là, toujours à m’envoyer des mails moralisants ! J’en ai assez de sa morale, comme si on n’était jamais assez bien pour Dieu ! Aller : supprimer !

Ah attends, il y a un fichier joint à ouvrir :

Pièce jointe

Nom du fichier : « pour tous ceux qui ont tendance à prendre la parole de Dieu pour une leçon de morale » tiens ça tombe bien

Ouvrir

Ah ! C’est le psaume 50 :

« Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. Rends-moi la joie d'être sauvé ; que l'esprit généreux me soutienne. »  

Sauvé de quoi ? Je n’ai pas besoin d’être sauvé moi, tout va bien, j’ai tout ce qu’il me faut, il ne me manque rien, alors pourquoi Dieu veut-il me sauver ?

« Si j'offre un sacrifice, tu n'en veux pas, le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé. »

Tiens, c’est un peu comme moi cet homme qui parfois a le cœur broyé. Et Dieu ne nous repousse pas quand on est comme ça, voilà une bonne nouvelle ! C’est peut être ça être sauvé !

Ah j’ai bien fait de ne pas supprimer trop vite ce message, je ne croyais pas qu’il y avait des phrases comme ça dans la bible, et je comprends mieux l’objet du mail : « Salut »

 

Son : toudoudoute ! Ah un message MSN

Jean vient de se connecter :

Jean dit : « Salut »

Je réponds : salut Jean !

Jean dit : « tu connais l’histoire qui est arrivé à Marie Madeleine ? »

Laquelle ? La pécheresse de ton évangile ?

Oui, as-tu lu sa rencontre avec Jésus dans mon évangile au chp 8 ?

Et bien oui, je viens juste de la lire et même d’en parler avec quelques couples et paroissiens ce matin avant la messe ! Une drôle d’histoire quand même.

« Une belle histoire tu veux dire ! J’étais là au moment où ce groupe de scribes et de pharisiens a débarqué en plein milieu de notre groupe de disciples quand Jésus nous enseignait, balançant cette pauvre femme au milieu de notre groupe, elle a même failli me renverser. »

 

- Mais dis moi Jean, cette manière de dire à cette femme « je ne te condamne pas » c’est pas un peu la porte ouverte à tout ?

Tu n’as pas bien lu mon texte : quelle est la dernière parole de Jésus ?

- Euh, « va et ne pêche plus » ! Ah oui tu as raison.  Mais qu’est-ce que Jésus a voulu dire par là ? N’est-ce pas une parole du genre : « ça passe pour cette fois ci, mais que je ne t’y reprenne pas » ?

Pas du tout, ça c’est encore une lecture moralisante. Quand Jésus dit « je ne te condamne pas », il s’adresse à cette femme, autant qu‘aux scribes et pharisiens qui voulaient la lapider : Jésus ne condamne personne, et nous ne devons jamais condamner personne ! Au contraire, Jésus nous a dit d’aimer toute personne quelle quelle soit !

- Donc c’est bien ce que je te disais, c’est la porte ouverte à tout ! Dis, tu devrais faire attention à ce que tu écris Jean, car moi j’ai des couples à préparer au mariage, faudrait quand même pas qu’ils croient… enfin tu vois ce que je veux dire ?

Qu’ils croient quoi ? Et bien si !  J’aimerais qu’ils croient, qu’ils croient que l’amour est la seule manière pour faire changer ceux qui nous entourent, ou faire grandir ses enfants, et que c’est quand même mieux de regarder nos proches comme le fait Jésus, plutôt que de vouloir les faire changer en les menaçant de leur jeter des pierres ou de les punir ! Si tu avais vu le visage de Marie Madeleine, une fois qu’ils sont tous partis à commencer par les plus âgés ! Elle n’en revenait pas de ce qui était arrivé ! Elle s’est sentie pour la première fois vraiment aimée !

 

- Mais dis moi Jean, quand Jésus a dit à la femme « va », toi qui étais sur place, peux-tu me dire où elle est allée ?

Où veux tu qu’elle soit allée ? Sinon, dans sa famille, retrouver son mari, ses enfants ? À son retour dans sa maison, son mari a eu quelques difficultés à la reconnaître tant elle lui revenait belle, comme jamais il ne l'avait vue ! Car un tel regard qui pardonne ne peut être que recréateur ! Dieu ne veut pas le péché, mais il ne veut pas que le pécheur meure et vive dans une culpabilité permanente. Il est vraiment venu pour nous sauver et nous apprendre à nous aimer.

 

- J’ai encore une question Jean : toi qui étais présent, peux-tu me dire ce que Jésus écrivait sur le sol ?

Ainsi faisaient les bons magistrats : ils écrivaient leur sentence avant de la proclamer. Jésus ne dispose pas de parchemin à cette époque. Il prend ce qu'il a sous la main : le sol empoussiéré des dalles du temple. Mais je n’ai pas vu ce qu’il écrivait, car je regardais les visages des accusateurs et celui de cette femme apeurée : on en a reparlé après avec Pierre et Jacques. Pierre, lui pensait que Jésus écrivait les péchés des accusateurs et que c'est pour cela qu'ils sont partis les uns après les autres, à commencer par les plus vieux. Jacques disait que Jésus écrivait un passage des prophètes que les accusateurs ont pu lire par dessus son épaule. Une phrase du genre : "Donne-moi tes péchés, s'ils sont rouges comme l'écarlate, je les rendrai blancs comme la neige !" (Is 1,18). Moi je pense que Dieu étant la miséricorde absolue, il n'écrit pas les péchés des hommes à l'encre indélébile ou au stylet, mais du bout du doigt et sur le sable. Ce qui signifie qu'un jour tout peut être effacé...

- Ah pas mal, merci pour ces explications, mais, j’ai encore une question : Pourquoi m’as tu envoyé ce mail aujourd’hui ?

Bien parce que je savais que tu allais voir les couples de ta paroisse qui se préparent au mariage ainsi que la communauté des chrétiens rassemblés autour des enfants du caté. Je voulais simplement m’assurer que vous n’alliez pas faire du texte que j’ai écrit, une leçon de morale de plus. J’aime mieux prévenir que guérir !

- Merci bien Jean, tu devrais faire ça plus souvent.

Et puis, j’avais envie de parler à quelqu’un aujourd’hui, lui parler de ce formidable regard de Jésus dans lequel on se sent vraiment important ! Tu sais, j’ai dû apprendre cela aussi moi : avant Jésus, nous cherchions Dieu dans la lune, alors qu'il est en train de nous laver les pieds. Et quand on est aux pieds de quelqu’un comment le regardons-nous ? De bas en haut : voilà le regard qui espère ! Par son regard aimant, Dieu nous voit grand, beau, comme les parents regardent leurs enfants en espérant qu’ils grandissent, et atteignent leur stature d’adulte. Il n’y a qu’un regard d’amour qui nous fasse grandir. Voilà comment jésus nous invite à nous regarder les uns les autres !

Et ben merci Jean, cette discussion a été passionnante, on se retrouve sur MSN dimanche prochain à 10 h 30 ?

Ok pas de pb

Salut

Salut

 

Père Gilles BROCARD

 

oOo

 

Lundi 29 mars 2010

 

Amis de Murmure, bonjour à tous,

 

Quinze ans après la rencontre avec le Père Jean-Pierre, il y eut une autre rencontre mémorable qui a marqué, peut-être pas toute ma vie, mais un moment important de celle-ci. Il s’agit de la rencontre avec l’Abbé T.

Cette rencontre eut lieu à l’occasion de mon mariage.

Mon futur mari et moi avons débarqué un soir chez ce prêtre lors de sa permanence. Mon mari connaissait (un peu) l’Abbé T., moi, pas du tout. A peine les présentations faites (rapides) nous lui avons formulé notre demande, toute simple (à nos yeux) : nous marier. Nous avions déjà défini une date car nous étions « pressés », déterminés en fait. Nous nous étions rencontrés en février et nous voulions nous marier en août, le 15 août précisément.

L’Abbé T. a pris en considération notre désir « d’aller vite » mais nous a expliqué qu’on ne se mariait pas un 15 août car c’était la fête de Marie ! Ce détail m’avait complètement échappé.

Pas question de repousser, donc nous avons avancé la date d’un jour et avons programmé le mariage un vendredi 14 août.

L’entretien avec le prêtre s’est ensuite poursuivi sur des questions de fond : et il y en avait.

Nous venions au devant du prêtre avec notre demande de mariage mais avec bien d’autres préoccupations en tête. Mon mari était préoccupé par sa situation personnelle. Il s’agissait pour lui d’expliquer au prêtre qu’il était déjà papa d’une grande fille de 13 ans et qu’il avait donc déjà tout un « vécu » et moi, j’étais préoccupée par ma religion !

L’abbé T. nous a attentivement écouté, a pris en compte toutes ces préoccupations qu’il a traitées posément l’une après l’autre.  Il a rassuré mon mari quant à sa situation personnelle (par rapport à laquelle il n’a émis aucun jugement) et à moi, il a expliqué les modalités du mariage « mixte ».

Puis, il nous a demandé pourquoi nous voulions nous marier à l’Eglise.  Il y a 20 ans, les prêtres s’autorisaient encore à poser cette question d’entrée de jeu. Là, c’est moi qui ai pris la parole. Je ne sais plus ce que j’ai dit et que j’ai dû improviser ne m’étant pas préparée à ce type de question, mais j’ai senti que j’avais d’abord étonné le prêtre puis que je l’avais convaincu. Ce qui m’a permis de négocier immédiatement après une messe de mariage. Le prêtre m’avait expliqué que l’eucharistie était déconseillée lors des mariages mixtes. Mais moi, je voulais ce que j’appelais « une communion » (que les protestants ne font pas lors des mariages mais que les catholiques font en revanche habituellement, surtout il y 20 ans…).

Le prêtre m’a dit « oui ».

Ensuite, il a expliqué qu’il fallait attendre une heure, pour appeler l’évêché et obtenir le « bon » interlocuteur qui accorderait  une « dispense ».

Cette heure à attendre nous a permis de poursuivre notre entretien et de faire plus ample connaissance.

Puis, à mon grand étonnement, le prêtre nous a suggéré (pas imposé) de nous inscrire à une session de préparation au mariage. Je suis tombée des nues. J’ignorais qu’on pouvait se préparer au mariage religieux en participant à une session en groupe.

Je me suis retrouvé un week-end sur « la colline de Sion », dans une session de préparation au mariage avec d’autres couples. Un peu (beaucoup en fait) perdue dans un milieu hyper catho (cadre, références, intervenants). Pas de Père Jean-Pierre ni d’Abbé T. à l’horizon. Un couple animateur fort sympathique mais que je ne comprenais pas bien (dans ses intentions et manières de faire) et à qui je n’ai pas osé dire mon appartenance religieuse. Mon mari en revanche était à l’aise et heureux de participer. Alors j’ai fait bonne figure mais j’ai douté tout à coup de mon idée de faire une célébration « 100 % catholique » et de mes capacités d’acculturation.

Tout sentiment de doute s’est envolé en revanche le jour de la célébration lorsque j’ai vu l’Abbé T. en haut des marches de l’Eglise, les bras grands ouverts et le visage illuminé par un grand sourire. Je suis rentrée la première dans l’Eglise au bras de mon parrain, et lui (le prêtre) a salué personnellement chaque invité par une poignée de main et un petit mot.

Pendant la célébration, et à plusieurs reprises j’ai observé les visages des protestants  présents dans l’assemblée et j’ai pu constater qu’ils étaient détendus et « participatifs ».

J’ai gardé un souvenir de cette rencontre avec l’Abbé T. : une photo où le prêtre et moi éclatons de rire derrière l’autel au moment de la séance des signatures (tous nos invités ont signé notre livret de mariage, ce qui a pris du temps et nous a laissé le loisir de bavarder et donc de rire…).

L’Abbé T. a largement contribué à ce que ce jour important de ma vie soit un jour de joie.

Pour démarrer dans la vie conjugale, c’est important non ?

 

Bonne semaine sainte à vous.

 

Amicalement comme toujours.

 

Catherine

 

oOo

 

Dimanche 21 mars 2010

 

Amis de Murmure, bonjour à tous

 

A l’occasion de l’année sacerdotale toujours,  la revue de mon diocèse a lancé un appel à témoignage. Elle demande à des laïcs de « dire comment la rencontre avec un prêtre a changé quelque chose dans leur vie ».

J’ai été interpellée par cette question que je me suis posée à moi-même et me suis rendue compte, non sans étonnement, que ce n’était pas UNE rencontre avec un prêtre qui avait changé quelque chose dans ma vie, mais plutôt DES rencontres avec des prêtres qui avaient changé des choses dans ma vie.

J’avais envie de vous raconter aujourd’hui ma première rencontre avec un prêtre, qui je pense, a été déterminante.

C’était dans les années 1973-75. J’étais scolarisée dans l’école publique du village mosellan où je résidais. Périodiquement, l’instituteur nous donnait des timbres à vendre au profit des sanatoriums. Ma maman, qui était infirmière, m’avait expliqué quelle était la vocation de ces établissements. Dès la sortie de l’école, je courais au presbytère qui se trouvait près de l’école pour être la première à sonner chez les prêtres. Ils étaient trois à vivre au presbytère à cette époque là. Je croisais les doigts en espérant que ce fut le Père Jean-Pierre qui ouvrît la porte. Le Père Jean-Pierre était un homme avenant et sympathique et surtout, c’était un bon client. J’étais persuadée qu’il m’achetait plus de timbres qu’aux autres écoliers. Ce qui est certainement faux…

Le Père Jean-Pierre ne se contentait pas de m’acheter des timbres. Il me faisait entrer dans sa salle à manger, me faisait asseoir à sa table, s’asseyait en face de moi et nous discutions. Je ne sais plus de quoi mais je me souviens de ce que je ressentais à en sa compagnie : l’impression d’être une personne « importante », qui comptait pour lui. Ces échanges à l’occasion de la vente des timbres étaient nos seules rencontres puisque je fréquentais d’autres lieux de culte et de catéchèse que les siens…

A l’école, je rencontrais également l’un de ses « confrères » qui venait faire les cours de religions. Ces cours font en effet partie du programme officiel de l’école publique dans le département de la Moselle ainsi qu’en Alsace. J’aurais pu facilement me faire dispenser de cet enseignement mais je voulais « voir » et savoir ce que le prêtre disait. Dans le cadre de cet enseignement (catholique), j’ai pu tester mes connaissances acquises à l’école du dimanche (protestante). Je répondais sans difficulté aux questions du prêtre, comprenais tout ce qu’il disait. Ce que j’apprenais du côté protestant me servait dans le cadre « catholique » et inversement…A dix ans, j’avais compris qu’il s’agissait bien du même Evangile, que d’un côté comme de l’autre, on m’annonçait bien le même message.

Et surtout, j’avais compris l’essentiel, à savoir que tous les clichés véhiculés par les protestants  comme par les catholiques pour se déprécier mutuellement étaient purs mensonges.

Le Père Jean-Pierre est pour beaucoup dans cette prise de conscience, déterminante pour la suite de mon parcours « œcuménique ». 

Il a été une belle figure de prêtre, attentionné, chaleureux, ouvert. Que j’ai recherché par la suite…

 

Et vous, avez-vous rencontré un prêtre qui a changé quelque chose dans votre vie ?

 

Bien à vous.

 

Fraternellement.

 

Catherine

 

oOo

 

Samedi 6 mars 2010

 

Amis de Murmure, bonjour à tous,

 

Année sacerdotale oblige, les témoignages de prêtres affluent sur les présentoirs des librairies religieuses (et pas uniquement religieuses…). J'ai eu la curiosité de lire un de ces livres, "Ainsi sont-ils !" et je n'ai pas été déçue !

 

Deux heures suffisent pour parcourir le livre et découvrir les dix-sept témoignages de jeunes prêtres que nous offre le journaliste Cyril DOUILLET. Ces témoignages où les prêtres évoquent tour à tour leur vocation et leurs ministères se lisent comme des nouvelles.

Ce qui frappe le lecteur, c'est l'étonnante diversité de ces hommes. Certains portent le col romain, d'autres aucun signe "ostensible". Certains sont très jeunes, d'autres ont accédé à la prêtrise à 40 ans quand ce n'est pas, pour l'un d'entre eux, à l'âge de la retraite! Certains ont toujours eu la foi, d'autres sont des "born again"…

 

Mais ce qui m'a le plus étonnée est le fait que beaucoup d'entre eux ont exercé un premier métier avant de se tourner vers la prêtrise. Ils ont été pilote de chasse, hôtelier, chanteur lyrique, chef d'entreprise, champion de bicross ou encore père de famille ! Or, ces premières expériences ne sont jamais "du temps perdu". Bien au contraire, c'est en elles que les jeunes prêtres puisent des ressources pour agir et surtout innover inlassablement dans d'annonce de l'Evangile. Comme Florian Racine qui utilise les méthodes découvertes aux USA lors de ces études pour diffuser l'adoration perpétuelle du Saint-Sacrement dans les paroisses françaises.

 

Dans ce livre, on trouve aussi une interview, celle du supérieur du séminaire interdiocésain de Rennes, Gérard le Stang. Or les propos de ce "formateur" de métier aident à comprendre le comportement et les choix de certains jeunes prêtres d'aujourd'hui qui se recentrent sur les sacrements et manifestent de manière ostensible parfois leur fonction dans l'Eglise. Voici ce que dit Gérard le Stang: "ce qui apparaît dans les vocations actuelles, c'est le désir de faire vivre les chrétiens par les sacrements. Il y a chez les séminaristes une estime forte du trésor de l'Eglise, une envie de le communiquer et d'en vivre en communauté. (…) Jusqu'aux années soixante-dix, la pastorale de l'Eglise était dominée par les mouvements d'action catholique, où il s'agissait d'analyser la situation du monde pour le transformer par l'Evangile, sur fond d'une identité chrétienne qu'on ne mettait pas en question. Aujourd'hui, dans un monde où ils se sentent un peu perdus, les chrétiens ressentent le besoin de se retrouver et de se ressourcer. Beaucoup de jeunes prêtres voient leur rôle comme le service du ressourcement des chrétiens, dans la prière, les sacrements, et la Parole de Dieu, en même temps qu'ils éprouvent un désir d'être missionnaires au-delà du cercle des pratiquants".

Personnellement, je trouve cette analyse intéressante, en tout cas elle aide à comprendre certaines évolutions…

 

Mais pour en revenir au livre et pour finir, "Ainsi sont-ils !" valorise les jeunes prêtres. A ce titre, c'est un livre important car la société, quand ce n'est pas les chrétiens eux-mêmes, est souvent ingrate avec eux…

A signaler, parmi les témoignages, celui du prêtre franc-comtois Jean-Pierre POIROT, "l'homme du terroir".

 

Bon temps de Carême à vous tous.

 

Amicalement,

Catherine

 

oOo

 

Jeudi 18 février 2010

 

Amis de Murmure, bonjour à tous,

 

Je savais que le séisme d’Haïti avait fait des dégâts considérables, là-bas sur place. Ce que je ne savais pas en revanche, c’est que l’onde de choc était arrivée jusqu’à nous en France, et poursuivait son œuvre destructrice. Il ne s’agit plus de dégâts matériels ou humains, mais de ravages au plan spirituel…

Voici ce que m’écrivait, il y a quelques jours, un fidèle correspondant de Murmure :

 

“ Je ressens le tremblement de terre d'Haïti comme une épreuve pour la foi.

 

 Très souvent le mal, la désolation ont des causes humaines, ou des causes biologiques plus ou moins reliées à l'homme. Mais là ?  (…)

Que répondre à celui qui me dit " Si un compagnon livrait un produit (la Terre) aussi mal fini...il se ferait virer " ? 

Difficile de parler de Providence in hac lacrimarum valle ”.

 

En lisant ces mots, j’ai tout de suite repensé aux paroles que le pasteur Lytta Basset avait prononcées à Besançon lors d’une conférence. Elle, qui a été particulièrement éprouvée dans sa vie, a dit que la question du pourquoi de l’existence du mal serait la première question qu’elle poserait en arrivant Là-Haut…à Dieu je pense (ça c’est moi qui l’ajoute…). Moi, aussi, si un jour j’arrive Là-Haut, c’est la première question que je Lui poserai. A moins, que je n’ai plus besoin de la Lui poser en arrivant Là-Haut justement…On verra.

 

En attendant, il faut vivre avec ces choses que sont le mal, la souffrance et la mort. Et pour vivre avec ces choses là, nous avons un compagnon de route qui s’appelle “ Jésus-Christ ”. Je préfère le prendre Lui comme repère plutôt que "la Providence",  même si je crois en elle pour avoir bénéficié de ses bienfaits à maintes reprises…  Pour nous chrétiens, c’est Jésus-Christ qui nous dit  le mieux qui est Dieu. Or, Jésus-Christ n’a pas eu le pouvoir d’évacuer le mal de son existence, ni du monde, il l’a subi. Par contre, il nous a laissé une intuition, celle que le mal ultime, à savoir la mort,  n’avait pas le dernier mot. Cette intuition s’appelle “ résurrection ”. C’est elle qui aide le chrétien à affronter, tout ce qui se présente dans l’existence, y compris le pire, sans (trop de) peur.

Vivre avec cette pensée n’évite pas de ressentir la souffrance mais elle donne beaucoup de force et de liberté. C’est déjà ça…et c’est dès maintenant.

 

Dieu, lui, n'a pas fait la mort et il ne prend pas plaisir à la perte des vivants dit le livre de la Sagesse (1,13). Il n'a fait ni le mal, ni la souffrance non plus. Il n’est pas à l’origine du séisme d’Haïti. Ce n’est pas possible de croire une telle chose. Le Dieu qui veut la mort ou le mal n’est pas le Dieu de Jésus-Christ.

Je crois que Dieu pleure et souffre en voyant le mal que subissent les Haïtiens. Et Il compte sur nous (les plus riches et puissants) pour combattre ces catastrophes naturelles aux côtés des Haïtiens (les plus pauvres parmi les pauvres), car nous avons quelques moyens, financiers, humains et techniques pour non pas empêcher la terre de trembler, mais pour éviter, au moins en partie, certains dégâts et pour reconstruire et soigner "durablement". L’homme a acquis, en la matière, quelques savoir-faire…enfin, il me semble. C’est à nous d’agir, et de co-créer, au côté de Dieu, un monde plus vivable.

 

Vous ne croyez pas ?

 

Amicalement, comme toujours.

 

Catherine

 

oOo

 

Vendredi 5 février 2010

 

Amis de Murmure, bonjour à tous

 

L'Esprit a bien soufflé, samedi dernier, sur notre journée de formation consacrée aux Ministères.

 

A quoi je le vois ? A l'agitation qui a régné toute la journée.

 

Côté intervenants, ce fut animé. Ils  nous ont offert un festival de lapsus. Chacun des trois intervenants successifs a fait le sien: l'exhortation apostolique est devenue "l'exportation" apostolique;  les acolytes sont devenus des "alcooliques" (!) et le clou: les diaconesses sont devenues des "diaconasses" (!!!). Le dernier lapsus est d'autant plus étonnant qu'il émane d'un homme qui est habituellement délicat dans ses propos, qui apprécie les femmes et qui est toujours prompt à leur adresser un message de reconnaissance pour leur action ou engagement dans l'Eglise.

Côté participants, c'était animé aussi: brouhaha, rires, chuchotement. Il a fallu plusieurs rappels à l'ordre à certains moments pour maintenir le calme et l'attention. C'est suffisamment inhabituel pour être souligné. D'ordinaire le calme règne et l'ambiance est très (trop ?) studieuse. Mais là, c'était un peu le bazar par moment…

Du coup, et c'est ce qui était intéressant je trouve, les langues se sont déliées, les esprits aussi ! Lors des temps de carrefours et du débat final, les propositions ont fusé. Les "laïcs en responsabilité" (actuelle ou future) ne manquent pas d'idées pour leur Eglise !

J'en ai glané quelques unes unes. Comme celle d'André qui a réfléchi à la "transmission de la responsabilité " entre prêtre et laïcs. André résume son idée en une phrase: "il faudrait que, lors des activités paroissiales, le prêtre ait le premier mot et pas le dernier". Il suggère d'instituer des délégations de responsabilité entre prêtres et laïcs et que cette délégation soit "formalisée" par la parole du prêtre qui "investit" au nom de la communauté, un laïc d'une responsabilité. André observe que cette délégation est souvent trop floue et partielle et il constate un déficit de reconnaissance de l'activité des laïcs.

Marc, lui, réclame d'urgence des formations pratico-pratiques pour être plus à l'aise dans le "faire": animer une réunion, coordonner un travail de groupe, mener un entretien d'accueil, prendre la parole devant une assemblée, lire un texte biblique publiquement…

Martine, qui se présente comme une recommençante "à la suite de problèmes personnels", s'étonne quant à elle, de ne pas ressentir plus d'Inspiration et de Présence lors des réunions en paroisse. Elle dit ne pas voir la différence entre les réunions en Eglise et les réunions associatives. Elle exprime le besoin de s'enraciner dans le Christ mais ne sait trop comment s'y prendre…

Pour Christiane enfin, il ne faut pas toujours se lancer dans de nouveaux projets, de nouvelles formules (de célébration par exemple) sans avoir au préalable tiré un enseignement des expériences en cours. Il faut accepter d'ajuster patiemment les manières de faire et surtout soutenir les équipes pour qu'elles ne se découragent pas. Selon elle, trop souvent dans l'Eglise, la personne, après avoir été appelée, est livrée à elle-même et se retrouve seule avec ses responsabilités.

Côté intervenants maintenant, les propositions sont parfois radicales comme celle qui consiste à penser qu'il faut renoncer à une organisation par rapport à un territoire pour partir des besoins de l'Eglise. Il ne s'agit plus de chercher à maintenir l'existant mais de s'organiser en fonction de ce qui est essentiel pour l'Eglise comme l'annonce de l'Evangile. Et en fonction des charismes des membres de la communauté. Là aussi, on peut inverser les choses: plutôt que de toujours chercher la personne qui remplira une fonction précise (la catéchèse), on peut partir de ce que les membres de la communauté savent et peuvent faire pour l'Eglise. Un vrai renversement…qui implique de bien se connaître !

 

Intéressantes toutes ces propositions, vous ne trouvez pas ?

Pourvu que l'Eglise les entende !

 

A bientôt

 

Catherine

 

oOo

Mercredi 27 janvier 2010

 

Amis de Murmure, bonjour à tous,

 

Samedi prochain, je dois me rendre à ThéoFOR pour participer à une journée de formation et animer des temps de « carrefour ». Je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises de cette formation destinée à des « laïcs en responsabilité dans l’Eglise ». La formation dure 3 ans à raison de 5 journées par an. La première année est théologique, la seconde ecclésiale et la troisième pastorale. Un vrai beau programme. Moins ambitieux néanmoins que celui de l’Eglise suisse qui propose une formation du même type à ses laïcs permanents mais à temps plein pendant deux ans !

La prochaine journée de formation est consacrée aux Ministères dans l’Eglise. J’aime le thème de cette rencontre mais j’appréhende un peu. Le Père Gilles Brocard veille sur le contenu et le déroulement et à ce niveau je suis rassurée. L’ancrage sera d’abord biblique. Nous allons faire un petit parcours dans le Nouveau Testament pour revisiter les pratiques des premières communautés chrétiennes. J’aime ce moment où l’on reprend contact avec l’Eglise primitive.

Nous verrons comment les anciens faisaient pour se « coopter » (en priant), comment ils créaient de nouveaux « métiers » dans l’Eglise en fonction de ses besoins (institution des diacres), quels dons leur semblaient primordiaux (prophétie, enseignement, soin, bienveillance, présidence…) et quelles sont les fonctions qu’ils ont identifiées comme incontournables : l’épiscope (le pasteur), le diacre et le presbyte (l’ancien).

Puis l’ancrage sera conciliaire avec l’exposé du Père Brocard sur les Ministères du concile Vatican II à nos jours, où on verra justement que Vatican II invite l’Eglise à penser les ministères à partir de l’Ecriture.

C’est l’après-midi en général, que les choses se compliquent (à mes yeux…). Deux autres exposés sont prévus, l’un par un prêtre sur le ministère ordonné et l’autre par une laïque sur les différentes formes de laïcat. Les intervenants ne sont pas en cause, je les apprécie beaucoup, là n’est pas la question. Mais ce découpage marque bien la « catégorisation » clerc/laïc, qui, si elle est toujours bien une réalité, n’a rien de biblique, elle…

Tout un vocabulaire spécifique surgit avec cette catégorisation (j’essaie de ne pas employer le mot « opposition »…) : laïc engagé, mission pastorale, délégué pastoral, ministre de la parole, laïcat consacré, sacerdoce baptismal, ministre ordonné, diaconie, apostolat etc… qui m’effraye un peu. Mes amis catholiques sont à l’aise en général avec toutes ces nuances, moi un peu moins…Je ne vois pas toujours clairement quelles sont les activités qui correspondent à ces intitulés de fonction et à quels « dons » elles correspondent. Je ne serais pas la seule en fait, d’où la nécessité d’une formation…

Il nous sera demandé ensuite de « dépasser  le couple prêtre-laïc », pour que la différence soit pensée comme féconde et non comme une forme de séparation. J’espère qu’à ce moment de la journée l’Esprit soufflera fort, car sans Lui, c’est pas gagné…

Les termes, l’organisation, les discours évoquent  une différence de « nature » entre les prêtres et les laïcs mais personnellement, je n’arrive pas à la « penser »… je n’y crois pas. Longtemps, j’ai assimilé la fonction du prête à celle du pasteur de l’Eglise réformée. Je voyais (et vois toujours) le prêtre comme le « permanent » de l’Eglise, le « professionnel » qui consacre toute sa vie à la conduite de l’Eglise, par vocation bien sûr. C’est réducteur ? Peut-être…mais je pense que l’Eglise a  besoin de « permanence » c'est-à-dire de constance, de stabilité et de continuité à la fois. Or, pour moi, le prêtre incarne tout cela (et bien d’autres choses encore…).

 

Quant à la place des femmes, elle va donner lieu à un énième débat. J’entends déjà l’éternelle question : pourquoi n’y aurait-il pas des femmes prêtres ?

Personnellement, je souhaiterai que les femmes qui le demandent puissent accéder à cette fonction.

Il y avait des femmes ministres dans les premières communautés. Dans son épître aux Romains (16,1), Paul recommande Phoebé (qui signifie « brillante » en grec) « ministre de l’Eglise de Cenchrées » à tous les bien-aimés de Dieu qui sont à Rome…

Si depuis, l’Eglise a eu d’autres besoins et a créé une autre fonction, celle de « ministre ordonné », elle pourrait proposer cette mission à des femmes, non ?

Je suis sûre que vous être de mon avis.

A bientôt

Amicalement comme toujours.

Catherine

 

oOo

 

Samedi 16 janvier 2010

 

Amis de Murmure, bonjour à tous,

 

Ça y est, c’est parti. Je parle du « Groupe bible » qui a démarré mercredi dernier dans ma paroisse. Le lancement de ce groupe est notre bonne résolution de ce début d’année 2010. Cela faisait un an que nous en parlions, mais maintenant l’idée s’est concrétisée grâce à l’initiative de mon amie Thérèse. Nous pensions être 4 personnes pour démarrer et, bonne surprise, nous nous sommes retrouvés à 8 ! Le nombre idéal pour ce type d’activité.

L’animatrice du groupe, c’est moi. Animer signifiant « insuffler de la vie », j’espère que je serai suffisamment « vivante » et que je trouverai les ressources pour rendre plaisantes les rencontres de ce groupe qui doit se réunir à raison d’une fois toutes les 3 semaines jusqu’à la fin de l’année scolaire.

Ce qui intéresse les participants : lire la bible, on s’en doute, mais sans se contenter d’un partage biblique. Ils m’ont dit très clairement préférer « l’étude », l’explication-interprétation des textes, en particulier ceux de l’Ancien Testament. Nous allons donc nous pencher sur l’Ancien Testament. Mais comme c’est l’année St Luc, on a décidé de lire l’évangile de Luc en parallèle (celui qui a été offert par le diocèse à chaque paroissien et que la plupart ont –religieusement- posé sur une étagère pour ne plus y toucher…). On le lira en continu, 4 chapitres avant chaque rencontre. Puis lors de la réunion, on regardera de plus près les liens explicites ou implicites avec l’Ancien Testament et on étudiera la lecture de l’AT du dimanche suivant la rencontre. Bon programme non ? Et pas mal de travail pour moi en perspective pour préparer tout cela…

Un participant a suggéré aussi que l’on s’amuse à rechercher les expressions d’origine biblique passées dans le langage courant. Il a raison, dans ce type de rencontre, il faut aussi veiller à l’aspect ludique. Alors je me suis prêtée au jeu et j’ai fait une recherche. Vous en avez la primeur.
 

Jouons un peu.

 

Quelques « intrus » se sont glissés parmi ces expressions bibliques ou d’origine biblique. Pouvez-vous les retrouver ?

D’après « Clic sur ta Bible » 

 

Semer la zizanie

 

Rendre à César ce qui est à César

 

Etre comme St Thomas

 

Aide-toi et le ciel t’aidera

 

Ne pas distinguer sa droite de sa gauche

 

Chaque chose en son temps

 

Pleurer comme une Madeleine

 

Charité bien ordonnée commence par soi-même

 

A chaque jour suffit sa peine

 

Le pot de terre contre le pot de fer

 

Un colosse aux pieds d’argile

 

Le bon Dieu t’a puni.

 

 

Réponses : il y a 3 intrus : « Aide-toi et le ciel t’aidera » ; « Charité bien ordonnée commence par soi-même » ; « Le bon Dieu t’a puni ».

 

Seules les expressions en gras sont bibliques ou d’origine biblique :

 

Semer la zizanie : une parabole de Jésus nous apprend que la zizanie est la mauvaise herbe semée au milieu d’un champ de blé pour jeter le trouble chez son ennemi. (Matthieu 13, 25)

 

Rendre à César ce qui est à César : Marc rapporte ces paroles de Jésus lorsqu’on lui demande s’il faut payer l’impôt ou non… (Marc 12, 17)

 

Etre comme St Thomas : Thomas veut avoir des preuves tangibles de la résurrection de Jésus et demande à voir les marques de la passion (Jean 20, 24-29)

 

« Aide-toi et le ciel t’aidera »  n’est pas biblique !

 

Ne pas distinguer sa droite de sa gauche : ou, selon certaines traductions, ne pas distinguer le bien du mal (Jonas 4,11)

 

Chaque chose en son temps : exhortation à la patience que l’on trouve dans un texte ancien de sagesse (Qohélet 3, 17)

 

Pleurer comme une Madeleine : fait allusion à une femme de l’Evangile nommée Madeleine. Rencontrant le Christ, ses larmes manifestent sa joie (Luc 7, 37-47).

 

« Charité bien ordonnée commence par soi-même »  n’est pas biblique. On s’en doute un peu…

 

A chaque jour suffit sa peine : expression qui invite à ne pas se soucier outre mesure pour le lendemain (Matthieu 6, 34)

 

Le pot de terre contre le pot de fer : Deux siècles avant le Christ, l’auteur de ce recueil de sagesse évoque la prudence à avoir vis-à-vis des puissants (Siracide 13,2)

 

Un colosse aux pieds d’argile : désigne quelqu’un qui semble extrêmement solide, et qui en réalité garde une fragilité qui le rend vulnérable (Daniel 2, 31-45)

 

« Le bon Dieu t’a puni » n’est pas biblique. C’est carrément un contresens…

 

 

Et vous, vous en connaissez sûrement d’autres ?

 

A bientôt.

 

Catherine

 

oOo

 

Mercredi 6 janvier 2010

 

Amis de Murmure, bonjour à tous, et BONNE ANNEE !

 

Je vous souhaite d’emprunter les nouveaux chemins qui s’ouvrent à vous en 2010 avec confiance et sérénité, que ce soit dans le cours de vos activités, avec vos proches ou au fil de vos rencontres…

A propos de rencontres, il faut que je vous parle d’un livre que j’ai lu pendant la période de Noël et qui est un vrai cadeau du Ciel. Il s’agit du dernier ouvrage de Christian SALENSON intitulé : Christian de Chergé, une théologie de l’espérance, paru chez Bayard en 2009 et qui a reçu le Prix Siloë-Pèlerin, amplement mérité…

Quand mes amis Denis et Brigitte m’ont parlé de ce livre, ils l’ont qualifié d’important. J’ajouterai, après l’avoir lu, qu’il est lumineux. Or, ce livre traite justement du thème de la rencontre, plus précisément de la théologie de la rencontre des religions, et d’une rencontre en particulier, celle du Christianisme et de l’Islam.

Christian Salenson est un prêtre du diocèse de Nîmes. Il est directeur de l’Institut de science et de théologie des religions à Marseille. Il se passionne pour la vie, les écrits et la pensée de Christian de Chergé, un moine en terre d’Islam,  le prieur de la communauté de Tibhirine. C’est la pensée de De Chergé mêlée à sa propre analyse qu’il livre dans son ouvrage.

Pourquoi est- il si important alors ?

Pour plusieurs raisons en fait.

Personnellement, il m’a aidé à mieux comprendre le fameux Testament de Ch. de Chergé qui circule dans les communautés chrétiennes et qui est devenu un « classique ». Un texte « puissant », concentré de foi chrétienne, témoignage saisissant à l’image des textes bibliques, mais qui demande à être resitué dans un contexte et une biographie pour être pleinement compris…

Ce livre est important, ensuite, car il aide à penser positivement et sereinement une relation avec l’Islam et les musulmans. Or, dans le contexte actuel (et celui à venir) de pluralisme religieux et de cohabitation de plus en plus fréquente avec des musulmans, il est important de trouver la bonne attitude. De Chergé en indique une : celle de la considération positive et inconditionnelle de la religion de l’autre. Avec de Chergé, l’idée de la rencontre des religions va bien au-delà d’un simple dialogue entre un musulmans et un chrétien qui s’apprécient. Ce qui est en jeu, c’est l’accueil de la religion de l’autre, nuance…

 

Ce livre permet aussi de prendre de la hauteur par rapport à certains débats qui agitent les esprits et la société. Avec de Chergé, il n’est jamais question du voile ou des minarets, encore moins de conflit, de rivalité entre les religions ou de prosélytisme. Le débat se situe au niveau du dessein de Dieu ! Il considère en effet que l’Islam a une place dans le dessein de Dieu. Il ne sait pas laquelle, et ne veut pas la définir, car selon lui, c’est l’Esprit de Dieu qui la bâtit au travers des rencontres entre chrétiens et musulmans justement. Rencontres que De Chergé a choisi de vivre pleinement au prix de sa propre vie…

 

Autant vous dire qu’on ne sort pas « indemne » de telles expérience (et de la lecture du témoignage) comme la prière avec des frères musulmans, la co-existence quotidienne avec eux, le dialogue avec « les frères de la Montagne » (des terroristes en fait…). La compréhension de la personne de Jésus-Christ, du rôle de l’Eglise et de sa mission en est transformée…C’est ce dont le livre témoigne également.

 

Enfin, et pour finir, l’ouvrage contient une vraie perle : la relecture de la Visitation par le moine de Tibhirine qui en vient à tenir ces propos étonnants : « sans la rencontre avec l’Islam, l’Eglise ne libérera pas totalement son Magnificat… ». Je vous indique la page (195) mais ne la lisez pas avant d’avoir parcouru les chapitres précédents, vous risqueriez de « passer à côté »…

 

En résumé, je dirais que ce livre a deux vertus : tout d’abord il vous rend profondément respectueux et délicat vis-à-vis de l’Islam et ensuite, il vous invite à revisiter les fondements de votre foi. Ce qui n’est pas rien. C’est même très important.

 

Vous ne croyez pas ?

 

Vous m’avez compris je pense, je vous invite à lire ce livre !

 

Bon début d’année à vous.

 

Catherine

 

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Mardi 22 décembre 2009

 

Amis de Murmure, bonjour à tous,

 

Ma fille s’est fait recruter par les scouts. Et un week-end en leur compagnie a suffi pour faire d’elle une « guidouille ».

Au retour de chaque week-end, elle me raconte ce qu’elle a FAIT.

Chez les scouts, elle apprend à cuisiner. Elle, ne dit pas « cuisiner », mais « FAIRE à MANGER ». Elle sait faire un plat maintenant, dont elle ignore le nom mais qui doit être une omelette aux pommes de terre et aux lardons (nous sommes en Franche-comté…).

Elle ORGANISE, avec son groupe, des jeux olympiques ( !) qui auront lieu au printemps prochain. Elle a été désignée « intendante ». Elle sera chargée des achats. Elle aura le droit d’ACHETER du Nutella. Pour le moment, elle CHERCHE des vieux tissus pour les RECYCLER et en FAIRE des drapeaux (heureusement sa grand-mère est couturière…) pour les fameux jeux olympiques.

Début décembre, elle a ILLUMINÉ le marché de Noël d’Ornans avec des lumignons, VENDU des calendriers et du pain perdu pour obtenir de l’argent en prévision du camp d’été.

Puis, elle est allée jusqu’à Poligny (la capitale du Comté, située dans le Jura) pour CHERCHER la lumière de Bethléem et la PORTER, avec son message « La paix avec Vous », jusqu’à Ornans (dans le Doubs).

Elle est rentrée à la maison le soir là, rayonnante, raccompagnée par un jeune chef scout, dans une voiture pétaradante.

En écoutant ma fille parler, et employer tous ces verbes d’action, j’ai repensé tout à coup au très beau poème du pasteur Francine CARILLO qui écrit ceci, dans Le Plus que Vivant :

 

 

                                                           Les verbes
                                                           qu’il aime

                                                           sont

                                                           des verbes

                                                           simples

 

                                                           marcher

                                                           manger

                                                           toucher

 

                                                           regarder

                                                           bénir

                                                           aimer (beaucoup)

 

                                                           mais aussi

 

                                                           chercher

                                                           veiller

                                                           quitter

 

                                                           pleurer

                                                           se perdre

                                                           mourir

 

                                                           des verbes pleins

 

                                                           humains

 

                                                           à portée de main

 

                                                           Mais en lui

                                                           ils reçoivent

                                                           une hauteur

                                                           étoilée

                                                           qui interrompt

                                                           nos bassesses

                                                           comme nos paresses

 

                                                           et nous laisse

                                                           avec le goût

                                                           de ne pas

                                                           en rester là.

 

Moi aussi, je crois que les verbes que Dieu aime sont des verbes simples…

 

A vous aussi maintenant, et à quelques heures de Noël, j’ai envie d’adresser le message des scouts : La paix avec vous.

 

Joyeux Noël à tous.

 

Avec toute mon amitié.

 

Catherine

 

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Samedi 12 décembre 2009

 

Amis de Murmure, bonjour à tous,

 

J’ai fait une expérience étonnante dont j’avais envie de vous parler. Il s’agit d’une expérience mystagogique. C’était il y a 8 jours, dans le cadre de la formation ThéoFOR consacrée à l’eucharistie. Au lieu de démarrer la journée par un enseignement SUR l’eucharistie, nous avons commencé par VIVRE le sacrement. Puis, nous nous sommes retrouvés en « carrefour », c'est-à-dire en petits groupe de dialogue (à la croisée des chemins de chacun…) et nous nous sommes posés une (et une seule) question : qu’est-il advenu de moi durant ce temps d’eucharistie ?

 

Je me suis prêtée à l’exercice (proposé par Sœur Martine qui animait notre journée de formation et qui vient du Diocèse de Lille) et j’ai tout à coup découvert tout ce que je faisais lors d’une célébration. J’ignorais que je faisais autant de choses.

En fait, je viens à la célébration avec tous mes proches que je « porte » avec moi. Je me suis rendue compte que je pensais beaucoup à eux et priais pour eux. Très rapidement aussi, je dis « merci » à Dieu. Puis, je me remémore un tas d’évènements passés en lien avec le lieu et les circonstances : je me suis souvenue des journées de l’Ecole des Ministères qui se passaient dans le même lieu et que j’ai tant appréciées.

J’ai écouté attentivement les lectures bibliques et la belle prédication de mon ami Gilles, la prière universelle dite de manière spontanée par les participants, le Notre Père dit avec les enfants, le reste, j’avoue, je n’ai pas toujours écouté...

J’ai pris le temps d’observer les visages et les lieux : grande baie vitrée donnant sur la nature, mobilier sobre et contemporain, proximité du célébrant. J’ai pris de petites décisions concernant l’éducation de mes enfants et j’ai travaillé pendant quelques minutes. J’ai trouvé tout à coup comment démarrer une nouvelle intervention que je devais préparer, j’ai même conçu la première diapo de mon diaporama dans ma tête, puis je me suis re-concentrée sur la célébration…Je me suis remémorée aussi certains passages du décalogue de la sérénité du Pape Jean XXIII, (ne pas vouloir résoudre en un jour le problème de toute une vie etc...), ce qui m’a apaisée.

J’ai aimé que les hosties et le vin soient dans des poteries et j’ai apprécié pouvoir tremper l’hostie dans le vin, car cela me rappelle la Sainte Cène protestante.

Comme je devais animer le temps de carrefour, je n’ai pas noté tout ce qui me venait à l’esprit, mais je n’en revenais pas de ce qui était advenu de moi, (j’aime beaucoup ce verbe « advenir »…).

 

La mystagogie ?

 

C’est ce que je décris. L’Eglise catholique la définit ainsi : du grec "mustes", initié et "agein", conduire. C'est,  pour les nouveaux baptisés, un temps d'approfondissement de la foi et d'incorporation à la communauté chrétienne.

 

Ce que j’ai découvert ce jour là ?

 

Que l’on ne venait pas à l’eucharistie tout seul, mais qu’on venait avec « le monde », ses activités, les autres, sa mémoire, son corps, ses sens…pour un temps de communion avec les personnes présentes (et absentes) et Dieu.

 

En tout cas, c’est une expérience que je vous recommande de faire.

 

Bon temps de l’Avent à vous tous.

 

Catherine

 

 

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Lundi 30 novembre 2009

 

Amis de Murmure, bonjour à tous,

 

Il n’y a pas que l’adverbe « simplement » qui pose problème dans l’Eglise. Il y en a un autre qui agite pas mal les communautés. Il s’agit de l’adverbe « autrement ».

Il y a quelques années, un mot d’ordre a surgi dans l’Eglise (catholique) : il fallait faire des célébrations dominicales « autrement ». L’idée était, si mes souvenirs sont bons, de revaloriser le rassemblement dominical, de retrouver le goût de l’eucharistie, de rejoindre ceux qui se tiennent éloignés de l’Eglise.

Dans ma paroisse, le prêtre et l’équipe paroissiale en place à l’époque ont proposé une première formule de « Dimanche autrement » qui se déroulait ainsi : une conférence-débat, un moment de convivialité-discussion, une célébration festive. Des animations adaptées étaient prévues pour les  enfants. Cinq dimanches se sont déroulés de cette manière sur une période de deux ans.

L’idée était de « nourrir » la foi des participants. L’ambiance était à la réflexion et à la discussion. Elle pouvait être à l’émotion aussi. Je me souviens de la conférence sur la résurrection du Père Gilles Brocard. Et du moment où il a expliqué que l’ensemble de la création ressusciterait  ce qui en a étonné plus d’un dans l’assemblée. Je me souviens aussi de cette jeune mère de famille, enseignante, pratiquante, complètement « retournée » et émue par les propos du conférencier sur la Résurrection. Parce qu’elle avait entendu des choses sur la Résurrection qu’elle n’avait jamais entendues auparavant…

Puis la formule a été abandonnée.

Entre temps, étaient parues de nouvelles recommandations pour les Dimanches Autrement,  promouvant une démarche catéchétique intergénérationnelle. Des documents sont arrivés, avec des propositions très innovantes. Des personnes de ma paroisse se sont formées, une grosse équipe s’est mobilisée à la réalisation du DA.

Plus de conférence ni de discussion dans la nouvelle formule. Mais un enchaînement d’ateliers : photolangage, logographe, lecture contemplative, art floral… Et toujours une célébration pour clôturer le rassemblement. L’ambiance devient créative et méditative.

Mais la préparation d’une telle manifestation requiert un gros investissement, beaucoup d’énergie. Certains se découragent. L’équipe organisatrice évolue. Du coup, le DA nouvelle version évolue encore.

Un DA 3ème génération est programmé pour l’entrée dans l’Avent. Le samedi soir (c’était samedi dernier) et non plus le dimanche matin. La formule « ateliers catéchétiques intergénérationnels » est maintenue mais la célébration est supprimée. L’organisation, toujours aussi importante, est soignée : temps d’accueil convivial avec collation, chant et musique, belles salles, minutage des activités.

Mais les participants sont peu nombreux…A quelques exceptions près, seuls se sont mobilisés « les acteurs pastoraux » comme les appelle mon ami Denis, et seule une poignée de jeunes rappelle la dimension intergénérationnelle du projet.  Nous nous sommes donc retrouvés « entre nous ». Du coup, l’ambiance fut tout autre. Elle fut très spirituelle et priante. Le texte biblique choisi devait y être aussi pour quelque chose. Nous avons longuement contemplé le très beau cantique d’Anne, la mère du prophète Samuel (dont je vous recommande vivement la lecture : 1 Samuel 2, 1-10) et nous avons médité sur les grands « renversements » que Dieu pouvait provoquer dans une vie…

A l’heure où je vous écris, quelque chose me dit qu’il y aura prochainement, dans ma paroisse, un DA 4ème version, et que nous ferons encore autrement.

 

Peu importe, je pense, tant que la Parole continue à résonner… Ce qui est le sens du mot catéchèse.

 

Bon temps de l’Avent à vous tous.

 

Catherine

 

 

oOo

 

Mercredi 18 novembre 2009

 

Amis de Murmure, bonjour à tous,

 

Vous avez été plusieurs à me dire avoir apprécié mon dernier message. Apparemment, ce billet vous a amusé. Tant mieux !

J’en conviens volontiers, naviguer dans différents univers religieux permet de s’enrichir, incontestablement. Toutefois, il faut savoir que ce n’est pas toujours simple. Cela exige de la souplesse, certaines capacités d’adaptation, et des remises en question. Il faut savoir aussi que mes pérégrinations en terre catholique, ma bible sous le bras (dans ma sacoche en fait), ne sont pas sans risque.

Je vous ai parlé, il y a quelques temps, de l’initiation à la lecture de la Bible que j’avais animée à Vesoul avec un ami prêtre, bibliste de formation. Lors d’une des soirées, j’ai eu « l’audace » de proposer aux participants, de lire la Lettre de l’Apôtre Paul à Philémon. Je leur avais annoncé au début la séquence, qu’en repartant, ils auraient lu un livre complet de la Bible. L’idée était de les mettre en appétit et de leur montrer que la lecture de la Bible était accessible.

La lettre à Philémon est la plus courte des épîtres de Paul (réputées plutôt difficiles). Elle est simple à comprendre et évoque une situation concrète, celle d’un esclave appelé Onésime. Onésime s’est (probablement) enfui de chez son maître Philémon après lui avoir causé des torts. Il a rencontré Paul et s’est converti. Paul écrit à Philémon pour intercéder en sa faveur. Il demande à Philémon de reprendre l’esclave fugitif. Il s’agit bien d’une situation ordinaire de la vie des hommes de ce temps là mais qui va prendre une tournure nouvelle du fait que les trois hommes partagent la même foi.

Ce qui est intéressant dans ce texte, entre autres, c’est le ton de la lettre : l’apôtre Paul écrit avec beaucoup de tact et de délicatesse. C’est ce qui a frappé certains participants de la soirée biblique qui ont vu se dessiner un nouveau visage de l’apôtre Paul qu’ils ont qualifié d’homme « tendre », terme étonnant pour parler de St Paul. Mais ça, je vous l’avais déjà raconté…

Quelques jours plus tard, j’ai naïvement raconté cette lecture collective de la Lettre à Philémon lors d’une réunion diocésaine et je me suis retrouvée accusée de fondamentalisme ! J’ai récusé cette idée, me suis expliquée, ai été largement défendue par mon entourage. Ceci dit, la critique émane d’une personne reconnue, âgée, très érudite et cela jette le discrédit sur ce que je peux faire et surtout, ça sème le trouble. C’est ce qui me gêne le plus dans l’affaire. Je ne suis pas là, dans l’église catholique,  pour générer des problèmes…

En fait, le désaccord porte sur un mot, l’adverbe : « simplement ». Je pense que l’on peut lire la bible « simplement ». Et c’est ce qui dérange. Or, pour moi, « simple » ne veut pas dire « simpliste » ou « comme on veut » ou « tout seul ». Mais « simplement » veut dire : avec ce que l’on connaît, avec les repères que l’Eglise transmet, avec sa foi et en se laissant guider.

Par d’autres lecteurs plus aguerris (et par l’Esprit Saint…).

Pour moi, la bible ne doit pas rester un « classique », au sujet duquel on accumule des connaissances mais qu’on n’a pas lu. Elle n’est pas un livre écrit par des savants pour des savants. Elle est d’abord un livre écrit par des croyants pour des croyants, pour transmettre une expérience de foi. Ce qui n’interdit pas une étude approfondie ou scientifique du livre…

Plutôt que « simplement », j’aurais dû dire « pour tous ». Mon idée est que la bible doit être accessible à tout le monde et non pas être réservée à une élite…

C’est un point de vue très « évangélique », je sais…

A bientôt.

Catherine

oOo

Dimanche 8 novembre 2009
 

 Amis de Murmure, bonjour à tous,
 

 Lors de la fête de Toussaint, j’ai eu l’occasion de lire chez mes beaux-parents (catholiques), un numéro de la revue (catholique) La Vie consacré aux protestants. Passionnant. Il y avait un test à faire intitulé : « Etes-vous protestant ? » Je l’ai fait et ai eu le plaisir de constater que j’étais toujours protestante mais à un point près seulement. Encore un peu, mon score me positionnait dans le courant catholique. Ce qui ne m’aurait pas forcément déplu…

Le même jour, dans ma famille (protestante), j’ai lu la revue (réformée) Le Messager. Elle me proposait un test, elle aussi, permettant de savoir quel type de protestant j’étais. De ce côté-ci aussi, tout est dans l’ordre : mon résultat me situe dans le courant réformé mais à un point près également. Un point de moins et je me retrouvais dans la branche évangélique ! Si mon penchant catholique n’est pas une surprise pour moi, l’orientation évangélique en revanche, en est une !

En résumé : si on m’interroge aujourd’hui sur ma religion, il faudra que j’explique que je suis une protestante réformée, sympathisante catholique et de tendance évangélique…

La Toussaint 2009 aura eu de bon pour moi, de me permettre de clarifier (si je puis dire) mon identité religieuse…

                                                                  

Toujours dans Le Messager (réformé),  je suis tombée sur une très belle prière écrite par un pasteur (luthérien). Or, je sais qu’il y en a parmi vous qui aiment les beaux textes, les belles prières. Vous m’en avez fait part par courriel. Aussi, j’avais très envie de partager avec vous ma trouvaille. J’ai trouvé ce texte très inspiré. Tout y est : le lien à Dieu qui est premier. La nature du lien : l’alliance. La manière d’agir de Dieu : conduire par le lien d’alliance (et non une baguette…).  Le lien à Jésus-Christ, le lien à la terre et aux autres et l’expression d’une volonté : celle de préserver l’unité de l’Esprit.

 Ça donne :

 Témoins ensemble

 Briser les murs, Seigneur,

et tisser des liens d’humanité et de foi,

voilà ton appel et notre défi.

 

D’abord nous relier à toi, notre Dieu, notre créateur et notre Père,

Toi qui, depuis nos pères et nos mères dans la foi, génération après génération,

renouvelle ta promesse exprimée dans la bouche du prophète Ezéchiel :

« je vous conduirai par le lien de l’alliance ».

 

Merci de nous permettre d’être reliés à ton fils, Jésus-Christ,

qui a renouvelé cette alliance et ouvert largement

le chemin qui mène vers toi et notre prochain, à sa suite.

 

Permets-nous Seigneur de vivre reliés à la terre

que tu nous as offerte comme lieu de vie partagé,

de retrouver nos racines et nos liens avec tout ce qui vit.

 

Enfin, relie-nous entre nous Seigneur,

fais de nous ton peuple, faisant face, unis dans le même élan,

au risque et à la grâce de notre diversité.

 

Comme Paul l’écrit aux Ephésiens,

Encourage-nous lorsque « nous nous efforçons de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix »

Que dans nos vies, les brins tissés de la foi, de l’espérance et de l’amour,

nous donnent l’étoffe des témoins,

tes témoins

témoins ensemble.  

                                                                 

Pierre KOPP (Pasteur luthérien de Saverne)

 
 

 

C’est chouette, non ?

 

Catherine

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Jeudi 29 octobre 2009

Amis de Murmure, bonjour à tous 

Quand j’ai proposé à ma fille Ariane, 13 ans, de participer à la fête des ados organisée par les 3 diocèses de Franche-Comté, elle m’a dit « NON ». Très respectueusement, mais avec détermination.

J’ai insisté, et lui ai imposé, non pas d’y aller, mais de participer à la réunion préparatoire organisée par la paroisse. Je lui ai dit qu’après avoir assisté à la réunion et en connaissance de cause, elle déciderait d’aller ou non à Devecey. 

Au retour de la réunion, le « NON » était devenu un « OUI ». Elle est donc partie, dimanche 18 octobre, de bon matin, avec un groupe d’une dizaine de jeunes, rejoindre plusieurs centaines d’autres jeunes réunis à Devecey pour une journée festive. Au programme de ce grand rassemblement : témoignage, activités diverses, pique-nique, chants, célébration. 

Elle est rentrée ravie, l’œil pétillant, le sourire aux lèvres. Visiblement, la fête des ados lui avait plu. Elle m’a d’abord un peu raconté la journée. Rien sur la présence des 3 évêques qui l’a laissée indifférente, pas grand-chose sur la célébration qu’elle a trouvée un peu longue car il fallait beaucoup écouter...Beaucoup de choses par contre sur ses rencontres : ce qui l’a touchée tout d’abord, c’est d’avoir été accueillie par son prénom par un animateur qui l’a reconnue lors de son arrivée dans l’immense salle, encore vide car son groupe était arrivé le premier. Ensuite, il y eut LA rencontre de la journée, avec les scouts, d’Ornans m’a-t-elle précisé. « Ils sont super sympas, et ce qu’ils font, c’est trop bien. On s’est bien amusé, mais pas assez longtemps… ».  Et de m’expliquer : les campements, les aventures, les réalisations artistiques, les feux, la protection de la nature et le froissartage. ?!?! Devant mon étonnement, elle s’est mise au tableau, et tout en dessinant une espèce de courbe parabolique ( ?) elle m’expliqua qu’elle voulait apprendre à faire des constructions et apprendre à faire à manger ( ?!?!).  J’ignorais qu’elle voulait apprendre tout ça ! 

Mais les choses n’allaient pas s’arrêter à un simple compte-rendu. Je la voyais venir. Elle préparait le terrain. Elle a pris cet air malicieux qu’elle a quand elle a trouvé un bon plan ; elle avait surtout quelque chose à me demander : « l’emmener chez les scouts », un week-end par mois, et un camp en été, elle avait déjà pris tous les renseignements…Il ne me restait plus qu’à téléphoner pour l’inscrire ! Et à dire « oui »… 

J’ai donc pris le téléphone pour contacter le responsable des scouts d’Ornans. Long échange téléphonique, puis échange de mails. Je n’étais pas au bout de mes surprises. En vue de l’inscription de ma fille chez les scouts, j’ai reçu 7 documents par mail dont un document qui faisait 184 pages, intitulé « GPS guide pour le scoutisme des 11-14 ans ». Je n’ai pas lu les 184 pages mais je les ai parcourues. J’ai été épatée par la qualité du document. Tout y est : le développement et les besoins des ados, la progression pédagogique, la démarche spirituelle, les descriptifs d’activités. Les explications sont claires et précises. Ça donne confiance. 

Dans le mail qui m’a été adressé par le responsable du groupe d’Ornans, il y avait aussi ces mots qui m’ont interpellée : « le scoutisme est une philosophie de vie : rendre les jeunes citoyens, responsables autonomes et heureux, rendre le monde un peu meilleur, au moins essayer. » 

Un beau programme, vous ne trouvez pas ? 

Au fait, vous savez ce que c’est, vous,  le froissartage ? 

Amicalement, comme toujours. 

Catherine 

 

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Jeudi 15 octobre 2009 

Amis de Murmure, bonjour à tous 

Je rentre de Strasbourg où j’ai séjourné 2 jours. J’aime beaucoup me rendre dans cette ville polyglotte et « transculturelle », où l’on côtoie beaucoup de jeunes, où l’on circule en tram et à vélo. J’aime aussi cette ville parce qu’on peut voir quelqu’un lire « Prions en Eglise » dans le bus, un juif porter la kippa, ou des affiches évangéliques dans la rue, annonçant que « Jésus est vivant ». 

A Strasbourg, j’ai retrouvé Xavier, un ami prêtre. Cela faisait plusieurs mois que je ne l’avais pas vu et je ne m’attendais pas à ce qu’il m’annonce un prochain départ pour le Cameroun. Je le savais curieux, aimant les voyages, mais je ne lui connaissais aucun attrait particulier pour ce pays. Aussi, je me suis empressée de lui demander ce qui pouvait bien le pousser tout à coup jusqu’au cœur de l’Afrique pour une durée de 4 mois. 

« C’est le fait que, là-bas, les gens peuvent faire plusieurs heures de marche pour se rendre à la messe, et que l’homélie peut durer jusqu’à une heure. Les gens ont faim et sont demandeurs » fut sa réponse spontanée. Puis, il m’expliqua qu’il voulait voir ce que cela faisait que de partir, la bible à la main, à la rencontre des gens. Pendant 4 mois, il sera en effet au service de l’Eglise camerounaise pour une mission de formation (biblique) et d’animation liturgique. 

Mon ami reste réaliste, néanmoins, quant à la situation de l’Eglise camerounaise. Les paroisses pleines, les vocations nombreuses, les chorales animées constituent la face lumineuse de cette jeune Eglise. Il m’a dépeint une face plus sombre : celle de la corruption (à l’image de celle du pays), de l’enrichissement du clergé, de la persistance de pratiques occultes dans les communautés chrétiennes, ou encore du cléricalisme et du peu d’engagement des laïcs. 

En l’écoutant dépeindre cette Eglise africaine, j’ai fait le lien avec celle de Pergame, l’une des 7 églises à laquelle l’apôtre Jean écrit, au début de l’Apocalypse. Pergame, il y a presque 2000 ans, présentait déjà un peu les mêmes symptômes (Ap 2, 12-17).

Situés sur une route caravanière, Pergame avait besoin de Rome pour exister. Ville de grande culture rivalisant avec Alexandrie, riche car elle commerçait le parchemin (= pergame), elle possédait une haute cour de justice qui avait le pouvoir de condamner les gens à mort en votant avec un cailloux blanc et noir. C’était le centre du culte d’adoration à César. La communauté chrétienne, elle, était très belle ; elle tenait au Christ et lui était fidèle. Mais elle était menacée de l’intérieur par les adeptes de Balaam et par des chrétiens qui se laissaient aller au besoin de satisfaire leurs désirs immédiats en succombant à des tentations (voyance, jeux d’argent). Le mal à Pergame, c’était que quelques chrétiens voulaient être riches, beaux, influents comme d’autres membres de la société de l’époque… 

Tout cela pour dire que le « mal » dont souffre l’Eglise camerounaise n’a rien de bien nouveau. 

L’éternelle question posée à aux chrétiens de Pergame hier, à ceux du Cameroun ou à nous aujourd’hui dans nos églises, est : qu’est ce qui nous fait exister : les honneurs, la réussite sociale ou est-ce le Christ ? 

A bientôt. 

Catherine 

 

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Dimanche 4 octobre 2009 

Amis de Murmure, bonjour à tous,

Le risque était grand de faire une lecture terre à terre de l’évangile d’aujourd’hui (Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 10, 2-16).  Ce passage où Jésus est interpellé sur les conditions de la répudiation comporte un vrai piège pour le lecteur contemporain, celui de faire un  rapprochement entre la répudiation et notre divorce actuel et donc de tomber dans une lecture moralisante de ce passage de l’évangile.

Mais heureusement, et je m’en doutais, notre prêtre n’allait pas tomber dans un tel piège. Lors de son homélie, il n’a jamais prononcé le mot « divorce » ni celui de « mariage » d’ailleurs.  

Un ouvrage de Christian Bobin à l’appui, il a prononcé une homélie autour des mots « vie » et  « création », en prenant de la hauteur par rapport à la problématique posée à Jésus en terme de « permis ou pas permis ».  Pas question de se laisser enfermer dans ce type de questionnement…Notre prêtre a changé de perspective, comme Jésus l’a fait avec ses détracteurs et avec ses disciples, en rappelant le projet créateur de Dieu, qui crée l’homme et la femme certes mais aussi la relation qu’ils ont entre eux. 

En écoutant l’homélie ce matin, j’ai repensé à nouveau aux belles affiches de l’Eglise de St Georges d’Oléron que notre prêtre apprécie aussi. Il y en avait une dont la photo, comme le texte issu de la Lettre de l’apôtre Jacques aux chrétiens, évoquaient l’origine divine de tout ce qui arrive de bon à l’homme et à la femme et qui était donc le rappel d’une conviction chrétienne profonde et essentielle comme quoi Dieu veut le bien et le bon pour l’homme.

 

 

« Mes frères et mes sœurs très aimés, ne vous trompez pas, écrivait l’Apôtre. Tout ce qui nous arrive de bon, tous les plus beaux cadeaux viennent d'en haut. Ils viennent de Dieu, le créateur du soleil et des étoiles. Chez lui, il n'y a pas de changement, pas de mouvement, pas d'ombre. Dieu a voulu nous donner la vie par la parole de vérité. Alors nous sommes d'une certaine façon au premier rang de tout ce qu’il a créé (1, 16-18). » 

Pour en revenir à l’évangile de dimanche,  la vraie question n’est pas « ai-je le droit de divorcer ou pas ? » mais plutôt « est-ce que ce qui m’arrive et que j’estime comme bon vient de Dieu ? ».

C’est un peu différent… 

Qu’en pensez-vous ? 

Amicalement comme toujours. 

Catherine

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Vendredi 25 septembre 2009 

Amis de Murmure, bonjour à tous, 

Quand j’ai appris que Tim GUENARD venait donner une conférence à Besançon, je me suis empressée d’y aller. Poussée par la curiosité et non par un quelconque attrait pour les histoires dramatiques…Je me demandais bien ce qui pouvait attirer les foules auprès de cet homme. Ce ne pouvait être uniquement son passé d’enfant abandonné et maltraité puis de jeune délinquant. Des enfants comme il a été, il y en a malheureusement beaucoup, et rares sont ceux qui deviennent de grand témoin de l’évangile. Mais aujourd’hui j’ai compris.  

Je m’attendais à quelques surprises en allant l’écouter, je n’ai pas été déçue. Les 450 personnes présentes ce soir là à l’amphi de la fac de médecine non plus… 

1er étonnement : le nombre impressionnant de jeunes. Les jeunes ne vont pas à l’église, boudent les activités ecclésiales mais sont au rendez-vous quand un témoin vient LEUR parler avec les mots de la vie d’aujourd’hui.  Il faut préciser aussi que l’annonce de la conférence avait circulé sur Facebook… 

2nd étonnement : l’homme. Physiquement impressionnant. Visage cabossé, comme sa vie du reste (c’est lui qui le dit), oreille malformée et poignes de boxeur. Je ne voudrais surtout pas recevoir de sa part ce qu’il appelle « un coup de boule ». Ni même une petite claque…Mais plus que la force physique, c’est l’énergie vitale qui émane de cet homme qui est frappante. Il parle deux heures debout, calmement, sans effort apparent. Les yeux dans les yeux avec son public, le touchant de la main, accueillant personnellement chaque auditeur arrivant en retard. (Un conseil en passant, si vous allez à une de ses conférences et que vous êtes timide, évitez d’arriver en retard…). Et après la conférence, il prend le temps, assis cette fois, de parler avec chaque personne qui lui demande la dédicace d’un de ses livres.

 

 

 3ème étonnement : le Big Boss. « Big Boss » est l’expression qu’il emploie pour désigner Dieu. J’adore. C’est inattendu, amusant et très actuel. Les jeunes apprécient aussi. 

4ème étonnement : l’immense douceur qui émane de cet homme, et qui est en complet décalage avec la violence des situations et des actes qu’il évoque dans son témoignage (que ce soit la violence subie ou commise). Il n’y a que Dieu qui opère une telle « conversion ».Tim Guénard a incontestablement rencontré Dieu, on le sent.  Même s’il dit que la « rencontre » ne s’est pas faite directement mais grâce à des personnes animées par la foi.

Tim est la preuve vivante qu’il est possible d’aimer malgré tout, malgré le pire c'est-à-dire de ne pas avoir été aimé..  

5 ème étonnement : son chemin de conversion. Qui passe par la rencontre avec plus cabossé que lui : des handicapés. Et son dévouement moral mais aussi physique pour ces personnes. C’est extrêmement émouvant. Là aussi, on se dit qu’il n’y a que Dieu pour faire prendre un tel chemin à quelqu’un.

 Bon, j’arrête là la liste des étonnements qui pourrait faire 3 pages. Simplement, je vous encourage à rencontrer cet homme, lors d’une de ses conférences ou en lisant l’un de ses livres. Histoire de découvrir comment le Big Boss peut s’y prendre pour rejoindre quelqu’un que rien de prédisposait à une telle rencontre. 

Amicalement, 

Catherine

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Mercredi 16 septembre 2009 

Amis de Murmure, bonjour à tous, 

La rentrée des classes effectuée, c’est maintenant la reprise des activités ecclésiales. Réunions, conférences, célébrations s’enchaînent…Je pensais que, après la période estivale et les vacances, mes amis catholiques auraient oublié les affaires du printemps dernier qui avaient tant secoué l’Eglise catholique, et pas que catholique d’ailleurs…Eh bien, non. Certains évoquent encore les fameuses affaires, je veux parler de la levée des excommunications des prêtres intégristes, le scandale Williamson, l’affaire de Recife, les propos du pape sur le préservatif… Ils se disent perturbés, en désaccord avec les messages et les décisions de Eglise officielle. A ceux-là je suggère de lire les Lettres aux catholiques troublés. 

Ces lettres sont un concentré de foi chrétienne. Elles agissent comme un baume apaisant et revigorant à la fois. Elles sont parues en avril 2009 dans le journal La Croix.

Fidèles à l’évangile et à ses exigences - Soyez toujours prêts à justifier votre espérance devant ceux qui vous en demandent compte. Mais que ce soit avec douceur et respect  (1Pierre3, 15)-  10 personnalités du monde catholique s’engagent en pleine tourmente médiatique et ecclésiale. Marguerite LENA, Timothy RADCLIFFE, le cardinal Roger ETCHEGARAY, Elisabeth DUFOURCQ, Jean-Claude GUILLEBAUD, Jean-Luc MARION, Véronique MARGRON, Jean VANIER, Enzo BIANCHI, Mgr Albert ROUET s’adressent aux catholiques pour leur dire leur confiance en l’Eglise d’aujourd’hui et leur enracinement dans le foi en Jésus-Christ.  Ils expliquent  pourquoi ils resteront dans leur Eglise quoi qu’il advienne et malgré les crises, les conflits et les erreurs. 

Les Lettres sont toutes de grande qualité mais deux sont particulièrement remarquables : celle de la philosophe Marguerite LENA et celle de la théologienne Véronique MARGRON.  Elles brillent par leur pédagogie de la foi et de la morale, leur sérénité et leur intelligence. Magistrales ! 

Ces lettres sont accessibles sur le site www.la-croix.com. Mais tout le monde n’a pas accès à  internet allez-vous dire. Alors justement, bonne nouvelle, les éditions Bayard ont eu la bonne idée de publier ces lettres dans un recueil. 78 pages. 13, 50 euros.  

 

On peut donc le diffuser facilement à son entourage, et en priorité à des personnes qui ont perdu confiance en l’Eglise. Et là, les occasions ne manquent pas…

Et vous, êtes-vous un catholique troublé ? 

Bonne semaine à vous. 

Amicalement comme toujours. 

Catherine 

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Mercredi 9 septembre 2009 

Amis de Murmure, bonjour à tous, 

A l’église de St Georges d’Oléron, cet été, il y avait une autre belle affiche de l’Alliance biblique française, avec un autre message étonnant adressé aux visiteurs.

 

 

« Regardez les bateaux! Ils sont grands, et ce sont des vents très forts qui les font avancer. Pourtant, c'est avec un petit gouvernail qu'on les dirige, et ils vont là où le pilote veut.
La langue, c'est pareil. C'est une petite partie du corps, pourtant elle peut se vanter de grandes choses.
Regardez! Il faut seulement une petite flamme pour mettre le feu à une grande forêt.
La langue aussi est comme une flamme, c'est là que le mal habite. Les êtres humains sont capables de faire obéir tous les animaux : bêtes sauvages et oiseaux, serpents et poissons.
Mais la langue, personne ne peut la faire obéir! » (Lettre de l’Apôtre Jacques 3.4-8)

?!?!

Je trouve l’Apôtre Jacques - qui n’est ni le frère de Jésus ni celui de Zébédée mais un chrétien de Jérusalem ayant probablement vécu dans la deuxième moitié du 1er siècle - bien sévère avec ce petit organe qu’est la langue. Peut-être a-t-il été témoin ou victime de trop de médisances ou de mensonges au point de voir en elle la source du mal…

Personnellement, je serais plus indulgente avec cet organe tellement précieux pour le mammifère que nous sommes. C’est grâce à elle que nous pouvons mastiquer et déglutir donc manger. Elle est l’organe du goût qui donne de la saveur à l’existence et elle nous permet de produire des sons, donc de parler et d’entrer en relation.  C’est l’un des organes, qui, je crois, guérit le plus vite en cas de blessure. Il faut croire qu’il est indispensable à la vie… Jésus, lui, n’hésitait pas à la toucher pour la guérir.

Je ne crois pas que cet organe si précieux soit le siège du mal. Par contre, les paroles qu’on prononce, elles, peuvent véhiculer ou transmettre le mal. Et là, c’est notre cerveau le responsable  en tant que « lieu » de nos décisions.

En fait, la question n’est pas anatomique ou physiologique encore moins religieuse, elle est purement morale : suis-je capable de maîtriser mes paroles ? Suis-je prêt à écarter de ma bouche les paroles blessantes ou inutiles ? Là est la vraie question je pense.

Enfin bref, je trouve que les paroles de l’Apôtre Jacques dans sa lettre aux chrétiens sont drôlement percutantes, elles… 

Vous ne trouvez pas ? 

A la semaine prochaine. 

Catherine

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Mardi 1er septembre 2009 

Amis de Murmure, bonjour à tous, 

Etonnant message que celui qui m’a été donné à lire cet été, sur les murs de l’église de Saint Georges d’Oléron. 

J’aime me rendre dans cette église qui est celle de mon lieu de vacances.  Le bâtiment en lui-même est très beau : roman (je pense), dépouillé, sobre intérieurement comme extérieurement et surtout lumineux.  C’est un lieu où il y a beaucoup de passage : vacanciers, curieux, paroissiens, auditeurs lors des nombreux concerts, personnes en recherche etc.…L’accueil du visiteur est pensé et soigné. Les portes sont grandes ouvertes toutes la journée. Très souvent, un membre de la paroisse est présent et « habite » le lieu. En général aussi, il y a quelque chose à voir, à lire, à découvrir : stand de livres,  expos, revues,  informations concernant la vie religieuse locale.  

Cet été, mon regard a tout de suite été attiré par de très belles affiches colorées. Sur l’une d’elles, on voyait un homme faire de l’escalade, activité peu habituelle dans les îles de l’Atlantique… 

 

 

  Et il y avait surtout ce message :

Mes frères et mes sœurs chrétiens,

 « Quand vous rencontrez des difficultés de toutes sortes, soyez très heureux.

Vous le savez, si votre foi reste solide dans les difficultés, celles-ci vous rendent plus résistants. Il faut que vous résistiez jusqu'au bout, alors vous serez vraiment parfaits et vous ne manquerez de rien. »

Quelle audace !

C’est celle de l’Evangile bien sûr.  Ces propos sont ceux de l’Apôtre Jacques dans sa lettre aux chrétiens. (Lettre de l’apôtre Jacques 1.2-4) 

 Il faut oser, dans le monde d’aujourd’hui, relayer de telles paroles. L’Alliance biblique française, qui a créé l’affiche,  ose proposer ce message. Et elle a raison. Car je suis sûre que parmi les visiteurs qui franchissent la porte des églises en été, il y a des personnes affligées en quête d’une parole de soutien.  Or,  cette parole « paradoxale » est un vrai réconfort : les difficultés sont « accueillies », prises en compte et non rejetées ou considérées comme un échec.  Le sentiment qu’elles suscitent habituellement est inversé : la peine se transforme en joie. Enfin, une piste d’action est suggérée : résister. 

Depuis mon retour de vacances, j’ai rencontré plusieurs personnes dans la peine : maladie, chômage, séparation.  A chaque fois, en les écoutant, j’ai repensé à la Lettre de l’Apôtre Jacques.  Je n’ai pas osé prononcer ses paroles. Toutefois, je me suis autorisée à faire ce que souvent j’ai envie de faire lorsque j’écoute des personnes  dans la difficulté : sourire. Pas à l’annonce de leur malheur mais à la personne dans la peine, nuance… 

Et vous, vous oseriez dire à quelqu’un qui rencontre des difficultés d’être très heureux ? 

Bonne rentrée à vous et à bientôt. 

Catherine

 

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