LES ETONNEMENTS DE CATHERINE

(du 27 mars au 26 juin 2005)

 

Dimanche 27 mars 2005

Chers amis internautes,

Joyeuses fêtes de Pâques à tous !

Cette année et contrairement à mes habitudes, je n'ai pas fêté Pâques en famille.

Du coup, j'ai profité des célébrations proposées par ma paroisse catholique.

L'année dernière, j'étais allée à la célébration du Vendredi Saint. Dans ma tradition protestante, le culte du Vendredi Saint est LE culte de l'année. Les protestants qui ne pratiquent pas vont au culte, en général, ce jour là. Et ils célèbrent en une fois, très solennellement, ce que les catholiques fêtent le Jeudi et le Vendredi Saint.

Mais ce choix ne fut pas concluant : mes enfants ont lamentablement bâillé pendant toute la célébration et moi je n'ai rien retrouvé de " mon " Vendredi Saint, mais ça c'était prévisible…

Donc, cette année, mon choix s'est porté sur le Jeudi Saint et la Veillée pascale. Cette fois-ci, je suis très contente de ma décision : mes enfants ont participé activement, quant à moi, j'étais à l'aise avec ces liturgies que je ne pouvais comparer avec aucune autre…

Mais c'est la Veillée pascale que je voulais vous raconter.

Ma fille (8 ans) s'est retrouvée ce soir là " enfant de chœur ". Elle débute dans la fonction et semble ravie de ses nouvelles attributions. Elle était, heureusement, accompagnée d'une grande fille, beaucoup plus aguerrie (ouf !), pour aider notre prêtre.

Après l'allumage du feu sur le parvis, puis du cierge pascal et enfin de tous les cierges de l'assistance, nous sommes rentrés en procession dans l'église plongée dans l'obscurité. Seuls les cierges éclairaient un peu les lieux. Puis les longues lectures ont commencé.

On voyait bien, de loin, le visage des deux enfants de chœur éclairé à la bougie.

Et là, tout à coup, ma fille s'est mise à faire de drôles de choses. Elle a, avec une main, fermé un oeil, puis elle a tendu le bras qui portait le cierge allumé en direction de l'assemblée et à commencer à " viser ", avec l'œil resté ouvert, je ne sais quelle cible…Le manège a duré un moment, de quoi distraire les jeunes assis sur les bancs de devant. D'habitude je stoppe ce genre de dérives d'un regard ou d'un signe, mais là, dans une église comble et plongée dans le noir, impossible de me manifester.

Comme je m'étonnais auprès d'elle de son comportement, elle m'expliqua à la sortie, qu'en faisant ainsi, elle voyait des étoiles. Des étoiles ?!?! Oui, renchérit-elle, en fermant un œil et en mettant la flamme de la bougie devant l'autre oeil, toutes les petites flammes de l'assemblée devenaient des étoiles.

?!?!

On ne peut voir, dans ce comportement enfantin, qu'un jeu bien-sûr. Mais moi, je me suis demandée tout à coup, si, dans cette histoire de résurrection (que ma fille écoutait tout en jouant, vous allez voir la suite…), il ne s'agissait pas justement d'un changement " d'angle de vue " et s'il ne s'agissait pas finalement de se mettre à VOIR les choses autrement, en portant un autre regard, à commencer sur la mort…C'est l'absence du corps que le disciple bien-aimé va VOIR AUTREMENT (et sous forme d'une présence) en entrant dans le tombeau.

Enfin, je me suis laissée portée par mes réflexions et par une liturgie tout en jeux de lumière. J'ai religieusement participé à la profession de foi collective. C'était facile, le prêtre récitait le credo et à chaque verset nous disions " je crois ". Ce que j'ignorais, c'est que quelques minutes plus tard, il faudrait que je recommence l'exercice, dans un contexte beaucoup plus exigeant…

Car ma fille, encore elle, a profité de ce que nous étions seules dans la voiture pour me dire : tu crois, toi, à la… comment on dit… résurrection ? Jésus qui sort de son tombeau, après sa mort, c'est pas possible ça, hein ? Finalement, elle avait bien écouté, contrairement aux apparences…

Alors là, vous avez 10 secondes pour, rassembler vos idées, évaluer les connaissances de votre enfant et jauger son niveau de compréhension, chercher les mots qui vont bien pour non pas professer une vérité, mais parler en vérité. Dans ces moments là, le vocabulaire religieux ne vous est d'aucun secours, les concepts théologiques encore moins.

Je ne sais pas, lui ai-je dit, si les choses se sont passées tout à fait comme les évangiles nous le racontent, mais ce que je sais, c'est qu'il y a 2000 ans, il s'est passé quelque chose pour Jésus, et que ces amis ont senti qu'il était toujours là, parmi eux, même après sa mort.

Puis silence. C'est elle qui a repris : c'est parce que c'était le fils de Dieu (là, elle récite son caté me suis-je dit). Et j'ai confirmé : Oui, c'est pour cela.

Bon, j'ai fait ce que j'ai pu…

Bonne semaine à vous,

Catherine

oOo

Dimanche 3 avril 2005

Chers amis internautes,

Le monde catholique est en deuil. Il a perdu son grand pasteur.

Je m'associe pleinement, ce matin, à la peine de tous mes amis catholiques.

Je ne vous cache pas que c'est avec un certain soulagement que j'ai appris, hier soir, le décès de Jean-Paul II. Cette mort est certainement une " délivrance ".

Ce que je n'ai pas trop aimé, pendant les quelques jours qui ont précédé la mort surmédiatisée du pape, c'est certains commentaires que j'ai entendus sur les ondes de ma radio chrétienne préférée, RCF (que je soutiens par ailleurs financièrement dans la mesure de mes moyens…). En particulier, la comparaison du pape avec le Christ et pour être précise, le rapprochement de l'agonie de Jean-Paul II avec le chemin de croix de Jésus. Le rapprochement des deux me choque. Car je ne vois rien de comparable dans le décès de ces deux hommes.

Jésus est mort jeune, dans la force de l'âge, Jean-Paul II est mort âgé et malade. Le premier est mort sous les pires tortures, le second en bénéficiant de tous les meilleurs soins que la médecine occidentale est capable de déployer. Jésus est mort humilié, abandonné de tous, Jean-Paul est mort Pape, honoré et respecté. Les évangélistes ont été très discrets sur les souffrances endurées par Jésus, alors que les souffrances du pape ont été médiatisées et quelque part minimisées également car on a essayé de nous faire croire que toutes ces souffrances n'altéraient en rien ses capacités.

Bref, ce que je n'apprécie pas dans les propos de certains commentateurs catholiques, c'est qu'ils récupèrent la figure du Christ pour la plaquer sur celle du pape. Or, je trouve cette manière de faire indécente. Imaginez une autre église chrétienne désignant l'un de ses membres éminents comme le Christ ?

La mort, fut-elle d'un grand homme, n'autorise pas à dire n'importe quoi.

Autre commentaire étonnant entendu ce matin : Jean-Paul II aura été le Pape de l'œcuménisme.

?!?!

Je l'ignorais…

A l'Est, peut-être. J'ignore tout du rapprochement entre les églises orthodoxes et catholiques.

Mais du côté des protestants, je n'ai rien vu venir depuis 25 ans. Je parle au plan " officiel ", car au niveau des pratiques de terrain, j'ai vu des évolutions, c'est ce qui compte allez-vous dire…

Pour moi, " le pape de l'œcuménisme " est celui qui, officiellement, mettra autour de la même table de COMMUNION (c'est à dire la Cène, ou encore l'eucharistie) les protestants, les catholiques, les orthodoxes, enfin, tous ceux qui se disent disciples du Christ. Il ne s'agit pas de fonder une religion chrétienne unique, mais de mettre les frères et sœurs autour du même repas fraternel, comme le Christ l'a demandé !

J'espère que le prochain pape sera celui de l'œcuménisme !

Je me suis un peu emportée, ce matin, mais sachez que ces réactions que je partage avec vous, n'enlèvent rien à la peine que je peux ressentir devant la mort de ce vieil homme, pétri de foi chrétienne et grand apôtre, qu'était Jean-Paul II.

A la semaine prochaine,

Amicalement

Catherine

oOo

Lundi 11 avril 2005

Chers amis internautes,

Pour un catholique, vivre avec une protestante n'est pas toujours de tout repos.

Mon mari n'a pas trop aimé le billet que je vous ai adressé la semaine dernière. Il m'a dit que je n'avais pas été assez " positive " avec le Pape.

?!?!

Je lui ai fait remarquer que j'avais surtout critiqué, non pas le Pape, mais les commentaires que certains journalistes faisaient sur lui, nuance !

Mon amie Charlotte, elle, a essayé de me démontrer que le pape était un grand oecuméniste mais en confondant, comme beaucoup, dialogue interreligieux ( avec les juifs, les musulmans etc…) et oecuménisme. C'est vrai que Jean-Paul II a fait beaucoup pour le dialogue interreligieux, c'est incontestable et c'est une excellente chose, mais je continue à penser qu'il n'en a pas fait autant au sein des Eglises chrétiennes. D'ailleurs, je me demande bien pourquoi. Car, certains observateurs avertis comme Louis-Michel Renier qui est professeur d'ecclésiologie à la faculté de théologie d'Angers, disent aussi que Karol Wojtyla était un oecuméniste convaincu. (La Croix du mardi 5 avril). Alors ?

Pourquoi cette publication du Vatican en 2000 de Dominus Iesus qui dit que les Eglises protestantes ne doivent pas être appelées " Eglises-sœurs " ? Il faut oser écrire une telle chose, (ou laisser écrire par d'autres…) en complète contradiction avec l'esprit de Vatican II et son décret sur l'activité missionnaire (par exemple) qui dit, au chapitre VI sur la coopération missionnaire, que le premier et le plus important devoir pour la diffusion de la foi, c'est de vivre profondément sa vie chrétienne (ce dont je suis archi convaincue…) et, un peu plus loin : " ce témoignage de la vie obtiendra plus facilement son effet s'il est donné CONJOINTEMENT avec d'autres groupements chrétiens, selon les prescriptions du Décret sur l'œcuménisme ". Ce qui est une évidence….

Alors pourquoi avoir suspendu en 2003 ce prêtre allemand qui avait célébré une eucharistie œcuménique ? L'Allemagne, qui compte autant de protestants que de catholiques, réclame une " réunification " religieuse qui me semble légitime. L'Allemagne constitue l'un des pays majeurs d'où cette réunification peut partir. Je ne comprends pas que ce qui a été encouragé au plan politique (la réunification Est- Ouest) ne l'est pas au plan religieux (catholiques-protestants). Pourquoi ce projet allemand n'est pas encouragé par la tête de l'Eglise catholique ?

J'ai le sentiment, que parfois, Jean-Paul II (cette fois-ci je critique…) tournait le dos aux vieilles démocraties d'Europe de l'Ouest et à leurs aspirations. Il leur en voulait, je pense, d'avoir promulgué certaines lois comme la légalisation de la contraception ou surtout de l'avortement. Mais de là à ne pas tenir compte de leurs besoins au plan religieux : ordination d'hommes mariés, ouverture œcuménique etc.., il y avait un pas !

Hou là, là, je sens que mon mari va encore me trouver " négative " avec le pape-qui-a-fait-tant-de-bonnes-choses-pour-l'Eglise, pour les jeunes en particulier, ce dont je ne doute pas un instant ! Mais tous ces messages ou attitudes contre-œcuméniques émanant du Vatican m'ont contrariée (vous l'aurez compris je pense, le sujet me tient à cœur) parce que moi, paradoxalement, j'ai TOUJOURS été accueillie COMME UNE SŒUR par mes amis catholiques et j'aimerais bien que la tête de l'Eglise catholique leur emboîte le pas et que l'événement soit médiatisé ! Quelque chose me dit que ça ferait beaucoup de bien à l'Eglise.

Vous ne croyez pas ?

Amicalement

Catherine

oOo

Lundi 18 avril 2005

 Chers amis internautes,

 Pas de célébration religieuse pour nous hier, mais à la place, des activités aquatiques. Forcées.

Car nous avons eu une invitée surprise, l'eau, qui a surgit tout à coup dans le bas de la maison. Elle arrivait du sol, lentement mais sûrement et s'est mise à tout inonder. C'était la conséquence de fortes pluies orageuses. En 24 heures, il est tombé autant d'eau qu'en 2 semaines et dire qu'on nous parle de sécheresse…

Serpillières, seaux, tuyaux pour siphonner, pelles pour déboucher les rigoles d'écoulement et dériver l'eau, parapluie, bottes, imperméables, enfin, tout l'attirail était de sortie. Au bout de 3 heures d'effort, le sol de la maison était sec, mais nous étions trempés de la tête au pied et transis car il ne faisait que 6° dehors et les courants d'air (pour sécher…) par cette température, c'est pas agréable.

En fait, c'était " Plic Ploc ", le dernier spectacle du cirque Plume transposé à la maison. En moins acrobatique, en moins poétique aussi et en moins drôle surtout car les artistes mouillés, c'était nous…

Un peu de pub en passant pour ce Cirque pas comme les autres et tellement génial qui part en tournée: www.cirqueplume.com

 La prochaine célébration religieuse maintenant, sera celle qui marquera la fin de l'Ecole des Ministères et notre envoi en mission, si j'ai bien compris. Ce sera notre petite Pentecôte. Pour le moment, je ne parle couramment que le français, mais d'ici là… l'Esprit aura sûrement agi, à sa manière, inattendue comme toujours, enfin, j'espère !

Parce que, je ne vois pas du tout ce que pourrait être ma " mission ".

Pour le moment, j'ai surtout le désir de re-transmettre tout ce que j'ai reçu pendant 2 ans. Frédéric (c'est mon mari) a ce même désir. Or, alors que nous partagions ce souhait avec les membres de notre équipe locale, nous nous sommes heurtés tout à coup à ce leitmotiv qui circule dans l'Eglise et qui dit ceci: la foi ne se transmet pas, elle se propose. Avec en corollaire, l'idée que c'est l'Esprit qui agit et qui est premier dans la transmission de la foi.

?!?!

Que ce soit l'Esprit qui agisse, et qui soit premier, je veux bien le croire. Que la foi se propose et ne s'impose pas surtout, aussi.

Que la foi ne se transmette pas, là, je ne suis pas si sûre. En tout cas, l'Esprit ne peut pas agir tout seul, à mon avis. Il faut qu'on l'aide un peu.

Sinon, pourquoi les évêques auraient-ils inventé l'ECOLE des ministères ? Pourquoi, l'Ethiopien, pourtant instruit et attiré par la foi juive aurait-il eu besoin de Philippe pour " saisir " le message ? Pourquoi les disciples d'Emmaüs auraient-ils eu besoin d'un temps d' " instruction " sur les écritures (qu'ils connaissaient déjà pourtant) pour que leur cœur se réchauffe et qu'ils reconnaissent enfin le Christ ?

Il existe un savoir sur Dieu, un savoir fait de connaissances et d'expériences qui se transmet dans une relation. Cette relation particulière est celle du maître et de son disciple. Or ce modèle de relation n'a pas bonne presse dans l'Eglise. Car on le soupçonne de priver le " disciple " ou l'élève de sa liberté de penser. On se trompe à mon avis. Car on apprend rarement tout seul, quel que soit le domaine, spirituel, professionnel, sportif…On apprend en général auprès de quelqu'un.

Demandez à une personne qui a un quelconque talent, comment elle a appris, en général, une autre figure surgit.

 Quand j'étais enfant, je n'allais pas au " catéchisme ". Les protestants n'employaient pas ce terme. Ils parlaient " d'instruction religieuse ". J'aimais bien l'instruction religieuse. Mais aujourd'hui, il faudrait employer une expression moderne pour dire la même chose…

 Bonne semaine à vous.

 Catherine

 oOo

Lundi 25 avril 2005,

Chers amis internautes, de l'EDM et d'ailleurs,

Cher Rémi,

J'ai une pression ENORME, ce matin.

Il faut que j'assure.

Avant, j'écrivais en catimini. Il y avait 5 ou 6 élèves de l'Ecole des Ministères et Rémi qui lisaient régulièrement cette page, plus quelques anciens de l'EDM, et VOUS tous bien-sûr comme d'habitude.

Mais depuis hier, c'est à dire depuis que Rémi a fait ma pub devant tout l'EDM, vous êtes nombreux à m'avoir demandé l'adresse du site et à m'avoir dit que vous liriez ce que j'écrirais ?!?!

Alors BIENVENUE à tous et à toutes sur Murmure !!!

En plus, Rémi, qui est l'un des prêtres animateurs de l'EDM, m'a passé commande. Il m'a demandé de parler du thème du dernier week-end : l'Envoi en Mission. Ce que je vais faire de bon cœur !

Norbert, le doyen des prêtres de l'EDM, celui que certains surnomment " le journaliste ", m'a donné quelques conseils sur la forme : des phrases courtes, sujet, verbe, complément et pas trop de " que ".

Mon mari m'a dit que je devais être pertinente, et il m'a demandé de pouvoir lire mon billet AVANT que je l'envoie…

Mon amie Nathalie, elle, voit dans ce billet, " un liant spirituel " pour l'après EDM ( ?) Son mari, lui, dit préférer un gâteau au chocolat aux pages du net. Pas de problème, je sais faire aussi les gâteaux au chocolat…

Et pour compléter le tableau : la pluie est de retour. Ces trombes d'eau m'inquiètent. Je n'ai pas envie de jouer dans l'eau, les jeux d'eau ne m'amusent plus (Alors, pour les nouveaux, ceci est une allusion à un épisode précédent. Eh, oui, il y a des épisodes, il faut se tenir au courant…).

Bref, si je résume, je dois être spirituelle, pertinente, concise, pour vous parler de l'Envoi en Mission, tout en faisant abstraction de toutes mes autres préoccupations.

La barre est haute.

Bon, alors, l'Envoi en Mission.

Rémi, que veux-tu que je te dise ?

Ce week-end de clôture était bien, trop bien comme disent mes enfants, comme toutes les autres sessions. J'ai aimé ton intervention sur les 7 critères qui permettent d'identifier une Eglise. On aura besoin de ces repères à l'avenir pour discerner dans les différents courants qui émergent, ceux qui sont des Eglises et ceux qui ne le sont pas.

Le méchoui était délicieux. Mon fils, qui avait dû jouer autour du feu, empestait la viande grillée à la messe, et avait les mains toutes noires, mais c'est un détail…

La dernière célébration était émouvante. C'est bon de célébrer fraternellement, et chaleureusement, avec tout ce que l'on est, les uns et les autres.

Pour ce qui est de l'Envoi proprement dit, et pour être sincère, je n'ai pas entendu ce que l'évêque m'a dit en me remettant l'écharpe blanche, mais, sur l'image que Gilles m'a remise, on voit : un bâton, des sacoches, une gourde, un entonnoir ( ?), les pieds dénudés d'un homme assis qui reprend des forces avant de repartir. Le message me semble clair.

En quittant la chapelle, je ne parlais toujours que le français, je n'avais pas vu les langues de feu ni senti de grand vent, l'Esprit ne s'était pas plus manifesté que le jour de ma confirmation au temple (pourtant je l'espérais ce jour là…) et heureusement !

Il faut que j'aille voir AILLEURS maintenant !

L'écharpe blanche, je l'ai mise sur le porte-manteau de la maison. Ainsi, en partant de la maison et en y revenant, je penserai à ma mission, à celle que je crois être la mienne, celle toute simple de re-transmettre ce que j'ai reçu.

Ma fille, elle, s'est noué les cheveux avec son écharpe blanche et m'a dit qu'ainsi coiffée, elle se trouvait belle.

Mon mari et mon fils ont soigneusement plié la leur et me l'ont confiée.

Voilà, Rémi tu sais tout. Enfin pour le moment. Car ma mission, je t'en reparlerai un jour, c'est sûr, mais patiente un peu…

Ah oui, une dernière chose, MERCI !

Catherine

oOo

Lundi 2 mai 2005

Bonjour les internautes, Bonjour Rémi,

Rémi, veux-tu des nouvelles de tes deux " missionnaires " ? Parce qu'il y a déjà du nouveau, au moins pour l'un des deux, si ça t'intéresse ?

Les nouvelles concernent Frédéric, qui, à peine sorti de l'Ecole des ministères (c'était dimanche soir) est entré au Conseil d'Administration d'une association d'insertion (c'était mardi soir). Tu vois, les choses n'ont pas traîné. Alors, tu l'auras deviné, il ne s'agit pas d'un ministère d'église à proprement parler. Mais il s'agit d'une mission d'Eglise quand même : cette association d'insertion a été fondée par un groupe de chrétiens, il y a quelques années, et aujourd'hui, il faut que d'autres chrétiens, plus jeunes, prennent le relais, pour maintenir " l'esprit " de l'association et pour apporter de nouvelles idées. Quant au projet, il constitue une vraie " mission " évangélique : accompagner des personnes dans leur lutte contre la pauvreté, la précarité, le chômage, tout en développant la protection de l'environnement et en revalorisant les déchets…tout un programme !

De mon côté, rien de neuf, et c'est bien comme ça. Pendant que mon mari est aux réunions de son assoc, le soir, moi j'écoute la radio.

Alors, justement à ce propos, j'ai eu le plaisir dernièrement de découvrir la voix de la célèbre psychanalyste, Colette Combe. Je la connaissais de réputation et pour ses recherches sur deux terribles maladies mentales, malheureusement courantes dans notre société, l'anorexie et la boulimie. Mais je ne l'avais jamais entendue parler. Or en l'écoutant, j'ai découvert l'un des secrets de sa réussite : sa voix. Qui est étonnamment apaisante. Douce et ferme à la fois. Rien qu'en écoutant la voix de Colette Combe, on se sent déjà mieux…

J'ai donc écouté son propos attentivement durant toute l'émission qui était consacrée aux troubles de la conduite alimentaire. Et j'ai particulièrement aimé ce qu'elle a dit du repas et de ce qu'il devait être pour être un " vrai " repas, car prendre un repas, c'est plus que se nourrir. Un repas doit avoir du sens, a-t-elle expliqué, c'est un temps pour se restaurer mais aussi pour être bien ensemble, pour être proche, elle évoquait en particulier le repas du soir, en famille ou entre amis. Nourrir, dit-elle " ouvre à être soi et à pouvoir être en communion, à partager. Mettre à la bouche, c'est autant y porter de la nourriture que de la parole ". Or, selon elle, si on ne respecte plus assez le temps où on est bien ensemble en mangeant, s'il n'y a plus de partage, on déstabilise le sens des repas, ce que je veux bien croire. Et plus grave, on n'arrive plus à aller de l'avant, à vivre. Car un repas où l'on est pleinement nourri de nourritures et de paroles partagées sert ensuite à aller plus loin, et à vivre authentiquement.

En l'écoutant, j'ai tout à coup pensé au Christ qui avait choisi ce moment privilégié qu'est le repas pour instaurer sa " grande catéchèse ". Je parle de la Cène.

Et j'y ai encore plus pensé quand Colette Combe a décrit le comportement du très jeune bébé ( les psychanalystes aiment bien remonter aux premières sensations de la vie) qui après avoir apaisé sa faim en tétant va chercher la proximité avec sa mère puis, va surtout consacrer ses dernières forces à redresser sa tête pour regarder quelque chose au loin, de nouveau… Je me suis dit tout à coup que l'eucharistie, c'était pareil : c'est un repas fait de nourriture et de communion, un repas de partage avec Dieu et les autres, mais un repas qui ne doit pas être une fin en soi, mais permettre justement de voir plus loin, de " redresser la tête " pour voir ce qu'on ne voyait pas encore…Non ?

Rémi, toi qui as étudié la question et qui a de l'expérience en ce qui concerne l'eucharistie, (car nous avons un Dieu qui se donne à manger quand même ce qui en étonne plus d'un) qu'en penses-tu ?

A la semaine prochaine,

Catherine

oOo

Dimanche 8 mai 2005

Chers amis internautes et de l'EDM, cher Rémi,

Enfin ! Le soleil est réapparu ! Je me suis empressée d'aller faire le tour de mon jardin et là, catastrophe ! Mes beaux petits plans de choux, de tomates et de capucines avaient été dévorés par les limaces et surtout par les chenilles qui prolifèrent cette année. J'ai dû me résigner, à contre cœur vraiment, à répandre ces affreux granulés bleus fluo (contre les limaces) et à pulvériser mes plans avec un insecticide chimique…Seuls les massifs de rhododendrons en fleurs m'ont un peu consolée.

Mais ce n'est pas de jardinage dont je voulais vous parler mais de mon grand-père. Je l'ai très peu connu mais il m'a étonné plus d'une fois.

Pour commencer, il m'a " sauvé la vie ". Pour cela, il a passé outre les conventions sociales et morales, a prononcé une parole de " bénédiction " lors de ma naissance et pour finir, m'a offert un landau, ce qui m'a permis, et ce n'est pas rien, d'appartenir à une famille. On n'en attendait pas moins d'un homme qui s'appelait Joseph, qui croyait en Dieu et qui surtout Le craignait (c'est à dire, Le respectait), qu'il protégeât un petit enfant qui venait au monde dans des conditions difficiles…Mais c'est une autre histoire que je vous raconterai peut-être un jour.

Ensuite, il m'a laissé mon premier souvenir, celui de l'ambulance qui est venue, un soir, le chercher à la maison. J'avais 4 ans.

S'en est suivi ma première catéchèse. Car, suite à son départ en ambulance, on m'annonça qu'il était monté au Ciel, Ciel avec une majuscule, car j'ai tout de suite compris, malgré mon jeune âge, qu'il ne s'agissait pas du ciel. Cette subite ascension (à mon insu) suite à une disparition physique a généré quelques interrogations (qui perdurent) et un peu d'anxiété : Pendant les jours qui ont suivi " l'ascension ", j'ai suivi pas à pas ma mère dans chaque pièce de la maison, craignant qu'elle ne soit, elle aussi, aspirée par le Ciel.

Paul, notre prêtre, a beau prêcher que l'Ascension est la fête de l'espérance et St Léon qu'elle est la promotion de l'homme, moi j'y vois surtout un fait TROUBLANT pour ceux qui restent sur la terre ferme et un exercice spirituel exigeant car il s'agit d'associer Dieu et la mort. Or Dieu ne veut pas la mort…

Bon, pour en revenir à mon grand-père, mon dernier étonnement le concernant aura été de découvrir un jour qu'il était mennonite et surtout, ça c'est le Petit Larousse qui me l'a appris, qu'il appartenait, de ce fait, à une SECTE religieuse !?!?

Cette découverte m'a énormément troublée à l'époque, car le mot secte avait pour moi, un sens très péjoratif (dans son acception courante) et désignait un groupe de personnes fanatiques, sous l'emprise d'un gourou qui les exploitait et les volait, et par conséquent des personnes qu'il ne faisait pas bon fréquenter.

Or mon grand-père n'avait jamais fait peur à quiconque, n'avait jamais porté d'arme hormis pour la chasse, était entouré et apprécié, avait été élu maire dans une commune catholique pendant 25 ans, était un homme qui s'exprimait librement, et était ouvert d'esprit : il avait accueilli favorablement l'idée que ses enfants se marient avec des catholiques, que ses petits enfants soient baptisés bébé, et il faisait ce qu'il voulait de son argent quand il en avait…Une chose est sûre, il n'avait rien d'un extrémiste religieux !

C'est en pensant à lui aujourd'hui que je m'oppose souvent à mes amis catholiques, qui, peu habitués à la mosaïque protestante, qualifient systématiquement les groupes dits évangéliques de " sectes " sous prétexte que leur liturgie est bizarre, que de l'argent circule pendant les rassemblements ou que l'émotionnel prend trop de place. Moi, je dis, attention, chaque fois qu'on emploie le mot " secte " pour désigner un groupe de chrétiens, on le stigmatise, on s'en écarte et on génère un sentiment de peur vis à vis de lui qui ensuite divise définitivement. Ce qui est grave.

En tout cas, avant de prononcer un tel jugement, qui peut être fondé parfois, je veux bien l'entendre, il faut prendre le temps de discerner finement ce qui peut être en contradiction avec la foi sincère en Jésus-Christ.

Je crains toujours que les vieilles Eglises (protestantes comprises) ne se coupent trop vite des nouvelles Eglises qui émergent et qui forcément sont différentes, or il n'y a rien de pire que les divisions entre chrétiens…Vous êtes d'accord ?

Bonne semaine à vous,

Amicalement comme toujours

Catherine

oOo

Lundi 16 mai 2005

 Bonjour les internautes, bonjour Rémi,

 J'ai passé un très bon week-end de Pentecôte, bien que cette année, il ait été un peu raccourci.

 J'ai fait une découverte : dans une " pelouse sèche ", à deux pas de chez moi, j'ai trouvé une fleur rare, un orchis bouc (himantoglossum hircinum) c'est à dire une orchidée qui sent le bouc ! Etonnant non ?

 Je joue les savantes, mais 10 minutes avant cette découverte, j'ignorais encore tout des " pelouses sèches " que j'appelais " prairies humides " et de l'orchis bouc que j'aurais piétiné si le guide qui m'accompagnait n'avait pas écarté les hautes herbes qui le cachaient…

Pour en revenir à la Pentecôte, sachez que les protestants aiment bien cette fête religieuse.

Pour moi, c'est d'abord la fête de l'Esprit Saint et de l'Eglise, et pour être précise c'est la fête du " ET " entre l'Esprit Saint et l'Eglise, c'est la fête du LIEN entre les deux. Enfin, c'est comme ça que je vois les choses.

 Une petite histoire au sujet de l'Esprit Saint : La première année où j'ai fait le caté et alors que j'essayais avec mes pauvres mots " d'expliquer " ce qu'était le Saint-Esprit à un groupe d'enfants, un jeune garçon (genre qui arrive habillé en footballeur au catéchisme, le ballon sous le bras, prêt à taper dedans dès la fin de la séance, voire pendant) m'a dit : moi, je sais, j'ai compris, l'esprit saint c'est l'ENERGIE. Je n'ai pu qu'approuver. Car je suis bien d'accord avec lui, lorsque le " courant passe " entre deux personnes ou plus, phénomène qui se produit chez des personnes entre qui la relation est vraie et authentique, alors on peut dire que la relation génère une énergie, positive, c'est à dire qui fait du bien et qui pousse en avant. Or, je pense que l'Esprit saint est de cet ordre là.

 Une petite question maintenant : Quand vous êtes devenu croyant, avez-vous reçu le Saint-Esprit ?

La question n'est pas de moi, elle est de l'apôtre Paul. J'aime bien cette question, qui me paraît toujours très actuelle. Paul l'a posée en arrivant à Ephèse à des disciples de Jean-Baptiste.

Je suis allée, il y a quelques années, à Ephèse : j'accompagnais une personne très érudite qui étudiait les langues anciennes dérivées du grec et qui était athée. Alors que je l'assistais dans la réalisation d'un estampage (c'est tout ce que je pouvais faire, ignorant tout du grec et des langues anciennes), elle m'a dit tout à coup : Ephèse, c'est la terre de tes coreligionnaires.

?!?!

J'ai été très surprise. Je n'avais pas fait le lien entre l'Ephèse du Nouveau Testament et cette terre où je me trouvais.

Et tout à coup, ce fut comme si, grâce à ces paroles entendues, les Actes des Apôtres étaient devenus tangibles…

Bon, pendant que je bavardais, est-ce que vous avez répondu à la question posée par Saint Paul ?

Si votre réponse est non, ou si vous ne savez pas COMMENT on repère si on a reçu ou pas l'Esprit-Saint, vous pouvez relire ce passage des Actes des Apôtres au chapitre 19, verset 1 à 8.

Là, vous verrez que pour recevoir le Saint-Esprit, il faut d'abord que quelqu'un vous en parle, en Eglise. C'est le temps de la découverte. Puis il faut qu'une rencontre ait lieu entre vous et celui qui parle, il faut qu'une relation authentique s'instaure, que le courant passe et que des paroles soient prononcées afin qu'IL soit présent. Puis il faut que ces paroles vous transforment, c'est à dire que vous soyez différents après les avoir entendues. Puis, il faut encore être instruit, longuement apparemment…et encore faire beaucoup d'autres rencontres je pense, soutenu par l'Esprit.

 Pour cela, il n'est pas nécessaire d'être polyglotte ou de faire des choses extra-ordinaires. Le don reçu par les apôtres est un don de " compréhension " des autres.

 Une parole pour finir, du pasteur Samuel Kobia qui est le secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises : " le don de compréhension que nous recevons du Saint-Esprit est un don d'unité ".

 Je veux bien le croire.

 A la semaine prochaine

 Catherine

 oOo

Lundi 23 mai 2005

Bonjour les internautes, bonjour Rémi,

" La Trinité : vous en parlez souvent sur nos forums… Certains d'entre vous en acceptant le mystère, d'autres s'y refusant catégoriquement. Marcel Domergue nous parle d'amour et de " générosité expansive ", "Oh mon Dieu, Trinité que j'adore, pacifiez mon âme " demande Elisabeth de la Trinité . En ce dimanche de la Trinité, faites le plein du mystère de Dieu sur croire.com… " voilà ce que m'écrivait (comme à des milliers d'autres personnes), il y a quelques jours, Sophie de Villeneuve, la rédactrice en chef de croire.com

Le fait que les gens s'intéressent à la Trinité et en débattent sur les forums, est plutôt positif. Au moins, ils ne sont pas indifférents au sujet et quel sujet !

Par contre, ce qui m'étonne toujours un peu, c'est qu'on ne puisse aborder ce sujet que sous l'angle du " mystère ". Oui, je sais, ce mot à un sens précis dans le contexte religieux. Mais moi, il me gêne ce mot (et je pense que je ne sois pas la seule) parce qu'il a un autre sens, dans le langage courant, qui ne colle pas du tout à l'image que j'ai de Dieu. Je ne crois pas du tout en un Dieu mystérieux ou en un Dieu qui fait des mystères, c'est à dire qui volontairement cacherait des choses à l'homme et à sa raison, histoire de l'embrouiller.

Pire : qu'il n'y ait que deux attitudes possibles face au " mystère de la Trinité " donc face à Dieu : accepter le mystère donc " abdiquer " devant quelque chose qui vous dépasse, ou refuser le mystère c'est à dire le rejeter (ou n'en " prendre " qu'une partie comme c'est souvent le cas) parce qu'on a le sentiment de ne pas tout comprendre ?!?!

Or, je ne pense pas que Dieu cherche à nous " dépasser " par son " mystère ". Penser cela, c'est encore avoir une image d'un Dieu en surplomb, suzerain, dominateur. Ce n'est pas le Dieu des Evangiles dans lesquels il n'est jamais question d'ailleurs de " trinité ", même si les trois sont bien là : Dieu, Jésus et l'Esprit Saint.

Moi je crois plutôt que c'est en parcourant les évangiles, en laissant cheminer sa pensée et en vivant ce message qui nous est donné que l'on peut comprendre, et voir clair, même si, je suis bien d'accord avec Marcel Domergue (lire son commentaire à propos de la trinité sur croire.com), chaque fois que nous croyons comprendre, nous finissons toujours par nous dire : " Non, ce n'est pas encore tout à fait cela. ". Et heureusement que nous ressentons cette insatisfaction, elle oblige à cheminer encore.

Et si les choses étaient plus simples qu'on ne le croit ?

Dimanche, Robert, notre prêtre, nous a dit que la Trinité ne s'expliquait pas, c'est pourtant ce qu'il a fait pendant 10 bonnes minutes (c'est normal, on n'arrête si facilement le cours de la réflexion…) et qu'il fallait La vivre. Alors, c'est ce que j'ai fait, là sur le champ, pendant son homélie, sollicitée en cela par Gwanaëlle.

Gwanaëlle est une adorable brunette aux yeux bleus. Dimanche, elle était habillée tout en blanc et était assise au premier rang car c'était le jour de son baptême. Après avoir été baptisée, et bien qu'elle soit une enfant calme et sage, elle n'avait de cesse de SE RETOURNER vers les personnes qui étaient derrière elle. J'ai fait signe à la maman pour qu'elle la laisse faire surtout et j'avais très envie de lui dire que si elle voulait " voir " Dieu, il faudrait qu'elle continue ainsi à se retourner vers les autres pour entrer en relation avec eux. Alors nous avons commencé tout doucement : regards, sourires, elle m'a montré sa chaîne dorée et un joli médaillon représentant Marie, moi, je lui ai montré ma chaîne sans médaillon, puis elle a sollicité mon fils, et encore d'autres personnes. Gwanaëlle n'a que deux ans, mais je crois qu'elle a déjà compris où était Dieu dans une Eglise…enfermé en aucun lieu, ni aucune personne, mais présent dans l'espace et le temps d'une relation qui se veut authentique.

Et pour aimer, il vaut mieux être plusieurs, vous êtes d'accord ?

Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l'amour de Dieu et la communion de l'Esprit Saint soient avec vous tous.

L'un des plus beaux versets du Nouveau Testament. Saint Paul, bien-sûr.

A la semaine prochaine,

Catherine

oOo

Vendredi 3 juin 2005

Bonjour les internautes, bonjour Rémi,

Quelques précisions, pour commencer, concernant Rémi à qui je m'adresse souvent en écrivant cette page.

Qui est-il ?

Rémi, les anciens de l'Ecole des Ministères le connaissent bien, puisqu'il est l'un des prêtres animateurs (c'est à dire enseignant) de cette école.

Alors, pourquoi je m'adresse à lui ?

Parce que je sais qu'il est au rendez-vous chaque semaine, parce qu'il est le premier de l'Ecole des ministères à m'avoir livré ses commentaires, parce qu'il m'encourage et parce que c'est plus agréable pour moi d'écrire en mettant un visage au destinataire de ma lettre. Mais, derrière le visage de Rémi, il y a TOUS les autres visages des amis de l'EDM et d'ailleurs, y compris les visages au contour flou parce qu'inconnu, comme celui de la fidèle internaute de Beyrouth au Liban, un pays qui me fait rêver... Mais vous comprendrez, je pense, que je ne peux pas citer tous les prénoms de mes amis lecteurs alors j'en ai retenu un…

Cette semaine, j'ai attendu quelques jours de plus avant de vous écrire, car j'avais envie de partager avec vous un événement très personnel : aujourd'hui, j'ai 40 ans. Comme le Nutella dont je raffole, au grand dam de Claudine, mon amie médecin pour qui le Nutella est une sorte de poison…(je fais allusion à une publicité qui est diffusée sur les chaînes françaises).

Statistiquement parlant, cet anniversaire marque le milieu de ma vie, enfin c'est ce que m'a expliqué mon entourage.

Je pensais naïvement que ce serait un anniversaire comme les autres, c'est à dire qui passerait inaperçu, excepté pour les tout proches.

Ce fut le contraire : samedi dernier, alors que je rentrais des courses et m'apprêtais à tondre la pelouse, j'ai trouvé, sur la pelouse en question qui avait été tondue miraculeusement, 60 joyeux lurons endimanchés, un verre à la main, en train de chanter joyeux anniversaire ?!?!

Pour une surprise, ce fut une surprise !

Puis, j'ai découvert, au cours de la soirée qui a suivi, qu'il existait une CRISE de la quarantaine, encore appelée crise " du milieu de vie " ?!?! à laquelle je compte bien échapper d'ailleurs car les précisions qui m'ont été données font plutôt peur ! Cette crise résulterait, si j'ai bien compris, d'un décalage entre la personne qu'on est devenu au fil des années, plus ou moins sous la contrainte, et celle qui, en soi, cherche à s'accomplir (?) et elle s'exprimerait (la crise) par une instabilité, une volonté de changer ou un dégoût pour certaines activités, pouvant aller jusqu'à la dépression ou la maladie ( ??).

Les amis proches, des femmes surtout, qui ont évoqué cette crise ont entre 41 et 49 ans : l'une vient de changer de travail, une autre a un amant depuis 6 mois, une autre vient d'entamer une thèse et une autre encore déprime…

Je veux bien, à la rigueur, changer de travail, je l'ai déjà fait plusieurs fois, et c'est toujours remotivant, c'est un fait. Mais pour le reste, amant, thèse, dégoût de vivre, c'est hors de question. Des crises, comme tout le monde, j'en ai traversé et en traverserai encore, surtout si je dois (ce que j'espère bien) vivre encore 40 ans, parce qu'il me semble que les moments de crise font partie de l'existence et qu'il n'y a pas d'âge particulier pour les vivre, mais il n'est pas question d'avoir peur de quoique ce soit, ni de tout envoyer promener non plus. Et si un jour " je tombe " selon l'expression de mon amie sénégalaise, j'espère bien que ma foi chrétienne m'aidera à me redresser ! ça a toujours été le cas jusqu'à présent, il n'y a aucune raison qu'il en soit autrement…

Bon, je vous parlais de visage en débutant ma lettre et j'ai pensé tout à coup que cet anniversaire était l'occasion de vous montrer le mien justement. Alors j'ai puisé dans l'album photo de ces derniers jours

A la semaine prochaine,

Amicalement

Catherine

oOo

Mercredi 8 juin 2005

Bonjour les internautes, bonjour Rémi,

Etonnant message que celui que j'ai entendu hier à la radio, en rentrant de mon travail :

" Le Christ embauche ! "

?!?!

Bonne nouvelle, me suis-je dit, c'est qu'Il est toujours vivant, car je ne vois pas bien comment un mort pourrait faire du recrutement...

Le Christ a donc besoin de main d'œuvre et en recherche "désespérément " si j'ai bien compris ce que disait l'évêque de mon diocèse qui s'exprimait ce soir là sur les ondes.

Rien de bien nouveau en fait, il y a 2000 ans, Jésus se plaignait déjà de la moisson qui était abondante et des ouvriers qui étaient peu nombreux... Comme aujourd'hui,où il y a tant à faire pour communiquer la bonne nouvelle, tant de monde à toucher, et si peu de personnes pour le faire, enfin apparemment.

Face au problème, qu'a fait Jésus en son temps ?

Il a appelé des disciples.

Ça a l'air simple au premier abord. Mais c'est plus compliqué que ça en a l'air, je pense. Les évangiles disent peu de choses du "comment il s'y est pris ", Jésus, pour repérer ses disciples, les recruter et les envoyer. Or tout est là, il me semble. Le " recrutement " est une tâche délicate, il faut qu'il y ait adéquation entre la tâche proposée et les capacités de la personne, il faut que la personne soit motivée comme on dit aujourd'hui, c'est à dire qu'elle accepte la mission de bon cœur afin qu'elle puisse réellement s'y investir. Puis il faut soutenir la personne dans ses premiers pas et "l'armer " pour qu'elle réussisse. C'est d'ailleurs ce que fait Jésus avant d'envoyer ses disciples en mission : il leur donne des POUVOIRS et des INSTRUCTIONS. C'est le minimum pour mener à bien un travail, tel qu'il soit... Lire l'évangile de dimanche : Matthieu (9, 36-10,8)

Or, je ne suis pas sûre, que dans nos paroisses, lorsque nous recrutons, nous respections ces règles de base...

C'est en tout cas le constat que j'ai fait hier soir, lors de la réunion de fin d'année des catéchistes. Sur 18 présents, 9 ne continueront pas l'année prochaine. Il me semble normal que certaines personnes arrêtent au bout d'un moment cette mission. C'est tout à fait légitime.

Ce qui est plus surprenant, c'est le motif, qui parfois pousse les personnes à renoncer. Je pense en particulier à ces catéchistes qui se plaignent qu'on leur a forcé la main ( ?) et qui sont désabusées parce que leur expérience en catéchèse s'est soldée par un échec ; ou à celles qui se plaignent qu'on leur a masqué la réalité de la mission ( ?) qu'on leur a minimisé le travail à fournir, les difficultés, le temps à consacrer en préparation et réunion.

Ces situations, fréquentes allez-vous me dire, sont pénalisantes pour l'Eglise. Le risque est grand de perdre le goût de la vie en Eglise, et de véhiculer un message évangélique " dénaturé ", or c'est grave car il en va de l'annonce de l'évangile…

Pour pouvoir redonner ce que l'on a reçu, et que ce don soit à la hauteur de celui qui a été reçu, il vaut mieux accomplir des tâches en rapport avec ses talents. Enfin, c'est mon avis.

A plus,

Catherine

oOo

Vendredi 17 juin 2005

Chers amis internautes,

L'Eglise, à tout niveau, ne ménage pas ses efforts pour innover en matière de " proposition de la foi ".

Le 28 juin prochain, le Vatican fera paraître un nouveau précis du catéchisme de l'Eglise catholique, qui se présentera sous la forme d'un dialogue et dans une formulation synthétique. Plus court et plus vivant que le texte de référence paru en 1992, il sera peut-être plus attractif et donc plus lu. Je dois avouer que je ne connais que la couverture du catéchisme de l'Eglise catholique que je n'ai pas eu la curiosité d'ouvrir, à tort sûrement…J'attends le nouveau maintenant pour me lancer. La traduction française ne devrait pas tarder.

Au niveau local, les innovations ne manquent pas non plus. A titre d'exemple, mon diocèse propose pour l'année prochaine, une nouvelle formule de préparation à la profession de foi : un grand rassemblement de jeunes, sous forme de " temps fort " d'une durée de 3 jours, des mini JMJ si j'ai bien compris. Pourquoi pas !

Ceci dit, entre nous, tous ces efforts (absolument nécessaires) pour innover au niveau des moyens mis en œuvre, ne seront pas suffisants. Il faut veiller aussi au contenu du message, car c'est là que tout se joue, enfin il me semble.

Benoît XVI, en a bien conscience d'ailleurs, c'est tout du moins ce qui transparaît dans ses propos que l'évêque de mon diocèse nous a relayés : Comment, s'interroge le nouveau pape, proposer le contenu de la foi comme bonne nouvelle aux hommes pour manifester que la foi donne joie de vivre ? Question fondamentale, il me semble. Et il poursuit : la foi n'est pas un ennui de plus dans la vie. C'est vraiment un bonheur ! C'est une évidence absolue, encore faut-il le percevoir, ce bonheur !

Moi je crois que l'Eglise, lorsqu'elle annonce l'évangile, doit veiller à la qualité de sa prédication : Les lieux, le vocabulaire utilisé, les activités proposées doivent être en phase avec la culture, le mode de vie, les goûts et les besoins des personnes auxquelles elle s'adresse. C'est ce qu'elle fait lorsqu'elle réécrit son catéchisme ou qu'elle développe les grands rassemblements pour-les-jeunes-qui-ne-vont-plus-à-la-messe, comme je l'ai entendu.

Mais, il y a une autre dimension de l'évangélisation qu'il faut " tenir ", il me semble, c'est celle que le Cardinal Danneels appelle l'évangélisation par irradiation. Le message doit être " brûlant ". C'est à cette condition qu'il sera reçu pleinement, enfin, je crois.

Voilà ce que dit le cardinal belge : lorsqu'un chef de camp de jeunes veut rassembler ses troupes pour le feu de camp, il peut siffler pendant un quart d'heure, ils ne bougeront pas. Qu'il allume le feu ! Car, dès que le feu est allumé, sans coup de sifflet ni rien du tout, tous se mettent autour. Le feu ne fait rien d'autre qu'être là, être soi-même. C'est un peu la même chose avec l'expérience religieuse. On peut se fatiguer à siffler dans toutes les directions, sans que personne ne vienne. Allumons le feu, montrons le feu et les gens vont venir se chauffer. Il y a une évangélisation par prédication, mais il existe aussi l'évangélisation par irradiation.

Tout cela pour dire qu'il arrive un moment où il est bon, je crois, de se poser la question suivante (surtout quand on est en position " d'évangéliser ", quand on est catéchiste par exemple): ai-je le cœur brûlant ? Quel disciple d'Emmaüs suis-je ? Celui désabusé et triste d'avant LA rencontre, ou celui joyeux et au cœur brûlant d'après LA rencontre ?

Car, quand on L'a rencontré, on est forcément un homme heureux, et un homme heureux, ça " se sent ", non ?

oOo

Dimanche 26 juin 2005

Chers amis internautes,

Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais moi j'aspire au REPOS !

Depuis cet anniversaire surprise début juin, j'ai enchaîné fête sur fête, un vrai tourbillon : soirée-spectacle au collège, kermesse de l'école, fête de la musique, fête de l'école de musique, foire aux cousins, feu de la Saint-Jean, et aujourd'hui, en guise de bouquet final, la fête de la paroisse et celle du village. Alors, il a fallu jongler : le matin j'étais sous les arbres pour la messe en plein air de l'unité pastorale et l'après-midi sous le chapiteau pour le repas dansant du village. Les choses seraient plus simples si c'était les mêmes qui participaient aux deux festivités, mais ce n'est pas le cas : personne dans mon village ne va à la Messe…Et ça n'a pas été facile de tirer (vraiment c'est le mot qui convient !) mes deux enfants à la célébration ce matin, alors que les copains s'amusaient sur la place du village. Heureusement, à la messe, ils ont retrouvé d'autres copains…

Côté professionnel, c'est la dernière ligne droite avant les vacances, chargée comme toujours, puisqu'il faut boucler tous les dossiers en cours depuis l'année dernière…

Côté bénévolat, les réunions de bilan et de préparation de la rentrée s'enchaînent. Conséquence, je n'ai plus le temps de m'occuper de ma maison et des miens, de moi encore moins !

En plus de la fatigue, c'est la dispersion qui me guette.

Je crois qu'il est temps pour moi de " détendre l'arc " comme dit Sœur Myriam.

Vous connaissez Sœur Myriam ?

Il y a peu de chance. Les catholiques ne connaissent pas cette religieuse (qui a été éditorialiste à La Croix, si mes souvenirs sont bons) parce qu'elle est diaconesse, protestante donc. Et les protestants l'ignorent à cause du mot " sœur " qui précède son prénom, ils pensent qu'elle est une religieuse catholique et s'ils apprennent qu'elle est protestante, ils se méfient (comme la libraire protestante auprès de qui j'ai tenté de me procurer l'un des ouvrages de Sœur Myriam, que j'ai finalement trouvé à la librairie catholique parce que l'éditeur lui est catholique…) A la décharge de tout le monde, Sœur Myriam est une dame très discrète et peu médiatisée, elle n'a pas le charisme d'une Sœur Emmanuelle…

Pourtant, son parcours et son témoignage sont étonnants. Cette orpheline devenue infirmière, salutiste au début de sa vie, a vécu dans une communauté religieuse protestante. C'est suffisamment rare pour être souligné…Les expériences de vie monacale au sein du protestantisme se comptent sur les doigts de la main, et ne sont pas très bien vues, il faut le dire, surtout par la grande famille réformée je pense…Mais peu importe pour Sœur Myriam qui vit, je la cite, comme une chance personnelle de n'avoir jamais été rivée à telle ou telle Eglise (C'est une grâce, je confirme…), qui a une conscience vive d'une force qui surplombe toutes les confessions, toutes les petitesses humaines (intuition que je partage aussi) et qui ne vit pas sa foi de manière identitaire.

C'est à Sœur Myriam devenue " Prieure ", qu'est confiée, la délicate tâche de rédiger la règle de la communauté de Reuilly à laquelle elle appartenait. Et dans cette règle justement, Sœur Myriam a consacré un chapitre au repos et à la nécessité de " détendre l'arc ", c'est le titre du chapitre. Elle dit ceci :

Dégage-toi dans la mesure même où tu t'engages sans compter. Prends de la distance dans la mesure même où tu communies fraternellement à autrui. Le cœur humain même le plus généreux, n'est pas inépuisable. Dieu seul est illimité. A exiger sans cesse le maximum de lui-même, l'être profond se dissocie et se perd. La parole devient vide et la prière inquiète. Pour retrouver un regard libre sur les évènements, il faut fuir et se tenir, tranquille et rassemblée, devant le Maître de tout.

On sent dans ce conseil, toute l'expérience de l'infirmière devenue prieure puis accompagnatrice spirituelle…

Dès demain, j'ai bien l'intention de suivre cette règle, de prendre des vacances et de " fuguer " afin de pouvoir Vivre tout simplement*…

Je vous souhaite un bon été, reposant et ressourçant et vous donne rendez-vous en septembre prochain.

A l'automne, il y aura du nouveau, avec Théofor.

Amicalement,

Catherine

* Vivre, tout simplement…est le titre du dernier ouvrage de Sœur Myriam, un livre d'entretiens avec Jean-Marie Gobert publié aux Editions Olivétan.

Un livre de témoignage et de réflexion que je recommande à tous ceux qui veulent en savoir plus sur ce qu'est la foi protestante.

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