LES ETONNEMENTS DE CATHERINE
(du 1er septembre au 22 décembre 2006)

 

Vendredi, 1er septembre 2006

 Amis de Murmure, bonjour à tous. 

C’est la rentrée !

Je suis heureuse de retrouver Murmure et cette page du site où je peux régulièrement vous écrire.

J’ai passé un bel été, reposant et ressourçant, fait de bonnes lectures, de rencontres et de visites. Au programme cette année :  Vaux-le-Vicomte et le château du surintendant Fouquet, le somptueux Chambord, le joli Clos Lucé à Amboise où Léonard de Vinci a fini sa vie, puis la ville de La Rochelle et enfin l’île d’Oléron. Mais plus que des visites touristiques, c’est des rencontres dont j’avais envie de vous parler, car ce sont elles qui font tout l’intérêt des vacances je trouve.

 La première rencontre de mes vacances eut lieu sur les bords de Seine, entre Fontainebleau et Melun, avec une vieille dame mennonite de 90 ans. Cette dame, alerte et vive d’esprit malgré toutes sortes d’ennuis liés au grand âge, vit seule depuis la mort de son mari, dans une jolie maison à l’orée de la forêt de Fontainebleau.

Auprès d’elle, j’ai percé les secrets d’une vieillesse heureuse ou disons, sereine. Car cette vieille dame est un modèle pour toute sa famille et ses amis du « bien vieillir ». Donc du bien vivre.

 « La bible est posée sur ma table de nuit et je la lis tous les soirs avant de m’endormir. J’y trouve cette espérance qui permet de m’accrocher… » nous a-t-elle confié. « S’accrocher », est un terme qu’elle emploie souvent.  Se laisser vivre ne suffit donc pas pour arriver à 90 ans, il faut en plus« s’accrocher » à la vie pour vivre longtemps. Et croire que la mort n’aura pas le dernier mot ! Ce qui, paradoxalement donne comme un surcroît de vitalité semble-t-il…Mais ceci n’explique pas tout du  « comment on fait pour bien vieillir ».  

L’explication, je l’ai eu le dimanche à midi, attablée à la terrasse d’un restaurant « provençal » sur les bords de Seine, en dégustant une bouillabaisse (original, non ?) : pour bien vieillir, ai-je appris de la bouche de ma vieille parente, il faut faire des efforts ! Se sur-passer en quelque sorte. Continuellement. Malgré la maladie, la solitude, les difficultés de l’existence. Étonnant non ? On a plutôt tendance à croire, qu’en vieillissant, on s’économisera, on se restreindra, on en fera moins. Et, bien non apparemment, il semblerait que ce soit le contraire et qu’à 90 ans, on puisse faire encore beaucoup d’efforts !?!?

 Quel genre d’effort ? Toutes sortes, tournés vers soi et les autres : planter des fleurs et nourrir les oiseaux du jardin, graisser des lourds volets pour continuer à les ouvrir chaque jour, se tenir informé en lisant et écoutant les nouvelles du monde, se préoccuper des proches qui vieillissent, s’intéresser à ce que vivent les jeunes générations en essayant de les comprendre, entretenir sa maison pour y accueillir le visiteur, admirer la nature et les animaux, rendre grâce à Dieu…

 Même âgé, voire très âgé, il faut donc continuer à « sur-vivre », pas au sens uniquement de se battre pour vivre mais au sens de « vivre plus », à la manière dont le fait l’académicien et navigateur Jean-François Deniau, plusieurs fois gravement malade et pour qui la seule façon de vivre est justement de sur- vivre. « Survivre, c’est vivre plus, davantage, malgré tout ! Je crois que c’est en cherchant ce surplus d’existence que je me maintiens en vie. Je n’ai pas d’autre secret ! »

A méditer en cette période de rentrée… 

A la semaine prochaine. 

Amicalement, 

Catherine

oOo

Vendredi 8 septembre 2006

 Amis de Murmure, bonjour

 Une fois n’est pas coutume, dimanche dernier, j’ai regardé la messe télévisée sur France 2. En famille. J’aime de temps en temps, rester chez moi devant mon poste et voir d’autres horizons. En général, j’allume la télévision tôt le matin et j’enchaîne tout le programme religieux : Voix bouddhistes, Islam, Judaïca, Présence protestante, Jour du Seigneur…

Mais plus que le programme diffusé ce dimanche, ce sont mes enfants qui m’ont étonnée. Ils sont restés attentifs et silencieux, devant le poste de télévision, pendant toute la retransmission de la messe. D’habitude, ils bougent, discutent ou quittent la pièce pour jouer. Je dois préciser que la messe retransmise ce jour là était celle de la communauté de Taizé. Et mes enfants ont été emballés !

 La sobriété du « décor », moderne, les a séduits. Ils ont apprécié la couleur orange, l’agencement des briques dans lesquelles brillait un lumignon. Ils ont aimé la position des participants « assis par terre », la présence de jeunes enfants. La liturgie et les chants leur ont plu. Ils ont remarqué l’usage de plusieurs langues, la jeunesse de l’assemblée et se sont exclamés sur son ampleur.

 Moi aussi j’ai aimé. La beauté des chants. La liturgie, simple et « qui prend son temps ». La belle homélie de Frère Aloïs et les temps de silence.

 Puis, mes enfants se sont étonnés de la présence des frères, tout de blanc vêtus, au milieux de l’assemblée. Alors j’ai raconté, Frère Roger et sa volonté d’accueillir et de réconcilier les frères chrétiens et de diffuser l’évangile. Il a fallu expliquer à ma fille de 10 ans le sens du mot « œcuménisme » et surtout le sens de la démarche de Frère Roger qui n’était pas de « faire de l’œcuménisme » mais de le vivre pleinement. Une démarche de foi, profonde et ancrée dans l’évangile, dont le maître mot est la communion. C’est cet Esprit de communion qui attire les jeunes aujourd’hui, je pense…

 Pour bien comprendre la démarche de Frère Roger, il faut revenir à son témoignage premier : « Dans ma jeunesse, j’étais étonné de voir des chrétiens qui pourtant vivent d’un Dieu d’amour, utiliser tant d’énergie à justifier leurs séparations. Alors je me suis dit qu’il était essentiel de créer une communauté où l’on cherche à se comprendre et à se réconcilier toujours et, par là, rendre visible une petite parabole de communion. J’ai trouvé ma propre identité de chrétien en réconciliant en moi-même la foi de mes origines avec le mystère de la foi catholique, sans rupture de communion avec quiconque. »

 Chercher à se comprendre, je crois que tout est là.

 Moi aussi, j’aimerais que mes activités de protestante en milieu catholique soient perçues comme une parabole de communion, aussi minuscule soit-elle…

 A la semaine prochaine, 

Catherine

oOo

Samedi 16 septembre 2006

 Amis de Murmure, bonjour,

 On croit connaître l’Église, mais lorsqu’il faut parler d’elle, les mots manquent alors on emploie des images. Le Cardinal Marty parle d’une barque. Saint Cyprien de Carthage compare l’Église au soleil qui donne naissance à de nombreux rayons, à une source avec ses ruisseaux ou encore à l’arbre et à ses nombreuses branches. L’apôtre Paul, lui voit l’Église comme  un corps, image bien connue, et puis aussi comme une construction (Éphésiens 2, 17-22, au bas de cette page)

Lorsqu’il a cette vision d’une Eglise-construction, Paul est prisonnier, enfermé entre quatre murs.

A l’évocation de cette image, nous aujourd’hui, nous voyons une maison, un édifice en train de se construire, nous voyons un chantier dont nous serions l’un des artisans ou l’un des ouvriers. Et on imagine les différentes étapes de la construction d’une maison : délimitation du terrain, édification des murs, le tout s’achevant en général par la pose d’une jolie clôture autour de l’ouvrage.

Eh bien l’évangile, comme souvent,  prend le contre-pied de ce que l’on connaît.

Étonnante construction dont nous parle l’apôtre Paul qui commence par une démolition.

Dans la vision que Paul a de l’édification de la maison de Dieu, le chantier débute par la démolition des barrières et des frontières. Ainsi, dans l’Église, il n’y a pas de barrière, il n’y a plus d’étrangers ni d’émigrés mais des concitoyens des saints.

Puis la démolition se poursuit par celle des murs. Paul parle des murs de séparation, des murs de la haine entre les hommes (Éphésiens 2, 14) Ceux-ci sont abattus. Par Jésus-Christ. Dans la maison de Dieu, aucun mur ne sépare les membres de la famille.

Alors enfin le travail peut commencer pense-t-on. Les artisans que nous sommes vont pouvoir se mettre à l’œuvre. Eh bien non, à nouveau l’évangile prend le contre-pied, puisque c’est l’homme lui-même qui est  intégré dans la construction. Il n’est pas celui qui construit mais plutôt celui qui est construit par l’Église.

La première question qu’un chrétien devrait se poser n’est pas : qu’est-ce que je dois faire pour l’Église ? Mais, qu’a-t-elle fait de moi ?

Tout part de là.

Vous ne croyez pas ?

 Ephésiens 2, 17-22 

Il est venu annoncer la paix à vous qui étiez loin, et la paix à ceux qui étaient proches. Et c’est grâce à lui que les uns et les autres, dans un seul Esprit, nous avons l’accès auprès du Père. Ainsi, vous n’êtes plus des étrangers, ni des émigrés ; vous êtes concitoyens des Saints, vous êtes de la famille de Dieu. Vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondation les apôtres et les prophètes, et Jésus-Christ lui-même comme pièce maîtresse. C’est en lui que toute construction s’ajuste et s’élève pour former un temple saint dans le Seigneur. C’est en lui que vous aussi, vous êtes ensemble intégrés à la construction pour devenir une demeure de Dieu par l’Esprit.

 Bonne semaine à vous tous,

 Catherine

oOo

Dimanche 24 septembre 2006

 Amis de Murmure, bonjour,

 C’était le rassemblement des grands jours, ce matin, dans ma paroisse. L’église était comble.

 Il avait suffit d’annoncer que c’était « la messe des familles » et la « messe de rentrée du catéchisme » pour qu’ enfants et parents viennent nombreux. Huit bancs à l’avant de l’église avaient été réservés aux enfants et ils étaient tous remplis. Les « habitués », de l’autre côté de l’allée centrale, n’en revenaient pas. 

Alors Paul, notre prêtre, a pris son temps pour accueillir tout ce monde. Du coup la messe a duré 1h 30, mais les enfants ont été étonnamment sages. Paul s’est adressé à eux et à leur famille au moment de l’accueil. Il a fait ensuite une homélie adaptée à des jeunes enfants mais non moins intéressante pour des adultes (raconter simplement comment vivait Jésus et ce qu’il enseignait à ses proches a aussi de l’intérêt pour les adultes…). Au  moment du notre Père, il a invité tous les enfants à venir le rejoindre dans le chœur. Et il a patiemment attendu que la soixantaine d’enfants présents se donne la main et soit  recueillie pour commencer la prière. 

Et dire que beaucoup (souvent des responsables) se lamentent dans ma paroisse à propos des-enfants-qui-ne-viennent-jamais-à-la-messe, et des parents-qu’on-ne-voit-jamais. Ils me font penser à l’Église de Smyrne, l’une des sept églises dépeintes au début du livre de l’Apocalypse. Smyrne est une Église pauvre matériellement mais riche spirituellement. Seulement, elle l’ignore et elle se lamente sur ses pauvretés alors qu’elle est pleine de richesses en fait.

Dans ma paroisse, c’est un peu pareil. On se lamente à propos de l’absence des jeunes à la messe alors que la paroisse est riche de toute une jeunesse, nombreuse,  présente au caté et à la porte du presbytère pour demander le baptême des jeunes enfants (ou des plus grands maintenant). Mais les anciens de la paroisse semblent l’ignorer. Alors qu’il suffit souvent de faire un signe pour que les plus jeunes soient présents.

Car quelle différence y a-il finalement entre une messe des familles et une autre (celle où il n’y a ni enfant ni parent) me suis-je demandé ?

L’invitation déjà. Pour la messe de ce dimanche dit « de rentrée », les familles avaient été invitées.

Le rythme aussi. Quand les enfants sont présents, le prêtre ralentit le rythme et prend le temps d’expliquer gestes et paroles. Les enfants participent mieux (les adultes aussi…) la messe dure plus longtemps mais le temps passe plus vite…

Les chants étaient adaptés. Ils avaient été judicieusement choisis par Sylviane, une nouvelle venue, et imposés plus ou moins de force à la chorale, je pense. Les chants étaient faciles, entraînants et connus de tous. Les enfants suivaient avec plaisir, parfois en frappant dans leurs mains ou en agitant un foulard de couleur.  

Si je résume,  pour que les enfants et leurs parents viennent, il faut  les inviter tout d’abord. Ensuite il faut prendre le temps, d’accueillir, de (re)donner du sens aux gestes et aux paroles prononcées. Enfin, les chants doivent être « modernes » comme dit mon amie Sylviane. 

Alors la messe a tout à coup un caractère festif et joyeux. Que devrait toujours avoir un rassemblement de chrétiens dans un pays d’abondance et de paix comme le nôtre…

Et les gens y prennent goût semble-t-il puisqu’il suffira de faire écrire la prochaine fois dans les agendas des enfants que c’est la « messe des familles » pour qu’ils viennent nombreux… 

Étonnant non ? 

A la semaine prochaine

 Catherine

 oOo

Lundi 2 octobre 2006

 Amis de Murmure, bonjour,

 Je ne regarde pas souvent la télévision, alors parfois, quand j’allume mon poste, j’ai tout à coup des surprises.

 J’ignorais par exemple que le chanteur Laurent Voulzy, que j’aime beaucoup et dont je croyais connaître toutes les chansons, avait écrit une chanson intitulée « Jésus ».

Je n’imaginais pas non plus qu’une chanson consacrée à Jésus, puisse être interprétée au cours d’une émission de variété diffusée aux heures de grande écoute. 

C’est ce que j’ai découvert, hier après-midi, en regardant Vivement Dimanche, le divertissement animé sur France 2 par Michel Drucker. 

Hélas, la chanteuse chantait faux. Très faux même car je m’en suis rendu compte. Habituellement je ne perçois pas ce problème, c’est mon mari ou mon fils qui me le font remarquer…Mais là, la jolie mélodie composée par Laurent Voulzy était vraiment malmenée. Heureusement, le chanteur accompagna l’interprète pour quelques couplets.

Ceci dit, j’ignore tout des convictions profondes de Voulzy, en revanche, la chanteuse interviewée par la suite, elle, semblait convaincue.

 Extrait de la chanson :

Même,
Même sourire d'enfant
Même air qu'on respire
En même temps,
Même cœur battant,
Même air qu'on entend
En même temps.

Oh Oh Ouh Oh
Oh Oh Ouh Oh

Pourtant seuls,
Seuls sur terre
Certains
Ils vont sans maison
Sans raison
Sans amour
certains,
Comme ça et le froid
Sur leurs mains.

Oh Oh Ouh Oh
Oh Oh Ouh Oh

Jésus
L'entends-tu?

Ces filles et ces garçons
Perdus,
Ne sont-ils pas
Assez précieux?

Du haut de tes cieux
Délicieux
Ohohoh

Jésus, l’entends-tu ?

 Étonnant cet appel au secours adressé à Jésus Christ, depuis le plateau de télévision d’une chaîne publique française, un dimanche après- midi, en direct. En fait, cette chanson, ai-je appris, a été composée à la demande du président d’ADT Quart Monde. 

J’ai aimé le message, même si la chanteuse chantait faux. Et finalement, ça ne m’a pas étonnée de la part de Voulzy. J’avais depuis longtemps perçu sa révolte face aux injustices de ce monde et sa volonté de faire tomber les barrières entre les hommes pour que seule, la fraternité subsiste. 

Alors,  toute la soirée qui a suivi, j’ai fredonné  « Tape sur le système, l’envie que tout le monde s’aime, le soleil donne, ce vieux désir super qu’on serait tous un peu frère, le soleil donne, la même couleur aux gens, le soleil donne, la même couleur aux gens, gentiment… » (Paroles d’Alain Souchon, je crois). 

Vous vous souvenez ? 

A la semaine prochaine 

Catherine

oOo

Jeudi 12 octobre 2006

 Amis de Murmure, bonjour,

 J’ai reçu, il y a quelques jours, une lettre du bureau de la catéchèse.
A la lecture de cette lettre, j’ai pris peur.
Si vous saviez tout ce que doit faire une catéchiste ! C’est impressionnant. Je ne sais pas si je vais y parvenir.

 Je vous résume :

 La catéchiste, dit cette lettre,  doit avoir le « sens de l’Église ». Sur le fond, je suis tout à fait d’accord. C’est la mise en œuvre qui me fait peur, car le « sens de l’Eglise » se traduit sur le terrain par la participation à des réunions : avec les autres catéchistes, avec la communauté, avec les parents. Voire l’organisation de ces réunions. Réunions auxquelles s’ajoutent bien sûr les célébrations auxquelles il faut participer mais qu’il faut aussi organiser parfois. Or mon emploi du temps n’est pas extensible à l’infini… 

Ensuite, comme la catéchiste « relaie ce que, depuis 2000 ans, les chrétiens croient et ce dont ils vivent et témoignent », elle doit se former, pour approfondir les fondements de sa foi. 

En ce qui concerne sa mission proprement dite maintenant, elle doit accueillir chaque enfant, quelque soit sa situation familiale, sociale et culturelle. Tout à fait d’accord. Puis, faire découvrir à chaque enfant qu’il est précieux pour la communauté et aux yeux de Dieu et aider chaque enfant à découvrir qu’il a déjà une vocation, une mission dans son milieu de vie familiale et scolaire. Fondamental mais pas évident !

Je trouve que réussir cet « accueil » tel qu’il est défini, est déjà un véritable défi pour une catéchiste… 

Ensuite, il faut tenir compte du projet pastoral qui, cette année, porte sur la mission. La catéchiste doit « apprendre aux enfants à élargir leur pensée et leur cœur aux dimensions de l’Église universelle par la prière ». Et comme souvent les enfants ne « savent » pas prier, elle doit commencer par leur apprendre à prier.

 Enfin, on arrive au cœur de la mission de la catéchiste qui porte sur l’éveil à la foi. Là, le bureau de la catéchèse me parle de transmission d’un savoir et de contagion. Je dois transmettre un savoir  et en même temps « être contagieuse par ce que je suis et pas seulement par ce que je dis ».

Je dois transmettre un savoir (la lettre ne précise pas lequel) mais pas enseigner ?!?! Car précise la lettre « loin d’être intellectuelle, cette démarche relève plus du faire mémoire que d’un apprentissage scolaire ».

Alors, là, je ne suis plus d’accord du tout. C’est le « loin d’être intellectuelle » qui me gène et le fait que je doive transmettre sans enseigner.

J’ose dire que j’enseigne. Que mon enseignement porte sur le message biblique, sur sa forme et son contenu. J’ose employer le mot « enseignement » car il est dit à mainte reprise dans les évangiles que le Christ enseignait. C’est donc qu’il est important de le faire. Voir la vie avec les yeux du ressuscité s’apprend, je pense.

J’ose dire aussi que je sollicite les enfants « intellectuellement ». Je fais appel à leur intelligence, à leur curiosité et à leur capacité de réflexion. J’essaie de leur donner des repères historiques et religieux, du vocabulaire pour s’exprimer. Des connaissances pour comprendre.

Leur donner des repères pour penser et développer leur esprit critique est le meilleur moyen, il me semble, de les préserver des dérives intégristes ou identitaires qui peuvent survenir dans toute religion, y compris dans la nôtre. 

Qu’en pensez-vous ? 

A la semaine prochaine 

Catherine

oOo

Mercredi 18 octobre 2006 

Chers amis de Murmure, 

Quel bonheur !

Samedi dernier, j’ai rencontré des chrétiens qui aiment leur Église.

Avouez que ça devient rare. On rencontre plutôt des chrétiens qui, soit récriminent après l’Église, soit se lamentent.

Or, samedi, j’ai vu des chrétiens heureux d’être chrétiens, et qui aiment leur Église malgré tous ses défauts, faiblesses ou maladresses.

Et, comme ces chrétiens aiment leur Église, ils ont confiance en elle et envisagent pour elle un avenir.

Ils m’ont confié leur vision de l’Église de demain.

Voilà ce que cela donne :

L’Église de demain, ai-je appris, sera l’Église du sourire. Étonnant non ?

Car les messagers de l’évangile seront des femmes et des hommes gracieux, qui sourient et qui « invitent ».

Ce sourire sera le signe d’un accueil chaleureux. Car l’Église de l’avenir sera également celle de l’accueil. Or n’y a-t-il pas de plus belle manière d’accueillir quelqu’un que de lui sourire.

Chaque personne accueillie se sentira ainsi précieuse aux yeux de la communauté.

Ensuite, l’Église de l’avenir sera une Église du monde, multicolore et plurielle.

Elle sera décloisonnée. Plus de barrières, de séparations, de « chapelles », mais des communautés liées fraternellement les unes aux autres et reliées entre elles grâce aux moyens modernes de communication.

L’Église de l’avenir, m’a-t-on expliqué également, sera d’abord celle des pauvres. De toutes les pauvretés et de tous les manques. Manques de ressources, de relation, de reconnaissance, de santé, de stabilité, de repères, de confiance, de famille, de conjoint…

Dans cette Église, la communion sera palpable. Et la joie perceptible. Malgré toutes les imperfections, les dysfonctionnements, ou les tensions entre frères. C’est à cela qu’on la reconnaîtra avant tout.

Enfin cette Église rendra grâce et célèbrera l’eucharistie.

J’ai trouvé ce « tableau » de l’Église du futur magnifique et surtout rassurant. Car entre ceux qui vous prédisent que l’Église va disparaître et ceux qui voient un retour du fondamentalisme religieux, il y a de quoi se décourager parfois. Certes, le tableau que je vous ai dépeint est un peu idyllique, mais j’ai envie d’y croire, tellement on y  reconnaît l’évangile.

J’allais oublier de préciser qui voyait l’Église de demain ainsi : il s’agit de « personnes en responsabilité » dans l’Église d’aujourd’hui (responsables d’aumônerie, de la catéchèse, de la pastorale des migrants, du renouveau, du MEJ, du MRJC, d’unités pastorales etc…)  et qui suivent une formation pendant 3 ans dans le cadre de « ThéoFor ».

Et vous, vous la voyez comment l’Église de demain ?

A la semaine prochaine.

Amicalement comme toujours.

Catherine

oOo

Jeudi, 2 novembre 2006

 Amis de Murmure, bonjour, 

Mon unité pastorale organise périodiquement, un dimanche pas comme les autres.

Un dimanche pas comme les autres est une matinée, où, en plus de la traditionnelle célébration, on propose une conférence-débat aux plus grands et une animation catéchétique aux plus jeunes. Avec, entre les deux temps (conférence et célébration), un moment de convivialité autour d’un café-brioche.

Chaque membre actif de la paroisse est personnellement invité, ainsi que les parents des enfants inscrits en catéchèse. Le « grand public » est informé de l’événement grâce à des affiches et par voie de presse.

Le thème de notre prochain dimanche est « l’Incarnation ».

J’ai participé, il y a quelques jours, à une réunion préparatoire. J’ai apprécié la manière dont Paul, notre prêtre, a mené la réunion. Il ne s’est pas contenté des aspects organisationnels mais a poussé les participants (une dizaine de personnes représentant les différents groupes paroissiaux) à s’interroger sur le thème de « l’Incarnation ».

Je ne sais pas si, le jour de la conférence-débat, il y aura véritablement un débat d’idées à l’issue de l’intervention du prêtre-conférencier. Car la conférence va avoir lieu dans l’église et les gens n’ont pas l’habitude de « débattre » et tout simplement de prendre la parole dans une église. Je pense que les échanges auront plutôt lieu pendant le café-brioche.

Mais, des débats, je peux vous dire qu’il y en a eu au cours de la réunion préparatoire, quand chacun a énoncé ce qu’il entendait par « Incarnation ».

C’est la lecture de la définition du dictionnaire par une participante, qui a lancé la discussion.

L’Incarnation dit le Petit Larousse, est le Mystère de Dieu fait homme en Jésus-Christ. Grâce à ces quelques mots, nous étions  plongés au cœur de la Foi chrétienne. Or, j’ai remarqué tout à coup que c’était le mot « homme » qui posait « problème ». Notre prêtre insistait pour que le conférencier aborde la dimension humaine de Jésus-Christ, argumentant en disant que trop souvent cette dimension était négligée ou dépréciée. En général, a-t-il expliqué, les couples, lors de la préparation au baptême de leur enfant, parlent de Dieu, mais plus rarement de Jésus ou manifestent une gêne pour parler de Lui. Ce qui peut sembler paradoxal pour des personnes qui se disent « chrétiennes » donc disciples du Christ.

 Le prêtre a alors proposé qu’on intitule la conférence sur l’Incarnation,  « L’homme qui venait de Dieu » qui est aussi le titre d’un ouvrage d’un théologien. Or, cette proposition a été mal reçue. Car pour certains chrétiens présents ce soir là, Jésus est d’abord un « Esprit », il est « l’Esprit Saint » même, se manifeste comme tel et la dimension « corporelle » de Jésus est de l’ordre du passé donc ne compte plus.

J’ai soutenu le prêtre pour que  la « personne » de Jésus soit présentée, qu’on montre que Jésus a été un grand marcheur, un grand partageur de repas, un enseignant, un guérisseur des maux du corps et de la vie psychique et sociale. On m’a rétorqué qu’on apprenait « la vie de Jésus » au caté et qu’elle était connue de tous. Seulement il faut croire que la lecture des évangiles faite au caté n’est pas suffisante car les jeunes parents sont gênés de dire leur foi en Jésus-Christ lorsqu’ils présentent leurs enfants. La raison est que certains épisodes les embarrassent comme celui de la conception de Jésus (entre autres). C’est difficile de croire en un Dieu conçu du Saint Esprit et né d’une femme vierge. Mais ils n’osent pas le dire… Car ils sont face à des personnes qui ont des « certitudes » ou  qui parfois prennent l’évangile à la lettre ou encore qui pensent, comme une participante à la réunion, que c’est Marie qui a expliqué à son fils qui Il était ?!?!

(Étonnant non ?)

Qui est-Il ? Éternelle question, que nous nous posions, comme beaucoup de chrétiens l'ont fait à toutes les époques je pense.

A l’École des ministères, j’ai appris que « tout était dans le trait d’union ». Entre Jésus et Christ. Jésus-Christ. Le trait d’union paraît un signe insignifiant, et pourtant, il peut changer le sens des choses.

Et, vous qu’en dites- vous ? 

A bientôt 

Catherine

oOo

Jeudi 9 novembre 2006

 Amis de Murmure, bonjour à tous,

 Une fois n’est pas coutume. J’avais envie de partager avec vous, non pas mes habituels étonnements, interrogations ou élucubrations, mais mes soucis du moment. Je dis « soucis » car je n’ose pas dire « souffrances ».

Ceux qui, parmi vous, ont une activité professionnelle, me comprendront certainement si je dis qu’un lieu de travail est plus qu’un lieu de production et que c’est aussi un lieu de vie (où l’on passe certains jours beaucoup plus de temps que chez soi, si on ne tient pas compte des heures de sommeil…).

Mon travail en lui-même me fait rarement « souffrir ». J’ai la chance d’exercer une activité qui me plait, que j’ai choisie, qui est exigeante mais pour la réalisation de laquelle j’ai beaucoup d’autonomie. En revanche, je souffre dans mon travail « lieu de vie ». Car mon organisation connaît un véritable chaos de l’emploi qui entraîne toutes sortes de maux en cascade.

Nous sommes une petite équipe de 18 personnes, or nous venons d’apprendre que le contrat d’un collègue (présent depuis 5 ans) ne serait pas renouvelé en janvier prochain (ce qui équivaut à un licenciement) et 4 autres collègues ont vu leur temps de travail diminuer (passé de temps plein à temps partiel). Sans compter les départs, au nombre de 3, qui ne sont pas remplacés.

Nous savions que l’activité était en baisse, que les rentrées d’argent diminuaient mais tout le monde pensait que « ça allait s’arranger » et que les départs non remplacés compenseraient la baisse d’activité.

Tous les collègues s’inquiètent pour leur emploi maintenant, y compris ceux qui ne sont pas concernés. L’ambiance se dégrade. Tout le monde accuse tout le monde d’incompétence. L’inquiétude et la mauvaise ambiance génèrent des peurs (le pire de tous les maux) qui perturbent le travail, créent des tensions et absorbent une énergie folle pour rien. A cela s’ajoutent les crises de larmes, les mouvements d’humeur, les arrêts maladie pour dépression.

Paradoxalement, l’activité est intense et les sollicitations nombreuses. Or, dans une telle ambiance, il est parfois difficile de se concentrer sur sa tâche et du coup les journées se prolongent…

Au milieu de tout cela, je suis une privilégiée. Mon emploi n’est pas directement menacé. J’ai un chiffre d’affaire en face de mon salaire. Ma contribution est appréciée et n’est pas perçue comme une simple charge comme c’est le cas pour certains collègues.

Mais, je souffre de voir les autres souffrir. Et ne sais quoi faire au-delà du « faire le maximum pour être en veille et développer l’activité » pour que le collectif en bénéficie.

Je sais aussi que derrière chaque personne dont l’emploi est supprimé ou se précarise, il y a un conjoint, une famille qui par contrecoup souffrent de la situation. « Je me renferme sur moi-même, me confiait une collègue, et l’ambiance à la maison s’en ressent ».

Que faire, quand on est chrétien et qu’on vit cette situation (qui se répète pour moi, car je l’ai déjà vécue il y a 10 ans…) c’est ce que je me demande, chaque matin, en montant les 3 étages à pied pour rejoindre mon bureau. 

Le collègue qui m’étonne le plus, c’est Francis. Il a mon âge. Nous avons sympathisé. Ce brillant juriste est polyglotte. Il parle le français, l’anglais, le russe couramment, et aussi l’allemand, un peu, et l’espagnol. Il écrit des romans aussi. C’est lui qui vient d’être licencié. Ses compétences nombreuses et diverses sont devenues tout à coup « une charge ».

Malgré ce qui lui arrive,  Francis sourit toujours, c’est lui qui détend les collègues en faisant des blagues. Il est comme Beaumarchais « qui se pressait de rire de tout de peur d’être obligé d’en pleurer »…

 A la semaine prochaine

 Catherine

oOo

 

Dimanche, 19 novembre 2006

 Amis de Murmure, bonjour à tous,

 Nous avons eu beaucoup de joie à nous retrouver Florence, Michèle, Paul notre prêtre et moi-même, hier soir, dans la salle à manger de le cure pour notre temps de relecture de ThéoFor.

Michèle nous a confié combien elle aimait ces moments de dialogue et d’étude et combien ces temps de partage l’aidaient à reprendre souffle. Point de vue que je partage tout à fait.

Hier soir, nous étions particulièrement heureux de nous retrouver et je me suis dit que c’était ça aussi être chrétien : savourer le moment d’être réunis au nom de Jésus-Christ.

Tout simplement.

Et même si on n’est pas toujours d’accord les uns avec les autres quand le dialogue s’engage. Car ce fut le cas à plusieurs reprises hier soir.

Un exemple : mes amies Florence et Michèle sont formelles, Dieu est le grand architecte de l’univers, de l’humanité et de l’Église.

?!?!

Selon elles, c’est Lui qui conçoit le projet, tire les plans, dirige les chantiers, de l’Église en particulier, si, comme saint Paul, on voit dans l’Église une construction.

Que Dieu ait un projet, je n’en doute pas un instant. Mais qu’Il ait déjà tout conçu, tout pensé, indépendamment de notre volonté, et qu’il n’y ait qu’à exécuter le projet, j’en doute fortement.

Je crois qu’il faut qu’on arrête avec cette image d’un Dieu en surplomb qui tire toutes les ficelles. Et avec cette pensée que tout est déjà écrit et prédéterminé pour nous.

Quand on aime quelqu’un, on a le désir de vivre-avec, de co-exister avec la personne mais sûrement pas d’établir à la place de l’autre son projet de vie.

Quand on aime quelqu’un, on n’aspire qu’à une chose, que la personne soit heureuse et qu’elle devienne elle-même, et pas ce qu’on aurait envie qu’elle soit, selon des plans qu’on aurait élaborés au préalable. La nuance me semble importante.

J’ose croire qu’avec Dieu, il en va de même. Que dans le projet de Dieu, il y a une place pour l’homme et qu’on est co-acteur avec Lui. Surtout si ce projet est celui d’une création doublée, comme ça transparaît dans les Écritures, d’une libération. Si tel est le cas, alors nous sommes, dans une relation avec Lui et les autres, co-créateur et co-libérateur. Non ?

Qu’en dites-vous ?

S’il y a, une sorte de « prédestination » comme le pensent mes amies, dans le projet de Dieu, alors je n’en vois qu’une possible, celle que l’Apôtre Paul énonce dans sa lettre aux Éphésiens (1, 5-6) : « Il nous a prédestinés à être pour lui des fils adoptifs par Jésus-Christ ; ainsi l’a voulu sa bienveillance à la louange de sa gloire, et de sa grâce dont il nous a comblés en son Bien-aimé. »

Le projet de Dieu serait donc un projet d’adoption ?

Ou encore, comme le pense le Père Gilles Brocard, celui de « partager son bonheur avec les autres », c’est à dire avec nous ?

 Je vous souhaite une bonne semaine

Catherine

oOo

Dimanche 26 novembre 2006

 Amis de Murmure, bonjour à tous et en particulier, 

A Rémi, qui lit cette page fidèlement et qui m’encourage, 

A Paul, qui vient de la découvrir,

 Heureuse de vous retrouver tous pour le dernier message de l’année. Je parle, vous l’aurez compris, de l’année liturgique qui s’achève aujourd’hui, par une fête, celle du Christ-Roi côté catholique, et par un  Dimanche de l’éternité, côté protestant. Les uns et les autres, de concert, redémarreront une nouvelle année liturgique, dimanche prochain, en entrant dans le temps de l’Avent. 

Dans ma paroisse locale, nous avons fini l’année en beauté, en organisant un « dimanche autrement » encore appelé « dimanche pour la foi ». Rémi est venu nous rejoindre pour un temps d’enseignement sur « l’Homme qui venait de Dieu ». La conférence a été suivie d’une collation puis, nous nous sommes tous retrouvés enfants et adultes à l’Église pour une belle célébration.

Ambiance festive donc ce matin à la messe : rassemblement des grands jours, présence exceptionnelle de trois prêtres, longue procession d’entrée, chants mimés par les enfants et animés par les confirmands, fanfare en l’honneur de Sainte Cécile, prière universelle aux couleurs du monde, le tout s’achevant par le baptême d’un petit enfant.

Puis temps de partage d’un repas. 

Plusieurs objectifs à ces dimanches autrement : annoncer l’évangile au plus grand nombre, donner des repères pour penser et de la saveur à la célébration, donner envie à ceux qui sont aux portes de l’Église, encourager les enfants, laisser une place aux jeunes. Être attirant.  

« La beauté est la porte privilégiée, aujourd’hui, pour accéder à Dieu » expliquait le cardinal Godfried Daneels, l’archevêque de Malines-Bruxelles, il y a quelques jours sur les ondes de RCF. Selon lui, le beau est tout puissant de nos jours, et constitue la meilleure voie vers Dieu pour nos contemporains. Il me semble que c’est juste. Le beau est ce que les jeunes recherchent le plus aujourd’hui. Quand on écoute les jeunes confirmands, on se rend compte qu’ils réclament de beaux chants, de beaux textes, une belle liturgie.

Autre fait : la ville de Lyon va s’illuminer dans quelques jours pour la fête de l’Immaculée conception. Peu de gens comprendront le dogme mais tous seront sensibles à la beauté de la lumière. Or, cette manifestation a, paraît-il, de plus en plus de succès… 

Avons-nous été au goût du jour ce matin ?

Avons-nous fait d’assez belles choses ?

Je l’ignore. 

Mais je partage totalement le point de vue du pasteur Evelyne Schaller qui écrit cette semaine dans la revue  Le Messager, «  qu’il ne s’agit pas de s’enfermer dans le seul événementiel, mais de travailler au petit, au quotidien, pour que les célébrations, les liturgies, les diverses proclamations de l’Évangile trouvent ou retrouvent l’art d’annoncer la grâce par le gracieux, le simple et le vrai ». 

Amicalement comme toujours,

Catherine

oOo

Mardi, 5 décembre 2006

 Amis de Murmure, bonjour à tous,

 C’était « champagne » samedi dernier à ThéoFor !

C’est le vicaire général de notre diocèse qui est venu animer, de manière très interactive, la journée de formation sur le thème de « l’eucharistie au cœur de la vie de l’Église ». Jean-Christophe était « pétillant » et toute l’assemblée a bu ses paroles des heures durant. Certains se sont bien amusés, comme moi, car le vicaire était très drôle par moment, limite insolent parfois. Beaucoup ont été très étonnés de ses paroles.

La matinée a été consacrée aux rites, à leur importance dans la vie religieuse et dans la vie tout court.

Jean-Christophe nous a montré, à l’aide d’un passage du Petit Prince de Saint Exupéry, que le rite servait à nous apprivoiser les uns les autres. Puis il nous a montré en quoi la liturgie et ses rites constituaient un objet transitionnel pour le croyant, un doudou si vous préférez. Un objet qui permet de rendre présent « l’Absent ».

 Et l’après-midi, nous avons décortiqué la prière eucharistique n°4, dite de Saint Basile, pour en redécouvrir toute la richesse.

Mais le plus étonnant, pour moi, n’était pas dans le contenu proprement dit de l’exposé, que j’avais eu la chance de découvrir il y a deux ans, mais dans ces  petites réflexions  qui émaillaient le propos de l’intervenant.

Jean-Christophe nous a expliqué que le chrétien était quelqu’un qui écoutait avant tout. C’est ce que j’ai fait, j’ai même écouté « entre les lignes » de l’exposé, car c’était là, finalement que résidaient les réflexions les plus profondes.

Je vous en livre quelques-unes.

« Quelle socialité les rites chrétiens vont-ils créer ? » nous a demandé en aparté, notre vicaire. Sa réponse : une socialité évangélique. Et de poursuivre : « Jésus était un peu malade. Ça m’inquiète et ça m’intéresse. Je n’arrive pas à m’habituer à la foi chrétienne ». Moi non plus ! ai-je eu envie de lui répondre…

Quelques minutes après : « la difficulté chrétienne est de penser Dieu dans la proximité. C’est même l’enjeu majeur dans la foi des chrétiens ». C’est clair, c’est le défi. Un Dieu inconnu, inconnaissable et pourtant tout proche.

Plus fort encore, quelques minutes plus tard alors qu’il abordait le sujet des sacrements, cette citation (qui n’est peut-être pas de lui) : « c’est Dieu qui cherche à se faire voir bien de l’homme » et non l’homme qui cherche à se faire bien voir de Dieu comme dans les premiers mouvements religieux. Et comme encore maintenant ! ai-je pensé…

La nuance effectivement est de taille. Car, nous a dit notre conférencier, « il s’agit de reconnaître la bonne figure du Messie ». Évidemment…

Voilà, me suis-je dit. Tout est dans un problème de reconnaissance.

On veut se faire bien voir de Dieu alors que c’est Lui qui cherche à se faire reconnaître. On cherche à se faire adopter de Lui et s’Il attendait que nous l’adoptions, en commençant par nous adopter les uns les autres. Je m’interroge.

Même Jésus a eu besoin des autres pour savoir qui il était. De Jean-Baptiste. De son ami Pierre. Et de la foule. Si on n'a pas été reconnu, on n'est jamais tout à fait soi-même.

« J’apprends qui je suis de la part de l’autre » nous a dit Jean-Christophe.

Personne n’échappe à cela. Même le Christ.

Et Dieu ?

 A la semaine prochaine 

Amicalement comme toujours.

Catherine

oOo

Jeudi 14 décembre 2006 

Amis de Murmure, bonjour, 

Des cafés bibliques, encore appelés cafés théologiques, se multiplient, paraît-il, dans divers endroits. Il y en a même sous forme d’émissions de télévision. Le dimanche matin sur France 2. Ce sont les protestants qui diffusent cette émission. J’ai pris le temps de la regarder dimanche dernier.

Tables rondes, chaises et décor de bistrot sur le plateau de Présence protestante : l’animatrice passe d’une table à l’autre avec le micro pour interviewer les invités. L’ambiance se veut décontracte mais j’ai trouvé que les invités ne l’étaient pas tant que ça, décontractés. Que ce soit les écrivains ou les théologiens présents ce jour là, et qu’ils soient évangéliques, pentecôtistes ou réformés. Peu ont échangé spontanément entre eux, or, en principe les échanges dans un café sont assez directs entre personnes qui se connaissent…

Le sujet du jour, il faut dire, n’était pas facile. Le Café biblique abordait, en effet, le célèbre « sermon sur la montagne » de Jésus en Galilée, adressé à la foule réunie et à ses disciples, en s’arrêtant plus précisément sur « les Béatitudes », dans l’Évangile selon Matthieu, chapitre 5, versets 1 à 12.

Archiconnu allez-vous penser, mais assez déroutant aussi quand on veut bien le regarder d’un peu plus près…

Extrait :

Heureux les pauvres de cœur : Le royaume des cieux est à eux.
Heureux les doux : ils auront la terre en partage.
Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux : il leur sera fait miséricorde.
Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu.
Heureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le royaume des cieux est à eux.
Heureux êtes-vous lorsqu’on vous insulte, que l’on vous persécute et que l’on dit faussement contre vous toute sorte de mal à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux; c’est ainsi en effet qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.

(Traduction œcuménique de la Bible) 

Après un temps de lecture, les invités de l’émission se sont longuement interrogés sur le sens du mot « heureux », du mot « pauvre » du mot « doux », et sur le sens plus global du message : que signifie, en effet, être heureux quand on est « pauvre de cœur » ? Qu’est-ce qu’être pauvre de cœur, déjà ? Pourquoi les doux auraient-ils la terre en partage ? etc …Une page ne suffirait pas pour lister toutes les interrogations que de telles interpellations peuvent susciter. Susciter un questionnement, c’est le but je pense du « sermon ».

Les invités ont donné des réponses, bien sûr, en jouant sur le sens des mots, en naviguant dans l’ancien testament et en intégrant le contexte, les destinataires de l’évangile et l’intention de l’auteur, enfin tout un tas de critères.

Moi, j’ai surtout retenu les paroles d’une invitée, une psychothérapeute, je crois, qui a dit ceci : « nous venons au monde avec quatre sentiments : la peur, la tristesse, la colère et pour faire face à tout cela, la joie. » Oui, pour faire face à tout cela, la joie. C’est cela, me suis-je dit. On retrouve la colère, la tristesse et la peur dans les béatitudes et en face, un mot « heureux » qui peut être traduit par  « joie » aussi. La joie est tout ce que nous avons pour « faire face ». A tout ce qui advient. Sachant que la joie n’est pas seulement une impression, un sentiment, c’est aussi une décision, parfois, je pense.

C’est d’ailleurs ce mot que Marie-Andrée Lamontagne et André Myre ont retenu dans la traduction des béatitudes qu’ils proposent dans la nouvelle bible dite « Bayard ».

Cela donne : 

Joie de ceux qui sont à bout de souffle, le règne des Cieux est à eux.
Joie des éplorés, leur deuil sera plus léger.
Joie des tolérants, ils auront la terre en héritage.
Joie de ceux qui ont faim et soif de justice, ils seront comblés.
Joie des êtres compatissants  ils éveilleront la compassion.
Joie des cœurs limpides,  ils verront Dieu.
Joie des conciliateurs, ils seront appelés enfants de Dieu.
Joie des justes que l’on inquiète, le règne des Cieux leur appartient. 

Étonnante, cette réécriture des béatitudes, non ? 

A la semaine prochaine, 

Catherine

oOo

Vendredi 22 décembre 2006

 Amis de Murmure, bonjour à toutes et tous,

 Qu’est-ce que Noël pour vous ? 

C’est la question qu’un journaliste a posée hier matin sur les ondes de RCF à un évêque français.

Réponse de l’évêque : « Noël, c’est une manière de se rendre présent aux autres ».

Il existe donc une  « Noël attitude »,  me suis-je dit.

Mais alors en quoi consiste-t-elle ?

Comment s’y prend-t-on pour « se rendre présent » aux autres ?

Pour être présent aux autres, il faut déjà se faire reconnaître et ensuite se faire adopter. Être appelé par un nom ou plusieurs…

Quand j’ai demandé aux enfants du caté, quelle était la personne qui avait reçu le plus de noms différents, ils ont immédiatement répondu « Jésus ». Le jeu a ensuite consisté à rechercher tous les noms donnés à Jésus. J’ai été très étonnée du résultat ! Je savais qu’on attribuait différents noms à Jésus, mais je ne savais pas qu’il y en avait tant.

Il y a tout d’abord le terme de « fils » qui revient souvent : Fils, Fils de Dieu, Fils de Marie, Fils de David, Fils du Très-Haut.

Ensuite, il y a les « prénoms », comme disent les enfants : Emmanuel, Yeshoua, ( le nom que les enfants préfèrent et jouent à répéter…) et Jésus bien-sûr.

Il y a la signification du nom : le Sauveur, Dieu sauve.

Puis, les noms qui évoquent « le Seigneur qui reviendra » comme m’ont dit les enfants : le Seigneur, le Ressuscité,  le Christ, le Messie, Jésus-Christ, l’Amen…

Enfin, il y a, j’ai bien aimé l’expression employée par les enfants : « les noms qu’on entend à la messe » : l’Agneau de Dieu et l’Alpha et l’Oméga.

 A cette longue énumération, je vais ajouter quatre nouveaux noms, inventés par les enfants eux-mêmes. Jésus est aussi pour eux : « l’Homme venu de Dieu » (expression entendue lors de notre dernier Dimanche pour la Foi), « le Fruit de vie », « l’Amour infini » et « Dieu-tout-simplement ».

 A méditer en cette veille de Noël…

 Bon, pour en revenir à la « Noël attitude » : si Noël est la manière pour Dieu de se rendre présent aux autres, les noms donnés à Jésus disent quelque chose de cette façon d’être.

Moi, je dirais que, Noël, c’est se rendre présent aux autres en tissant (ou renforçant) des liens familiaux ou filiaux. A cause de Dieu justement.  Les relations établies ainsi, permettent ensuite le partage de la conviction que la mort n’a pas le dernier mot, ce qui, en principe, aide à cheminer dans l’existence…

 A vous tous, je souhaite un Joyeux Noël !

 Catherine

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