A CONTRESENS
(2015-2016)
21 - PROMENADE A CIEL OUVERT.
En été, les nuits sont douces et s'il n'y a pas de nuages, partez pour une charmante balade vers l'infini. Choisissez un endroit sans lumière artificielle, munissez-vous de jumelles et regardez le ciel.
20 - LA FOURMI ET LA CIGALE
Madame la Fourmi, vous avez mauvaise réputation, vous passez pour quelqu'un
d'égoïste, sans cœur, refusant d'ouvrir votre porte aux malheureux : par
exemple, à la pauvre cigale que vous avez repoussée alors que vous amassez
une grande fortune. Plusieurs associations et mouvements contestataires
réclament des sanctions financières contre vous et vos semblables.
Qu'avez-vous à répondre ?
Je paye mes impôts régulièrement, je n'ai pas de compte en Suisse ou à Panama. Mes revenus proviennent de mon activité. Chez moi, il n'y a pas de travail au noir, toutes mes ouvrières sont déclarées, je cotise à l'allocation chômage qui est en grande partie déficitaire à cause de ces intermittents du spectacle comme la cigale. On nous accable d'impôts, de charges, si cela continue, j'irai faire mon trou à l'étranger. Chez nous, il n'y a pas de paresseux, tout le monde travaille, on ne nourrit pas de bouches inutiles : les mâles quand ils ne servent plus à rien, disparaissent.
Contre la pauvreté et la misère, c'est au gouvernement de prendre ses
responsabilités, il doit agir pour favoriser le travail et non subventionner
l'oisiveté. A quoi bon mobiliser « Nuit debout » et consorts, vont-ils
apporter « quelque grain » à la cigale ?
Cigale, on vous accuse d'imprévoyance, de ne pas savoir gérer votre budget
bref nous avons l'impression que vous ne savez pas sur quel pied danser.
Vous
croyez de c'est facile de chanter quand on dort sous les ponts. Pour avoir
une place intéressante dans les couloirs du métro, il faut se lever tôt.
Chantez des heures et des heures pour récolter une maigre recette c'est
déprimant, les gens sont tous pressés, ils ont l'air préoccupés, marchent à
grands pas. Il faut sans cesse être en alerte à cause des balayeurs. Si je
vais devant les églises c'est pareil, j'ai l'impression qu'ils mettent tout
leur argent à la quête. Si certains me donnent une petite pièce en sortant,
ils ne ne me regardent même pas. Bien sûr, quand je gagne quatre sous, on
fait la fête entre amis. L'été, si j'arrive à obtenir une place dans les
festivals, je m'arrange pour que les entrées soient d'un prix abordable afin
que chacun puisse profiter du spectacle. On n'y voit d'ailleurs pas beaucoup
de fourmis.
Monsieur de La Fontaine, vous avez semé la zizanie entre les fourmis et les
cigales. Vous les avez mis en scène lors d'une fable et n'avez même pas
composé une morale ; il est vrai que vous êtes mal placé pour donner des
leçons. Toute votre vie, vous avez été un parasite : vous avez vécu aux
crochets de Fouquet puis après sa disgrâce, vous avez été l'hôte de Mme de
La Sablière et avez terminé chez le banquier d'Hervart. Vous avez écrit une
honteuse épitaphe pour vous-même dont voici la chute :
« … Quant à son temps, bien le sut dispenser :
Deux parts en fit, dont il soulait passer
L'une à dormir et l'autre à ne rien faire »
Qu'avez-vous à dire pour votre défense ?
Si
j'étais resté maître des Eaux et Forêts à Château-Thierry, je serais riche
mais les écoliers ne connaîtraient pas mes fables et il leur manquerait des
occasions de sourire. Je donne du travail et du fil à retordre à ceux qui se
croient intelligents de commenter « la cigale et la fourmi », quant à ceux
qui lisent leurs commentaires, je leur souhaite bien du plaisir…
19 - UN LOUEUR D'ESPOIR
Soucieux de prendre au sérieux mon avenir, je suis allé voir St Pierre, j'ai frappé à sa porte.
Que voulez-vous ?
Bonjour Grand St Pierre. Je viens me renseigner pour savoir s'il est possible de louer quelque chose ?
C'est difficile, il faut s'y prendre tôt. Pourquoi voulez-vous louer ?
Je voudrais réserver un modeste pied-à-terre pour mes vieux jours.
Un p'tit coin de paradis, voulez-vous dire ?
En quelque sorte.
Avez-vous loué ?
Non c'est pour cela que je viens. J'ai entrepris un long voyage pour réservez une place et me familiariser avec les lieux.
Quand je parle de louer, il s'agit de Dieu !
C'est lui qu'il faut contacter pour louer un simple studio ? Je pensais qu'il était préférable de s'adresser à ses saints plutôt qu'au Bon Dieu.
Décidément, vous ne comprenez rien ou vous comprenez trop bien ; il s'agit de la louange à Dieu « Laudate » pour reprendre le terme du pape François. Je ne suis pas sûr que vous consacrez beaucoup de temps à louer. Les prières de demandes, oui, cela vous connaît ! J'en ai tout une litanie : « Je voudrais de la neige en hiver pour faire du ski, la fin de la sécheresse pour mon jardin, du soleil pendant mes vacances, etc. » Je vous signale d'ailleurs que Dieu ne fait pas la pluie et le beau temps.
Quand j'obtiendrai ma location - j'envisage un bail emphytéotique avec clause de renouvellement systématique et éternel - je passerai mon temps à louer le Seigneur, ses anges, ses archanges, tous les saints, en particulier ses apôtres et le surtout premier d'entre eux…
Ne cherchez pas à m'amadouer...vous êtes bien sûr de vous ! Ici les places sont chères et ne sont pas données à tout le monde. Pour louer une place au ciel, il faut louer Dieu.
Allez voir en face ; ils acceptent le premier venu sans rien exiger en contrepartie. Vous trouverez facilement, il suffit de se laisser porter par ses mauvais penchants, suivez la pente naturelle, c'est la grande descente aux enfers.
Gérard
1er juin 2016
18 - POINT FINAL
Bonjour, Monsieur Jean de La Bruyère, je sais que vous écrivez, vous avez fait bonne impression avec vos « Caractères », peut-être avez-vous encore en stock des signes de ponctuation, je cherche un point final ?
- Un point final ? Pour quoi faire ?
Je voudrais terminer mon texte et il me faut un point final pour achever mes efforts d'écriture.
- J'ai bien des points mais ils sont uniquement calibrés pour les mettre sur les « i ». Voulez-vous quelques points-virgules.
Ce sont des respirations dans le texte ; un point virgule permet de couper la phrase, jamais il n'autorise un arrêt surtout définitif.
- Alors prenez des points d'exclamation ou d'interrogation ?
De quoi vais-je m'exclamer en terminant ? Je ne vais quand même pas marquer : ouf c'est fini !
- Il vous reste l'interrogation.
La dernière phrase doit être une phrase choc. Le lecteur va-t-il être impressionné si je lui demande : ce que vous venez de lire, vous a-t-il intéressé ?
- Il répondra c'est barbant. Autre possibilité, il me reste quelques points de suspension ainsi vous laissez en quelque sorte le suspens.
Un texte suspendu doit déboucher sur quelque chose, en aucune manière il ne peut servir de point final. Que diriez-vous si vous lisiez : et dire qu'il se croyait célèbre….
- Effectivement, cela ne va pas. Essayez les deux-points.
Attention si je mets deux points, je suis obligé d'ouvrir des guillemets qu'il faudra ensuite refermer.
- Non procédez à une énumération, par exemple, les différents caractères de ponctuation sont : la virgule, le point, la parenthèse, etc.
Les deux-points ne conviennent pas, il y a nécessairement une suite.
Ça y est, vous me donnez une idée géniale. Je terminerai par et cætera desunt car il y a un point après les trois lettres, ainsi je me passerai du point final et terminerai mon billet d'une manière qui apparaîtra étrange, surprenante, bizarre, etc.
Gérard
15 mai 2016
17 -SORTIR DU CONTEXTE
Quand nous lui avons répété qu'il avait bien dit ce mot, notre interlocuteur n'a pas voulu le reconnaître, il nous aurait presque intenté un procès : « Non je n'ai jamais dit cela, c'est ignoble de me faire porter le chapeau, je désavoue formellement cette paternité. » Mais mis devant une preuve incontestable, il a déclaré : « Ah ! Oui, mais ce mot est totalement sorti de son contexte. » Voilà le mot lâché : le contexte. Pourquoi donc, les mots s'échappent-ils de leur contexte, surtout – allez savoir pourquoi – ceux des hommes politiques ?
Exemple. Si un politique a déclaré « Demain, il fera beau. » Le journaliste va l'interpeller lui disant qu'il s'est trompé car aujourd'hui, le temps est maussade. Son vis-à-vis très fâché va lui répliquer : « D'abord, je n'ai jamais parlé du temps - mais remarquez qu'il fait meilleur aujourd'hui qu'hier - vous avez sorti ma phrase de son contexte, je suis en campagne électorale, vous le savez, si mon programme était appliqué, la vie serait meilleure et plus belle pour nos concitoyens. Élisez-moi et il fera beau demain dans votre vie. »
Le journaliste penaud essaie de se justifier : « En disant cette phrase, vous avez regardé le ciel tout en remontant le col de votre imperméable, donc vous parliez bien du temps qu'il ferait demain. »
« Je ne suis pas Madame Soleil, vous sortez vraiment tous les mots de leur contexte. Si j'évoque demain, ce n'est pas un jour précis, le mandat que je brigue court sur plusieurs années c'est à dire que demain ce sont les prochaines années. Oui, avec moi, demain sera plus beau. »
Comment empêcher les mots de sortir de leur contexte, de prendre le large ? D'abord, il est important de les peser ; quand on pèse ses mots ceux-ci prennent un reflet particulier comme s'ils étaient estampillés : « FRAGILE, à manier avec précaution. » Ensuite, il faut bien les surveiller car il est très difficile de faire rentrer au bercail des mots qui s'y sont échappés, il en est comme du dentifrice sorti de son tube. Quand on lit la presse ou que l'on regarde la télé, on voit trop de mots errer ça et là, seuls, détachés de tout, particulièrement des mots accusateurs mais tous reniés, malmenés, estropiés, rudoyés, brutalisés, discrédités, molestés, défigurés par leur géniteur car « sortis de leur contexte ».
Si je puis m'adresser aux mots, je leur dirais bien simplement : « Voyez comme on vous traite, je vous en supplie ne sortez jamais de votre contexte, restez y bien au chaud. »
Gérard
1er mai 2016
16 - DONNER UN ÂGE
Avis de recherche.
« Alors que j'étais au marché, une personne sans doute bien intentionnée a déposé dans mon panier, sans que je m'en aperçoive, un cadeau. : elle m'a donné un âge. Et comme elle a été très généreuse, je voudrais la contacter pour la remercier. »
Allô, c'est vous qui m'avez donné un âge ?
J'ai pensé vous faire plaisir
Vous savez j'en ai déjà un ; bien sûr, il change chaque année à la même date. Merci de votre geste, mais c'est trop, vous avez fait des folies….. un âge canonique.
Je l'ai pris grand afin qu'il vous serve pendant de nombreuses années.
Je ne suis pas bloqué sur un âge, j'en ai vu passer des dizaines et des dizaines et je ne m'en porte pas plus mal.
Gardez-le quand même très présent car si vous ne supportez plus votre âge, dites-vous que vous n'avez pas l'âge qu'on vous donne.
Vous arrive-t-il souvent de donner un âge à quelqu'un ?
Cela remonte du fond des âges : j'ai commencé à l'école en cherchant l'âge du capitaine.
Si vous donnez sans compter des âges à tout le monde, attention au retour d'âge.
C'est vrai qu'il m'arrive de reprendre de l'âge mais c'est rare : il y a des personnes qui n'ont pas dépassé l'âge bête ou l'âge ingrat et qui veulent le dissimuler.
Ainsi chaque individu que vous croisez se voit attribuer un âge ?
Non, pas ceux qui sont entre deux âges.
Vous-même vous devez avoir un âge respectable ?
Non, je ne suis pas vieux mais je suis jeune depuis plus longtemps que la plupart de mes contemporains.
Gérard
15 avril 2016
15 - PRINTEMPS
Bonjour, Monsieur le Printemps. Vous êtes en avance cette année, à l'école nous avons tous appris que vous arrivez le 21 mars et vous avez débarqué un jour plus tôt. Pourquoi ?
Ce n'est pas moi qui suis en avance c'est vous qui êtes en retard. Vous avez traînassé en février, vous octroyant un jour supplémentaire. Retenez que je me mets en route quand le soleil traverse l'équateur.
Que nous apportez-vous ? Nous avons bien besoin d'oublier les brumes maussades, les cieux voilés, le froid qui mord les doigts.
Voyez les fleurs, les oiseaux qui virevoltent, la terre abandonnant son manteau gris et ocre pour se parer de verdure.
Nous redoutons que le frimas et le givre ne soient au rendez-vous, que mars ne s'étire en giboulées et déverse sur avril ses relents de grisaille mal digérés.
Que d'inquiétudes ! Regardez les insectes, l'herbe des prés, tout ce qui grouille, pullule, fourmille. Ne respirez-vous pas cet air embaumé montant des collines, n'entendez-vous point la chanson du ruisseau portant la symphonie jusqu'à la rivière, ne voyez-vous pas se déployer les feuilles tendres, timides, fragiles mais si craquantes ?
Nous sommes tristes, l'hiver nous a dévasté, il a peuplé nos nuits d'abandon et d'effroi, maintes fois la flamme de notre âme a vacillé, nos mains tremblent encore.
Ne craignez pas ! Depuis le 27 mars, j'ai décidé de me lever une heure plus tôt, j'ai pris mes quartiers d'été, ma lumière chasse les ténèbres du doute. Levez-vous et partez joyeux ! Vous avez encore un jour à mettre au monde !
Gérard
1er avril 2016
14 - STUPÉFACTION
Lors des fouilles à Smyrne, un parchemin datant de plus de 2 000 ans, venant sans doute d'un juif grec a été trouvé récemment. En voici la traduction
Nous sommes montés à Jérusalem vers le temple du Très-Haut pour la Pessa'h. Depuis hier, tout Jérusalem ne parle que de l'arrestation et la crucifixion d'un nommé Jésus qui s'est dit l'envoyé de Dieu.
Voulant en savoir plus, j'ai pu contacter quelqu'un de sa bande. Il m'a donné rendez-vous de nuit. Après avoir fait beaucoup de détours, je suis arrivé dans un lieu secret ; évidemment je tairai son nom. Manifestement cet homme a peur, il est prostré, il tremble, il est aux aguets regardant toujours en direction de la porte. D'emblée il me déclare :
« - Les gens de Caïphe nous recherchent, c'est sûr.
-Vous êtes nombreux ?
- Nous sommes une douzaine, même pas, depuis que Judas l'a vendu pour quelques pièces d'argent et puis il y a aussi quelques femmes.
- Vous semblez terriblement déçus.
-Nous pensions qu'il allait délivrer Israël des envahisseurs romains, qu'il allait rétablir la royauté comme au temps du roi David. Il nous aurait donné des places de choix dans son royaume, nous aurions été ses hauts dignitaires.
- Il a donc été capturé ?
- Pourquoi s'est fait-il arrêté sans protester, sans se défendre ? Un de nous a tiré son épée, nous aurions pu nous battre et comme il est capable de guérir des lépreux et de donner à manger à des milliers de personnes, il aurait pu foudroyer la cohorte de soldats venue le saisir. Pourquoi ? Mais pourquoi est-il resté inerte ? Maintenant, on va tous y passer. J'ai un cousin en Galilée et vais essayer de partir chez lui pour me cacher ; surtout ne l'écrivez pas.
- Il avait des ennemis ?
- Oui, les scribes et les pharisiens le haïssaient, tous ceux du temple. Il les avait ridiculisé avec l’impôt à César en leur clouant le bec ; et cette pauvre femme qu'ils voulaient lapider... « Que celui qui est sans péchés lui jette la première pierre », tous sont repartis penauds. Bien sûr, ils les a provoqués quand il a renversé les étals des changeurs du temple mais on se sentaient en confiance avec lui, il faisait des prodiges. A son entrée à Jérusalem tout le monde l'acclamait, on allait le couronner, retrouver la splendeur du temps de Salomon. Mais tout est fichu maintenant, pourvu qu'ils ne nous trouvent pas. En partant veillez à ce que personne ne vous voit.
--------------------------
Une deuxième lettre du même auteur apparemment de la même période a été découverte.
Ils chantaient, ils parlaient à voix forte avec de grands gestes, ils rayonnaient de bonheur. C'était un groupe d'hommes et de femmes au visage radieux. C'est alors que j'ai reconnu parmi ces gens mon interlocuteur que j'avais vu dans la clandestinité, quand il m'a aperçu et il a accouru vers moi.
- Il est vivant ! Écrivez, écrivez-le! Je m'appelle Philippe, je suis un disciple de Jésus, je suis avec lui depuis trois ans. Répétez partout que Dieu l'a ressuscité, que nous l'avons vu, de nos yeux vu !
- Mais vous aviez peur des juifs.
-Qu'ils viennent ! Je ne cesserai de dire que la mort ne l'a pas englouti, qu'il est vivant et qu'il nous montre la voie. Dieu est grand ! Louanges à lui ! Dieu a ressuscité son Fils.
-Si les gens du temple vous arrêtent.
- Je n'ai pas peur, puisqu'il est avec nous pour toujours. Nous avons compris tout ce qu'il nous a enseigné, son royaume n'est pas de ce monde, son Esprit nous remplit de sa force, que craignons-nous ?
Gérard
15 mars 2016
13 - RÉPONSES A TOUT
Est-il vrai qu'il vous arrive de ne pas répondre quand on ne vous demande rien ?
Personnellement, c'est souvent mon cas, je le confesse bien humblement. Dans d'autres domaines, il m'arrive d'agir de la même façon : je ne décroche pas mon téléphone quand il ne sonne pas et je refuse de passer l'aspirateur lorsqu'il n'est pas branché. Comment expliquer ce comportement qui semble bizarre ? Que voulez-vous, chacun porte ses faiblesses, ses préoccupations, ses soucis qui empêchent de réagir normalement….
J'espère que les lecteurs excuseront cette imperfection, j'essaie de me corriger, je fais des efforts, mais je n'ai pas réponses à tout, surtout devant ceux qui parlent pour ne rien dire.
Répondre aux autres est une chose mais répondre de soi-même, c'est une autre paire de manche. Je me questionne souvent : « Qui suis-je vraiment ? Suis-je utile ? Quel est mon avenir ? » Bref, des questions angoissantes qui me renvoient à mon moi le plus profond et qui obstruent une vision qui devrait être attentive à mes interlocuteurs attendant sans doute des réponses aux questions qu'ils n'osent même pas se poser à eux-mêmes.
Autrement dit, et pour répondre complètement à la question initiale, si l'on ne vous demande rien sachez que votre interlocuteur brûle de vous poser une question mais comme votre réponse pourrait tomber à côté, tout compte fait, mieux vaut ne rien dire.
Gérard
1er mars 2016
12 - Expédier les affaires courantes
Que se passe-t-il lorsqu'un Président de la République ne peut plus exercer son mandat parce qu'il démissionne, ou parce qu'il meurt ? Notre constitution dans son article 7 alinéa 4 a prévu cette situation « En cas de vacance de la Présidence de la République pour quelque cause que ce soit…..les fonctions du Président de la République sont provisoirement exercées par le Président du Sénat »
Sous la V République cette vacance s'est déjà produite deux fois : en 1969 lors de la démission du Général de Gaulle, et en 1974 au décès de Georges Pompidou ; dans les deux cas, c'est Alain Poher alors Président du Sénat qui a exercé l'intérim. Durant ces deux courtes périodes, il a selon l'expression consacrée « expédié les affaires courantes ». Mais à ma connaissance, personne ne s'est jamais posé la question : Où les a-t-il donc expédiées, ces fameuses affaires courantes ?
En matière d'affaires, il est nécessaire de distinguer les affaires qui marchent de celles qui courent. Pour les affaires qui marchent, il faut laisser faire, surtout ne pas intervenir. Quant à celles qui marchent difficilement, on peut à la rigueur les laisser tomber. Mais ce sont les affaires courantes qui doivent retenir toute notre attention : elles peuvent nous rattraper. L'idéal est donc de les saisir à temps. Bien sûr, mettre son nez dans une affaire peut être périlleux, elle peut sentir mauvais et l'on n'est pas tiré d'affaire aussi vite qu'on le croit.
Revenons à notre affaire. Nous envisageons différentes hypothèses de gestion du Président Poher.
D'abord, il aurait pu mettre les affaires en gage chez « ma tante » donc au Mont de Piété pour obtenir en contrepartie un prêt pour boucler le budget de la France. Or en 1969 comme en 1974, les finances de notre Pays étaient équilibrées ; d'ailleurs, 1974 fut la dernière année d'excédent budgétaire. Donc abandonnons la thèse du Crédit Municipal de Paris.
Ensuite, les affaires courantes ont pu être mises au rebut. En effet, lorsque l'on veut se débarrasser de quelque chose, on le jette à la poubelle où on l'emmène à la déchetterie. Sans être péjoratif, la valise diplomatique peut jouer ce rôle, peu reluisant, il est vrai, de vide-ordures. Donc Poher a pu utiliser la valise diplomatique pour évacuer ces affaires. Néanmoins, dans tous les cas, elles laissent une trace dans la balance commerciale des pays « receveurs ». Après maintes consultations et investigations, aucun pays au monde n'a enregistré un excédent brutal et inexpliqué de ses comptes internationaux durant ces années, en particulier les pays les plus propices à récolter ces affaires, car secrets et reculés comme le Bhoutan, le Zimbabwe ou le Suriname.
Dernière hypothèse, la plus vraisemblable, les affaires courantes sont restées en France. En effet, les présidents élus après l'intérim d'Alain Poher respectivement Georges Pompidou en 1969 et Valéry Giscard d'Estaing en 1974, se sont plaints, en arrivant à l’Élysée de «l'encombrement des affaires courantes ».
Force est donc de constater et de déplorer que Monsieur Poher, si respectable fût-il, n'a pas expédié les affaires courantes, il les a seulement poussées dans un recoin ou glissées sous un tapis en collant une étiquette « Affaires à suivre ».
Gérard
15 février 2016
11 - MONSIEUR HOLLANDE, NE VOUS REPRÉSENTEZ PAS !
En découvrant ce titre, plus d'un lecteur va m'accuser de tomber dans les ornières de la politique politicienne, de dénaturer le site « Murmure » qui se veut ouvert et apolitique et surtout de jeter une pierre dans le jardin paisible du Père Léon Paillot.
Que personne ne s'y méprenne ! Si j'adjure notre Président de ne pas se porter candidat en 2017, ce n'est ni en considération de son bilan, ni par préférence pour un autre candidat de gauche jugé plus apte à conduire les affaires de la France. Non, si j'insiste aussi lourdement, c'est que le club des anciens Présidents de la République est menacé de disparition : Hollande réélu pour cinq ans et c'est un ancien Président potentiel, de perdu.
Véritablement, si l'actuel Président ne rejoint pas spontanément à la fin de son mandat le groupe des anciens Présidents de la République, celui-ci peut se réduire à néant. En effet, combien sont-ils actuellement ? Trois seulement ! Et tous les trois sont menacés de disparition prochaine.
Faisons-en le tour.
Commençons par le plus ancien : Monsieur Valéry Giscard d'Estaing. Bien qu'il ait toujours bon pied, bon œil, ce n'est pas lui faire injure que de lui rappeler qu'il va allégrement sur ses 90 ans. Et s'il siège parmi les quarante immortels, l'habit vert ne le dispense nullement d'entrevoir une fin inéluctable.
Monsieur Jacques Chirac, certes plus jeune, il a 84 ans, mais présente une santé notoirement défaillante. Même choyé par les français et fort bien soigné, il n'est plus que l'ombre de l'homme jovial et exubérant qu'il fut.
De cette trilogie, il reste Monsieur Nicolas Sarkozy toujours fringant, toujours animé d'une ardeur frénétique à tel point qu'il envisage - même si aujourd'hui ce n'est pas officiel - de se présenter en 2017… et voilà, un homme abandonnant lâchement son statut d'Ancien Président pour les ors de l'Élysée.
Évidemment, si Monsieur Sarkozy et Monsieur Hollande briguaient tous les deux le pouvoir suprême, au moins un des deux serait relégué dans le club des anciens Présidents. Cependant les intéressés accepteraient mal ce lot de consolation : battu Monsieur Sarkozy retrouverait son ancien statut à contrecœur et Monsieur Hollande remercié par les électeurs se métamorphoserait en un ancien Président par défaut.
Monsieur Hollande, ce cénacle de hauts personnages a besoin de sang neuf, d'un homme qui se donne corps et âme à cette nouvelle fonction sans arrières pensées, qui rentre dans ce cercle éminent de son plein gré, à grande enjambées et non à reculons !
Quand on mesure le rôle et l'importance que représentent les Anciens Présidents de la République pour le renom et le prestige de la Nation, il est des circonstances où l’homme si ambitieux soit-il, se doit de renoncer à ses aspirations personnelles quand le rayonnement de France l'exige.
Gérard
1er février 2016
10 - HOROSCOPE 2016
Vous foncez tête baissée sans regarder devant vous, ne soyez donc pas surpris de vous retrouver ailleurs.
Pour vous rendre rapidement d'un point à un autre prenez la ligne droite, c'est assurément le plus court chemin à condition que les deux points soient bien en face l'un de l'autre.
Si par manque d'ambition, vous ne visez pas assez haut, vous risquez d'être traité de tire-au-flanc.
Si vous refusez de balayer devant votre porte, tôt ou tard, vous mordrez la poussière.
Vous avez un appétit féroce, vous mordez la vie à pleine dents, vous dévorez des yeux tout ce qui bouge même quand vous n'êtes pas dans votre assiette. De plus, si vous avez l'estomac dans les talons, vous êtes capable de prendre vos repas au pied levé.
Vous avez des atomes crochus avec une molécule d'eau douce, méfiez-vous : un atome qui perd ses électrons-aimants peut avoir une drôle de réaction.
Balance
Si vous avez décidé de vous prendre totalement en charge, vous aurez très vite beaucoup de mal à vous supporter car tout bien pesé, vous êtes lourd.
Vous vivez sur un grand pied alors mariez vous en grande pompe et si votre amour est un torrent débordant vous aurez du mal à le faire tenir dans un lit.
Rien ne sert de courir si vous n'êtes pas pressé. Si vous êtes sur la mauvaise pente, ne rongez surtout pas votre frein.
Sachez que si dans une assemblée on voit que vous êtes le dernier à rire, plus personne ne rira après vous.
Si votre tartine tombe toujours du côté de la confiture, c'est que vous mettez la confiture du mauvais côté ; étalez-la sur le recto et non sur le verso.
Rien ne vous arrête. Vous voulez être le premier mais attention : un record battu peut déposer plainte et vous vous exposeriez à des poursuites.
Gérard
15 janvier 2016
9- DES MOTS POUR 2016
Ami(e) que « vœux »-tu pour 2016 ?
Hélas, je n'ai que des mots à t'offrir, de pauvres mots : des mots de souhaits de bonne année, éculés, poussiéreux, presque rouillés. Des mots sans lendemain, laissés à l'abandon d'une année à l'autre dans mon grenier, effacés du tableau noir de la leçon de civisme, enfouis dans les lieux communs de sacristie.
Depuis janvier, je prépare et forge des mots qui claquent au vent mais ils s'étiolent à peine le printemps arrivé, déchantent au soleil de juillet, perdent leurs ailes en automne, et, en décembre, se retrouvent frigorifiés, vermoulus et atrophiés.
Je voudrais créer des mots réveillant le soleil de minuit, glorifiant chaque haleine d'aurore, acclamant le ciel de midi dans l'euphorie de la démesure, ovationnant le crépuscule d'étincelles de gratitude, emblavant les sillons de la nuit pendant que les butineuses s'activent au couvain de l'espérance.
Des mots qui pulvérisent les barbelés de la discorde, démantèlent les murs de séparation, sautent à pieds joints au-dessus des rives de l'ignominie, éclaboussent de promesses les enfants aux yeux rieurs, pimentent les agapes des retrouvailles, gambadent dans les prairies de l'insouciance, pourchassent les voleurs d'étoiles.
Des mots que nul ne peut réquisitionner, enrégimenter, cadenasser ; des mots qui moissonnent les ivresses des exultations et engerbent les javelles de jouvence.
Gérard
1er janvier 2016
8 - QUAND DIEU S'ANNONCE
J'étais tranquillement assis chez moi, quand j'ai senti une présence à mes côtés.
- « Je te salue. Je suis l'ange envoyé par Dieu pour te dire qu'il viendra demain dans la maison de ton cœur.
- Quoi, demain ? Normalement, d'après les conventions, il doit prévenir trois jours à l'avance.
- Avec l'état d'urgence, tout s'accélère. Demain, Dieu viendra habiter dans ton cœur.
- De quel droit ? Pourquoi moi ? Je n'ai rien demandé.
- Dieu ne s'impose pas, tu peux refuser.
- D'abord, je ne suis pas digne de le recevoir.
- C'est certain. L'appartement de ton cœur est un vrai foutoir, ça fait combien de temps que tu n'as pas fait le ménage ?
- ça me regarde.
- Tu parles ! Tes meubles sentent le moisi, ce n'est pas étonnant car tu n'ouvres jamais tes fenêtres et chez toi, on ne respire pas une odeur de sainteté.
- Si Dieu veut venir, il trouvera mon logement dans cet état et ainsi il repartira bien vite.
- Non ! Il a l'intention de séjourner chez toi, il veut y dormir.
- Mais je n'ai pas de place pour lui ! J'ai juste un séjour-cuisine et ma chambre.
- Tu oublies la pièce du fond, celle que tu caches avec un rideau.
- Non il n'y a rien ! Et d'abord, qui me prouve que vous êtes bien l'envoyé de Dieu ?
- Nous avons les plans de ton cœur. Nous savons qu'il y a une pièce qui est bien noire parce que les volets sont toujours fermés et surtout parce que tu y fais entrer tes mauvais génies. Veux-tu que je te donne des détails…
- ça va, j'ai compris.... Quoi qu'il en soit, je suis chez moi et j'y fais ce que je veux !
- Tu as raison. Mais si tu ouvrais tes volets, tu verrais un magnifique paysage : des montagnes enneigées que le soleil fait briller, des prairies verdoyantes, un lac, des animaux, des arbres bruissant d'oiseaux, des ruisseaux gazouillant, un immense jardin de fleurs…. Et tu préfères t'enfermer dans ta tour d'ivoire et vivre dans le noir !
- Si Dieu vient, qu'est-ce que cela changera pour moi ?
- Il t'apportera la joie.
- Je suis très heureux comme ça.
- Non ! Tu as peur car tu n'ouvres la porte de ton cœur à personne sinon à tes démons, tu vois ce que je veux dire…
- Bon, qu'il vienne mais surtout, qu'il ne se croit pas chez lui.
- Il est très discret et il se retirera immédiatement si tu le lui demandes.
- D'accord pour une période d'essai.
- Il arrivera à l'improviste donc il faut que tu déverrouilles ta porte.
- Pas question ! Pour que tout le monde en profite pour rentrer…
- Alors il frappera à ton judas.
- Comment le reconnaîtrais-je ? Chacun peut se faire passer pour Dieu ?
- |
Il viendra en bleu de travail : « Entreprise David et Fils. Nettoyage et Assainissement »
Puis l'ange me quitta après m'avoir souhaité un joyeux Noël.
Gérard
15 décembre 2015
7 -VIGIPIRATE
Me rendant à la chapelle de l'hôpital de ma ville, j'ai voulu pénétrer comme d'habitude par la cour intérieure ; j'ai alors découvert un écriteau : «Vigipirate. Alerte attentat. Porte condamnée. Accès par l'accueil ».
Qui a donc condamné cette porte et pourquoi ?
J'ai frappé à la porte pour lui demander les raisons de sa condamnation ; alors qu'habituellement dès que je lui tends la main, elle s'ouvre mais cette fois-ci, elle est restée très fermée, accueillante comme une porte de prison.
J'ai de bonnes raisons de penser qu'elle est condamnée car elle a fait un faux pas. Un pas-de-porte est toujours délicat à négocier, il est nécessaire de payer de sa personne et une porte peut facilement rater la marche, il suffit qu'elle ait fait la bombe. Naturellement un huissier est venu déposer à sa porte une assignation à comparaître, elle a considéré qu'il ne s'agissait pas d'un exploit et ne lui a pas ouvert ou, circonstance aggravante, elle lui a claqué la porte au nez. Ensuite, convoquée au tribunal par le juge d'application des pênes, elle est sortie de ses gonds. Alors il l'a condamnée à être enfermée à double tour.
Alors que de grands pécheurs ont trouvé dans cette chapelle, l'absolution, pourquoi ne lui a-t-on pas pardonné ce léger dévergondage, d'autant que cette porte communique avec les Saints Lieux ? Un simple rappel à l'ordre aurait suffit, et lui aurait permis de trouver une porte de sortie honorable. C'est triste de voir une porte verrouillée, elle qui était si battante. Mais à toute chose malheur est bon, cadenassée à triple tours, elle ne deviendra jamais une porte dérobée.
Gérard
1er décembre 2015
6 - Le Coquillage et le Remue-Méninges
Raymond Queneau avait détourné la fable « La cigale et la fourmi » en remplaçant chaque mot d'un texte (sauf les mots-outils) par le 7ème mot qui suit dans le dictionnaire, ce qui a donné comme titre « La cimaise et la fraction ». Voulant l'imiter, j'ai remplacé chaque mot de la fable de la Fontaine «Le corbeau et le renard » par le 7ème mot qui le précède dans le dictionnaire. Ainsi « Le corbeau et le renard » est-il devenu « Le Coquillage et le Remue-Méninges ».
Gérard
15 novembre 2015
Le Corbeau et le Renard |
Le Coquillage et le Remue-Méninges |
Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Sans mentir, si votre ramage
A ces mots le Corbeau ne se sent pas
de joie ;
Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon
bon Monsieur, |
Maire Coquillage, sur un arbitre pénalisé, Télévisait en son beau-père un froc. Maire Remue-méninges, par l'oculiste alerté, Lui télévisa à peu près ce lanceur « Hé ! Bonheur, Monoprocesseur du Coquillage. Que vous êtes japonais ! Que vous me sécularisez battu !
A ces mortifications, le Coquillage
ne séjourne pas de jeunisme ;
Le Remue-méninges s'en sabre, et
digère : « Mon bleuté monoprocesseur, |
5 - VIVE L'INFORMATION !
Quel plaisir de découvrir la Une du dimanche 18 octobre 2015 de mon journal régional !
D'abord ce titre énorme: « La marée noire ». Il ne s'agit pas – Dieu merci – d'une catastrophe pétrolière mais de la débâcle de l'équipe de France de rugby en coupe du monde devant les All Black. Et quelle raclée : 62 – 13 ! Je me suis senti humilié. Heureusement, une deuxième information en caractères aussi gros que la première, me donne du baume au cœur. « Une doubienne élue Miss Franche-Comté ». On a beau se défendre de tout chauvinisme mais quand une ressortissante de son département gagne une couronne, cela fait chaud au cœur. D'autant que rien n'était joué d'avance : d'après les derniers pronostics, on savait que ce serait difficile et de plus, la composition du jury, en quelque sorte l'arbitrage, pouvait donner quelques inquiétudes, mais pour ne pas créer de polémique, nous n'en dirons pas plus. L'élection se déroulait à Belfort dont le public sans être anti-sportif, pouvait faire pencher la balance en faveur d'une belfortaine. En outre, quand on sait qu'en Haute-Saône, les candidates étaient particulièrement entraînées car elles avaient une revanche à prendre depuis l'an dernier et que le Jura est traditionnellement une terre favorable à ce genre d'élection, on mesure mieux la performance de notre « co-départementale ». Coïncidence curieuse, on a appris que la sœur aînée d'Alizée – c'est le prénom de l'heureuse lauréate – avait été élue Miss Franche-Comté en 2011 et que cette année-là, toujours en coupe du monde de rugby, la France s'inclinait devant l'équipe néo-zélandaise. Nous laissons aux sociologues commenter cette troublante coïncidence.
Bien sûr, on se prend à rêver pourquoi, Alizée – un si joli prénom signifiant « de noble lignée » – n'accéderait-elle pas au titre de Miss France, elle en a les atouts ; continuons de rêver, elle pourrait devenir Miss Monde. Et là quelle belle revanche pour la France quand on apprend que Miss Nouvelle Zélande est aussi championne de concours de nourriture : elle a avalé un burrito (tortilla garnie de divers ingrédients) d'un kilo en moins de deux minutes... Ainsi, face à la brutalité bestiale et à la vulgarité, la France pourrait damer le pion aux néo-zélandais en leur opposant la grâce et le bon goût !
Vraiment un journal d'information capitale, mon quotidien ! Mais pourquoi détourner l'attention avec deux encarts, très petits il est vrai : les pronostics électoraux des régionales pour la région PACA et l'avenir des retraites complémentaires ? Il y a tant d'informations beaucoup plus importantes à révéler, en particulier celles-ci : Jean-Paul Gauthier présidera le jury de Miss France 2016 et Laeticia Hallyday a décidé de rentrer à Los Angeles avec ses filles.
Gérard
1er novembre 2015
4 - VISION A LONG TERME
Que sera demain ? Un futur bien imparfait ? Un présent en gestation, issu d'un passé qui ne fut pas simple ? Naguère, nous répétions que le passé avait fait son temps, que demain serait plus-que-parfait. Mais, aujourd’hui, n'est-il pas le lendemain d’hier qui promettait un futur inconditionnellement prodigieux, alors que le présent nous déçoit et nous pousse à regretter le bon vieux temps ? En fixant des yeux le passé, nous n'avons plus d'avenir car nous lui tournons le dos. En somme, sous l'avenir pas encore levé, ne devinons-nous pas déjà, du passé en germination ? Dès lors, oublions de conjuguer le temps qui passe à tous les temps et à contre-temps.
En revanche, pourquoi examiner l'avenir d'un mauvais œil ? Certes, vu la situation, c'est tout vu ! Mais si nous regardons droit devant nous, le futur n'a qu'à bien se tenir car nous l'avons à l’œil. S'il nous déçoit, d'un simple coup d’œil nous le recadrerons ; ainsi, nous ne le perdrons pas de vue et pourrons le goûter en l'embrassant du regard puis en le dévorant des yeux.
Hélas, l'avenir est un vrai trompe l’œil, ses traits sont une vue de l'esprit, le plus souvent à courte vue. Pour celui qui voit double en se mettant le doigt dans l’œil, l'avenir est radieux, mais en réalité il louche.
Gérard
15 octobre 2015
3 - LECTURE IMPERTINENTE DE LA BIBLE
A Pontarlier, du lundi 21 septembre 20 h au dimanche 27 septembre 13 h 30, la Bible (traduction TOB 2010) a été lue dans son intégralité et en continu. Durant 137 heures, 1251 personnes se sont relayées pour lire les 81 livres. Il est très intéressant de remarquer la progression du récit au fur et à mesure de ces 7 jours et 6 nuits.
LUNDI
A 20 h, Dieu est seul en scène. Sa Parole fait jaillir la lumière, puis, comme il est efficace, tout va très vite : à 20 h 15 le ciel et la terre sont achevés. Dieu se met alors au repos, il se repose sur l'homme. A-t-il raison ? On peut en douter car par sa désobéissance et sa méchanceté, l'homme s'attire des sanctions et des fléaux : expulsion du jardin d’Éden, errance de Caïn, dispersion après Babel. Il n'est pas encore 20 h 30 que Dieu se repent déjà d'avoir crée l'homme. Il est résolu à tout anéantir par le déluge. Mais découvrant un juste en la personne de Noé, il décide de l'épargner et lui fournit les plans d'une arche à construire. Noé, bien que meilleur vigneron que marin, sauve néanmoins sa famille et tous les animaux du désastre. Dieu conclut une alliance perpétuelle avec le genre humain et - principe de précaution - il met son arc dans les nuages pour se souvenir de cet engagement. A 21 h, Dieu appelle Abram et lui dit : « Fais tes valises, tu n'a pas besoin de GPS, suis-moi, je te donnerai une terre et une nombreuse descendance ». Cependant, devenu vieux, et n'ayant toujours pas d'enfant, à la demande de Saraï, Abram va vers Hagar qui devient ainsi la première mère porteuse ; à 21 h 13, elle engendre Ismaël. A 21 h 18, on entend rire Sara croyant à une bonne blague quand les trois hôtes d'Abraham près du chêne de Mambré lui annoncent qu'elle aura un bébé. Isaac naît à 21 h 30 et se marie avec Rébecca ; à 22 h elle met au monde Esaü et Jacob. A 22 h 15, Esaü, grand chasseur devant l'Eternel, mourant de faim troque son droit d'aînesse contre un plat de lentilles. 5 minutes plus tard ce même Esaü (décidément pas très futé) est supplanté par Jacob qui obtient la bénédiction d'Isaac. Bagarreur, Jacob reçoit d'un inconnu, en pleine nuit, un mauvais coup et se met à boiter à partir de 23 h. Jacob devient le père de 12 fils grâce à la contribution de deux épouses et de deux mères porteuses. Joseph, préféré de Jacob, devenu Israël, était un garçon souvent songeur, et ayant excité la jalousie de ses frères, il est vendu à 23 h 30 et part pour l’Égypte. Dieu, qui secrètement a tout manigancé, ouvre à Jacob et à ses fils la plaine fertile de Goshèn peu après minuit.
MARDI
Réduit très vite en esclavage, le peuple hébreux suscite la pitié de Dieu qui réveille Moïse vers 1 h du matin pour libérer son peuple ; on comprend que celui-ci rechigne. Mais sous son commandement, tout le monde se met en marche. Arrivé à 2 h 15 devant la mer Rouge, il aurait dit « par Isis la sortie » et tout se déroule sans débordements. Les Israélites campent au désert pratiquement toute la journée de mardi, recevant le décalogue et des morsures de serpents. A 17 h 30, sous la conduite de Josué, les survivants traversent le Jourdain, arche d'alliance en tête, conquérant par les armes la terre promise par Dieu. A 18 h, sans tambours mais avec des trompettes, ils font tomber Jéricho. Ils tentent de s'organiser tant bien que mal ; le Seigneur suscite des juges pour les défendre de leurs voisins. On remarque Samson qui à 22 h 45 est vainqueur des Philistins mais trahi par Dalila, il s'arrache les cheveux. Le peuple demande à Samuel de lui donner un roi pour ressembler autres nations, Samuel, bien que réticent désigne Saül qui devient l'oint du Seigneur et se tiendra loin du Seigneur.
MERCREDI
A minuit, Dieu réalise qu'il a fait une nouvelle erreur en faisant régner Saül sur Israël. David, choisi par Dieu, apporte sa pierre à la lutte contre les Philistins et n'hésite pas à monter au front du géant Goliath. Devenu roi de Jérusalem, David installe l'arche d'alliance et s'offre une danse. A 3 h du matin, David, en proie au démon de midi, couche avec Bethsabée, la femme d'Urie. Urie mort, David épouse Bethsabée, future mère de Salomon. A 6 h 30, Salomon au faîte de sa gloire reçoit la visite de la reine de Saba. Celle-ci, éblouie par sa sagesse et sa puissance, manque de s'évanouir dans ses bras. A 7 h 30 apparaît Elie, il s'arrête à Sarepta, fait une retraite au Carmel, a rendez-vous avec Dieu à l'Horeb, voue Jézabel aux chiens et à 9 h, emprunte un char pour monter au ciel.
A 10 h 30, le roi d'Assyrie s'empare de Samarie et déporte les Israélites en Assyrie. A midi, sous le règne de Sédécias, Nabuchodonosor, roi de Babylone s'empare de Jérusalem.
Plus de roi, plus de temple, plus de terre, le peuple choisi est en exil. C'est alors qu'arrivent les prophète Esaïe et Jérémie, ils passent un savon au peuple pour qu'il se débarrasse de toutes ses souillures.
JEUDI
A 2 h du matin, Ezéchiel est intronisé veilleur. A partir de 4 h du matin, les petits prophètes se lèvent : Osée se lamente sur ses déboires conjugaux, Amos tonne contre les riches, Jonas prêche à Ninive, Sophonie prophétise le jour du jugement... Bref, tous veulent réveiller le peuple.
De 9 h à 15 h c'est le temps des 150 psaumes, du plus court le 117, au plus long 119. A 15 h, Job se révolte. De 17 h à 19 h les proverbes pleins de sagesse contiennent des recettes, par exemple « Mieux vaut un plat de légumes là où il y a de l’amour qu’un bœuf gras assaisonné de haine.». Puis à partir de 19 h, Ruth, une moabite, vient glaner dans les champs de Booz et celui-ci (bien réveillé) la prend pour épouse. Dans le prolongement de ce récit, le livre des Cantiques magnifie l'amour charnel. L’Ecclésiaste ou le Qohélet : « Vanité des vanités tout est vanité » puis les Lamentations donnent une note pessimiste. Heureusement qu'à 21 h 45, Esther sauve son peuple et Haman n'a plus qu'à « s'taire » ». Daniel passe la nuit dans la fosse aux lions puis délivre Suzanne des deux vieillards libidineux.
VENDREDI
De 3 h du matin jusqu'à 9 h 45, on relit l'histoire d'Israël depuis la création jusqu'à l'exil à Babylone (au cas où on l'aurait oubliée). Des événements heureux arrivent dans la matinée : Judith, qui après été la servante d'Holopherne, lui tient tête puis lui tient la tête qu'elle a décapitée avec un cimeterre et la bénédiction du Seigneur. Elle devient ainsi une héroïne. A 13 h 45, l'ange Raphaël se dévoile aux yeux du vieux Tobie qui n'en croit pas ses yeux. Puis les 4 livres des Maccabées racontant une épopée guerrière nous passionnent jusqu'à 20 h 30 et après une trêve sur la sagesse et la sérénité, le choc des armes reprend de plus belle.
SAMEDI
Jésus, le Messie, annoncé et attendu depuis plusieurs jours, n'arrive que samedi matin à 10 h. Sa vie est courte mais pleine et féconde. Il change l'eau en vin à Cana, multiplie les pains, guérit la belle-mère de Pierre qui se met à le servir, on le trouve attablé chez Matthieu, Marthe travaille pour deux et se met en quatre pour le recevoir dignement, il s'invite chez Zachée, chez Siméon le lépreux… pas étonnant que ses adversaires le prennent pour un goinfre et un ivrogne. Oui, Jésus est un bon vivant ! Tellement vivant que la mort a glissé sur lui, comme l’ombre de la croix a affleuré le sépulcre sans y pénétrer. Aussi, Dieu l'a-t-il ressuscité. A 22 h 25, il disparaît aux yeux de tous par son Ascension. Mais miracle, à 22 h 30, son Esprit enflamme les cœurs de ses disciples et fait surgir l’Église, peuple de la nouvelle alliance. Nous suivons ensuite les apôtres agissant en paroles et en actes. A 23 h 30 sur le chemin de Damas, Saul tombe à terre et c'est l'apôtre Paul qui se relève.
DIMANCHE
A partir de minuit, l'assemblée de Jérusalem est houleuse, presque à l'image d'un congrès de parti politique. L'enjeu est de taille : faut-il que les païens convertis adoptent les préceptes juifs, en particulier la circoncision. Afin de couper court (si l'on peut s'exprimer ainsi) à toute controverse, ils font endosser - principe de précaution - leur décision par l'Esprit Saint : « L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé... ». Puis nous partons en voyage en suivant les pas de St Paul jusqu'à 2 h du matin. A partir de 2 h du matin jusqu'à midi, lecture du courrier. En effet, les apôtres écrivent beaucoup, en particulier Paul, redoutable épistolier. Aujourd'hui, Romains, Corinthiens, Thessaloniciens, etc. seraient inondés de courriels. A midi, c'est la révélation de Jésus-Christ : l’Apocalypse, annonçant un ciel nouveau, une terre nouvelle.
A 13 h 30, le fameux « Maranata » parachève et couronne cette belle histoire, notre Histoire Sainte.
Gérard
1er octobre2015
2 - Cheveux en bataille
J'ai téléphoné à ma coiffeuse pour obtenir un rendez-vous, un répondeur s'est déclenché : « Je suis en vacances, reprise 21 septembre », c'est tout ! Même pas un mot d'excuse ! Et mes cheveux, sont-ils en vacances ? Vont-ils arrêter de pousser ? Et qui va tailler ma barbe ? Certes je ne suis pas à un poil près, mais c'est quand même la barbe !
Comment « en vacances » ! Oser me faire ça ! A mon nez et à ma barbe ! Moi, client très fidèle : 25 ans de fidélité. Pourquoi à l'instar du Ministre de l’éducation Nationale n'affiche-t-elle pas ses dates de vacances au moins trois ans à l'avance afin de pouvoir prendre des dispositions ? En temps normal, il me faut trois jours pour me préparer psychologiquement ; ne pas connaître la date précise du prochain rendez-vous, c'est catastrophique...c'est sûr, je vais me faire des cheveux blancs.
En vacances…. A-t-elle besoin de vacances ? Elle fait son boulot tranquille sans couper les cheveux en quatre….alors ! D'ici la réouverture du salon, quelle tête ferai-je ? Allez chez un autre figaro ? Impossible ; je ne confie pas ma tête à n'importe qui. Le salon « Béatrice » est un des trois salons pour homme de ma ville, tous les autres sont mixtes et je n'ai pas envie d'être mêlé à des décolorations ou à des permanences. Oui, Béatrice m'a pris à rebrousse-poil, je ne manquerai pas de lui faire comprendre.
Que vais-je devenir ? Sans doute, des cheveux hirsutes vont se dresser sur ma tête, les épis vont mûrir. Je ne sortirai que couvert d'un grand chapeau. Je suis malheureux : avec trois semaines de retard mes cheveux seront coupés en mauvaise lune, avouez qu'il y a de quoi s'arracher les cheveux. Non surtout pas ! Ils grandiraient encore plus vite !
Gérard
15 septembre 2015
1 - RÊVE
Impossible de le trouver. Habituellement, il se niche au creux de mon lit mais ce soir là, il était absent ; était-il caché sous l'oreiller, entre les draps et la couette ? Nullement. J’ai donc allumé la lumière pour mieux chercher le sommeil : la nuit noire est ainsi devenue nuit blanche. Après une descente de lit en catastrophe, je me suis retrouvé à plat ventre, croyant qu'il se dissimulait sous le lit ; rien, sinon des minons. Je me rendis au salon pensant que je l'avais oublié malencontreusement dans un fauteuil devant la télé, pas la moindre trace. Supposant qu'il était peut-être en rupture de stock, j’ai appelé le marchand de sable pour avoir le cœur net ; il m'assura qu'il était passé normalement vers 22 heures et qu'il avait même ajouté un peu de plomb qui, d'après lui, devait provoquer un sommeil de plomb ; en plaisantant, il me dit que j'avais gaspillé le sable en sablant le champagne... Mais pourquoi n'y ai-je pas songé plus tôt ? Compter les moutons ! Hélas, à cette heure là, ils étaient tous rentrés dans la bergerie, la porte bien close. En dernière ressource, je décidai de me réfugier dans les bras de Morphée, ce fils d'Hypnos et de Nyx (la nuit) qui tient en main des pavots soporifiques. A peine avais-je envisagé de le rencontrer que je le vis penché sur moi fredonnant une douce musique. J'ouvris les yeux, c'était mon radio-réveil qui m'appelait à me lever...
Si le rêve du philosophe est de se réveiller, je réalisai qu'au plus profond de mon assoupissement, j'avais rêvé d'essayer de m'endormir, sans y parvenir. Mon inconscient refusant sans doute d'admettre que l'heure de la rentrée avait sonné et qu'il fallait sortir de la torpeur estivale.
Gérard
1er septembre 2015