THEOLOGIE "POUR LES NULS"

 

Cette année 2005 : La Création.

 

 

 

 

"Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant,

créateur du ciel et de la terre,

de l'univers visible et invisible."

 

oOo

12e séquence : Créationnisme et évolutionnisme

Pour cette dernière séquence sur Dieu Créateur,
j'ai entassé un certain nombre de rubriques
qui nous permettront de préciser le contenu de notre foi chrétienne.
D'abord, en ce qui concerne les domaines respectifs de la science et de la foi, ensuite, grâce à un petit rappel historique,
nous verrons où nous en sommes dans cette histoire du conflit
entre ceux qui pensent que la création est le fruit du "hasard et de la nécessité" et ceux qui croient encore que la création fut
telle que le rapporte le récit de la Bible.
Il y a aussi ceux qui envisagent un "dessein intelligent". 
Et que nous dit l'Église ?
Comme vous le voyez, ce fourre-tout peut éclairer notre lanterne.

1 - Science et Foi.

" Galilée et Darwin devraient être docteurs de l'Église non pas pour avoir dit comment était Dieu, mais comment Il n'était pas."

L'interpellation est d'actualité. Elle nous engage, me semble-t-il, à une réflexion préalable sur nos modes de connaissances et sur leur justification. En effet, ces modes de connaissance sont complémentaires.

Considérons d'abord les sciences positives. Elles ont des lettres de créance à faire valoir:

1) Leur approche au monde qui nous entoure est éminemment efficace, comme l'attestent leur pouvoir de prédiction et le succès de leurs applications, la technologie.

2) De plus, les acquis scientifiques sont clairement communicables à ceux qui possèdent le bagage conceptuel et mathématique requis. Il reste que, en principe, les certitudes scientifiques ne sont pas absolues: les théories sont sujettes à révision et nous disent seulement, «à l'état actuel de nos connaissances, tout se passe comme si.».

L'anecdote veut que Newton ait eu l'intuition géniale de la gravitation universelle en contemplant en même temps la lune et la chute d'une pomme. Toutefois, sa loi, F=(m) x (g), bien connue de tous les lycéens, ne décrit la chute de la pomme que si on précise les conditions initiales (instant où la pomme se détache) et même ainsi, elle ne le fait qu'approximativement, en négligeant par exemple la vitesse du vent qui influe sur la vitesse initiale et le trajectoire de la pomme.

De plus, ce qui est plus important encore pour notre propos, pour saisir les limites de la démarche scientifique, Newton, en écrivant son équation de la chute de la pomme, a évidemment négligé ses souvenirs de la saveur du fruit ou - que sais-je - la vague de reconnaissance et d'affection qui l'a submergé en en recevant un de sa tante. L'approche scientifique simplifie et, donc, appauvrit nécessairement notre perception des événements. Son succès est à ce prix!

La connaissance scientifique, fondée sur la seule raison, est appelée connaissance rationnelle. Elle appelle la vigilance permanente, le doute méthodique.

MAIS

Nous expérimentons dans notre existence d'autres modes de connaissances qui nous paraissent parfaitement raisonnables, au point qu'elles nous amènent à nous engager à leur suite ou même sacrifier notre vie. Il s'agit de connaissances basées sur la rencontre, l'amitié, l'amour, la sympathie. Elles se basent sur des événements, des gestes, des sourires que nous décodons comme autant de signes.
Cette connaissance par signes nous laisse libres, contrairement à la «vérité » scientifique qui, par sa rationalité, nous contraint. Elle est toutefois peu communicable sauf, peut-être, par nos poètes et autres artistes. La fidélité fragile qu'elle fonde s'appelle «confiance». Au seuil de notre bien-aimée, nous laissons le doute méthodique au vestiaire.
La rencontre de Dieu dans la foi est de ce deuxième mode de connaissance. Les religions ont pour finalité de prêter un cadre communautaire à cette rencontre et de le transmettre de génération en génération. Cette expérience de Dieu répond à la quête de sens de l'être humain («pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien» ?). Pour le chrétien qui croit avoir rencontré Dieu dans le Jésus de l'Évangile, elle se mue, de plus, en une histoire d'amour: l'homme se découvre aimé de Dieu.
Ce mode de connaissance ne garantit évidemment pas contre l'auto-illusion. Être aimé de Dieu dans une perspective d'éternité, «c'est trop beau pour être vrai», comme disait un intellectuel. Et pourtant, si c'était quand même vrai? En bonne logique, le fait que ce désir soit inscrit au fond de nos gènes n'implique pas qu'il nous induise nécessairement en erreur! Il reste évidemment le risque inévitable de l'illusion. Mais comme disait Clément d'Alexandrie : «C'est un beau risque que de passer dans le camp de Dieu.» La Foi ouvre, en effet, la porte à l'espérance.
Les religions, lieux de rencontre avec Dieu, ont pour mission de nous dire «comment on va au ciel et non comment est le ciel». Elles restent dans le registre de la foi et du mode spécifique de connaissance correspondante. Elles se fourvoient donc en prétendant remplacer les sciences pour apporter aux hommes une connaissance rationnelle sur le monde.

Le couple «religion - science» devient inconciliable seulement si l'un ou l'autre élément du couple abandonne la logique de ses méthodes de connaissance spécifiques.

Notons toutefois que la rationalité reste présente au coeur des religions, quand elles réfléchissent sur la rencontre avec Dieu, expérience qui reste hors du rationnel. La rationalité s'exercera alors pour explorer ce qui découle de la foi en Dieu (théologie = foi en quête d'intelligence) et - pour les religions chrétiennes - de la rencontre avec un Dieu aimant (éthique = «Aimez-vous les uns les autres comme moi je vous ai aimés.»).

Depuis que l'homme préhistorique a commencé à ensevelir ses morts, les religions n'ont cessé de proposer des affirmations mythiques sur le monde. L'évolution des sciences et de l'épistémologie, critique des connaissances, a permis peu à peu de délimiter plus précisément la nature et les limites de nos deux modes de connaissance et - en particulier - de purifier l'affirmation des religions. Comme aimait le répéter un chercheur, Galilée et Darwin devraient être proclamés docteurs de l'Église non pas pour avoir dit comment était Dieu, mais comment Il n'était pas.

Suite à une analyse épistémologique rigoureuse, religion et science, deux modes de connaissances différents et apparemment inconciliables, peuvent donc se réconcilier dans le coeur du croyant comme deux approches complémentaires, toutes deux précieuses à la découverte du monde.

(d'après Jules DEUTSCH, physicien, professeur émérite de l' Université catholique de Louvain qui, comme  plusieurs collègues  invite les religions à se défaire de leurs «croyances mythiques et déclarations irrationnelles» pour devenir des lieux de la «contemplation du mystère».

DONC : Chacun à sa place. Invité à rester dans son domaine propre.
Le scientifique qui ne s'en tient pas à sa propre discipline scientifique risque de tomber dans l'idéologie.
Le croyant qui énonce des affirmations d'ordre scientifique au nom de sa foi
tombe lui aussi dans une idéologie tout aussi dommageable.

2 - Créationnisme - Évolutionnisme.

Pour en revenir à notre propos (La Création), les croyants, pendant des siècles, s'en sont tenus au récit biblique, lorsqu'ils évoquaient le commencement et l'origine des espèces. Mais s'ils l'ont lu de façon stricte et étroite dans la plupart des cas (le judaïsme, encore aujourd'hui, dans son calendrier, nous dit que nous en sommes à l'année 5766 depuis la création du monde), nombreux sont les croyants - particulièrement parmi les Pères de l'Église et les théologiens - qui ont interprété de façons symbolique les récits de la création tels qu'on les trouve au livre de la Genèse.  Lisez donc le texte ci-dessous. Ensuite je vous dirai qui en est l'auteur.


Quel est l'homme de sens qui croira jamais que, le premier, le second et le troisième jours, le soir et le matin purent avoir lieu sans soleil, sans lune et sans étoiles, et que le jour, qui est nommé le premier, ait pu se produire lorsque le ciel n'était pas encore ? Qui serait assez stupide pour s'imaginer que Dieu a planté, à la manière d'un agriculteur, un jardin à Eden, dans un certain pays de l'Orient, et qu'il a placé là un arbre de vie tombant sous le sens, tel que celui qui en goûterait avec les dents du corps recevrait la vie ?
.... À quoi bon en dire davantage lorsque chacun, s'il n'est dénué de sens, peut facilement relever une multitude de choses semblables que l'Écriture raconte comme si elles étaient réellement arrivées et qui, à les prendre textuellement, n'ont guère eu de réalité ?

 

L'auteur de ce texte est le grand Origène, un Père de l'Église (185-254) Plus tard, saint Augustin, saint Thomas, pour ne citer que les plus célèbres, envisagent la création d'une manière tout autre que selon le récit d'une création en six jours de vingt-quatre heures. Saint Augustin est déjà adepte d'un certain transformisme.

Par contre - et particulièrement sous l'influence de la Réforme - la pensée chrétienne va en revenir à une lecture littérale du récit de la Genèse. Et jusqu'au XIXe siècle, la plupart des savants (avec des nuances) emboîtent le pas. Mon compatriote Cuvier pense de même, alors qu'il est le plus célèbre paléontologue de son époque.

La "bombe" Darwin.

24 novembre 1859 (il y a tout juste aujourd'hui 146 ans) sort en librairie le livre "L'Origine des espèces par la sélection naturelle" de Charles Darwin. Gros succès de librairie : la première édition est épuisée dès le premier jour. Dans ce livre, l'auteur explique le mécanisme qui préside à l'évolution des espèces dans la nature. Les nombreux exemples qui illustrent l'ouvrage sont issus de ses voyages d'étude. Il s'agit d'un processus par lequel les espèces se modifient au cours du temps sous la pression de l'environnement, et donnent naissance à de nouvelles espèces. Ces idées se sont développées sous le nom de transformisme, en opposition  au fixisme, théorie qui postule que les espèces restent semblables au cours du temps.

L'évolution dirigée par l'homme constitue un phénomène parfaitement connu des éleveurs depuis des millénaires : il avait été remarqué depuis longtemps que les animaux d'élevage héritaient dans une certaine mesure de caractéristiques de leurs parents et nul n'aurait songé à utiliser ses bêtes les plus malingres pour la reproduction. D'ailleurs, Darwin utilise de nombreuses observations issues de la sélection des plantes et des animaux en agriculture pour étayer ses idées. Il n'est question ici que de l'évolution "naturelle" des espèces laissées à elles-mêmes dans la nature.

La théorie de l'évolution est, comme son nom l'indique, une construction intellectuelle. Elle est comme telle susceptible d'être renouvelée, remise en question ou même simplement complétée. Elle est en permanence soumise à des controverses. Si le fait même de l'évolution (les espèces vivantes partagent des ancêtres communs) est bien établi, la théorie qui en détaille les mécanismes n'est pas encore complète, et comme toute théorie scientifique, elle est susceptible elle-même... d'évolution. Les discussions qui découlent de ces différents points de vue sont souvent virulentes ; il demeure que l'évolution est l'objet d'un large consensus de l'ensemble de la communauté scientifique. Mais à partir de là, des idéologies divergentes se font jour, et on mélange tout. Les matérialistes déclarent : "Tout cela est le fruit du hasard, et donc la théorie de l'évolution exclut l'idée d'un Dieu créateur". Les créationnistes récusent toute idée de hasard et s'en tiennent à une lecture fondamentaliste de la Bible. De nos jours, la théorie du "dessein intelligent" veut faire la part belle à un évolutionnisme dirigé, orienté, qui contredit toute perspective de hasard....

L'Église catholique ?

Au XIXe siècle, la doctrine de l'inspiration littérale de la Bible est exprimée très clairement par l'encyclique Providentissimus Deus.  En 1893, elle expose la chose comme suit : "Les livres de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament, avec toutes leurs parties, tels qu'ils ont été reconnus par le Concile de Trente, doivent être reconnus comme sacrés et canoniques, non pas en ce sens que, composés par le génie humain ils ont ensuite reçu son approbation, ni seulement qu'ils contiennent la révélation sans aucune erreur, mais parce qu'ils ont été écrits sous l'inspiration du Saint-Esprit et ont ainsi Dieu pour auteur. » Donc, au nom de la Bible, Parole de Dieu, le pape récuse toute idée de transformisme. La création en six jours, un point c'est tout ! La crise moderniste n'arrangera pas les choses, et Pie X interdira formellement d'enseigner une quelconque théorie transformiste. Ce qui n'empêcha pas les choses de progresser, si bien que dans les années 1940, l'évolutionnisme avait largement droit de cité dans l'enseignement des séminaires. C'est Pie XII qui, le premier fera un geste d'ouverture officielle, avant que le concile Vatican II, puis le pape Jean-Paul II ne déclarent légitime de penser les théories de l'évolution comme valables : le 23 octobre 1996  le pape Jean-Paul II reconnaissait que les théories de Darwin sont plus qu'une hypothèse.  Sans  refaire la confusion de genre en déclarant une théorie scientifique comme appartenant aux dogmes de la foi. On revenait de loin ! Par exemple, les oeuvres de Teilhard de Chardin furent interdites de publication jusqu'à sa mort (Pâques 1955). Mais il y avait en même temps toute une évolution des esprits. C'est que, depuis un siècle, théologiens et biblistes, mais aussi penseurs chrétiens avaient fait faire des pas de géants à la recherche en matière de critique, notamment de critique biblique. Donc aujourd'hui, pour l'Église catholique, pas de problème fondamental : l'évolutionnisme est un fait suffisamment mis à jour et développé dans un certain nombre de disciplines scientifiques pour qu'on accepte ses conclusions. C'est dans ce cadre scientifique que le croyant exprimera sa foi en Dieu créateur (telle que nous avons essayé de l'exprimer dans les séquences précédentes, en essayant particulièrement de ne pas nous tromper de Dieu !)

Les opposants à Darwin ?

1 - Les créationnistes. Pour eux, le texte de la Bible est directement inspiré par Dieu, donc c'est la vérité. La création s'est effectuée en 6 jours, le septième jour, Dieu s'est reposé. Un point c'est tout. Les idées créationnistes n'ont pas disparu dans le monde anglo-saxon, aux États-Unis d'Amérique, où elles se sont propagées depuis le sud agricole du Bible Belt pour atteindre les couches diplômées de la population des États du nord, et en Australie en particulier. Elles ont été à l'origine de plusieurs procès.

Le plus fameux d'entre eux, dit le procès du singe, s'est déroulé en 1925, dans le Tennessee. Un jeune professeur, Thomas Scopes, y est inculpé pour avoir enseigné les lois de l'évolution, contrevenant à une loi de cet État qui l'interdit. À cette époque, l'opinion publique était majoritairement du côté de Scopes, aussi, même s'il récolta une légère amende, ce procès est considéré comme une victoire des évolutionnistes parce que l'opinion publique était favorable au professeur.

En 1981, sous la pression des créationnistes qui voulaient que leur croyance soit considérée comme une hypothèse scientifique concurrente aux théories de l'évolution, un procès fortement médiatisé s'est tenu à Little Rock, en Arkansas, où ont témoigné des biologistes, des physiciens, des épistémologues, des théologiens et des politologues. Un récent sondage Gallup nous apprend que 53% des Américains interrogés estimaient vraisemblable que l'espèce humaine ait été créée par Dieu  comme cela est décrit par la Genèse.

2 - L'intelligent design (ID)

"Les complexités extrêmes d’une cellule, du cerveau humain, de l’ADN, et même des simples acides aminés ne peuvent tout simplement pas être apparues par hasard, même si on leur donne des durées infinies. Ce « miracle du hasard » est un vain souhait de ceux qui rejettent la notion d’un dessein intelligent. La possibilité statistique d’un tel événement est si faible qu’elle est pratiquement impossible. Même avec tout le temps de l’univers, un vent violent soufflant au milieu d’une casse de voitures ne peut tout simplement pas assembler un Boeing 747. Et un cerveau humain ou un code génétique ne peut tout simplement pas surgir comme résultat des forces naturelles du hasard."

Pour les partisans du "Dessein intelligent", la vie  est tenue pour un "complexe irréductible", dont l'évolution était impossible sans faire appel à un "planificateur intelligent". Ce n'est pas une idée bien nouvelle, puisqu'on le retrouve chez le théologien anglais William Paley dans l'ouvrage "Théologie Naturelle" dès 1802. Paley expliquait que si l'on traversait une plaine vide et qu'on y croisât un rocher, on pouvait assumer qu'il y avait toujours été. Par contre, si l'on croisait une horloge, la complexité et l'assemblage des diverses pièces forceraient à conclure que l'objet n'est pas l'effet du hasard, mais qu'il s'agirait plutôt d'une oeuvre de l'art planifiée. Paley procédait par analogie pour arguer du fait que le dessein apparent par la nature de l'objet nécessitait l'intervention d'un Grand Planificateur (Designer) - Dieu. L'innovation de Johnson, 190 ans plus tard, consista à effacer la mention "dieu" et de tenter d'envelopper le tout de ce "dessin intelligent" dans un science (médiocre), afin qu'elle passe le cap des gens sans connaissance scientifique.

MAIS

Alors que l'idée de complexité irréductible fait appel au niveau moléculaire de la vie, les problèmes apparaissent quand on considère la vie au niveau des organismes entiers fonctionnels. Les systèmes biochimiques irréductiblement complexes sont aussi bien à la base d'un prédateur que d'un parasite en fonction. Une bonne partie de la nature est bâtie sur un système de prédation, de mort et de décomposition, aussi sommes-nous tentés de nous demander : quelle sorte de Dieu aurait créé cela ? Selon Romains 1.20, le caractère de Dieu est révélé dans la nature, mais que nous enseigne sur Dieu un prédateur comme le lion ? Darwin a posé les mêmes questions et a conclu qu'il y avait « trop de misère dans le monde » pour accepter un dessein : « Je ne peux pas me persuader qu'un Dieu bienveillant et omnipotent ait pu créer à dessein les Ichneumonidae [des guêpes qui capturent des chenilles et les paralysent pour que leurs larves les parasitent et finalement les tuent] avec l'intention expresse de les alimenter à l'intérieur des corps vivants des chenilles ou qu'un chat puisse jouer avec une souris. »

La réponse  à cette critique est que le dessein n'a pas à être parfait. Nous reconnaissons que les logiciels des ordinateurs ou les systèmes d'exploitation comme Windows ont été conçus, mais pour la plupart ils sont loin d'être parfaits. Dans une perspective scientifique, Dembski soutient que ce n'est pas parce que la nature ne nous paraît pas parfaite que cela signifie que nous ne pouvons pas y détecter un dessein. La théologie nous raconte que le mal est entré dans ce monde et que ce que nous voyons maintenant n'est pas ce que Dieu voulait initialement, aussi devrions-nous nous attendre à voir une création qui montre l'indication d'un bon concepteur mais aussi l'indication d'une nature pervertie par le mal.

En Australie, "la polémique  a démarré il y a deux mois lorsqu'une Eglise "Campus Crusade for Christ", basée en Floride, a décidé d'envoyer gratuitement un DVD présentant les thèses de l'Intelligent Design (ID) dans plus de 3000 collèges  du pays. Elle compte s'appuyer pour cela sur la branche australienne de l'organisation américaine Focus on the Family... La controverse a pris une nouvelle dimension il y a quinze jours quand le ministre fédéral de l'éducation a déclaré que les thèses de l'ID "pourraient être enseignées dans les écoles, au même titre que les théories de l'évolution, selon les souhaits des parents". Des propos relayés par le cardinal Georges Pelle, archevêque catholique de Sydney, qui a appelé les écoles " à sortir du dogme de l'évolution". Les scientifiques et les enseignants n'ont pas alors tardé à réagir ? Une pétition, signée par 70000 chercheurs et professeurs, a été envoyée fin octobre ... Elle visait à mettre en garde contre "le caractère fantaisiste  d'une théorie qui n'apporte aucune preuve scientifique et qui décrédibiliserait l'enseignement des sciences en Australie." Mais plusieurs écoles privées ont déjà fait savoir qu'elles contourneraient l'avis en incorporant le contenu du DVD dans leurs cours de... philosophie. Une décision qui est loin de faire l'unanimité au sein des deux principales Églises australiennes, qui appellent à rester vigilants face à ce qu'ils estiment n'être "qu'une campagne de propagande" profitant à des organisations fondamentalistes. Le débat ne fait que commencer." (La Croix du 23 novembre 2005)

Remarque en guise de conclusion.

Vous remarquerez aisément, en relisant ce qui précède, qu'on est en train de tout mélanger. Les "créationnistes" faisant intervenir, à l'appui de leur thèse, le récit de la Bible, donc un document qui n'a rien de scientifique, et les matérialistes récusant toute conception religieuse au nom de leur "science". Il s'agit donc de bien respecter les deux domaines et de ne pas les laisser interférer l'un sur l'autre.

Quant à nous - et notre recherche,tout au long de cette année sur "Dieu Créateur" a cherché à le montrer, nous nous sentons très à l'aise dans ces hypothèses évolutionnistes. Lisez donc l'encadré qui suit, extrait du catéchisme de l'Église catholique. Il est suffisamment clair sur la question. Point n'est nécessaire d'y ajouter autre chose. Les domaines respectifs de la foi et le la science y sont bien délimités.


"La question des origines du monde et de l'homme fait l'objet de nombreuses recherches scientifiques qui ont magnifiquement enrichi nos connaissances sur l'âge et les dimensions du cosmos, le devenir des formes vivantes, l'apparition de l'homme. Ces découvertes nous invitent à admirer d'autant plus la grandeur du Créateur, à lui rendre grâce pour ses oeuvres et pour l'intelligence et la sagesse qu'il donne aux savants et aux chercheurs... Le grand intérêt réservé à ces recherches est fortement stimulé par une question d'un autre ordre, qui dépasse le domaine propre des sciences naturelles. Il ne s'agit pas seulement de savoir quand et comment a surgi matériellement le cosmos, ni quand l'homme est apparu, mais plutôt de découvrir quel est le sens d'une telle origine : si elle est gouvernée par le hasard, un destin aveugle, une nécessité anonyme, ou bien par un Être transcendant, intelligent et bon appelé Dieu. Et si le monde provient de la sagesse et de la bonté de Dieu, pourquoi le mal ? D'où vient-il ?

Depuis ses débuts, la foi chrétienne a été confrontée à des réponses différentes de la sienne sur la question des origines. Ainsi on trouve dans les religions et les cultures anciennes de nombreux mythes concernant les origines. Certains philosophes ont dit que tout est Dieu, que le monde est Dieu, ou que le devenir du monde est le devenir de Dieu (panthéisme). D'autres ont dit que le monde est une émanation nécessaire de Dieu, s'écoulant de cette source et retournant  vers elle ; d'autre encore ont affirmé l'existence de deux principes éternels, le Bien et le Mal, la Lumière et les Ténèbres, en lutte permanente (manichéisme). Selon certaines de ces conceptions, le monde (au moins le monde matériel) est mauvais, produit d'une déchéance, et donc à rejeter ou à dépasser (gnose). D'autres admettent que le monde a été fait par Dieu, mais à la manière d'un horloger qui l'aurait, une fois fait, abandonné à lui-même. D'autres enfin n'admettent aucune origine transcendante du monde, mais y voient le pur jeu d'une matière qui aurait toujours existé. Toutes ces tentatives témoignent de la permanence et de l'universalité de la question des origines. Cette quête est propre à l'homme."

(Catéchisme de l'Église catholique - paragraphes 283 - 284 - 285)

 

 

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