Samedi 23 mars 2013
Il est midi. Je sors de l'hôpital, où j'étais depuis le 13 mars, suite à une chute occasionnant une fracture du crâne. Je vous raconterai Pour le moment, ce petit mot pour vous dire que j'ai bien pensé à vous, et pour vous rassurer : je m'en sors bien. Il me faudra sans doute un peu de repos.
Je continuerai à vous informer de mon état de santé. Et je vous redis toute mon affection.
Léon
DIMANCHE DES RAMEAUX
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 19, 28-40
Jésus marchait en avant de ses disciples pour monter à Jérusalem. A l’approche de Bethphagé et de Béthanie, sur les pentes du mont des Oliviers, il envoya deux disciples : « Allez au village qui est en face. A l’entrée, vous trouverez un petit âne attaché : personne ne l’a encore monté. Détachez-le et amenez-le. Si l’on vous demande : ‘Pourquoi le détachez-vous ?’ vous répondrez : ’Le Seigneur en a besoin.’ Les disciples partirent et trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit. Au moment où ils détachaient le petit âne, ses maîtres demandèrent : « Pourquoi détachez-vous cet âne ? » Ils répondirent : « Le Seigneur en a besoin. » Ils amenèrent l’âne, jetèrent leurs vêtements dessus, et firent monter Jésus. A mesure qu’ils avançaient, les gens étendaient leurs vêtements sur le chemin. Déjà Jésus arrivait à la descente du mont des Oliviers, quand toute la foule des disciples, remplie de joie, se mit à louer Dieu à pleine voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus : « Béni soit celui qui vient, lui, notre Roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux ! » Quelques pharisiens, qui se trouvaient dans la foule, dirent à Jésus : « Maître, reprends tes disciples ! » Mais il leur répondit : « Je vous le dis : s’ils se taisent, les pierres crieront. »
oOo
Les quatre évangiles nous rapportent, chacun à sa manière, la Passion de Jésus. Cette année, la liturgie nous en propose la version de Luc. Dans l'ensemble, et à part quelques détails, les quatre nous rapportent les mêmes faits. Mais chacun d'eux a sa manière particulière de lire l'événement. C'est ainsi que Luc met particulièrement l'accent sur la souveraine liberté manifestée par Jésus tout au long de sa passion. Pour Luc, Jésus n'est pas une victime qui se serait laissée piéger, mais c'est lui qui domine largement l'événement. On dirait même que c'est lui qui mène le jeu
D'ailleurs, tout au long de son évangile, Luc a tenu à nous avertir. Nous ne pouvons pas être pris au dépourvu, puisque cette issue fatale est annoncée tout au long du récit, et dès les premières pages. Lorsque l'enfant Jésus est présenté au Temple, le vieillard Syméon l'annonce à Marie : « Vois ! Cet enfant doit amener la chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en butte à la contradiction, et toi-même, une épée te transpercera le cœur. »
Plus tard, Satan, qui attaque le Messie lors de la scène de la tentation, ne lui laissera de répit que « jusqu'au temps fixé ». c'est-à-dire au moment où le même Satan entrera en Judas, à l'heure des ténèbres, pour son ultime assaut contre Jésus.
Lorsque Luc rapporte la Transfiguration, il précise bien que Moïse et Élie s'entretenaient avec Jésus de son « départ » qui devait avoir lieu à Jérusalem; Puis, tout au long de la route qui mène à Jérusalem, à de nombreuses reprises, Jésus ne manque pas d'avertir ceux qui marchent avec lui – ses disciples, et nous aujourd'hui – du destin qui doit être le sien, et le nôtre. Ouvertement, à plusieurs reprises, il parle de « prendre sa croix. » Pourtant, Jésus marche résolument vers cette issue.
Et enfin, alors que les autorités religieuses d'Israël s'imaginent pouvoir le faire arrêter par surprise, il est en train d'expliquer à ses amis que « ma vie, nul ne la prend, mais c'est moi qui la donne. »
Jésus, donc, nous apparaît comme celui qui domine la situation : il est le maître de sa destinée, y compris de sa propre mort. Relisez le récit de sa passion et vous verrez avec quelle dignité, avec quelle souveraine grandeur Jésus nous apparaît, aussi bien devant ses ennemis que devant les témoins. Il se situe à un tel niveau de grandeur que certains spécialistes de la Bible ont estimé que l'évangile de Luc escamotait toute idée de sacrifice, pour ne voir, dans la passion et la mort de Jésus qu'un exemple de parfait héroïsme. Ce qui me paraît tout de même excessif. Mais il faut bien reconnaître que Jésus apparaît moins comme une victime que comme l'homme idéal, celui qui est capable de donner librement sa vie par amour.
Il est bien évident que, pour nous, Jésus n'est pas uniquement l'homme exemplaire. Et ce serait réduire .incroyablement le sens de sa mort que d'en faire un héros semblable à tant d'autres hommes qui ont été amenés à donner leur vie pour une grande cause. Lors du dernier repas, il précise lui-même qu'il donne à manger et à boire son corps « donné pour vous » et son sang « versé pour vous. »
L'apôtre Paul est sans doute celui qui a le plus réfléchi à la signification de la mort et de la résurrection de Jésus, lui qui ira jusqu'à dire que toute sa mission consiste à annoncer « Jésus, et Jésus crucifié. » Pour lui, c'est le centre de la foi, et c'est ce qui doit orienter tous nos comportements chrétiens. Il faut, dit-il, que nous ayons « les sentiments qui furent ceux du Christ Jésus ». En cette semaine, sainte entre tous, je crois en effet qu'il est indispensable que nous prenions le temps de vérifier la qualité de nos comportements chrétiens pour les ajuster à ceux que Jésus manifeste de manière exemplaire, particulièrement dans sa Passion : « Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime. »