De l’or, de l’encens et de la myrrhe.
ma   L'EPIPHANIE DU SEIGNEUR


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus était né à Bethléem en Judée, u temps du roi Hérode le Grand.
Or, voici que des mages venus d’Orient rrivèrent à Jérusalem et demandèrent :
« Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient
et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
 En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, t tout Jérusalem avec lui.
 Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, our leur demander où devait naître le Christ.
 Ils lui répondirent :  À Bethléem en Judée, ar voici ce qui est écrit par le prophète :
 Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda,
car de toi sortira un chef, ui sera le berger de mon peuple Israël. »

 Alors Hérode convoqua les mages en secret our leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ;
 puis il les envoya à Bethléem, en leur disant :  Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant.
Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer our que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
 Après avoir entendu le roi, ils partirent.


Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient es précédait,
jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit ù se trouvait l’enfant.
Quand ils virent l’étoile, ls se réjouirent d’une très grande joie.
Ils entrèrent dans la maison, ls virent l’enfant avec Marie sa mère ;
et, tombant à ses pieds, ls se prosternèrent devant lui.
Ils ouvrirent leurs coffrets, t lui offrirent leurs présents :
de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode,
ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

oOo

Universalité

La fête de l'Epiphanie, c'est la fête de l'Eglise catholique au sens propre du terme, c'est-à-dire de l'Eglise universelle. C'est la fête de l'universalité de l'Eglise. Voulez-vous qu'aujourd'hui nous réfléchissions un peu sur ce sujet ?

Ce qui nous y incite, c'est aussi bien le récit symbolique de la visite des mages à la "maison" de Bethléem que la réflexion de l'apôtre Paul dans sa lettre aux Ephésiens, à propos du "mystère de Dieu révélé en Jésus-Christ". Quelle est cette révélation ? C'est que tous les hommes, non seulement les Juifs, mais les hommes de toute race, de toute nation, de toute religion, sont héritiers de la même promesse de Dieu, reçoivent le même héritage, c'est-à-dire qu'ils sont tous invités à devenir fils de Dieu, et qu'ils peuvent tous le devenir.

D'un peuple raciste...

Dieu, quand il se fait homme, vient dans un petit pays, dans une race, un peuple qui a comme caractéristique un nationalisme étroit, des préjugés culturels, raciaux, religieux comme on en trouve peu au monde : le peuple juif. Au point de départ, c'est le peuple choisi par Dieu. Il a fait alliance avec lui : "Vous êtes mon peuple et je suis votre Dieu. C'est moi, Dieu, qui vous ai choisis". Et il a donné comme signe de cette alliance la circoncision : chaque membre de ce peuple est marqué dans sa chair du signe de l'alliance. Or, cette alliance, dans l'esprit de Dieu, est un moyen pour se révéler au monde entier. Mais les Juifs ne l'entendent pas ainsi. Ils disent : "Nous sommes le peuple choisi", et cela signifie : nous sommes les meilleurs, et tous les autres peuples, ça ne vaut pas grand chose. Les siècles passent, ce petit peuple entend garder son originalité face aux nombreux envahisseurs, et les préjugés nationalistes, racistes, culturels croissent, à un tel point qu'à l'époque de Jésus, un bon Juif, non seulement ne pénètre pas dans la maison d'un païen, ne lui tend pas la main, bien sûr, mais encore, de peur d'avoir contracté une souillure légale en marchant dans la rue, en faisant son marché, se lave, fait ses ablutions en rentrant chez lui. Vous voyez où en est le peuple de Dieu : un peuple raciste.

...A une Eglise ouverte

Jésus, pendant toute sa vie terrestre, n'a pas changé grand chose à cet état de fait. Il est sorti une seule fois de son pays pour aller en territoire païen, au Liban. Et les paroles qu'il adresse à la Cananéenne, vous vous en souvenez sans doute, sont des paroles qui reflètent exactement la mentalité des bons Juifs de l'époque : à la Cananéenne qui lui demande de guérir sa fille, Jésus répond : "Je suis venu pour les enfants d'Israël, pour les enfants de la maison, pas pour les chiens". On trouve dans l'évangile une deuxième rencontre de Jésus avec un païen : c'est avec le centurion romain. Là, ça change : Jésus manifeste une grande admiration pour la foi de cet homme. Mais on ne peut pas dire que Jésus, pendant sa vie, soit allé à contre-courant de l'opinion générale de ses concitoyens. A-t-il annoncé un salut universel ? On ne trouve que quelques rares allusions. A la Cène: "Mon corps livré, mon sang versé pour la multitude"... et au moment de quitter ses apôtres : "Allez, dans tous les pays faites des disciples". Ce qui indique quand même une visée universaliste.

Or il se trouve que très vite, dès le début de l'apostolat de Pierre, on va ouvrir largement. Il y a certes un conflit entre ceux qui veulent obliger les nouveaux convertis à passer par les obligations de la loi juive, notamment la circoncision, et ceux qui veulent libérer la jeune Eglise du joug des traditions juives. Mais dès les années 70, c'est pratiquement gagné. Paul a été le principal promoteur de cette ouverture. C'est pourquoi il écrit aux Ephésiens : "C'est très simple. Dieu aime tous les hommes. Tous participent au même héritage des fils de Dieu". Et c'est dans le même sens qu'il faut lire l'histoire des Mages. Matthieu écrit pour des Juifs convertis au christianisme, dans les années 70-80 de notre ère. Ces chrétiens ont constaté que leurs compatriotes juifs, dans leur grande majorité, refusent de croire au Christ. Par contre, des païens arrivent de toute part et demandent à connaître Jésus. Que dit le récit de Matthieu ? D'abord que des païens, des gens qui pratiquaient le culte des divinités astrales (ils lisent dans le ciel l'avenir des individus et des nations), ces païens viennent annoncer aux Juifs qui, eux, attendaient le Messie depuis des siècles, que ce Messie est né. Ce sont des païens qui viennent annoncer cela aux Juifs ! Et de plus, ces païens, qui sont venus dans la capitale Jérusalem dans l'espoir d'y trouver le roi des Juifs, sortent très vite de Jérusalem. Le centre de la vraie foi n'est plus à Jérusalem. Il est dans une humble bourgade, dans la "maison" (entendez par là la "maison-Eglise"). Dans cette petite Eglise primitive, très pauvre, pauvre comme la bourgade de Bethléem. C'est là qu'ils rencontrent le Sauveur. Grâce à son histoire des Mages, Matthieu dit la même chose que Paul : l'expérience de l'Eglise primitive.

Oui, mais !

Vous allez me dire : "Eh bien, on y est !" Effectivement, si je regarde de l'extérieur, l'Eglise est universelle, en ce sens qu'il y a des blancs, des noirs, des Peaux-Rouges, des esquimaux, des asiatiques, des gens de toutes les races. Oui, mais...

Est-ce que vraiment notre Eglise est universelle, c'est-à-dire ouverte à tous. Vous êtes Européens et vous dites : "L'Eglise est universelle". Mais je me demande si un noir ne nous dirait pas : "Votre Eglise est plus européenne qu'universelle". Parce que nous, la vieille Europe, nous avons marqué l'Eglise tout au long d'une longue histoire.

Allons plus loin. On dit : l'Eglise (et donc chaque membre de l'Eglise) doit être ouverte à tous les hommes, quelles que soient leur race, leur culture, leur religion. Mais quand on entend certaines réflexions, dans notre quartier, dans votre atelier, dans la rue, ne croyez-vous pas que cela fait mal ? Est-ce qu'on peut se dire membres de l'Eglise universelle ?

Je vais encore plus loin. Une Eglise universelle, cela suppose des gens qui dépassent leurs propres manières de penser, leurs préjugés, leurs habitudes culturelles, idéologiques, pour accueillir avec bienveillance les manières de penser d'autrui. Regardez comment, souvent, nous avons tendance à nous enfermer dans notre idéologie, dans les manières de voir de notre classe sociale, de notre parti, de notre clocher.

Enfin, dans cette Eglise universelle, ne faudrait-il pas être davantage éveillés aux gens des autres religions ? Ne pourrions-nous pas essayer de reconnaître, dans toutes les religions non-chrétiennes, des valeurs, des démarches religieuses vraies ?

Alors...

Je crois qu'il y a du chemin à faire. Il faudrait que, quittant cette église aujourd'hui, frères, nous repartions, nous aussi, "par un autre chemin".

oOo
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Dernière mise à  jour :

      2 janvier 2017

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