LES ETONNEMENTS DE CATHERINE

 

Catherine, protestante d'origine, s'est mariée avec un catholique. 
Depuis, elle est membre active de sa paroisse catholique.
Elle nous fait part, souvent, de ses étonnements.

(Vous trouverez aux archives les chroniques précédentes)

 
 

Lundi 23 février 2015

Amis de Murmure, bonjour à tous,

Heureuse de vous retrouver sur cette page après deux semaines d’interruption.  Une interruption qui s’est prolongée un peu plus longtemps que prévu en raison de la grippe, et des problèmes techniques de Murmure. Ça n’a l’air de rien de publier un billet sur un site internet, mais lorsqu’il faut harmoniser matériels et logiciels informatiques le tout à distance (pour prendre le relais de Léon dont l’ordinateur était en panne) et en utilisant l’anglais (parce que mon logiciel de publication est dans une version anglaise, ce qui ne me gêne pas à condition qu’il n’y ait pas trop de difficultés), cela peut prendre un temps fou, pour donner un résultat très moyen si j’en crois les changements de couleurs anarchiques sur les pages que j’ai retouchées sans parler des publications « écrasées » ou « amputées » malencontreusement. Depuis, je songe sérieusement à m’inscrire à un stage de conception et de publication de page html.

Et puis pour tout vous dire, les études à distance m’occupent bien, d’autant plus que j’ai voulu suivre 3 unités de front et que cela fait un peu beaucoup : du grec biblique, de l’exégèse du Nouveau Testament et de l’Ancien Testament, et de la théologie pratique.

La théologie pratique, ça va. C’est des choses (de l’ecclésiologie principalement) que j’ai déjà entendues en formation du côté catholique. Sauf que la « sauce » protestante est un peu différente, et il faut que je me familiarise avec ses nuances sans tout mélanger. Pour cette matière, je suis censée faire un stage de 3 semaines dans une Eglise. En vue de me « professionnaliser » ou de trouver ma vocation.  Impossible pour moi en raison de ma vie professionnelle déjà bien remplie. Alors j’ai demandé une dispense, qui m’a été accordée. En revanche, je dois faire un compte-rendu d’expérience équivalent à un rapport de stage à partir d’un sujet que je dois définir. J’ai proposé de faire mon compte-rendu sur mes activités de préparation au mariage (en milieu catholique). Le professeur (protestant) m’a donné son accord sans difficulté mais m’a demandé de développer la dimension œcuménique de mon intervention ( ?) et de faire une comparaison avec une préparation au mariage en milieu protestant ( ???). Ces deux derniers points m’inquiètent un peu car, pour le moment, l’œcuménisme, je le vis, je ne le pense pas, enfin très peu et là, on me demande d’y réfléchir (sérieusement).

Le grec, c’est dur car ça va très vite (une sorte de méthode accélérée). Mais c’est passionnant. Comme l’exégèse des textes bibliques. Une vraie découverte pour moi. Un nouveau « champ » de connaissances, que j’avais entrevu, mais dont je n’imaginais pas l’étendue et la diversité, avec toute l’histoire des textes, l’archéologie, les manuscrits anciens (les papyri, les manuscrits en majuscules, en minuscules, les versions, les lectionnaires etc.), les méthodes d’analyse littéraire, et la critique textuelle avec ses « lieux variant » et ses  « leçons ».

En parlant de manuscrit ancien (de la bible), vous en avez déjà vu ?

Pour les curieux parmi vous, sachez qu’il y en a un en ligne,  complet et de grande valeur : le codex Sinaiticus, qui comme son nom l’indique est un manuscrit qui a été retrouvé au mont Sinaï et qui est visible dorénavant à cette adresse : http://www.codexsinaiticus.org à l’onglet  see the manuscript. Il date du IVème siècle et comprend une grande partie de l’Ancien Testament et la totalité du Nouveau Testament. Il est numérisé entièrement depuis 2008, une prouesse car le manuscrit est dispersé dans 4 bibliothèques différentes dans le monde : à la British Library, à la bibliothèque nationale de Russie, dans celle de l’Université de Leipzig et celle du monastère du mont Sinaï. Il est en grec ancien,  tout en majuscules  sans séparation entre les mots et sans ponctuation (ce qui est très étrange pour un lecteur contemporain). Le site propose une transposition en minuscules (en grec toujours) et en mots séparés.

Pour la traduction en français (ou autre), il faut prendre sa bible…

Amicalement comme toujours.

Catherine


Dimanche, 18 janvier 2015

Amis de Murmure, bonjour à tous

Je me demande si nous ne sommes pas en train de redevenir des nomades.

C’est la question que je me suis posée lors d’une réunion de famille en écoutant les plus jeunes parler et en faisant le constat qu’ils étaient sans arrêt sur les routes, dans des trains ou encore des avions, certains partageant leur vie entre deux logements.  Surtout les trentenaires mais les plus jeunes aussi maintenant sont concernés.

Autour de la table, il y avait Céline, une parisienne (une vraie, élégante, toujours à la mode, au fait des dernières nouveautés). Céline est ingénieur dans une grande entreprise française spécialisée dans le domaine des transports. Ne l’imaginez pas derrière un ordinateur toute la journée car c’est un ingénieur de « terrain », qui aime le concret et l’opérationnel. Elle n’apprécie guère le travail de « siège » (dans tous les sens du terme) comme elle dit et préfère être sur les chantiers. Alors elle se retrouve propulsée sur des « missions » qui durent le temps de la réalisation d’un « projet », comme l’installation d’un tramway par exemple dans une ville. En ce moment, elle conduit un chantier qui se déroule en Angleterre mais comme elle ne veut pas quitter Paris où elle réside avec son mari (et lui non plus), elle passe la moitié de la semaine en Angleterre et l’autre moitié à Paris. Son moyen de transport est l’avion.

Mathilde, trentenaire également, est inspectrice dans la fonction publique. Elle habite Nancy mais travaille à Reims car c’est là qu’elle a été nommée après son recrutement. Tous les dimanches soirs, elle quitte son conjoint et sa petite fille pour rejoindre, en voiture, son logement à Reims où elle restera jusqu’au vendredi soir.

Céline et Mathilde ont en commun de vouloir un enfant, lequel tarde semble-t-il…et pour cause.

Clémentine, elle, est étudiante en droit. Elle a obtenu sa licence l’année dernière. Mais comme elle trouve que sa faculté n’est pas assez bien cotée, elle est partie étudier à l’université de Bordeaux, laissant  à l’autre bout de la France (temporairement et sans rompre la relation) son compagnon avec qui elle partageait sa vie depuis un an, qui lui, poursuit d’autres études. Elle rentre chez ses parents lors des vacances scolaires, parfois en avion, parfois en voiture.

Quant à la plus jeune qui est aussi étudiante, elle fréquente un garçon qui fait des études dans une ville éloignée de plusieurs centaines de kilomètres. Ils sont tous les deux inscrits sur un site de covoiturage et « naviguent » grâce à ce service d’une ville à l’autre le week-end ou pendant les vacances scolaires. Sachant qu’un trajet en covoiturage n’est pas toujours très direct… 5 heures de route leur paraît un trajet « rapide ». Tout est relatif en ce domaine.

Je parlais de nomadisme au départ, mais ce n’est pas tout à fait juste. Car les nomades eux, se déplacent avec leurs proches. Ils ne vivent pas écartelés de cette manière.

En les écoutant je m’interrogeais : l’Eglise, dans son approche des jeunes et des familles et dans ses  propositions et services,  tient-elle compte (sans juger !) de ces modes de vie contemporains ? Connaît-elle ces situations actuelles ?

Qu’en pensez-vous ?

Amicalement comme toujours.

Catherine


Samedi 10 janvier 2015

Amis de Murmure, bonjour à tous

Je viens d’avoir des nouvelles de nos cousins espagnols avec qui nous avons échangé nos vœux par téléphone et évoqué Charlie, actualité oblige.

Je vous ai déjà parlé, dans le passé, de ce couple de français qui vit dans la région de Barcelone depuis 35 ans, qui a adopté deux enfants « à l’international » comme on dit, enfants qui sont parvenus à l’âge adulte aujourd’hui et qui sont parents à leur tour. J’ai évoqué aussi l’une de leur petite fille qui subissait des agressions racistes dans son école primaire pour l’unique raison qu’elle a une couleur de peau légèrement plus foncée que la population locale. Un fait de racisme, qui renseignement pris, serait loin d’être un fait isolé, malheureusement, en Catalogne.

En appelant nos cousins, je pensais que, comme chez nous, les fêtes étaient finies depuis longtemps et que les enfants étaient retournés  à l’école.  Mais pas du tout. Cette semaine encore, ils étaient en pleine festivité, pour l’Epiphanie, qui, comme ils me l’ont expliqué, est une grande fête traditionnelle en Espagne, une fête bien plus importante que Noël. En Espagne, ce sont les rois qui apportent les cadeaux aux enfants, et pas le Père Noël, même s’il arrive que les enfants reçoivent des cadeaux à deux reprises, comme chez moi en Lorraine, où Saint Nicolas passe avant le Père Noël, distribue des friandises et est toujours très fêté. La ville de Nancy par exemple (une ville laïque comme il se doit) réserve son grand feu d’artifice annuel pour la venue de Saint Nicolas et organise un grand corso et de multiples animations dans la ville.

Mais revenons-en à L’Espagne. Nos cousins donc, nous ont raconté qu’ils avaient attendu le passage des Rois mages avec leurs petites filles. En Espagne, les rois se présentent à pied ou sur un char, éventuellement avec des animaux, cela dépend des traditions et des possibilités de la commune.  Le choix des espagnols de faire porter les cadeaux par les rois est assez logique finalement si on se réfère au récit biblique, selon lequel ce sont les mages qui ont apporté des présents à l’enfant Jésus. Le problème en Espagne, c’est que l’école reprend dès le lendemain, ce qui fait que les enfants ont peu le loisir de profiter de leurs jouets.

Notre cousin nous a expliqué que l’un des rois était particulièrement attendu. Il y a une vedette parmi eux. Il s’agit de Balthazar ! Celui qui est noir ! Autrefois on « peignait » le visage d’un homme, mais aujourd’hui, cela n’est plus nécessaire, on recrute un « vrai » noir de peau. Qui sera adulé par la foule.

Tant mieux pour lui ! Mais aduler un homme, fut-il roi le temps d’une fête, pour l’unique raison qu’il a la peau noire est un fait troublant je trouve. Ce comportement est  tout aussi choquant que les actes de racisme. Et que doit penser la petite en assistant à la scène ? C'est à n'y rien comprendre.

La foule est versatile. Elle acclame un homme noir un jour de fête, puis c’est la même « foule » qui  « lynche » une gamine de couleur dans la cour d’école le lendemain. Ça me rappelle une histoire…

En cette période de manifestation du mal, ne pourrions-nous pas faire nôtres les paroles de l’apôtre Paul (Romains 12,21*) et puiser dans nos réserves de bonté, de beauté et de bienveillance (les trois formes du "bien") pour le combattre ?

Qu’en pensez-vous ?

Amicalement comme toujours.

Catherine

 * Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien.

 

Samedi 3 janvier 2015

Amis de Murmure, bonjour à tous

Heureuse de vous retrouver sur cette page de Murmure en ce début d’année, une année toute neuve qui nous est donnée de parcourir. Un nouvel an, pour lequel je vous souhaite le meilleur, pour vous-même et votre entourage.

Heureuse aussi de poursuivre nos conversations pour partager quelques étonnements glanés dans le quotidien de la vie.

Après le tourbillon des fêtes, j’aspirais à un peu de tranquillité (vous aussi je suppose). Un programme du type : réveil tardif, petit-déjeuner-lecture, promenade de remise en forme, et quelques lessives (qui s’imposent après les réunions de famille). Puis je pensais rouvrir mes cours de Bible et de grec ancien. C’était sans compter sur la présence de la taupe.

Car j’ai une taupe à la maison. Pas dans le jardin, dans la maison. Depuis le mois de septembre. Qui réapparaît chaque week-end et pendant les vacances scolaires. Je parle de ma taupine (ma fille) qui est en première année de ce qu’on appelle aujourd’hui les classes prépas (préparatoires à différents concours) et qu’on appelait autrefois « maths sup ».

Si elle ne faisait que des maths, je pense que ça irait. Seulement, on lui impose (ce qui normal) d’autres matières comme la philosophie et les langues vivantes. C’est pour ces matières que je suis sollicitée. Alors je me retrouve à débattre avec elle de  l’économie allemande ( !), de l’Allemagne qui (d’après un certain Marcel Fratzscher, économiste allemand) s’illusionne sur ses ressources, surestime ses forces, se replie sur elle-même alors qu’elle a besoin de l’Europe. Débattre de ce sujet n’est déjà pas simple en soi et exige un socle de connaissances que nous n’avons ni ma fille ni moi  mais surtout, ce débat doit être transcrit en allemand ! Alors pour cela, nous puisons directement dans des articles allemands traitant d’économie, articles qu’il faut trouver, traduire puis comprendre (merci Google).

Après l’allemand, nous enchaînons sur de la philosophie pour traiter la question suivante : la guerre est-elle naturelle ?

?!?!

Six heures de recherche sur le sujet à deux. J’ai ressorti mes cours de terminale. Nous avons lu Henri Bergson, Carl Von Clausewitz, un prussien, théoricien de la guerre (passionnant), « Les Perses » d’Eschyle, « le Feu » d’Henri Barbusse et contempler (avec horreur) « La Guerre » du peintre Otto Dix à propos de qui j’avais vu un reportage diffusé sur France 2 dans l’émission Présence protestante dimanche dernier. Emission qui m’avait un peu répugnée sur le coup et que je trouvais décalée par rapport à la période de Noël que nous venions de vivre mais qui tombait bien finalement ! Car elle m’a permis de retrouver quelques références sur le sujet de la guerre (merci à Présence protestante). De toutes nos élucubrations sur la guerre, nous avons déduit que quelle que soit son origine, naturelle, culturelle ou politique, la guerre est toujours une monstruosité dont l’humanité se dispenserait bien, à commencer par ceux qui sont contraints de la faire…

A l’heure où je vous écris, la taupine rédige sa dissertation (le stylo dans une main, le téléphone portable dans l’autre et l’ordinateur devant elle). Elle est de (relative) bonne humeur, ce qui n’est pas toujours le cas depuis qu’elle a intégré sa prépa.

D’ici demain, elle aura à nouveau disparu. Me laissant avec le souci permanent de la savoir souvent « en souffrance » dans cette classe de très haut niveau mais aux méthodes parfois assez surprenantes…

Amicalement comme toujours et bon début d’année à vous tous.

Catherine

 

 

Samedi 20 décembre 2014

Amis de Murmure, bonjour à tous,

L’Ancien Testament m’a donné du fil à retordre hier soir lors de mon examen (15 minutes d’oral par Skype avec un éminent professeur d’ancien testament, depuis peu professeur d’hébreu à Oxford). Le professeur attendait un niveau de précision que je n’avais pas atteint. Mes réponses, justes mais trop imprécises, ne le satisfaisaient pas (voire l’agaçaient). Il m’a questionné par exemple sur le prophète Néhémie. J’ai pu resituer la période durant laquelle ce prophète avait œuvré : la domination perse ; j’ai pu redire qui il était : un échanson du roi Cyrus ; j’ai pu décrire son action, plus politique que religieuse : la construction du mur d’enceinte de Jérusalem, le repeuplement de la ville, et j’ai évoqué l’opposition du prophète aux mariages mixtes. Malheureusement, je n’ai pas su dire à quelles dates précises avaient eu lieu ces évènements. Je les ai situés « après » le retour d’exil alors qu’ils ont eu lieu plus tard au 5ème siècle (avant JC).

J’ai été questionnée aussi sur le prophétisme en général : sa définition et son évolution. Puis sur les prophètes écrivains que j’ai su tous nommer à commencer par le plus ancien : Amos, puis Osée, Esaïe et Michée. Enfin sur les circonstances de l’écriture des prophéties : la concrétisation des prophéties (la chute de Samarie), les nouvelles idées (éthiques) qui apparaissent et enfin l’écriture qui se démocratisait. Et là, ce fut la colle : le professeur m’a demandé des exemples de démocratisation de l’écriture, or je ne m’en souvenais plus. Il fallait répondre que : « c’est à partir du 8ème siècle, qu’on trouve des documents et des inscriptions d’une certaine longueur (plus que de simples graffiti) qui émanent de simples particuliers : une inscription funéraire, une inscription commémorative dans le tunnel de Siloé, des lettres… ». Extrait du cours que j’ai retrouvé par la suite…

A défaut de pouvoir parler des formes « démocratiques » d’écriture, j’ai parlé des formes « aristocratiques » et des stèles. Et, là, je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai mentionné la stèle de MESHA roi de MOAB qui date du 9ème siècle (et pas du 8ème… en fait, j’ai un problème avec les dates et la mention des siècles quand il faut « remonter » dans le temps…). J’ai retenu ce nom de stèle car, quand je l’ai découvert en suivant le  cours, mes deux chatons (mes chats) faisaient le bazar à la maison et je devais m’interrompre sans arrêt pour les sortir, mais ça je ne l’ai pas dit au professeur. Par contre, j’ai dit tout ce que j’avais retenu à propos de cette stèle qui se trouve au Louvre et dont j’avais trouvé mention dans le livre de Lucas Mazzinghi (un prêtre de Florence en Italie, professeur d’Histoire sainte) : c’est une stèle qui comporte 34 lignes attribuées à Mesha, roi de Moab, qui date des années 840 et qui évoque l’oppression des moabites par un certain Omri roi d’Israël, leur libération et enfin l’opposition entre YHWH et Kamosh (le dieu des moabites). En fait, cette stèle permet aux historiens de confirmer certaines dates figurant dans l’AT.

Cette référence a plu au professeur qui, malgré une nouvelle imprécision temporelle, m’a validé mon unité d’enseignement en me précisant que Mesha  m’avait sauvée ( !).

Si je résume, je dois ma réussite à l’examen d’Ancien Testament, aux moabites, à un prêtre catholique et à mes chats.  Etonnant, non ?

Soyons claire : la lecture de « l’Histoire d’Israël » par le catholique Lucas Mazzinghi nous a été recommandée par le professeur protestant. C’est ce que j’apprécie dans les études bibliques, elles sont œcuméniques.

Mais dans quelques heures, c’est Noël. C’est bien plus précieux que la stèle de Mesha, aussi importante soit-elle au plan historique.

Il me reste donc à vous souhaiter un très Bon Noël. Que Dieu vienne crécher dans votre cœur à tous.

Amicalement comme toujours.

Catherine

 

 

Mercredi 10 décembre 2014

Amis de Murmure, bonjour à tous

J’ai laissé mon dernier billet quelques jours de plus sur ma page car, visiblement, il vous a plu si j’en crois les commentaires reçus. Ce qui m’a un peu surprise car le sujet est plutôt triste.  Mais apparemment, il vous a intéressé.

Le sujet d’aujourd’hui sera triste à nouveau et grave. Je suis désolée, mais je traverse une période où les mauvaises nouvelles se succèdent. Il  ne sera plus question de décès mais de racisme.  

Quand j’ai lu le dernier mail de nos cousins d’Espagne (des français qui vivent en Catalogne depuis 35 ans) avec qui nous entretenons une correspondance régulière,  mon ventre s’est vrillé. Car, en nous donnant des nouvelles de leur famille, ils nous annonçaient tout à coup que leur petite fille Inès, âgée de 8 ans, subissait des agressions racistes à l’école primaire où elle est scolarisée. Inès ayant une sœur de deux ans plus jeune, je me dis que la cadette ne devrait pas tarder à subir le même sort…

Ces deux petites sont de magnifiques enfants, éveillées, sociables, un peu délurées et surtout polyglottes (elles parlent couramment le catalan, l’espagnol, le français et quelques mots d’anglais…). En plus, elles sont ravissantes, et la maman a pour habitude de les habiller avec les mêmes vêtements les jours de fêtes, alors le duo fait craquer l’entourage.

Seulement voilà, si le papa, lui, est (apparemment) un catalan de « pure » souche (cheveux noirs et peau claire, comme notre premier ministre français), la maman, elle, est originaire de Sri Lanka. Le cheveu est tout aussi noir que celui des espagnols, de ce côté, pas de différence, reste la peau, qui elle, est légèrement plus colorée… Et c’est cette nuance foncée dont ont hérité les petites qui les différencie et provoque les réactions racistes de la part de leur entourage. Pourtant, la maman (une très belle jeune femme) est espagnole et est parfaitement intégrée. Elle a été adoptée tout bébé par nos cousins qui ne pouvaient pas avoir d’enfant.

Lorsqu’Inès fréquentait les classes maternelles, elle ne subissait pas ce genre de problème. Ça commence maintenant qu’elle grandit. J’en conclus que le racisme (mais ça je le savais déjà) s’apprend. Pas à l’école, tout du moins pas en classe, mais surtout en famille. Ou éventuellement dans la rue. Ou encore dans les stades où les gestes racistes sont paraît-il devenu tendance en Espagne,  lors des rencontres sportives, des gestes qui émanent non pas uniquement d’hommes ou de jeunes comme on pourrait le penser mais de femmes aussi. Pour exemple, l’incident qui s’est produit au printemps dernier à Llagostera (en Catalogne), où lors d’une rencontre de football, une supportrice a pris à parti un joueur ivoirien en mimant un singe, la scène se déroulant dans les tribunes devant de très jeunes enfants… A cela s’ajoute l’agression (violente) d'une jeune équatorienne par un  jeune homme de 21 ans survenue dans le métro de Barcelone en octobre dernier.  Il ne faut donc pas s’étonner si ensuite des comportements racistes surgissent dans les cours de récréation.

Tout cela est consternant. La Catalogne ne doit pas aller trop bien en ce moment, socialement parlant…

Pour ce qui est de l'avènement du monde nouveau, "un monde de justice, de paix et d'amour", un monde fraternel dont nous parle Léon ce matin,  ce n’est donc pas gagné… Il y a vraiment BEAUCOUP de travail. Et pas qu’en Catalogne…

Pour commencer, et dans l’idée de soutenir leur petite, les parents d’Inès ont décidé de consulter un psychologue (consultations qui seront entièrement à leur charge alors qu’ils ont peu de revenus car ils subissent l’autre fléau espagnol qu’est le chômage) pour que le professionnel mette déjà des mots sur les maux dont souffre leur enfant. Et qu’il l’aide à comprendre ce qui lui arrive.

Je prie pour que la petite trouve dans son entourage les paroles réconfortantes et bienveillantes qui la soutiendront (et la défendront…).

Bon temps de l’avent à vous.

Amicalement comme toujours.

Catherine


 


 


 

Jeudi 27 novembre 2014

Amis de Murmure, bonjour à tous

Grand fut mon étonnement lorsque j’appris pas SMS que les funérailles de ma tante seraient mennonites.

Mennonite, ma tante l’était effectivement, mais cela faisait des années (depuis son mariage juste après-guerre…) qu’elle fréquentait l’Eglise réformée. Donc je m’attendais à ce qu’un pasteur réformé officie le jour de ses obsèques.  Seulement son fils (mon parrain) a eu une autre idée : celle de présider lui-même en tant que « patriarche » ou ancien de la famille les funérailles, comme le font les mennonites donc, et comme il avait vu faire lorsqu’il était enfant. En fait, en raison de l’éloignement et du grand âge de ma tante, la famille a perdu le contact avec la paroisse réformée (ce qui est un peu surprenant d’ailleurs). Je crois aussi que mon parrain ne voulait pas imposer un rite auquel aucun de ses quatre enfants n’était habitué puisqu'aucun n’a été catéchisé,  sans parler des conjoints qui eux, sont tous soit catholiques soit musulman pour l’un d’entre eux.

Donc, nous nous sommes tous retrouvés directement au cimetière (à Bois-le-roi en forêt de Fontainebleau) après la mise en bière. Pas directement à la tombe comme ça aurait pu être le cas, mais d’abord sous une petite halle, nettoyée et aménagée par mon parrain pour la circonstance. C’est sous cette halle, où était réunie une trentaine de personnes, que le cercueil a été déposé et que  mon parrain a donc officié.

Il a fait ça très bien.

Il a d’abord retracé la vie de la défunte soit 99 années tout de même : l’enfance en Lorraine dans une famille paysanne mennonite, l’opération chirurgicale à l’âge de 20 ans qui a failli l’emporter, son mariage avec un officier qui a failli mourir en captivité pendant la guerre,  le frère résistant qui a failli mourir dans la prison de Toulouse en 1945, la naissance de l’enfant resté unique alors qu’elle voulait  une fratrie de quatre enfants au moins (ce qu’aura mon parrain lui…), l’accueil des petits enfants lorsque leur maman est morte prématurément à 43 ans, la longue vieillesse et enfin son départ survenu après qu’elle fut « rassasiée de jours » comme il est écrit dans la bible.

Puis mon parrain, un peu ému tout de même, a passé la parole à son fils aîné pour un discours « au nom des petits enfants ». Un discours de normalien (de la rue d’Ulm) devenu aujourd’hui avocat. C’était simple et beau. Et bien prononcé par un jeune homme qui enfant était devenu bègue après le décès de sa maman. J’ai senti que certains membres de l’assistance ont retenu un applaudissement qui leur venait spontanément mais qui  n’était pas de circonstance.

Ensuite, mon parrain, après un court préambule sur le thème du rapport direct des mennonites à Dieu et sur le thème de la mort, a lu la bible. Il a fait très fort car il a attaqué par la lettre de St Paul aux romains, ce passage où il est question de la justification par la foi. On ne pouvait pas faire plus protestant. Mais  ça, j’ai été la seule dans l’assistance à le relever.  Puis il a lu un passage de Matthieu et enfin un psaume.

Puis nous (disons, la moitié de l’assistance) avons prié un Notre Père.  C’est tout.

Ce fut donc bref, dense et largement suffisant. Et effectivement très direct pour ce qui est de la relation à Dieu, ce qui n’est pas pour me déplaire.

Nous sommes tous partis ensuite en cortège jusqu’à la tombe. Chacun a déposé une rose sur le cercueil. J’aurais bien jeté un peu de terre sur le cercueil (selon le rite des familles protestantes) mais je n’ai pas voulu faire la maligne devant  les parisiens…

Amicalement comme toujours.

Catherine

 

 

Dimanche 16 novembre 2014

Amis de Murmure, bonjour à tous,

Nous voici à nouveau endeuillés et projetés d’ici quelques jours sur les routes lorsqu’il faudra nous rendre aux obsèques de ma tante, morte aujourd’hui à 12h30, étouffée suite à une fausse route.

Trois décès successifs de parents proches en 6 mois de temps, ça commence à faire un peu beaucoup…Certes, cette parente était très âgée (presque centenaire) mais le grand âge n’enlève rien à toute la peine que l’on ressent quand on se sent définitivement séparé de la personne aimée.

Car j’aimais beaucoup cette sœur aînée de ma maman qui, avec son mari (un général de l’armée française) m’accueillait chez elle très souvent alors que j’étais enfant, pour des séjours de vacances, soit à Paris où elle avait un appartement dans le 13ème arrondissement ou encore à Bois-le-Roi, en forêt de Fontainebleau.

J’appréciais les séjours dans la capitale qui étaient un vrai dépaysement pour moi qui vivais alors en milieu rural. Ma tante prenait en charge le quotidien et c’est mon oncle qui avait pour mission l’organisation des activités. Parisien d’origine, il connaissait la ville comme sa poche et n’était jamais en peine pour trouver une occupation. Je me souviens en particulier de la visite de l’aéroport d’Orly (où mon oncle avait tenté de négocier sans succès avec la police l’accès aux terrasses alors fermées en raison des risques d’attentat), de l’exposition consacrée au peintre Salvator Dali à Beaubourg où nous avons été pris d’un fou-rire devant une installation surréaliste de l’artiste, avant de nous rendre sur la terrasse (c’était une manie, les terrasses…) du Centre Pompidou, accessible celle-là, pour prendre de la hauteur et contempler les toits de la capitale.

Pendant nos escapades, ma tante partait de son côté visiter des personnes âgées ou malades ou se rendait à différentes réunions pour des œuvres. Elle était animatrice dans un club de l’âge d’or où elle s’occupait de « ses petites vieilles » comme elle disait… Elle devait être une excellente animatrice car elle était pleine d’allant et avait beaucoup d’attention pour les autres. Elle avait surtout ce dynamisme propre à ceux qui sont passés tout près de la mort et qui ensuite abordent l’existence comme étant un « surcroît » ou une grâce qui leur est donnée. A l’âge de 20 ans, elle avait failli mourir des suites d’une opération chirurgicale. La religieuse qui la veillait lui avait demandé de « se préparer » sous-entendu à mourir. Ma tante a beaucoup prié paraît-il. Pour vivre (pas pour mourir). De cette expérience, elle avait conservé une réserve de courage  qui lui permettait d’aborder les difficultés de l’existence avec toujours beaucoup de sérénité. Dont la mort, qu’elle abordait, en vraie chrétienne qu’elle était, sans peur. Attitude qui forçait plus jeune, mon admiration.

Devenue veuve et âgée, elle vécut de longues années seule dans sa maison de Bois-le-roi. Je la sentais parfois isolée mais elle ne se plaignait jamais. Quand je lui demandais comment elle occupait ses journées, elle évoquait ses lectures, la musique, des émissions de télévision et de radio, et sa curiosité qui la poussait à décrypter le monde qui l’entourait et avec lequel elle voulait toujours resté en contact.

Et puis il y avait cette bible posée sur sa table de nuit, qu’elle lisait tous les soirs m’avait-elle expliqué, et qui avait été sa vie durant, sa compagne.

J’ignore si ce midi elle a eu le temps et la conscience suffisante pour prier encore une fois. Ni si elle a pu se préparer…

Amicalement comme toujours.

Catherine

 

 

Mercredi 5 novembre 2014

Amis de Murmure, bonjour à tous

J’ai visité quatre cimetières pendant le week-end de Toussaint : celui du village de Solgne en Moselle,  le cimetière dit « de l’Est » de la ville de Metz, celui de la commune de Laxou en Meurthe-et-Moselle et enfin le cimetière dit  « du Sud » de la ville de Nancy.

C’est à Solgne que sont enterrés mes ancêtres mennonites. Quatre tombe, dont une immense (la plus grande et la plus haute du cimetière), composent ce qui était appelé autrefois le « carré » protestant. Ces tombent racontent à leur manière deux cents ans d’histoire familiale. Elles disent les unions entre familles mennonites, les décès nombreux d’enfants en bas âge, la longévité de certains parents nonagénaires et parfois centenaires ( !). En parcourant les noms des défunts, je m’étonne toujours du peu de diversité dans le choix des prénoms. De génération en génération, mes ancêtres se prénomment tous, côté hommes, Pierre, Jacques, Jean et Paul. Et côté femmes : Anna, Elsa, et…Catherine. Ce dernier prénom est le plus fréquent, ce qui est assez surprenant car il n’est pas biblique contrairement à tous les autres.

La tombe familiale du cimetière de l’Est à Metz est plus compliquée à retrouver que le carré protestant du village de campagne. Il faut faire appel à sa mémoire, entrer du bon côté du cimetière, identifier la bonne allée. Une fois ce repérage effectué, on est sauvé car la tombe familiale est facilement identifiable grâce à  sa grande croix et à son crucifix. Une tombe visiblement catholique cette fois-ci, mais qui accueille plusieurs protestants en son sein.

Puis il faut reprendre la voiture pour parcourir les 60 km qui séparent les deux villes rivales de la Lorraine et rejoindre la capitale régionale (vue du côté meurthe-et-mosellan),  à savoir Nancy. Arrêt en chemin au cimetière de Laxou, une commune de la banlieue de Nancy, où le cimetière situé à flanc de coteau conserve une taille humaine. Là, la tombe familiale est très sobre, ne comporte aucun signe religieux et ne porte qu’un nom, celui de la famille, sans identification particulière des défunts. A nouveau, un effort de mémoire est nécessaire, cette fois-ci pour se souvenir du nom des défunts…

Dernière étape : le cimetière du Sud de la ville de Nancy. Immense cimetière. Le plus grand que je connaisse. On y circule en voiture, c’est dire. Le passage à la loge est quasi obligatoire lorsqu’on n’a pas en mémoire le numéro de l’allée. Un personnel nombreux et accueillant est d’ailleurs mobilisé le jour de la Toussaint pour renseigner les visiteurs, ce qui est très appréciable. C’est dans ce cimetière, que nous avons cherché nos parents décédés récemment. Et en particulier notre mamie, celle qui a fait don de son corps à « la science ». Nous étions confrontés tout à coup à un problème pratico-pratique auquel nous n’avions pas forcément pensé : où déposer notre pot de chrysanthème ? Sur la tombe familiale où sera gravé prochainement le nom de la défunte mais où elle ne repose pas ? Ou au « jardin du souvenir » (qui se trouve à l’opposé de la tombe familiale) où sont enfouies les cendres des corps incinérés des défunts qui, comme elle, ont fait don de leur corps ? La question peut paraître anecdotique, mais elle a suscité une discussion. Sans conviction, nous avons déposé le pot sur la tombe familiale avant de nous recueillir au jardin du souvenir où rien n’identifiait la présence de notre maman.

Je n’aime pas trop ces plaques (je parle de l’objet pas du geste) comportant un message, que l’on pose sur les tombes, mais je comprends que les familles déposent une plaque avec nom et photo du défunt dans ce jardin du souvenir. Les plaques sont d’ailleurs placées serrées les unes contre les autres sur une dalle (carrée elle aussi) à même le sol. L’ensemble était joliment fleuri à l’occasion de la Toussaint. C’était émouvant.

Encore une fois, notre maman nous aura dé-routés dans nos habitudes…

Amicalement, comme toujours.

Catherine

 

Mercredi 29 octobre 2014

Amis de Murmure, bonjour à tous

Allons voir un peu ce qui se passe à la périphérie, du côté du Maroc, à Rabbat précisément, où vient d’être inauguré Al Mowafaqa.

Al Mowafaqa (une idée folle selon l’un de ses fondateurs) est un nouvel institut théologique, créé conjointement l’année passée par l’Eglise catholique et l’Eglise évangélique du Maroc, deux communautés chrétiennes bien différentes mais confrontées au même besoin : celui de former des ministres en capacité d’accueillir les nouveaux membres de leurs églises respectives venus en nombre depuis l’Afrique subsaharienne pour travailler ou étudier au Maroc. Les élèves de l’institut, qui sont originaires de pays comme la Guinée ou le Congo, sont souvent déjà en charge de paroisses (marocaines) en tant que stagiaire et viennent se former à Rabbat une ou deux fois par mois pendant plusieurs jours.

Le nouvel institut dispense des cours de niveau universitaire et propose tout un parcours de formation en théologie systématique mais aussi pratique, sciences bibliques, histoire, langues anciennes et arabe.  Je ne connais pas le détail du programme mais j’ai bien compris, en visionnant la vidéo de présentation diffusée sur Youtubehttps://www.youtube.com/watch?v=-d20AcLM7OA (durée : 7 minutes, sympa à regarder), que la parole de Dieu était au centre des apprentissages (comme dans notre cycle local de formation ThéoFor) et que le défi était d’apprendre à vivre en bonne intelligence avec ceux qui sont issus d’une autre religion. Cet apprentissage débute auprès de ceux qui, tout en étant différents, sont de la même « famille » (chrétienne) pour s’étendre ensuite à ceux qui sont profondément différents car appartenant à une autre religion, l’islam en l’occurrence. D’où la programmation d'un cours en histoire du fait religieux en Afrique et d’un autre sur les sources de l’Islam (dans le contexte marocain). Un enseignement qui devrait encourager et faciliter un dialogue interreligieux (plus que nécessaire en cette période de tension) de terrain avec les musulmans.

L’équipe enseignante est francophone mais pour moitié d’origine africaine et pour moitié d’origine européenne. L’enseignement est donc non seulement pluriconfessionnel mais aussi pluriculturel. Une vraie richesse pour les apprenants.

J’ai trouvé le projet, d’un lieu de partage œcuménique en terre musulmane, particulièrement novateur et audacieux. On sent qu’il a du Souffle. Et c’est rassurant pour l’avenir de l’Eglise, de l’œcuménisme et surtout du dialogue interreligieux (entre chrétiens et musulmans) qui constitue, selon l’Archevêque de Rabat, Monseigneur Vincent Landel, « le nœud de l’existence du futur »...

C’est plutôt une bonne nouvelle, vous ne croyez pas ?

Belle fête de Toussaint à vous tous.

Amicalement comme toujours.

Catherine

 


 

Mercredi  22 octobre 2014

Amis de Murmure, bonjour à tous

Revenons un instant sur le synode de la famille qui s’est tenu à Rome. Notre Pape, dans son discours de clôture, a établi un lien entre les diverses attitudes des acteurs du synode et ce qu’il a appelé des tentations dont celles du Christ au désert.

En tant que chrétienne de base concernée par le sujet et simple observatrice, je me suis immédiatement reconnue dans la seconde, « La tentation d’un angélisme destructeur, qui au nom d’une miséricorde traîtresse met un pansement sur les blessures sans d’abord les soigner, qui traite les symptômes et non les causes et les racines. C’est la tentation des timorés, et aussi de ceux qu’on nomme les progressistes et les libéraux. » Dans la troisième aussi : « La tentation de transformer la pierre en pain pour rompre un long jeûne, pesant et douloureux (Lc 4, 1-4) et enfin dans la quatrième, la pire peut-être, celle « de descendre de la Croix, pour contenter les gens, de ne pas rester à accomplir la volonté du Père, de se plier à l’esprit mondain au lieu de le purifier et de le plier à l’Esprit de Dieu ». Trois tentations, c’est beaucoup et ça fait peur. Mais c’est fait pour, et en tout cas ça fait réfléchir…

Toutefois, c’est un autre passage de l’Evangile (que celui des tentations par le diable) qui m’est venu à l’esprit en écoutant (les échos) des débats du synode, celui qui se trouve au chapitre 14 de l’épître aux Romains, verset 17. Comme nous l’a expliqué l’historien Michael Langlois lors du culte de rentrée des étudiants, les chapitres 14 et 15 de la fameuse Epître évoque, je le cite,  des tensions parmi les communautés chrétiennes de Rome. Ces tensions sont liées à des désaccords d’ordre doctrinal ou liturgique : faut-il respecter les règles alimentaires du Pentateuque, ou peut-on manger de tout ?  Faut-il respecter les règles concernant le sabbat et d’autres jours sacrés, ou peut-on considérer tous les jours comme étant égaux ? On imagine aisément que ces désaccords puissent être exacerbés entre croyants juifs et non-juifs (…).  Comme quoi, les tensions dans l’Eglise ne datent pas d’aujourd’hui…Mais venons-en à la réponse de l’Apôtre Paul qui figure au verset 17 : le Règne de Dieu, ce n'est pas le manger et le boire, mais la justice, la paix et la joie, par l'Esprit saint. Autrement dit, élevons le débat, ce qui est important n’est pas ce qu’on a le droit de faire ou pas, ce qui est pur ou impur, mais ce qu’on fait pour la justice, la paix et la joie, PAR l’Esprit saint, donc pas tout seul avec nos prescriptions (et restrictions)… Si l’Apôtre Paul avait été au synode, il aurait dit quelque chose du genre : le Règne de Dieu, ce n’est pas les mariés et non mariés, les divorcés non remariés et les divorcés remariés, mais la justice, la paix et la joie, par l’Esprit saint. Dit autrement encore, revenons-en (vite si possible) aux principes essentiels de l’Evangile que nous sommes censés incarner et diffuser.

Bon, c’est ce que j’imagine, ces réflexions n’engagent que moi bien-sûr. Ceci dit, je crois qu’il est grand temps de montrer en quoi on est acteur de ces grands principes du Royaume de Dieu si on veut être crédibles auprès de nos contemporains.

Vous ne croyez pas ?

Et vous, quelle tentation vous guette, l’intégrisme, l’angélisme, le laisser aller, la compromission ou encore le byzantinisme (assez répandu chez certains Evêques qui communiquent dans les média françaises en ce moment à propos du synode) ?

Amicalement comme toujours.

Catherine

 




Mercredi 15 octobre 2014

Amis de Murmure, bonjour à tous

Heureuse de vous retrouver sur cette page après une courte interruption due à divers évènements familiaux qui m’ont éloignée temporairement de mes activités dont celle de vous écrire… Mais ça y est, c’est reparti.

Je voulais partager avec vous une découverte que j’ai faite récemment, à savoir que l’Eglise pouvait licencier ses salariés, y compris les membres du clergé. C’est ce qui est arrivé récemment à un ami prêtre qui vient de se faire remercier par son diocèse.

Ce prêtre de bientôt 50 ans, nombreux étaient ceux qui le voyaient un jour Evêque, ou au moins vicaire général. Seulement voilà, il était trop atypique, pas dans les clous, trop progressiste. Il innovait au plan pastoral et liturgique. Il pensait l’Eglise de demain, une Eglise au service des hommes et des femmes de la société actuelle (et pas de la « boutique »), une Eglise directement inspirée par la Parole, qui diffuse la Bonne nouvelle et pas des règles de conduite, et surtout qui accueille de manière inconditionnelle, sans jamais juger, celui ou celle qui se présente à sa porte. Il a formé dans cet esprit des cohortes de chrétiens et d’acteurs pastoraux qui ont ensuite mis en œuvre (quand ils étaient autorisés à le faire…) ces dispositions.

Puis il a voulu aller plus loin encore lorsqu’il a perçu les besoins de nos contemporains dans le domaine de l’accompagnement spirituel, un domaine d’intervention et des pratiques auxquels il s’est  formé chez nos voisins en Suisse. Seulement lorsqu’il a proposé de déployer ce ministère dans l’Eglise, les portes se sont refermées. Cette mission ne peut correspondre à un « temps plein » pour un prêtre.

A ces aspirations innovantes, s’ajoute un mode de vie hors norme pour un prêtre (mais parfaitement normal pour un homme) : celui de partager sa vie, au grand jour,  avec une compagne. Je sais, c’est rédhibitoire dans l’Eglise catholique. On ne peut pas être prêtre et vivre avec une femme. C’est bien dommage ! Il serait grand temps que l’Eglise catholique ouvre ce « dossier » de la vie affective des prêtres. Le célibat et la chasteté (toute une vie durant) ne conviennent qu’à  peu de personnes. On le sait et l’imposer systématiquement à des hommes est inhumain.

Ceci dit, admettons qu’en l’état actuel des choses mon ami ne puisse plus exercer son métier de prêtre, est-ce une raison suffisante pour être renvoyé de l’Eglise et perdre son emploi ? Parce que là, c’est la double peine : perte de son ministère et perte de l’emploi et donc de son revenu. Or, il me semble que l’Eglise emploie toutes sortes de laïcs pour toutes sortes de missions, dans les mouvements, dans l’enseignement ou au niveau diocésain. Aucune proposition de reconversion en interne (à ma connaissance) n’a été étudiée avec mon ami. Il faut souligner ici que les entreprises privées ou publiques (celles de la dimension de l’Eglise en nombre de salariés en tout cas) recherchent toujours des solutions de reconversion lorsqu’elles sont face à un problème d’incompatibilité entre l’emploi occupé et la situation d’un salarié et ce surtout lorsqu’il s’agit d’un « sénior ».

Aujourd’hui je me pose la question suivante : l’Eglise remplit-elle sa mission de bienfaitrice ? A-t-elle vraiment le souci du bien-être de ses membres, et pour commencer de ses membres qui lui sont le plus dévoués ?

Qu’en dites-vous ?

Amicalement comme toujours

Catherine


 

Mercredi 1er octobre 2014

Amis de Murmure, bonjour à tous

Luis a surgi dans mon bureau un vendredi soir à 17h. Il avait un smartphone à la main, un des tous premiers modèles, alors que ce type de téléphone était encore peu répandu. Dans un  français très approximatif,  il m’a expliqué qu’il voulait un diplôme, sans me préciser lequel (il y en a plus de 600 rien qu’à l’Education nationale…). J’ai entamé une discussion pour clarifier sa demande mais Luis s’est impatienté, consultait son portable sans arrêt, trouvait que je ne comprenais pas assez vite sa demande. Il a su me dire néanmoins et très explicitement : « j’ai DROIT à la VAE » (ce que je ne contestais nullement d’ailleurs…).

En tant que fonctionnaire face à un citoyen qui exerce un droit,  je n’avais pas à discuter mais à m’exécuter, je lui ai donc remis le dossier de demande de VAE. Point. Et Luis est parti.

La semaine suivante, même jour même heure, le voilà de retour dans mon bureau son livret sous le bras et son smartphone à la main. Il n’arrivait pas à compléter son dossier. Il a bien voulu s’assoir à mes côtés et prendre le temps de « remplir les cases » du document. C’est là que j’ai découvert à la fois ses difficultés à l’écrit et son parcours de vie peu ordinaire. Luis était né en France de parents portugais. Il  avait été scolarisé à l’école primaire en France  jusqu’à ce que ses parents décident de repartir au Portugal, où il a poursuivi sa scolarité jusqu’au collège, collège qu’il a quitté assez jeune pour entamer un apprentissage en électricité. Après son apprentissage, il a travaillé dans différentes entreprises au Portugal. En Espagne aussi. D’où sa pratique courante de 3 langues vivantes. Le français, le portugais et l’espagnol. Au moins me suis-je dis, ce candidat-là n’aura pas de souci avec les langues vivantes qui posent tant de problème aux autres candidats…

Les conditions de travail dans son pays ne le satisfaisant pas, il a recherché un emploi en France. Il s’est fait embaucher sur le chantier d’agrandissement d’un  CHU par l’intermédiaire d’une entreprise de travail temporaire françaises qui louait ses services à une entreprise du bâtiment espagnole qui travaillait en sous-traitance pour une entreprise française (vous me suivez ?). Le chantier en question a duré 2 ans. Luis est donc venu s’installer en France avec sa famille. Tout en sachant que cet emploi était temporaire.

Il a été un des derniers électriciens à quitter le chantier. Il a participé aux tous derniers travaux de contrôle des installations avant la livraison. A la fin, il encadrait une petite équipe d’ouvriers. Sa pratique de 3 langues vivante a été un atout. Il était l’intermédiaire entre l’encadrement français et les ouvriers espagnols ou portugais. Mais lorsqu’il a entrepris sa recherche d’emploi, il s’est heurté à l’absence de diplôme qui le pénalisait, en France tout du moins.

Son expérience étant  suffisante pour l’obtention d’un CAP (diplôme dont il a découvert et l’existence et le nom en faisant la démarche de VAE…), sa demande de VAE a été acceptée. Luis s’est donc vu remettre un second livret dans lequel il devait rédiger un rapport d’activités qui serait présenté au jury du diplôme. Luis est donc une fois de plus réapparu dans mon bureau un vendredi soir et m’a clairement demandé de l’aide pour la rédaction de son dossier. Nous nous comprenions alors de mieux en mieux.

Il est venu plusieurs vendredis soir de suite. Pendant  deux heures, nous travaillions ensemble : il lisait les questions du dossier, je les lui expliquais, il me décrivait oralement comment il travaillait sur le chantier de l’hôpital, je prenais des notes puis Luis recopiait ce que j’avais écrit. Au début, il écrivait en majuscule, puis il a retrouvé l’écriture cursive, en minuscules, à la fin il me disait « c’est bon, j’y arrive » et il a pu rédiger une fiche d’activité seul. Une victoire.

Son dossier a été transmis au jury. Restait à préparer l’entretien. Luis craignait de ne pas parvenir à se faire bien comprendre surtout pour les termes techniques. C’est là qu’il a eu une idée lumineuse. Il m’a dit tout à coup en montrant son smartphone : « je vais prendre des photos du chantier et du matériel avec lequel je travaille et je leur montrerai… ». C’est ce qu’il a fait. Il a pris des photos, les a imprimées et les a emportées au jury.

Quand je lui ai demandé quelles questions lui avaient été posées lors de l’entretien, Luis m’a expliqué que le jury ne lui avait posé aucune question, qu’il s’était présenté et que c’est lui qui leur avait tout expliqué à l’aide des photos. C’est le premier (et dernier) jury à ma connaissance qui n’ait posé aucune question à un candidat…

Luis a été admis au CAP Préparation et réalisation d’ouvrages électriques. Son premier diplôme à 40 ans.

Aujourd’hui, il travaille en Suisse en production industrielle. Le CAP ne lui a pas permis de gagner plus (ce qu’il regrette) mais les suisses ont tout de même photocopié son diplôme pour le mettre dans son dossier m’a-t-il expliqué…

Luis est revenu me voir, un vendredi soir toujours, avec son épouse. Sa préoccupation était alors que son épouse, ne parlant pas le français, avait des difficultés à trouver un travail en France. Alors je l’ai adressée à mon amie Brigitte qui donne des cours de français aux étrangers dans une association de quartier.

Aux dernières nouvelles le couple recherchait un logement en zone frontalière et un lycée pour leur fille aînée.

Quel étonnant parcours n’est-ce pas ?

Amicalement comme toujours.

Catherine

 

Mercredi 24 septembre 2014

Amis de Murmure, bonjour à tous

Les lecteurs de La Croix parmi vous ont peut-être lu, la semaine dernière  (le 15 sept), l’article que le journal a consacré à la VAE, la Validation des Acquis de l’Expérience.

La VAE est ce qu’on appelle la 4ème voie pour accéder à un diplôme, après la voie scolaire, l’apprentissage, et la formation continue. Elle permet à une personne engagée dans la vie active depuis au moins 3 ans, d’obtenir un diplôme professionnel grâce aux acquis de son expérience (professionnelle ou bénévole).  Un CAP de boulanger par exemple, un Bac Pro de logistique, un BTS de maintenance industrielle ou un DCG (diplôme de comptabilité générale de niveau Bac + 3) ou encore un diplôme d’ingénieur ou un doctorat !

La VAE, c’est aussi mon travail. Au quotidien, j’accompagne les candidats dans leur démarche de VAE. Obtenir un diplôme par cette voie n’est pas chose facile contrairement aux apparences. Car, pour être diplômé, un candidat doit apporter la preuve au jury (qui prend la décision) qu’il a les connaissances exigées par le référentiel du diplôme. Pour ce faire, il doit constituer un dossier comportant différentes attestations d’emploi et de formation et surtout un rapport d’activités. Lequel fait en moyenne 30 pages. Suite à quoi, le candidat sera auditionné par le jury pendant une durée d’environ 45 minutes.

Or, on peut être un excellent professionnel, mais n’avoir jamais rédigé un quelconque rapport d’activités, ni n’avoir jamais parlé de son travail à quiconque… Ni n’être jamais passé devant un jury de diplôme. C’est là que j’interviens, pour que les candidats ne soient pas seuls devant une telle démarche.  Ensemble, patiemment, on évoque le travail, les tâches du quotidien, les résultats, les difficultés rencontrées. On décortique le parcours professionnel et les emplois occupés pour trouver des activités qui soient en lien avec le diplôme et qui soient convaincantes pour un jury. On décrit les activités, oralement puis par écrit. On met en forme le document, qui sera manuscrit ou élaboré avec un traitement de texte. On améliore la production écrite, on l’illustre d’exemples et de documents. On soigne la mise en page et la présentation du dossier. Puis on prépare l’entretien avec le jury. On s’entraîne à ce moment crucial où les enjeux pour ces adultes sont parfois énormes, au plan personnel, professionnel et ou encore familial. Il arrive par exemple qu’un parent passe un diplôme en même temps qu’un de ses enfants. Ou qu’une entreprise engage ses salariés collectivement ce qui peut être un soutien mais aussi une source de stress pour un professionnel : que penseront ses collègues s’il échoue.... Pour d’autres, il s’agit d’avoir plus de chance de retrouver un emploi. La démarche n’est donc jamais anodine.

Grâce à ce travail, j’ai pu faire des rencontres formidables avec des candidats parfois étonnants. Il y a eu par exemple Evelyne, qui a 50 ans a obtenu un BTS Management des unités commerciales alors qu’elle n’avait au départ que le certificat d’études primaires et un CAP d’employée de bureau. Ou encore Luiz, un franco-portugais qui a obtenu à 40 ans son tout premier diplôme : un CAP d’électricien. Il parlait 3 langues couramment (le français, le portugais et l’espagnol) mais avait un peu de mal d’écrire un français lisible…Il y a eu Nathalie aussi, qui a obtenu un Bac pro Logistique après avoir été la première femme dans son entreprise qui ait conduit un fenwick (un chariot élévateur). Ou encore Martine qui occupait un emploi de bureau peu valorisant car elle était en CUI (un contrat unique d’insertion, c’est-à-dire un emploi « aidé », à mi-temps et à durée limitée) mais grâce auquel elle a pu obtenir un bac pro car elle a su tirer parti de son expérience.

Je vous parlerai de temps à autre de ses rencontres avec les candidats VAE. Des gens courageux et entreprenants.

A la semaine prochaine.

Amicalement comme toujours.

Catherine


 


 

 

Mercredi  17 septembre

Amis de Murmure, bonjour à tous

Contrairement à Léon, j’aime beaucoup les chats et en côtoie depuis mon enfance.  J’ai déjà évoqué, sur cette page,  mon vieux matou sidaïque. Avec lui, j’ai découvert que les chats pouvaient être atteints, comme les humains, non seulement de cette affreuse maladie qu’est le SIDA, mais également de maladies neurologiques dégénératives. Maladies qui les rendent « dépendants », comme nous pouvons le devenir également.

En raison du SIDA et de l’immunodéficience qu’il engendre,  mon chat a  en effet été atteint tout à coup d’une paralysie molle ( !) due à une atteinte neurologique, probablement du cervelet. En clair, il se paralysait de plus en plus, d’abord une patte, puis les deux pattes du même côté, puis trois pattes sur quatre. A la fin, il ne tenait plus debout et maigrissait. Lorsque j’ai constaté qu’il ne pouvait plus franchir le seuil de la porte sans rouler sur lui-même en se cognant la tête, j’ai pris la décision de l’emmener chez le véto pour l’euthanasier (une délivrance pour la pauvre bête visiblement à bout).

Je m’étais dit qu’après le « départ » de mon chat,  je ferais une pause sans animaux pendant une année. Seulement c’était sans compter sur un séjour en camping au bord de la mer, à l’île d’Oléron précisément. Séjour durant lequel nous avons vu apparaître deux petits chats sur notre terrain. Un duo improbable et attendrissant,  composé d’un chaton de race thaï (une sorte de siamois) aux yeux tout bleus, qui louche quand il vous fixe. Et un chaton, plus petit, de type européen, tigré brun, et borgne ( !). Deux sauvageons, qui n’avaient jamais été caressés visiblement, et qui étaient inséparables.

Ce qui devait arriver arriva. Les enfants ont joué avec les chatons,  les ont nourris et leur ont donné un nom. Les chatons ont apprécié et se sont installés auprès de nous. Seulement la date du départ approchait et s’est posée la question d’une éventuelle adoption.  J’ai été désignée d’office comme « famille d’accueil », ce qui ne m’enchantait guère, car les chatons n’étaient pas apprivoisés et un vieux chat malade m’attendait à la maison.

Jusqu’au dernier moment j’ai hésité à les emmener. Mais une voisine est passée et nous a prévenus que les chasseurs tuaient à l’automne les chats qui traînaient car ils les accusent de décimer les lapins ( ?). Puis au moment de partir, les chatons se sont couchés sur notre sac de voyage (avec un regard qu’on a perçu comme implorant). Bref, j’ai craqué et est bricolé une caisse de transport en plastique pour les attraper et les ramener en Franche-Comté. 

Pendant le trajet et les premiers jours à la maison, j’ai regretté ma décision d’adoption car les chatons étaient effarouchés et se cachaient partout. La cohabitation avec  le chat malade n’a pas posé de problème en soi car le vieux matou ne pouvait quasiment plus se mouvoir (sa seule présence néanmoins suffisait à calmer les deux petits chats).  Mais l’ambiance, avec une bête malade et deux autres incontrôlables, était un peu alourdie.

Un mois est passé. Le vieux chat est enterré dans le jardin. Les petits ont conquis la maison, le jardin et ses propriétaires.  Mon salon est transformé : mes banquettes sont recouvertes de housses, la terre des plantes vertes, de pierres, en guise de protection, et un grand morceau de bois sec trône dans l’entrée (pour les griffes). Les chatons, devenus TRÈS affectueux entre temps,  animent nos soirées avec leurs facéties.

Enfin, c’est la vie… qui resurgit plus vite qu’on ne l’imaginait et qui s’impose.

Vous avez des animaux chez vous ?

Amicalement comme toujours.

Catherine

PS : le siamois est un mâle et le tigré une femelle, promesse d’une descendance « abondante »…

 

 

Mercredi 10 septembre 2014

Amis de Murmure, bonjour à tous

Je rentre de Strasbourg où j’ai participé au week-end de rentrée des étudiants en EAD  (Enseignement à Distance) de la faculté de théologie (protestante).

Depuis le palais universitaire, j’ai découvert un autre monde : celui de l’ENT, l’environnement numérique de travail, avec ses classes virtuelles, ses didacticiels, ses forums. Et ses professeurs aussi, en chair et en os, bien vivants et surtout passionnés tant par leur discipline que par cette modalité d’enseignement particulière qui s’adresse à des adultes engagés, parfois depuis longtemps, dans la vie active ; des adultes qui ne peuvent étudier sur place et dont les motivations sont très diverses : se cultiver, étudier, devenir pasteur…

J’ai été agréablement surprise par le soin que les professeurs ont apporté à l’accueil des nouveaux étudiants. Non seulement tout était parfaitement organisé au plan administratif et pédagogique mais ils avaient inséré en plus, dans l’emploi du temps, de nombreux moments de convivialité pour qu’enseignants et nouveaux élèves se rencontrent. Des rencontres pour certaines étonnantes car le public en EAD est pour le moins divers, que ce soit au  niveau de l’origine (belge, allemande, africaine, roumaine…) des participants, ou des activités professionnelles exercées (médecine, ingénierie, enseignement, interprétariat, éducation…). Autre bonne surprise : la gratuité de tous les repas et  collations, à laquelle s’ajoute le remboursement des frais de déplacement par l’Université !  Formidable non ?

J’ai découvert qu’en théologie protestante, l’EAD devenait LA modalité d’enseignement principale, tout du moins en terme d’effectif puisqu’elle compte une centaine d’étudiants. Alors que les étudiants en présence se comptent sur les doigts de la main et que leur nombre diminue d’année en année, en raison, je pense, de la diminution des vocations pour le pastorat.

Je me suis rendue à ce WE pour « voir ».  J’ai apprécié l’état d’esprit, un « mix » entre formation initiale et formation continue, ainsi que l’approche pédagogique et la compétence des enseignants. A l’issue, je me suis inscrite à des unités d’enseignement en Sciences bibliques. Je n’ai pas de projet précis ni d’ambition en terme de diplôme (je suis déjà diplômée en sciences humaines) ;  j’ai simplement le souhait d’étudier une discipline qui a priori m’intéresse.

Le tout maintenant est donc de commencer….

Commencer, commencement est le premier mot de la Bible, je crois.

En tout cas, ce WE m’a fortement donné envie de me mettre en route.

Amicalement, comme toujours.

Catherine

Mercredi 3 septembre  2014

Amis de Murmure, bonjour à tous

Heureuse de vous retrouver sur cette page de Murmure, pour vous livrer, chaque semaine (en principe) quelques étonnements, ou en tout cas, quelque chose de vivant et de frais.  Un "message" ou encore une pensée, tirés de mon quotidien fait d'occupations familiales, professionnelles et ecclésiales, de mes rencontres aussi, ou encore de mes lectures.

A l’heure où je vous écris, ma fille rentre de son camp scout.  Elle fait partie d’un groupe de compas (ou compagnons). Les compas sont des « grands » scouts, ce sont ceux qui portent une chemise verte, et qui, comme me l’a précisé ma fille, « n’ont pas de chef ».

Mi-août, elle s’est rendue avec son groupe (3 gars + 3 filles) à la célèbre l’Abbaye de Solesmes, au bord de la Sarthe. Le groupe s’est complètement autogéré pendant toute la durée du camp (15 jours). Ils ont tout organisé : les préparatifs, le trajet en Trafic,  l’installation du camp selon les règles imposées par Jeunesse et Sport, le planning d’activités, les « services », l’intendance, la cuisine, etc. Ils ont pris aussi quelques libertés par rapport à l’organisation habituelle d’un camp scout : ils ont supprimé la corvée de lessive et ajouter quelques grasses matinées.

En découvrant l’Abbaye, ma fille a été impressionnée par le caractère imposant de l’édifice religieux,  et par la hauteur de ses murs aussi, dont elle a été chargée, avec son groupe, de retirer la mousse. Elle découvrait par la même occasion l’existence des cloîtres. Mais plus que la présence et la hauteur des murs, c’est l’attitude qu’elle a qualifiée de « sexiste » (certains diraient « discriminatoire ») des moines qui l’a surprise et dont elle m’a beaucoup parlé. Elle découvrait la vie monastique certes, mais surtout un lieu dont l’accès est interdit aux femmes. J’ai bien tenté d’apporter quelques explications (pas des justifications…), aucun argument n’a trouvé grâce à ses yeux. Elle ne digère pas le fait que les gars scouts aient pu dîner à la table des moines, et que les filles, elles, n’aient pas été invitées (elles se sont fait un resto en ville à la place) alors qu’elles avaient fait le même travail (ingrat) de grattage des murs. Sans parler du lavage des vitraux (sans dégraissant, uniquement à l’eau…) qui leur avait été confié parce-que-c’est-une-activité-de-fille. Là, elle n’a absolument rien compris à l’affaire car à la maison, elle voit son père nettoyer les vitres.

« Enervée » par le comportement des moines, elle s’est autorisée à transgresser un interdit : celui de monter à l’échelle qui, elle aussi, était réservée aux garçons. Du haut de l’échelle, elle a expliqué aux moines que un, elle était sapeur-pompier et que deux, elle avait eu 20 au bac en escalade, donc qu’elle ne voyait pas au nom de quel principe elle ne montrait pas en haut d’une échelle. Je pense que ce jour-là, les moines de Solesmes ont fait deux grandes découvertes : qu’il y avait des filles chez les pompiers et que l’escalade pouvait être une épreuve du baccalauréat… Pour adoucir les choses,  un moine qui a assisté à la scène lui a offert des prunes et lui a fait la causette (depuis le cloître) mais pendant le même temps d’autres se plaignaient aux garçons scouts que les filles étaient à califourchon sur le mur du jardin et qu’une de leur jambe pendait du côté du cloître. Je pense qu’elles étaient en short…J’ai mieux compris tout à coup pourquoi les moines les avaient fait camper sur une l’île au milieu de la Sarthe et pas dans un des jardins de l’Abbaye.

Elle n’a rien compris non plus à la messe en latin, qui-dure-deux-heures, et au cours de laquelle elle a fait un malaise. Elle m’a demandé « si on était obligé de se mettre à genoux » au moment de la communion. J’ai dit « non », même si toute l’assistance le faisait…

Quand tout à coup elle a employé le mot « secte » pour désigner l’Abbaye, là je ne l’ai pas laissé dire même si je comprenais son malaise. Je lui ai parlé du rayonnement dans le monde de ce lieu, de la tradition du chant grégorien tout en doutant intérieurement que ce lieu soit vraiment adapté à l’accueil d’un groupe de jeunes compas, mixte de surcroît…

Qu’en dites-vous ?

Amicalement comme toujours.

Catherine

 

 

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