LETTRE A MIREILLE

janvier 2017


Lundi 30 janvier 2017

Mireille,

Fin de la vague de froid ? Sans doute. Hier matin, mon thermomètre indiquait + 2.9 degrés, et il en est de même aujourd'hui. Ouf ! C'est l'heure des bilans. Record de consommation d'électricité battu il y a quelques jours, hopitaux (à cause de la grippe) et centres de soins débordés, recrudescence du nombre de décès. C'est l'information brutale. Pourtant, Dieu sait si les bénévoles et les professionnels de l'aide aux sans domicile fixe, aux paumés et aux solitaires, à tous ceux qui dorment dans la rue, à tous les "largués" de nos sociétés d'abondance se sont dévoués ; Croix Rouge, Samu social, Secours Catholique, Emmaüs, Secours Populaire, Armée du Salut, et combien d'autres, ont fait tout ce qu'ils pouvaient. Et même les autorités, qui ont recommandé d'héberger de force les récalcitrants, ce qui a suscité, comme toujours en France, une belle polémique entre les "pour" et les "contre".

J'ai cependant déniché une bonne nouvelle, au milieu des informations. Elle nous vient de Rome. "Dove ?" (traduisez, en français : "Où ?"), c'est une brochure tirée à 23 000 exemplaires, distribuée gratuitement aux sans abri de la capitale italienne, qui est comme le "Guide Michelin" des paumés, disent les médias : une mine de renseignements pour savoir où dormir, où trouver à manger, comment accéder aux services sociaux, où se faire soigner, etc. Un guide astucieux édité par la communauté de Sant' Egidio.

Sant' Egidio, vous connaissez ? Si vous ne connaissez pas, cherchez sur Internet et vous serez édifiée. Naissance dans les banlieues déshéritées de Rome, il y a une cinquantaine d'années. Actuellement 40 000 membres en 400 communautés de base, répandues en 30 pays. L'Evangile vécu concrètement au quotidien, pour les "pauvres", par les pauvres, avec les pauvres. Pas seulement la "charité" (mais tout de même 2 000 repas servis chaque jour, en toute saison) ; surtout la possibilité pour tous les "marginalisés" de suivre des cours, d'emprunter des bouquins, de jouir d'une aide administrative, d'exister en tant que personnes humaines.

San' Egidio contre la guerre, car "la guerre est la mère de toutes les pauvretés". Avec une discrétion totale, sans rien presser, ils ont cherché à favoriser la réconciliation entre les forces opposées, jadis en Algérie, au Guatemala, au Mozambique, au Burundi, aux Balkans. Avec des réussites spectaculaires. Aujourd'hui ? C'est tellement discret qu'on n'en sait rien. On ne sait qu'une chose, c'est qu'ils agissent, un peu partout en Afrique comme au Moyen Orient.

Le fondateur a pensé que l'Evangile était le message le plus révolutionnaire qui puisse exister. C'était en mai 68. Il y a cru. Lui et les membres des fraternités le vivent.

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Jeudi 26 janvier 2017

Mireille,

L'Education Nationale était en émoi ! C'était il y a quelques années. On venait de découvrir que les enfants s'ennuient à l'école. Alors, toutes affaires cessantes, on organisa un colloque, on consulta les neurobiologistes, qui déclarèrent péremptoirement que "l'ennui est perçu comme une douleur par le cerveau, qui met alors en place des stratégies d'évitement pour compenser".

Je ne savais pas avoir tant souffert, dans mon enfance, mon adolescence et ma jeunesse. Car je me suis ennuyé à l'école. Et vous ? L'école n'a jamais été une partie de plaisir, que je sache ! Dans l'affaire il y a la matière enseignée, l'enseignant et l'élève. L'élève peut être plus ou moins réceptif, l'enseignant plus ou moins pédagogue, la matière enseignée plus ou moins rébarbative. Mais dans tous les cas, ce n'est pas la joie ! "De mon temps", on s'ennuyait poliment ; puis on a organisé des chahuts plus ou moins dissimulés, plus ou moins sournois. Je me souviens qu'en 6e, au bout d'un trimestre, notre vieux prof' d'allemand a démissionné, vaincu par nos tempéraments trop indisciplinés. Mais de là à sortir les couteaux, comme l'a fait récemment une jeune lycéenne.. !

L'ennui poli, je l'ai pratiqué. C'est facile. Tu fais semblant d'écouter attentivement, et tu t'évades dans le rêve. Jacques Prévert l'a chanté :

"et les murs de la classe s'écroulent tranquillement

"et les vitres redeviennent sable, l'encre redevient eau

"les pupitres redeviennent arbres, la craie redevient falaise

"le porte-plume redevient oiseau."

Mais ce n'est pas une solution. Même si un jour, le ministre de l'Education Nationale de l'époque déclara que "de mon temps, nous étions 80% à nous ennuyer comme des rats morts" il faut reconnaître que "la culture scolaire n'est pas faite pour être divertissante". Réforme des programmes, meilleure formation pédagogique des maîtres, tout cela est certes indispensable ; mais tout cela ne servira à rien, si l'on n'inculque pas aux enfants et aux jeunes, déjà en famille et dès leur plus tendre enfance, le sens de l'effort et de l'application au travail, pour qu'ils ne soient plus, comme souvent aujourd'hui, d'éternels zappeurs.

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Lundi 23 janvier 2017

Mireille,

Je relisais, ces derniers jours, un livre de Gilles Cantagrel intitulé "Le moulin et la rivière", qui est une étude très bien documentée sur Jean-Sébastien Bach. Et une fois de plus, j'étais choqué par la manière dont ses divers employeurs le traitaient, que ce soient des ducs, des petits princes ou les bourgeois qui régissaient la municipalité de Leipzig. Pour beaucoup, le grand Jean-Sébastien était un domestique, presque un larbin, payé avec parcimonie, dont les contrats de travail étaient rédigés minutieusement, et qui devait subir les remontrances de ses patrons s'il ne les observait pas scrupuleusement. Il en fut de même pour Mozart, qui fut traité - avec quel mépris et quelle désinvolture ! - pendant tant d'années, par son patron, l'archevêque de Salzbourg. Et quel métier que le leur ! On admire l'abondance de leur production, mais on oublie l'immense travail qu'ils durent fournir. Travail... et pauvreté. Bach aura jusqu'à la fin de sa vie du mal à "joindre les deux bouts" pour élever sa nombreuse famille, et Mozart meurt dans la plus noire misère.

Il n'y avait pas de "droits d'auteurs" à l'époque. Aujourd'hui, alors que la Sacem fait payer non seulement la télévision ou la radio pour chaque morceau diffusé, mais met également à contribution le patro qui organise une kermesse, le coiffeur, si par malheur il fait fonctionner sa radio dans son salon, l'équipe de foot qui organise un loto, être musicien, acteur ou chanteur peut rapporter gros. Je ne citerai pas de noms ; sachez simplement que Monsieur X gagne plus de 20 millions d'euros par an, ce qui est faible par rapport à tel autre (35 millions), mais convenable par rapport à l'un des plus célèbres, qui ne touche qu'un peu plus de 24 millions d'euros.

Que les auteurs-compositeurs-interprêtes soient protégés et à l'abri du besoin, rien que de très normal. Qu'ils soient considérés comme des "vedettes", c'est dans l'air du temps. Qu'ils soient immensément riches, tant mieux pour eux ! Pour moi cependant, Jean-Sébastien et Wolfgang-Amadeus, dans leur constante pauvreté, demeureront toujours en première place parmi ceux qui ont le plus enrichi l'humanité.

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Jeudi 19 janvier 2017

Mireille,

Quand j'ouvre un journal le matin, instinctivement, je suis attiré par les bonnes nouvelles. Vous allez me dire qu'elles sont rares. Effectivement. Ce matin, par exemple, je n'en voyais aucune. Préparatifs de guerre : je saute. Terrorisme : je saute. Fermetures d'entreprises : je saute. Crise du Moyen-Orient, tous coupables : je saute. J'allais refermer le journal quand un titre attire mon attention : enquête sur ces enfants étrangers qui arrivent seuls en France. Je consulte.

Effectivement ils sont nombreux, ces enfants de tous pays qui arrivent seuls dans les aéroports ou les gares françaises. Et l'article, après m'avoir expliqué que "la France les accueille à reculons", critique sévèrement la désorganisation des services publics et l'inadaptation des dispositifs d'aide à l'enfance. Vraiment, nous sommes "nuls", aux dires de l'article. Encore une mauvaise nouvelle !

Et voilà qu'un autre titre - celui ci dans mon hebdomadaire - me tombe sous les yeux : "Ces étrangers, élèves modèles". Enfin, une bonne nouvelle pour ma journée. Je lis. On nous raconte ces enfants fraîchement arrivés dans notre pays, ravis d'aller à l'école, qui apprennent le français en quelques mois. Telle cette petite algérienne arrivée il y a vingt ans, à l'âge de 11 ans, sans jamais avoir été à l'école, et qui enseigne maintenant le français à d'autres enfants nouvellement arrivés. On les appelle les "primo-arrivants". Pour eux existe un dispositif d'intégration progressive dans le système scolaire classique. Ils sont nombreux. Et même si on commence à manquer de moyens, le jeu en vaut la chandelle. On nous parle, dans cet article, d'Alexandro, un petit colombien, qui est arrivé en septembre et récite pour Noël, avec chaleur, un poème de François Coppée. L'article en question fait enfin cette remarque : "Ils n'ont rien à voir avec la seconde génération issue de l'immigration, celle qui a tant de mal à s'intégrer. Pour eux, l'école est une chance."

Toujours l'histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein ! En tout cas, pour moi, ce matin, il y a au moins une bonne nouvelle !

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Lundi 16 janvier 2017

Mireille,

Clément d'Alexandrie vivait une bonne centaine d'années après la mort et la résurrection de Jésus. C'est l'un des plus anciens Pères de l'Eglise. Il avait une extraordinaire culture, aussi bien philosophique que poétique. J'aurais voulu le connaître et le fréquenter, car il manifeste souvent, dans ses écrits, un sens de l'universel, un esprit de tolérance qui devaient être rares à l'époque (comme aujourd'hui encore, d'ailleurs). A un tel point qu'il ne fut pas toujours compris, accepté ni respecté de son temps. Pensez donc : il osait mettre sur le même pied la poésie d'Orphée et celle de David ! Ce matin, je trouve un texte de lui qui m'en dit long sur l'Incarnation. Plus que bien des traités théologiques. Je vous en cite quelques lignes :

"Ce descendant de David, qui existait avant David, le Verbe de Dieu, méprisant la lyre et la cithare, instruments sans âme, régla par l'Esprit Saint tout l'univers et tout particulièrement cet agrégé du monde qu'est l'homme... Il joue de cet instrument aux mille voix, et il chante lui-même en accord avec cet instrument humain. 'Car tu es pour moi une cithare, une flûte et un temple'"

Et de nous expliquer ensuite comment le Christ joue de cet instrument qu'est l'homme, lui qui s'est fait homme, avant de nous déclarer que chacun de nous est cet instrument entre les mains de Dieu, qu'il s'agit d'être bien accordé, pour que notre vie chante en résonance avec "le chant nouveau" qu'est l'existence humaine du Verbe de Dieu.

J'aime ce lyrisme, qui peut vous paraître un peu désuet, sans doute, mais qui m'invite à faire de toute ma vie un chant sans cesse renouvelé, comme une louange, comme un merci, comme une adoration.

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Jeudi 12 janvier 2017

Mireille,

"On aura tout vu", répétait souvent ma grand-mère lorsqu'elle apprenait quelque chose de surprenant. Eh bien non : elle n'avait rien vu ! "Elle est née, la divine enfant", la nouvelle Eve, nous annonça jadis - au temps de Noël si je me rappelle bien -  une revue  scientifique. Née sans amour, sans même qu'il y ait besoin d'un père. A la fois fille et soeur de sa mère. Désormais je vais faire attention. Imaginez qu'à mon insu, on me prenne une seule cellule de mon individu, peut-être quelques cheveux, et que je me retrouve un jour avec un... un quoi ? Fils ? Frère ? Semblable, clone, certainement. Paillot bis ! Et moi qui me croyais unique ! Heureusement et jusqu'à ce jour, la "bonne nouvelle" n'a jamais été confirmée et reste de l'ordre du canular.

Je ricane. Et je ne devrais pas. Personnellement, je suis allergique à la science-fiction, aussi bien films que romans ou BD. Manque total d'intérêt pour ce genre de création. Quand, au début de notre siècle,  le fondateur de la secte des Raéliens racontait qu'il a rencontré des extra-terrestres, qu'il a fait un voyage en soucoupe volante, que la "révélation" lui a été faite par ces étranges petits bonhommes, le fait que 55 000 personnes se soient alors convertis à cette révélation me donne une bonne idée de la profondeur incommensurable de la bêtise et de la crédulité humaine. Quant au fait de pouvoir cloner des êtres vivants, c'est une tout autre chose : la brebis Dolly en fut le premier exemple, mais aujourd'hui à l'INRA, on a quantité d'animaux clonés qui se portent bien. Donc, qu'on puisse techniquement cloner un être humain, c'est vrai. Mais nous voici "dans l'univers de Prométhée, de Faust, de Frankenstein". Ce qui nous donne alors une bonne idée du grand bond en arrière que peut réaliser l'homme : voilà un milliard d'années, l'évolution avait inventé la sexualité ; désormais on a la possibilité de réduire notre espèce au niveau des éponges et des méduses.

Dieu merci, les hommes et les femmes continueront de s'aimer et de donner la vie par amour, sans éprouvettes. Si une telle annonce "peut rapporter gros", dans notre monde où l'on est prêt à tout pour "gagner des millions", elle ne fait pas honneur à l'humanité.

Mais me voilà pleinement rassuré : sous mes fenêtres, je viens de voir passer un garçon et une fille tendrement enlacés. Sans doute à cause du froid qui règne ce matin !


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Lundi 9 janvier 2017

Mireille,

Récemment, à la radio, on commémorait l'anniversaire de la mort de Rudolf Noureev, le célèbre danseur. Et l'un des anciens du Ballet de l'Opéra, parlant de son maître, disait : "Il répétait sans cesse aux danseurs ce conseil : ne mentez jamais".

J'ai aimé entendre ce conseil à propos d'un art qui - du moins je le croyais - est artifice. Je sais combien il demande de travail. Il y a quelques années encore éclatait une querelle à propos de traitements "inhumains" qui sont, parait-il, le lot quotidien des enfants qu'on nomme les "petits rats de l'Opéra" : on leur apprend un dur métier qui les oblige souvent à vaincre leur propre souffrance. C'est Noureev qui disait, un jour, que "la danse se perpétue par l'immolation". Mais enfin, je croyais naïvement que la danse est l'art du "paraître", donc du spectaculaire, de l'éphémère et de la frivolité.

"Ne mentez pas" : voilà qui vient me détromper fort à propos. Car si le danseur, comme l'acteur, doit particulièrement être vrai, le temps d'une représentation, à plus forte raison tout artiste, tout artisan, tout écrivain, bref tous ceux qui veulent réaliser une "oeuvre" durable - même si ce n'est pas un chef d'oeuvre - se doivent d'être vrais. Le peintre comme le musicien, l'architecte comme l'ébéniste. Le Corbusier, présentant la chapelle de Ronchamp à l'archevêque de Besançon le jour de l'inauguration, parlait d'un "béton loyal".

"Ne mentez pas". Le conseil ne s'adresse pas seulement aux artistes. Les hommes politiques, les parents, les enseignants, le clergé, tout le monde est concerné. On vit dans le monde du "paraître". Et moi-même, parfois, je me dis que plutôt que de chercher à plaire, je ferais mieux de chercher à être vrai, quitte à déplaire. Ainsi sommes-nous faits, tous, je crois, plus ou moins. Or "celui qui fait la vérité vient à la lumière", dit l'Evangile.

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Jeudi 5 janvier 2017

Mireille,

"C'est mon opinion, et vous ne m'en ferez pas démordre !" Il avait la tête dure, cet homme rencontré il y a quelques semaines, et avec qui j'avais entamé une longue discussion, sur tout et sur rien. Très vite, je m'étais aperçu que, sur tout (et sur rien), il avait des idées bien arrêtées. Et, mon esprit de contradiction se réveillant, je prenais un malin plaisir à lui opposer des "peut-être", des "oui, mais", des "ce n'est pas certain". Ce qui ne faisait que l'endurcir dans ses opinions bien tranchées. Au bout d'un certain temps, j'ai renoncé. Il n'y a pas de discussion possible, si l'un des interlocuteurs se mure dans ses idées et ne veut rien remettre en question.

J'utiliserais volontiers le terme de "sectaire", pour désigner de telles personnes, si le mot n'avait pas un sens très péjoratif. Il désigne certes tous ceux qui ne veulent jamais changer d'opinion. On peut également les appeler des "intégristes". Mais le mot a une connotation trop religieuse. Donc, je ne sais comment les qualifier. Mais je sais qu'ils sont installés, une fois pour toutes, dans leurs idées, dans leur conception de la vie, des personnes, du monde, et que rien ne les en fera changer.

En opposition à ces gens figés, il y a ceux qui sont en quête, en recherche. Pour lesquels "rien n'est jamais acquis" définitivement, car "la vie est dans le mouvement" et le monde en perpétuelle évolution. Assurés d'une seule chose, c'est qu'ils ne sont assurés de rien. Et donc capables de remettre sans cesse en question leurs propres idées, leurs propres certitudes. Pour corriger. Pour vérifier. Pour approfondir.

Et si je fais ce matin cette opposition, un peu trop tranchée, en réalité, entre ceux qui sont installés et ceux qui sont en marche, c'est en pensant à une carte de voeux que j'avais reçue d'un ami belge il y a plusieurs années. "Regardez bien cette caricature, me disait-il. Elle nous invite à célébrer un Noël authentique. Pas moyen de célébrer Noël en vérité sans penser au pays de Jésus et à toutes les saloperies que la bêtise humaine inflige toujours aux populations. A commencer par ce mur. Mais il n'y a pas que là-bas : les murs de la haine sont dans les cœurs et dans les familles partout où il y a l'homme. Et le petit de Bethléem vient éradiquer les haines, pour que les hommes, au lieu de construire des murs, construisent des ponts."

Sur ces nobles paroles, je vous quitte en vous souhaitant une bonne fin de semaine.

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2 janvier 2017

Mireille,

Deuxième jour de l'année nouvelle ! Il n'est pas trop tard pour vous souhaiter une Bonne Année ! J'ai envie, pour exprimer ce matin les voeux que je formule pour vous, de reprendre l'ancien souhait : "Bonne année, bonne santé, et le Paradis à la fin de vos jours."

Pour une part, cette année qui commence dépend de ce que nous en ferons. Mais pour une autre part, cela ne dépend pas de nous. "C'est le Destin", disaient les anciens philosophes stoïciens grecs, qui établissaient toute leur philosophie sur cette distinction entre ce qui est dépendant de nous et ce qui est indépendant de notre volonté.

Ce que nous en ferons, de ces trois-cent-soixante cinq jours ? Cela dépend de chacun. Je souhaite simplement que nous puissions bien remplir chacune de nos journées de paix, d'amour, d'attention aux autres et de joie. Le Paradis ? Oui, mais n'attendons pas la fin de nos jours. Le Paradis aujourd'hui et demain, voilà ce que je vous souhaite. Comme le chantait le Père Duval : "Ton ciel se fera sur terre avec tes bras". Chaque jour peut être le Paradis. Quant à ce qui est indépendant de nous... ! Je ne crois pas au "Destin" comme à une puissance maléfique ou bénéfique. Je ne crois pas non plus à la Fatalité. Je ne chanterai jamais "C'est écrit dans le ciel !" Il y a ainsi, dans chacune de nos vies, des interrogations auxquelles je n'ai pas de réponse.

Par contre, je crois à la Providence ; à l'amour du Père pour qui "pas un moineau ne tombe sans sa permission ", dit Jésus, sous forme de paradoxe. Et il ajoute : "N'ayez donc pas peur. Vous valez plus que tous les moineaux". Je vous souhaite de vivre cette confiance en l'amour du Père. Et donc d'avoir le courage de tenir debout même dans l'adversité. Dieu veille, il a souci de ses enfants.

Bien ! Sur ces pieuses considérations, je m'arrête. Je vais maintenant célébrer l'Eucharistie. Vous serez présents à ma prière, vous et tous mes amis de par le vaste monde. "Que le Seigneur vous bénisse et vous garde ; qu'il fasse briller sur vous son visage, qu'il se penche vers vous et qu'il vous apporte la paix." (Livre des Nombres 6, 22-27)


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