THÉOLOGIE "POUR LES NULS"

 

Cette année 2008 : Chrétien ?


ADRESSE

Si j'ai choisi de vous entretenir cette année du christianisme, c'est que la question se pose, de façon de plus en plus aigué. Qu'est-ce qu'être chrétien ? Pourquoi être chrétien ?

Ces douze séquences que je projette de vous livrer cette année s'adressent donc à celles et ceux qui se posent la question. Ils sont de plus en plus nombreux, je crois, et c'est tant mieux. Pas seulement celles et ceux qui se disent croyants, mais aussi celles et ceux qui refusent les idées toutes faites, qui se demandent si leur vie a un sens ; ceux qui ne se contenteront jamais d'en rester à la foi de leur enfance, celles et ceux qui ne se contenteront jamais de formules stéréotypées..

Ceux-là - vous, sans doute - ne veulent pas d'une religion au rabais. Ils cherchent ce qu'est vraiment être chrétien. Pas seulement une théorie, mais un agir, un comportement. Au milieu du bouleversement de notre époque, nous chercherons ensemble ce qu'il y a de permanent dans la doctrine de l'Eglise, dans sa morale et dans sa discipline.

Nous chercherons  ce qui nous différencie des autres grandes religions et des humanismes modernes, mais aussi ce que nous avons en commun, chrétiens appartenant à des Eglises chrétiennes séparées. Donc il s'agit de dégager ce qu'il y a d'essentiel et de particulier dans le programme de la pratique chrétienne. C'est, dépoussiéré, le même vieil Evangile, toujours nouveau. J'espère que cette recherche nous aidera à découvrir quelle est notre chance exceptionnelle d'être chrétien.
 

Rappel :

1e séquence : Etat des lieux (retour à l'homme) - Janvier 2008
2e séquence : La crise des humanismes - Février 2008
(aux archives)

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3e séquence : L'autre dimension

1 - L'accès à Dieu.

Un grand nombre de nos contemporains n'accepte plus aujourd'hui cet univers "unidimensionnel" décrit par Marcuse, un univers dans lequel il n'y a aucune véritable alternative à la condition humaine, dans laquelle l'être humain reste celui qui ne sait pas maîtriser son univers. Il y a trop de choses qui le dépassent. Dans la mesure où il conquiert tout l'univers, il risque de perdre son âme dans la routine, l'activisme, les bavardages, dans l'absence d'une direction et d'un sens. Manifestement, pour sauver l'humain dans l'homme, il faudrait un acte d'authentique transcendance, un véritable dépassement qualitatif des manières de penser et d'agir de la société actuelle, en direction d'une alternative réelle. Mais voilà : cet acte de transcendance n'est nulle part en vue, il faut le reconnaître. Toutes les utopies destinées à créer l'émancipation de l'homme ont abouti à instaurer la domination totalitaire de l'homme sur l'homme. Dans tous les cas, l'homme - l'individu aussi bien que les groupes - est toujours contraint de se méfier, de craindre les autres et soi-même, de haïr et donc finalement, de souffrir. En somme, tout le contraire d'une société meilleure. Aussi sommes-nous en droit, devant ces échecs, de nous demander s'il n'y a pas une voie nouvelle, dans un authentique acte de transcendance.

Les néo-marxistes eux-mêmes en viennent à se poser des questions élémentaires : qu'en est-il de la faute individuelle, du destin personnel, de la souffrance et de la mort, de la justice et de l'amour de l'individu. Le potentiel de sens qu'offre la religion se trouve par là remis en valeur. De même, nombre de spécialistes des sciences naturelles et humaines voient mieux aujourd'hui l'insuffisance du caractère matérialiste et positiviste que ces disciplines assignent à leur représentation du monde et à leur interprétation de la réalité. Ils commencent à relativiser le caractère prétendument absolu de leur méthodologie. Une activité scientifique et technique responsable implique la question d'une éthique, et l'éthique celle du sens, de l'échelle des valeurs, des modèles de conduite, de la religion. Enfin la psychanalyse a elle aussi redécouvert la valeur positive de la religion pour la connaissance de l'homme par lui-même, pour sa santé. A tel point que les plus grands penseurs de ces dernières décennies déclarent que la principale requête  de notre temps est de retrouver une nouvelle conscience de la transcendance. Pour briser le carcan technologique, il faut retrouver un nouveau style de vie, et donc développer de nouvelles potentialités, une indépendance neuve et la responsabilité personnelle, la sensibilité, le sentiment esthétique, la capacité d'aimer.

L'avenir de la religion.

A la fin du XIXe siècle, on avait attendu, espéré, proclamé la fin de la religion. Il n'en a rien été. On avait proclamé la mort de Dieu, on en est loin, un siècle plus tard. Bien des athées eux-mêmes sont aujourd'hui sceptiques en ce qui concerne la fin de la religion. Même si la science a essayé de discréditer certains dogmes, elle n'a pas remplacé la religion. "Comment parvenir à une paix durable (entre science et religion) ? Une révolution religieuse, dont j'ai la certitude, est la condition sine qua non d'une paix véritable et solide. Par  religion... j'entends la victoire des individus comme des communautés sur l'égocentrisme, par la communion avec la réalité spirituelle sous-jacente à l'univers et par l'harmonie de notre volonté avec elle. C'est la seule clé ouvrant la porte de la paix... et tant que nous ne l'aurons pas saisie, la survie du genre humain restera dans une large mesure incertaine." (Toynbee).

En réalité, même l'acharnement des plus radicaux parmi les athées, par exemple Feuerbach et Nietzsche, démontre que le prétendu moribond est loin d'être mort. Quant à Marx, qui prédisait le "dépérissement" de la religion après la révolution, les faits lui ont apporté un sévère démenti. Soixante-dix ans après la révolution d'octobre, après d'indescriptibles persécutions et vexations dirigées contre les Eglises et les individus, le régime soviétique s'est effondré, mais la religion a survécu à un tel point qu'on estime que plus de la moitié de la population de la Russie est chrétienne et que la proportion des pratiquants dépasse largement celle des pays occidentaux. Mais en Occident aussi, beaucoup de pronostics se sont révélés erronés. Et le "processus de sécularisation" qui, certes, est réel, semble avoir été bien surestimé.

En effet, pour les futurologues eux-mêmes, les évaluations se sont révélées plus difficiles à faire qu'on ne l'imaginait. On ne peut étudier que la partie émergée de l'iceberg "religion". Il ne faudrait pas confondre, par exemple, sécularisation et abandon de structures ecclésiastiques. De même, ne pas confondre sécularisation et rationalisme réducteur de tout mystère. Finalement trois pronostics sont possibles quand on envisage l'avenir de la religion :
* La sécularisation pourrait être remise en cause, soit par une restauration religieuse, soit par une révolution religieuse. Comme il n'y a pas d'avenir sans surprise, on ne peut pas exclure a priori une telle évolution, même si elle semble actuellement peu vraisemblable.
* La sécularisation continue sur sa lancée. Les Eglises deviennent de plus en plus des minorités culturelles. Ce pronostic est plus vraisemblable que le précédent, mais il soulève de solides objections. Nous y reviendrons.
* La sécularisation se poursuit, mais sous une autre forme. Elle décompose le phénomène religieux en des formes sociales toujours nouvelles et jusqu'alors inconnues, ecclésiales ou non.

Les véritables sociologues des religions s'accordent à dire que la religion, comme l'art, existera toujours. Quant à leurs études, ils s'accordent à reconnaître leurs limites : elles restent axées sur le visible, le constatable, en priorité les statistiques relatives à la pratique religieuse. Sans doute, l'ampleur du contrôle exercé par la religion a diminué. Dans des domaines tels que la science, l'éducation, la politique, le droit, la médecine, l'assistance sociale, la religion a de moins en moins d'influence directe. Mais peut-on en conclure que l'influence de la religion sur la vie individuelle et sociale a globalement diminué ? Il se peut qu'elle ait gagné en rayonnement moral indirect et interne ce qu'elle a perdu en contrôle et tutelle extérieurs. Il suffit, par exemple, de constater l'influence remarquable des Eglises  sur les mouvements en faveur de la paix, des droits civiques, de l'aide au tiers-monde, contre l'apartheid ou dans la lutte pour l'indépendance nationale en Afrique et en Amérique du Sud.

Aussi les sociologues, plutôt que de parler de déclin de la religion, parlent d'un changement de fonction, d'une différenciation évolutive entre les différentes institutions. Comme la famille, la religion a été libérée des fonctions de second rang (économique ou éducative par exemple) et pourrait se concentrer sur sa véritable tâche. Dans cette mesure, la sécularisation constituerait une véritable chance. Elle permettrait aux Eglises de se recentrer sur l'essentiel de leur mission historique : poser de nouveau les questions sur l'origine et la destinée de l'homme, l'interprétation de l'univers et de l'histoire. Toutes questions auxquelles les sciences profanes se sont révélées incapables d'apporter des réponses valables. La science ne peut pas jouer le rôle d'ersatz de la religion.

Mais cette situation ne suffit pas à justifier la foi en Dieu. La question de Dieu reste ouverte.

Y a-t-il des preuves de l'existence de Dieu ?

Sur ce point, il semble que nous tombions rapidement dans une impasse, dans une situation sans issue : ou bien la foi en Dieu peut être prouvée ; mais alors, comment est-elle encore une foi ? Ou bien elle ne peut pas être prouvée ; mais alors, comment est-elle encore raisonnable ? C'est le très vieux dilemme, propre à la connaissance de Dieu, entre  raison et foi, dilemme que les uns résolvent en faveur de la foi, et d'autres au bénéfice de la raison, et que d'autres ne résolvent pas.

1 - La théologie dialectique.

L'homme ne connaît Dieu que si Dieu se fait connaître, se révèle. C'est Dieu qui a l'initiative et vient à ma rencontre seulement dans la parole de la révélation biblique. L'homme pécheur ne connaît donc Dieu que par une révélation gracieuse, gratuite, de Dieu lui-même. Il n'y a donc pas de preuve humaine que Dieu existe, mais uniquement la preuve que Dieu lui-même apporte. Ce qui est demandé à l'homme, ce n'est pas une acquisition de connaissance, mais une foi confiante fondée sur le message reçu. "Credo ut intelligam", "je crois pour comprendre". Luther parlait de "cette putain de raison". Mais elle est bien séduisante, n'est-ce pas ! Le grand théologien protestant Karl Barth fonde toute sa "théologie dialectique" sur cette initiative divine, sur la révélation. Entre l'homme et le Dieu tout autre, il y a une distance infinie qui ne peut être franchie dialectiquement que par Dieu lui-même, grâce à la révélation.

Mais alors, comment prendre appui sur mon expérience pour pouvoir attester Dieu ? Faut-il donc évoquer Dieu de manière quasi-magique ? La foi n'est pas aveugle, mais responsable. L'homme ne doit pas être spirituellement violenté. La foi n'est pas abstraite, mais reliée à la réalité. L'homme ne doit pas être obligé de croire sans vérification. Au contraire, les énoncés de la foi doivent se confirmer, se laisser éprouver au contact de la réalité.

2 - La théologie naturelle.

L'homme ne peut croire à la révélation que si d'abord il a reconnu Dieu par la raison. Avant la révélation "surnaturelle", il y a la révélation naturelle. On connaît Dieu par la création. C'est la pensée de saint Thomas d'Aquin et de la théologie qui aboutit au Concile Vatican I pour qui il s'agit de trouver un compromis entre un rationalisme qui réduit la foi à la raison (refus de tout surnaturel) et un fidéisme  qui réduit la raison à la foi (refus de toute connaissance naturelle de Dieu).

Cette position fait abstraction de l'agir gratuit de Dieu. Elle a tendance à diviser en deux la notion même de Dieu : un Dieu "naturel" et un Dieu "surnaturel". Ce n'est pas l'unique vrai Dieu des chrétiens qui est reconnu, mais une idole. D'où notre question : peut-on donner une preuve de l'existence de Dieu ?  Et dans une démonstration, Dieu peut-il encore être Dieu ? Dieu n'est-il pas rabaissé au niveau d'un objet ? Kant a bien montré les limites de notre raison pure : elle est liée au champ de l'expérience humaine et ne peut pas sortir de ce cadre de l'expérience possible. Impossible, pour lui, de raisonner sur Dieu. C'est un vrai problème.

Plus que la raison pure

Kant lui-même, qui démolit les preuves de l'existence de Dieu, ne pense nullement que Dieu n'existe pas. Certes, pour lui, la raison ne peut ni prouver ni réfuter l'existence de Dieu. Alors, comment parvient-il à l'existence de Dieu ? Il en appelle, non pas à la raison "pure", mais à la raison "pratique". Il tire argument du fait que l'homme sait qu'il est un être moral, responsable. Pour lui, Dieu est "postulé" à partir de la moralité, qui s'impose absolument, et de l'aspiration au bonheur, qui lui fait équilibre. Il nous invite donc à regarder, non pas vers l'extérieur ni vers le haut, mais vers l'intérieur de nous-mêmes, vers ce qu'il appelle "le transcendantal". Avec la liberté et l'immortalité, Dieu est du nombre des trois grandes idées qu'aucune preuve rationnelle n'atteint et qui sont pourtant des présupposés de l'agir moral.

L'affirmation de Dieu n'est donc pas la conclusion d'un raisonnement sans présupposé. Au contraire, il faut supposer Dieu dès lors qu'en connaissance de cause on décide de vivre selon la morale. Au sein du grand mouvement moderne de sécularisation que nous vivons, nous devons à Kant cette grande idée que Dieu est la condition de possibilité de l'autonomie morale. On ne peut pas poser à l'avance la condition d'une obligation morale, d'un impératif catégorique rigoureux. Au contraire, il faut partir de la réalité entière du monde et de l'homme. La raison doit renoncer à prouver l'existence de Dieu par déduction. Mais l'expérience que chacun de nous peut faire de la réalité peut être mise en lumière pour lui permettre de poser une décision justifiable rationnellement, une décision qui l'engage totalement.

La raison a donc une tâche entièrement pratique : elle éclaire l'expérience concrète de la réalité. On peut croire en Dieu avec la plus totale authenticité, même lorsqu'on n'est pas en mesure d'en donner une justification rationnelle.

2 - La réalité de Dieu.

Si l'on veut donner un nom à ce qui est désigné comme le principe, l'assise, la fin suprême, on ne peut éviter le mot "Dieu". De ce mot  plus que d'aucun autre on a abusé ; nul n'a été aussi profané, aussi torturé. Les hommes l'ont déchiré dans leurs querelles religieuses ; ils ont tué, ils tuent encore chaque jour pour lui ; mais aussi pour lui ils sont morts, et ils meurent . Il n'est point de mot comparable pour désigner la réalité suprême, et pourtant, que de fois il a servi à camoufler les pires impiétés. C'est précisément parce qu'il est d'une telle importance pour les hommes, et même pour les athées, que ce terme ne peut être abandonné. Mais c'est un mot à utiliser avec respect et avec précaution. Une théologie qui éviterait de parler de Dieu et ne s'intéresserait qu'aux hommes ne serait plus une théologie, mais une anthropologie. Mais même pour la foi, le mot reste ambigu. Dieu n'est jamais donné comme une présence immédiate. il reste l'insaisissable.  Il échappe à l'évidence. D'où nécessité d'une réflexion approfondie.

A - Toute la philosophie, depuis les Grecs les plus anciens jusqu'aux athéismes des temps modernes tourne autour de la question de Dieu. Cette question constitue la problématique centrale de l'histoire de la philosophie. Sous le mot Dieu, les penseurs mettent des réalités certes disparates, mais qui recouvrent certaines analogies. "Le divin des premiers penseurs grecs, dans sa présence immédiate au monde, n'est pas identique au Dieu créateur de la théologie d'inspiration chrétienne ; le Dieu, fin ultime d'Aristote, est différent du Dieu de Kant, garant de la loi morale. Le Dieu de Thomas d'Aquin et de Hegel, accessible à la raison, est différent de celui de Nicolas de Cue. Le Dieu purement moral que combat Nietzsche n'est pas l'Etre suprême tel que le conçoit Heidegger. Cependant, partout et toujours, on donne au nom de "Dieu" un sens analogue, on désigne par ce concept ce qui détermine tout le réel comme principe éminent ou dominant" (W. Weischedel). Et toujours reviennent les mêmes questions, auxquelles toutes les religions ont apporté des réponses : "Qu'est-ce que Dieu ? Qu'est-ce que l'homme ?"

B - Dans cet examen des religions existantes, nous allons tenir compte de l'acquis des Lumières, dont le siècle  est celui "où l'homme sort de sa minorité, minorité dont il est lui-même responsable" (Kant). Nous tiendrons donc compte des résultats de la critique récente des religions. Par conséquent :

* On ne peut concevoir Dieu aujourd'hui sans tenir compte de l'explication du monde donnée par la science contemporaine. On ne va plus parler de l'intervention divine à propos d'une victoire militaire, d'une épidémie ou d'un catastrophe naturelle. C'est une chance que Dieu soit ainsi contenu hors du monde. C'est une chance si cela nous permet une rencontre plus personnelle et plus intime avec lui. C'est un danger si on en profite pour diviniser le monde fini, sous des formes nouvelles.

* On ne peut plus représenter Dieu aujourd'hui sans tenir compte de la conception contemporaine de l'autorité. On n'accepte plus aucune vérité sur la seule autorité de la Bible, de la tradition ou de l'Eglise : toute vérité est admise uniquement sur examen critique. C'est une chance que la foi ne soit plus imposée par voie d'autorité, ou par simple transmission familiale. Croire, c'est une démarche de confiance personnelle en Dieu, qui nous libère de la soumission à d'autres puissances plus ou moins totalitaires.

* On ne peut plus concevoir Dieu aujourd'hui sans tenir compte de la critique des idéologies. Celle-ci met à jour l'exploitation abusive de la religion par l'Etat ou par l'Eglise dans le domaine social, démasque les intérêts de personnes ou de groupes qui utilisent le Dieu-Seigneur pour justifier leur position de grands ou petits seigneurs de droit divin, gardiens et garants de l'ordre établi. Dégager Dieu de toute compromission est une chance. Elle donne à l'homme le droit de marcher debout, la tête haute, sans se courber devant les puissants.

* On ne peut se représenter Dieu aujourd'hui sans tenir compte du glissement actuel de la conscience de l'au-delà vers le monde présent. L'autonomie des systèmes terrestres (science, économie, politique, Etat, société, culture) est de plus en plus reconnue en théorie et réalisée en pratique. Or le renoncement à un au-delà simplement consolateur est une chance. Il se peut que la vie gagne maintenant en intensité ce qu'elle perd en profondeur. A condition de ne pas dégrader la sécularisation en sécularisme, c'est une chance, si on n'oublie pas que Dieu est celui qui, dès cette vie, vient à tout moment à nous sans réserve.

* on ne peut concevoir Dieu aujourd'hui sans tenir compte de l'intérêt porté actuellement à l'avenir. L'homme contemporain s'applique à  discerner ce qui est devant lui. Dans cette optique, la dimension eschatologique de la prédication chrétienne peut être redécouverte et prise de nouveau au sérieux. Dieu est celui qui vient, l'avenir véritable de l'homme et du monde.

Il y a donc des dangers dans l'évolution moderne, mais aussi des chances à saisir. Si l'on prend au sérieux le progrès de la raison dans l'humanité, nous essaierons de comprendre Dieu dans un horizon bien déterminé :
* en abandonnant les représentations naïvement anthropologiques de Dieu "être suprême", habitant "au dessus" du monde.
* en abandonnant les représentations déistes du temps des Lumières : Dieu situé "hors du monde", dans un au-delà extérieur à notre univers.
* en recherchant une conception cohérente du réel : Dieu est dans ce monde et ce monde est en Dieu. Dieu est l'infini dans le fini, l'absolu dans le relatif. Dieu comme réalité la plus réelle, à la fois transcendant et immanent, en deçà comme au-delà, présent au coeur des choses, de l'homme et de l'histoire humaine.

Cet horizon éclaire dès à présent la conception chrétienne de Dieu  telle que nous l'examinerons au cours des mois qui suivent. Mais auparavant, nous allons regarder d'un peu plus près ce que disent les grandes religions non chrétiennes qui existent aujourd'hui sur la planète.

(En avril : le défi des religions mondiales)

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