THÉOLOGIE "POUR LES NULS"

 

             
 

    Cette année 2009 : Chrétien ?

(Suite)

 

 

"Jésus de Nazareth est resté vivant pour l'humanité depuis deux millénaires. Qu'est-ce qui lui a valu cette survie ? Qui a sans cesse témoigné pour lui aux yeux des hommes ? Serait-il resté vivant, s'il n'avait existé que par un livre ? N'est-il pas resté vivant parce que, pendant deux mille ans, il a vécu dans l'esprit et le cœur d'une foule d'hommes ? Dans l'Eglise, ou hors d'elle, ou à ses portes, des hommes ont été saisis par lui, en dépit des énormes différences de temps et de lieux qui les séparent. Dans toute leur condition humaine et à des degrés très divers, ils ont été provoqués, ébranlés, comblés par sa parole et son esprit, constituant ainsi, en sa diversité, une communauté de foi."  (Hans Küng)
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2e séquence - Une communauté de foi.

(février 2009)

1 - Une parole inspirée et inspirante.

S'il n'y avait pas eu une communauté de croyants, Jésus ne serait pas resté vivant au sein de l'humanité. Sans eux, le petit livre n'aurait même jamais existé.

* Un livre inspiré ?

Le Nouveau Testament n'est pas tombé du ciel, contrairement au Coran. La différence est essentielle. Le Coran, conservé au ciel, a été dicté phrase par phrase comme la parole directe de Dieu. Il est donc infaillible, vrai dans son mot à mot. A tous points de vue, c'est donc un livre parfait, sacré, qu'il faut accepter à la lettre sans émettre la moindre interprétation, la moindre critique. Mais la Bible ? C'est totalement différent. La Bible a été écrite et constituée en recueil sur terre. Voir les épitres de Paul et le début de l'évangile de Luc. Il est clair qu'il s'agit d'une parole humaine, recueillie et rédigée par des hommes bien précis, une parole diverse, avec des déficiences, des fautes, des dissimulations, des confusions, des étroitesses et des erreurs. C'est ainsi que s'est constituée une collection extrêmement variée de documents plus ou moins clairs, plus ou moins proches de l'événement, avec leurs points forts ou leurs faiblesses ; et ces documents sont des professions de foi.

Mais alors, dans ces écrits, n'est-ce pas la parole de Dieu qui s'exprime ? Nous voilà au cœur du problème de l'inspiration. Dieu ne dicte pas ce qu'il a à nous dire, et cependant il nous parle par ces écrits. De quelle manière ? Et comment prendre au sérieux l'histoire humaine de ces écrits et croire à la parole de Dieu ? Où est l'inspiration ? L'Eglise des débuts a été influencée par la pensée grecque. Pour les Grecs comme pour les Juifs, l'esprit s'emparait de l'homme dans l'extase. La pythie de Delphes entrait en transes, une espèce de folie divine. Eh bien, c'est ce qu'imaginaient les premiers théologiens chrétiens. Ils ont vu dans les auteurs bibliques de simples instruments écrivant sous "l'inspiration" et même sous "la dictée" de l'Esprit divin, comme des secrétaires, en quelque sorte. Ou comme la flûte que le souffle de l'air fait résonner. C'est Dieu lui-même qui, par son Esprit, joue la mélodie, de sorte que la Bible entière, à cause de Dieu, est nécessairement exempte de contradictions, de fautes et d'erreurs. Tout est inspiré jusqu'au dernier mot. Cette conception est celle des commentateurs chrétiens, aussi bien catholiques que protestants et autres, tout au long des siècles, jusqu'à la fin du XIXe siècle, du moins pour certains. D'où conflits extrêmement graves et parfaitement inutiles aussi bien avec les sciences de la nature depuis la révolution copernicienne qu'avec la science historique depuis le siècle des Lumières.

Cette conception d'une inspiration pour ainsi dire mécanique a été de plus en plus ébranlée par les études historiques et critiques sur l'Ancien et le Nouveau Testament. Depuis deux siècles on a mis en lumière le caractère authentiquement humain et historique des écrits bibliques, ainsi que la possibilité, pour les auteurs, de se tromper. Mais l'autorité de ces écrits en a-t-elle été ruinée pour autant ? Pas du tout. Il suffit de bien comprendre que les auteurs "inspirés" gardent leur personnalité, et non seulement leur personnalité, mais leur conception des événements et des choses qui était celle du siècle et des lieux où ils ont vécu. Et ces hommes nous apparaissent comme des témoins de la foi qui, dans une langue balbutiante, a partir de concepts très insuffisants et avec toutes leurs faiblesses, leurs limites et leurs étroitesses, parlent du véritable fondement et du véritable contenu de la foi.

Textes humains inspirés par l'Esprit ? Oui, et c'est pourquoi ils rendent possible, et même exigent la critique biblique. Critique textuelle et littéraire, critique historique et théologique. Une critique biblique sérieuse peut contribuer à ce que la "bonne nouvelle" ne reste pas enfermée dans un livre, mais soit prêchée de façon vivante à chaque nouvelle époque. Les premiers témoins n'ont pas reçu l'évangile comme une formule fixe ou comme une doctrine figée ; ils ne l'ont pas transmis servilement. Ils l'ont accueilli, puis ils l'ont prêché avec leur génie propre. Et nous aussi, aujourd'hui, nous avons à faire de même.

Il ne faut pas oublier que le Nouveau Testament n'est qu'une partie de la littérature concernant la bonne nouvelle de Jésus. Cette partie, qui a été bien souvent sélectionnée pour l'usage liturgique, de préférence à tous les livres apocryphes, en raison de leur contenu. Et depuis on n'a jamais cessé de faire l'expérience de leur force et l'on a toujours pu courir le risque de leur faire confiance. Le "Canon des Ecritures", fixé par la primitive Eglise, a fait ses preuves au cours des siècles. En tant que témoignage chrétien originel et écrit, le Nouveau Testament reste la norme immuable pour toute prédication et toute théologie à venir. Il préserve de tout illuminisme. Et cependant la diversité et la liberté des témoignages réunis justifient la liberté et la diversité des témoignages actuels. Mais dans quelle mesure pouvons-nous appeler parole de Dieu ces témoignages humains du Nouveau Testament.

* Parole de Dieu.

Le christianisme n'est pas une religion du livre. Ce ne sont pas les écrits qui sont la révélation de Dieu. Ils ne sont que les témoignages humains de la révélation divine et dans ces témoignages, l'humanité des auteurs est pleinement respectée. Je ne crois pas d'abord à l'Ecriture et ensuite à la vérité du message qu'elles transmettent. Je crois à Dieu qui s'est fait connaître dans la personne de Jésus et qui est attesté originellement dans les Ecritures. Ma foi naît donc des Ecritures qui témoignent  du Dieu de Jésus Christ ; mais ma foi ne repose pas sur l'Ecriture. Ce n'est pas le livre comme tel, mais Dieu lui-même en Jésus-Christ qui est la raison d'être de ma foi.

La vérité de l'Ecriture atteint l'homme à travers l'humanité des auteurs. La vérité de l'Ecriture  n'est autre que la vérité au sens originel, c'est-à-dire la fidélité, la constance, la solidité de Dieu lui-même qui tient sa parole et ses promesses. Pas eu seul passage de l'Ecriture n'affirme que l'Ecriture ne contient pas d'erreur. Mais chaque passage de l'Ecriture atteste cette inviolable fidélité de Dieu envers l'homme. On comprend donc en quel sens on peut dire que l'Ecriture est parole de Dieu. La Bible n'est pas purement et simplement parole de Dieu ; elle est d'abord parole d'homme ; la Bible ne contient pas non plus purement et simplement la parole de Dieu ; la Bible devient parole de Dieu pour tout homme qui, avec foi et confiance se fie à son témoignage et, partant, au Dieu annoncé en elle et à Jésus-Christ.

Dieu lui-même appelle à la foi par l'intermédiaire du témoignage des hommes écrit dans la Bible. Il veille à ce que le message soit vraiment entendu, compris et réalisé en dépit de la fragilité humaine. La parole est efficace, mais sans aucune espèce de magie. Si l'homme le veut, il peut la refuser  ; elle n'en reste pas moins efficace, car alors elle condamne et devient jugement. Celui qui ne donne pas suite à cette invitation à croire ne verra dans la Bible qu'une parole humaine, incertaine, même s'il est extrêmement compétent en philologie, en histoire, en théologie. Mais pour celui qui accepte de croire, la Bible ne reste pas parole humaine, elle devient pour lui parole de Dieu, secourable, libératrice, même s'il ne comprend rien à l'exégèse biblique historique et critique. Cet homme se laisse inspirer par l'Esprit de l'Ecriture, qui est en vérité l'Esprit de Dieu et l'Esprit de Jésus Christ, par cet Esprit qui imprègne ces témoignages.

La question n'est donc pas tellement de savoir comment la Bible est inspirée, mais bien plutôt de savoir comment l'homme se laisse inspirer lui-même par cette parole. Car cette parole inspirée par l'Esprit veut être, par le même Esprit, une parole inspirante. Mais qui est cet Esprit ?

2 - L'unique Esprit

Un constat : le langage sur l'Esprit-Saint est aujourd'hui inintelligible par beaucoup. Sans doute à cause des abus auxquels le concept d'Esprit Saint a donné lieu au cours de l'époque contemporaine, tant de la part de l'Eglise que des personnes pieuses. On va essayer d'y voir clair (et de faire simple)

* Esprit profane et Esprit Saint.

Il faut commencer par sortir d'une conception utilitariste de l'Esprit Saint. "Quand les théologiens ne savaient pas comment justifier une doctrine, un dogme ou une parole de la Bible, ils en appelaient à l'Esprit Saint (...) L'Esprit Saint, justification d'un pouvoir absolu en matière de doctrine et de gouvernement, justification du contenu d'articles de foi peu convaincants, justification du fanatisme pieux ou d'une fausse sécurité dans la foi  ? Il n'en était pas ainsi dans l'Eglise de l'antiquité ni même celle du Moyen Âge." (Hans Küng)

Dans la chrétienté primitive, il s'agissait d'exprimer que Dieu, que Jésus Christ sont véritable proches du croyant et de la communauté des croyants, bien réels, présents, efficaces. Les écrits du Nouveau Testament répondent unanimement que Dieu, Jésus Christ sont proches dans l'Esprit, par l'Esprit. Que veut dire ici l'Esprit ?

Le mot hébreu ruah, comme le grec pneuma, qu'on traduit par Esprit, signifie le "tumulte", l'"orage" de Dieu dès l'instant premier de la création ("L'Esprit de Dieu se meut sur les eaux). Le sens biblique du mot désigne la force ou la puissance qui émane de Dieu, puissance divine qui agit pour créer ou pour détruire, pour la vie ou pour le jugement, dans la création et dans l'histoire, en Israël et dans l'Eglise. Or, au temps de Jésus, cet Esprit qui avait animé les grands personnages de l'histoire d'Israël, Moïse, juges, hommes et femmes, guerriers, chanteurs ou rois, ne se manifestait plus depuis longtemps. Si bien qu'on pensait que l'Esprit de Dieu ne se manifesterait plus qu'à la fin des temps. Témoin la fameuse prophétie de Joël (Joël 2, 28-32) selon laquelle "en ces jours-là" l'Esprit serait répandu sur tout le peuple. Or Jésus paraît. L'Esprit vient sur lui au jour de son baptême, si bien que la communauté primitive y voit un signe que "les temps sont accomplis" et que la prophétie de Joël est en train de se réaliser. L'Esprit se répand sur tous, jeunes et vieux, filles et garçons, serviteurs et servantes comme les maîtres.

Dans le Nouveau Testament, cet Esprit n'est pas un être impersonnel ; il est Dieu lui-même, pour autant que celui-ci est proche des homme et du monde, comme une puissance qui saisit mais n'est pas saisissable. Il n'est pas un tiers, une chose entre Dieu et les hommes, mais la présence personnelle de Dieu aux hommes. C'est pourquoi le concile de Constantinople (381) a explicitement affirmé que l'Esprit est un seul et même être avec le Père et le Fils.

* La Trinité.

C'est progressivement qu'on en est venu à parler de la Trinité. Le mot lui-même apparait seulement au IIIe siècle, chez Tertullien. La formule classique, inspirée par la pensée grecque - un Dieu unique dans son essence et trine dans ses personnes - date du IVe siècle. Il semble bien qu'au point de départ, on baptisait simplement au nom de Jésus, avant que ne naisse la formule qu'on trouve en Matthieu - au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Mais la doctrine du mystère de la Sainte Trinité ne s'est élaborée que lentement, difficilement ; et la fête liturgique de la Trinité, première fête qui ne soit pas consacrée à un événement du salut, mais à un dogme, ne date que de 1334. Le dogme n'a pas été contesté, mais il n'a pas davantage été mis en valeur. Par contre, le Nouveau Testament affirme pleinement l'unité de Dieu, de Jésus et de l'Esprit.

Ce qui différencie le christianisme, c'est le Christ en personne, le Christ dans sa relation décisive avec Dieu son Père, et donc aussi à l'Esprit de Dieu. Quant à la formulation du dogme, elle est à manier avec précaution : les gens ont tendance à penser à trois dieux. D'ailleurs, c'est à une querelle de théologiens au sujet de la Trinité qu'est due la division entre l'Eglise d'Occident et l'Eglise d'Orient. C'est ce que l'on appelle "la procession du Saint Esprit". Entendez par là, non pas une quelconque procession, mais d'une notion théologique. A savoir : est-ce que le Saint Esprit procède du Père et du Fils (on le chante dans le Credo : "Qui ex Patre filioque procedit") comme les catholiques le disent, ou est-ce qu'il procède du Père par le Fils, comme le professent les orthodoxes ? Vous me direz que cela ne vous empêche pas de dormir. Bien. Moi non plus. Sachez simplement que saint Augustin, qui est le père de la doctrine romaine, s'est opposé sur la question, non seulement aux Orientaux, mais également à de grands théologiens occidentaux, dont saint Hilaire de Poitiers. Tous s'appuient sur le Nouveau Testament. Une formule qui me conviendrait serait de penser que Dieu le Père est "au-dessus" de moi, que Jésus, en tant que Fils et frère, est "à côté de moi" et que l'Esprit de Dieu et de Jésus-Christ est "en" moi. Mais ce n'est qu'une formule. La formule liturgique de conclusion des oraisons est meilleure. Elle s'adresse au Père "par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur, qui vit et règne avec toi dans l'unité du Saint Esprit dans les siècles des siècles.". Quoi qu'il en soit, la profession de foi trinitaire de l'Eglise de l'antiquité, qui a connu, au cours des siècles, comme doctrine théologique de plus en plus élaborée, une histoire brillante jusqu'à nos jours, a été acceptée par des théologiens protestants contemporains aussi illustres que Karl Barth, ainsi que par les instances du Conseil Œcuménique des Eglises dans la liturgie et les chants. Elle continue de jouer un rôle de premier plan.

Concluons ces quelques lignes à propos du dogme de la Trinité par une phrase de... saint Augustin lui-même. En tête de son traité sur la Trinité, il écrit : "Que celui qui lit ces lignes fasse route avec moi, s'il partage ma certitude ; qu'il cherche avec moi, s'il se trouve dans les mêmes doutes ; qu'il revienne à moi, s'il reconnait être dans l'erreur ; et qu'il me rappelle à l'ordre si c'est moi qui me trompe."

3 - L'Eglise dans sa diversité

L'Eglise est la communauté de ceux qui croient au Christ. Communauté non pas fondée par lui, mais apparue après sa mort entre ceux qui se réclamaient de lui comme du Crucifié actuellement vivant ; communauté de ceux qui se sont engagés pour la cause de Jésus-Christ et témoignent qu'elle est espérance pour tous les hommes. La base de cette communauté n'est pas d'abord dans un culte, une organisation, mais exclusivement dans la profession de foi à Jésus comme Christ. Donc, aujourd'hui encore, la tâche de l'Eglise est de servir la cause de Jésus Christ, de la défendre dans l'Esprit de Jésus, de la faire valoir et même de la réaliser au sein de la société actuelle. Question que chacun de nous devrait se poser personnellement, avant de la poser à l'institution-Eglise.

Assemblée, communauté, Eglise

Dans nos langues romanes, le mot Eglise vient directement du grec ekklesia. Français = Eglise ; Italien = Chiesa ; Espagnol = Iglesia. Dans le grec profane, ekklesia signifie le rassemblement, l'assemblée politique qui réunit tout le peuple. Dans la Septante, le mot ekklesia traduit l'hebreu kahal, l'assemblée convoquée. Mais ce qui est important, c'est le complément qui s'y ajoute : l'Assemblée de Yahvé. Il s'agit toujours de l'assemblée de la foule d'abord choisie par Dieu et qui se réunit autour de Dieu comme de son centre. C'est donc un terme religieux et cultuel, auquel on a ajouté ensuite un sens eschatologique : l'ekklesia est la véritable communauté de Dieu à la fin des temps. Lorsque la communauté chrétienne primitive se nomme elle-même ekklesia; elle se présente comme la véritable communauté de Dieu, qui se réunit au nom et dans l'Esprit de Jésus Christ ; elle est donc l'Eglise de Jésus Christ.

Le mot ekklesia désigne à la fois l'acte de se rassembler et la communauté rassemblée. L'acte de se rassembler est aussi important que sa résultante, l'assemblée. Il n'y a d'Eglise que par le renouvellement constant de cet évènement concret qui consiste à se rassembler. Assemblée, communauté, église ne sont pas des notions à opposer les unes aux autres. Le terme "assemblée" exprime que l'ekklesia n'est pas une institution statique, mais qu'elle est un événement constamment renouvelé. Le terme "communauté"  rappelle que l'ekklesia n'est pas seulement une super-organisation lointaine et abstraite, mais toujours une communauté qui s'assemble en un lieu déterminé, en vue d'une action déterminée. Et le mot Eglise met en évidence que l'ekklesia est la réunion, pour un service réciproque, des membres d'une large communion.

Mais quel rapport entre Eglise locale et Eglise universelle ? Simplement : une Eglise particulière  n'est pas l'ecclésia, l'assemblée universelle ; cependant elle assure pleinement la présence de l'ekklesia, Eglise universelle. Toute assemblée, si petite soit-elle, rend pleinement présente l'ekklesia, l'Eglise de Dieu et de Jésus-Christ.

Liberté, égalité, fraternité

* La liberté est à la fois un don et un devoir pour l'Eglise. En toute circonstance, l'Eglise peut et doit être une communauté de personnes libres. Une communauté de membres libérés ; libérés de l'esclavage que représente la lettre de la loi, le poids de la faute, l'angoisse de la mort ; libérés pour la vie, pour le sens, pour le service, pour l'amour. Des personnes qui n'ont qu'à se soumettre qu'à Dieu seul, et donc ni à des puissances anonymes, ni à d'autres hommes. Nul dans l'Eglise n'a le droit de manipuler, d'étouffer, ni bien sûr de supprimer la liberté fondamentale des enfants de Dieu. Dans l'Eglise, cette liberté doit se manifester par la liberté de parole et par la liberté effective d'agir. L'Eglise est le lieu même de la liberté et en même temps le défenseur de la liberté dans le monde.

* En raison de cette liberté, l'Eglise peut et doit être une communauté de personnes radicalement égales. Ses membres ont fait le choix librement de s'y intégrer, et donc c'est une solidarité d'amour qui doit les réunir, quelles que soient leurs inégalités humaines et sociales. ?Tous les membres de l'Eglise sont radicalement égaux en droits. Et nul n'a le droit de supprimer l'égalité fondamentale des croyants. Aucune domination de l'homme sur l'homme n'est permise. Bien plus,  "celui qui veut être le premier doit se faire le serviteur et l'esclave de tous."

* En conséquence, l'Eglise peut et doit être une communauté de frères et de sœurs. Si elle veut servir la cause e Jésus-Christ, elle ne peut être un système de type patriarcal. Dans l'Eglise, il n'y a qu'un saint Père, et c'est Dieu lui-même. Tous les membres de l'Eglise sont des fils et des filles majeurs ; ce ne sont pas des enfants. Aussi dans cette communauté les hommes ne devraient exercer qu'un autorité vraiment fraternelle et non une autorité paternaliste. Un seul est maître et seigneur, c'est Jésus Christ. Ce n'est pas le patriarche qui est la norme suprême, mais la volonté de Dieu, et celle-ci, d'après le message de Jésus-Christ, tend au bien de l'homme et de tous les hommes.

(A suivre, début mars)

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