THÉOLOGIE "POUR LES NULS"
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Cette année 2014 :
NOS PERES DANS LA FOI
SAINT AUGUSTIN
( par Gilles Brocard )
4ème partie : Augustin nous apprend à lire la Bible
Introduction :
Ce chemin que nous avons fait avec Augustin dans sa découverte progressive de Dieu, nous a dit quelque chose de notre propre cheminement de foi : la connaissance de Dieu demande du temps, de la réflexion et de la méditation, des débats avec les autres croyants et aussi avec les croyants autrement ou les incroyants.
Augustin a bien conscience que Dieu a parlé à son peuple et parle encore aujourd'hui à son Eglise comme Il lui a parlé à lui personnellement en 387 lors de sa conversion. À chaque fois c’est par le biais des Ecritures que Dieu parle à l’Homme. C’est pourquoi, Augustin va se retirer 2 ans dans un monastère avant d'être choisi pour être le successeur de l'évêque d'Hippone, pour étudier et méditer la parole de Dieu. Et une fois nommé évêque d'Hippone, en 393, il va se retirer encore pendant 6 mois pour préparer ses premiers sermons pour le carême de l'année 394. Il est évident qu’il ne souhaitait pas être évêque, mais il aurait préféré vivre comme un moine, retiré dans son monastère pour se consacrer le plus possible à la méditation de la Parole de Dieu. Bref, Augustin et la Parole de Dieu, c'est une vraie histoire d'amour.
Pour vous parler de la manière dont st Augustin lit la Bible, je vais m’appuyer principalement (mais pas uniquement) sur un de ses écrits pas très connu mais que j’ai eu la chance d’étudier durant mes études de théologie à la catho de Paris. Il s’agit du "De Doctrina Christiana ", (ce qui signifie : « à propos de la doctrine chrétienne »). après deux ans d’épiscopat, Augustin s'est vite aperçu des lacunes de son peuple mais plus encore des lacunes de son clergé en matière de connaissance biblique. En effet, comment bien commenter l'Ecriture si l'on ne sait pas comment la comprendre ? De plus, les hérésies manichéenne, pélagienne et le schisme donatiste faisaient des ravages et divisaient les chrétiens. Il fallait aider le clergé à s'y retrouver. D'où le besoin de créer un manuel pour former les prêtres à la prédication. C’est le but du DDC (De Doctrina Christiana).
Il commença à l’écrire en 396 mais ne l’achèvera qu'en 427, soit 31 ans plus tard. Œuvre considérable (15 tomes), le DDC est un traité sur la pratique de l'exégèse à l'intention de jeunes clercs afin de leur prodiguer des conseils qui leur permettront d'accéder par eux-mêmes à l'intelligence des Ecritures. Il terminera son œuvre par ces mots : "Donnez-moi un homme qui aime et ce que j'écris là (c’est-à-dire le DDC) lui sera sensible".
Aujourd'hui cette œuvre est une mine pour tout chrétien qui veut découvrir la richesse des Ecritures et une véritable boîte à outil pour apprendre à lire la Bible intelligemment. Je vous en livre quelques perles.
A – 1ere perle : Le principe de double charité :
Pour Augustin, le critère d'interprétation et la fin de toute l'Ecriture, c'est la charité : cf. DDC I, 35, 39 : "la charité est l'âme de l'Ecriture tout entière. Ouvre la bible à n’importe quelle page, partout elle chante l’amour ". Notre Dieu qui est Amour ne peut, en inspirant les écrivains de la Bible, que transmettre son amour et vouloir qu'on l'aime. Bref pour Augustin, l'Ecriture ne peut être dévoilée que pour servir d'aliment à la charité.
Les lecteurs doivent alors "se rassasier de la vérité de Dieu dans l'amplitude de la charité " (Conf, XII, 23, 32). Voilà le grand critère pour lire les Ecriture selon Augustin car ce qui unit l'auteur et le lecteur, c'est une même charité. La charité est perçue comme principe de lumière pour l'intelligence des Ecriture : Cf. DDC, I 36, 40 : "Quiconque s'imagine avoir compris les Ecritures sans que cela ne fasse croitre ce double amour de Dieu et du prochain, ne les a pas encore comprises. Mais quiconque tire de son étude une idée utile à l'édifice de la charité sans rendre pourtant la pensée authentique de l'auteur, ne fait pas d'erreur et ne commet pas le moindre mensonge ".
Ainsi la charité donne le droit à une interprétation personnelle de l'Ecriture. En aimant Dieu, nous obtenons de comprendre ce qu'il nous enseigne à travers les divers auteurs de son unique Parole : la bible. Et en aimant notre prochain, nous nous disposons à reconnaître comme vraies toutes les interprétations différentes déjà proposées sur une parole précise de la bible. Ainsi, Dieu veut en nous donnant les Ecritures nous faire exercer dans leur interprétation même, l'amour à l'égard de leur Auteur suprême (Dieu) et l'amour à l'égard de leur auteur humain (l'apôtre ou le prophète), des lecteurs et interprètes de toujours, c'est à dire tous les Hommes. C’est cela le principe de double charité : amour de Dieu et amour des humains.
il redira ce même principe tout au long de sa vie, comme par exemple dans ce sermon : "L'esprit unique envoyé par le Verbe unique sur les apôtres et qui règne encore sur l'Eglise, unifie les hommes dans le langage de la charité ; désormais, tous ceux qui aiment parlent le même langage, interprètent sans se tromper l'unique parole d'amour qu'est l'ensemble de l'Ecriture". (Sermon 175, 3). Pour Augustin toute interprétation est juste du moment qu'elle est faite dans un esprit de charité.
B – 2ème perle : L'obscurité des Ecritures :
Augustin sait aussi que même si nous aimons, (Dieu et les Hommes) les Ecritures restent parfois bien obscures. Car si la charité permet de bien les interpréter, elle ne perce pas pour autant leur opacité. Pour Augustin, c'est par pédagogie que Dieu a voilé les Ecritures. En effet, cette obscurité de la bible assure au texte lui-même une plus grande fécondité. Dans le DDC IV, 8, 22 Augustin nous dit que "l'obscurité des écritures a été voulue par Dieu pour polir notre esprit ". C’est ce que nous appelons aujourd'hui « la résistance de l'Ecriture » : dans la Bible, tout ne me plait pas, il y a des passages qui me gênent, et souvent, tel passage résiste à ma compréhension, je n'en fais pas ce que j'en veux, elle a un sens, je ne peux pas lui faire dire ce que je veux. Pour Augustin, plus le texte est sombre, plus il est savoureux. Quand un texte accroche, ne se livre pas du premier coup, c’est le signe qu’il faut creuser davantage, car les aspérités du texte biblique, nous dit st Augustin, sont là pour attiser notre curiosité. J’en fais souvent l’expérience moi-même : j’aime quand le texte m’intrigue, me résiste, car cela me lance dans une recherche plus approfondie qui permet alors au sens de jaillir en surabondance.
Mais il y a une autre raison pour laquelle nous n'arrivons pas à percevoir parfaitement ou du premier coup le sens des Ecritures : c'est (selon st Augustin) à cause de notre orgueil : « L'orgueil empêche l’âme d'être arrosée par la source intime... c'est pourquoi, peinant désormais sur la terre, l’Homme a besoin de l'enseignement de Dieu dispensé en paroles humaines ..." (Sermon 12, 3). Mais Dieu n'a pas délaissé l'Homme dans sa condition malheureuse et son incapacité à le comprendre ; Il s'est adressé lui-même à l'homme en langage humain. "Entre une vision directe de Dieu et la conscience humaine disloquée, la bible a été jetée miséricordieusement comme un pont ", nous dit st Augustin.
Pour Augustin, nos yeux d'hommes sont malades et toute lumière est un supplice à nos yeux ; c'est pourquoi Dieu se révèle à l'homme de façon indirecte, de façon figurée, voilée pour ne pas endolorir nos yeux par une lumière trop vive. C’est donc par souci de notre faible capacité à supporter la lumière divine que Dieu se révèle de façon cachée dans la Bible. Augustin compare la Bible à un collyre (Cf. Tractatus in Johannis Evangelium 35, 6) : A chaque fois que nous lisons l'Ecriture, dit-il, c'est comme si Dieu venait appliquer sur nos yeux malades, un collyre pour nous guérir de notre cécité. Voilà pourquoi Augustin ne va avoir de cesse de lire la Parole de Dieu sachant qu’à chaque fois qu’il lit les Ecritures, il progresse dans leur compréhension et s’habitue progressivement à la lumière divine.
Sa méthode consiste donc à faire se rapprocher les mots, les phrases, les textes. Il pratique une lecture synoptique de la Bible (on dirait canonique aujourd’hui). C'est la loi des associations qui le guide, la véritable exégèse est pour Augustin celle qui utilise le plus près possible l'ensemble de l'Ecriture. Puisque pour Augustin l’Ecriture est une lumière, (ou un collyre) sa méthode consiste à projeter sur les zones d'ombre de l'Ecriture, les versets les plus lumineux : cf. DDC, III, 26, 37 "On doit donc apprendre d'après les passages où ils sont employés dans un sens clair, la manière de les comprendre dans les passages où ils sont employés dans un sens obscur ", les versets de toute la bible étant comme des rayons de lumière qu'Augustin ne cessera de projeter sur le texte obscur en question (Cf. DDC II, 6, 8) : "Aussi l'Esprit Saint a-t-il distribué les saintes Ecritures d'une façon si somptueuse et si salutaire qu'elles vont au-devant de la faim dans les passages les plus clairs et chassent le dégoût dans les passages plus obscurs. En fait, presque rien n'est extrait de ces obscurités qui ne se trouve très clairement dit ailleurs".
Voilà une méthode facile à appliquer quand un texte accroche et résiste. C’est tout simple, je dirais même que c’est d’une simplicité biblique !!!
C – 3ème perle : Le sens littéral et le sens spirituel :
Pour Augustin, les Ecritures contiennent plusieurs sens : à commencer par le sens littéral qui pour lui est l'expression de la réalité. En effet, pour Augustin, la bible est l'expression de faits réels, de ce qui s'est effectivement passé (rappelons-nous qu’à son époque, il n’a pas le recul historique que nous avons aujourd’hui). Mais pour lui, le sens littéral ne doit pas être pris pour le principal et seul sens de l'Ecriture, il est la base et non le couronnement. Il faut donc passer par le sens littéral mais pour le dépasser aussitôt pour atteindre le sens spirituel, celui qui nous nourrit aujourd’hui. Il faut savoir que pour les lettrés de l'époque, il était vulgaire d'en rester au seul sens littéral des textes. Cela valait aussi pour la Bible. Si Augustin s'intéresse à la lettre, c'est parce qu'elle déborde d'Esprit.
"Quand on me demande : est-ce ce sens-là ou celui-là je réponds : pourquoi pas l'un et l'autre, si ils sont vrais et un 3° et un 4° et toute autre interprétation que le regard individuel aperçoit sous ces paroles, pourquoi ne pas croire que Dieu les a tous aperçus ces sens divers nous appelant à y voir le vrai en ses nuances ? " (Conf XII, 31-42). Augustin sait combien un même mot peut revêtir des significations nouvelles selon les temps et les lieux. Pour lui, il y a une pluralité de sens car le Seigneur met dans les mots de l'auteur inspiré un contenu qui ne sera dévoilé que par les diverses lectures tout au long de l'histoire. Cette phrase des confessions au livre XII, 32, 43 résume bien sa pensée : "A nous Seigneur, tu montres ou ce sens (auquel l'auteur inspiré a pensé) ou à ton gré un autre sens qui est vrai, afin que découvrant pour nous le même sens qu'à ton serviteur lui-même, ou un autre à l'occasion des mêmes paroles, dans les deux cas ce soit Toi pourtant qui rassasies et non l'erreur qui fasse illusion ".
Augustin est particulièrement sensible au sens symbolique de l’Ecriture : Constamment, Augustin cherche à découvrir la vérité de Dieu cachée sous le beau voile des symboles : "C'est une propriété du symbole que d'élever l'esprit. Le but de tout langage symbolique est de nourrir et d'attiser le feu de l'amour qui est en nous, car ce qui nous est suggéré par des symboles touche et embrase le cœur bien plus vivement que si la même vérité nous était présentée sans le mystérieux vêtement de ces images. Ce sont justement ces images qui aiguisent l'amour de la vérité et secouent la torpeur de l'indifférence. Ainsi dans la bible les vérités divines sont voilées pour se faire désirer et en suscitant ainsi notre désir, elles revêtent une caractère de nouveauté et se présentent à nous de façon agréable". (lettre 55, 11, 21)
En ce sens, Augustin est très proche d’un diacre syrien du IV° siècle : st Ephrem qui parle de la multitude de sens contenu dans l’Ecriture : "Qui donc est capable de comprendre toute la richesse d'une seule de tes Paroles, Seigneur ? Tu as coloré ta Parole de multiples beautés pour que chacun de ceux qui la scrutent puisse contempler ce qu'il aime. Tu y as caché tous les trésors pour que chacun de nous trouve une richesse dans ce qu'il médite. Celui qui obtient en partage une de ces richesses ne doit pas croire qu'il y a seulement dans la Parole de Dieu ce qu'il y trouve ; il doit comprendre au contraire qu'il a été capable d'y découvrir une seule chose parmi bien d'autres. Enrichi par la Parole, il ne doit pas croire que celle-ci est appauvrie. Incapable de l'épuiser, qu'il rende grâce pour sa richesse. Réjouis-toi parce que tu es rassasié, mais ne t'attriste pas de ne pouvoir épuiser la source.
Que la source apaise ta soif, sans que ta soif épuise la source. Si ta soif est étanchée sans que la source soit tarie, tu pourras y boire à nouveau chaque fois que tu auras soif. Si au contraire en te rassasiant tu épuisais la source, ta victoire deviendrait ton malheur. Rends grâce pour ce que tu as reçu et ne regrette pas ce qui demeure inutilisé. Ce que tu as pris et emporté est ta part. Mais ce qui reste est aussi ton héritage. Ce que tu n'as pu recevoir aussitôt, à cause de ta faiblesse, tu le recevras une autre fois à cause de ta persévérance. N'aie donc pas la mauvaise pensée de vouloir prendre d'un seul trait ce qui ne peut être pris en une seule fois".
D – 4ème perle : le rapport Ancien Testament /Nouveau Testament :
Pour Augustin tout l'Ancien Testament est préfiguration du Nouveau. Il voit dans l'Ancien Testament une prophétie du nouveau. L'Ancien Testament précède et produit le Nouveau Testament, l'Ancien Testament est venu avant le Nouveau Testament comme le début avant la fin. Mais pour qu'il y ait une 2° marche, il faut qu'il y ait une première qui la soutienne : ainsi en est-il pour le Nouveau Testament soutenu par l'Ancien Testament. Mais pour Augustin, l'Ancien Testament annonce déjà Jésus Christ : il est entièrement prophétique et tourné vers Jésus-Christ : tous les personnages de l'Ancien Testament respirent déjà de Jésus-Christ, car Jésus-Christ lui-même vit déjà en eux. Finalement, pour Augustin, si l'Ancien Testament était une promesse, le Nouveau Testament est la réalisation de cette promesse.
Ce lien étroit que st Augustin fait entre l’Ancien et le Nouveau Testament doit nous aider à ne pas opposer ces deux parties de la Bible. C’est une seule et même révélation de Dieu ! L’un éclairant l’autre et inversement. C’est une erreur que de croire que le Nouveau Testament serait venu corriger l’ancien, et présenter aux Hommes un Dieu d’amour par opposition au Dieu vengeur présenté dans l’Ancien Testament. Rien de tout cela chez st Augustin, qui garde encore ici, toute son actualité 16 siècles après son écrit. Que cela nous aide nous aussi à bien faire dialoguer ces deux parties de la bible, l’un et l’autre Testament, ou le premier et le second Testament.
E – 5ème perle : L'actualité de la Parole de Dieu :
Pour Augustin, la Parole de Dieu ne parle que pour aujourd'hui et n'a pas d'autre intérêt que celui-là. Mais si on regarde bien, la parole de Dieu ne parle pas, c'est nous qui parlons d'elle et c’est elle qui nous fait parler.
En fait, pour Augustin, tout se passe comme si l'Ecriture était un projecteur lumineux braqué sur notre vie, puisqu'elle est une préfiguration de l'histoire qui se déroule actuellement. Ainsi, la Bible vient éclairer mes questions qui sont le reflet de ma vie actuelle et me permet d'y répondre par moi-même dans ma vie quotidienne. (car "la Bible est un collyre qui vient guérir nos yeux malades et faire de nous des voyants"). Il ne s'agit donc pas de chercher à savoir comment la Parole de Dieu parle à ma vie, mais comment ma vie prend sens et est éclairée par cette Parole. La différence est notoire : dans le premier cas, parler d'actualisation, revient à supposer que la Bible possède un sens définitif qu'il faudrait décrypter et actualiser. Dans le deuxième cas — c'est-à-dire relire ma vie à la lumière de la Parole de Dieu — on passe de l'effort pour actualiser la Parole de Dieu à sa vie, à l'effort pour actualiser sa vie à la lumière Parole de Dieu. Et cela change tout !
En fait, Augustin se sert de la réalité humaine comme d’une porte d'entrée pour lire l'Ecriture ; plus encore qu'une porte d'entrée, la réalité est pour lui comme une loupe pour lire et interpréter la Parole de Dieu et il utilise cette même Ecriture pour éclairer cette réalité humaine. Voilà le double mouvement qu'opère Augustin : il projette la réalité humaine sur l'Ecriture, qui résiste et récupère cette même réalité humaine éclairée, transformée par le contact avec la Parole de Dieu.
Cela me fait dire que l’effort à produire quand on lit l’Ecriture, n’est pas tant de chercher à mettre la parole de Dieu en pratique, mais à laisser cette Parole faire sa pratique en nous. En ce sens, je suis fidèle à l’enseignement d’Isaïe : « De même que la pluie et la neige descendent des cieux et n’y retournent pas sans avoir arrosé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, pour fournir la semence au semeur et le pain à manger, ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche qui ne revient pas vers moi sans effet, sans avoir accompli ce que j’ai voulu et réalisé l’objet de sa mission » Isaïe 55, 10-11.
Saint Augustin a découvert ici une des caractéristiques fondamentales de la Parole de Dieu : c’est ce que nous nommons aujourd’hui la « performativité de la Parole de Dieu » : c’est-à-dire qu’elle agit au moment même où elle s’annonce. Oui, l’Ecriture possède une force thérapeutique insoupçonnée quand on la laisse faire sa pratique en nous. J’en ai fait maints fois l’expérience dans mes accompagnements spirituels. L’image d’Isaïe et mon expérience me font penser à mon tour à une autre image : la Parole de Dieu est comme ce produit qu’on nomme un révélateur pour développer des photos (argentique) qui permet de passer du négatif aux photos en couleur. Ainsi quand à chaque fois que nous lisons la parole de Dieu, c’est comme si nous prenions des bains successifs dans la Parole de Dieu pour donner à nos vies toutes ses couleurs.
Conclusion :
pour conclure, je dirais qu’Augustin nous aide à éviter deux écueils courants quand on lit la parole de Dieu : en rester à une lecture littérale (ou fondamentaliste) de la Parole de Dieu qui consiste à croire que tout ce qui est écrit s’est passé exactement comme cela a été écrit, sans aucun recul historique ni prise en compte du genre littéraire. Le Pape Benoît XVI lui-même l’a redit : « il y a de multiples façons de lire l’Ecriture, mais une seule est déconseillée : la lecture fondamentaliste, qui prend les textes au pied de la lettre ».
L’autre écueil qu’Augustin nous aide à éviter, consiste à penser la bible comme un livre de recettes où l’on glane au cours des pages de quoi remplir sa musette pour répondre à ses questions d'aujourd'hui. Mais Dieu et même Jésus n'ont rien dit sur le diagnostic prénatal ou sur la fécondation in vitro !!! Non, la bible n'est pas un livre de recettes pour cuisine chrétienne comme il y a un livre du savoir cuisiner français ou italien. Avec Augustin, nous avons pu entrevoir combien la parole de Dieu est une parole vivante et non un livre du savoir-faire chrétien, que les mots ont une puissance de suggestion que nous ne soupçonnons pas. Bref la parole de Dieu c’est Quelqu’un à rencontrer ! En ce sens, il est faux de dire que le christianisme est une religion du livre. Il est plus juste de dire que le christianisme est la religion de la Parole ! Parole donnée, parole offerte, parole tenue, parole connue, entendue, lue et partagée, bref, un Parole de vie qui fait vivre ceux qui s’en nourrissent avec gourmandise. « Au commencement était la parole et la parole était tournée vers Dieu et la parole était Dieu » ! (Jn 1, 1) Allez lire la suite, rien que pour le plaisir…
Pour terminer, et avant de vous retrouver dans un mois pour vous parler de la manière dont Augustin prêchait cette Parole, une dernière perle de st Augustin pour aider ses paroissiens à lire la parole de Dieu, je vous la livre telle quelle :" Si tu veux apprendre à lire la parole, prie Dieu, et si tu veux apprendre à prier Dieu, lis sa parole ".